Mer rouge, dangers sur un autre front

  • il y a 8 mois

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcript
00:00 On continue de parler justement de la situation au Moyen-Orient avec David Rigouleros, rédacteur en chef de la revue "Orient stratégique",
00:07 chercheur associé à l'IRIS et à l'Institut français d'analyse stratégique, auteur de "La République islamique d'Iran en crise systémique" aux éditions de l'Armatan.
00:16 Bonsoir David Rigouleros. Merci d'être avec nous ce soir. Pour ajouter justement aux informations que l'on vient d'analyser avec Gauthier Ebinski,
00:25 on va parler avec vous en particulier des outils et cette riposte en tout cas des Américains et des Britanniques qui frappent directement le Yémen.
00:34 Est-ce qu'on est aujourd'hui dans une escalade du conflit dans la mer Rouge ?
00:38 C'est le risque, il y a un piège. D'ailleurs, ça explique ce que le président de la République a dit hier concernant le fait d'avoir refusé de participer.
00:48 Effectivement, c'est le risque escalatoire parce qu'il y a un problème de dissuasion qui est posé, mais en même temps, on voit bien que le piège réside dans la réplique
00:58 puisque les Américains eux-mêmes ont considéré que la réplique était destinée à empêcher une escalade, mais en même temps, elle alimente l'escalade malgré elle,
01:05 pour restaurer une forme de dissuasion. On a vu que les premières frappes n'avaient pas dissuadé les outils de poursuivre, justement,
01:14 ce qui a amené les Américains à en faire une troisième après avoir reçu des lancers de missiles ayant visé l'USS Laboun, qui est un destroyer de l'US Navy,
01:24 un cargo américain des îles Marshall, et puis vous évoquiez le vraquier grec. Donc, on voit bien que la situation est loin de s'apaiser,
01:33 et c'est un vrai problème, justement, pour l'administration américaine qui voulait éviter un débordement régional,
01:41 mais qui est de fait confronté à une forme d'escalade malgré elle.
01:45 Que cherchent les outils ? Est-ce que l'Iran est derrière les outils ?
01:50 Oui, l'Iran, de toute façon, il y a une stratégie, on va dire hybride, qui est à l'œuvre aujourd'hui au niveau régional,
01:57 notamment de la part de l'Iran via ses mandataires, ce qu'on appelle les proxys. Les outils, au même titre que d'autres,
02:02 le Hezbollah ou les militants pro-iraniens en Syrie et en Irak, sont des relais, évidemment, de certains intérêts géopolitiques iraniens.
02:13 Même si les outils ont leur propre agenda au Yémen, ils participent à ce qu'on appelle l'axe de la Moukhaouama,
02:22 c'est-à-dire la résistance à Israël. D'ailleurs, ils ont revendiqué leur frappe par solidarité, explicitement, avec ce qui se passe à Gaza.
02:29 Donc on voit bien que tout est articulé, même si c'est pour l'instant calibré et paramétré, mais il y a toujours des paliers supplémentaires qui sont franchis.
02:37 Et c'est le problème dans les dernières frappes, notamment l'US Navy, dont l'adage consiste à dire qu'on n'a pas seulement la flèche,
02:44 mais aussi l'archer. Et là, c'est le cas aujourd'hui, avec des cibles visées directement sur le territoire yéménite.
02:51 Quelle est la stratégie de l'Iran, finalement ?
02:54 La stratégie de l'Iran, c'est effectivement une guerre d'usure au niveau régional par rapport à Israël et à ses soutiens.
03:02 En l'occurrence, le principal soutien étant les États-Unis en la circonstance, et puis induire une logique de perturbation, de nuisance,
03:10 de déstabilisation pour montrer que rien ne pourra être stabilisé, justement, sans l'Iran.
03:18 C'est évidemment un jeu qui est à la fois une stratégie habile, mais aussi dangereuse, parce que, comme je l'évoquais,
03:26 progressivement, des paliers sont franchis, et même si, pour l'instant, on n'est pas dans un engrenage escalatoire incontrôlé,
03:33 on n'est jamais à l'abri d'un accident.
03:34 Est-ce qu'il pourrait y avoir un affrontement direct entre les États-Unis et l'Iran ?
03:38 Non, ce n'est pas prévu. D'ailleurs, aucune des parties ne le souhaite, ce qui explique d'ailleurs la logique prudentielle initiale
03:45 des Américains en mer Rouge, qui n'avaient fait qu'abattre les missiles et les drones, et qui n'avaient pas visé directement les outils.
03:53 Mais il y a un moment, le problème de la dissuasion se pose, et notamment une logique d'attrition des capacitaires militaires des outils.
04:02 Mais sur le plan de la dissuasion, malheureusement, on voit que le succès est plus que mitigé.
04:08 Un dernier mot. Les Américains ont affirmé aujourd'hui que les outils étaient une entité terroriste.
04:14 Réaffirmé, parce qu'au final, ce n'est pas la première fois. Qu'est-ce que ça veut dire ? Quel impact ?
04:19 Oui, c'est intéressant d'ailleurs, parce que la première fois où ils avaient été mis sur la liste des organisations terroristes,
04:25 c'était par le président Donald Trump, à la fin de son mandat.
04:28 Et puis au début du mandat de la nouvelle administration Joe Biden,
04:32 Antony Blinken avait décidé de les sortir de la liste en février suivant.
04:37 Et aujourd'hui, la même administration se trouve contrainte de faire exactement ce qu'avait fait le président Donald Trump.
04:45 C'est d'une certaine manière reconnaître un échec dans la stratégie qui avait été ébauchée de rapprochement avec les outils,
04:53 et évidemment en second lieu avec l'Iran.
04:58 Donc ça veut dire qu'il y aura des sanctions derrière ?
05:01 Ah oui, des sanctions sont effectivement, à partir du moment où ils sont mis sur la liste des organisations terroristes,
05:05 il y a un certain nombre de sanctions qui sont prévues.
05:08 Merci beaucoup David Rigoleros d'avoir été avec nous ce soir,
05:11 auteur de "La République islamique d'Iran en crise systémique".

Recommandée