Les manipulations mentales de la CIA
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00:00 Il y avait une chambre, elle était totalement noire, insonorisée.
00:06 Elle était capitonnée, les fenêtres occultées, toutes sombres, et on les mettait dans des tubes, les bras et les jambes coincés.
00:28 Quelqu'un apportait parfois de la nourriture, et ils étaient là, on ne sait combien de temps.
00:35 J'ai entendu gémir.
00:40 J'ai vu des gens qui fuyaient à la vue des docteurs, qui résistaient.
00:49 Ils s'échappaient, on les rattrapait de force.
00:52 On les remettait sous traitement contre leur gré.
00:57 On les forçait à faire ce qu'ils ne voulaient pas faire.
01:00 Et quand c'était fini, ils étaient complètement passifs.
01:04 C'était fini.
01:06 Ils ne pouvaient plus résister.
01:09 Ce n'étaient pas des cris, c'était des pleurs.
01:13 Des pleurs.
01:15 Ils ne voulaient pas y aller.
01:19 [Musique]
01:40 C'était à la fin des années 50.
01:42 Des années où l'on pense que les guerres sont finies, et où l'on rêve d'un monde où les enfants sont voués à un quotidien sans violence.
01:50 Gina Blasbalg est alors adolescente.
01:56 La vie ne l'a pas gâtée. Au décès de son père, sa mère l'a placée dans un orphelinat.
02:03 A l'âge de 16 ans, on l'hospitalise à l'Allan Memorial, le département psychiatrique de l'université McGill à Montréal.
02:11 Elle souffre d'une hépatite aiguë qui la rend dépressive.
02:17 Gina pense qu'on va la soigner, mais elle tombe dans les filets d'un programme top secret de la CIA américaine.
02:24 Nom de code, MK-ULTRA.
02:28 Sous le prétexte d'études sur le cerveau humain, des dizaines de milliers de cobayes non volontaires comme Gina vont devenir de véritables rats de laboratoire.
02:37 Le plus terrible, c'est qu'on les obligeait.
02:43 Les médecins les forçaient.
02:45 Ils leur disaient "Mais vous ne voulez pas aller mieux ? On est là pour ça."
02:49 Et bien sûr, les patients ne pouvaient qu'y croire.
02:53 Bien sûr qu'ils voulaient aller mieux.
02:57 Ils voulaient rentrer chez eux, mais ce n'est pas du tout ce qui s'est passé.
03:00 MK-ULTRA, c'est un programme qui a secoué l'Amérique jusqu'à la présidence.
03:06 Financés par la CIA, des médecins ou des scientifiques traquent les indigents, les noirs ou les déshérités.
03:19 Ils les repèrent dans les prisons, les hôpitaux, les casernes ou même les orphelinats.
03:27 Et ils tentent, à leur insu, d'en faire des robots humains.
03:30 But de la manœuvre, effacer la mémoire.
03:35 Trouver un moyen de faire avouer un ennemi.
03:38 Fabriquer une machine humaine prête à tuer contre son gré.
03:42 Gina Blasbalg sera l'un de ces rats de laboratoire.
03:47 Le docteur m'a dit qu'il voulait effacer ma mémoire en me mettant dans un état de sommeil pendant un mois.
03:56 Que je n'aurais plus du tout de mémoire ou de pensée et qu'il pourrait alors travailler sur mon cerveau car il n'en resterait plus rien.
04:02 J'étais...
04:05 Comme un zombie.
04:06 Elle était vide de tout.
04:08 On me donnait des produits qu'on m'injectait et j'avais plein de convulsions.
04:13 Mon corps ne m'appartenait plus, ma langue pendait, mes yeux roulaient.
04:18 J'ai été témoin de tout ça.
04:22 Et je les suppliais "S'il vous plaît, qu'est-ce que vous faites ? Donnez-moi un antidote."
04:27 Et on me répondait "Non, on ne peut rien vous donner parce qu'il faut qu'on voit combien de temps ça dure."
04:33 Gina va être séquestrée pendant plusieurs périodes au sein de l'établissement psychiatrique.
04:40 Entre deux séjours, elle rencontre Ralph.
04:43 C'est lui qui réussira à l'extirper de l'institution.
04:47 Mais Gina est hantée par les souvenirs.
04:51 J'allais parfois dans la chambre à côté de la mienne.
04:54 Et là, il n'y avait que des corps immobilisés.
04:58 Ils étaient enfermés dans des tubes, les bras et les jambes pris dans des tubes.
05:02 Et ils avaient des écouteurs sur la tête.
05:05 Ils se débattaient sur leur lit et le son ne cessait jamais.
05:09 Jamais.
05:10 Et puis on les déliait et on envoyait alors des séries d'électrochocs.
05:14 On appelle ça la soumission psychique.
05:17 Et ils avaient des écouteurs, des enregistrements en boucle.
05:20 Un enregistrement sans fin, avec des ordres répétitifs, hurlés à différentes intensités.
05:27 Ça leur rentrait dans les oreilles et leur remontait au cerveau.
05:32 Et ça ne cessait jamais.
05:34 Le jour, la nuit, sans arrêt.
05:37 Le but ultime de tout ça, c'était le lavage de cerveau.
05:41 La manipulation mentale et le lavage de cerveau.
05:45 Comment cela a-t-il été possible ?
05:47 Fin de la seconde guerre mondiale.
05:52 A la suite de l'offensive des troupes alliées et soviétiques,
05:56 le troisième Reich est en déroute.
05:58 Le monde découvre alors avec stupeur l'ampleur des horreurs perpétrées dans les camps de concentration.
06:05 Les nazis ont notamment mené des expériences sur des milliers de prisonniers.
06:11 On les irradie, on les torture, on leur inocule des virus ou on les dépèse vivants.
06:18 L'Amérique se veut alors le détenteur de la bonne conscience des peuples.
06:24 Elle impose rapidement la tenue des fameux procès de Nuremberg,
06:29 qui visent à juger les dignitaires allemands pour les crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
06:36 Lors du procès des médecins fin 1946, 20 docteurs et trois officiels nazis passent en jugement.
06:43 Cinq des accusés sont acquittés.
07:00 Sept sont condamnés à mort et les autres à des peines de prison.
07:05 A l'occasion de ce procès, l'Amérique rédige le Code de Nuremberg.
07:09 Le contenu en est exemplaire.
07:13 Celui-ci détermine l'éthique qui doit prévaloir lors des expérimentations pratiquées sur l'être humain.
07:19 Mais en parallèle, les Américains convoitent les scientifiques et les médecins allemands
07:26 et les exfiltrent vers les Etats-Unis.
07:31 Juste après la guerre, on s'est retrouvés avec un grand nombre de scientifiques allemands
07:34 qui officiaient dans tous les domaines.
07:36 Bombardement, énergie, missiles, cinéma, médecine.
07:40 Et les Français, les Anglais, les Russes et les Américains voulaient tous mettre la main dessus,
07:45 les ramener chez eux et qu'ils travaillent pour eux.
07:48 Le problème qu'avaient les Américains, c'est qu'un grand nombre de ces soldats étaient répertoriés comme criminels de guerre.
07:54 Le département d'Etat ne voulait donc pas leur donner de visa et ils ne pouvaient pas aller en Amérique.
07:59 Toute une série de programmes ont été alors mis sur pied.
08:01 Dans le plus célèbre, c'est le projet Paperclip.
08:04 Et les archives montrent bien que des centaines de scientifiques allemands ont été exfiltrés grâce à ces programmes
08:10 et passés au travers des mailles du département d'Etat.
08:13 Forts de cette matière grise, les Américains puisent dans les connaissances des Allemands
08:21 et lancent des expériences à tout va, notamment dans des pays qu'elles pensent tenir sous sa coupe.
08:28 C'est ainsi que de 1946 à 1948 au Guatemala,
08:31 elles inoculent des virus comme la syphilis à des centaines de soldats, prostituées, détenus et même des gosses.
08:39 Bilan 83 morts.
08:42 Pour cet acte, l'Amérique sera condamnée.
08:46 Sur le territoire américain, on s'en prend aux démunis, ceux qui n'oseront jamais se plaindre.
08:54 En 1946 et pendant 7 ans, des dizaines d'enfants maladementaux sont ainsi nourris de céréales radioactives dans une école du Massachusetts.
09:02 C'est une effroyable contradiction.
09:08 Un immense paradoxe que de voir l'Amérique réaliser toutes ces expérimentations extrêmement dangereuses juste à l'après-guerre.
09:15 Et ceci alors même que c'est nous qui avons traîné devant les tribunaux de Nuremberg les docteurs nazis en 1946 et en 1947.
09:24 Nous, pas les français, pas les anglais, pas les russes, mais nous, les américains.
09:29 On a traîné ces 23 docteurs et responsables administratifs en justice.
09:34 On les a sermonnés, harangués, on leur a donné des leçons sur la façon de faire de la recherche médicale.
09:40 Et au moment où se tenait le procès de ces médecins nazis, nos propres médecins au Guatemala injectaient la syphilis à plein de gens dans ce pays.
09:51 Au même moment, on injectait des patients dans nos hôpitaux avec du plutonium ou d'autres formes d'irradiation.
09:58 Donc ce n'est pas déplacé de dire que tout ceci n'était qu'une farce.
10:03 Un grand jeu de propagande.
10:08 Qu'importe, car la morale, les américains la placent bien en dessous de l'intérêt de la nation.
10:14 3, 2, 1, feu !
10:18 Et au sortir de la guerre, la priorité absolue, c'est le nucléaire.
10:29 A la manette, l'armée US.
10:32 Dès 1946, des tests sont menés à grande échelle, notamment sur l'atoll de Bikini.
10:42 Pour constater les effets de la radioactivité, on utilise des militaires.
10:46 On fait exploser des bombes, puis on leur demande d'aller nettoyer des dégâts ou d'éteindre les incendies.
10:53 Lincoln Gralphs fut l'un des 250 000 à 500 000 soldats irradiés lors de ces essais nucléaires.
11:04 Il avait alors 22 ans.
11:09 Ça, c'est l'USS Newark. C'était le bateau sur lequel je me trouvais, l'ATR 40.
11:15 Et ce qu'il y a de plus stupide dans tout ça, c'est qu'on était supposé nettoyer les effets des irradiations,
11:22 et on utilisait de l'eau qui avait elle-même été irradiée. C'est tout ce qu'on avait, cette eau irradiée.
11:35 Avant d'être envoyés à Bikini, on devait tous signer des contrats, qui étaient ni plus ni moins un serment de secret,
11:42 afin qu'on ne dise à personne ce qu'on avait vu ou entendu pendant notre mission.
11:48 Les soldats sont des cobayes parfaits. Ils sont disciplinés et ne connaissent rien aux risques encourus.
11:57 On n'avait absolument aucune protection de quelque sorte.
12:04 J'étais vêtu des mêmes fripes que je portais tous les jours.
12:07 Et je portais toujours les mêmes le jour où j'ai quitté la marine.
12:11 Le nucléaire, c'est invisible. Sans goût, sans odeur, sans bruit.
12:20 C'est donc difficile de convaincre les gens qu'il y a un lien entre tout ça, et même qu'on a été irradiés.
12:33 Et en plus de tout ça, les cellules infectées ne s'arrêtent jamais, et continuent leur dégâts.
12:39 Suite à son expérience sur l'atoll de Bikini, Lincoln sera hospitalisé à plus d'une reprise.
12:51 Sa santé est fragile, et les irradiations ont touché toute sa descendance.
13:01 Ma fille a été conçue quelques temps après mon retour de Bikini.
13:04 Eh bien, toute son adolescence, elle a souffert de problèmes avec son système endocrinien.
13:10 Et on a dû lui retirer la moitié du pancréas à l'âge de 20 ans en raison d'une tumeur.
13:15 Elle est morte d'une tumeur cérébrale maligne à l'âge de 46 ans.
13:19 Elle a aussi eu une fille qui est née avec un pied difforme.
13:27 Mon fils cadet, lui, a la maladie d'Addison, et l'un de mes fils aînés est bipolaire.
13:33 Ça ne vous paraît pas beaucoup pour une seule famille ?
13:42 De son côté, la Séillat ne reste pas les bras croisés.
13:49 Sous couvert de la guerre froide, elle s'en prend à des villes entières.
13:55 En 1950, un bateau de guerre déverse à coups d'aérosols une maladie nosocomiale sur la baie de San Francisco.
14:02 11 personnes seront hospitalisées, dont une décèdera de pneumonie.
14:07 Il ne s'agit pas de fiction.
14:10 Toutes ces expériences ont été révélées par des documents aujourd'hui déclassifiés.
14:15 La Séillat veut aller plus loin encore.
14:19 Ce qui l'intéresse, c'est la manipulation mentale.
14:24 Elle veut lancer des études à grande échelle.
14:26 Mais pour cela, il faut de l'argent.
14:29 En 1951, la guerre de Corée va servir d'excuse idéale.
14:37 On accuse les Coréens et ses alliés chinois d'avoir réussi à retourner des prisonniers de guerre américains grâce à des techniques de lavage de cerveau éprouvées.
14:47 Il faut donc rattraper le retard.
14:53 La Séillat obtient ses crédits et lance les projets Artichoke, Bluebird.
14:58 Puis en avril 1953, MK Ultra.
15:02 À la tête du programme, Sidney Gottlieb.
15:06 C'est l'homme de la situation.
15:08 Il est psychiatre, mais aussi spécialiste des armes chimiques.
15:12 On le surnommera le sorcier noir.
15:19 Du début des années 1950 jusqu'au début des années 1970, le gouvernement fédéral, à travers l'armée de terre, de l'air, de la marine et de la Séillat, a réalisé toute une batterie d'expérimentation.
15:30 Ça impliquait de donner du LSD à des citoyens qui ne savaient pas qu'ils en prenaient.
15:35 Mettre des gens dans des chambres capitonnées sans aucun repère.
15:39 Des expériences sur l'hypnose, les irradiations, les armes biologiques et chimiques.
15:48 La machine à broyer est en marche.
15:50 La Séillat et l'armée sont tellement aveuglés par leur objectif qu'elles iront jusqu'à propulser des bactéries cachées dans des ampoules électriques au cœur de New York, dans le métro, en 1966.
16:02 On veut calculer la vitesse de propagation en cas de guerre virale.
16:09 Ici encore, il ne s'agit pas de fiction.
16:13 Les documents sur cette expérience ont été déclassifiés.
16:18 Ces mêmes documents révèlent aussi que la Séillat cherchait à fabriquer des espions programmables à distance.
16:23 Dans les documents de la Séillat, on retrouve toutes ces expérimentations qui visent à créer ces super espions.
16:31 Ça consiste à créer une nouvelle personnalité sur un cobaye et de lui donner une mission comme tuer quelqu'un, voler des documents ou infiltrer des réseaux.
16:41 Et quand la mission est terminée, on le reprogramme et le sujet ne se souvient plus de rien.
16:46 Le sujet n'a pas de mémoire de la mission.
16:48 L'agence américaine s'intéresse particulièrement au LSD.
16:52 Dans les années 50, cette drogue n'est pas illégale.
16:56 La Séillat recrute d'ailleurs des volontaires prêts à se faire des tripes au frais des services secrets.
17:01 Certains vont défrayer la chronique, comme Ken Casey.
17:06 C'est un auteur à succès qui pense que les drogues permettent de stimuler la créativité.
17:12 Il teste donc le LSD, dans le cadre d'expérimentations officielles.
17:17 Il sortira de cette expérience en état second.
17:21 Pour la petite histoire, il se met alors à la rédaction d'un best-seller qui deviendra un film culte.
17:28 Vol au-dessus d'un nid de coucou.
17:37 Grâce à l'appui involontaire des artistes et des hippies,
17:40 les scientifiques américains n'ont pas trop de mal à faire accepter leurs expérimentations sur le LSD.
17:46 D'ailleurs, la Séillat estime que c'est tellement inoffensif qu'elle le teste sur ses propres agents.
17:53 Alors insu, le retour de bâton sera sévère.
17:58 Certains en deviendront paranoïaques, comme l'un de leurs biochimistes, Frank Olson.
18:05 Il en mourra en 1953, défenestré du 11ème étage d'un hôtel new-yorkais.
18:11 Même déconvenu en 1955 à San Francisco,
18:16 la Séillat y embauche George White, une grande gueule de la police antidrogue,
18:21 afin qu'il monte deux maisons de passe.
18:24 Les prostituées versent discrètement des doses de LSD dans le verre des clients.
18:29 Derrière une vitre sans teint, la Séillat observe leur réaction.
18:34 Certains paniquent, deviennent fous.
18:36 L'un d'entre eux commettra un braquage en état second et partira en prison.
18:41 Si vous prenez ça de façon volontaire, que vous vous dites que ça va être agréable et que vous êtes entouré, ça se passe plutôt bien.
18:51 Mais si vous êtes incarcéré dans une prison ou en interrogatoire,
18:55 et que vous commencez à halluciner sans savoir que vous êtes sous LSD,
18:59 vous avez de grandes chances de faire un mauvais trip.
19:03 Les bad trips, les scientifiques vont tenter de montrer qu'ils n'ont rien de dramatique.
19:07 Lors de cette expérience, filmée en 1955, on demande à un artiste de boire une dose de LSD.
19:14 Puis il lui faut dessiner les traits d'un être humain,
19:29 avant que les premiers effets ne se fassent ressentir.
19:32 On le soumet alors à une batterie de tests.
19:40 Quelques heures plus tard, l'artiste doit dessiner à nouveau un portrait.
19:46 Mais il n'y parvient plus.
19:49 Et peu à peu, sous l'œil du psychiatre, il tombe dans une forme de schizophrénie.
19:56 Vous vous sentez encore émotionnel.
19:58 Regardez la photo.
20:01 Regardez la photo.
20:03 Et concentrez-vous sur les cheveux. C'est là que vous étiez.
20:08 Supposons que vous regardez ces deux photos,
20:12 et que vous les comparez.
20:14 Les yeux, par exemple, sont les mêmes pour moi.
20:18 Ces images de propagande de LSD sont un peu plus compliquées.
20:24 Ces images de propagande donnent la sensation que chaque expérience est encadrée et sans trop de dommages.
20:29 La réalité est moins présentable.
20:33 Le LSD a été mis en avant parce que tout le monde connaît.
20:38 Mais lors des commissions sénatoriales, dans les années 1970,
20:41 le conseiller en chef de l'armée a rendu une liste de 125 produits qu'ils avaient testés
20:45 dans le cadre de ses expérimentations sur le lavage de cerveau.
20:50 Pour rajouter à cela ceux de la marine, de l'armée de l'air et de la CIA.
20:55 Dans ces folles recherches, la CIA fait la course avec l'armée.
21:00 Celle-ci aussi fait des expériences à grande échelle,
21:04 notamment dans le camp d'Edgewood.
21:06 Dans ces bâtiments, on y teste tout aussi bien des armes chimiques,
21:10 avec notamment l'aide de scientifiques du 3e Reich,
21:13 mais aussi des drogues qui agissent sur le comportement.
21:18 Ce département est tenu par un psychiatre militaire, James Ketchum.
21:22 Il y expérimente plus d'une trentaine de produits toxiques.
21:26 James Ketchum s'intéresse au LSD, mais surtout au Benzilate ou Bizi,
21:31 une drogue beaucoup plus puissante que le LSD.
21:35 Quel était le but de vos recherches ?
21:41 De tenter de trouver une drogue, le Benzilate étant notre premier choix.
21:48 Ce n'était pas une arme de destruction massive.
21:50 C'était destiné à être utilisé pour détruire les ennemis.
21:54 C'était un produit qui pouvait être utilisé pour détruire les ennemis.
21:58 C'était un produit qui pouvait être utilisé pour détruire les ennemis.
22:02 C'était un produit qui pouvait être utilisé pour détruire les ennemis.
22:06 C'était un produit qui pouvait être utilisé pour détruire les ennemis.
22:10 C'était un produit qui pouvait être utilisé pour détruire les ennemis.
22:15 C'était destiné à être utilisé dans un lieu particulier qui pouvait être encerclé et contrôlé,
22:21 mais qui ne pouvait être envahi sans risquer beaucoup de pertes de notre côté.
22:27 Pour ces expériences, James Ketchum puise dans les troupes.
22:36 Pas moins de 7000 soldats serviront de cobayes pour les laboratoires d'Edgewood.
22:42 James Ketchum dit qu'ils étaient tous volontaires.
22:45 Mais plusieurs dizaines d'entre eux sont aujourd'hui encore en procès contre l'armée,
22:49 en raison des faits secondaires qu'ils attribuent à ces drogues.
22:53 Mis en examen, le psychiatre militaire s'étonne de ces accusations.
22:59 Mais non, ce n'était pas de la torture. Ça ne pouvait pas l'être.
23:05 On les gardait dans des salles capitonnées avec des infirmières et du personnel.
23:12 Et nous les docteurs, on vérifiait comment ils allaient et les effets qu'ils ressentaient.
23:17 Les volontaires étaient très contents d'être là.
23:21 D'ailleurs on n'en prenait qu'un sur trois ou quatre parmi tous ceux qui se présentaient.
23:27 Et tout cela a duré 20 ans.
23:31 À New York, nous avons retrouvé l'un des militaires qui a participé aux expérimentations de James Ketchum.
23:41 Il s'appelle Tony Mannheim.
23:43 Et en 1958, alors qu'il est jeune à plais, sa hiérarchie lui propose de participer à des tests sur des équipements militaires contre des permissions supplémentaires.
23:53 Il signe un protocole d'accord, mais on ne l'informe pas de ce qu'il va tester.
23:59 À notre arrivée, nous étions invités à une sorte de pot d'accueil,
24:06 afin de rencontrer le personnel de la base d'Edgewood, qui était en charge des tests.
24:10 Mais je me suis aperçu, et nous ne le savions pas et on aurait dû le savoir,
24:16 que les boissons étaient droguées.
24:19 C'était donc un peu déconcertant de ressentir les effets de produits qui s'attaquaient à notre cerveau,
24:25 que ce soit du LSD ou autre chose.
24:28 Le but de tout ça était de nous faire rentrer dans un état de paranoïa et de désorientation.
24:35 Paranoïa et désorientation.
24:38 [Musique]
25:08 Je dirais que ça a eu des effets significatifs,
25:13 durement ressentis et de façon négative, pendant une durée considérable après l'arrêt de l'expérimentation.
25:20 Pendant combien de temps ?
25:24 Des années. Je dirais des mois et des années plutôt que des jours et des semaines.
25:29 James Ketchum affirme pour sa part que les tests étaient réalisés dans un cadre bien défini.
25:37 Et que sa propre équipe n'a jamais contesté l'éthique de ces expériences.
25:40 Ils étaient tous éduqués dans les meilleures universités comme celles de Yale, Columbia, Stanford et bien d'autres.
25:53 Ils préféraient faire de la recherche pendant leurs deux ans de service.
25:58 Ils se retrouvaient donc en poste à l'arsenal d'Edgewood,
26:03 et dans tout ce qu'on a pu faire, sauf une fois, ils étaient tous d'accord pour faire les mêmes expérimentations
26:09 que celles que je faisais et que je leur demandais de faire.
26:13 James Ketchum se protège en invoquant le soutien de ses pairs.
26:18 C'est plus inquiétant que rassurant.
26:21 Et il ne peut ignorer que pendant qu'il expérimente ses drogues sur des milliers de soldats,
26:27 l'armée s'intéresse à bien d'autres produits plus destructeurs encore.
26:32 Des produits qu'elle hésite à tester sur ses propres troupes.
26:35 Et ces substances sont tellement puissantes qu'on ne peut les employer que dans un lieu discret, clos et protégé.
26:45 Cette forteresse, ce sera les prisons.
26:50 C'est Allen Hornblum qui va dénoncer le système.
26:55 A l'époque, il travaille à la pénitentiaire et prend un poste à la prison de Holmesburg en Pennsylvanie.
27:01 Je suis entré dans la prison de Holmesburg et j'ai été frappé de voir des dizaines de détenus torse nus,
27:08 le corps couvert de bandages et de pansements.
27:11 Et je n'arrivais pas à croire que j'allais travailler dans un milieu d'une telle violence.
27:16 Tous les prisonniers semblaient s'être battus au couteau lors d'une émeute, comme s'il y avait eu une guerre entre gangs.
27:23 Et le lendemain, de retour au centre de détention, j'ai demandé aux autres gardiens ce qui s'était passé et si cette prison était vraiment dangereuse.
27:31 Ils se sont moqués de moi et on m'a répondu "Monsieur Hornblum, ce n'est pas une guerre de gangs, ce sont des tests de parfums pour le compte de l'Université de Pennsylvanie."
27:46 A Holmesburg, mais aussi dans une vingtaine d'autres centres pénitentiaires à travers le pays, la CIA ou l'armée transforment les détenus en rats de laboratoire.
27:55 Ces expérimentations allaient de produits sans danger, comme tester du chocolat pour voir s'il fait pousser des pustules,
28:08 jusqu'à des produits extrêmement dangereux fournis avec l'accord des médecins.
28:14 Les détenus étaient injectés sans le savoir avec des substances irradiées, soumis à des expérimentations pour les produits chimiques de l'entreprise Dell,
28:22 et c'est le seul endroit au monde, que je connaisse, où des humains ont été enduits de dioxines sur la figure et sur le dos.
28:29 De 1963 jusqu'au début des années 70, l'armée testait une multitude d'armes chimiques de guerre.
28:42 "La prison d'Holmesburg, de 1951 à 1974, a été sans doute le plus grand laboratoire d'expérimentation humaine en Amérique."
28:51 Les 1400 détenus de la prison sont des proies dociles. Ils sont pauvres, peu éduqués.
29:00 Pour un dollar par jour, ils sont prêts à n'importe quoi.
29:06 C'est ce que sera payé Youssef pour participer à trois séries d'expérimentations.
29:12 Incarcérés en 1961 pour vente de marijuana, ils pensent tester des produits inoffensifs.
29:18 "Il y avait deux sortes de tests pour produire minceur. L'un consistait à boire une sorte de milkshake.
29:30 Il fallait aller aux toilettes et prendre du lait tous les jours, avec des oeufs, le tout avec six pilules. Et ça trois fois par jour.
29:39 Dès la première prise, j'ai senti que j'explosais sous l'effet de gaz qui remontait.
29:45 Et quand je suis allé aux toilettes, mon rectum s'est retourné comme une poche. Comme s'il y avait un stock d'hémorroïdes empilés.
29:55 Je suis donc allé voir le médecin et il m'a dit "Mon Dieu, c'est épouvantable. Je lui ai demandé des médicaments ou autre chose."
30:03 Et il m'a répondu "Non, c'est une opération qu'il vous faut."
30:07 A l'abri des murs clos de la prison, les services américains se sentent tout puissants. Ils n'ont plus de limites.
30:20 [Musique]
30:31 L'armée a amené trois conteneurs en fer. Ils étaient capitonnés à l'intérieur. Et ils les ont placés entre les ailes G et H du bâtiment.
30:40 Et ils ont commencé à administrer des doses très fortes d'atropine, de scopolamine, de benzilate et d'autres psychotropes.
30:49 Des détenus pensaient qu'ils étaient suffisamment costauds pour aller dans les conteneurs et en ressortir sur leurs deux pieds.
30:56 Mais ils en sont sortis comme des bêtes. Comme des bêtes sauvages. Ils étaient violents.
31:02 Un type a pratiquement tordu une porte en tentant de fuir de l'un de ces conteneurs.
31:09 [Musique]
31:20 Les gens ressortaient de ces expérimentations avec des déficiences mentales.
31:25 Surtout avec leurs produits, comme le LSD ou leurs hallucinogènes que la CIA ou le Pentagone ont mis dans nos organismes pendant qu'on était dans nos cellules capitonnées.
31:35 Ils nous les ont injectés, ils nous les ont mélangés à notre nourriture, ils nous les ont fait avaler sous forme de pilules.
31:41 Et qu'est-ce qu'il nous reste ? Des déficiences mentales. De la folie.
31:46 [Musique]
31:49 Youssef ressort de la prison avec l'organisme dévasté. Les médecins l'ont classé comme partiellement invalide.
31:56 [Musique]
32:01 Quand je suis ressorti de prison, j'ai pensé que tout irait bien.
32:06 Et soudain, tout ce que j'ai testé est ressorti, et notamment les boursouflures dues au premier test.
32:13 Je chaussais du 50, les mains étaient enflées comme un ballon, mes ongles ont poussé comme des griffes.
32:21 Et il y avait cette odeur qui sortait de mon corps, une odeur de cadavre.
32:27 [Musique]
32:31 De cette époque à aujourd'hui, ma vie a été misérable. J'ai eu une maladie du foie, des problèmes génitaux persistants.
32:41 Je ne sais pas trop ce qui se passe avec mes mains. J'ai des fourmillements dans les pieds. Un cancer de la prostate. C'est un véritable enfer.
32:52 [Explosion]
32:54 Alors que l'armée recrute surtout dans les prisons, la CIA, elle, rôde dans les hôpitaux.
33:00 Prime est donnée à celui qui réussira à transformer un être humain en robot.
33:06 Plus de 20 ans après la fin du programme MK Ultra, des témoignages vont dévoiler jusqu'où la CIA était prête à aller pour mener à bien son œuvre.
33:15 Cette femme, Claudia Mullen, témoigne devant un comité chargé d'évaluer les dégâts commis sur les victimes.
33:24 Je suis devenue un pion aux mains du gouvernement. Le but était de me soumettre et de créer l'espion idéal à l'aide de produits chimiques, d'irradiation, de drogue, de l'hypnose, de choc électrique, de plongée dans des tubes remplis d'eau, de privation de sommeil, de lavage de cerveau, d'abus verbaux, physiques, émotionnels et sexuels.
33:48 J'ai été exploitée pendant près de 30 ans de ma vie et la seule explication qu'on m'a donnée est que la faim justifie les moyens et que je servais ma patrie dans ses efforts valeureux pour lutter contre le communisme.
34:16 Ces populations vulnérables étaient utilisées comme des rats de laboratoire. Ils en abusaient, ils leur injectaient ce qu'ils voulaient. Ils ont dépassé toutes les limites et plein de choses ici en Amérique n'auraient jamais dû être possibles.
34:30 Et si cela avait été commis sous l'Allemagne nazie, on aurait mis tout ça dans l'acte d'accusation. On l'aurait mis au compte des coupables. Mais ça n'a pas eu lieu là-bas, c'est arrivé ici.
34:40 [Musique]
35:00 Ce qui me paraît le plus révoltant, ce n'est même pas l'attitude de l'armée ou de la CIA, mais celle des psychiatres eux-mêmes. Parce que les psychiatres, les scientifiques et les chirurgiens participaient à tout ça.
35:11 Et la CIA n'aurait pas pu faire ça sans leur participation. Et la raison pour laquelle tout ceci est resté dans l'ombre, c'est que les instances les plus hautes de la psychiatrie étaient au courant et ont tout fait pour que ça ne se sache pas.
35:22 Il ne s'agissait pas de quelques psychiatres ici ou là, mais des têtes pensantes de la psychiatrie.
35:28 Et dans cette course à l'horreur, un homme sort du lot. Johann Cameron. C'est un psychiatre écossais de haut vol qui sera président de la Vénérable Association Mondiale de Psychiatrie.
35:42 Il a d'ailleurs réalisé l'expertise de certains des médecins allemands jugés lors du procès de Nuremberg.
35:48 Johann Cameron est recruté par la CIA en 1957. Ils se sont alors investis d'une forme de pouvoir absolu.
36:00 Tous les patients avaient peur de lui. On ne voulait pas avoir affaire à lui.
36:07 C'était un type bizarre.
36:12 Il représentait la souffrance.
36:19 Au sein de l'Allan Memorial, le département psychiatrique de l'université McGill qui l'a créé à Montréal, Johann Cameron expérimente au-delà du supportable.
36:30 Ses cobayes sont enfermés dans des chambres noires, capitonnées. La réputation du prestigieux psychiatre sert d'appât pour recruter ses futures victimes.
36:43 Il y avait une petite fille de 13 ans qui paraissait normale. Et la seule raison pour laquelle elle était là, c'était parce qu'elle se sentait nerveuse à l'idée de passer un examen.
36:54 Les médecins ont estimé qu'elle devait voir le docteur Cameron afin qu'il l'aide. Ils l'ont hospitalisé et c'est la dernière fois que je l'ai vu.
37:03 Il y avait un garçon aussi. Il ne disait plus rien. Il restait toute la journée contre le mur et regardait ses pieds.
37:10 D'autres se plaignaient de maux de tête effroyable et continuels. Ils ne savaient plus qui ils étaient, où ils étaient et ce qu'ils faisaient ici.
37:21 Les cobayes sont placés dans des comas artificiels qui durent jusqu'à plusieurs semaines et soumis à des doses massives d'électrochocs,
37:28 tandis qu'un enregistrement diffuse en boucle des injonctions.
37:34 Drogues, hypnose, privation de sommeil, tout est tenté. Certains en perdent l'usage de la parole, deviennent incontinents et ne reconnaissent plus leurs propres parents.
37:48 - Et vous pensez que des gens en sont morts ? - Oh oui.
37:52 - Oh oui. Comment pouvez-vous dire ça ?
37:59 - Il y a tous ceux qui ont disparu. Certains se suicidaient.
38:07 - Et quand Gina a tenté de retrouver certaines des anciennes pensionnaires de cette époque ?
38:11 - J'ai jamais pu les retrouver.
38:14 - Vous n'avez jamais pu les retrouver ? - Aucune trace.
38:19 Des morts, il y en a eu un peu partout. Et il aura fallu le courage de quelques lanceurs d'alerte pour révéler publiquement l'étendue du désastre.
38:30 En 1972, Martha Stephens est professeure d'anglais au sein de l'université de Cincinnati.
38:37 Elle remarque que le département médical irradiait à dose massive et sur le corps tout entier des malades qui se présentent avec des tumeurs bénignes.
38:46 Elle enquête, se rend compte que l'armée finance le programme, et contacte les malades.
38:53 Sur cette photo, une famille qui a perdu sa mère, Maud Jacobs, en quelques jours seulement.
39:00 - On l'a emmenée au sous-sol, on l'a placée devant une machine effrayante. On l'a irradiée sur le corps tout entier, avec un seul faisceau irradiant.
39:12 Elle est rentrée chez elle, mais s'est sentie très malade cette nuit-là.
39:17 Elle n'était pas malade avant qu'on ne l'irradie dans les sous-sols de l'hôpital.
39:23 Et pourtant, elle est morte en à peu près trois semaines après l'avoir emmenée là-bas.
39:29 - On a son dossier sanguin. On sait qu'elle est morte de pneumonie en raison des effets sur son système de la moelle épinière.
39:37 Là, ce sont les enfants, et là, c'est Maud Jacobs, une femme du Kentucky, qui vivait à Cincinnati.
39:47 Ils cherchaient des Noirs, des vieux, des malades, des pauvres.
39:56 - À peu près 60 % des 90 personnes qu'on a irradiées étaient Noirs. Dans une ville où, à cette époque, 30 % de la population était Noire.
40:08 Les Afro-Américains n'avaient aucun autre endroit où aller. Dans les années 60, la plupart des hôpitaux les refusaient.
40:18 Au moins 90 hommes et femmes seront hospitalisés au sous-sol du centre médical de l'Université de Cincinnati de 1960 à 1972.
40:29 21 d'entre eux vont mourir en trois ou quatre semaines.
40:34 À la tête du département, le Dr Eugene Sanger, un radiologiste réputé.
40:42 - Un patriote, je dirais, qui pensait qu'il faisait son devoir pour son pays. Je pense qu'il estimait que certaines personnes doivent se sacrifier
40:51 pour permettre de comprendre comment nous protéger en cas de guerre nucléaire.
40:57 Lors du procès qu'on a tenu contre les chercheurs, la juge les a comparés à ce qu'il avait été fait lors du Troisième Reich.
41:09 Elle a dit « Pour justifier les vies que vous avez prises, vous vous protégez derrière les mêmes excuses que celles utilisées par les médecins à Nuremberg.
41:22 Ils ont dit qu'au nom de leur patrie, ils ont dû faire ce qu'ils ont fait. Et vous, vous donnez les mêmes arguments. »
41:35 Eugene Sanger est décédé. Mais son bras droit, le Professeur Silberstein, est toujours en activité.
41:43 Il refuse toute interview. Mais voici ce qu'il répond par mail quand on lui demande de réagir sur les expérimentations.
42:00 Un déni étrange quand on sait que l'université de Cincinnati a été condamnée à payer 5 millions de dollars de dommages et intérêts aux familles.
42:08 Il ne faut pas croire que la CIA s'est arrêtée là. Les dossiers secrets vont révéler des expériences impensables.
42:16 Il y a des gens qui croient à tout ça et d'autres qui n'y croient pas. Et il y a un débat entre ces deux camps.
42:24 Moi, ce qui m'intéresse, c'est ce que disent les documents. Et les documents disent précisément, tout comme les recherches publiées dans les revues ou les livres,
42:33 qu'on a implanté des électrodes dans le cerveau des gens. On a activé à distance ces électrodes à l'aide d'un transmetteur dans le but de changer le comportement de la personne.
42:44 On les a rendus violents à casser des murs ou apathiques, sans réaction, alors qu'ils avaient l'air normaux et jouaient de la guitare juste avant.
42:52 Il y a des photos dans des livres ou des revues. On voit des chats, des singes, mais aussi des humains,
42:58 chez qui on a placé des électrodes dans le cerveau et dont on prend le contrôle à distance. C'est donc un fait scientifique reconnu.
43:06 Colin Ross fait référence aux tentatives de créer un être humain programmable à distance.
43:15 La CIA s'intéresse notamment au travail d'un scientifique espagnol, le docteur Delgado, qui tente ses premières expériences sur un taureau.
43:23 L'animal est tout d'abord relâché dans l'arène. Il charge la cape qu'on agite devant lui.
43:30 Puis, on implante un émetteur dans le cerveau du taureau.
43:41 Désormais, à chaque charge, une impulsion électrique l'arrête dans son élan.
43:46 Des documents déclassifiés montrent que des systèmes plus sophistiqués ont été utilisés dans le cerveau d'êtres humains, comme cette fillette.
43:56 Tout d'abord souriante, elle va verser dans des crises de violence une fois l'émetteur activé.
44:10 On arrive ici à des degrés d'inhumanité rarement atteints.
44:13 Comment a-t-on mis fin à ces expérimentations absurdes ?
44:20 Les choses vont s'accélérer au début des années 70.
44:25 En 1972, le scandale du Watergate sème la panique au sein de la CIA.
44:33 Elle sait qu'elle a bafoué tous les codes éthiques, et son directeur, Richard Helms, n'a pas informé le président de ce qui se tramait dans ses laboratoires.
44:42 En 1973, Richard Helms ordonne la destruction de tous les documents relatifs au programme MK-Ultra, et l'arrêt des expérimentations.
44:57 Il démissionne aussitôt.
45:01 En 1974, le président Gerald Ford prête serment.
45:06 Il veut savoir ce qui se passe dans ses services, et notamment à la CIA.
45:11 En 1975, il met en place une première commission d'enquête.
45:17 Son travail est compliqué car les responsables de l'agence, comme le docteur Lashbrook, appelé à témoigner, mentent, bottent en touche, ou minorent.
45:27 Il y avait des accusations ou des pensées que des choses bonnes pouvaient être faites avec de l'hypnose.
45:33 Un petit projet dans lequel nous avons un hypnotiste pour faire des expérimentations,
45:40 principalement pour voir les limitations de l'hypnose.
45:45 Est-ce que vous pouvez faire que quelqu'un fasse quelque chose sous l'hypnose qu'il ne ferait pas d'habitude ?
45:52 Comme souvent, c'est de l'intérieur que la forteresse va se fissurer.
45:56 On le doit à un archiviste de la CIA qui découvrira plusieurs cartons oubliés par sa direction et les remettra à la commission d'enquête.
46:05 Ces milliers de documents sont désormais en partie publique.
46:10 Colin Ross a récupéré l'intégralité des 20 000 pages.
46:14 Là, c'est le projet 14 du projet de l'agence.
46:20 Là, c'est le projet 14 du projet MKULTRA.
46:23 C'est comme ça que ces documents se présentent.
46:26 Il y a beaucoup de pages où il n'y a pas grand-chose.
46:29 La majorité, ce sont des informations financières.
46:34 Là, c'est signé Sidney Gottlieb, le responsable du programme.
46:40 Beaucoup de choses ont été effacées.
46:47 C'est un document qui est encore en cours de développement.
46:50 C'est un document qui est en cours de développement.
46:54 Ces documents sont une goutte d'eau par rapport à l'ampleur des expérimentations.
46:59 Mais ils révèlent que l'agence américaine avait lancé au moins 149 programmes,
47:05 impliquant 80 institutions dans les plus grandes universités du pays.
47:09 A la révélation de ces documents, des enquêtes sénatoriales vont suivre.
47:16 Les documents sont en cours de développement.
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50:04 Les documents sont en cours de développement.
50:07 Les documents sont en cours de développement.
50:11 Des milliers d'expériences sponsorisées par le gouvernement ont eu lieu
50:14 à des hôpitaux, des universités et des bases militaires autour de notre nation.
50:18 Dans trop de cas, le consentement informel a été refusé.
50:22 Les Américains ont été cachés dans le noir
50:25 sur les effets de ce qui leur était fait.
50:28 La déception a été élargie au-delà des sujets de test
50:31 pour encontrer leurs familles et l'Amérique en général.
50:34 Ces expériences ont été gardées secrètes.
50:38 Elles n'ont pas été gardées secrètes pour un mot de la nature
50:40 de la sécurité nationale, mais pour la simple peur
50:43 d'embêtement. Et c'était faux.
50:47 Aujourd'hui, en mémoire d'une autre génération
50:50 d'américains leaders et d'américains citoyens,
50:53 l'Unité des Etats-Unis offre une sincère
50:57 pardon à ceux de nos citoyens qui ont été subjectés
51:01 à ces expériences, à leurs familles et à leurs communautés.
51:06 Merci beaucoup.
51:09 Arrêté en 1973, le programme MKULTRA a été un échec,
51:13 révèle plusieurs rapports d'enquête.
51:16 Mais la CIA pense sans doute autrement,
51:20 car elle va s'inspirer du travail d'Ewen Cameron
51:23 pour la rédaction de ce manuel d'interrogatoire.
51:26 Il va être en service pendant des années,
51:29 et les images qu'on y voit ne laissent aucun doute
51:32 sur le fait que la CIA l'ait utilisé comme livre de cheval.
51:37 Je suis sûr qu'aujourd'hui encore, les techniques de lavage de cerveau
51:40 sont utilisées par tous les services secrets du monde,
51:44 et sans doute aussi par les terroristes.
51:47 Pourquoi je crois ça ?
51:50 Eh bien, il suffit de regarder les photos qui ont été faites
51:53 à Guantanamo ou dans la prison d'Abu Ghraib.
51:56 Il y a tous les ingrédients de la manipulation de la CIA.
52:00 Et c'est ce qui fait que les choses sont plus compliquées.
52:05 Il y a tous les ingrédients de la manipulation mentale
52:07 concoctée par la CIA dans les années 50.
52:11 On sait par exemple que l'interrogatoire offensif,
52:15 qui est le terme à la mode en Angleterre ou en Amérique,
52:18 n'est rien de plus que du lavage de cerveau.
52:21 Ce sont les mêmes façons de faire, choc électrique,
52:24 position inconfortable, humiliation sexuelle ou culturelle,
52:28 privation de sommeil ou de nourriture,
52:32 attaques, menaces de mort, techniques du bon flic et du mauvais flic.
52:36 C'est tout ça la manipulation mentale.
52:39 Il serait naïf de penser que les choses ont changé.
52:44 En 2014, l'histoire s'est mise à bégayer.
52:48 19 ans après Bill Clinton,
52:52 Barack Obama, bousculé par les révélations sur les tortures
52:56 perpétrées par la CIA, doit se justifier.
53:00 Même avant mon arrivée à l'office,
53:02 j'étais très clair
53:05 qu'au moment de la 9/11,
53:08 on a fait des erreurs.
53:11 On a fait des choses qui étaient bonnes,
53:14 mais on a torturé des gens.
53:17 Des excuses publiques qui n'ont qu'une valeur symbolique
53:22 pour Gina et Ralph Blasbalg.
53:25 Seul un nombre limité de victimes du projet MK Ultra
53:29 ont eu le courage d'engager des procédures devant les tribunaux.
53:32 Les procès sont longs,
53:36 et la CIA rechigne à ouvrir ses archives.
53:39 Traumatisée et épuisée par son expérience,
53:43 Gina a renoncé à demander des compensations
53:46 pour ce qu'elle a vécu.
53:50 Le jour où la vie de Gina est terminée
53:53 La vie de Gina est terminée.
53:56 La vie de Ralph Blasbalg est terminée.
53:59 La vie de Gina est terminée.
54:02 La vie de Ralph Blasbalg est terminée.
54:05 La vie de Gina est terminée.
54:08 La vie de Ralph Blasbalg est terminée.
54:11 La vie de Gina est terminée.
54:14 La vie de Ralph Blasbalg est terminée.
54:18 La vie de Gina est terminée.
54:20 La vie de Ralph Blasbalg est terminée.
54:23 La vie de Gina est terminée.
54:26 La vie de Ralph Blasbalg est terminée.
54:29 La vie de Gina est terminée.
54:32 La vie de Ralph Blasbalg est terminée.
54:35 La vie de Gina est terminée.
54:38 La vie de Gina est terminée.
54:41 La vie de Gina est terminée.
54:44 La vie de Gina est terminée.
54:47 La vie de Ralph Blasbalg est terminée.
54:49 La vie de Gina est terminée.
54:52 La vie de Ralph Blasbalg est terminée.
54:55 La vie de Gina est terminée.
54:58 La vie de Ralph Blasbalg est terminée.
55:01 La vie de Gina est terminée.
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