• l’année dernière
Les maux de tête font partie du quotidien d’une personne sur six, avec une incidence plus importante chez les femmes. Comment faire la différence entre simples maux de tête et véritable migraine ? Et surtout comment soulager la douleur si possible sans médicaments ? Véronique Mounier et ses invités en parlent sur le plateau de "La Santé D'abord"

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Prenez soin de vous avec le groupe vive et votre programme La Santé d'abord.
00:04 Groupe vive pour une santé accessible à tous.
00:08 Bonjour à tous, soyez les bienvenus sur le plateau de La Santé d'abord,
00:11 l'émission qui préfère prévenir plutôt que guérir.
00:14 Les maux de tête font partie du quotidien d'une personne sur six,
00:18 avec une incidence plus importante chez les femmes.
00:20 Nos hormones y sont peut-être pour quelque chose.
00:22 Alors déjà, comment faire la différence entre des simples maux de tête
00:25 et une véritable migraine ? Et surtout, comment soulager la douleur si possible ?
00:29 Sans médicaments ? Eh bien, on en parle aujourd'hui sur le plateau de La Santé d'abord.
00:33 Une soirée un peu trop alcoolisée, un gros stress au travail,
00:58 l'arrivée des règles et ça y est, la migraine est là.
01:01 Alors c'est vrai, ce n'est pas une maladie grave, ce n'est pas une maladie mortelle,
01:05 mais elle a été quand même classée par l'OMS comme la maladie ayant,
01:09 une des maladies en tout cas ayant le plus d'impact sur notre qualité de vie.
01:13 8 à 10 millions de Français seraient touchés par ce fléau.
01:16 Il faut bien le dire, les traitements ont pu évoluer depuis ces 20 dernières années.
01:19 Et pourtant, il existe une technique très simple basée sur la respiration
01:23 et qui pourrait bien vous aider à vous libérer définitivement de vos migraines.
01:28 Nathalie Chantreau, bonjour. - Bonjour.
01:30 - Vous êtes sophrologue depuis 2015, c'est ça ? - C'est ça.
01:33 - C'est une reconversion. Vous êtes également titulaire d'un DUI.
01:36 C'est quoi ? C'est un diplôme universitaire ? - Interuniversitaire.
01:40 - Interuniversitaire de la prise en charge de la douleur.
01:45 Vous avez passé ce diplôme à la Faculté de médecine à Rennes.
01:48 Vous êtes sujette aux migraines, vous-même ?
01:51 - De temps en temps, des céphalées de tension, mais pas de migraines.
01:54 - Vous allez pouvoir nous parler de tout ça.
01:56 - Docteur Jean-Pierre Chaudot, bonjour. - Bonjour.
01:58 - Alors, vous êtes médecin, vous êtes spécialiste de la migraine depuis plus de 17 ans
02:02 et c'est vous qui avez mis au point cette méthode de respiration.
02:05 Vous êtes vous-même un ancien migraineux,
02:07 ce qui vous a conduit à étudier de près les mécanismes de cette pathologie,
02:12 qui est aujourd'hui pour vous un lointain souvenir.
02:14 Et ce combat contre la migraine, vous le racontez dans un livre,
02:17 "Bye-bye migraine", aux éditions d'Angle.
02:20 Et vous proposez également des programmes d'éducation thérapeutique
02:23 pour les migraineux au Centre hospitalier de Pau,
02:26 où vous leur enseignez les principes de votre méthode.
02:28 Et vous allez aujourd'hui nous en parler un peu plus en détail.
02:31 En tout cas, je suis heureuse que vous ayez accepté mon invitation,
02:34 parce qu'on le verra, effectivement, la sophrologie peut être aussi très utile,
02:39 en cas de mautète, Nathalie, vous allez nous expliquer comment.
02:42 Donc voilà, vous allez former tous les deux un duo très, très complémentaire.
02:45 Donc merci d'être là.
02:46 Mais tout de suite, je vous amène à la rencontre des Français.
02:48 Comment gère-t-il leur mautète ?
02:50 C'est un reportage de Mathieu Guillot.
02:52 Une migraine, c'est quand c'est chronique, c'est quand ça arrive souvent.
03:02 Et un mal de tête, c'est juste quand ça arrive de temps en temps,
03:05 quand on est fatigué, par exemple, ou il y a plein de facteurs différents.
03:10 Des fois, j'ai l'impression de confondre les deux.
03:12 Quand je parle, je dis que je vais les mautaite, alors que c'est des migraines,
03:14 ou inversement.
03:15 C'est après coup, quand j'explique en plus ce que j'ai,
03:18 que les gens me disent "non, mais t'as ça et pas ça".
03:19 Pour moi, les mautètes, c'est quand on a mal à la tête,
03:22 mais c'est plus léger qu'une migraine.
03:24 Une migraine, ça va vraiment être fort, ça peut provoquer des vomissements,
03:27 ça peut provoquer des troubles aux yeux, en fait,
03:30 quand on a du mal à voir, on n'a vraiment plus envie de bouger.
03:33 Enfin, voilà.
03:34 Une migraine, je crois que c'est quelque chose de médical.
03:37 Ça a des symptômes, ça peut être très fort.
03:40 Je sais qu'il y a différents types, genre visuels,
03:42 où d'un seul coup, les gens, ils voient noir.
03:44 Et c'est vraiment intense.
03:45 Alors qu'il y a mal de tête, je crois que c'est juste une gêne,
03:48 rapidement, comme ça.
03:50 Je crois que la différence est faite là-dessus.
03:52 Je bois beaucoup d'eau, je m'hydrate bien,
03:54 parce que je sais que c'est un facteur qui est un peu...
03:56 Parfois, je suis déshydratée, c'est pour ça que j'ai mal à la tête.
03:59 J'essaie de boire du café, une tasse de café tous les matins,
04:02 parce que c'est bon pour la migraine.
04:05 Je dors. Vraiment.
04:07 C'est le seul moyen pour moi de les faire "passer".
04:10 Du coup, je suis moins productif, bizarrement.
04:13 En général, on conseille déjà de rester un peu dans le noir
04:16 pour aider à faire partir la migraine.
04:18 Après, je sais qu'il y a l'amande poivrée qui fonctionne bien, mois sur mois.
04:21 Il y a des choses intéressantes, le café, le sommeil, l'amande poivrée.
04:26 Bon, Dr Chaudreau, quand on a des maux de tête,
04:28 qu'est-ce qui se passe au niveau physiologique ?
04:30 Qu'est-ce qui va être responsable de la douleur ?
04:32 Au niveau physiologique, pour la migraine,
04:34 je ne parle pas d'autres maux de tête,
04:36 mais pour la migraine,
04:37 la principale composante douloureuse de la migraine,
04:40 c'est l'inflammation méningée périvasculaire autour des vaisseaux,
04:44 qui va aboutir à la sécrétion aussi de neuromédiateurs,
04:48 dont le CGRP, le "calcitonin gene related peptide",
04:53 qui a été à l'origine, d'ailleurs, de nouveaux traitements de fonds,
04:57 qui restent très onéreux et non remboursés pour l'instant.
05:01 D'accord, donc la migraine, en fait,
05:03 c'est une inflammation de certains vaisseaux au niveau cérébral.
05:06 À quel moment peut-on parler de migraine ?
05:08 Parce que c'est vrai que la définition,
05:10 on l'a vu dans le reportage, ça reste un petit peu flou.
05:12 Est-ce qu'il y a des symptômes spécifiques, quand même,
05:14 qui permettent d'orienter le diagnostic ?
05:16 Oui, alors le problème passe sur un tout début de crise.
05:20 Parce qu'une migraine a son paroxysme,
05:24 le diagnostic est relativement facile,
05:26 parce que c'est une douleur qui est pulsatile,
05:28 qui augmente à l'effort,
05:30 qui est accompagnée de nausées,
05:32 voire de vomissements, de phonophotophobie,
05:35 c'est-à-dire qu'on ne supporte ni le bruit, ni la lumière.
05:37 Donc là, quand on est à ce stade-là,
05:40 le diagnostic est assez facile.
05:42 Le problème, c'est qu'une migraine,
05:44 on ne passe jamais du stade zéro douleur
05:46 à une douleur à son paroxysme instantanément.
05:49 C'est dans la définition, d'ailleurs, de la migraine.
05:52 Et au début, toutes ces caractéristiques n'existent pas.
05:55 Ça peut être un mal de tête banal,
05:58 et il n'y a pas d'examen ni biologique,
06:03 ni d'imagerie qui permettent de faire la différence.
06:07 - On parle de migraines avec aura et sans aura.
06:09 C'est quoi la différence ?
06:11 - Alors, les migraines avec aura,
06:13 c'est des migraines qui sont précédées
06:15 par des signes neurologiques,
06:17 le plus souvent visuels,
06:19 à type de scotome scintillant,
06:21 c'est-à-dire une tâche aveugle
06:23 qui a tendance à se déplacer
06:25 et qui est entourée,
06:27 comme par des éclairs lumineux,
06:29 et qui grandit.
06:31 Ça dure entre un quart d'heure
06:34 et grand maximum une demi-heure.
06:36 - C'est très angoissant, ça.
06:38 - C'est très angoissant,
06:40 et ça peut être aussi accompagné ou suivi
06:42 de troubles de la parole, une vraie aphasie,
06:44 et même de troubles sensitivaux moteurs.
06:46 - On peut dire que la migraine est une maladie ?
06:49 - Une migraine, c'est un symptôme.
06:51 Mais quand on fait plusieurs migraines,
06:54 quand on devient migraineux,
06:56 là, on peut dire que c'est une maladie.
06:58 - Nathalie, vous êtes sophrologue.
07:01 La sophrologie, c'est quoi exactement ?
07:03 Quelles sont les techniques que vous utilisez ?
07:06 - En sophrologie, on s'attache
07:09 à avoir une présence du corps,
07:11 à renforcer la présence du corps
07:13 à l'aide de ses sensations corporelles.
07:15 On fait des stimulations très simples.
07:18 Nul besoin d'une tenue spécifique.
07:20 On peut le faire n'importe où.
07:22 Là, par exemple, en ce moment,
07:24 si je serre mes orteils très fort dans mes chaussures
07:26 et que j'arrête, j'observe ce qui se passe.
07:29 C'est ça. On fait des stimulations.
07:31 - Qu'est-ce qui se passe ?
07:33 Ça vous détend, par exemple, de faire ce qu'il y a ?
07:35 - C'est simplement être dans le moment
07:38 et accueillir mes sensations corporelles,
07:41 telles que des picotements, de la chaleur.
07:44 - Être à l'écoute des signaux que nous envoie notre corps.
07:48 - Exactement. Et ne pas s'occuper de son corps
07:50 seulement quand il est douloureux,
07:52 mais plutôt faire du préventif.
07:54 - D'accord.
07:56 La migraine, c'est une maladie qui reste sous-diagnostiquée.
07:59 D'après l'OMS, seulement 40 % des migraineux sont diagnostiqués.
08:02 Comment on l'explique, ça ?
08:04 C'est une banalisation de la maladie ?
08:06 - Parce que ça rentre dans les céphalées,
08:08 dans les maux de tête,
08:10 que même un migraineux qui ne va pas faire beaucoup de crises,
08:13 parce qu'il y a des migraineux qui ne vont faire
08:15 qu'une crise par trimestre, voire moins,
08:18 ceux-là, en général, ne vont pas consulter.
08:21 - D'accord.
08:23 - Mais ils sont quand même un peu migraineux.
08:25 - Ils restent migraineux et il y a des solutions,
08:27 et on va en parler, des solutions qui ne sont pas forcément des médicaments.
08:30 Les migraineux parlent souvent de facteurs déclenchants,
08:33 comme la consommation d'alcool, de chocolat,
08:36 ou alors l'arrivée des règles, le stress.
08:38 Est-ce que ces facteurs jouent un rôle, véritablement,
08:41 dans l'apparition d'une crise de migraine ?
08:43 - Alors, bon, à part l'alcool à forte dose,
08:46 parce qu'une gueule de bois, c'est une migraine,
08:50 l'alcool à petite dose, le chocolat, tout ça,
08:54 ça n'a aucune action directe pour provoquer une migraine.
08:57 Il y a toujours un relais.
08:59 Et le problème, c'est qu'un migraineux,
09:02 une fois qu'il a fait quelques crises,
09:06 n'imagine pas que la migraine puisse lui tomber dessus sans raison.
09:10 Donc, consciemment ou inconsciemment,
09:12 il va toujours chercher à le rattacher à un facteur déclenchant,
09:16 passé ou avenir,
09:18 que ce soit alimentaire, le temps, la pluie...
09:22 - Mais ce n'est pas ça qui va déclencher directement la crise de migraine.
09:25 Alors, qu'est-ce qui va déclencher la crise de migraine ?
09:28 - Ce qui va déclencher la crise de migraine,
09:30 c'est qu'un patient, dès qu'il est en présence
09:32 de ce qu'il a cru reconnaître comme étant un déclencheur,
09:35 il va se mettre dans un état d'attente anxieuse
09:38 qui correspond exactement à l'expression populaire
09:41 "retenir son souffle".
09:43 - Donc, je suis stressée, je retiens mon souffle,
09:46 et ça, ça va déclencher ma crise de migraine ?
09:48 Parce que je me mets en hypoventilation,
09:51 je ne respire plus.
09:53 - Le stress, c'est un facteur qui, naturellement,
09:55 peut nous faire retenir notre souffle,
09:57 comme la concentration, comme des odeurs,
09:59 comme un suspense au cinéma,
10:01 comme porter des charges lourdes.
10:03 Et après, il y a tout ce qu'on a cru identifier
10:06 comme facteur déclenchant.
10:07 Donc, on ne va pas respirer correctement
10:10 et surtout, on ne va pas évacuer correctement le gaz carbonique.
10:13 - D'accord. On se dit par exemple,
10:14 "Voilà, j'ai bu de l'alcool,
10:16 donc je risque de faire une crise de migraine."
10:18 C'est cette appréhension d'avoir la crise de migraine
10:20 qui va provoquer la crise de migraine.
10:22 Donc, c'est un facteur psychosomatique, finalement.
10:24 - Une fois qu'on est devenu migraineux,
10:26 oui, mais c'est la seule chose
10:28 qui est psychosomatique dans la migraine.
10:30 Après, ce n'est qu'un enchaînement de mécanismes
10:32 purement biologiques.
10:33 - Bien sûr. Alors, comment expliquer
10:35 les crises de migraine qui vous réveillent en pleine nuit
10:37 parce que là, vous n'avez pas eu le temps
10:39 d'avoir cette appréhension d'avoir une crise ?
10:41 - Non, évidemment non.
10:43 Alors, quand on regarde ce qui se passe pendant le sommeil,
10:45 la phase d'endormissement
10:47 s'accompagne d'un certain degré d'hyperventilation.
10:49 - Donc là, on respire plus vite.
10:51 - Voilà. Pas plus vite, mais il y a une respiration
10:53 plus ample, plus régulière.
10:55 Et ça s'entend. Quand quelqu'un s'endort
10:57 à côté de nous, on l'entend.
10:59 En revanche, en deuxième partie de nuit,
11:01 pendant les phases de sommeil paradoxal
11:03 qui, plus la nuit avance, plus elles vont se succéder,
11:05 migraineux ou pas, on a tous tendance
11:07 à être en hypoventilation.
11:09 Et l'augmentation du taux de gaz carbonique
11:11 est d'ailleurs un des facteurs qui participent
11:13 à la réaction d'éveil.
11:15 - D'accord. Donc, comme on respire
11:17 dans cette deuxième partie de nuit,
11:19 on respire moins bien,
11:21 de façon moins profonde,
11:23 du coup, ça peut déclencher une crise de migraine.
11:25 - Oui. D'autant plus si on dort longtemps.
11:27 Et quand on est réveillé la nuit
11:29 par une migraine, c'est jamais en première partie de nuit.
11:31 C'est toujours à partir de 3, 4, 5 heures du mat.
11:33 - D'accord. Parce qu'on se retrouve, on s'en appelle,
11:35 en hypoventilation. - Voilà.
11:37 - Et les cauchemars aussi. - Et les cauchemars aussi ?
11:39 - Oui. - Ça nous met en hypoventilation.
11:41 - Ça peut. Une patiente m'a raconté
11:43 qu'elle faisait de la plongée sous-marine,
11:45 bouteille, et qu'elle avait
11:47 un rêve récurrent, c'est que
11:49 elle rêvait qu'elle était en plongée
11:51 et qu'elle était entourée de requins.
11:53 - Donc, peur, stress...
11:55 - Il est facile de comprendre comment ça peut lui faire
11:57 retenir son souffle.
11:59 - Et après, crise de migraine.
12:01 Nathalie, en tant que sophrologue,
12:03 j'imagine tous ces mécanismes d'hypoventilation
12:05 et ses conséquences
12:07 en cas de stress, d'anxiété, vous connaissez bien ça.
12:09 - Bon, ce sont des sujets
12:11 souvent abordés par les personnes
12:13 quand on leur dit "racontez
12:15 votre migraine".
12:17 Chaque cas est particulier
12:19 et je rebondis sur le stress.
12:21 Le stress, ça fait donc
12:23 des contractions musculaires,
12:25 des tensions musculaires, et en sophrologie,
12:27 on s'attache justement
12:29 à transmettre
12:31 des techniques qui permettent
12:33 le relâchement musculaire.
12:35 Action positive,
12:37 si on fait du bien au corps, le mental
12:39 se détend et les vases communiquants...
12:41 - Fonctionnent.
12:43 - Fonctionnent, mais
12:45 ça demande juste
12:47 du temps, beaucoup de temps.
12:49 - Pourquoi les femmes sont-elles plus
12:51 touchées que les hommes ? Parce que justement,
12:53 elles manquent de temps, peut-être.
12:55 Pourquoi elles se font plus stressées ?
12:57 - Il y a l'éternel problème des hormones,
12:59 mais elles n'ont pas de rôle direct.
13:01 - D'accord. Donc, ce que j'ai dit
13:03 en introduction était faux. Ce ne sont pas les hormones
13:05 qui vont... - Non, ça passe toujours par
13:07 cette appréhension de femmes migraines.
13:09 Les variations hormonales peuvent
13:11 très probablement donner des petits
13:13 mots de tête, des céphalées
13:15 non migraineuses. - Mais qui peuvent,
13:17 avec le risque que ça se transforme
13:19 en migraine. Oui, parce que
13:21 il y a aussi les migraines du week-end.
13:23 Comment les expliquer ? Parce que là, on se relâche.
13:25 - On se relâche, mais
13:27 ce qui se passe... - Donc, on ne devrait pas avoir
13:29 de migraine. On prend plus le temps de respirer,
13:31 on est moins stressé. - Oui, mais on fait
13:33 la grasse mat' souvent le week-end aussi.
13:35 - Et alors ? - Ce qui se passe,
13:37 souvent, ça va être
13:39 chez des gens qui ont une consommation de café
13:41 un peu importante.
13:43 Or, il y a des études qui ont montré que les gens
13:45 qui prenaient plus de 3-4 cafés par jour
13:47 majoraient leur risque de faire des migraines.
13:49 La première propriété de la caféine
13:51 avant ses effets excitants, c'est d'être
13:53 un stimulant de la ventilation.
13:55 Or, si on en est sevré,
13:57 on risque de se retrouver
13:59 en hypoventilation. - Et donc, crise de migraine.
14:01 - Crise de migraine. - Bien compris, hypoventilation,
14:03 on retient son souffle, crise de migraine.
14:05 Nathalie, autre facteur déclenchant,
14:07 c'est le stress qui va
14:09 créer des tensions
14:11 au niveau des cervicales, du visage,
14:13 etc. Et en fait, c'est
14:15 ces tensions qui peuvent
14:17 entraîner une crise de migraine.
14:19 - Tout à fait. Par exemple,
14:21 la sphère ORL, on y prête
14:23 très peu attention en journée.
14:25 Si les mâchoires sont
14:27 contractées, si les dents sont
14:29 serrées, la langue,
14:31 la langue, c'est pareil, si elle
14:33 n'est pas ventousée au palais,
14:35 elle pose des problèmes
14:37 pour la respiration,
14:39 les cervicales,
14:41 les épaules, la région lombaire.
14:43 Donc, il y a des tas de
14:45 possibilités
14:47 pour effectuer des
14:49 simples contractions musculaires,
14:51 pour engendrer un relâchement.
14:53 Voilà, quelques minutes par
14:55 jour pour pouvoir
14:57 changer les choses. - Et puis,
14:59 attention aussi à
15:01 tous les problèmes de malocclusion dentaire,
15:03 par exemple, les problèmes visuels,
15:05 problèmes de convergence, etc.,
15:07 névragie d'Arnold, qui peuvent induire
15:09 des céphalées de tension et donc une potentielle
15:11 crise de migraine. Parce que juste le fait d'avoir mal à la tête,
15:13 on peut se dire, ou l'appréhension
15:15 d'avoir une crise de migraine va nous
15:17 faire retenir notre souffle, et là encore,
15:19 crise de migraine potentielle.
15:21 Alors, justement, comment faire la différence
15:23 entre une céphalée de tension
15:25 et une vraie migraine ?
15:27 - Alors, comme je l'ai dit tout à l'heure,
15:29 sur la crise installée de migraine
15:31 au paroxysme, il n'y a pas de problème. C'est au début.
15:33 Et en fait, il y a un test
15:35 qui permet de
15:37 faire cette différence, et ce test
15:39 est aussi la meilleure preuve que c'est comme ça
15:41 que fonctionne la migraine.
15:43 Quand on se demande à n'importe qui
15:45 de souffler à fond
15:47 plusieurs fois de suite, comme pour
15:49 gonfler très vite un gros ballon,
15:51 comme pour les brosses du barbecue,
15:53 quand on a fait 5, 6, 7
15:55 mouvements d'expiration
15:57 forcés comme ça,
15:59 quand on arrête, on a un peu la tête qui tourne.
16:01 - Donc on fait comme ça ?
16:03 - Non, on fait comme ça.
16:05 - Ah oui, d'accord.
16:07 - Voilà, il faut guider complètement les poumons.
16:09 - Et on fait ça plusieurs fois de suite ?
16:11 - Voilà.
16:13 - Et au bout de 5, 6 mouvements, normalement, j'ai la tête qui tourne.
16:15 Et puis, j'ai une migraine
16:17 tout d'un coup qui arrive, donc là,
16:19 je fais ce test, c'est-à-dire
16:21 je fais ces 6 mouvements de respiration,
16:23 et en cas de migraine, qu'est-ce qui se passe ?
16:25 - En cas de migraine, on n'a pas la tête qui tourne.
16:27 - C'est-à-dire qu'avant d'avoir la tête qui tourne quand j'ai une vraie migraine,
16:29 il faudrait que je fasse plusieurs mouvements,
16:31 plusieurs séries de ces 6 mouvements de respiration ?
16:33 - Oui, quelques fois,
16:35 une dizaine, une quinzaine, avant d'avoir la tête qui tourne.
16:37 Et ce n'est pas pour ça que la douleur sera partie.
16:39 - Parce que cette respiration,
16:41 alors, le fait de respirer comme ça,
16:43 ça permet d'atténuer la douleur, de faire partir la crise de migraine ?
16:45 - Alors, si on a fait le test,
16:47 et que c'est une migraine
16:49 parce qu'on n'a pas la tête qui tourne,
16:51 on peut faire céder une crise de migraine,
16:53 mais il n'est pas nécessaire
16:55 d'hyperventiler aussi violemment que ça.
16:57 - Alors comment on hyperventile ?
16:59 - Juste un peu, ça se rapproche
17:01 de la cohérence cardiaque, en fait,
17:03 il faut juste
17:05 aller vider complètement les poumons
17:09 à chaque mouvement respiratoire.
17:11 - D'accord.
17:13 - Et c'est en attendant que la crise s'est totalement.
17:15 - D'accord.
17:17 - La migraine, c'est comme un incendie,
17:19 plus on agit tôt, plus c'est facile à éteindre,
17:21 donc si on agit tout de suite, en 2-3 minutes, c'est réglé.
17:23 Si la douleur est déjà bien installée,
17:25 il faut compter parfois plus d'une demi-heure.
17:27 - D'accord, donc ce mouvement de respiration très ample,
17:29 je pense que Nathalie, ça, vous devez
17:31 faire pratiquer beaucoup à vos patients.
17:33 - Oui, la respiration, c'est vraiment
17:35 un des premiers outils du sophrologue,
17:37 et pas que,
17:39 mais inviter les personnes
17:41 avec cette respiration nasale
17:43 à faire descendre la respiration,
17:45 et ça met vraiment
17:47 dans le moment présent,
17:49 c'est quelque chose
17:51 qui permet de détendre
17:53 le corps dans son entier.
17:55 - Et de faire disparaître
17:57 des crises de migraine, c'est quand même génial
17:59 comme méthode. - Par exemple.
18:01 - Et avec une céphalie de tension, en revanche...
18:03 - Pas d'action sur une céphalie de tension.
18:05 - Voilà. - Et si on a une céphalie de tension,
18:07 quand on fait le test, on aura la vie à tout au long.
18:09 - On aura le tournis, et le fait de faire
18:11 cette respiration, ça risque d'aggraver
18:13 le phénomène ou pas forcément.
18:15 - Ça n'aggravera pas forcément, mais
18:17 une céphalie de tension, c'est pas une migraine,
18:19 mais c'est une situation à risque de migraine.
18:21 - D'accord. - Parce que ça va nous mettre dans l'appréhension
18:23 que ça va générer en migraine. - On a bien compris la différence.
18:25 - Donc, dans les situations à risque,
18:27 que ce soit un début de mal de tête
18:29 ou parce qu'on est en présence de ce qu'on a cru
18:31 reconnaître comme un facteur déclenchant,
18:33 il va falloir penser
18:35 à souffler à fond, tranquillement,
18:37 trois, quatre fois de suite, toutes les cinq minutes.
18:39 - Ok. Alors,
18:41 Nathalie, nous sommes allées assister
18:43 à une séance d'une de vos consoeurs,
18:45 Clément Spartin, qui est sophrologue
18:47 à Paris. Elle nous montre
18:49 quels sont les exercices de respiration
18:51 à faire en cas de maux de tête,
18:53 dont cette fameuse technique
18:55 d'hyperventilation qui permettrait
18:57 de faire céder une crise de migraine, enfin,
18:59 d'hyperventilation en tout cas, de respiration
19:01 façon cohérence cardiaque.
19:03 Regardez, c'est un reportage de Damien Tessemier.
19:05 (Générique)
19:07 ---
19:09 (Générique)
19:11 - Julie ?
19:13 Julie, tu vas pouvoir t'installer
19:15 confortablement.
19:17 Fermez les yeux.
19:19 Je suis sophrologue
19:21 à Paris dans le 16e.
19:23 Je suis spécialisée dans l'accompagnement
19:25 des femmes pour leur aider à gérer
19:27 leur stress, leurs émotions
19:29 et tout ce qui tourne autour de la douleur
19:31 dans l'univers de la périnatalité
19:33 et accompagner la maladie
19:35 de l'endométriose.
19:37 Le lien entre la sophrologie
19:39 et les maux de tête et les migraines,
19:41 c'est d'apprendre à ces femmes
19:43 à gérer leur charge mentale, leur stress
19:45 et leur anxiété au quotidien
19:47 pour qu'elles se sentent plus légères d'esprit
19:49 et mieux dans leur tête.
19:51 - Donc, on a fait plusieurs exercices
19:53 pendant cette séance, des exercices de respiration
19:55 et de relaxation, qui m'ont
19:57 vraiment permis, en fait, de travailler
19:59 sur cette douleur et de mieux
20:01 l'apercevoir, mieux l'accepter, en tout cas.
20:03 - L'objectif de la respiration
20:05 dans le cadre de la sophrologie,
20:07 c'est d'apprendre au corps à
20:09 complètement se détendre et à relâcher
20:11 les tensions qui peuvent surgir
20:13 lors d'une crise de migraine.
20:15 - Alors, pour toutes les personnes qui sont non-migraineuses,
20:17 vous allez pouvoir
20:19 inspirer par le nez et expirer
20:21 fortement entre 3 à 5 fois.
20:23 Si vous avez cette sensation de
20:25 perdre d'équilibre, vous n'êtes pas migraineux.
20:27 En revanche, pour les personnes
20:29 qui sont non-migraineuses, vous allez pouvoir
20:31 faire ce même exercice et au bout
20:33 de la sixième fois, vous n'aurez pas
20:35 cette sensation de perdre d'équilibre ou d'avoir
20:37 des points noirs dans le ciel
20:39 ou de sentir que vous perdez un petit peu de pied.
20:41 - Bon, si malheureusement
20:43 cette hyperventilation
20:45 ou toutes ces méthodes
20:47 dont vous nous parliez tout à l'heure, psychocorporelles,
20:49 où on prend conscience de son corps,
20:51 etc., n'ont pas fonctionné, que cette crise de migraine
20:53 ait été installée, on est souvent obligé de recourir
20:55 à des médicaments qui vont présenter
20:57 d'éventuels effets secondaires, hein, Dr Choudeau ?
20:59 - Comme tout médicament.
21:01 Alors, le...
21:03 Il faut savoir aussi que
21:05 quand on n'arrive pas
21:07 à faire céder une crise
21:09 de migraine simplement en respirant,
21:11 en expirant profondément,
21:13 il y a un moment où il ne faut plus attendre
21:15 avant de prendre un médicament.
21:17 La migraine, c'est un incendie et si on attend
21:19 trop... - Alors, quel est le
21:21 premier antidouleur qu'il faut prendre ?
21:23 - Alors, ce que conseille la Haute Autorité de Santé,
21:25 en première intention, c'est
21:27 aspirine ou anti-inflammatoire.
21:29 - D'accord.
21:31 - Sachant que sur une véritable migraine,
21:33 le paracétamol,
21:35 Doliprane, Efferalgan, etc.,
21:37 le paracétamol
21:39 n'a aucune action sur une véritable migraine.
21:41 - D'accord.
21:43 - Donc, moi, je...
21:45 Aux anti-inflammatoires, j'ai une préférence
21:47 pour l'aspirine à forte dose,
21:49 c'est-à-dire pour un adulte de...
21:51 de plus de 50 kg, c'est 2 g,
21:53 ce qui est une dose relativement
21:55 forte, mais tout à fait
21:57 cohérente, puisque la dose toxique
21:59 d'aspirine en une prise, c'est 10 g,
22:01 donc on a de la marge.
22:03 Pourquoi ? Parce qu'à partir
22:05 d'un gramme, l'aspirine est déjà
22:07 anti-inflammatoire, mais à partir
22:09 d'un gramme et demi, deux grammes, c'est
22:11 aussi un stimulant direct des
22:13 centres respiratoires bulbaires. - D'accord.
22:15 Donc, l'aspirine, en première intention, le paracétamol,
22:17 ça ne marche pas. - Non.
22:19 - Et en deuxième intention, si l'aspirine n'a
22:21 pas marché, là... - En deuxième intention,
22:23 la classe des triptans,
22:25 qui sont un traitement
22:27 spécifique de la crise de migraine,
22:29 qui ne fonctionneront pas non plus
22:31 sur un autre type de céphalée,
22:33 donc c'est important de faire le test.
22:35 Parce qu'on dit souvent, il faut
22:37 prendre un médicament tout de suite, moi je dis pas
22:39 tout de suite, il faut d'abord essayer de se battre,
22:41 mais si on prend un triptan
22:43 sur une céphalée qui n'est pas
22:45 une migraine, ça ne fonctionnera pas.
22:47 - Alors justement, il existe des centres
22:49 spécialisés dans la prise en charge
22:51 de la douleur migreneuse. Regardez,
22:53 c'est un reportage de Laetitia Drouard.
22:55 - Magali a rendez-vous avec son
23:03 neurologue. Elle souffre de maux de tête très
23:05 violents depuis ses 14 ans.
23:07 Agée aujourd'hui de 45 ans, c'est le docteur
23:09 Muc qui a diagnostiqué la migraine de Magali.
23:11 - Et est-ce que vos maux de tête actuels
23:13 sont très différents de ceux que vous aviez à l'époque ?
23:15 Est-ce qu'il y a eu beaucoup de changements ou pas tellement ?
23:17 - Non, c'est toujours la même chose.
23:19 C'est toujours à gauche. Ça part de l'œil,
23:21 ça descend derrière
23:23 et c'est accompagné de nausées.
23:25 - C'est important de diagnostiquer une migraine
23:27 parce que ce n'est pas un mal de tête comme les autres.
23:29 C'est un mal de tête qui, par définition,
23:31 est récidivant. - Toute la famille a subi
23:33 les conséquences parce que je suis tellement épuisée
23:35 par les migraines la semaine
23:37 que le week-end, je suis couchée et professionnellement,
23:39 c'est vraiment handicapant.
23:41 - Pour la prise en charge thérapeutique,
23:43 il est important de distinguer une migraine
23:45 de la céphalée non migraineuse.
23:47 - Il faut bien avoir interrogé le patient avant
23:49 et avoir répertorié tous les traitements
23:51 déjà donnés, prescrits,
23:53 connaître les comorbidités, c'est-à-dire le tempérament,
23:55 est-ce qu'il est plutôt anxieux ou pas,
23:57 est-ce qu'il a un désir de grossesse ou pas,
23:59 est-ce qu'il a un problème de poids,
24:01 de surcharge pondérale, voire d'obésité
24:03 qui va contre-indiquer certains traitements.
24:05 - Après une succession de traitements inefficaces,
24:07 Magali a profité des dernières innovations
24:09 thérapeutiques anti-CGRP.
24:11 - CGRP, c'est un neuropeptide
24:13 en pipite qui est fabriqué par les tréjumeaux
24:15 de façon très importante lors des crises de migraine.
24:17 Il y a une activation du nerf tréjumeaux
24:19 qui est le nerf qui contrôle la sensibilité
24:21 du visage et du crâne.
24:23 Et ça s'est révélé extrêmement efficace.
24:25 On peut dire même que la patiente a eu
24:27 ce qu'on appelle une super réponse,
24:29 c'est-à-dire qu'au-delà de 75%.
24:31 - Moi, ça m'a complètement changé la vie.
24:33 J'ai plus jamais eu de migraine,
24:35 donc j'ai retrouvé une vie normale.
24:37 - Donc voilà, il y a des médicaments,
24:39 effectivement. Il y a votre méthode
24:41 de respiration à pratiquer
24:43 avec une sophrologue aussi talentueuse
24:45 que Nathalie.
24:47 Et le sexe dans tout ça ?
24:49 Juste pour terminer sur une note
24:51 peut-être un peu plus joyeuse,
24:53 des chercheurs allemands ont prouvé
24:55 que les relations sexuelles pouvaient être
24:57 un remède efficace pour se débarrasser
24:59 des maux de tête. Et dans leur étude,
25:01 34% des personnes interrogées affirmaient
25:03 avoir des rapports sexuels malgré la douleur.
25:05 - Oui, alors effectivement, un des moyens
25:07 de faire céder une crise spontanément,
25:09 c'est d'arriver à oublier
25:11 la douleur, arriver à la mettre
25:13 de côté. Et l'acte sexuel,
25:15 ça peut être un des moyens.
25:17 - Vous êtes d'accord, Nathalie ?
25:19 - Entre autres, avec des visualisations
25:21 positives. - C'est ce que vous conseillez aussi ?
25:23 - On l'entend des patientes et des patients.
25:25 - Un grand, grand merci à tous les deux.
25:27 - Merci.
25:29 - Donc, à retenir, l'hyperventilation
25:31 serait une méthode efficace pour prévenir
25:33 ou pour faire disparaître une crise de migraine.
25:35 Ça demande un peu d'entraînement au début.
25:37 Évidemment, si ça ne marche pas.
25:39 Mais je crois que vous obtenez des résultats
25:41 plutôt très, très bons
25:43 avec votre technique. Et pensez bien
25:45 à prendre en charge tous les facteurs
25:47 qui peuvent entraîner des maux de tête,
25:49 problèmes dentaires, douleurs au cervical, et stress.
25:51 Là, vous allez voir Nathalie qui va vous apprendre
25:53 à respirer
25:55 tous ces facteurs susceptibles d'entraîner
25:57 des crises de migraine. Encore un grand, grand merci
25:59 à tous les deux. Merci à tous ceux qui m'ont aidé à préparer
26:01 cette émission. Quant à moi, j'aurai le plaisir
26:03 de vous retrouver très bientôt pour un prochain
26:05 numéro de La Santé d'abord. D'ici là,
26:07 prenez soin de vous.
26:09 [Musique]
26:28 Le groupe Vive vous a présenté
26:30 La Santé d'abord. Oum, le programme
26:32 qui prend soin de vous. Groupe Vive
26:34 pour une santé accessible à tous.

Recommandations