Trois individus cagoulés et armés d'un fusil à pompe ont menacé le gérant et un employé d'une armurerie, ce mardi à Eslettes. Ce dernier a ouvert le feu et touché à la tête l'un des braqueurs. Adrien Gabeau, avocat de l'un des braqueurs interpellés, était en direct sur BFTMV ce samedi.
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00:00 Et puis il y a la seconde séquence où le salarié de l'armurier a tiré sur mon client.
00:06 Est-ce qu'à ce moment-là, à l'extérieur de l'armurier, il y avait-il légitime défense,
00:15 c'est-à-dire une attaque simultanée et une réponse proportionnée ?
00:23 À mes yeux, je pense que la circonstance de la légitime défense ne peut pas juridiquement être retenue
00:33 parce qu'à ce moment-là, il n'y avait pas péril d'une part,
00:38 et que la réponse du salarié de l'armurier ne me semble pas proportionnée,
00:44 pour une raison simple, c'est que mon client lui tournait le dos et prenait la fuite.
00:50 Ce sera à l'enquête de déterminer ce point-là.
00:53 Vous êtes un homme de droit et donc attaché au fait bien sûr,
00:56 mais vous voyez bien la part émotionnelle très forte autour de cette affaire.
01:00 On a connu ça avec d'autres commerçants qui avaient été attaqués.
01:03 La peur de perdre la vie quand on est braqué, toute sa vie,
01:07 le stress qu'il peut y avoir à ce moment-là.
01:09 Quelles limites on met ? Comment on définit la légitime défense ?
01:13 C'est la loi qui l'a définie, article 122-5 du Code pénal.
01:19 Une loi qui date de 1994, qui a donc 30 ans.
01:24 Depuis 30 ans, il y a eu des gouvernements de droite, des gouvernements de gauche.
01:28 C'est une loi qui n'a pas changé depuis 30 ans.
01:31 Donc elle a une certaine stabilité.
01:34 Et il y a trois éléments, une attaque injustifiée, c'est le cas.
01:40 Puisque des banquers n'ont pas à s'introduire dans une armurier ou dans n'importe quel commerce.
01:45 Donc la première circonstance est réunie.
01:48 Il y a ensuite le critère de la réponse proportionnée.
01:54 Et le troisième critère, c'est que la réponse doit avoir lieu en même temps que l'attaque injustifiée.
02:03 Donc c'est sur ce critère numéro 2 et numéro 3 qu'il y a discussion.
02:08 Et à mes yeux, une distinction entre la réponse de l'armurier
02:14 qui a donné la mort au premier braqueur, pour faire simple,
02:19 et la deuxième réponse qui a touché mon client, parce qu'à ce moment-là,
02:24 il n'y avait pas d'attaque de mon client, c'était plusieurs secondes après.
02:30 Et ensuite, est-ce qu'il y avait une proportionnalité de la réponse ?
02:35 À mes yeux, tel n'est pas le cas et je soutiendrai que ça ne sera pas le cas.
02:40 Ce seront aux juges de trancher.