Séphane Peterhansel, alias « Monsieur Dakar », a livré ses impressions ce mercredi à l'issue de la dixième étape.
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00:00 Stéphane, racontez-nous. Carlos a arrêté une vingtaine de minutes.
00:04 Est-ce que c'est vous qui êtes venu l'aider avec Mathias Ekström ?
00:07 Alors c'est Mathias. En fait on était les deux Zodis à rouler ensemble.
00:10 Nous on avait déjà crevé deux fois en début de spéciale.
00:13 Donc Mathias était juste devant nous.
00:15 Mathias a été le premier à arriver sur Carlos.
00:18 Et c'est lui qui lui a donné une ou deux roues de secours.
00:21 Je ne sais pas exactement.
00:23 En fait c'était une spéciale qui était annoncée plutôt facile.
00:27 Et en fait le peu de cailloux qui étaient là,
00:30 ils étaient hyper agressifs, hyper anguleux.
00:32 Et il y a eu beaucoup de crevaison.
00:34 Et on voit que rien n'est fait. Le suspense va durer encore un moment.
00:38 Racontez-nous comment ça se passe.
00:40 Je sais qu'il y a des mécaniciens qui sont mis sur chaque voiture, etc.
00:43 Comment ça se passe typiquement ?
00:45 Quand Carlos s'arrête, vous avez le droit de le dépanner mais de ne pas l'aider pour changer des pièces.
00:48 Racontez-moi.
00:49 Non, non. Entre concurrents on a le droit.
00:51 En fait c'est l'assistance extérieure.
00:53 C'est-à-dire que s'il y a un spectateur qui a des outils ou des pièces, par exemple,
00:57 il n'a pas le droit de lui donner.
00:59 Par contre, entre concurrents, on peut faire toutes les interventions.
01:02 C'est-à-dire qu'on peut prendre une pièce sur notre voiture et lui donner.
01:05 On peut faire sa mécanique pour lui.
01:07 C'est-à-dire, par exemple, s'il ne veut pas descendre de la voiture,
01:09 on peut très bien lui changer sa roue et il repart comme ça.
01:12 Donc là maintenant c'est vraiment pour nous un travail d'équipe.
01:17 Je ne veux pas dire que c'est comme dans le cyclisme.
01:19 Mais on a la chance d'avoir encore trois Audis en course.
01:22 On va mettre toute notre énergie pour essayer que Carlos termine sur la première marche du podium.
01:27 J'ai l'impression que depuis ce Dakar, ça se joue beaucoup avec les crevaisons.
01:32 Oui, alors c'est compliqué parce qu'on roule dans des endroits incroyables,
01:36 dans des cailloux énormes et on demande beaucoup aux pneus.
01:40 Et en fait, depuis quelques années, les voitures sont de plus en plus lourdes.
01:43 Et donc il y a une limite à tout.
01:46 Le pneu, c'est l'intermédiaire entre le terrain agressif et la voiture.
01:52 Et c'est lui qui prend tout.
01:53 Et donc on n'a pas de pneu increvable contrairement à la moto.
01:57 En moto, ils ont des pneus complètement increvables.
01:59 Et nous, on n'a pas encore de système.
02:01 Et BFGoodrich fait vraiment son maximum.
02:04 On a des bons pneus, mais on en demande beaucoup quand même.
02:06 J'ai senti un Carlos Sainz tendu aujourd'hui.
02:09 C'est normal, on peut le comprendre.
02:11 Mais comment il va falloir qu'il gère la pression pour le reste de la course ?
02:14 Pas évident.
02:16 Il sait que gagner un Dakar, ce n'est pas facile.
02:19 Il est en tête, il est âgé.
02:22 Et il n'aura pas encore 10 opportunités dans sa vie de gagner un Dakar.
02:26 Donc forcément, la pression, elle est énorme sur ses épaules.
02:29 Et en plus, c'est vraiment quelqu'un qui aime bien faire les choses.
02:33 Il prend ça à cœur.
02:35 Et je comprends complètement sa situation d'être hyper stressé.
02:38 Et comme je le disais il y a quelques jours, avec l'âge, ça ne s'arrange pas.
02:42 C'est quelque chose qui ne s'atténue pas, même avec l'expérience.
02:46 J'espère que sous pression, il ne fera pas plus d'erreurs que d'habitude.
02:52 Parce que plus on est sous pression, plus on a tendance à être un peu moins lucide.
02:58 Et à faire plus facilement des erreurs.
03:00 Et demain, il y a une super grosse journée dure qui nous attend.
03:03 Donc ça va être chaud.