"Que fait l'État ?" : À Toulouse, les agriculteurs bloquent l'autoroute (A64)

  • il y a 8 mois
Avec Jérôme Bayle, agriculteur et éleveur (avec des vaches limousines)

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##LA_VIE_EN_VRAI-2024-01-19##

Category

🗞
News
Transcript
00:00 - Le Grand Matin Sud Radio, la vie en vrai.
00:03 - La vie en vrai, la mobilisation d'agriculteurs, notamment du côté de Toulouse,
00:08 où il y a eu cette manifestation avant-hier déjà, la mobilisation assez forte,
00:13 avec des tracteurs carrément en place du Capitole.
00:17 Là, depuis hier, des agriculteurs se relaient sur l'A64, c'est au sud de Toulouse,
00:24 pour bloquer les accès avec mur de paille et barricades.
00:29 Nous sommes avec Jérôme Bell, qui est agriculteur,
00:32 qui est également sur cette mobilisation depuis le milieu de semaine.
00:37 Bonjour ! - Bonjour !
00:39 - Vous êtes, vous, agriculteur à Montesquieu-Volvestre, c'est ça ?
00:44 - C'est bien ça, c'est bien ça. - Oui, oui, absolument.
00:46 Alors, comment s'organise cette mobilisation, là, sur l'A64, notamment,
00:53 où il y a des agriculteurs qui sont restés toute la nuit ?
00:56 - Ah oui, oui, à 3h du matin, il restait encore 250 personnes sur le blocage,
01:00 alors actuel, il y a plus d'une centaine de personnes,
01:03 mais avec notre travail, on est obligés de faire des rotations.
01:07 Vous voyez, moi, je suis dans le tracteur, en train de soigner mes animaux,
01:10 je repars tout à l'heure, vers 7h, sur place.
01:16 Voilà, on va dire que c'est un blocage qui a pris de l'ampleur,
01:22 parce qu'il y avait plus de 500 personnes annoncées par la police,
01:26 donc ça fait de l'ampleur, et surtout, ça fait tâche d'huile,
01:31 puisque tous les autres départements de la région Occitanie,
01:35 là, ils se déblocagent aussi, et ça va se développer dans toute la France,
01:39 si l'État continue à faire vraiment la sourboreille.
01:42 - Oui, alors, Jérôme Melle, on vous entend bien,
01:44 vous êtes en train de travailler, et en même temps, vous nous parlez sur ce radio,
01:48 qu'est-ce qui bloque ? Qu'est-ce que vous voudriez que l'État fasse ?
01:52 Parce qu'il y a quand même plusieurs raisons qui vous poussent à lancer ces opérations.
01:58 - Ah mais bien sûr, bien sûr, qu'est-ce qu'on veut que l'État fasse ?
02:01 Déjà, que l'État tienne ses paroles.
02:03 Le ministre de l'Agriculture est venu pour la maladie MHE
02:06 dans les Pyrénées-Atlantiques, le 2 novembre,
02:09 nous a fait des grands discours et des belles promesses,
02:12 mais malheureusement, c'est que des paroles et des promesses.
02:16 On ne voit rien arriver, aujourd'hui, les agriculteurs du Sud-Ouest
02:21 sont vraiment très touchés, très impactés par cette maladie-là.
02:25 On pensait qu'elle allait s'arrêter avec l'hiver et le retour des températures froides,
02:30 malheureusement, ce n'est pas le cas, ça continue toujours,
02:33 donc on ne sait plus trop comment gérer le truc,
02:35 et malheureusement, les frais et les coûts vétérinaires ne sont pas prévus,
02:39 on va dire, dans nos buts prévisionnels à début d'année,
02:41 et là, ils sont en train d'exploser.
02:43 On a beaucoup d'autres problèmes, comme la taxation du GNR qui vient amplifier les trucs,
02:47 on a aussi des problèmes sur l'immigration, donc c'est beaucoup, beaucoup de problèmes.
02:53 L'État fait la sourde oreille, je ne sais pas pourquoi,
02:55 je ne sais pas si c'est une honte au niveau mondial
02:58 d'avoir une agriculture saine et une agriculture productive,
03:01 on ne comprend plus, on ne comprend plus le discours de l'État.
03:04 - Sur la maladie qui frappe les cheptels bovins, c'est ça, cette fameuse maladie ?
03:11 Qu'est-ce que vous voudriez que l'État vous aide à faire face aux frais vétérinaires ?
03:18 - Eh bien, c'est ce qu'ils ont annoncé, c'est une annonce faite par l'État,
03:22 donc ils ne tiennent pas parole,
03:25 en sachant que l'État nous a laissé orphelins de cette maladie,
03:28 puisqu'elle était quand même en Espagne depuis octobre 2022,
03:31 aucune prévention n'a été faite,
03:33 ils devaient penser sûrement que la Gordia civile se mettait avec des tapettes à mouche
03:38 qui empêcheraient les moussiques de rentrer en France, dans la frontière.
03:41 - Et ça se traduit comment d'ailleurs, la maladie,
03:45 pour les auditeurs qui ne connaissent pas précisément ?
03:49 - C'est une paralysie des muscles et des muscles des animaux,
03:55 il y a de la mortalité, on arrive entre 5 et 10% d'animaux qui meurent,
04:00 on a aussi un très gros problème, ça va être sur la reproduction,
04:04 et tout ça, ça va être des conséquences dans les années futures.
04:07 Moi sur des échographies, j'ai 40% de vaches qui ont avorté,
04:12 dû à cette maladie.
04:14 C'est la survie des exploitations qui a un jeu.
04:17 - Et on peut la traiter quand même cette maladie ou pas ?
04:21 - On peut la traiter, on arrive à sauver des animaux,
04:25 mais j'ai des amis qui soignaient des vaches depuis le 25 septembre,
04:29 ils se battent jour et nuit à drencher les vaches,
04:31 donc drencher, les faire boire, les faire manger avec des animaux liquides,
04:35 en sachant que le résultat pour sauver l'animal est vraiment très très faible,
04:42 mais on continue parce qu'on est des passionnés, on aime nos animaux,
04:46 et on veut essayer de les sauver, alors on croit en l'espoir.
04:48 Mais le problème c'est toute l'énergie qu'on met pour sauver ces animaux-là,
04:52 et dans tous les combats, on le perd pour notre bien-être à nous humains,
04:57 et malheureusement des agriculteurs passent à l'acte,
05:00 et ça c'est le plus grave.
05:02 Et c'est ce que je râle le plus au niveau de l'État quand même,
05:05 parce qu'on parle de deux suicides d'agriculteurs par jour,
05:08 on attend quoi ? On attend quoi que 3, 4, 5, 6 agriculteurs se suicident ?
05:14 Vous savez, là je viens d'avoir une idée,
05:16 on va pendre sur notre blocage un mannequin d'un agriculteur en pomme.
05:21 On va en pendre deux, parce que déjà depuis hier après-midi,
05:25 en France il y a déjà deux agriculteurs qui se sont pendus,
05:28 et toutes les 12 heures on vendra une personne en pomme.
05:31 - Et ça, Jérôme Bell, je sais que vous êtes très affecté, très touché par ça,
05:34 par les suicides d'agriculteurs,
05:36 vous-même vous avez été concerné dans votre famille,
05:39 même s'il ne faut jamais ramener les choses à soi,
05:41 mais quand même vous avez été touché Jérôme Bell, vous-même.
05:43 - Mais bien sûr, j'ai perdu mon père il y a 8 ans,
05:46 suite à la crise de la FCO,
05:47 où son exploitation qui marchait très bien,
05:50 la maladie de la FCO a touché l'exploitation de mon papa,
05:54 et ça a été une grosse perte, des grosses conséquences,
05:59 et ne croyez pas, les gens pensent qu'on n'aime pas nos animaux,
06:01 mais quand on voit nos animaux souffrir,
06:03 allongés au milieu de notre bâtiment,
06:05 dans la paille, qui ne peut plus se lever pour manger,
06:07 tout ça, ça nous affecte énormément, énormément.
06:10 - Et les manifestations qui sont menées, les mobilisations,
06:13 c'est des cris du désespoir, en quelque sorte, Jérôme Bell,
06:17 que vous lancez.
06:19 - Bien sûr, et moi j'ai lancé ce projet pour vraiment essayer de réveiller l'État,
06:23 parce qu'aujourd'hui il faut penser à un truc,
06:25 c'est que l'agriculteur est égoïste,
06:26 mais il est égoïste dans un acte suicidaire.
06:29 Un jour un agriculteur, peut-être,
06:32 qui sait que ça sera la fin du produit,
06:34 rentrera dans une administration, et fera un carnage.
06:37 Et moi je veux éviter ça.
06:38 Parce que les gens sont à bout, il faut le comprendre.
06:42 Et l'État ne veut pas le comprendre.
06:44 - Bon, alors on va suivre cette mobilisation,
06:47 donc vous me dites, ce matin, Jérôme Bell,
06:50 que ça se poursuit sur la 64, c'est où d'ailleurs ce...
06:54 - Au niveau de carbone, la sortie 26-27.
06:57 - Voilà, la sortie 26-27, il y a un mur de paille.
06:59 C'est-à-dire, vous empêchez ou vous filtrez les gens pour qu'ils...
07:03 - Alors il faut bien clarifier la chose,
07:05 on a bloqué l'autoroute 1,
07:06 au début on avait décidé de laisser passer que les véhicules de secours,
07:10 alors on nous tape un peu dessus sur les réseaux sociaux,
07:13 en disant qu'on n'a pas tenu parole,
07:14 mais c'est la police et la direction des autoroutes 1
07:19 qui ont décidé de faire une déviation spéciale pour les véhicules de secours,
07:23 pour pas qu'il y ait de problème sur le blocage.
07:27 Après, on n'a pas bloqué les gens,
07:30 parce qu'on a pris un point stratégique,
07:32 entre deux sorties d'autoroutes,
07:35 sur 2 kilomètres, en fait, les gens sortent à une sortie,
07:37 on rentre à cela d'après.
07:39 - Oui.
07:40 Bon, et donc vous allez poursuivre,
07:43 et également, vous me dites qu'il y a d'autres mobilisations
07:46 qui sont en cours actuellement en Occitanie,
07:49 et que, évidemment, ça pourrait faire tache d'huile, quoi.
07:52 - C'est ça, avec d'autres qui sont mobilisés aussi.
07:54 - Je vous le confirme.
07:55 - Oui. Merci, bon courage, Jérôme Bell.
07:57 À vous, on va suivre ça, on comprend, en fait, ce désarroi et ce mouvement.
08:02 On attend donc des réponses de l'État,
08:04 nous verrons si ça va venir,
08:07 notamment pendant le week-end.
08:09 - On espère sincèrement que l'État le comprenne aussi bien que vous le comprenez.
08:14 - Oui.
08:15 - Merci à vous.
08:16 - Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin,
08:18 en direct sur Sud Radio.
08:20 Il est 7h moins le quart.

Recommandée