• il y a 9 mois
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À l'occasion du vendredi thématique "Comment faire fructifier son épargne", Baptiste Morin s'intéresse à la façon d'épargner qui évoluent selon les pays.
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Transcription
00:00 - Et d'abord la chronique de l'étranger, vendredi thématique sur Europe 1,
00:03 où placer votre argent en 2024 ?
00:06 C'est avec le magazine Capital, on va se pencher toute la journée
00:09 sur nos comportements d'épargne et ceux de nos voisins.
00:11 Pourquoi les Français, par exemple, sont-ils si attachés au livret A ?
00:15 Pourquoi les Américains ont-ils davantage que nous le goût du risque ?
00:17 Bonjour Baptiste Morin. - Bonjour Dimitri.
00:19 - Baptiste, vous nous dites que d'abord l'épargne, c'est une affaire culturelle.
00:23 - Oui Dimitri, le placement le plus populaire en France,
00:26 vous l'avez dit, c'est le livret A, 8 Français sur 10 en montant.
00:29 Le placement qui compte le plus en valeur en revanche, c'est l'assurance vie.
00:32 Près de 2 000 milliards d'euros y sont placés actuellement.
00:35 Eh bien, le livret A comme l'assurance vie, ils existent depuis plus de 200 ans.
00:41 Ils ont vu le jour dans une France qui n'avait rien à voir,
00:44 une France rurale, paysanne, et ils existent encore aujourd'hui
00:48 dans une France qui n'a plus grand-chose à voir, qui est très urbaine.
00:50 Autrement dit, nous avons gardé nos gènes de terriens,
00:54 nous sommes restés cet épargnant prudent.
00:56 Les Allemands nous ressemblent beaucoup.
00:59 Ils ont une spécificité, les Allemands, c'est le cash.
01:02 Vous le savez, chaque Allemand garde en moyenne 2 200 euros chez lui,
01:07 en liquide, bien caché.
01:08 - Sous le matelas généralement.
01:09 - Sous le matelas généralement ou au-dessus de l'armoire, ça dépend.
01:12 Et l'explication selon l'économiste spécialiste de l'épargne, Philippe Crevel,
01:16 eh bien, ce sont les traumatismes du siècle passé.
01:19 - Il y a une préférence pour la liquidité très marquée en Allemagne,
01:23 liée à tout ce qui s'est passé dans les années 20, dans les années 30.
01:26 À la faillite des banques, l'hyperinflation,
01:29 et donc ce fait de se prémunir d'une éventuelle faillite bancaire
01:32 en conservant des liquidités à la maison.
01:36 - Il y a cette image connue des brouettes de billets
01:40 qu'il fallait amener pour acheter simplement du pain.
01:42 Et ailleurs en Europe, Baptiste,
01:45 est-ce qu'on observe des comportements un peu différents
01:47 d'autres héritages culturels ?
01:48 - Oui, il y a une différence assez nette entre Europe continentale,
01:51 c'est-à-dire nous, les Allemands, les Espagnols, les Italiens,
01:54 et puis l'Europe du Nord.
01:55 Dans le Nord, c'est la culture commerçante qui domine.
01:58 Chez les Flamands, donc pas très loin de chez nous,
02:00 chez les Hollandais, en Grande-Bretagne, en Suède,
02:03 ces peuples-là, ils ont bien plus le goût du risque
02:06 et les placements en action, ils sont bien plus importants.
02:08 - Alors si je vous suis, Baptiste, et si nous traversons l'Atlantique,
02:12 les Américains, alors eux, en termes d'investissement,
02:14 ils ont plutôt une culture de pionniers.
02:17 Ils sont proches de cette culture du risque.
02:19 - Totalement. Rendez-vous compte, un Français sur dix
02:22 détient des actions aux États-Unis, un Américain sur deux,
02:25 cinq fois plus.
02:26 Les Américains placent et ils encaissent leurs gains
02:30 dès qu'ils le peuvent, à tel point que Philippe Crevel
02:32 explique que là-bas, aux États-Unis, un lien a été établi
02:36 et il est très entretenu entre la bourse d'un côté
02:40 et la consommation.
02:41 - Quand la bourse augmente aux États-Unis,
02:43 cela va avoir une influence sur le niveau de la consommation.
02:46 Et c'est vrai que les Américains sont plus joueurs,
02:48 c'est le nouveau monde.
02:49 Les Américains sont, en règle générale, plus confiants
02:52 sur ce qui peut se passer demain ou après-demain.
02:53 - Intéressant. Et en Asie, alors, culture patrimoniale
02:56 à la française ou plutôt goût du risque à l'américaine ?
02:59 - Patrimonial. Dans les deux cas que je vais vous donner,
03:01 les ménages japonais et les ménages chinois
03:04 épargnent pour constituer leur retraite,
03:07 mais avec des particularités.
03:08 Si vous allez au Japon, l'épargne, ce sont en grande partie
03:11 des obligations d'État.
03:12 90% de la dette japonaise est détenue par les Japonais.
03:16 Et cette dette, elle est faramineuse.
03:18 En Chine, c'est différent. Le taux d'épargne est spectaculaire.
03:21 40% du revenu des Chinois est épargné.
03:23 C'est deux fois plus qu'en France, on est autour de 18%.
03:26 - Et les Américains ?
03:27 - Les Américains, c'est à 2%. C'est ridicule.
03:29 Les Américains, ils mettent très peu et après, ils placent
03:32 et ils flambent, on vient de le dire.
03:33 Les Chinois, 40% du revenu.
03:35 Et alors, entre une bourse très volatile où vous pouvez
03:37 tout perdre du jour au lendemain et puis les interdictions
03:40 d'investir à l'étranger, nous ne sommes pas dans un pays démocratique.
03:43 Eh bien, les Chinois n'ont pas vraiment d'autre choix
03:45 que d'investir dans l'immobilier.
03:47 Je vous laisse donc imaginer les conséquences
03:50 de la crise immobilière qui frappe actuellement la Chine.
03:53 - Passionnant. Merci beaucoup Baptiste Morin,
03:55 le chef du service économie d'Europe 1.
03:56 Dans le journal de 8h, on parlera des crypto-monnaies, du bitcoin.
04:00 C'est en train de devenir aux Etats-Unis, figurez-vous,
04:02 un placement retraite absolument comme les autres.
04:04 Il est 7h47.
04:05 de la France.

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