Dans sa conférence de presse ce mardi, Emmanuel Macron a affiché sa volonté de "déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants". Notre psychologue Johanna Rozenblum donne ce mercredi matin des conseils aux parents pour mieux réguler le temps d'écran de leurs enfants.
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00:00 Et on va parler d'un thème évoqué par le président de la République hier,
00:03 avec Johanna Rosenblum, notre psychologue clinicienne,
00:06 que vous retrouvez évidemment chaque mercredi.
00:08 Bonjour Johanna, il y a une annonce d'Emmanuel Macron
00:10 qui a particulièrement retenu votre attention hier soir.
00:12 Le chef de l'État veut reprendre le contrôle des écrans.
00:16 Écoutez-le.
00:17 Le contrôle de nos écrans,
00:20 qui trop souvent enferment là où ils devraient libérer.
00:24 Sur la base de recommandations que feront les experts
00:27 que j'ai réunis la semaine dernière,
00:28 nous déterminerons le bon usage des écrans pour nos enfants,
00:32 dans les familles, à la maison comme en classe.
00:35 Parce qu'il en va de l'avenir de nos sociétés et de nos démocraties.
00:39 Johanna, le bon usage des écrans,
00:41 c'est des experts qui vont s'en mêler,
00:43 c'est la politique qui va s'en mêler
00:44 et qui va venir dans les fanimes pour nous dire
00:46 quel est le bon usage à faire.
00:47 En tout cas, ils vont nous donner des recommandations
00:49 et je vous assure Adeline, c'est extrêmement important
00:51 parce qu'on voit les conséquences de l'exposition aux réseaux sociaux
00:54 et ça depuis des années.
00:56 Je peux vous donner d'emblée quelques chiffres.
00:59 Les 16-25 ans scrollent entre 3 et 5 heures par jour,
01:03 avec une préférence pour Instagram, Snapchat.
01:05 Scroller, c'est évidemment passer de page en page.
01:08 D'image en image, d'information en information,
01:09 sans vraiment en tirer un réel enseignement.
01:12 79% des utilisateurs de TikTok sont connectés pour se divertir.
01:17 Pas de lecture, pas de sortie,
01:19 le divertissement se fait aujourd'hui sur TikTok.
01:21 48% des 18-34 ans se rendent sur les réseaux sociaux
01:25 dès leur réveil, c'est le premier réflexe.
01:27 42% des ados pensent qu'ils seraient "dévastés",
01:30 ce sont leurs termes, si on les privait des réseaux sociaux.
01:33 Et enfin, 65% des jeunes entre 10 et 14 ans,
01:36 je rappelle qu'avant 13 ans, on ne peut pas avoir
01:39 un profil sur les réseaux sociaux sans l'accord et l'aide de ses parents.
01:42 En principe.
01:43 En principe.
01:44 Et ces jeunes ont au moins un compte sur les réseaux sociaux.
01:47 Alors ça, c'est vraiment un constat qu'on fait tous
01:49 et qu'on fait à l'international.
01:50 Alors Johanna, le président dit "régulation des écrans", très bien.
01:53 Et puis il emploie d'autres mots, "interdiction",
01:55 "restriction" pour les plus jeunes.
01:57 On a du mal à savoir comment on peut interdire, réguler,
02:02 limiter, restreindre.
02:03 Oui, vous avez raison Christophe, mais moi ce que j'entends
02:06 dans ces mots du président, c'est l'information en filigrane
02:09 qui est destinée aux parents.
02:11 Les parents ont la responsabilité de leurs enfants
02:14 et donc de leur exposition aux écrans.
02:16 Il y a des contrôles parentaux qui permettent de réduire
02:19 l'exposition des enfants, c'est-à-dire au bout de 20 minutes,
02:22 30 minutes, on choisit le temps d'exposition.
02:24 Et ensuite, il n'est plus possible d'accéder aux réseaux sociaux
02:27 ou au téléphone.
02:28 Donc j'ai l'impression qu'il y a ce message comme ça,
02:30 qui dit aux parents "reprenez la main"
02:32 parce qu'il y a des vraies conséquences.
02:34 C'est ce que je fais chez moi.
02:35 Voilà, ma fille, elle est régulée sur TikTok,
02:36 elle négocie toutes les deux heures pour obtenir du temps.
02:41 Il faut résister soi-même et peut-être soi-même être un exemple
02:43 pour nos enfants.
02:44 En 2015, il y a eu une étude qui a été faite
02:46 par l'université de Cambridge.
02:48 Ils ont fait une méta-analyse avec 5000 études qui ont été faites
02:50 sur les conséquences des réseaux sociaux.
02:52 Donc tout n'est pas jeté sur les réseaux sociaux.
02:54 Il ne faut pas accuser les réseaux sociaux
02:55 comme tous les maux de la planète.
02:58 Mais il n'y a pas de corrélation directe qui a été faite
03:00 entre souffrance des adolescents et exposition aux réseaux sociaux.
03:04 En revanche, ils ont quand même mis en...
03:05 - On imagine qu'il y a souffrance et qu'il y a dégâts.
03:07 - Exactement.
03:08 Augmentation de l'anxiété, de la dépression et du taux de suicide,
03:10 isolement social qui crée aussi de la sédentarité,
03:14 cyberharcèlement, ça on en parle assez régulièrement,
03:16 et des comportements de violence physique
03:19 qui ont été remarqués et soulignés de plus en plus chez les enfants.
03:22 - Tu en vois, toi Johanna, dans ton cabinet,
03:24 par exemple, soit des parents qui essaient de reprendre la main
03:26 justement sur le contrôle des réseaux sociaux de leurs enfants,
03:30 ou même des ados qui peut-être essayent eux-mêmes
03:33 de se débarrasser de cette addiction ?
03:35 - Oui, ce que je remarque auprès de mes patients les plus jeunes,
03:38 mais aussi chez les parents qui viennent témoigner
03:40 des difficultés qu'ils rencontrent avec leurs enfants,
03:42 c'est des difficultés à l'égard de ce sentiment d'impunité
03:45 qu'ils ne maîtrisent plus et qui crée parfois
03:47 du cyberharcèlement pour les plus jeunes.
03:50 Mais on connaît aussi le revenge porn, le stalking,
03:53 qui sont aussi des phénomènes...
03:54 - Stalking, c'est quoi ?
03:55 - Stalking, c'est espionner, en fait, grâce aux réseaux sociaux,
03:58 une personne, et le revenge porn,
04:00 c'est la diffusion d'images à caractère sexuel.
04:03 - Là, on parle de l'usage surtout chez les ados.
04:06 Chez les enfants, c'est les enseignants qui peuvent en témoigner,
04:08 c'est les défauts de concentration,
04:10 c'est-à-dire qu'ils sont tellement habitués à...
04:12 - Scroller.
04:13 - Scroller ou à swiper, qu'au bout de deux minutes,
04:16 leur attention décroche aussi en classe.
04:18 - Oui, vous avez raison, Adeline, difficulté de concentration,
04:20 manque de sommeil et puis une incapacité à développer,
04:24 sa capacité à se concentrer sur un média autre que le téléphone
04:28 pour tirer un enseignement.
04:29 - D'un mot, Mathieu, comment on peut réguler...
04:31 - Les Chinois l'ont fait.
04:32 - L'usage privé.
04:32 - Les Chinois l'ont fait.
04:33 - C'est pas rationnel.
04:35 - Non, mais les inventeurs de TikTok ont interdit TikTok
04:37 aux jeunes enfants et ont limité le temps d'usage pendant deux ans.
04:40 Il n'y a que nous, en Occident, où on a mis nos gamins
04:44 dans l'usage effréné de TikTok sans limite.
04:46 Alors, c'est très compliqué.
04:47 On ne peut pas prendre une loi pour réjanter
04:49 ce qu'on va faire dans notre portable.
04:50 À un moment, il faut arrêter.
04:51 Les citoyens ne sont pas des enfants.
04:54 Mais c'est vrai que prendre conscience,
04:56 responsabiliser les parents,
04:58 commencer par nos usages nous-mêmes,
04:59 l'image que l'on donne, le modèle que l'on donne.
05:01 - Ça, c'est vrai.
05:01 - C'est essentiel.
05:02 - Johanna, trois à cinq heures, c'est énorme.
05:04 Ça serait quoi un mot ?
05:07 La durée max ?
05:07 - Je peux vous donner un petit tip,
05:09 ce qui a été donné par l'association e-enfance,
05:11 la règle 3, 6, 9, 12.
05:13 Facile à appliquer, facile à comprendre.
05:15 Avant 3 ans, pas de télévision.
05:18 Avant 6 ans, pas de console de jeu.
05:20 Avant 9 ans, pas d'Internet.
05:21 Et pas de réseaux sociaux pour nos enfants avant 12 ans.
05:24 - Je crois que tout le monde à peu près a faux.
05:27 Merci beaucoup Johanna.