L'interview d'actualité - Richard Dacoury

  • il y a 8 mois
Marie Portolano reçoit Richard Dacoury, légende du basketball et ancien joueur du CSP Limoges. Il part visiter le camp de concentration d'Auschwitz Birkenau avec une trentaine d'autres sportifs, un voyage organisé en collaboration avec Pierre Fraidenraich, le président de la commission "sports" du Crif. 

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Transcript
00:00 Il est 8h13, à jamais les premiers, amis marseillais, désolé, c'est pas vous, c'est le CSP Limoges, grâce à un garçon qui s'appelle Richard Dacory, légende du basket, Richard,
00:08 et qui est votre invité d'actualité parce qu'il va partir à Auschwitz. C'est surprenant, mais c'est un voyage aussi utile qu'inattendu.
00:14 Bonjour et bienvenue à vous, cher légende.
00:16 Bonjour.
00:17 Bonjour, Richard Dacory, merci d'être avec nous ce matin.
00:20 Alors, vous êtes ici, pas pour parler de votre palmarès incroyable. Thomas Soto me disait tout à l'heure que c'est ses premières émotions sportives grâce à vous, donc quand même.
00:28 C'est vrai.
00:29 Donc incroyable. Et vous partez dimanche avec une trentaine de sportifs visiter le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau.
00:35 Cette idée vient de vous, Richard Dacory, en collaboration avec Pierre Fredenreich, le président de la commission Sport du Krief.
00:41 Exactement.
00:42 Pourquoi ? Pourquoi ce voyage ? Racontez-nous.
00:44 L'origine de ce voyage, elle est simple, c'est que, bon, je veux savoir que Pierre Fredenreich, le patron de la commission Sport du Krief, est un très bon ami.
00:52 À la suite de… j'avais été voir le film Simone, vous savez, sur Simone Veil, qui m'avait profondément ému.
00:59 J'ai été submergé par l'émotion, par ce parcours et ces images avec sa famille dans le camp de concentration.
01:05 Et en en discutant avec Pierre, on m'avait dit, tu sais que le Krief organise chaque année, avec différentes personnalités, un voyage justement à Auschwitz-Birkenau.
01:13 Et pourquoi pas cette année, avec la perspective des Jeux olympiques, pourquoi pas organiser un voyage avec des sportifs en utilisant…
01:18 en profitant de la notoriété des sportifs pour parler justement d'un sujet qui est hyper important et dont il ne faut absolument pas oublier.
01:26 Ah justement, c'est pour ça, c'est pour ça que vous avez choisi de partir avec des sportifs.
01:29 Exactement. On se dit que le monde du sport doit aussi se fédérer, se rassembler pour porter des idées, des convictions fortes.
01:38 Et celle-ci, elle m'appartient un tout petit peu, mais elle est partagée avec, bien sûr, beaucoup d'autres sportifs.
01:43 Donc on a pris notre téléphone, on a pris notre carré d'adresse, on a fait le tour un petit peu de tous nos amis.
01:49 Alors vous portez avec qui ?
01:50 Écoutez, déjà ce qui est important de dire, c'est que c'est véritablement un voyage humaniste.
01:55 Ce n'est vraiment pas un voyage politique. Le message est très clair. C'est un voyage humaniste et pédagogique.
02:01 Moi, je considère qu'aujourd'hui, la société est en train de glisser vers une sorte de banalisation de toutes les formes de racisme.
02:08 La discrimination.
02:09 La discrimination, les différentes violences. Donc il faut absolument dire stop.
02:13 C'est ce qu'on dénonce au travers de ce voyage. Bien sûr, on va lutter contre l'antisémitisme en Allemagne, en Auschwitz,
02:18 en allant se confronter à l'atrocité que représentait la Shoah et ce qu'ont vécu toutes ces 5 millions de victimes.
02:26 Et ces sportifs, vous les avez appelés ?
02:28 On les a appelés.
02:29 Qu'est-ce qui s'est passé ? Vous les avez convaincus ? Ils ont tout de suite accepté ? Comment ça s'est passé ?
02:33 Pour beaucoup, ils ont tout de suite accepté. Il faut aussi vous dire que cette décision avait été prise bien avant les événements du 7 octobre.
02:39 Oui, vous deviez partir fin novembre.
02:40 Exactement. Et à la suite de ce qui s'est passé, donc les atrocités du 7 octobre, on a décidé de repousser ce voyage
02:46 pour permettre à certains de prendre un peu de distance par rapport à la politisation de ce sujet.
02:51 Est-ce qu'il y a des sportifs qui ont décliné leur venue suite aux attentats ?
02:54 Un petit peu, oui.
02:55 Vous croyez qu'ils ont eu peur d'être politisés, c'est ça ?
02:58 Exactement. Moi, j'ai vraiment eu peur de cela. Je voulais vraiment que le message humaniste dont je vous parle ne soit pas occulté par cette politisation.
03:05 Nous, on est vraiment sur cette dimension-là. Il faut absolument qu'on se souvienne, il faut se souvenir justement de ces victimes,
03:10 de ce qui s'est passé pour ne pas que ça se reproduise.
03:12 Quand on voit ce qui se passe aujourd'hui dans le monde, partout dans le monde, hélas,
03:15 on se rend compte qu'on banalise des choses qui ne doivent absolument plus se reproduire.
03:18 Donc, il faut, avec nos petits bras musclés, il faut se lever, dire stop, essayer tous ensemble.
03:23 Moi, c'est une petite action avec d'autres qui essayons de changer un petit peu la face des choses,
03:29 de se dire, voilà, notre avenir, l'avenir de nos enfants, on l'imagine beaucoup meilleur et beaucoup plus humilieux.
03:36 Et je ne veux surtout pas qu'on retombe dans cet obscurantisme et ces atrocités qu'on a pu subir par le passé.
03:41 Vous trouvez qu'aujourd'hui, les sportifs ne s'engagent pas assez en matière de discrimination ? C'est aussi l'idée de ce voyage ?
03:48 Il y a eu plein d'exemples. On se souvient tous de Black Lives Matter.
03:53 Oui, à l'NBA, en grève, suite au meurtre de Georges Floyd.
03:56 Même en France, il y a beaucoup de choses faites contre le racisme, contre l'homophobie.
04:00 Il y a des actions…
04:02 Et ce n'est pas assez ?
04:03 Ce n'est jamais assez. Je crois qu'il y a trop d'exemples autour de nous.
04:06 Ce n'est absolument jamais assez.
04:08 Tous les initiatives comme les nôtres sont belles, pour moi, quelles qu'elles soient.
04:12 Il n'y a pas de grande ou petite initiative. Nous, c'est une petite initiative.
04:15 On va essayer de faire avancer les choses. Le fait qu'on soit là aujourd'hui, c'est déjà quelque chose de hyper positif.
04:19 Je vous en remercie parce qu'on va parler de ces sujets-là.
04:22 L'important, c'est qu'on réouvre le dialogue, qu'on puisse parler en s'écoutant, en s'entendant de ces sujets-là
04:28 et essayer de confronter nos avis. Je comprends qu'il y ait des personnes qui soient plus ou moins hostiles, etc.
04:33 Mais pourtant, il faut initier le dialogue et tenter de faire évoluer un peu les mentalités.
04:37 Il y a des sportifs qui ont refusé. Je ne veux pas savoir les noms, mais je veux juste savoir si vous avez dû convaincre certaines personnes de venir.
04:44 Je n'ai pas essayé de les convaincre. Je les ai appelés. J'ai attendu leur réaction.
04:47 Pour beaucoup, ça a été un oui immédiat. Pour d'autres, ils ont réfléchi.
04:50 Pour x ou y raison, un problème d'agenda et autre, un problème d'image aussi.
04:53 Pour certains, c'est compliqué. Ils sont très exposés avec les réseaux sociaux et les médias.
04:57 Ils ont des communautés qui sont assez tranchées dans leurs convictions.
05:00 Donc, il faut ménager un peu tout cela. Je les comprends. Je ne les critique pas. Je ne les dénonce pas.
05:04 C'est leur choix le plus strict. Nous, ce qu'on veut, c'est vraiment se concentrer sur ceux qui vont venir,
05:09 ceux qui vont porter ce message et qui vont essayer de faire avancer les choses avec beaucoup de conviction.
05:16 C'est ce qui est important.
05:17 Vous, vous n'êtes pas de confession juive, mais vous avez quand même une histoire personnelle liée à la Seconde Guerre mondiale.
05:21 Oui. Ce n'est pas franchement le sujet aujourd'hui, mais c'est vrai que j'ai un grand-père qui était colonel dans l'armée
05:29 et qui a été, lui aussi, exécuté par les nazis.
05:34 C'est quelque chose qui…
05:35 Oui, donc c'est en lien quand même. Je veux dire, ce n'est pas aussi vite.
05:37 Oui, c'est clair. Comme toute guerre, il y a eu des victimes. Dans ma famille, il y a eu des victimes de cette guerre.
05:42 Mais voilà, aujourd'hui, c'est à la fois la lutte contre l'antisémitisme, contre tous les racismes…
05:48 Contre l'obscurantisme.
05:49 Contre l'obscurantisme. Cette étroitesse d'esprit qui est en train de nous étouffer aujourd'hui.
05:54 C'est ça le message, en fait.
05:55 Pour moi, c'est ça. Absolument, c'est ça le message. Et bien évidemment, on n'oublie pas ceux qui ont souffert,
05:58 toutes les victimes de la Shoah, anonymes, dont on ne parle plus et qu'il faut absolument ne pas oublier.
06:04 Alors, c'est une très, très belle initiative. Bravo à vous. J'ai juste une petite question sportive, si vous me permettez.
06:08 Ah, un petit peu de sport.
06:09 Oui, parce que vous êtes quand même un des plus grands sportifs français.
06:12 Quatre Coupes d'Europe, sept Coupes de France, neuf fois champion de France avec l'IMOGE et aussi avec le PSG.
06:17 On est à 197 jours des Jeux. On va faire des médailles ?
06:20 En tout cas, je crois et de vois, je le souhaite. En tout cas, dans le basket, on a une petite pépite dont on parle énormément.
06:26 On reste à un gros échec au dernier match de Paris-Roumanes, mais pour autant, le potentiel est là.
06:30 Oui, j'espère qu'on fera au moins aussi bien qu'au Japon. On s'était battu par les Américains.
06:36 On a le potentiel. Donc, oui, on va faire des médailles. Les sports courts vont faire des médailles.
06:40 On est bien en sport.
06:41 On a une belle équipe de sport. On a été bien au Japon.
06:43 Vous savez, en sport, la vérité d'un jour n'est pas celle du lendemain. Il faut toujours se remettre en cause.
06:48 Et c'est aussi la qualité des grands champions. Mais bon, je veux croire qu'ils seront prêts.
06:53 En tout cas, c'est à Paris. Ils sont supportés par tous les Français. Thomas Soto sera là.
06:57 Évidemment, et on sera là pour les Jeux olympiques, parce que c'est sur France Télévision.
07:01 Merci Richard Dacauri, bravo à vous et à Pierre Ferdinand Reich pour cette initiative.
07:05 Merci au Créve d'avoir organisé ça pour nous aussi.
07:08 Merci à vous. Mais du coup, la pépite Mbenyama, il joue ou pas en équipe de sport ?
07:11 Il veut participer à l'équipe olympique. C'est une très bonne nouvelle.
07:14 C'est très très bien. Revenez quand vous voulez. Merci.

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