• il y a 10 mois
Prisonnier de guerre en Autriche, Fernand Jouvin est parvenu à s'évader. Il a été recueilli et protégé par Gerda, une hôtelière, qui a fini par lui faire oublier qu'il s'était autrefois marié à Martigues, avec Christiane. Celle-ci, le croyant mort, a épousé son chef-cuisinier André, qui a transformé le petit restaurant "La Bonne Bouillabaisse" en un somptueux établissement, appelé "La Sole normande". Quinze ans ont passé. Le mari de Gerda revient de Sibérie, où il avait disparu. Fernand rentre alors chez lui, où il compte retrouver sa femme et son restaurant. Face à cette situation rocambolesque, il adopte vite une stratégie qui tient en un mot : le mensonge...
Transcription
00:00 [Musique]
00:23 Bonjour monsieur.
00:24 Bonjour monsieur.
00:25 C'est l'histoire ancienne. Depuis plus de dix ans, c'est la seule normande ici.
00:32 Monsieur a sans doute connu la maison pendant l'occupation.
00:35 Non, non, non, avant la guerre, je suis navigateur.
00:38 Ah oui, excusez-moi, je vous disais ça à cause de votre...
00:41 De quoi ?
00:42 De votre blaireau là.
00:44 Avec ces touristes, on ne sait jamais.
00:45 Il y en a qui se plaisaient bien en France, alors forcément...
00:48 Ils reviennent.
00:49 C'est ça.
00:50 Vous fumez monsieur ?
00:51 Merci.
00:52 Je la garde pour tout à l'heure, je la fumerai en douce parce que ma femme n'aime pas ça.
00:56 Vous parlez bien quelque chose avec moi, non ?
00:58 Oh, vous ne me parlerez plus.
01:00 Ah, juste une petite goutte pour vous faire plaisir.
01:04 Elle est à la vôtre, hein ?
01:06 À la vôtre, c'est ça.
01:07 À la vôtre, oui.
01:08 En somme, chez vous, le patron, c'est plutôt la patronne, hein ?
01:12 Oh, vous savez, on ne fait pas du hors-combre, hein ?
01:16 Alors, à ce que je vois...
01:18 Monsieur était un habitué de la maison ?
01:20 Un habitué, ça vous pouvez le dire.
01:22 C'est qu'on mangeait bien ici. Le patron, c'était un chef.
01:25 Un chef ?
01:26 Si on veut.
01:28 Comment si on veut ?
01:29 Sa cuisine, vous avez goûté sa cuisine ?
01:31 Son boeuf en doble ou son stock of fish ?
01:33 Ses pieds paquets maison ?
01:35 Ses pieds paquets.
01:37 Ça vous plaît pas, les pieds paquets ?
01:38 Non, je ne dis pas ça, mais...
01:40 Et sa bouillabaisse.
01:41 Vous savez ce que c'était, sa bouillabaisse ?
01:43 C'était des boîtes.
01:45 C'était des boîtes.
01:48 Des boîtes ?
01:49 Sa bouillabaisse.
01:50 Vous voulez peut-être dire de la conserve.
01:52 Attention, monsieur, à ce que vous dites.
01:54 Vous l'insultez.
01:56 Oh non, je ne me permettrai pas d'insulter un mort.
01:59 Un mort ?
02:00 Oui, il est mort.
02:02 Vous ne savez pas ?
02:03 Non, première nouvelle.
02:05 Oui, il est mort en captivité.
02:07 En captivité, attendez.
02:09 Je vais vous montrer.
02:10 Vous allez voir.
02:11 Regardez ça.
02:14 Fernand Jouvin, soldat de première classe.
02:17 C'était déjà illustré pendant la campagne de 39-40,
02:19 sauvant sa cuisine roulante sous le feu de l'ennemi.
02:22 Oui.
02:23 Fait prisonnier avec sa division, a disparu en captivité.
02:27 C'est bon.
02:28 Ah oui, c'est très bon.
02:30 Sa femme, vous ne savez pas ce qu'elle est devenue ?
02:32 Sa femme ?
02:33 Ah, ben maintenant, sa femme, c'est la mienne.
02:36 Au début, ça a été très dur.
02:39 Malheureusement, j'étais là.
02:42 Je l'ai vu te consoler.
02:45 En fait, si vous l'avez connu, ça vous fera plaisir d'en la revoir.
02:49 Non, ne la dérangez pas.
02:50 Non, mais ce n'est pas la peine.
02:52 Monsieur, monsieur.
02:53 Christiane.
02:54 Patron.
02:55 Patron, je vais laisser le gaz, mais les friands, ils s'avorent comme des charbons.
02:58 Ah oui, excusez-moi.
02:59 Il faut que je fasse tout ici.
03:00 Ah bon, laissez-moi pas aller ici une minute plus, je vais m'en faire.
03:03 Je vais le faire.
03:04 Ah.
03:06 Je vais le faire.
03:08 [ Musique ]