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Amusant
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00:00:00 Qu'est-ce que tu penses de ta voix ?
00:00:01 Une des premières choses qui t'ai fait rire quand t'étais tout tout enfant.
00:00:03 T'as fait des petits boulots ?
00:00:04 Est-ce que t'es fier de quelque chose de ton physique ?
00:00:05 Tu t'es déjà battu ?
00:00:06 C'est quoi tes souvenirs des années 70 ?
00:00:08 T'as déjà fait un test de QI ?
00:00:09 T'as des amitiés fusionnelles d'enfance ?
00:00:11 Combien de fois par jour tu penses à la mort ?
00:00:13 Euh...
00:00:15 Pourquoi est-ce que je cherche ?
00:00:18 Est-ce que t'es content d'être ici ?
00:00:22 Ouais.
00:00:22 Ouais ?
00:00:23 Ouais.
00:00:23 C'est pas comme...
00:00:24 Est-ce que c'est un peu comme du travail ou c'est peut-être...
00:00:26 Ou c'est neutre ou c'est...
00:00:28 Ah non, parce que... Non, non.
00:00:30 C'est parce que c'est pas comme du travail que je suis venu.
00:00:32 Ouais.
00:00:32 Ouais.
00:00:33 Non, non, non, non.
00:00:34 Je suis content d'être là.
00:00:35 Et après, je laisse quand même une petite part à la possibilité d'être déçu.
00:00:39 C'est normal.
00:00:40 Enfin, je veux dire...
00:00:41 On peut pas tout mettre ses oeufs dans le même mug.
00:00:43 Voilà. D'ailleurs, ça commence pas ouf.
00:00:45 Mais j'imagine que ça va être mieux.
00:00:48 C'est quoi l'image que t'as de Konbini ?
00:00:50 T'es venu plusieurs fois déjà ici faire des...
00:00:51 Ouais.
00:00:52 Pour faire des trucs très divers.
00:00:53 Genre...
00:00:55 Genre si Konbini c'était quelqu'un,
00:00:56 est-ce que tu l'aimes bien ?
00:00:58 Euh...
00:00:59 Non.
00:01:00 Parce que si Konbini c'est quelqu'un,
00:01:02 il faut être tout de suite dedans.
00:01:04 Faut que ce soit rapide.
00:01:05 Ouais.
00:01:05 Faut faire le malin.
00:01:06 Je suis pas assez donné pour ça.
00:01:08 Non, ce serait comme le genre de copain.
00:01:09 On se dirait...
00:01:10 Il faut encore qu'il me creuse la tronche,
00:01:11 parce que je vais le voir.
00:01:12 Ça va super, oui.
00:01:15 Peut-être, oui.
00:01:18 Sûrement.
00:01:18 Mais non, mais là, ça va.
00:01:20 Là, ça va.
00:01:20 Mais en plus, justement, Konbini, normalement, genre...
00:01:23 "Eh, bleu ou rouge ? À la télévision ou radio ?"
00:01:25 Et là...
00:01:26 Et là, non.
00:01:26 Là, non.
00:01:27 Mais là, non.
00:01:27 Là, une heure, donc.
00:01:28 Voilà.
00:01:29 Donc, surtout...
00:01:30 T'es venu en quel moyen de locomotion ?
00:01:32 Ici ?
00:01:34 Oui, ici, à Konbini.
00:01:35 Ou dans l'avion ?
00:01:35 Non, dans l'avion.
00:01:36 Ici, là, ce soir.
00:01:37 En moto-taxi.
00:01:38 En moto-taxi.
00:01:39 Ouais.
00:01:40 Bien passé ?
00:01:41 Oui.
00:01:41 Grosse moto, tu dors dessus ou pas ?
00:01:43 Non, mais par contre, j'avais le siège chauffant.
00:01:45 J'avais le siège chauffant,
00:01:48 j'avais plusieurs choses.
00:01:48 J'avais le siège chauffant,
00:01:49 j'avais l'airbag.
00:01:50 Alors, l'airbag, c'est pas du tout quelque chose
00:01:52 qui explose comme ça autour de toi.
00:01:54 C'est...
00:01:55 Si jamais t'es éjecté de la moto,
00:01:56 il y a une ficelle qui se tire
00:01:58 et ton gilet d'un coup...
00:01:59 Ça fait un peu envie.
00:02:01 T'as un peu envie d'avoir la vaccine.
00:02:04 Ouais, mais...
00:02:05 C'est-à-dire, qu'est-ce que ça veut dire ?
00:02:06 On fait "poum, poum, poum".
00:02:07 Je sais pas, je sais pas.
00:02:08 Mais j'avais ça.
00:02:09 D'accord, on va se débrouiller pour faire ça.
00:02:11 Et une charlotte.
00:02:12 Et une charlotte, bien sûr.
00:02:14 Parce que ça, depuis le Covid,
00:02:15 et maintenant, on est contents.
00:02:17 Absolument, oui, on est...
00:02:18 On espère qu'ils se dépêchent
00:02:20 entre la charlotte et le casque
00:02:21 pour rester le moins longtemps possible
00:02:23 en charlotte seule.
00:02:24 Tout à fait.
00:02:25 Je sais pas, on va pas se mentir, c'est pas...
00:02:26 Alors moi, ça m'arrive régulièrement.
00:02:27 Je fais une petite confidence.
00:02:28 Moi, je prends des douches
00:02:29 sans me laver les cheveux, quelques fois,
00:02:30 pour être sûr de ne pas me les laver du tout.
00:02:32 Je mets une charlotte.
00:02:33 Ça t'arrive pas, toi, ça ?
00:02:34 Non, parce que je veux pas...
00:02:35 Mais pourquoi ?
00:02:36 Pourquoi tu veux pas te laver les cheveux ?
00:02:37 Alors, il m'arrive de me les laver.
00:02:39 Oui, oui.
00:02:40 Mais je veux pas me laver les cheveux
00:02:42 parce qu'après, il faut se les sécher.
00:02:45 Ça prend plus de temps, tu vois.
00:02:46 Et puis, leur disposition risque d'être...
00:02:48 Je suis un peu un rapport compliqué à mes cheveux.
00:02:49 Donc, charlotte.
00:02:50 Donc, charlotte.
00:02:51 Donc, charlotte, ouais.
00:02:52 Toi, t'as jamais fait ça ?
00:02:53 Par exemple, moi,
00:02:54 je parle confidence pour confidence.
00:02:56 Moi, je saurais pas où acheter une charlotte.
00:02:58 Je sais pas où ça s'achète.
00:03:00 Si j'en voulais une.
00:03:01 C'est très vrai ce que tu dis.
00:03:03 C'est très, très vrai.
00:03:04 Je crois que j'en ai déjà trouvé une ou deux.
00:03:06 Mais la vérité, c'est que celles que j'utilise
00:03:08 viennent des hôtels.
00:03:09 Tu voles des charlottes ?
00:03:11 Je prends, hum, machin.
00:03:12 Et ensuite, je dis,
00:03:13 "Monsieur le monsieur, il est un petit peu détendu.
00:03:14 Viens, je vais m'amender mon tiroir."
00:03:15 J'ai un tiroir à charlottes.
00:03:16 C'est incroyable.
00:03:17 Et je prends les charlottes.
00:03:18 Sachant qu'évidemment,
00:03:19 les charlottes d'hôtel ont la particularité
00:03:21 d'être extrêmement bien pliées.
00:03:23 Elles sont réduites à un petit carré comme ça.
00:03:25 Oui.
00:03:26 Et ce que là, tu touches à quelque chose
00:03:29 que j'ai senti chez toi
00:03:31 et que j'ai l'impression qu'on a en commun.
00:03:32 Je sais que tu mets pas de charlotte.
00:03:33 Donc, là, on est en commun.
00:03:35 Y a pas un petit plaisir
00:03:36 à voir cette charlotte très, très bien rangée ?
00:03:38 Si.
00:03:39 Genre, une petite...
00:03:40 Mais y a aussi un petit plaisir
00:03:42 à voir dans un hôtel un petit peu de qualité
00:03:44 tout ce que les gens utilisent dans la vie
00:03:46 et dont j'ai jamais entendu parler.
00:03:47 Y a tout un tas de trucs à la salle de bain,
00:03:49 on est d'accord ?
00:03:50 Oui, oui.
00:03:51 Pourquoi body lotion, forcément ?
00:03:53 Y a vraiment des gens qui font
00:03:55 savon, shampoing, body lotion.
00:03:59 Qui fait ça ?
00:04:00 Qui fait ça ?
00:04:01 Je sais pas.
00:04:02 Ouais, moi, ma petite amie
00:04:03 prend les body lotion.
00:04:04 Donc, je pense que y a...
00:04:05 Et parce que c'est "travel size",
00:04:07 tu vois, donc les gens...
00:04:08 Voilà, donc y a un petit truc comme ça
00:04:09 pour les gens qui soignent.
00:04:10 Et je sais pas si tu te ouins, toi.
00:04:11 Le kit de couture...
00:04:12 Non, je me ouins pas.
00:04:13 Non, mais le kit de couture,
00:04:14 c'est pas mal.
00:04:15 Le kit...
00:04:16 Le petit kit...
00:04:17 C'est-à-dire que le mec est à l'hôtel,
00:04:19 donc il est parti avec des fringues,
00:04:20 a priori,
00:04:21 qui ne sont pas à rapiesser.
00:04:23 Y a peu de chance, quand même,
00:04:24 le mec a pris des fringues qui marchent.
00:04:25 On l'a dit à Théné.
00:04:26 En guenille.
00:04:27 Il est rapité de mon temps.
00:04:29 Donc, je sais pas.
00:04:31 C'est mystérieux.
00:04:32 C'est vrai que c'est...
00:04:33 Toi, d'ailleurs, comment tu...
00:04:34 On parle de vêtements, là.
00:04:35 Comment tu choisis tes vêtements ?
00:04:36 Tu les choisis...
00:04:37 Je soupçonne que t'as un rapport
00:04:38 fonctionnel aux vêtements.
00:04:40 Est-ce que je me trompe ?
00:04:41 Euh...
00:04:43 Je pense que, déjà,
00:04:44 je ne sors jamais pour m'acheter
00:04:45 un vêtement,
00:04:46 parce que j'aime pas ça.
00:04:47 Donc, je m'achète carrément des tenues.
00:04:50 Je reviens avec des sacs comme ça,
00:04:51 mais très peu souvent.
00:04:52 Parce que je consacre un grand moment
00:04:54 à ça pour avoir des...
00:04:56 Et comme j'ai plusieurs maisons,
00:04:57 ma première galère, c'est où et quoi.
00:05:00 Y a une espèce de triangle des bermudes,
00:05:02 j'ai pas mon sweater,
00:05:03 j'ai pas mon machin,
00:05:04 je manque de chaussettes là,
00:05:06 mes calbars sont là,
00:05:07 mais pourquoi j'en ai plus là que là ?
00:05:09 Puisque je suis rentré
00:05:10 de manière équivalente dans toutes les maisons,
00:05:11 pourquoi j'ai plus de calbars
00:05:12 dans la maison 2 que la maison 3 ?
00:05:14 Ça n'a pas de sens.
00:05:15 Et donc, y a des fois des rééquilibrages
00:05:16 de caleçons qui s'opèrent.
00:05:17 C'est-à-dire que, de temps en temps,
00:05:18 dans mon sac à dos,
00:05:19 je mets quelques caleçons
00:05:20 pour combler ceux qui sont pas là-bas.
00:05:22 Pareil pour les chaussettes, etc.
00:05:23 Oui.
00:05:24 Mais est-ce que, des fois,
00:05:25 t'achètes des vêtements
00:05:26 parce que, hum, il est joli ?
00:05:29 Ouais, quand même.
00:05:30 Mais on m'en achète aussi.
00:05:32 Ouais.
00:05:33 Des gens qui ont peut-être intérêt
00:05:34 à me voir habillé pas trop mal.
00:05:36 Et est-ce qu'il y a des fois
00:05:37 où tu mets un vêtement
00:05:38 pour une certaine occasion ?
00:05:40 Est-ce que, genre, tu dis,
00:05:41 hum, aujourd'hui, c'est un jour à veste ?
00:05:44 Non.
00:05:47 Non.
00:05:48 Je...
00:05:49 Si, par exemple, là, tu vois,
00:05:51 j'ai mis ça.
00:05:52 Oui.
00:05:53 Mais parce que t'avais une chemise.
00:05:54 Oui.
00:05:55 Et j'avais pas envie d'être avec le truc
00:05:56 avec lequel je suis arrivé.
00:05:57 Oui.
00:05:58 Avec toi qui étais en chemise en face.
00:05:59 Je me disais,
00:06:00 je suis mieux avec ça.
00:06:02 Toi, t'avais une sorte de polaire bleue,
00:06:04 c'est ça ?
00:06:05 Un petit sweat bleu, un peu sport.
00:06:06 Oui, oui, oui.
00:06:07 Avec deux ficelles.
00:06:08 Et je me disais, mais non,
00:06:10 pourquoi il y a une espèce
00:06:11 d'agressivité street
00:06:13 qui est complètement hors de propos,
00:06:14 je trouve.
00:06:15 Et...
00:06:16 Alors que là, on reste...
00:06:17 C'est chic, quand même.
00:06:18 Complètement.
00:06:19 On est en vêtement, c'est pas non plus...
00:06:20 Voilà.
00:06:21 Il est un petit peu léger, oversize.
00:06:22 J'aimerais bien avoir des trucs sur les doigts.
00:06:23 Ouais.
00:06:24 Mais je me sens mieux
00:06:25 avec ta chemise.
00:06:27 C'est d'une délicatesse
00:06:28 qui vraiment me même.
00:06:31 Il faut inviter des gens réduits.
00:06:33 C'est ça qui change tout.
00:06:35 On l'a dit.
00:06:36 Alexandre Rastier, bonjour.
00:06:38 Bonjour.
00:06:39 Small Talk, c'est quoi ?
00:06:42 C'est une émission
00:06:44 où j'invite des gens connus
00:06:45 et on parle de tout,
00:06:46 sauf de ce pourquoi les gens sont connus.
00:06:48 Alors, il peut y avoir des pas de côté,
00:06:50 parce que c'est pas non plus
00:06:51 le tout carré comme ça, ça arrive.
00:06:53 Mais en tout cas, l'idée, c'est ça.
00:06:55 C'est rare que je reçoive quelqu'un
00:06:58 avec lequel j'ai passé autant de temps,
00:07:01 pas dans la vraie vie,
00:07:02 parce que c'est la première fois
00:07:03 de notre vie qu'on se voit,
00:07:05 mais par télévision interposée.
00:07:08 J'ai acheté à une époque
00:07:09 où j'avais pas beaucoup d'argent,
00:07:10 la totalité des DVD de Kaamelott.
00:07:14 La totalité.
00:07:15 Et c'était pas donné ?
00:07:16 Et c'était pas donné du tout,
00:07:17 mais ils étaient si beaux
00:07:18 et d'une couleur différente pour chaque année.
00:07:21 Et il y avait une petite jouissance même.
00:07:22 Après les avoir vus,
00:07:23 aller les voir tous dans sa bibliothèque,
00:07:25 c'était vraiment un design que j'adorais
00:07:27 et qui me faisait plaisir visuellement.
00:07:29 Et pendant des mois,
00:07:30 j'ai regardé deux épisodes,
00:07:32 trois épisodes, quatre épisodes
00:07:33 dans mon lit juste avant de dormir
00:07:35 avec toujours ce petit truc de genre...
00:07:37 Allez, encore un...
00:07:38 Le rituel.
00:07:39 Moins, moins, moins.
00:07:41 Et donc, c'est des trucs très forts
00:07:43 et ça n'arrive pas tout le temps
00:07:44 que je reçoive des gens avec qui j'ai...
00:07:46 Passé du temps.
00:07:47 Avec qui j'ai passé du temps.
00:07:48 Sauf qu'on est sur un concept d'émission
00:07:50 qui t'empêche de parler exactement
00:07:51 de ce pour quoi je suis connu.
00:07:52 Oui.
00:07:53 Donc, tu ne peux pas aller sur ce terrain-là.
00:07:55 Peu, voilà.
00:07:56 Je m'y autorise.
00:07:57 Le pas de côté.
00:07:58 Le pas de côté, il est chez lui,
00:07:59 il fait ce qu'il veut.
00:08:00 Bien entendu, d'accord.
00:08:01 Mais il y a quand même ce truc
00:08:03 qu'ensuite j'ai vu...
00:08:04 J'ai vu tout ce que tu as fait par ailleurs,
00:08:06 "Que ma joie demeure", l'exoconférence.
00:08:08 Et je crois que j'ai un peu ressenti
00:08:10 comme tout le monde,
00:08:11 ce truc de...
00:08:12 Attends, c'est les types de Kaamelott
00:08:14 qui parlent de physique ?
00:08:16 Et j'ai ressenti un peu un truc comme...
00:08:19 Tu sais, comme quand Schwarzenegger,
00:08:21 il est devenu chef de la Californie.
00:08:24 C'est le mec des films qui fait ça ?
00:08:26 Ou plus petit, comme quand Niko Saliagas,
00:08:29 quoi, il fait de la photo aussi ?
00:08:30 C'était genre de...
00:08:31 Comme ça.
00:08:32 Ce n'est pas la même déception.
00:08:34 Ce n'est pas la même déception
00:08:36 parce que "Gouverneur de Californie",
00:08:38 on le préférait avant.
00:08:39 Enfin, moi, je le préférais avant.
00:08:40 Oui, tu ne t'es pas dit quand même
00:08:43 quel gâchis.
00:08:44 Pas du tout.
00:08:45 Mais si tu veux, c'est plutôt genre...
00:08:47 Même si on n'aime pas
00:08:49 le gouverneur de Californie,
00:08:50 on peut dire que ce n'est quand même
00:08:51 pas facile d'être...
00:08:52 Et il y a une fourche dans son parcours.
00:08:55 Exactement.
00:08:56 D'ailleurs, il y a deux fourches
00:08:57 parce qu'il a commencé par juste
00:08:58 avoir des muscles.
00:08:59 En plus.
00:09:00 C'est vrai.
00:09:01 Et tout ça pour dire que...
00:09:03 Ce n'est pas pour cracher
00:09:04 sur les autres invités,
00:09:05 mais ça me fait particulièrement plaisir
00:09:06 que tu sois là.
00:09:07 On va quand même cracher un peu
00:09:08 sur les autres invités.
00:09:09 C'est le premier en premier
00:09:10 parce qu'ils ne sont pas là.
00:09:11 C'est quand même la base pour cracher.
00:09:12 Oui, il me semble.
00:09:13 On le fera tout à l'heure.
00:09:15 Est-ce que tu as eu des vrais cons ?
00:09:18 Non, mais en fait,
00:09:21 je pense que même si j'ai eu des vrais cons,
00:09:23 ce n'est pas un moment
00:09:26 où ils déploient toute leur connerie.
00:09:28 Ce n'est pas là que ça s'est vu.
00:09:29 Ce n'est pas là que ça s'est vu.
00:09:30 Parce que bien sûr,
00:09:31 on est comme ça,
00:09:32 mais il y a aussi ça.
00:09:33 Et donc ensuite,
00:09:34 ils savent que leur connerie
00:09:35 va être diffusée.
00:09:36 Et donc, ils se surveillent.
00:09:37 Et donc, ce n'est pas là
00:09:38 qu'ils sont le plus prolifiques.
00:09:39 Mais c'est vrai que hors caméra,
00:09:42 il y a peut-être eu des petits moments
00:09:43 des fois genre...
00:09:44 C'est vrai ?
00:09:45 C'était pas très bien, ça.
00:09:46 Voilà.
00:09:47 OK.
00:09:48 Bon, je ne te demanderai pas,
00:09:49 mais OK, je sais qu'il y en a eu.
00:09:51 Je sais qu'il y en a eu.
00:09:52 Tout ça pour te dire que voilà.
00:09:53 Et que je me suis même surpris
00:09:55 à un truc complètement débile avant-hier.
00:09:57 Il y a quelqu'un qui...
00:09:58 Je voyais une connaissance
00:09:59 et je lui dis...
00:10:00 Ouais, tu sais, lundi,
00:10:01 j'ai interviewé Ostier.
00:10:03 Et j'étais fier.
00:10:05 En même temps que j'étais fier,
00:10:07 je me suis dit,
00:10:08 mais quoi t'es fier ?
00:10:09 C'est complètement teubé,
00:10:10 je n'ai rien fait.
00:10:11 Est-ce que ça t'arrive, toi,
00:10:12 d'avoir des vanités
00:10:13 un tout petit peu mal placées ?
00:10:15 Ou peut-être ça t'est arrivé dans le passé
00:10:16 ou alors t'es d'une pureté de cœur totale ?
00:10:18 Alors, des vanités, des vanités, des vanités...
00:10:22 Si, forcément.
00:10:23 Par exemple...
00:10:25 Par exemple...
00:10:27 En vanité, un peu comme ça ?
00:10:29 Oui, t'es fier d'un truc dont...
00:10:31 Il n'y a pas vraiment...
00:10:33 Ce n'est pas une réussite, quoi,
00:10:34 en tant que tel.
00:10:35 L'akama, en Aïkido,
00:10:39 le pantalon akama,
00:10:41 ne représente pas un grade.
00:10:43 Traditionnellement.
00:10:44 On n'a pas à être fier de l'akama.
00:10:45 L'akama, c'est le vêtement
00:10:47 avec lequel on pratique l'Aïkido.
00:10:48 Il faut arrêter, quoi.
00:10:49 Bon, alors en France,
00:10:50 avec les académies françaises,
00:10:51 c'est vrai qu'on l'a à partir
00:10:52 d'un certain grade quand même
00:10:53 parce qu'on doit pouvoir expliquer
00:10:54 au plus vite temps les choses.
00:10:56 Mais la première fois que j'ai mis un akama,
00:10:58 je me suis dit, oh putain, c'est joli quand même.
00:11:00 On n'est plus en pijama, les gars.
00:11:02 Ce que pensait d'ailleurs
00:11:03 le fondateur de l'Aïkido.
00:11:04 On n'a pas à être en pyjama
00:11:05 sur un débutant,
00:11:06 un débutant vient normalement avec l'akama.
00:11:08 Mais chez nous, c'est devenu
00:11:09 un petit peu gratifiant.
00:11:10 Et donc, je ne l'ai pas eu tout de suite,
00:11:12 bien évidemment.
00:11:13 J'avoue que quand même,
00:11:14 le jour où je l'ai eu,
00:11:15 j'ai eu une petite vanité
00:11:16 alors que c'est interdit.
00:11:17 La vanité est interdite dans le Budo.
00:11:19 Évidemment, c'est complètement proscrit.
00:11:21 C'était le dernier endroit
00:11:22 où avoir la fierté d'avoir eu un akama.
00:11:25 Mais bon, on s'en fait comme ça.
00:11:27 Et est-ce que tu es fier,
00:11:28 parce que c'est un peu le même ordre d'idée,
00:11:29 est-ce que tu es fier
00:11:30 de quelque chose de ton physique ?
00:11:35 Pourquoi est-ce que je cherche ?
00:11:37 Je devrais avoir une réponse toute faite
00:11:38 à ce genre de trucs.
00:11:39 Peut-être non.
00:11:40 Oui, j'ai un point commun avec Matthew Perry.
00:11:45 Mais ce n'est pas Matthew Perry,
00:11:46 c'est Chandler.
00:11:48 Je ne pense pas que ça soit tiré
00:11:49 de la vie de Matthew Perry.
00:11:50 C'est que j'ai un troisième sein.
00:11:52 Qui provoque ta fierté ?
00:11:54 Oui.
00:11:55 Il se situe dans quel secteur ?
00:11:57 Les troisième, quatrième seins,
00:11:59 il y en a qui en ont plus que moi.
00:12:00 Je frime, mais bon, ça va.
00:12:03 Ils se trouvent tous entre les vrais.
00:12:05 Ils se trouvent sur une ligne.
00:12:06 En fait, c'est comme les chiens.
00:12:07 Ils sont tous sur une même zone.
00:12:10 J'ai deux fils qui en ont.
00:12:14 Donc, ça se passe.
00:12:16 Ça fait partie des deux fils
00:12:17 dont je pense que ce sont vraiment les miens.
00:12:19 Donc, il y a ça.
00:12:20 Après, la fierté,
00:12:24 je ne vais pas te barouler ça non plus en soirée.
00:12:26 Tu sais, je ne vais pas en soirée,
00:12:27 mais je vais dire quand même j'irai.
00:12:29 Je ne sais pas si je parlerai de ça tout de suite.
00:12:31 Non, non, bien sûr.
00:12:32 Je sais qu'il y a des gens qui sont fiers.
00:12:35 Moi, par exemple, je sais que j'ai un regard vraiment bien.
00:12:39 Mes yeux sont cools, ils sont bien.
00:12:41 Donc, tu t'es focalisé.
00:12:43 Tu sais que là, tu ne risques rien.
00:12:45 Je sais que...
00:12:46 Après, le truc, c'est que
00:12:47 ce qu'il y a autour est vraiment extrêmement dégradé.
00:12:50 On dirait vraiment des espèces de boules de billard
00:12:51 sur des draps sales qu'on achetait.
00:12:54 Mais des boules de billard lustrées.
00:12:57 Lustrées, très, très, très jolies.
00:12:59 C'est juste le contexte qui est mauvais.
00:13:01 Et des fois, je fais...
00:13:03 Mais alors que vraiment,
00:13:05 pour le coup, il n'y a zéro mérite.
00:13:07 Ton akama, il y a un tout petit truc.
00:13:10 Là, on est quand même sur rien.
00:13:11 Tu préférais un truc totalement injuste,
00:13:12 totalement sorti de nulle part, c'est ça ?
00:13:14 C'est pour ça que je te demande le truc sur le physique,
00:13:16 parce que là, pour le coup, il n'y a rien du tout.
00:13:17 Il n'y a aucun mérite.
00:13:19 Pour être frère de ces...
00:13:20 Je n'ai pas de mauvaises dents.
00:13:21 Tu n'as pas de mauvaises dents ?
00:13:22 J'ai des jolies dents.
00:13:23 J'ai des jolies dents.
00:13:24 Je ne les ai pas refaites.
00:13:25 Il n'y a rien du tout.
00:13:26 Donc, pour le moment...
00:13:27 C'est la nature qui t'a donné ça, comme ça.
00:13:29 Mes dents sont telles quelles.
00:13:30 C'est remarquable.
00:13:31 Normalement, ce n'est pas remarquable.
00:13:33 Remarquable, c'est pour quelque chose qu'on a fait.
00:13:35 Tu le dis toi-même.
00:13:36 Remarquable, si on prend le sens vraiment de départ,
00:13:38 c'est qu'il mérite d'être remarqué.
00:13:40 Très bien.
00:13:41 Même si ce n'est pas de ton fait.
00:13:43 Tu es né à Lyon.
00:13:45 Il y a certaines personnes qui disent
00:13:48 que tu as l'accent lyonnais,
00:13:50 ou que tu l'as eu en tout cas.
00:13:52 En quoi ça consiste exactement, l'accent lyonnais ?
00:13:54 L'accent lyonnais,
00:13:55 j'espère que je ne l'ai pas trop,
00:13:56 parce qu'il est très vilain.
00:13:58 Extrêmement moche.
00:13:59 Alors, en ce qui concerne le fleuve,
00:14:03 on a le fleuve.
00:14:05 Oui.
00:14:06 Tu vois ?
00:14:07 On n'est pas sur du « ta gueule »,
00:14:09 on est sur du « ta gueule ».
00:14:10 C'est très très laid.
00:14:12 On est aussi sur une petite diphtongue sur les vacances.
00:14:16 On a des vacances, on a des enfants,
00:14:18 des choses comme ça.
00:14:19 C'est un peu plus Saint-Etienne,
00:14:21 mais quand même, on a gardé quelque chose de ça.
00:14:23 Et on a des « oh » un petit peu graves
00:14:29 sur un Coca-Cola, par exemple.
00:14:34 C'est vraiment beau.
00:14:36 Donc voilà, un jeûne,
00:14:38 le Coca-Cola et les vacances.
00:14:41 Vraiment dégueulasse comme accent.
00:14:43 Donc j'espère que je ne l'ai pas trop.
00:14:45 Non, mais en revanche,
00:14:46 il y a toujours un petit accent,
00:14:48 comment dire,
00:14:49 par rapport à un standard, je ne sais pas,
00:14:51 qui ça pourrait être un standard.
00:14:53 Un mec d'Orléans,
00:14:54 puisqu'il paraît que c'est le neutre.
00:14:55 Oui, il y avait de la loi avec ça.
00:14:56 Mais tu as un tout petit truc
00:14:59 d'un accent populaire français classique
00:15:02 des années 50.
00:15:03 C'est-à-dire que j'ai l'impression
00:15:04 que tu as, plus que certaines personnes,
00:15:06 tu vas dire « cat »,
00:15:08 au lieu de « cat ».
00:15:10 Tu vois ?
00:15:11 Et dans quels mots ?
00:15:12 Je ne sais pas, fais-moi un câlin.
00:15:14 Tu vas peut-être dire plus « câlin »
00:15:16 que « câlin ».
00:15:17 « Câlin ».
00:15:18 Ah oui !
00:15:20 Alors, c'est une autre particularité
00:15:22 de l'accent lyonnais,
00:15:23 c'est le « placard ».
00:15:24 Le placard ?
00:15:25 Le placard.
00:15:26 Mais oui !
00:15:27 Le canard.
00:15:28 Ça, il peut en rester un petit peu.
00:15:30 Bon, je vais me surveiller.
00:15:31 Je vais me surveiller.
00:15:32 Tu es né le 16 juin 1974,
00:15:35 c'est bien ça, ta date de naissance.
00:15:36 Tu as un tout petit peu connu
00:15:38 les années 70 à Lyon.
00:15:40 C'est quoi tes souvenirs
00:15:42 des années 70 à Lyon ?
00:15:44 Mes souvenirs des années 70 à Lyon,
00:15:47 c'est dans le quartier italien de Lyon,
00:15:49 qui s'appelait Gerland.
00:15:50 Alors, il y a toujours un quartier
00:15:51 qui s'appelle Gerland,
00:15:52 mais il n'est plus trop italien maintenant.
00:15:54 Ça, c'est quand même très nettement
00:15:56 dépeuplé d'Italiens, en tout cas.
00:16:00 Mais moi, j'ai vécu dans un milieu
00:16:02 extrêmement italien,
00:16:03 d'immigrés entre les années 20 et 30,
00:16:05 avec des quartiers italiens,
00:16:06 avec des marchés italiens,
00:16:08 avec que des Italiens qui bossaient
00:16:10 un peu partout dans les usines d'à côté.
00:16:12 Donc, mes années 70,
00:16:14 je crois que c'est les restes
00:16:16 d'un Gerland très ouvrier
00:16:18 où ma mère me laissait chez ses parents
00:16:20 parce qu'elle n'avait pas trop de ronds
00:16:21 et puis qu'elle bossait.
00:16:22 C'est un reste de Gerland très, très ouvrier
00:16:24 où je me souviens que ma grand-mère
00:16:26 était concierge d'une grande entreprise
00:16:28 de travaux publics.
00:16:29 Donc, le matin, elle ouvrait le portail,
00:16:30 la soirée, elle fermait le portail.
00:16:32 Et j'avais tout le week-end
00:16:33 pour jouer dans cette grande cour
00:16:34 avec des camions, des camions Benz,
00:16:36 des camions de cimenterie,
00:16:37 des pompes à essence, des ateliers,
00:16:38 des machins, parce que c'était fermé
00:16:40 le week-end, donc je faisais du vélo dedans.
00:16:42 Et il y avait encore les trains
00:16:44 de marchandises qui passaient
00:16:45 au milieu de la ville pour larguer
00:16:47 des marchandises sur les usines, tout ça.
00:16:49 Donc, je pense que j'ai connu ça
00:16:51 et je pense que les gens
00:16:52 qui habitent aujourd'hui Gerland
00:16:53 n'ont pas idée de ce qui se passait
00:16:55 sous leurs pieds.
00:16:56 C'est un peu miséreux quand même.
00:16:57 J'ai eu une enfance extrêmement heureuse,
00:17:00 mais dans une pauvreté
00:17:02 que les gens n'imaginent pas aujourd'hui.
00:17:05 Donc, voilà, c'était très italien,
00:17:06 ma lionnaiserie.
00:17:07 Ta lionnaiserie était italienne.
00:17:09 Est-ce que tu te souviens
00:17:11 d'une chose qui t'a fait...
00:17:14 d'une des premières choses
00:17:15 qui t'a fait rire ?
00:17:16 Je te souviens qu'elle t'a fait rire
00:17:17 quand tu étais tout, tout enfant.
00:17:18 C'est-à-dire dans ces années-là
00:17:19 ou peut-être c'est le début des années 80,
00:17:20 je n'en sais rien.
00:17:21 Mon grand-père, donc,
00:17:24 dans ce contexte,
00:17:25 des fois on regardait la télé tous les deux,
00:17:27 et mon grand-père était quelqu'un
00:17:29 d'une aigreur extrême.
00:17:31 C'est-à-dire qu'il avait une aigreur totale,
00:17:33 une aigreur 100 % vis-à-vis de tous.
00:17:35 Il ne croyait à rien.
00:17:36 Par exemple, il disait
00:17:37 "Bonjour mon lapin, je crois à Bruno Masur"
00:17:40 ou... non, peut-être pas Bruno Masur,
00:17:42 c'était trop tard,
00:17:43 donc c'était Roger Gickel.
00:17:44 Roger Gickel, c'était la France Aptel.
00:17:46 Oui.
00:17:47 "Monsieur, bonsoir, salut mon lapin."
00:17:49 Il disait ça un peu dans sa barbe,
00:17:50 genre "je sais déjà que ce que tu vas me dire
00:17:52 c'est bourré de conneries,
00:17:53 j'en ai rien à foutre,
00:17:54 et tout ça, que des feignants,
00:17:55 que des mains dans les poches."
00:17:56 J'aimerais beaucoup ce lexique-là.
00:17:58 Et puis j'ai compris un truc
00:18:00 qui m'a aidé à écrire d'ailleurs,
00:18:01 beaucoup.
00:18:02 Mon grand-père, un jour,
00:18:03 tombe sur les informations
00:18:05 où il y a un alpiniste
00:18:08 qui a perdu son camarade alpiniste
00:18:11 dans des conditions dramatiques,
00:18:13 sur je ne sais quel sommet,
00:18:15 probablement à l'autre bout du monde,
00:18:17 et il pleurait, ce gars-là.
00:18:19 Il pleurait parce qu'il avait perdu son copain,
00:18:21 il avait lui-même les pieds gelés,
00:18:23 le machin, etc.
00:18:24 Et mon grand-père ne comprenait pas.
00:18:25 Mon grand-père qui a vécu
00:18:26 que dans l'effort de l'ouvrier
00:18:28 qui va tous les jours faire un boulot de con,
00:18:30 étaler du goudron sur les routes
00:18:31 et tomber dans les cuves, etc.
00:18:33 Pourquoi un type à qui on n'a rien demandé,
00:18:35 qui fout le camp en montagne
00:18:37 pour monter un sommet
00:18:38 sur lequel il ne va rien chercher,
00:18:39 pour lequel il n'est pas payé,
00:18:41 il redescend, il pleure parce qu'il est arrivé à...
00:18:43 La seule chose qu'il trouvait dans sa tête,
00:18:45 c'est "mais qu'est-ce que tu es allé foutre là-bas ?".
00:18:47 Déjà, "qu'est-ce que tu es allé foutre là-bas ?"
00:18:49 et "pourquoi tu viens m'emmerder avec ça sur mon poste ?"
00:18:52 Ça n'avait aucun sens.
00:18:54 Et je me suis dit "mais oui, mais...
00:18:56 Je ne veux pas lui donner raison,
00:18:57 mais je ne veux pas non plus lui donner tort
00:18:59 parce que je pense que c'est plutôt
00:19:00 à ces gens-là qu'il faut écrire.
00:19:02 Il y a plus d'affaires à faire
00:19:03 avec de l'écriture de ces gens-là
00:19:05 plutôt que celui qui chouine à l'écran.
00:19:07 Oui, c'est l'incompréhension des classes populaires
00:19:12 face au superflu, quoi,
00:19:13 qui n'est pas nécessaire.
00:19:15 Il faut vraiment avoir mangé à sa faim
00:19:17 pour aller monter des montagnes.
00:19:19 C'est un problème de riches.
00:19:20 Mais ceci dit, c'est bien aussi de temps en temps
00:19:22 de voir par ce spectre-là ce qu'on fait nous.
00:19:25 Parce que moi, par exemple,
00:19:26 je fais un métier extrêmement futile.
00:19:28 Ça ne sert à rien.
00:19:29 Donc, du coup, il faut bien quand même
00:19:31 décider d'où foutre le superflu.
00:19:32 Il faut savoir où il est.
00:19:34 Qu'en dirait mon grand-père, par exemple ?
00:19:36 Je ne sais pas.
00:19:38 Je ne sais pas trop.
00:19:39 Mais est-ce qu'il avait vraiment cette vision
00:19:41 de la création en général ?
00:19:42 Quand même, quelques fois, il allait au théâtre
00:19:45 ou au cinéma, non ?
00:19:46 Non.
00:19:47 Ma mère a commencé à être comédienne,
00:19:50 je crois, à l'âge de 13 ans.
00:19:51 Elle a monté sur les planches la première fois à 13 ans.
00:19:54 Il a dû venir une fois dans une salle de spectacle.
00:19:58 C'était le théâtre de l'Eldorado à Lyon,
00:20:00 qui n'existe plus depuis,
00:20:02 mais qui était un théâtre à l'ancienne.
00:20:04 Et je l'ai vu rentrer.
00:20:07 Le spectacle avait commencé depuis 20 minutes.
00:20:09 Je l'ai vu rentrer, se mettre à la porte comme ça,
00:20:13 avec quelqu'un qui va le voir.
00:20:14 "Monsieur, vous voulez vous asseoir ?"
00:20:15 Et lui qui dit très fort.
00:20:16 "Non, non, c'est bon, je reste là, je reste là."
00:20:18 Regarder ma mère comme ça cinq minutes,
00:20:20 et y repartir.
00:20:21 Voilà, c'est la seule fois.
00:20:23 Et alors, comment est-ce que ta mère,
00:20:26 elle a vécu ça ?
00:20:27 Parce qu'elle avait eu cette vocation
00:20:28 qui était orthogonale par rapport à lui.
00:20:30 Eh bien, le truc, c'est que je me rends compte
00:20:32 que mon père et ma mère ont dû opérer des ruptures
00:20:36 vis-à-vis de là où ils viennent.
00:20:38 Moi, non.
00:20:39 Ils l'ont fait pour moi.
00:20:40 Moi, je n'ai rien bousculé.
00:20:41 Je n'ai pas amené dans la famille.
00:20:43 "Eh, vous savez quoi ?
00:20:44 J'aimerais bien faire quoi ?
00:20:45 De quoi tu parles ?"
00:20:46 Non, j'ai repris la boutique.
00:20:47 Tout ça est très simple et très fluide.
00:20:50 Mais je me rends compte qu'autant chez eux
00:20:52 que chez des fois des jeunes enfants,
00:20:55 des jeunes élèves qui ont rompu eux aussi
00:20:58 pour être acteurs, pour tout ça.
00:21:00 Je me dis qu'ils ont un boulot en plus.
00:21:02 Ils ont un boulot en plus.
00:21:04 Parce que savoir jouer, apprendre à jouer,
00:21:06 c'est passionnant.
00:21:07 Il y a plein de trucs à savoir.
00:21:08 Mais ils ont une petite lutte en plus
00:21:09 qui est de dire chez eux que ça vaut le coup.
00:21:12 Moi, je n'ai pas eu à faire ça.
00:21:14 Mais moi, je me suis souvent dit
00:21:15 qu'il y avait quand même un peu de bienveillance
00:21:17 dans les parents qui disent
00:21:18 "Eh, sois pas comédien"
00:21:20 parce que la probabilité d'y arriver
00:21:23 est plus faible que dans d'autres domaines.
00:21:25 Donc, c'est peut-être genre
00:21:26 "Ah, tu vas peut-être plus souffrir
00:21:28 que si tu es comptable."
00:21:29 Et donc, on dit toujours
00:21:31 qu'il y a un petit antagonisme
00:21:32 avec les parents qui disent ça.
00:21:33 Et moi, j'ai l'impression
00:21:34 que peut-être il y a un peu de tendresse aussi
00:21:35 dans le fait de dire "sois pas acteur".
00:21:37 De toute façon, dans toute panique
00:21:39 et dans toute inquiétude,
00:21:40 il y a une tendresse.
00:21:41 Je suis d'accord.
00:21:42 Mais des fois, je me dis quand même
00:21:44 "Est-ce que je conseillerais à quelqu'un
00:21:46 d'être acteur ?"
00:21:48 En tout cas, pas en parlant de moi.
00:21:49 Parce que moi, en fait,
00:21:50 je n'ai pas vraiment voulu être acteur.
00:21:52 Sous-entendu, attendre que le téléphone sonne
00:21:54 et de faire naître le désir
00:21:55 dans quelqu'un d'autre
00:21:57 qui doit penser à moi
00:21:58 et qui doit m'appeler ou ne pas m'appeler.
00:22:00 Être dépendant aussi des textes
00:22:02 qu'on me confie
00:22:03 parce qu'on m'a vu dans tel truc
00:22:04 alors que je voudrais être ailleurs.
00:22:05 Je suis quand même quelqu'un qui...
00:22:06 J'ai voulu jouer des choses,
00:22:08 je les ai écrites,
00:22:09 j'ai voulu les produire, je les ai produites.
00:22:10 J'ai voulu entendre une musique,
00:22:11 je l'ai faite.
00:22:12 Donc, en fait, je me suis un peu passé,
00:22:15 j'ai contourné
00:22:16 tout ce qui ferait
00:22:17 que je ne conserverais pas forcément
00:22:18 à quelqu'un d'autre acteur
00:22:19 parce qu'on ne fait qu'attendre
00:22:20 et on vit de séduction.
00:22:21 Et ça ne me plaît pas beaucoup
00:22:22 de vivre de séduction, j'avoue.
00:22:24 - C'est un moment un peu triste
00:22:25 que j'ai vu quelques fois
00:22:26 dans des cocktails
00:22:28 où il y a des acteurs
00:22:29 qui n'ont pas complètement percé
00:22:31 et qui se parlent et ils placent...
00:22:33 Ils essayent de placer absolument
00:22:35 ce qu'ils font
00:22:36 et de parler d'eux
00:22:37 tout en ayant une espèce
00:22:39 de semblant vague d'humilité
00:22:41 alors que tu vois très bien...
00:22:42 - C'est le phénomène "Jean t'embrasse".
00:22:44 Tu connais le phénomène "Jean t'embrasse" ?
00:22:45 - Non, non.
00:22:46 - Il faut que je vienne ici
00:22:47 pour t'apprendre des choses.
00:22:48 - C'est quand même dingue.
00:22:49 Tu ne connais pas le phénomène
00:22:50 "Jean t'embrasse" ?
00:22:51 - Ah, "Jean t'embrasse",
00:22:52 donc un Jean qu'on connaît.
00:22:53 Ah, Jean, ça doit être
00:22:54 un Jean connu, en fait, c'est ça ?
00:22:55 - Quel ?
00:22:56 - Je ne sais pas.
00:22:58 Jean...
00:23:00 Il n'y a aucun Jean
00:23:01 qui me vient à l'esprit.
00:23:02 C'est quand même fou
00:23:03 alors que c'est un des prénoms...
00:23:04 - Facile.
00:23:05 Vas-y, simplement.
00:23:06 - Je...
00:23:07 J'ai un brain problem, là.
00:23:10 C'est Jean Le Canuet
00:23:12 qui me vient à l'esprit, OK ?
00:23:13 Donc...
00:23:14 - C'est un brain dropping pourri.
00:23:16 - Exactement.
00:23:17 - Non, mais imagine...
00:23:18 Parce que moi,
00:23:19 quand on me l'a dit "Jean t'embrasse",
00:23:20 je ne savais pas de quel Jean
00:23:21 il s'agissait non plus.
00:23:22 J'étais un peu dans ton cas, là.
00:23:23 Je me suis dit "Comment ça,
00:23:24 Jean t'embrasse ?
00:23:25 Ça veut dire qu'il faut que je connaisse
00:23:26 un Jean suffisamment
00:23:27 pour qu'il m'embrasse ?"
00:23:28 Non, c'est du jardin.
00:23:29 - D'accord.
00:23:30 - Je ne pense pas que ce soit
00:23:31 toujours le même.
00:23:32 C'est-à-dire qu'on peut...
00:23:33 Il y a une époque où on disait
00:23:34 "Gérard t'embrasse,
00:23:35 il veut s'agir de par Dieu..."
00:23:36 C'est-à-dire qu'en fait,
00:23:37 j'ai vu cette personne
00:23:39 qui est très en vue
00:23:40 et au fait, on parlait évidemment
00:23:43 d'autres gens connus dont toi,
00:23:44 donc il te salue.
00:23:46 Je suis totalement faux, Jean.
00:23:47 Jean ne m'embrasse absolument pas.
00:23:49 Je veux dire,
00:23:50 je connais un peu du jardin,
00:23:51 mais il ne m'embrasse pas du tout.
00:23:52 Je veux dire, on s'en fout.
00:23:53 Je ne t'embrasse pas non plus.
00:23:54 On est bien.
00:23:55 On est bien comme ça.
00:23:56 Mais voilà,
00:23:57 je pense que tu parles de ça un peu,
00:23:59 le phénomène "Jean t'embrasse".
00:24:00 - Oui, c'est complètement
00:24:01 le phénomène "Jean t'embrasse"
00:24:02 qui est un peu triste à voir.
00:24:03 - C'est-à-dire que la phrase
00:24:04 veut dire "Je connais Jean".
00:24:05 - Oui.
00:24:06 Et c'est ça.
00:24:08 Et en fait,
00:24:09 ils fourrent l'information
00:24:12 qu'ils ont vraiment envie d'envoyer
00:24:13 qui est "Je connais Jean"
00:24:14 dans un autre prétexte.
00:24:16 - Sachant que tu sais,
00:24:18 des fois, quand on est au HMC,
00:24:19 alors HMC pour les gens,
00:24:20 ils savent ce que c'est.
00:24:21 - Habillage, maquillage, coiffure.
00:24:23 - Absolument.
00:24:24 Avant de tourner,
00:24:25 il y a plein de gens,
00:24:26 généralement, ils arrivent
00:24:28 et c'est leur moment.
00:24:29 Ils y mettent la musique,
00:24:31 tu sais, dans le maquillage.
00:24:33 "Et je te bise,
00:24:34 et je te contrebise,
00:24:35 et lors du Jean t'embrasse,
00:24:36 là, il y a tout un liste de prénoms.
00:24:38 Il n'y a que les prénoms.
00:24:39 Parce que si tu dis le nom de famille,
00:24:40 ça veut dire que...
00:24:41 Non, tu es un ringarde.
00:24:42 Non, non, il n'y a que les prénoms.
00:24:43 Les prénoms, les prénoms,
00:24:44 les prénoms, les prénoms.
00:24:45 Et moi, généralement,
00:24:47 je me dis, mais c'est marrant,
00:24:48 mais la journée n'a pas commencé.
00:24:50 - C'est comme ça.
00:24:51 - On doit travailler après.
00:24:52 On est payé cher pour faire ce qu'on fait.
00:24:54 Il faut le faire sérieusement.
00:24:55 Il faut du calme.
00:24:56 On n'a rien à foutre d'être là pour savoir.
00:24:58 Et surtout,
00:24:59 on entend beaucoup d'autres tournages.
00:25:01 Machin, alors, name drop,
00:25:03 machin, et sur le tournage de trucs,
00:25:05 il t'embrasse,
00:25:06 ça se finit tel jour,
00:25:07 moi, je le rejoins pour tel truc.
00:25:09 Et d'un coup, on a tout.
00:25:11 Tout le programme du cinéma français.
00:25:13 On a tout.
00:25:14 Et on a tout le monde.
00:25:15 Tout est là.
00:25:16 Et moi, d'un coup, je me dis,
00:25:17 oh là là, mais mon rôle là-dedans
00:25:18 de tout à l'heure, c'est...
00:25:19 Et généralement,
00:25:20 je me fais maquiller dans ma loge après.
00:25:22 Et on se dit, oh là là, c'est...
00:25:24 (sifflement)
00:25:25 Alors qu'au contraire, Astier, non.
00:25:27 Non, il veut faire son métier.
00:25:29 Il est tranquille.
00:25:31 Là, on est toujours sur l'enfance,
00:25:33 mais quand on est enfant,
00:25:35 on a souvent ces...
00:25:37 des espèces de pensées magiques.
00:25:39 Tu sais, genre, tiens,
00:25:40 si j'atteins ce poteau
00:25:42 avant que l'oiseau,
00:25:43 il se soit posé sur la branche,
00:25:45 j'aurai la Super Nintendo.
00:25:46 Est-ce que tu te souviens, toi,
00:25:48 de pensées magiques de l'enfance,
00:25:50 comme ça,
00:25:51 ou peut-être de pensées encore actuelles
00:25:52 que t'as...
00:25:54 Oui, il y a des...
00:25:56 (tousse)
00:25:58 C'est des rituels...
00:26:00 C'est des rituels, généralement,
00:26:02 sur des choses qu'on attend.
00:26:03 Oui.
00:26:04 Et qui peuvent se passer ou A ou B.
00:26:06 Et on fait un pari dessus.
00:26:08 J'essaye de pas trop être superstitieux.
00:26:10 Pour la même raison
00:26:12 que je bois pas et que je prends rien,
00:26:14 parce que je pense que j'ai pas...
00:26:16 J'aurais peu de limites si je le faisais.
00:26:18 Donc j'aime pas ça.
00:26:19 Et sur la superstition,
00:26:20 je pense que c'est ça aussi.
00:26:21 Je veux pas rentrer dans des rituels.
00:26:23 Des rituels de toc.
00:26:25 Parce que je pense que je suis client.
00:26:27 Donc je les repousse, mais je suis...
00:26:29 Comme un alcoolique anonyme qui dit...
00:26:31 Ouais, ouais, je sens que c'est pas pour moi.
00:26:33 Je sens que c'est pas pour moi.
00:26:34 Mais ça peut être, par exemple...
00:26:36 Par exemple,
00:26:40 si jamais t'as la Lune et un nuage
00:26:42 qui arrive comme ça,
00:26:43 est-ce que si jamais le nuage
00:26:45 couvre tout,
00:26:47 tout complètement,
00:26:49 c'est A ?
00:26:50 Et si jamais il reste un petit bout de croissant en haut,
00:26:52 c'est B.
00:26:53 Et là, je suis capable de faire
00:26:54 des petits paris sur ma vie entière.
00:26:56 Et le A et B,
00:26:57 il y en a un qui est glop
00:26:59 et l'autre pas glop.
00:27:00 Ah, il y en a un qui est rigoureusement punitif.
00:27:02 Oui, c'est ça.
00:27:03 Et l'autre qui est échappé au...
00:27:05 Oui, c'est exactement ça.
00:27:08 Mais ça, c'est des trucs...
00:27:09 Moi, je les ai toujours,
00:27:10 mais je me souviens que quand j'étais enfant,
00:27:11 c'était quotidien.
00:27:12 C'est-à-dire qu'il y avait un truc...
00:27:13 C'était très, très, très fréquent.
00:27:15 Possible.
00:27:16 T'as dit il y a pas longtemps,
00:27:17 à Akian, que j'en dis que ça servait à rien
00:27:20 d'être sévère avec ses enfants.
00:27:23 Tes parents, à toi,
00:27:24 ils ont été sévères avec toi ou pas ?
00:27:26 Jamais.
00:27:27 Non ?
00:27:28 Non. D'où ?
00:27:29 Mes parents...
00:27:30 Il s'est passé une très belle chose
00:27:32 une fois avec mon père.
00:27:33 J'étais très chiant.
00:27:34 On était juste tous les deux.
00:27:35 Juste tous les deux.
00:27:36 On bouffait.
00:27:37 Il m'avait fait à bouffer, tout ça.
00:27:38 On regardait les trucs.
00:27:39 Et j'étais très chiant.
00:27:40 J'étais agité.
00:27:41 Je sais pas quoi.
00:27:42 Et puis, il me dit,
00:27:43 "Calme-toi, calme-toi."
00:27:45 Et puis, je crois qu'il a huit ans,
00:27:47 un truc comme ça.
00:27:48 Et puis, un moment, je rote.
00:27:50 Tu sais, j'envoie un...
00:27:52 Comme ça.
00:27:53 Et par réflexe, il me fait comme ça.
00:27:55 Tu vois ?
00:27:57 Il fait comme ça.
00:27:58 Et...
00:27:59 Il fait comme ça aussi.
00:28:01 Et il fait, "Pardon, excuse-moi."
00:28:03 Ça, pour moi, c'est très important.
00:28:07 Parce qu'au-delà du fait de s'être excusé,
00:28:10 ça veut dire qu'il me parle comme un adulte, en fait.
00:28:12 Et moi, mes parents m'ont toujours parlé
00:28:14 comme à des adultes.
00:28:15 Comme un adulte.
00:28:16 Toujours, ils m'ont dit les choses.
00:28:17 Toujours, ils m'ont dit qui ils étaient.
00:28:19 Ils ont pas triché sur qui ils étaient.
00:28:20 Ils ont pas triché sur ce qu'ils arrivaient pas à faire.
00:28:22 Ils ont pas triché sur ce qu'ils arrivaient à faire.
00:28:24 Sur leur fierté, sur leur truc.
00:28:25 Après, ils ont 20 ans de plus que moi.
00:28:27 On est pas en secours après de pas loin.
00:28:29 Mais j'ai été élevé par des gens
00:28:31 qui m'ont fait confiance,
00:28:33 qui m'ont jamais considéré
00:28:35 comme un môme, simplement.
00:28:36 Du coup, j'ai jamais fait vraiment de conneries.
00:28:38 La sévérité m'aurait semblé militaire.
00:28:42 Expliquez-moi pourquoi je dois faire un truc.
00:28:45 Arrêtez de me dire qu'il faut le faire.
00:28:46 C'est comme ça.
00:28:47 Parlons, quoi.
00:28:48 Donc, ça veut pas dire que j'ai pas vraiment
00:28:50 de sévérité avec mes enfants.
00:28:51 C'est vrai que je les laisserais pas faire de conneries.
00:28:53 Mais il se trouve que sans jamais avoir été
00:28:54 réellement sévère avec eux,
00:28:56 instinctivement, ils se disent
00:28:58 "ça, si je vais là, ça va pas lui plaire à lui".
00:29:01 C'est juste ça.
00:29:02 Parce qu'on le connaît maintenant.
00:29:04 Là, il a pas envie qu'on soit ce mec-là.
00:29:06 Ça se voit.
00:29:07 Il a plutôt envie qu'on soit ce mec-là.
00:29:09 Et en fait, ça se fait tout seul.
00:29:10 C'est pas une sévérité.
00:29:11 C'est juste que j'essaye de leur inspirer,
00:29:12 de pas être trop con si j'y arrive.
00:29:14 Mais donc, tu penses que le fait qu'ils se comportent bien,
00:29:17 c'est lié à ton attitude à toi.
00:29:21 C'est pas un truc qui...
00:29:23 Entre autres.
00:29:24 Je pense qu'ils arrivent à choper chez moi
00:29:27 les choses que j'ai pas trop loupées.
00:29:29 Et ils arrivent à rejeter chez moi
00:29:30 les choses qui leur semblent pas leur convenir.
00:29:32 Mais ça suffit, en fait.
00:29:34 Moi et les autres.
00:29:36 Et leur mère, évidemment.
00:29:38 Et même les potes.
00:29:39 Et même tous ceux qui peuvent leur inspirer
00:29:42 en creux ou en plein.
00:29:44 Des choses, la sévérité...
00:29:46 Moi, je connais des gens de près, par exemple,
00:29:49 qui sont incapables d'avoir une nana,
00:29:51 une fille qui a 15 ans,
00:29:52 qui revient enceinte chez eux.
00:29:54 Je dis pas que c'est facile, tu vois.
00:29:56 Mais je sais que c'est des mecs
00:29:57 qui vont dire "ma famille, mon truc, elle dégage,
00:29:59 elle leur met plus les pieds là".
00:30:01 C'est fou.
00:30:02 Enfin, je veux dire, il y en a qui pensent vraiment encore comme ça.
00:30:04 Alors qu'en fait, la seule chose qu'il faut faire,
00:30:06 c'est improviser,
00:30:08 c'est être intelligent et être gentil.
00:30:10 Je trouve que c'est tout con,
00:30:12 mais je ne sais plus quel stand-upeur américain
00:30:14 finit son spectacle comme ça.
00:30:15 "La vie est dure, soyez gentil".
00:30:17 C'est tout con.
00:30:18 Pourtant, il n'y a pas l'air d'avoir une invention là-dessus.
00:30:21 Mais je crois qu'il y a une clé là-dessous.
00:30:23 À ce père-là, qui a des valeurs comme ça,
00:30:25 que moi, effectivement, je ne reconnais pas.
00:30:28 Qu'est-ce qu'on pourrait lui dire que
00:30:30 "la vie est dure,
00:30:32 donc il faut être gentil".
00:30:34 T'as pas d'autre solution.
00:30:35 Il n'y a rien qui va te mener ailleurs,
00:30:37 et elle, encore moins.
00:30:39 Toi, t'as sept enfants, c'est ça ?
00:30:42 Je me suis quand même posé la question de
00:30:43 comment on peut avoir sept enfants
00:30:46 et en même temps faire tout ce que tu fais.
00:30:48 Et il y a un petit truc,
00:30:51 vraiment juste logistique, d'emploi du temps,
00:30:53 que...
00:30:55 Est-ce que tu peux nous décrire un petit peu ce que ça peut donner ?
00:30:57 Peut-être, le truc, c'est qu'ils n'ont pas été tous jeunes
00:31:00 exactement en même temps.
00:31:01 Alors, ils ne sont pas arrivés tous en même temps.
00:31:03 Oui, voilà, déjà.
00:31:04 C'est un bon point.
00:31:05 Parce qu'il y en a pour qui ça arrive,
00:31:07 et je pense que c'est un autre boulot.
00:31:08 Non, mais j'ai eu des enfants...
00:31:10 Mes filles viennent de fêter leur 24e et 23e anniversaire,
00:31:14 ces jours derniers,
00:31:15 et j'ai un petit trois ans.
00:31:16 Donc tout ça, ça s'étale quand même beaucoup.
00:31:18 Donc aucun d'entre eux n'a le même problème en même temps.
00:31:22 La logistique...
00:31:25 J'ai pas d'autre centre d'intérêt que mon boulot et eux.
00:31:30 Alors du coup, quand même, je suis beaucoup chez moi.
00:31:33 Et beaucoup de mon travail se fait chez moi, en plus.
00:31:36 Montage, composition, écriture,
00:31:39 tout ça, c'est à la maison.
00:31:41 Alors, effectivement, il y a la part tournage qui n'est pas là,
00:31:44 mais sinon, il y a beaucoup, beaucoup de choses
00:31:46 que je fais complètement à la maison et tout seul,
00:31:48 au milieu du bordel et du machin.
00:31:50 Donc je suis beaucoup avec eux.
00:31:52 Et puis, je me fais aider, beaucoup.
00:31:57 Leur maman est toujours là, d'ailleurs,
00:31:59 et fait beaucoup de choses.
00:32:02 Et puis, je nous organise des trucs.
00:32:04 Il y a des gens qui nous aident, j'ai des nounous.
00:32:06 Et en fait...
00:32:08 Alors, évidemment, si j'avais un truc
00:32:10 qui m'amenait loin de chez moi tout le temps,
00:32:12 non, mais moi, je suis casanier comme garçon.
00:32:14 Mon métier, c'est de jouer dans ma chambre.
00:32:17 C'est ça, comme avant.
00:32:18 Donc, je continue de le faire et ils sont là.
00:32:20 Mais on se voit pas mal, quand même.
00:32:22 J'arrive à...
00:32:23 - A aller voir.
00:32:24 - Oui, à vivre avec eux.
00:32:25 - Il y a Louis Ciquet qui disait ça
00:32:27 du moment où il y a eu des enfants.
00:32:28 Il a dit, en fait...
00:32:30 Tu te rends compte qu'il y avait plein de moments,
00:32:32 il y avait plein de gras dans ta vie.
00:32:33 Tu sais pas, tu vas jouer ton set dans un comedy club,
00:32:36 tu te rends compte qu'en fait,
00:32:37 t'arrives 20 minutes avant,
00:32:38 puis ensuite, tu prends une heure avec tes potes, etc.
00:32:40 Et en fait, après, juste, t'enlèves l'heure et demie
00:32:43 que t'avais machin,
00:32:44 tu fais ton set pareil,
00:32:45 et le reste du temps, tu rentres chez toi.
00:32:48 C'est comme ça, en fait, que tu arrives.
00:32:50 - C'est exactement ça.
00:32:51 Moi, après, j'ai poussé un peu le bouchon loin.
00:32:53 Parce que, par exemple, tu vois,
00:32:55 un mercredi, j'ai été libéré d'un tournage
00:32:57 à 200 kilomètres à l'est de Prague.
00:33:00 C'était bien loin.
00:33:01 Et le mec me dit...
00:33:02 Donc, je finis, dernier plan d'Alexandre Astier, etc.
00:33:06 "Bon, ben, tu restes jusqu'au pot de samedi."
00:33:09 Le mec me fait.
00:33:10 - Oui.
00:33:11 - Comment ça ?
00:33:12 Déjà, je vais pas au pot.
00:33:13 Même quand c'est mes pots,
00:33:14 j'y vais pas parce que je les paye,
00:33:15 mais j'y vais pas.
00:33:16 J'aime pas ça, il y a trop de monde.
00:33:17 Donc, je dis, comment ça,
00:33:18 je vais pas rester jusqu'à samedi
00:33:19 alors que j'ai fini de tourner ?
00:33:21 On est mercredi, d'accord ?
00:33:22 Alors oui, c'est minuit.
00:33:23 Je lui dis, amène-moi ma bagnole, s'il te plaît.
00:33:25 Donc, il m'amène à ma bagnole
00:33:27 et j'ai fait Prague...
00:33:29 200 kilomètres à l'est de Prague, exactement.
00:33:32 Ardèche, à ma maison, comme ça,
00:33:35 en bagnole, pour rentrer chez moi.
00:33:37 Je ne supporte pas de pas être chez moi
00:33:41 s'il y a pas une bonne raison.
00:33:42 - Oui.
00:33:43 - Alors que là, il y en avait une
00:33:44 qui aurait pu dormir, tu vois.
00:33:45 - C'est vrai que...
00:33:46 - Je me suis arrêté à Nuremberg.
00:33:48 - Oui, parce qu'il y avait aussi
00:33:49 le risque de décès avec tout ce que...
00:33:51 - Voilà, effectivement, il y a le décès
00:33:53 qui se profite pour faire attention.
00:33:55 L'ombre de la mort plane au-dessus de...
00:33:57 Mais j'ai toujours bien aimé les bagnoles
00:33:59 et toujours aimé conduire.
00:34:01 Mais c'est plutôt mon genre.
00:34:03 C'est fini.
00:34:05 - Et en Allemagne, tu as pris les autoroutes,
00:34:07 tu peux aller à 250 ou pas ?
00:34:08 - Elles ne sont pas si longues que ça.
00:34:10 C'est sortie de Munich et tout ça.
00:34:12 Il y en a un petit bout, oui.
00:34:13 Mais c'est très embêtant,
00:34:15 parce que si tu veux,
00:34:16 des fois, c'est des deux voies.
00:34:17 Donc, tu peux avoir la voie
00:34:19 où le mec sort avec sa bagnole de gynéco.
00:34:22 Je ne donnerai pas les marques,
00:34:23 mais on sait lesquelles c'est.
00:34:24 Qui n'ont l'air de rien comme ça,
00:34:26 mais qui sont débridées à 320.
00:34:28 Juste à côté de la voie,
00:34:30 avec les camions à 85.
00:34:31 - Oui.
00:34:32 - Donc, le ciseau est violent quand même.
00:34:35 - Oui, oui, oui.
00:34:36 - Et puis, ce ne sont pas des bonnes routes,
00:34:37 en plus, je trouve.
00:34:38 - Oui.
00:34:39 - C'est granuleux, on t'entend des...
00:34:40 Tac, tac, tac, tac, tac, tac, tac,
00:34:42 comme ça.
00:34:43 Ce n'est pas très agréable d'aller vite.
00:34:44 - C'est une machine à mourir.
00:34:46 Et en plus, voilà.
00:34:47 Oui, une question sur tes parents.
00:34:50 Tu as quand même ce truc...
00:34:52 En fait, tu les as rendus célèbres,
00:34:54 plus célèbres qu'ils n'étaient avant
00:34:56 qu'ils fassent Kaamelott avec toi.
00:34:59 Est-ce que ça a changé ton rapport avec eux ?
00:35:01 Est-ce qu'ils ont encore une autorité sur toi ?
00:35:03 Ou une petite inversion qui s'est faite ?
00:35:07 - Non, c'est sûr que j'ai...
00:35:10 Avec Kaamelott, j'ai pris un peu le devant du bateau.
00:35:13 C'est-à-dire que c'est à moi
00:35:14 qu'on pose les questions.
00:35:15 Mais je pense que quand on est en famille,
00:35:19 d'ailleurs autant avec eux
00:35:20 qu'avec mes propres enfants
00:35:21 quand ils viennent jouer,
00:35:23 c'est quand même très studieux, l'ambiance.
00:35:25 On est quand même beaucoup sur le boulot,
00:35:27 beaucoup sur le jeu,
00:35:28 beaucoup sur comment dire telle réplique,
00:35:30 beaucoup sur comment essayer de trouver un petit chemin
00:35:33 jusqu'à la musique qu'on aime bien.
00:35:35 Et en fait, tout ça,
00:35:37 je ne sais même pas
00:35:38 si on n'est même pas encore plus studieux entre nous
00:35:40 qu'avec des acteurs qui ne sont pas de notre famille.
00:35:43 Parce qu'il y a un truc comme ça,
00:35:45 on se connaît autour du boulot
00:35:47 et on se connaît autour de ce goût des choses-là.
00:35:50 Et du coup, ça ne donne pas beaucoup de...
00:35:53 Les situations dites familiales
00:35:56 ne se reproduisent pas vraiment.
00:35:58 On est là pour bosser.
00:35:59 Peut-être même que c'est une des meilleures façons
00:36:03 qu'on a de se côtoyer.
00:36:05 - Oui.
00:36:06 C'est mieux que les repas de famille.
00:36:08 - On a des repas.
00:36:09 - Oui, quand même.
00:36:10 Quand on bosse, on fait notre boulot.
00:36:14 - École primaire, bon élève ?
00:36:17 - Très.
00:36:18 - Premier.
00:36:19 - Oui.
00:36:20 Je savais lire avant le CP.
00:36:23 J'aimais beaucoup les chiffres et les lettres.
00:36:27 Donc du coup, ça te donne une belle avance
00:36:30 quand même sans rien foutre
00:36:32 pendant de très nombreuses années.
00:36:33 Donc non primaire, c'est que des A.
00:36:36 - Et tu as déjà fait...
00:36:38 C'est peut-être débile comme question,
00:36:39 tu as déjà fait un test de QI ?
00:36:41 - Oui, mais je n'aime pas ça.
00:36:43 - Oui.
00:36:44 - Oui, je...
00:36:45 - Je n'aime pas trop ça.
00:36:46 Je n'aime pas trop ça et je vais te dire...
00:36:48 Oui, j'en ai fait.
00:36:50 Et je n'aime pas ce que les gens en font, en fait.
00:36:53 - Oui, c'est ça.
00:36:54 - Oui, parce que c'est un chiffre.
00:36:56 - Oui, mais ça ne veut pas dire grand-chose.
00:36:58 Je crois qu'en fait...
00:37:00 Je crois que l'intelligence...
00:37:02 Déjà, je pense qu'il y a aussi le goût du test
00:37:06 parce qu'il y a des choses dans les tests de QI,
00:37:08 il faut aimer ça quand même.
00:37:09 Les séries, les trucs...
00:37:10 Bon, moi, c'est mon truc,
00:37:11 mais je veux dire, on peut être bougrement intelligent,
00:37:14 c'est pas ton truc, c'est pas ton langage, c'est tout.
00:37:16 C'est pas comme ça que tu vois les choses.
00:37:17 Donc moi, je trouve que ça ne me pose pas de problème.
00:37:20 Je crois quand même que ce qui compte,
00:37:21 c'est l'intelligence sensible.
00:37:23 Celle-là n'est pas mesurée, évidemment.
00:37:25 - Moi, je n'ai jamais voulu faire de test de QI
00:37:27 par terreur d'avoir un chiffre sur ma bêtise.
00:37:31 Et donc, je ne me suis pas...
00:37:32 - Tu en as un, là ?
00:37:36 - On peut se faire passer un test de QI.
00:37:38 - Oui, non, j'en ai passé, mais c'est...
00:37:40 - Et tu en as passé par curiosité ou parce que...
00:37:46 Ah ben, attends, c'est quand même un enfant
00:37:47 qui sait faire plein de trucs, il faut qu'on sache si...
00:37:50 - Oui, ben oui.
00:37:51 Puis j'avais pas voulu sauter des classes et tout ça,
00:37:54 mais c'est pas, encore une fois...
00:37:57 Je sais pas comment dire.
00:38:00 Ça peut te donner une fausse assise,
00:38:03 parce que c'est pas ça qui compte.
00:38:05 Donc, j'aime pas trop ce que les gens en font.
00:38:08 Surtout, j'aime pas ce que les parents en font.
00:38:10 - Oui, oui.
00:38:11 - Je trouve que c'est très malsain.
00:38:13 Par exemple, j'ai un petit garçon
00:38:15 qui a des capacités un peu hors normes
00:38:18 sur l'oreille, sur le langage, sur les langages,
00:38:22 sur les trucs, qui est vraiment...
00:38:23 J'ai l'impression de...
00:38:25 Tu vois, je me sens con.
00:38:27 Et ben, c'est marrant, ça me donne le réflexe
00:38:30 de protéger beaucoup plus que d'aller je sais pas quoi.
00:38:33 Parce qu'en fait, je sais pas ce qu'il peut en faire maintenant,
00:38:35 je sais pas ce que les autres en feraient,
00:38:37 je sais pas ce que...
00:38:38 Faut faire attention, en fait.
00:38:40 Parce que ça peut être une preuve de fragilité aussi,
00:38:43 et c'est pas...
00:38:44 Et puis les autres, voilà,
00:38:47 c'est peut-être que le plus intéressant.
00:38:49 Je préfère qu'on parle de ça.
00:38:51 Je préfère qu'on parle de celui qui est intéressant,
00:38:53 celui qui a compris comment on fabrique,
00:38:55 celui qui a compris comment on a l'humilité
00:38:57 de pas savoir quelque chose et qu'on y va après.
00:39:00 Si jamais le chiffre, ça donne des réflexes
00:39:02 de dire "je sais".
00:39:04 "Je sais", c'est la phrase la plus moche du monde.
00:39:06 "Je sais pas", c'est classe,
00:39:07 mais "je sais pas", ça s'apprend.
00:39:08 Et c'est plus difficile à apprendre
00:39:10 quand on a l'impression d'avoir un QI taré.
00:39:12 T'arrives à te remettre dans la position
00:39:14 de l'enfant où t'étais,
00:39:15 de genre comment est-ce que t'as appris à lire
00:39:17 sans qu'on t'apprenne ?
00:39:18 Tu te souviens ce qui se passait ou pas ?
00:39:20 Déjà, j'ai harcelé les gens qui étaient autour de moi
00:39:25 pour qu'ils me fassent compter et lire.
00:39:27 Parce que je crois que ce que j'ai toujours aimé,
00:39:29 c'est les systèmes.
00:39:30 En fait, la lecture et les maths, c'est des systèmes.
00:39:32 C'est des choses qui s'emboîtent les unes dans les autres.
00:39:34 Et c'est bien fini, c'est bien carré.
00:39:37 Alors évidemment, la grammaire française,
00:39:40 c'est soumis au jugement de temps en temps.
00:39:45 C'est-à-dire qu'en fait, plus on monte dans le truc,
00:39:46 plus on se dit "en fait, ça dépend du contexte".
00:39:48 Ça fait peur les trucs qui dépendent du contexte.
00:39:50 T'as envie d'un truc qui est marron blanc,
00:39:51 puis c'est tout.
00:39:52 Mais en tout cas, j'aimais bien ça,
00:39:53 donc je faisais chier les gens qui étaient autour de moi
00:39:55 pour qu'ils me fassent lire.
00:39:57 C'était mon jeu, le truc.
00:39:59 Et puis, voilà.
00:40:02 C'est vrai que je dessinais des choses,
00:40:03 c'était très symétrique,
00:40:04 toujours des dessins symétriques
00:40:05 qui se retrouvaient au carreau du truc.
00:40:07 J'ai retrouvé ces trucs-là, d'ailleurs.
00:40:09 C'est un peu...
00:40:10 Je pense qu'aujourd'hui, on...
00:40:13 On se poserait d'autres questions.
00:40:15 Surtout qu'évidemment,
00:40:18 j'ai très vite pu trouver ma place.
00:40:19 Tu me parlais de mon école primaire, c'est une chose.
00:40:22 Mais après, il y a eu la dégringolade.
00:40:23 En quelques mois,
00:40:24 j'ai dû passer de premier à dernier en rien du tout.
00:40:26 Au collège ?
00:40:27 Absolument.
00:40:28 Parce qu'en fait, ennui total ?
00:40:30 Parce que je ne savais pas ce que je faisais là.
00:40:32 Parce que cette autorité-là,
00:40:33 je ne la comprenais pas.
00:40:34 Je ne vois pas le rapport entre apprendre quelque chose
00:40:36 et me faire parler comme ça.
00:40:37 Je ne vois pas.
00:40:38 Et puis, je commençais pas mal
00:40:41 à écrire de la musique chez moi.
00:40:42 Ça me portait tard,
00:40:43 donc j'étais fatigué le matin.
00:40:44 Donc, j'ai commencé à crever à l'école,
00:40:46 puis pas venir tout le temps,
00:40:48 faire de l'absentéisme, etc.
00:40:49 Et en fait, on m'a vite dit...
00:40:51 Il est perdu, ce garçon.
00:40:54 On l'a perdu.
00:40:55 Mais tu avais des amis, quand même ?
00:40:57 Ouais.
00:40:58 Je n'ai jamais été avec des groupes d'amis.
00:41:01 Je crains les groupes.
00:41:02 Mais j'ai eu, dans les périodes de ma vie,
00:41:06 un bon ami, souvent.
00:41:07 Et donc, tu as des amitiés fusionnelles d'enfance ?
00:41:10 Oui.
00:41:11 Après, je les ai perdus de vue,
00:41:13 parce qu'on faisait autre chose.
00:41:14 Et puis, encore une fois, après,
00:41:16 c'est mes enfants qui sont devenus un peu mes amis.
00:41:18 Parce que tu les as eu relativement jeunes, quand même.
00:41:21 Oui, 24.
00:41:22 Mais oui, non,
00:41:24 je n'étais pas groupe de potes.
00:41:26 Un des trucs qui me valent moins bien,
00:41:28 c'est le vestiaire.
00:41:29 Ça, je...
00:41:31 Et l'humour qui va avec,
00:41:32 ce n'est pas mon préféré.
00:41:33 Je ne lâche pas.
00:41:35 Et donc, collège, peu d'amis.
00:41:37 Mais tu avais quand même une vie sociale ou pas ?
00:41:40 C'était où ?
00:41:41 Tu rentrais chez toi pour écrire ta musique.
00:41:43 Tu étais cool ou pas, au collège ?
00:41:47 Est-ce que tu dirais que tu étais cool ?
00:41:48 Je me faisais passer pour.
00:41:50 En faisant quoi ?
00:41:51 Je ne sais pas.
00:41:52 J'étais rigolo, peut-être.
00:41:53 Ouais.
00:41:54 C'est possible.
00:41:56 J'étais assez rigolo
00:41:57 et peut-être assez séduisant dans ce genre-là.
00:42:00 J'étais un petit peu décalé,
00:42:03 un peu hors norme et un peu rigolo.
00:42:05 Mais ce que je préférais,
00:42:08 c'était jouer chez moi.
00:42:10 Donc, il n'y a rien qui me faisait vraiment rester dehors.
00:42:14 Donc, je ne suis jamais allé en boîte.
00:42:17 Je ne suis jamais allé...
00:42:18 Même les pré-booms des premiers âges,
00:42:22 c'était une grande souffrance.
00:42:24 Il fallait mettre de l'occultant sur les vitres
00:42:26 parce qu'il était 14h30.
00:42:28 Non, ça ne m'allait pas.
00:42:30 Et tu faisais des bisous à des filles à cette époque ?
00:42:32 Non, mais tout le monde pensait que oui.
00:42:34 Ah !
00:42:35 Oui.
00:42:36 Tout le monde me prenait pour un tombeur.
00:42:40 Non, non, non.
00:42:43 J'étais trop submergé.
00:42:47 C'était trop, c'est beaucoup trop.
00:42:49 Je m'y suis mis deux fois.
00:42:51 Je m'y suis mis depuis.
00:42:53 J'ai déjà fait la mort.
00:42:55 Absolument.
00:42:56 Plusieurs fois.
00:42:57 Mes enfants sont là pour moi.
00:42:58 Au moins sept.
00:42:59 Au moins sept fois.
00:43:01 Ensuite, tu as fait une école de musique, c'est ça ?
00:43:04 En fait, je suis rentré au conservatoire à six ans.
00:43:06 Et deux ans après, je suis rentré dans ce qu'on appelle
00:43:08 les horaires aménagés.
00:43:09 C'est-à-dire que les professeurs viennent au conservatoire
00:43:13 de français, de maths, machin,
00:43:15 et tu fais tout là-bas.
00:43:16 Et tous les jours, tu fais les cours normaux,
00:43:18 entre guillemets, et de la musique.
00:43:20 Et ça, ça a fait toute mon enfance.
00:43:22 Et puis après, j'ai fait d'autres écoles,
00:43:25 d'autres conservatoires.
00:43:26 Mais en tout cas, mon enfance scolaire,
00:43:28 elle est très particulière.
00:43:30 Parce qu'elle est dans des environnements
00:43:31 que les gens ne connaissent pas.
00:43:32 Avec des conservatoires, avec des salles de musique,
00:43:33 avec des pianos de partout, avec des salles de concert.
00:43:36 Mais jusqu'à tard, parce que tu n'as pas fait
00:43:38 un lycée non plus normal, en fait, habituel.
00:43:41 Non, non, non.
00:43:42 J'ai tout fait dans les horaires aménagés.
00:43:43 Tout musique, quoi.
00:43:44 Mais tu as un bac musique, quand même.
00:43:46 Je n'ai pas de bac.
00:43:47 Tu n'as pas de bac de musique.
00:43:48 Non.
00:43:49 Le jour même.
00:43:50 Oui.
00:43:51 Je ne pouvais pas.
00:43:52 Je ne pouvais pas.
00:43:53 J'ai pu supporter les classes, quand même, après.
00:43:56 Oui.
00:43:57 Mais au SUB de Paris,
00:43:58 au truc comme ça, à la rue de Madrid,
00:43:59 ce n'était pas la même chose.
00:44:00 C'était des classes déjà plus adultes.
00:44:01 Et puis, on était là pour recevoir
00:44:03 un enseignement précis.
00:44:05 Tu vois, le SUB de Solfège,
00:44:06 on fait de la musique.
00:44:07 Tu commences, on se met à quatre voix.
00:44:09 On est tous encore à le deux bacs
00:44:10 pour s'échauffer.
00:44:11 On sait ce qu'on fait là.
00:44:13 Le prof est d'une très grande qualité.
00:44:15 Ce n'est pas le collège.
00:44:18 Le collège, j'étais extrêmement malheureux.
00:44:20 Très, très malheureux.
00:44:21 Le collège, au début du lycée,
00:44:22 c'était affreux.
00:44:23 Ce n'était pas du tout...
00:44:24 Je ne savais pas ce que je foutais là.
00:44:25 Vraiment.
00:44:26 Tu as dit quelque chose,
00:44:27 quelques fois dans des interviews,
00:44:28 où tu dis qu'en gros,
00:44:29 la musique européenne,
00:44:31 c'est la meilleure.
00:44:32 Je dis ça comme ça ?
00:44:34 Tu le dis vraiment.
00:44:35 Mais je l'ai dit à des Européens.
00:44:36 Exactement.
00:44:37 Pour braguer.
00:44:38 Mais en fait,
00:44:39 tu parles de la musique chinoise,
00:44:41 en particulier,
00:44:42 qui est très, très répétitive.
00:44:43 Très raciste.
00:44:44 C'est un passage très raciste.
00:44:45 Non.
00:44:46 Il peut y avoir...
00:44:48 Comme tu dis,
00:44:49 on est meilleur là-dessus.
00:44:50 Ce qui est très con,
00:44:51 parce que Bach...
00:44:52 Parce que je fais dire ça à Bach.
00:44:53 Je le fais mépriser.
00:44:54 Bach, c'est amusant.
00:44:55 Ce qui est complètement fou,
00:44:56 il avait une connaissance
00:44:57 des musiques du monde,
00:44:58 et notamment de la musique française
00:44:59 et anglaise.
00:45:00 Immense.
00:45:01 Là où j'en viens,
00:45:02 est-ce que tu penses que...
00:45:03 C'est un peu un téléo comme question,
00:45:05 mais relativiste total sur les goûts,
00:45:08 la culture, la beauté,
00:45:10 ou alors quand même...
00:45:11 Bon, il ne faut pas déconner.
00:45:13 C'est peut-être dur de faire une hiérarchie
00:45:15 absolue,
00:45:16 mais c'est quand même mieux que ça.
00:45:18 Alors...
00:45:19 Une question compliquée.
00:45:20 Moi, j'aime bien...
00:45:21 En fait, je pense que ta question
00:45:22 est une réponse.
00:45:23 C'est-à-dire que tu as dit
00:45:24 "ouverture totale sur les goûts".
00:45:27 Mais bon, il faut quand même déconner.
00:45:29 [Rires]
00:45:32 Non, je trouve que...
00:45:33 Alors bon, on ne peut pas faire
00:45:35 un parallèle immédiat entre le goût
00:45:37 et la complexité.
00:45:38 Oui, ce serait quand même un peu bizarre.
00:45:40 Cependant, je trouve que la musique asiatique,
00:45:43 d'un point de vue asiatique-chinoise
00:45:45 ou quelque chose comme ça,
00:45:46 celle qui nous est parvenue est celle qu'on...
00:45:48 Là, je trouve une simplicité, des fois,
00:45:52 où je n'arrive pas à trouver suffisamment
00:45:54 de sophistication dans ce que j'entends
00:45:56 pour que ça me parle.
00:45:57 Alors, soit la sophistication m'échappe,
00:45:59 ce dont je ne doute pas,
00:46:01 soit elle n'est pas là.
00:46:02 En revanche, il y a un grand maître
00:46:04 de musique indienne qui dit
00:46:05 un truc très important.
00:46:06 Il dit "la musique européenne,
00:46:07 je m'ennuie tout le temps".
00:46:09 Vous ne vous rendez pas compte
00:46:10 de la simplicité de votre musique.
00:46:11 On se fait chier quand on écoute
00:46:12 sauf Bach.
00:46:13 Bach, je peux écouter.
00:46:15 Mais le reste, les gars,
00:46:16 vous ne vous rendez pas compte.
00:46:17 Écouter ce qu'on fait,
00:46:18 ça va tellement plus loin.
00:46:20 Effectivement, des fois,
00:46:21 il joue des trucs, il joue des tablas.
00:46:23 Tu te dis "mais je n'arrive pas
00:46:24 à reconnaître le rythme".
00:46:25 Effectivement, ça se répète
00:46:26 tous les 92 temps.
00:46:29 Moi, 92 temps, je ne sais pas.
00:46:31 Je n'ai jamais écouté autant.
00:46:32 Moi, c'est 4, 3.
00:46:33 Mais encore, j'aime bien les polyrythmies.
00:46:35 Je peux faire 7, 9, 13.
00:46:36 Mais là, on est sur de la musique
00:46:39 qui croise en plus de ça
00:46:40 des traditions très fortes
00:46:41 donc il y a des choses apprises
00:46:42 par cœur.
00:46:43 Mais peut-être que la musique européenne
00:46:46 se trouve dans un entre-deux.
00:46:49 On n'est peut-être pas les plus
00:46:50 sophistiqués du monde,
00:46:51 moins de là.
00:46:52 Tu as fait des petits boulots ?
00:46:54 Pas beaucoup, j'en ai fait.
00:46:56 Tu as fait quoi ?
00:46:57 J'ai gardé la première classe
00:47:01 de maternelle dans une école
00:47:03 publique à Paris,
00:47:05 de la récréation d'après
00:47:07 les petits cours du matin
00:47:08 avec la cantine et le dodo.
00:47:10 J'ai fait ça.
00:47:12 Je me souviens, je suis arrivé
00:47:14 dans le bureau du proviseur.
00:47:16 Il m'a dit, j'imagine que vous voulez
00:47:17 les CM2, les CM1.
00:47:19 J'ai dit, non, j'aimerais bien
00:47:21 les tous petits.
00:47:22 Vous êtes sûr ?
00:47:24 Il m'emmène au réfectoire
00:47:27 et c'était le jour des mandarines.
00:47:28 Et comme ils ont deux mandarines
00:47:29 chacun et qu'ils sont 60,
00:47:31 il faut peler 120 mandarines
00:47:32 parce qu'ils ne savent pas
00:47:33 peler des mandarines.
00:47:34 Les compétences des enfants
00:47:35 de 6 ans sont très...
00:47:36 Là, c'est 3.
00:47:38 Là, c'est 3, pardon.
00:47:40 C'est tout petit.
00:47:41 Et j'ai dit, non, mais c'est ça.
00:47:43 Parce qu'en fait, je voulais
00:47:44 des enfants très tôt, très jeunes.
00:47:46 J'ai toujours voulu des enfants.
00:47:47 C'était un peu une manière
00:47:48 de m'occuper d'enfants,
00:47:49 de régler les problèmes de dodo,
00:47:51 de doudou, de sucette,
00:47:53 de mandarine.
00:47:55 Genre, je ne mange pas d'aubergine.
00:47:58 Qu'est-ce que tu veux que je dise
00:48:00 à un gamin de 3 ans
00:48:01 qui ne mange pas d'aubergine ?
00:48:03 Je veux dire, tu ne peux pas
00:48:04 vraiment l'en vouloir.
00:48:05 C'est compliqué.
00:48:07 Donc voilà, j'ai fait ça un petit peu.
00:48:09 Et tu te souviens d'un enfant
00:48:10 particulièrement où tu t'es dit
00:48:12 genre, j'aime bien les enfants,
00:48:13 mais là...
00:48:16 Non, je me souviens
00:48:18 d'un tout petit...
00:48:20 Je crois que c'était...
00:48:22 Je crois que c'était
00:48:23 un petit Algérien.
00:48:24 En tout cas, ses parents
00:48:25 étaient Algériens.
00:48:26 Et il avait les jetons
00:48:27 de s'endormir tout le temps.
00:48:30 Tout le monde était couché,
00:48:32 commençait à taper les doudous,
00:48:33 les machins, et lui,
00:48:34 il était debout sur son lit
00:48:35 comme ça avec des super gros yeux.
00:48:37 Et je lui disais...
00:48:38 Je ne me souviens plus comment il s'appelle.
00:48:39 Et je lui disais, couche-toi, couche-toi.
00:48:42 Tu vois bien que les autres dorment.
00:48:43 Il ne se bat rien.
00:48:44 Je reste là, je suis assis.
00:48:45 Il dit, je veux les genoux.
00:48:47 Je dis, mais...
00:48:48 Et il y avait les atsèmes
00:48:49 qui passent dans le truc
00:48:51 et qui disent, il ne faut pas les prendre.
00:48:52 Il ne faut pas les prendre sur les genoux.
00:48:53 Comme si c'était du détail.
00:48:55 Et au bout d'un moment,
00:48:56 je me suis dit, bah merde.
00:48:59 Merde en fait.
00:49:00 Ce n'est pas qu'il ne faut pas les prendre
00:49:01 parce que c'est interdit.
00:49:02 Il ne faut pas les prendre parce qu'après quoi ?
00:49:03 Ça leur donne l'habitude
00:49:05 qu'on s'occupe un petit peu d'eux.
00:49:07 Alors du coup, quand ce ne sera plus moi,
00:49:09 si le prochain ne le fait pas,
00:49:11 il ne dormira plus.
00:49:12 C'est horrible.
00:49:14 Donc je le prenais un peu.
00:49:15 Je dis, ça va, ça va aller.
00:49:17 Tac, sucette.
00:49:18 Je voyais que les yeux faisaient comme ça.
00:49:19 Je leur floutais dans son lit.
00:49:21 D'un coup, il avait un petit sursaut.
00:49:23 Tu sais, je vais te dire, tu t'en vas, tu t'en vas.
00:49:25 Je dis, non, non, non, je reste là.
00:49:26 Je m'asseyais au pied de son lit.
00:49:27 J'attendais un peu.
00:49:28 Il finissait par roupiller.
00:49:30 Il m'a touché, ce gamin.
00:49:32 Parce que je me suis dit,
00:49:34 quel est l'intérêt,
00:49:36 s'il a les jetons de dormir ?
00:49:38 Quel est l'intérêt de l'ignorer ?
00:49:40 Qu'est-ce que ça va m'amener à moi ?
00:49:42 Qu'est-ce que ça va m'amener à lui ?
00:49:44 On est en train de quoi ?
00:49:45 De le durcir, là ?
00:49:46 De l'habituer à quoi ?
00:49:48 Non.
00:49:49 C'est-à-dire qu'en fait,
00:49:50 il dormira d'autant mieux plus tard
00:49:53 qu'on a répondu à sa trouille maintenant.
00:49:55 Ce n'est pas ça,
00:49:56 d'habituer un gamin à bien dormir.
00:49:58 Ce n'est pas de lui dire, démerde-toi.
00:49:59 Ou alors, on apprend à nager au gamin
00:50:01 en les foutant dans l'eau.
00:50:02 Ça se faisait aussi.
00:50:03 Une partie se noie,
00:50:04 mais ceux qui ne se noient pas,
00:50:05 nagent.
00:50:06 Dieu qui sait nager.
00:50:08 Tu as été content pendant combien de temps
00:50:11 quand tu as appris
00:50:13 que les pilotes de ta série "Kamelott",
00:50:16 ça allait devenir quelque chose
00:50:18 qui soit à la télé publique
00:50:20 et un heure de grande écoute ?
00:50:21 Combien de temps ?
00:50:22 Je ne l'ai pas été.
00:50:23 Tu n'as pas été ?
00:50:24 Non.
00:50:25 Flippé, plutôt ?
00:50:26 Non, même pas.
00:50:27 J'ai appris qu'on était acceptés par N6
00:50:31 le jour de mes 30 ans,
00:50:33 pile-poil,
00:50:34 c'est-à-dire le 16 juin 2004.
00:50:36 Et mon fils Neil avait à peine un an,
00:50:40 et je me souviens que j'étais tout seul
00:50:41 avec lui ce jour-là.
00:50:42 Et on m'appelle, on me dit,
00:50:44 voilà, ils ont accepté, on va y aller.
00:50:46 Et en fait,
00:50:48 j'étais un peu loin de tout ça,
00:50:50 loin de Paris,
00:50:51 loin de tournages,
00:50:52 loin des prods,
00:50:53 loin des chaînes,
00:50:54 loin des trucs.
00:50:55 Et je me suis dit, allons-y,
00:50:58 mais pour moi,
00:50:59 ça a tout de suite représenté du travail.
00:51:01 C'est-à-dire, je me suis dit,
00:51:02 alors, il faut en faire 100,
00:51:05 et peut-être 200,
00:51:06 parce que la première commande,
00:51:07 c'était potentiellement deux saisons d'un coup,
00:51:09 si jamais ça marchait,
00:51:10 en tout cas, assez vite.
00:51:11 Et non, je me suis posé la question du boulot,
00:51:14 je me suis posé la question de l'organisation,
00:51:16 je me suis posé la question
00:51:18 que j'allais devoir partir aussi sûrement,
00:51:21 qui ne me rassurait pas beaucoup.
00:51:24 J'ai pas été heureux,
00:51:26 parce que déjà,
00:51:27 j'aime pas la compétition,
00:51:28 et je sais qu'on était plusieurs sur ce truc-là,
00:51:30 quand on récupère une case,
00:51:31 quelque part, on est toujours plusieurs.
00:51:32 Je trouve que la compétition dans ce domaine-là,
00:51:34 c'est comme les concours, les festivals,
00:51:35 je trouve ça très con,
00:51:36 j'en ai pas à être mieux ou moins bien que les autres,
00:51:38 et du coup, j'ai pas eu le côté,
00:51:41 j'ai niqué les autres déjà,
00:51:42 ça m'a pas niqué les autres.
00:51:44 - Mais alors, est-ce qu'il y a d'autres moments dans ta vie
00:51:45 où tu as eu une très bonne nouvelle,
00:51:47 genre les chiffres d'entrée du film de Kaamelott,
00:51:50 est-ce que tu es quand même un petit peu content,
00:51:52 ou alors non, c'est juste, voilà,
00:51:53 j'ai fait ce que j'avais à faire ?
00:51:55 T'as pas de joie professionnelle ?
00:51:58 Dans le succès de ce que tu as fait,
00:52:00 bien sûr, dans le succès,
00:52:01 la joie de la création.
00:52:03 - Qu'il ne soit pas dans la joie de la création.
00:52:05 - Oui.
00:52:06 - Dans la joie du résultat.
00:52:07 - La joie du résultat,
00:52:08 et je me demandais si ça allait marcher,
00:52:10 visiblement, les gens aiment bien, par exemple.
00:52:12 Ça provoque pas de joie ?
00:52:14 - J'ai pas l'impression, oui.
00:52:17 J'ai pas l'impression,
00:52:18 parce que je me sens pas visé, déjà,
00:52:19 et puis je trouve que ça...
00:52:23 Je trouve que quand beaucoup de gens te disent
00:52:27 "on vous fait confiance pour nous faire quelque chose de classe",
00:52:31 ce qui m'apparaît d'abord,
00:52:34 c'est qu'il va pas falloir chômer.
00:52:36 Tu vois, qu'il va falloir se creuser,
00:52:38 il va falloir aller un cran plus loin que ce que t'es,
00:52:39 il va falloir...
00:52:40 Mais non,
00:52:43 non, pour répondre à ta question,
00:52:45 et que je ne m'étais pas posé, d'ailleurs,
00:52:47 non, je peux pas dire vraiment que j'ai
00:52:50 une joie simple au succès.
00:52:53 Déjà parce que le succès non théâtral
00:52:55 est assez virtuel, quand même.
00:52:57 C'est des chiffres, c'est des trucs, bon...
00:52:59 - Et alors, au contraire,
00:53:01 est-ce que t'as eu des "ah, j'aurais aimé que ça marche mieux"
00:53:05 ou l'inverse, tu vois ?
00:53:07 - Pas plus, non.
00:53:09 - Pas plus ?
00:53:10 - Non, pas plus.
00:53:11 J'ai fait un film avec Adjani
00:53:12 qui s'appelle "David et Madame Hansen"
00:53:13 qui a pas marché en salle.
00:53:14 Le problème, c'est qu'il a été peu distribué,
00:53:16 donc du coup, tu vois, je recevais des messages
00:53:19 qui me disaient "on aimerait bien voir ton film,
00:53:21 mais il faut faire 200 bornes en bagnole",
00:53:23 donc voilà, parce que le studio
00:53:25 y avait pas cru, tout ça.
00:53:26 Donc oui, j'ai été un peu déçu,
00:53:29 mais j'avoue que sur le boulot que j'ai déjà fait,
00:53:31 ça m'appartient plus, quoi.
00:53:34 Je veux dire, j'ai quand même eu
00:53:36 plus de salles pleines que vides,
00:53:37 je touche du bois, mais je veux dire,
00:53:39 c'est fait, quoi, c'est fini.
00:53:41 Donc j'y peux plus grand-chose, déjà,
00:53:43 et je peux pas me permettre vraiment
00:53:45 de souffrir ou de m'enorgueillir de choses
00:53:47 qui sont pas dans mes mains, en fait.
00:53:49 On termine toujours par un certain nombre
00:53:51 de questions en vrac.
00:53:52 Oui, parce que là, ça ne les intéressait pas.
00:53:54 Et ça fait plusieurs fois que je dis ça,
00:53:56 et je me dis "mais en fait, c'était déjà du vrac".
00:53:58 C'était rangé !
00:53:59 Non, il y avait une petite chronologie.
00:54:01 Même s'il y a eu des pas de côté,
00:54:02 il y a une petite chronologie.
00:54:03 La vie, finalement, c'est une chronologie.
00:54:05 Est-ce qu'il y a une chose
00:54:07 qu'un jour, t'as vu changer dans ton corps
00:54:09 et tu t'es dit "tiens,
00:54:11 ah ouais, ma jeunesse commence à s'envoler" ?
00:54:15 Oui, je suis obligé de reparler d'aïkido.
00:54:18 Si tu veux, on a une esquive en aïkido
00:54:22 qui consiste à, quand tu subis
00:54:25 une contrainte articulaire très fort,
00:54:27 si tu veux pas que ça lâche,
00:54:28 il faut sauter.
00:54:29 Il faut me passer les jambes de l'autre côté
00:54:31 parce que, en fait,
00:54:32 puisque c'est pas le poignet qui va tourner,
00:54:34 il faut que ce soit ton corps
00:54:35 qui tourne autour du poignet.
00:54:36 Tu te dépêches de décoller
00:54:37 et de faire un truc,
00:54:39 alors c'est pas la peine que ce soit spectaculaire,
00:54:41 mais il faut quand même
00:54:43 revriller ton poignet dans l'autre sens.
00:54:46 Et j'avais jamais eu de problème avec ça.
00:54:50 Et là, il y a pas très longtemps,
00:54:52 j'ai fait une belle esquive,
00:54:54 le bruit à l'atterrissage
00:54:56 a été plutôt de l'ordre de "blafouf"
00:54:58 et putain, j'ai eu un mal de genou,
00:55:00 puis j'ai fini comme ça,
00:55:02 j'ai dit "peut-être que t'as plus 17 ans, gros,
00:55:04 peut-être que t'as plus 17 ans,
00:55:06 et qu'il faut que tu te ménages".
00:55:09 Est-ce qu'il t'arrive de souffrir
00:55:11 pour des choses où c'est pas considéré
00:55:13 comme habituel de souffrir ?
00:55:15 Ce qui est une définition assez classique
00:55:18 de la névrose, en fait.
00:55:19 Donc pas habituel pour les autres,
00:55:20 ou pas habituel pour le standard ?
00:55:22 Pas habituel pour le standard.
00:55:23 C'est-à-dire, oui, je sais pas, par exemple,
00:55:25 il y a des gens, moi j'aime pas trop
00:55:27 qu'il y ait un gros chien qui m'aboit dessus,
00:55:29 mais il y a des gens, ça les détruit,
00:55:32 tu vois, intérieurement.
00:55:33 Est-ce que t'as des petits trucs comme ça ?
00:55:34 Genre "ah tiens, le commandé mortel
00:55:36 est pas très sensible à ça, moi,
00:55:37 ça me fait très mal".
00:55:39 Il y a un truc, oui.
00:55:41 Il y a un truc, c'est les gens
00:55:42 qui sont fiers de ne pas savoir.
00:55:44 [Rires]
00:55:46 Je vois tellement.
00:55:47 Je comprends pas ça.
00:55:49 Quelqu'un, par exemple, qui dit...
00:55:51 "Ah bah alors ça, moi je connais pas,
00:55:53 ah non, ça j'ai jamais regardé".
00:55:55 [Rires]
00:55:57 Non mais d'accord, mais ne le dis pas fort, du coup.
00:55:59 Mais il y a pas de fierté à pas savoir,
00:56:01 c'est pas possible, c'est pas...
00:56:03 Il y a un auteur qui dit ça très bien, d'ailleurs,
00:56:05 c'est à propos de Trump et de la trumpisation
00:56:07 du monde, qui dit
00:56:09 d'un coup, c'est la glorification
00:56:11 de la médiocrité, c'est-à-dire qu'on a le droit
00:56:13 d'être médiocre. Je sais plus qui c'est
00:56:15 qui disait, tu sais, chez Barthez,
00:56:17 dans le petit générique
00:56:19 où il y a un mec qui dit "chauffe au fioul".
00:56:21 Tu vois, un mec qui dit que des trucs.
00:56:23 Ne sois pas fier de ça.
00:56:25 "Chauffe-toi au fioul", mais gentiment.
00:56:27 [Rires]
00:56:29 Dis-le discrètement.
00:56:31 On est pas en train de trouver des fautifs, des machins,
00:56:33 des trucs, mais ne sois pas...
00:56:35 "Mais c'est trop sexuel !"
00:56:37 Ça arrive des fois tout bêtement
00:56:39 quand tu croises, je sais pas, deux personnes
00:56:41 dans la rue, et moi ça m'arrive en tout cas,
00:56:43 et il y en a une qui te reconnaît
00:56:45 et l'autre pas, et ils viennent te parler
00:56:47 et l'autre dit genre "alors là, je sais pas
00:56:49 du tout qui c'est lui".
00:56:51 Et t'as rien contre lui.
00:56:53 Alors l'autre jour, chez la pâtissière, je me recherchais
00:56:55 des gâteaux d'anniversaire pour mes filles, donc comme quoi
00:56:57 on s'y retrouve, tout est connecté.
00:56:59 La pâtissière me prend en photo, elle est très gentille,
00:57:01 c'est pour mon mari. Mon mari adore,
00:57:03 il voit tous les DVD et tous les machins.
00:57:05 Moi, c'est pas ma tasse de thé.
00:57:07 Ça m'a pas tiré,
00:57:09 jamais tiré un sourire, ce truc.
00:57:11 Vraiment, c'est pas mon truc.
00:57:13 Mais bon, ça lui fera plaisir.
00:57:15 J'ai apprécié cette honnêteté,
00:57:17 parce qu'on était tout seul dans le magasin.
00:57:19 En revanche, ça m'a rappelé quelque chose,
00:57:21 c'est que les gens qui font pas ce métier,
00:57:23 ils croient pas te blesser.
00:57:25 Ils pensent pas te blesser, c'est juste un truc
00:57:27 qu'ils aiment, ils aiment pas, mais t'as envie de dire
00:57:29 "J'ai mis beaucoup de choses à moi quand même là-dedans,
00:57:31 si t'aimes pas,
00:57:33 si t'aimes pas, c'est d'accord, mais c'est très personnel."
00:57:35 Oui, c'est pas exactement superposable à moi,
00:57:37 mais peut-être qu'on est pas superposable.
00:57:39 Je suis pas loin, quoi.
00:57:41 Bon, voilà.
00:57:43 Combien de fois par jour tu penses à la mort ?
00:57:45 J'ai peur que ce soit plus d'une.
00:57:49 J'ai peur que ce soit plus d'une, ouais.
00:57:51 Y a des gens qui disent
00:57:53 c'est une pensée sur trois, au bout d'un certain temps.
00:57:55 Parce que oui, ils font une catégorisation
00:57:57 qui fait que ça se rapporte à ça.
00:57:59 Euh...
00:58:01 Mais ça me plaît assez, en fait, ce compte à rebours.
00:58:03 J'ai rien contre.
00:58:05 J'ai l'impression...
00:58:07 Pas de terreur ?
00:58:09 Non, on est sur un quai de gare avec un ticket,
00:58:11 j'ai l'impression.
00:58:13 Généralement, quand le train arrive, y a plutôt des
00:58:15 personnes âgées qui montent dedans.
00:58:17 Mais en tout cas, sur ton ticket, tu sais pas...
00:58:19 Et des fois, c'est quand même le tien.
00:58:21 Et des fois, y a même des enfants qui montent dedans,
00:58:23 et les gens sont un peu horrifiés.
00:58:25 Mais quand même, on est tous sur le quai.
00:58:27 C'est quand même quelque chose où, de toute façon,
00:58:29 ton ticket, y a un des trains
00:58:31 qui va se pointer, c'est le tien.
00:58:33 Et en fait, on peut y trouver du calme.
00:58:35 Je pense qu'on peut y trouver du calme.
00:58:37 Après, il faut...
00:58:39 Faut essayer de pas trop glander,
00:58:41 pas trop faire des trucs qui servent à rien.
00:58:43 Faut rentrer chez soi, comme on disait.
00:58:45 Le travail terminé, faut rentrer chez soi,
00:58:47 parce que c'est quand même là que se passent les trucs intéressants.
00:58:49 Moi, j'essaie de penser des fois
00:58:51 un peu coupable envers les gens qui sont plus jeunes que moi.
00:58:53 Ils disent "Ah ouais, mais ils vont mourir plus tard."
00:58:55 Statistiquement.
00:58:57 Mais d'un autre côté, moi, je suis sûr
00:58:59 d'être arrivé à l'âge que j'ai,
00:59:01 alors que eux, peut-être que quand ils auront mon âge,
00:59:03 ils seront décédés.
00:59:05 Je me rassure comme ça.
00:59:07 C'est ça.
00:59:09 - Non, mais par contre,
00:59:11 est-ce que t'as déjà pensé à ce que tu te dirais
00:59:13 si jamais y a eu une période de ta vie
00:59:15 où tu te dis "J'ai tout mon temps,
00:59:17 et j'ai vraiment tout mon temps, je suis éternel."
00:59:19 Et si tu pouvais te parler à ce mec-là,
00:59:21 tu lui dirais quoi ?
00:59:23 - Ah mais c'est central
00:59:25 dans mon existence de maintenant.
00:59:27 Je lui dirais "Putain, mais tellement pas !
00:59:29 Mais tellement pas !
00:59:31 Qu'est-ce que tu vas aller à la soirée de merde
00:59:33 au lieu de rester à lire
00:59:35 des livres chez toi ?"
00:59:37 - Avec, on va pas se mentir, quand même, beaucoup de cons,
00:59:39 une grande majorité de cons à la soirée.
00:59:41 - Mais complètement.
00:59:43 Après, le fait, moi, d'avoir fait beaucoup de merde
00:59:45 comme ça, d'avoir perdu du temps,
00:59:47 ça fait que maintenant, je suis beaucoup plus serré.
00:59:49 - Ça, c'est bien.
00:59:51 - Moi, je trouve que je me suis trop inquiété.
00:59:53 - Oui. Et donc maintenant, peut-être ?
00:59:55 - Oui, mais j'aimerais bien revenir en arrière
00:59:57 en disant "Tu sais, là, tu vas t'inquiéter pour des trucs,
00:59:59 et en fait, il n'y aura pas matière."
01:00:01 - Oui. - Donc, imagine ce que tu perds
01:00:03 comme énergie.
01:00:05 - Tu t'es déjà battu ?
01:00:07 - En dehors des moments où c'est prévu ?
01:00:11 - Oui, quand c'est pas l'activité.
01:00:13 - Oui, effectivement. En dehors de l'aïkido.
01:00:15 Je me suis battu à l'école une fois, oui.
01:00:17 - Oui.
01:00:19 - Contre Alexandre Kikreze.
01:00:21 - Je me souviens très bien.
01:00:23 Tu as gagné ? - Oui.
01:00:25 - D'accord. - T'étais en CE2.
01:00:27 - Et toi, t'étais en première.
01:00:29 - J'étais en première,
01:00:31 et on était 16.
01:00:33 - Non, non, non. Oui, oui, j'ai gagné.
01:00:35 - Pourquoi tu t'es battu ?
01:00:37 - Je me souviens plus. Il me branchait parce que j'étais plus petit.
01:00:39 - Oui. - Je n'ai jamais été très grand,
01:00:41 et j'étais plus petit, et il pensait
01:00:43 que ce serait peut-être plus facile.
01:00:45 J'ai quand même gagné.
01:00:47 - Pas mal.
01:00:49 Qu'est-ce que tu penses de ton propre visage ?
01:00:51 - Qu'est-ce que je pense
01:00:55 de mon propre visage ?
01:00:57 Je dirais que...
01:00:59 Il y a un truc que j'aime beaucoup.
01:01:03 C'est que je suis
01:01:05 quand même assez expressif.
01:01:07 Je le regrette parce que je pense qu'un des plus grands acteurs du monde,
01:01:09 c'est Philip Seymour Hoffman, et qu'il doit beaucoup
01:01:11 à son grand talent, au fait d'être
01:01:13 assez figé, au contraire, assez dans la cire,
01:01:15 presque, et ses émotions transparaissent à travers
01:01:17 des petits troncs comme ça, absolument indicibles.
01:01:19 J'envis beaucoup
01:01:21 cet homme-là parce que je me trouve beaucoup plus expressif.
01:01:23 Mais ça a une qualité.
01:01:25 C'est que l'été,
01:01:27 si tu te marres beaucoup, tu fais comme ça.
01:01:29 L'hiver, tu dégages le truc, et là,
01:01:31 tu as des traits blancs qui n'ont pas bronzé,
01:01:33 parce que tu as serré comme ça.
01:01:35 On les "pattes d'oies", je crois qu'on appelle ça. - Oui, les pattes d'oies.
01:01:37 - Et ce maquillage
01:01:39 naturel d'un mec qui s'exprime
01:01:41 beaucoup, ça me plaît
01:01:43 beaucoup. Je ne sais pas si ça répond à ta question.
01:01:45 - Non, si, un peu, oui.
01:01:47 C'est vrai que tu as un visage mobile.
01:01:49 Et qu'est-ce que tu penses de ta voix ?
01:01:51 - Je la préfère maintenant qu'avant.
01:01:55 Je me rends compte qu'elle a changé.
01:01:57 Elle est plus grave.
01:01:59 - Que quand tu avais 15 ans ou que quand tu avais...
01:02:01 - Que quand j'en avais 30.
01:02:03 Et j'aime bien
01:02:05 quand je commence à avoir une petite rhinopharyngite,
01:02:07 parce que j'arrive à choper le "ré" d'en bas.
01:02:09 Là, je m'arrête au
01:02:11 "mi" "fa".
01:02:13 Mais quand j'ai un truc qui détend les trucs,
01:02:15 je peux même taper le "do" "dièse"
01:02:17 du bas.
01:02:19 Et j'en joue.
01:02:21 - Oui, très bien.
01:02:23 Quelle mort violente
01:02:25 est-ce que tu choisirais ?
01:02:27 - Quelle mort violente est-ce que je choisirais ?
01:02:29 Quelle mort violente est-ce que je choisirais ? Pour la symbolique,
01:02:35 parce que je pense qu'elle est loin d'être moins
01:02:37 douloureuse que les autres, mais pour la symbolique,
01:02:39 je trouve que c'est assez classe.
01:02:41 Pas celle du mec qui s'étouffe dans un restaurant avec un morceau de
01:02:43 bœuf, parce que je vois pas quoi en foutre,
01:02:45 mais la foudre.
01:02:47 - Qui est rarement mortelle,
01:02:49 une fois sur dix seulement.
01:02:51 - Oui, c'est vrai.
01:02:53 - Alors si t'as le tatouage,
01:02:55 c'est superbe ça. C'est nerveur,
01:02:57 là, je veux.
01:02:59 - Le dessin, en quoi d'ailleurs ? En sang coagulé ?
01:03:01 Je sais pas, en bleu ?
01:03:03 - C'est un phénomène physique
01:03:05 un peu chelou qui fait que t'as, oui,
01:03:07 des nervures de feuilles, quoi, en fait.
01:03:09 C'est très très beau.
01:03:11 Est-ce qu'il y a des gens auxquels
01:03:13 t'aimerais demander pardon,
01:03:15 et tu as pas demandé pardon ?
01:03:17 Ou t'as toujours été exemplaire ?
01:03:19 T'as l'air un peu exemplaire.
01:03:21 C'est-à-dire, on se dit, t'as pas dû
01:03:23 trop déconner. - Alors, certainement pas,
01:03:25 mais par contre, est-ce que je peux demander pardon
01:03:27 à des gens ? À qui est-ce que j'aurais demandé pardon ?
01:03:29 C'est vrai que c'est une belle
01:03:31 tribune pour le faire. Comment est-ce qu'on pourrait...
01:03:33 Attendez, quel reflet... - Et ça peut être
01:03:35 Alexandre auquel t'as cassé la gueule.
01:03:37 Ou peut-être lui méritait que sa gueule soit cassée.
01:03:39 - Non mais il m'a fait chier ! Attends, tu rigoles ou quoi ?
01:03:41 Non...
01:03:43 Si, alors je relis ça à une autre histoire de bagarre
01:03:45 très très vite, en fait.
01:03:47 La veille de la naissance d'Ariane,
01:03:49 c'était donc le 14 décembre
01:03:51 2000,
01:03:53 ma femme était enceinte, mais elle me dit "ça va".
01:03:55 Alors du coup, je descends et je vais pratiquer
01:03:57 - c'était du kung-fu à ce moment-là -
01:03:59 avec la tête un peu ailleurs quand même,
01:04:01 parce que je me dis "merde, c'était pas très loin de chez moi, il suffirait que..."
01:04:03 Et la tête tellement ailleurs
01:04:05 qu'en fait, je me bagarre contre un gars et je sens qu'un pied
01:04:07 se lève de son côté, je sens qu'un pied
01:04:09 se lève et arrive.
01:04:11 Et j'étais pas vraiment là, et donc du coup,
01:04:13 quand le pied se lève dans ma tête, ça fait "oh,
01:04:15 celui-là, il va falloir faire attention
01:04:17 parce que tu n'étais pas à ce que tu faisais là".
01:04:19 Et le pied est déjà en l'air. Et du coup,
01:04:21 je fais ce qu'on appelle une esquive
01:04:23 en lançant ma tête en avant, pour que le pied passe par-dessus.
01:04:25 Le problème, c'est que je lance mon pied en avant
01:04:27 sur le pied du mec, c'est-à-dire qu'en gros,
01:04:29 le mec met toutes ses forces dans un coup de pied, et moi je mets
01:04:31 toutes mes forces d'esquive dans son pied.
01:04:33 Donc je me fais exploser la tronche,
01:04:35 exploser la tronche, je pissais le sang,
01:04:37 le machin, le truc. Je remonte
01:04:39 comme ça chez moi. Deux heures après,
01:04:41 ma femme me dit "il faut qu'on y aille,
01:04:43 donc on va à l'hosto".
01:04:45 A l'hosto, donc pendant qu'elle avait ses contractions, elle me disait
01:04:47 "mais va dans l'hôpital, va te faire... on est dans un hôpital,
01:04:49 va te faire soigner la tronche parce que...
01:04:51 moi, j'ai dit "non, il faudra faire le parfait, machin, etc."
01:04:53 Et je me souviens
01:04:55 du type qui m'a donné le coup de pied.
01:04:57 Le type qui m'a donné le coup de pied
01:04:59 quasiment en larmes, en se disant
01:05:01 "non mais je veux pas faire ça, sous-entendu, j'arrête
01:05:03 le kung-fu, parce que je fais ce que je veux,
01:05:05 je veux pas taper des gens, en fait."
01:05:07 Donc je voudrais dire à ce mec-là
01:05:09 que ça s'est bien fini.
01:05:11 J'ai eu ma fille, elle va très bien, elle a 23 ans
01:05:13 maintenant. Effectivement, il m'a éclaté
01:05:15 la gueule.
01:05:17 Mais j'espère qu'il a continué le kung-fu
01:05:19 parce que c'est un bel art
01:05:21 et tout va très bien.
01:05:23 - Alexandre, merci beaucoup. - Merci beaucoup,
01:05:25 monsieur Castello-Lapez. - C'était un super moment.
01:05:27 Bon bah cet épisode, il est fini.
01:05:29 Il va y avoir plein d'autres épisodes
01:05:31 et si vous voulez être sûr d'en manquer
01:05:33 aucun, et bien cliquez.
01:05:35 Cliquez sur le bouton qui permet de vous abonner
01:05:37 à Smalltalk. Après je sais que
01:05:39 s'abonner, c'est un choix personnel, donc je vais pas vous forcer
01:05:41 mais si j'étais vous, je le ferais.
01:05:43 C'est tout ce que je dis. À dans deux semaines.
01:05:45 Parce que c'est tous les 15 jours.
01:05:47 OK ?
01:05:49 - Comini, comini, comini.
01:05:51 - Je suis sorti du métro et en fait
01:05:53 j'avais un peu la nausée et je me suis
01:05:55 imaginé vomir pendant l'interview
01:05:57 avec
01:05:59 Alexandre Astier. Et je vous ai imaginé
01:06:01 déraker au moment où je vomissais
01:06:03 parce qu'on peut pas filmer quand il vomit
01:06:05 et vous en vouloir
01:06:07 en même temps que je vomissais
01:06:09 d'avoir déraker. Donc si je
01:06:11 vomis,
01:06:13 vous dérakez pas. OK ? Merci.

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