240103-Part4-v2

  • il y a 8 mois
LA MAURITANIE ET NOUS

Episode 4 : "Putschistes... ou Révoltés".

Le 22 octobre 1987, une centaine de militaires noirs de l'armée mauritanienne ont été arrêtés. Après des interrogatoires, des tortures la plupart d'entre eux ont été accusés d'avoir préparé un coup d'Etat contre le régime du colonel Ould Sid'Ahmed Taya, lui-même arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en décembre 1984. Ils avaient discuté l'idée d'interrompre la politique d'arabisation forcée, en vigueur depuis l'indépendance de 1960 et qui instaurait progressivement un régime de racisme d'Etat anti-noir dans le pays. Dans cet épisode, une demie-douzaine d'ex-militaires, aujourd'hui réfugiés en France, témoignent de ce qu'ils ont vécu.

Alassane BOYE, Youssouf Mamadou DIAGANA, Alfousseyni KANE, Mamadou KANE, Ousmane SARR, Mahamadou SY
Transcript
00:00:00 Le 22 octobre 1987, date à laquelle des militaires noirs ont été arrêtés, c'est une date qui
00:00:16 se situe exactement à 13 mois de distance de septembre 1986, date à laquelle furent
00:00:28 arrêtés les principaux responsables des flammes. C'est donc sans doute, soit dit en passant,
00:00:36 cette proximité spatiale et cette identité spatiale qui ont conduit certains à présenter
00:00:51 les militaires comme étant une branche armée des flammes. On se rappelle qu'ils ont été
00:01:06 présentés par certains comme étant une branche militaire des flammes. C'est l'occasion pour moi
00:01:13 de souligner qu'il n'y a jamais eu un lien de quelque nature que ce soit, qu'il soit politique
00:01:23 ou organisationnel, entre les militaires qui ont été arrêtés et les flammes qui ont déjà été
00:01:32 arrêtées une année avant l'arrestation des militaires. Je le répète puisque j'ai eu l'occasion
00:01:38 de le souligner dans mon livre. J'ai eu l'occasion de lever cet équivoque là, mais je pense que c'est
00:01:43 utile de le préciser. Donc on peut comprendre qu'à l'époque, il régnait dans le pays des tensions
00:01:57 tantôt latentes, tantôt lancinantes suite à ces arrestations. C'est dans ces conditions là qu'il
00:02:04 y a eu les arrestations. Avant de les aborder, je pense qu'il est nécessaire de répondre à la
00:02:12 question de savoir pourquoi il y a eu le projet de coup d'état. La réponse à cette question,
00:02:17 on peut la trouver à partir d'un constat et à partir d'un certain nombre de regards
00:02:23 rétrospectifs sur certains éléments de l'histoire du pays. L'enracinement et l'extension et l'affirmation
00:02:36 du racisme d'état, qui est une forme d'oppression, appellent nécessairement à un moment ou un autre
00:02:42 une résistance des régimes. Parce que tout simplement, nous le savons, c'est pratiquement
00:02:51 une loi universelle. Là où il y a oppression, la résistance finit toujours par adversir. D'où 1966,
00:03:03 avec le document historique des 19 cadres noirs dans lequel il dénonçait de manière systématique
00:03:13 et rigoureuse le racisme d'état qui s'instaurait déjà dans le pays. Document qu'actualise et que
00:03:19 prolonge en 1986 le manifeste du négro mauritanien. Le 22 octobre 1987, vu sous ce thème là, apparaît
00:03:29 comme un événement qui s'inscrit dans une généalogie de résistance. Il s'insère dans
00:03:39 un processus historique de lutte et de dénonciation du racisme d'état qui s'instaurait dans le pays
00:03:47 depuis l'indépendance. Et par la force de choses, il a fini tout simplement par pénétrer
00:03:57 l'institution militaire. Il s'y manifestait dans les années 80 de diverses manières et sous de
00:04:07 multiples formes sur lesquelles on peut revenir. Et c'est ces considérations là qui ont fait que
00:04:16 certains officiers au nombre de 6 ont porté en projet celui de l'inverser des régimes pour
00:04:33 instaurer, d'abord éradiquer le racisme d'état et contribuer à instaurer une Mauritanie
00:04:44 égalitaire dans le pays.
00:05:02 (musique)
00:05:12 (cris)
00:05:14 (musique)
00:05:16 (musique)
00:05:18 (musique)
00:05:20 (musique)
00:05:22 (musique)
00:05:24 (musique)
00:05:26 (musique)
00:05:28 (musique)
00:05:30 (musique)
00:05:33 (musique)
00:05:35 nous devions nous representer�s à force dans les terrasses -
00:05:37 nous devions courir depuis chaque roche de cette terre et tester
00:05:42 dans laquelle inflight brillant de sang
00:05:49 et des gestes de résistance
00:05:50 oui,
00:05:51 nous avons accueilli le soutien
00:05:53 et de résistance
00:05:54 et desGANMS
00:05:56 nous avons pu toujours fermer la main
00:05:58 de réfugiés
00:06:00 militaires,
00:06:01 bienvenus,
00:06:04 et nous avons gardé le livre qui ne s'arrête pas,
00:06:06 les jours de la nuit, le réveil de la nuit, et la règle de la liberté, la chute de la paix, nous allons protéger votre garde, nous allons vous aider, nous allons vous couper les lèvres de l'espoir, et lorsque vous nous appelez, nous vous répondrons. Ajan.
00:06:25 Je m'appelle Moumouda Alessine KAN,
00:06:29 je suis né à TINKAN,
00:06:31 dans le département d'Irkiz,
00:06:36 la région de TRAZA,
00:06:38 à l'indépendance en 1961.
00:06:42 J'ai fait l'école primaire au niveau du village, à TINKAN,
00:06:47 j'ai fait le secondaire à ROSSO,
00:06:50 j'ai fait ma première année d'université à NORCHOT,
00:06:54 après j'ai intégré l'armée.
00:06:56 Tu fais quoi en université ?
00:06:58 J'ai fait physique chimie.
00:07:00 Ah oui.
00:07:02 J'ai fait physique chimie une année,
00:07:05 après j'ai intégré par concours l'armée, c'était pour faire la médecine.
00:07:11 J'étais admis au concours d'entrée à l'école de service de santé des armées de Lyon,
00:07:17 malheureusement j'ai pas fait l'enquête là-bas, j'ai fait là-bas aussi une année.
00:07:23 J'ai pas passé le concours de l'année préparatoire,
00:07:28 après je me suis réorienté vers l'armée de terre.
00:07:33 De là-bas, arriver à NORCHOT, revenir en Mauritanie,
00:07:38 parce que j'ai fait une année en France, revenir en Mauritanie,
00:07:41 on m'a envoyé à LEMIEN, où j'ai fait deux ans.
00:07:45 Donc de 1980...
00:07:47 C'est quoi LEMIEN ?
00:07:48 C'est l'école militaire d'interarmes d'Attar.
00:07:50 L'école militaire d'interarmes d'Attar,
00:07:53 où j'ai fait deux ans, de 1983 à 1985.
00:07:58 Je suis sorti en 1985.
00:08:01 De là, j'ai intégré les unités opérationnelles de l'armée, à la 6ème région militaire.
00:08:07 Je suis Ousmane Abdoul Sarr,
00:08:11 je suis né à Dunguil, sur le fleuve Sénégal, en Mauritanie, en 1957.
00:08:18 J'ai grandi au Sénégal, dans une ville qu'on appelle LINGER,
00:08:22 parce que mon père avait été muté là-bas par l'armée coloniale,
00:08:28 où il a servi, après s'être engagé en 1938 à Mbagne, en Mauritanie.
00:08:33 Il a fait le camp de FORGURU, actuel ZOUERAK,
00:08:38 où il a fait l'étude.
00:08:40 Pour être élu, avant d'être muté à Saint-Louis, à Thièze, puis à LINGER.
00:08:46 C'est là-bas où j'ai grandi, jusqu'à l'âge de 17 ans.
00:08:50 Après mon BEPC en Porche, il m'a demandé d'aller rejoindre sa patrie,
00:08:56 parce qu'il était nostalgique, et ça se comprend tout à fait.
00:09:00 Parce qu'aux indépendances, ils avaient demandé aux fonctionnaires
00:09:07 qui faisaient Sénégal-Mauritanie, parce que c'était un seul pays,
00:09:12 c'était l'Afrique occidentale, de choisir entre rentrer chez eux en Mauritanie
00:09:17 ou continuer à servir sur place.
00:09:20 Et lui, il était à quelques années encore de la retraite,
00:09:24 parce que simplement en 1966, il prendra sa retraite.
00:09:28 Donc il a jugé que c'était un peu tard pour lui, parce qu'il est né en 1913.
00:09:32 Et pour lui, ça ne valait plus la peine d'aller en Mauritanie,
00:09:36 surtout qu'à l'époque, la Mauritanie était un pays encore
00:09:38 qui n'était pas aussi solvable qu'actuellement,
00:09:41 parce qu'il y a beaucoup d'anecdotes qu'on raconte à l'indépendance de la Mauritanie,
00:09:45 où il y avait Mortarouda, le premier président,
00:09:49 qui a reçu les autorités françaises sous une tente,
00:09:52 a fait la proclamation de l'indépendance sous une tente à Noctchot.
00:09:56 Donc ça dénote l'état de sous-développement vraiment trop poussé,
00:10:01 si on peut dire, que vivait le pays.
00:10:04 Donc il a choisi de rester là-bas tout simplement.
00:10:06 Ce qui fait que, à ma majorité pratiquement, il m'a demandé de rejoindre,
00:10:10 parce que pour lui c'était un plaisir que je rejoigne un peu sa patrie et que je vive là-bas.
00:10:16 Oui, je me présente, je suis Mr Diagana Mamadou Youssouf,
00:10:21 ex-officier de l'armée nationale,
00:10:24 actuellement résident en France,
00:10:27 issu des purges ethniques de 1987 à 1991 en Mauritanie, au sein de l'armée.
00:10:35 Je suis né le 25 juillet 1960,
00:10:38 j'ai fait toutes mes études primaires et secondaires à la ville de Cayedie.
00:10:44 Cayedie est située au sud de la Mauritanie, tout au long du fleuve Sénégal,
00:10:49 environ à 400 kilomètres de Noctchot, la capitale.
00:10:54 C'est là-bas que j'ai vécu, depuis ma naissance en Touga jusqu'à ma classe de première,
00:11:03 et avant de venir à Noctchot pour passer mon baccalauréat.
00:11:06 A l'issue de ce baccalauréat, j'ai fait le concours des officiers de l'armée nationale.
00:11:13 En ayant réussi avec succès à ce concours des officiers pour accéder à l'école militaire interarmes,
00:11:20 j'ai été pour eux faire mon service militaire.
00:11:24 Je suis un ex-officier mauritanien.
00:11:30 Je vis aujourd'hui en France après avoir fait le choix de partir de chez moi,
00:11:40 un choix qui n'a pas été volontaire d'une certaine façon,
00:11:44 parce qu'il a été dicté par une conjoncture qui a voulu qu'il fallait impérativement partir
00:11:51 pour pouvoir assurer sa propre survie et pour aussi échapper à certaines choses.
00:11:58 Je suis né en Mauritanie, dans un village qui s'appelle Bilinabe,
00:12:04 et qui est à peu près à 4-5 kilomètres à l'ouest de Cahidi, dans les années 1956.
00:12:14 J'ai fait ma première année scolaire à l'âge de 12 ans, le CP1.
00:12:20 Et le reste, c'est KAA, Noctchot.
00:12:23 Je n'ai pas connu autre chose que Noctchot jusqu'à mon intégration dans l'armée,
00:12:29 qui est intervenue en 1978, en pleine guerre du Sahara,
00:12:36 le Sahara occidental, une guerre qui opposait la Mauritanie au front polisario.
00:12:42 Et qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai fait le concours de la poste, d'abord.
00:12:47 J'ai été postier, j'ai fait quelques années au Cheikh Posto,
00:12:51 j'ai fait la direction des PTT, j'ai fait l'école de poste avant, bien sûr.
00:12:55 Donc, ça aussi, à un moment, c'est là où le déclic un peu de militants a commencé à prendre le dessus.
00:13:07 Ça c'est à la poste. Je me rappelle, j'étais parmi les premiers à pousser pour qu'il y ait vraiment une grève.
00:13:15 Et dites-vous bien, une grève de... à l'époque, la poste, c'était la boîte, c'était l'office qui avait le plus de Noirs.
00:13:26 C'était l'administration des PTT, c'était des Noirs, la majorité.
00:13:32 Et donc, ce qui fait que, quand on regardait la poste, et qu'on regardait vraiment ce qui s'y passait,
00:13:43 parce que ce qui dit poste, c'est dit lié public, le brassage qu'il y avait là,
00:13:49 c'était la fin de la guerre du Sahara, le coup d'État de 1978, et ça commençait à... ça n'allait pas.
00:14:01 La grève des élèves, Noirs, ça commençait à germer dans ma tête, moi qui venais du Diolof, hein.
00:14:10 Donc, il faut le dire, ça fait un problème quand même, sérieux.
00:14:16 Et moi, j'ai eu à assister, en tant que fonctionnaire, à des réunions d'étudiants et d'élèves Noirs, déjà.
00:14:24 Parce que j'étais un peu récalcitrant, récalcitrant dans le sens révolté.
00:14:29 Et pour moi, je me dis que, bon, tiens, ça, c'est des injustices là, c'est pas normal, quoi.
00:14:36 Je voyais des injustices un peu partout, chaque fois, je voyais quand je rentrais quelque part...
00:14:42 Bon, voilà, quoi. Parce que c'est plus criant quand les gens n'ont pas la même couleur, hein.
00:14:49 Ça, il faut le dire, la même couleur de peau, ça, c'est plus criant.
00:14:52 Peut-être que des injustices de ce genre existaient ailleurs, mais de toutes les façons, moi, dans mon vécu,
00:14:56 parce que n'oubliez pas que j'étais venu 17 ans, 18 ans, et l'ambiance que j'avais laissée là-bas,
00:15:04 que j'avais connue, et tout de suite, quand je plonge dans un milieu où les contradictions sont plus visibles,
00:15:12 sont plus visibles, justement, ben, ça pose problème.
00:15:16 - En 78, donc, vous aviez 22 ans, à peu près ?
00:15:19 - En 78, j'avais... Oui, oui. Donc, je suis rentré à peu près à cette...
00:15:25 Je suis rentré en juillet 78. J'ai fait ma formation militaire à l'IMIA, l'école militaire d'Attar.
00:15:35 L'école militaire intérieure, mais à Attar, quoi.
00:15:38 À l'époque, la formation se passait en deux phases.
00:15:41 Une phase où on faisait une année, on partait sur le terrain pour l'application,
00:15:45 bon, pour travailler sur le terrain pendant un an et demi, deux,
00:15:49 et ensuite, on revenait pour passer une deuxième année d'application.
00:15:53 C'est seulement à l'issue de cette année-là qu'on pouvait espérer pouvoir passer au grade supérieur.
00:15:58 Et là, j'ai été affecté à Laguera.
00:16:02 Laguera, qui est une petite ville qui a une certaine période de vie florissante.
00:16:10 C'était pratiquement la deuxième ville du Sahara espagnol,
00:16:14 une ville qui était vraiment connue dans la zone pour son commerce qui battait son plein et tout ça.
00:16:23 Avant la guerre du Sahara, bien sûr.
00:16:26 À l'époque, tous les Mauritaniens et tous les Sénégalais qui passaient,
00:16:31 tous les gens de l'Afrique noire qui arrivaient à Laguera,
00:16:35 ils étaient pratiquement aux portes de l'Europe parce que c'était une gestion espagnole à l'époque.
00:16:40 Mais Laguera, pendant la guerre du Sahara, a été remis à la responsabilité des Mauritaniens.
00:16:47 Et donc, quand je suis arrivé, j'ai été affecté là.
00:16:50 Quand est-ce que tu as décidé de faire des études militaires et pourquoi ?
00:16:54 J'ai décidé de faire des études militaires juste après mon baccalauréat.
00:17:00 J'ai eu mon bac en 1982.
00:17:03 Donc, pour plusieurs raisons.
00:17:06 La première raison, c'est qu'il y avait un blocage total pour les Négro-Africains dans l'administration.
00:17:11 J'avais pensé justement à ce que voulait dire faire l'ENA pour être administrateur.
00:17:17 Mais malheureusement, le concours de l'ENA, il fallait, en le faisant à l'époque de fait,
00:17:23 c'était vraiment pas possible.
00:17:25 On pouvait admettre par ses compétences intellectuelles se revoir recalé.
00:17:32 La seule chose que je voyais qui pouvait en tout cas nous permettre de s'épanouir,
00:17:38 où il restait, je disais, il restait, entre guillemets,
00:17:42 où il restait un peu de rigueur ou un peu de sérieux,
00:17:48 je me disais que c'était l'armée.
00:17:50 En faisant le concours de l'armée et en étant officier,
00:17:54 et que là, qu'il y avait le mérite, qu'il y avait l'avancement par le grade,
00:18:00 et que par le travail, que je pouvais devenir ce que je voulais à travers ce...
00:18:06 Puisque tout simplement, j'avais vu que je voyais d'autres officiers négro-africains.
00:18:12 Certes, la présence des militaires au pouvoir certainement a influencé mon choix,
00:18:22 mais je voyais quand même le cadre militaire,
00:18:26 le seul cadre qui pouvait permettre à un négro-africain à l'époque, au moins,
00:18:32 de s'épanouir par le mérite.
00:18:38 Donc j'avais choisi effectivement de faire l'armée en faisant le concours.
00:18:42 Un concours qui était d'ailleurs très sélectif,
00:18:45 où je suis admis dès le premier coup,
00:18:50 parce qu'il a fallu qu'ils fassent le concours deux fois,
00:18:52 faute de réussite.
00:18:56 Donc je l'ai réussi au premier coup.
00:18:58 A l'issue de ce concours, en 82, on a été à l'EMIA pour une formation de deux ans.
00:19:03 C'est à l'issue de cela que j'ai d'abord servi un tout petit peu pour venir ici en France,
00:19:09 à l'école de cavalerie de Semur, pour compléter ma formation d'officier.
00:19:13 Donc en 86-87 que je suis venu ici en France, pour compléter ma formation d'officier.
00:19:21 Il y a un émir du Kouét qui vient en Mauritanie,
00:19:26 il va pour une partie de chasse.
00:19:31 Et ce jour-là, je suis en vacances.
00:19:35 Je suis en vacances, donc je prends mes affaires, j'étais au Cheikh Posto,
00:19:38 je dois aller à Linguerre, au Sénégal,
00:19:42 pour aller voir ma mère qui est là-bas, qui était restée par l'amour d'une père dans sa maison.
00:19:49 Je vais la voir. Et ma femme, elle est de là-bas.
00:19:52 Elle est originaire de là-bas.
00:19:55 Je viens, la route est barrée.
00:19:58 Et à l'époque, il faut venir à la gare routière pour prendre une voiture,
00:20:02 et puis traverser Arosso, pour aller...
00:20:06 Et puis c'était très difficile, parce qu'au Sénégal aussi,
00:20:09 il n'y avait pas beaucoup de moyens de transport encore, comme aujourd'hui et tout.
00:20:15 Il fallait prendre le train à Lugard.
00:20:17 Donc pour moi, il y a un problème, parce que si je ne pars pas,
00:20:20 si à 15 heures ça ne me trouve pas à Lugard,
00:20:23 je ne vais pas pouvoir prendre le train pour aller à Linguerre.
00:20:26 Donc qu'est-ce que j'ai fait ? Il me faut traverser.
00:20:29 Or, il y a les sentinelles, là, ils ont...
00:20:33 Comment on appelle ça ? Ils ont jalonné, voilà.
00:20:36 Et les gardes, les gardes nationals, ils ont jalonné la route,
00:20:40 ils ont fermé, personne ne doit traverser.
00:20:43 J'étais avec un ami, son ami est décédé, il s'appelle Sidi Diop.
00:20:48 Moi j'ai décidé qu'on traverse en courant.
00:20:51 On traverse en courant, on tombe sur un garde.
00:20:54 Le garde qu'est-ce qu'il fait ? Il enlève son ceinturon, il me tape.
00:20:58 Il me donne un coup de ceinturon, pam !
00:21:01 Boucle et tout, ça me coupe, et il continue.
00:21:04 J'étais tellement énervé, mais bien lucide et conscient.
00:21:10 J'ai regardé, il a continué à me frapper.
00:21:13 Sidi est venu, pour intervenir, il a continué à me frapper aussi.
00:21:18 J'ai dit bon, ok.
00:21:21 Et franchement, là, le garde, il est à la ploire.
00:21:27 On est de la même ethnie.
00:21:29 Finalement, on est même de la même famille.
00:21:32 Je traverse, je pars, je pars.
00:21:36 Vraiment, un voyage très dur quand même.
00:21:39 On m'a bastonné, on vient de me bastonner, je pars.
00:21:43 Ce jour-là, je dis que je reviens, je vais faire l'armée.
00:21:48 Ce jour-là, franchement, j'ai pas pu.
00:21:53 Mon voyage, je crois que j'étais parti pour faire un mois,
00:21:56 mais j'ai pas pu faire plus de cinq jours là-bas.
00:21:59 Au Sénégal, j'ai pas pu.
00:22:02 Parce que j'étais vraiment secoué, j'ai dit bon, non, non, ce pays-là,
00:22:07 non, non, non, c'est pas ça.
00:22:10 Là, si tu n'es pas en uniforme, tu ne vis pas.
00:22:14 Ça, c'est un abus manifeste.
00:22:17 Parce que rien n'expliquait, même si c'est un petit truc,
00:22:21 ça ne demande pas vraiment une bastonnade aussi.
00:22:25 Quand même pour le fonctionnaire que j'étais, au moins.
00:22:28 Et ça, j'ai dit bon, il me faut rentrer dans l'armée.
00:22:32 (...)
00:22:59 (...)
00:23:17 Donc, Haïda a été renversé.
00:23:20 Les gens ont applaudi l'arrivée de Boutaïa,
00:23:24 y compris des négro-africains.
00:23:26 Parce qu'il a mis certains négro-africains à certains postes clés,
00:23:30 notamment le chef d'état-major qui était le Colonel Lial,
00:23:33 le ministre de l'Intérieur qui était Anna Mdoubabeli.
00:23:37 Bon, au début, tout le monde était content.
00:23:40 Puis il y a eu le manifeste du négro-africain
00:23:45 qui a été publié par Les Flammes en 1986.
00:23:52 Les Flammes qui était un regroupement de l'ensemble des forces noires
00:23:58 qui étaient à Mauritanie, qui s'étaient regroupées pour fonder Les Flammes.
00:24:02 Justement, ils ont sorti un manifeste
00:24:05 dit "Manifeste du négro-mauritanien opprimé".
00:24:08 Bon, ce manifeste dénonçait la politique d'arabisation à outrance du pays,
00:24:16 la justice qui régnait dans ce pays-là, pour ne pas parler de racisme.
00:24:23 Évidemment, ça ressortait le côté racial,
00:24:26 le côté de l'inégalité des citoyens devant l'administration.
00:24:36 Et les gens avançaient des chiffres à l'appui.
00:24:40 Le président Oultaïa n'a pas apprécié,
00:24:43 d'autant plus que ça lui a été remis en plein conseil,
00:24:47 une rencontre avec les chefs d'État à l'étranger.
00:24:50 On lui a brandé ça sous le nez.
00:24:52 Il n'a pas aimé.
00:24:53 Et quand il est revenu,
00:24:55 ont commencé les premières arrestations, en tout cas, des cadres négro-africains,
00:25:00 des cadres qui appartenaient aux Flammes et d'autres qui n'appartenaient même pas aux Flammes,
00:25:04 aussi, ont été arrêtés.
00:25:06 La première oppression est partie de là.
00:25:09 Qu'est-ce qu'il y avait dans la situation à l'époque qui faisait que vous pensiez que la seule solution, c'était un coup d'État ?
00:25:16 C'est une histoire qui est un peu longue à relater,
00:25:23 mais il y avait de la constance qui était là.
00:25:26 On a fait l'armée à temps intellectuel,
00:25:30 et on a vu que les promotions qui nous ont précédées
00:25:35 étaient beaucoup plus de promotions qui n'étaient pas atteintes, qui n'étaient pas des universitaires.
00:25:40 On a constaté que quand on fait,
00:25:46 sans parler des autres services ou des autres secteurs de la vie nationale,
00:25:51 qu'au niveau de l'armée, on constatait un blocage qui se créait,
00:25:56 et au niveau de la promotion, au niveau de l'avancement,
00:25:59 qu'il y avait une discrimination.
00:26:02 Une discrimination due à deux faits.
00:26:05 Il y a un fait, c'est qu'il y a une bonne vague de promotions d'arabes,
00:26:11 qui ont intégré l'armée,
00:26:13 qui ont fait qu'au niveau même des outils pédagogiques, des outils d'utilisation,
00:26:18 au niveau des concours, soit d'entrée, soit d'avancement,
00:26:23 de plus en plus, la langue arabe devait prendre une place prépondérante dedans.
00:26:31 Et que les négro-africains étaient moins privilégiés par rapport aux arabes auberbeurs.
00:26:40 Et que de là, ça créait une certaine situation de blocage,
00:26:46 qui fait qu'on voyait des arabes auberbeurs avoir des avancements beaucoup plus rapides,
00:26:53 beaucoup plus faciles que les négro-africains.
00:26:56 Et que le comble des choses qui s'est arrivé...
00:26:59 Avant ça, de toute façon, il y avait des concertations.
00:27:02 Les gens se sont dit que ce n'était pas une situation fortuite.
00:27:07 Parce qu'on voit au niveau des écoles,
00:27:12 que ce soit à la rentrée, que ce soit à la sortie,
00:27:15 les négro-africains se trouvaient toujours dans les bonnes places.
00:27:19 On les trouvait toujours dans les 10 premiers.
00:27:22 Généralement d'ailleurs, tous les majors de promotion,
00:27:28 on les trouvait que c'était négro-africains.
00:27:31 Et le comble des choses, pour les officiers par exemple,
00:27:35 au moment de passer le grade de capitaine,
00:27:38 c'était un blocage, c'était une barrière.
00:27:41 C'était un escalier qui était presque impossible pour certains de dépasser.
00:27:46 Donc les gens, finalement, prenaient leur retraite à l'office subalterne.
00:27:52 Pour la majorité.
00:27:54 Et on voyait que ce n'était pas une situation due au hasard.
00:27:59 Il y avait des mécanismes, il y avait des faits qui étaient là, qui le justifiaient.
00:28:04 Bien que ce soit interdit en tant que militaires,
00:28:08 de parler de politique, ou bien de se réunir,
00:28:12 pour chercher des changements, des soutiens-champs par les voies politiques.
00:28:18 Mais les gens se sont concertés quand même.
00:28:21 Ils se sont concertés clandestinement.
00:28:25 Et que ceci était beaucoup plus aussi accentué par le fait
00:28:31 que les militaires de 118 jusqu'à Mawia,
00:28:36 tous les gouvernements qui se sont succédés,
00:28:41 c'était des gouvernements militaires.
00:28:43 Donc là, cette interdiction composée aux soldats
00:28:46 de discuter politiquement de sa situation
00:28:50 était quelque part entravée par les autres.
00:28:53 Donc c'est tout ça qui justifiait que les gens disaient qu'il fallait quand même faire quelque chose.
00:29:01 Parce qu'il y a au niveau des autres secteurs de la vie nationale
00:29:08 des citations de faits qui faisaient que certains graphiquiens soient mis en prison.
00:29:15 Et que tout le monde jugeait que c'était injuste.
00:29:18 Et de l'autre côté, au niveau de l'armée, il y avait des blocages d'avancement.
00:29:22 Donc ça justifiait cette citation de concertation.
00:29:28 Donc au bout du compte, l'exécution du coup d'état a été programmée pour le 22 octobre,
00:29:38 la nuit du 22 octobre 1987.
00:29:41 Et les arrestations ont eu lieu, comme on le sait, dans la journée,
00:29:46 quelques heures avant l'exécution du coup d'état.
00:29:50 Les arrestations ont eu lieu dans la journée du 22 octobre 1987.
00:29:57 Elles se sont produites, ces arrestations, dans les principales villes du pays,
00:30:03 dans lesquelles se trouvaient les principales régions militaires du pays,
00:30:06 c'est-à-dire Makhchott, Zouérat et Nouadhib.
00:30:11 On a été ciblé des officiers, des sous-officiers des différents corps,
00:30:20 c'est-à-dire l'armée, la gendarmerie et la guerre nationale, ainsi que la marine nationale.
00:30:29 Une centaine de militaires noirs ont été arrêtés,
00:30:35 emprisonnés, regroupés et détenus à Jérida,
00:30:42 où 50 parmi eux seront jugés par la Cour spéciale de justice
00:30:49 au cours d'une audience qui a démarré le 18 novembre 1987
00:30:54 et qui s'est terminée le 3 décembre 1987.
00:30:58 Donc tu as fait ta formation ici en France ?
00:31:01 Oui, après je suis rentré.
00:31:03 Tu as été ici combien de temps ?
00:31:05 Je suis rentré très exactement en août 1987,
00:31:11 juste deux mois après, ou trois mois après, on a été arrêté pour un coup d'état.
00:31:15 Oui, il y a eu la tentative de coup d'état.
00:31:17 Juste on a été arrêté pour un coup d'état en 1987.
00:31:22 C'était une intention de coup d'état apparemment.
00:31:26 En tout cas, jusqu'à preuve de contraire, on n'est pas arrivé à démontrer la moindre exécution.
00:31:34 On n'est pas arrivé à démontrer matériellement, en tout cas, l'exécution de ce coup d'état.
00:31:43 Il n'y a pas eu un début d'exécution de ce coup d'état en 1987.
00:31:48 Moi-même, j'avais été arrêté avec mon ami Djaouz Mande, qui est actuellement en France avec moi,
00:31:53 avec qui d'ailleurs je porte plainte contre le capitaine Mauritanie Eli Houlda.
00:31:58 Nous avions été arrêtés ensemble au moment où on était au commandement du groupement blindé de l'armée nationale à Vderik,
00:32:06 à la deuxième région militaire, non loin de Zouérate,
00:32:09 là où il y a les mineraux de fer à Zouérate, j'espère que vous le connaissez.
00:32:14 Donc nous avons été arrêtés, manu militari, encore, de manière lâche, incorrecte, inhumaine.
00:32:21 De là déjà, la maltraitance commence.
00:32:25 On vous prend par un officier moins gradé que vous, ce qui n'est pas correct dans la hiérarchie militaire.
00:32:32 Vous savez, dans l'armée, il y a une certaine déontologie.
00:32:37 Il y a une certaine pratique, il y a un règlement, il y a une discipline.
00:32:41 Quand on la respecte, elle est belle.
00:32:43 Elle ne regarde même pas la couleur de la peau, si je vous commande, c'est ceci, si je vous sécille, c'est cela, etc.
00:32:49 Il y a des règles.
00:32:50 On commence d'abord par vous arrêter par un officier moins ancien que vous.
00:32:56 Voilà.
00:32:57 Qui vient, qui à travers sa parole déjà, vous agresse, verbalement.
00:33:03 Qui veut tout simplement montrer qu'aujourd'hui vous étiez lieutenant de galon.
00:33:09 Oui, moi je suis sous-lieutenant, aujourd'hui c'est moi qui vous commande.
00:33:15 C'est quand même une aberration.
00:33:17 D'abord, on te fait escorter par un sous-lieutenant.
00:33:22 Ça ne devrait pas être le cas.
00:33:25 C'est un officier normalement beaucoup plus ancien que vous.
00:33:28 Qui devrait vous arrêter, qui vous amène, et puis qui vous met dans une voiture, ou qui vous met dans l'avion, qui vous amène à la marchotte.
00:33:37 Et qu'on vous entende sur ce que vous avez fait ou sur ce que vous n'avez pas.
00:33:41 Avant d'ailleurs de se précipiter, de vous amener dans des ateliers de torture.
00:33:46 Si c'était une armée respectueuse des principes.
00:33:50 Déjà la torture, ce n'est pas que je légitime la torture, c'est pour vous dire tout simplement déjà, le début de la chose.
00:33:57 Comment ça se passe ?
00:33:59 De 1985 à 1987, j'étais commandant d'unité.
00:34:05 Déblendé.
00:34:08 D'escadron de combat.
00:34:12 En 1987, c'est là où le malheur ou bien la conviction des hommes a fait que j'étais impliqué dans une tentative de coup.
00:34:33 Qui était beaucoup plus, si je peux dire, un fait de concertation qu'un fait réel de tentative.
00:34:46 Et que le 22 octobre 1987, j'ai été arrêté le matin.
00:34:54 Alors que j'étais dans mon unité, faisant le sport le week-end, le jeudi, c'était un jeudi matin.
00:35:02 J'ai été arrêté et conduit à l'état-major.
00:35:07 C'est là qu'a commencé le périple malheureux.
00:35:12 Un an après, il y a eu une tentative de coup d'état qui a été déjouée selon toujours le régime en place.
00:35:22 Ils ont dit qu'il y avait une tentative de coup d'état organisée par des éléments officiers noirs dans l'armée.
00:35:34 Évidemment, il n'y a jamais eu la moindre preuve de ce qui a été avancé.
00:35:40 Sinon que les gens pensaient à faire un coup d'état.
00:35:44 Mais pour avoir pensé à faire un coup d'état, on a quand même exécuté trois officiers.
00:35:49 Et d'autres ont été condamnés à des peines allant jusqu'à la perpétuité pour certains.
00:35:55 Le minimum, c'était cinq ans pour ceux qui ont été écroués.
00:36:00 Ils ont été envoyés à Oualata. On sait ce qui a suivi.
00:36:03 Ils se sont retrouvés là-bas avec les éléments de flammes.
00:36:06 On sait ce qui s'en est suivi, la mort de Té-Nussef Gueye, d'autres personnes à Oualata.
00:36:12 Des gens qui mourraient par mauvais traitement.
00:36:16 À la suite de mauvais traitement, il y en a eu des tortures pendant les interrogations.
00:36:22 Au cours de cette campagne d'arrestation et d'enquête,
00:36:26 personnellement, j'ai été arrêté et amené à l'état-major aussi.
00:36:30 Où j'ai été entendu pendant quelques semaines.
00:36:33 Et puis, n'ayant pas la preuve d'une implication, de la moindre implication dans ce domaine-là,
00:36:40 j'ai été relâché.
00:36:42 Et je suis reparti à Nouadhibou.
00:36:46 Et j'ai repris quelques temps après ma fonction au niveau du commandement à Lagouira.
00:36:54 (L'arbitre traduit le texte)
00:36:59 (L'arbitre traduit le texte)
00:37:02 (L'arbitre traduit le texte)
00:37:11 (L'arbitre traduit le texte)
00:37:14 Donc je disais qu'on m'a arrêté le 22 octobre, le matin.
00:37:36 Jeudi 22 octobre 87.
00:37:40 Par une convocation à l'état-major.
00:37:43 On m'a dit que le chef d'état-major a besoin de moi.
00:37:46 J'étais à la 6ème Région Militaire.
00:37:50 C'est nous qui avions stratégiquement la défense de Nortchot.
00:37:57 Et donc, on m'a dit le matin de venir répondre au chef d'état-major.
00:38:03 Mon commandant d'unité m'a conduit jusqu'à l'état-major.
00:38:10 Arrivé à l'état-major, je vois certains amis que je connaissais.
00:38:14 Je les vois que chacun parquait dans une chambre.
00:38:18 Tel que le capitaine Sy Bochar qui est décédé.
00:38:29 Quand on m'a fait rentrer dans une autre chambre, tout de suite j'ai vu arriver Basseidi.
00:38:36 Qui a été exécuté.
00:38:39 Après, j'ai vu venir Diabd Rahman.
00:38:44 Qui est mon altre égo qui était à l'état-major.
00:38:48 Et j'ai compris peut-être qu'il y a quelque chose.
00:38:51 Il y a quelque chose qui a filtré peut-être.
00:38:54 De là, on est resté vers 20h, 21h la nuit.
00:39:03 On m'a appelé.
00:39:06 J'étais devant une commission, j'ai vu des gens que je connaissais quand même.
00:39:11 Parce que c'était des officiers avec lesquels je servais.
00:39:14 Qui étaient devant moi, qui m'ont demandé ma filiation.
00:39:17 Qui m'ont demandé ce que j'ai fait les jours passés.
00:39:20 Qui se sont mis à me poser des questions.
00:39:23 Et là, c'est ce qui a commencé.
00:39:28 Si on peut dire que le présente est le retard.
00:39:31 Je suis resté...
00:39:33 Là, j'ai pas...
00:39:36 J'ai juste décliné mon identité.
00:39:39 Et j'ai donné aussi ce que j'ai fait les jours passés.
00:39:44 Selon leurs questionnements.
00:39:46 Après, ils m'ont ramené vers 1h du matin.
00:39:51 Ils sont revenus me reprendre.
00:39:54 Lorsqu'ils sont revenus me reprendre, ils m'ont dit...
00:39:57 À ce moment, ils m'ont posé des questions concrètes.
00:40:00 Ils m'ont dit que...
00:40:03 Dans 1h du temps, il y a quelque chose qui va se passer.
00:40:06 Et que toi, tu es là entre nous.
00:40:08 Si tu ne donnes pas ce avec qui tu étais, que sache que tu seras exécuté.
00:40:13 Ils m'ont pris.
00:40:19 J'ai dit que je suis au courant.
00:40:22 Rien ne se passe.
00:40:24 Si quelque chose se passera, on verra.
00:40:27 Après, il m'a demandé parmi les officiers qui étaient là...
00:40:33 Parmi les officiers de la gendarmerie, qui te connaît?
00:40:35 Je lui ai dit que ce sont des promotionneurs.
00:40:37 Il y avait le lieutenant Abdelallah Oulmohamed Aïcha, qui est mon promotionneur.
00:40:42 Il y avait le lieutenant Hassan Koné.
00:40:44 À ce moment, ils étaient lieutenants.
00:40:46 Ce sont eux que je connais de la gendarmerie.
00:40:49 Ils les ont fait sortir.
00:40:51 Après, ils m'ont...
00:40:53 Lorsque je n'ai pas voulu céder sur le coup...
00:40:57 Ils m'ont amené à l'état-major de la gendarmerie, qui était à côté.
00:41:00 Parce que ça s'est passé dans l'état-major militaire.
00:41:03 C'est à ce moment que l'inter-gouvernement musclé a commencé à débuter.
00:41:08 Je suis resté là jusqu'à 5h ou 6h du matin.
00:41:15 Lorsqu'ils m'ont amené dans la chambre, vers 5h du matin...
00:41:21 De là, je me suis endormi jusqu'au lendemain soir.
00:41:24 Quelqu'un par erreur a appelé au téléphone.
00:41:28 C'était le week-end.
00:41:30 On était arrêtés le jeudi.
00:41:32 Donc, ça, c'était le vendredi soir.
00:41:34 Le lieutenant cherchait Bahoul Elbou.
00:41:39 Parce que j'étais dans son bureau.
00:41:41 C'est dans son bureau qu'on m'avait mis.
00:41:43 Ça n'est pas dans son bureau d'ailleurs.
00:41:45 J'ai dit non à Bahoul Elbou.
00:41:47 Il a coupé tout de suite.
00:41:49 Il a compris peut-être qu'on était disparés dans l'état-major.
00:41:53 Vers minuit, ils sont venus nous prendre.
00:42:02 Pour nous ramener à Jéréida.
00:42:07 Jéréida, à 30 kilomètres de Nortchiote.
00:42:12 Au nord de Nortchiote.
00:42:14 C'est là qu'on a fait tous les intégratoires.
00:42:18 Jusqu'au 17 novembre.
00:42:21 Du 23 octobre au 17 novembre.
00:42:27 On a subi les intégratoires au niveau de Jéréida.
00:42:32 Le climat général était autre chose.
00:42:39 Mais je ne peux parler que de mon cas particulier.
00:42:42 De ce que j'ai vécu au niveau de Jéréida.
00:42:47 Parce qu'arriver à Jéréida, c'était une unité que j'avais commandée.
00:42:53 D'ailleurs, l'ironie du soir,
00:42:58 c'était que je me suis gardé là-bas comme prisonnier.
00:43:04 Et maintenant que je suis revenu là-bas,
00:43:07 moi en tant que prisonnier.
00:43:10 Donc les soldats qui étaient là,
00:43:12 tous je les connaissais parce que c'était des soldats que je commandais.
00:43:16 Lorsque, durant l'intégratoire,
00:43:21 ils m'arrivaient de rencontrer ces soldats.
00:43:26 Parmi eux, tu vois certains qui avaient la compassion.
00:43:30 Tu comprenais carrément qu'ils étaient contents de ce qui se passait.
00:43:35 Qu'ils avaient de la compassion pour toi.
00:43:38 Mais il y en a d'autres maintenant
00:43:42 qui montraient une certaine anomalosité.
00:43:46 Donc tout dépendait au niveau de l'intégratoire,
00:43:50 au niveau des séances de torture,
00:43:54 de qui tu rencontres.
00:43:57 Pour que les choses soient allégées, soient endurcies.
00:44:01 Alors, vous voyez, du début jusqu'à la fin, rien n'est respecté.
00:44:05 Quand on vous amène ensuite à Nouakchott,
00:44:07 quand on vous amène tout de suite à Jreida,
00:44:09 comme d'habitude, j'ai la malchance avec Jreida,
00:44:12 malheureusement, une ou deux fois,
00:44:14 la première fois c'est à Jreida, et la deuxième fois c'est à Jreida.
00:44:17 Quand on vous amène là-bas,
00:44:19 et quand on vous soumet, d'abord les menottés,
00:44:22 vous voyez souvent les traces des menottes,
00:44:24 en tout cas, il n'en manque pas sur mes bras,
00:44:27 parce que c'est serré, d'abord, jusqu'à ce que vous saigniez.
00:44:31 Et quand on vous présente devant des commissions d'enquête,
00:44:39 qui d'ailleurs, en réalité, n'ont que des contrandits préfabriqués,
00:44:43 parce qu'ils ne vous écoutent pas,
00:44:46 ils ne vous écoutent pas, pour eux, vous voulez faire un coup d'état,
00:44:49 alors on va vous tuer, on a reçu les instructions de vous tuer,
00:44:52 on a reçu les instructions de vous maltraiter.
00:44:55 Vous allez parler, vous allez dire ce que vous voulez faire,
00:44:59 ou bien on vous tue.
00:45:01 Est-ce que vous voyez ? Vous êtes flammiste, vous êtes ceci,
00:45:04 il y a eu le manifeste, vous l'avez signalé dans votre tri,
00:45:07 mais on n'a rien à voir avec le manifeste des négro-mauritaniens opprimés,
00:45:13 les officiers, nous étions liés avec le devoir de réserve en étant des officiers.
00:45:19 Donc, quand on vous torture, quand on vous dit qu'il faut absolument écrire
00:45:26 que vous étiez en train de faire un coup d'état,
00:45:28 il faut absolument écrire que vous êtes du mouvement des flammes,
00:45:33 c'est une aberration.
00:45:35 Comment ? Si j'ai eu à faire ce coup d'état, c'est peut-être à partir de la France.
00:45:39 Avec qui ?
00:45:41 Donc, c'était illogique.
00:45:45 D'où, quand je vous cite la période de Taïa, j'en reviendrai toujours,
00:45:50 je dis que tout est fait avec beaucoup de fiction.
00:45:55 Quand on veut se débarrasser de son chien, on l'accuse souvent de rage.
00:46:00 Telle était la méthode de Taïa.
00:46:03 Et pour nous, jeunes officiers qu'on était, il fallait qu'on trouve cet alibi-là,
00:46:07 il fallait qu'on trouve des motifs de nous prendre à chaque fois,
00:46:11 de créer à chaque fois quelque chose et nous virer de l'armée.
00:46:15 Voilà ce qui se passe aujourd'hui, qu'on a une armée purement ethnique,
00:46:19 où on ne voit pas de négro-africains, parce que notre génération n'y est pas.
00:46:24 Celles qui sont antérieures à nous ne sont pas là.
00:46:27 Et pour les futilités, parce qu'on s'est débarrassés de ce monde-là,
00:46:31 on a fait de ce qu'on voulait.
00:46:34 [Musique]
00:46:37 [Musique]
00:46:40 [Musique]
00:46:44 [Musique]
00:46:48 [Musique]
00:46:51 [Musique]
00:46:57 [Musique]
00:47:03 [Musique]
00:47:09 [Musique]
00:47:16 [Musique]
00:47:19 Ousmane, raconte-nous un peu l'arrestation alors,
00:47:22 si tu peux raconter un peu plus de détails.
00:47:25 J'ai été arrêté le 22 octobre 1987.
00:47:29 Et mon fils venait avec, il y a à peine 10 mois.
00:47:38 Et ma femme, celle qui est là, la bonne dame avec qui je vis,
00:47:44 elle est encore avec elle.
00:47:48 Elle était partie chez elle à Lingière pour faire le bébé et tout,
00:47:53 elle n'était pas revenue encore.
00:47:55 Et j'ai été arrêté le 22 octobre, mon fils avait 7 ans, 7 mois.
00:47:59 Et ils vont apprendre ça par voie de presse.
00:48:04 Il y a des arrestations à Nogchot, tout ça.
00:48:07 Et mon oncle a dit "Ousmane est arrêté, machin".
00:48:10 Ma mère est venue et est restée à Nogchot jusqu'à la fin du procès et tout.
00:48:17 Procès, bidon, j'ai 20 ans de travail forcé.
00:48:21 Et des amis, trois camarades ont été exécutés.
00:48:25 J'ai pu agresser une défense ou comment ça s'est passé?
00:48:28 Défense, bidon, moi je ne peux même pas vous dire mon avocat c'était qui.
00:48:31 Franchement.
00:48:33 J'ai rencontré quelqu'un, une seule fois,
00:48:36 vraiment qui semblait prendre note,
00:48:38 qui était arabisant d'ailleurs, moi je ne comprends pas.
00:48:41 Vous voyez, les gens qui ont pris des notes n'importe comment, ils étaient partis.
00:48:47 Et c'était une grande salle dans une caserne militaire,
00:48:50 on était par terre, monotées les uns sur les autres.
00:48:53 Depuis l'arrestation on ne s'est pas douché, rien, on était sale,
00:48:57 on n'avait plus de culottes, rien.
00:49:00 Les treillis avaient commencé à...
00:49:04 Voilà, derrière quand on se levait on voyait carrément les poux du fesse.
00:49:10 C'était insupportable, horrible, horrible.
00:49:14 Je le fais, je le dis en rigolant parce que ça me permet de passer ça,
00:49:17 mais c'était indescriptible ce procès.
00:49:22 Vous étiez combien dans le procès?
00:49:24 Dans le procès on était à peu près dans l'ordre d'une cinquantaine disons.
00:49:30 Je ne me rappelle pas exactement, mais j'ai tout noté sur ce point là, le nombre.
00:49:37 À peu près 38 condamnés, 3 exécutés, les autres 20 ans de travaux forcés perpétués.
00:49:45 Voilà, donc deux catégories d'individus.
00:49:48 Moi, me trouvant dans la catégorie des gens blanchis,
00:49:51 pour la simple raison que lorsque les gendarmes étaient venus pour reprendre l'enquête,
00:49:56 nous avons eu en ce moment à dire la vérité.
00:49:58 Moi personnellement, pour mon cas individuel, à confirmer que moi j'étais en stage.
00:50:03 Je viens d'arriver.
00:50:05 La seule chose du mois d'octobre qui m'a ramené ici à Noakiot,
00:50:10 d'ailleurs pendant que j'étais à la deuxième région,
00:50:13 c'est que je suis venu avec une voiture 504 à l'époque,
00:50:16 parce que les 504 étaient des voitures africaines,
00:50:19 où je voulais vendre parce que je suis muté.
00:50:22 Dans le désert, j'ai pas besoin d'une 504 là-bas,
00:50:26 qui va se détériorer.
00:50:28 Je pensais être muté dans la capitale,
00:50:30 comme muté à la capitale pendant que j'étais venu,
00:50:33 mais dans la politique de Woutaïa, tous les jeunes officiers,
00:50:36 surtout les négro-africains, fallait les éloigner de la capitale.
00:50:39 Mon rêve s'est volatilisé, j'ai vendu la voiture,
00:50:43 je suis parti à mon lieu d'affectation.
00:50:45 Donc je ne pouvais pas assister à un coup d'état,
00:50:48 je ne suis pas parmi les gens qui voulaient en tout cas fomenter ce coup d'état.
00:50:54 Donc, bon nombre de gens, c'est comme ça,
00:50:59 qu'on a pu mettre de côté, parce qu'ils n'ont pas la moindre preuve
00:51:03 qu'ils appartenaient à un coup d'état.
00:51:06 Bon, il y a eu d'autres, nos amis parmi nos amis,
00:51:11 qui ont avoué en tout cas cette détermination,
00:51:15 pourquoi pas d'en venir par un coup d'état,
00:51:17 si tout à la fois la situation ne changeait pas.
00:51:20 On a pu leur reprocher cette intention-là,
00:51:27 cette intention de vouloir changer,
00:51:29 cette intention de vouloir que la justice revienne à Mauritanie,
00:51:37 que l'égalité revienne à Mauritanie.
00:51:40 Alors pour ces gens, il fallait les juger, selon leurs souhaits.
00:51:44 Et juger, il fallait juger, il fallait un jugement.
00:51:47 Il fallait une parodie de justice, un tribunal militaire,
00:51:51 où les gens n'avaient pas les moyens de se défendre,
00:51:54 où les gens ont été scindés encore en plusieurs,
00:51:57 les trois exécutions, plus des travaux à perpétuation pour quelques ans,
00:52:02 cinq ans pour quelques ans, y compris l'ami que vous avez cité
00:52:07 tout à l'heure, figuré parmi le groupe.
00:52:10 Donc, voilà comment on a été scindés.
00:52:15 Quelques-uns sont partis condamnés à mort le 6 décembre,
00:52:22 quelques-uns ont été dans le mouroir de Oualata,
00:52:25 dont il y a eu des morts,
00:52:27 nous autres, quelques-uns d'entre nous ont régagné l'armée,
00:52:31 quelques-uns d'entre nous ont été tout simplement virés.
00:52:35 Mais régagner l'armée, ce n'était pas régagner l'armée,
00:52:38 parce que dès lors, dès lors, on était dans le collimateur,
00:52:42 dès lors, on était surveillés,
00:52:45 dès lors, on était mis dans des postes de second rôle,
00:52:48 dès lors, on n'avait aucun commandement,
00:52:50 dès lors, tu commandes des hommes mais tu n'as pas de munitions,
00:52:53 dès lors, on te donne des missions impossibles,
00:52:56 dès lors, le frère du colonel peut te dire merde,
00:53:00 dès lors que... Donc, ce n'était pas vraiment un commandement
00:53:05 de la part d'un officier,
00:53:07 c'était ce qu'on appelle une autre exclusion,
00:53:11 c'est un autre calvaire que nous avons vécu,
00:53:13 où on se sentait des officiers diminués.
00:53:16 Je ne veux pas m'attarder sur les conditions de détention
00:53:21 qui déjà préfiguraient, donnaient une idée de ce qui allait être Walata,
00:53:27 parce que le traitement était terrible,
00:53:32 il était sans aucune humanité.
00:53:34 Donc, 50 parmi la centaine de Noirs qui ont été arrêtés
00:53:40 seront jugés parmi eux, il y a un officier supérieur, un colonel,
00:53:45 il y a 21 officiers subalters,
00:53:52 il y a 16 officiers supérieurs, sous-officiers supérieurs,
00:53:56 11 officiers subalters,
00:53:58 il y a un commissaire de police et un agent des services du trésor.
00:54:03 Ils seront jugés par la Cour Spéciale de Justice
00:54:08 du 18 novembre au 3 décembre 1987,
00:54:13 date à laquelle il y a eu le verdict,
00:54:16 qui a été sanctionné par trois peines capitales.
00:54:20 Donc, les lieutenants Sarr, Amadou, Sissaïdou et Bensaïdi
00:54:24 ont été passés par les armes le 6 décembre 1987 à Jéréda, à Lougre.
00:54:30 Il y a eu 19 condamnations à des travaux à perpétuité,
00:54:40 il y a eu 8 condamnations à 20 ans de travaux forcés,
00:54:50 il y a eu 5 condamnations à 10 ans de travaux de prison,
00:54:59 il y a eu 3 condamnations à 5 ans de prison avec sursis.
00:55:06 Ce n'est pas trop tôt de revenir sur beaucoup de faits,
00:55:12 parce que ça crée un peu d'émotion.
00:55:15 Mais ce qui est important, c'est que,
00:55:19 durant ces interrogatoires, c'est le côté juridique qui était important.
00:55:25 Au niveau juridique, je me dis que les choses devaient se passer autrement.
00:55:37 Parce qu'au niveau des déclarations qui ont été faites,
00:55:51 en majorité, on m'a convoqué pour faire une déclaration,
00:55:58 je l'ai rédigée.
00:56:00 Après 2 ou 3 jours, on m'a rappelé pour changer ce que j'avais mis.
00:56:08 Pourquoi ?
00:56:09 Parce que j'étais à la 6ème région,
00:56:14 donc la 6ème région militaire avait la sécurité de Nonorchotte.
00:56:20 Celui qui était chef B2 m'a commandé il y a 6 mois.
00:56:29 C'était le commandant par intérim de la 6ème région.
00:56:33 Et il se retrouvait chef du B2.
00:56:36 Au moment de nos arrestations,
00:56:39 il n'était pas à Nonorchotte, il avait des congés.
00:56:44 Il était quelqu'un avec qui j'avais tissé des relations.
00:56:50 Il venait me voir au niveau de la 6ème région,
00:56:55 bien qu'il était plus gradé que moi,
00:56:57 mais j'avais créé une certaine sympathie avec lui.
00:57:00 Le fait qu'il voit que je suis impliqué dans ces choses,
00:57:07 et qu'il est devenu le premier chef,
00:57:14 c'est peut-être pour cela qu'il a créé ces relations avec moi,
00:57:18 pour que je puisse lui servir de relais.
00:57:22 Lorsqu'il a vu que tout cela s'était passé derrière lui,
00:57:26 et qu'il n'a jamais eu peur de cela,
00:57:29 ça n'est plus pour moi,
00:57:32 comme être l'homme, qu'il faut charger de plus,
00:57:37 pour qu'il ne s'en sorte pas.
00:57:39 Parce que peut-être qu'il se sent que je l'ai trahi,
00:57:42 en dehors de ce qu'il est mon supérieur,
00:57:46 que je devais au moins avoir la gentillesse,
00:57:49 vivre une relation, de lui faire part de ce qui se passe.
00:57:53 Parce que là, ce qui s'est passé,
00:57:56 durant nos arrestations,
00:57:58 c'est son adjoint qui était en fonction,
00:58:03 et qu'ils n'ont pas effleuré quoi que ce soit,
00:58:08 jusqu'à l'arrestation d'agence.
00:58:10 Donc là, c'était de trop.
00:58:13 Lorsqu'il est revenu la nuit,
00:58:17 il m'a dit qu'il faut que dans ma déclaration,
00:58:21 que je charge certaines personnes.
00:58:23 Il m'a cité les noms.
00:58:24 Il faut que je les charge.
00:58:26 Si je veux que moi, je sois sauvé.
00:58:29 J'ai dit écoute,
00:58:31 s'il s'agit de faire les choses consciencieusement,
00:58:35 je les ai faites, je les ai dites.
00:58:38 Le reste, vraiment si vous voulez changer,
00:58:41 vous faites ce que vous voulez.
00:58:43 Mais ce n'est pas à moi d'écrire ça par ma main.
00:58:52 Il a même demandé à celui qui faisait l'interrogatoire,
00:58:56 à Savar Ndiagadjic, de sortir.
00:58:58 Lorsque j'ai passé à cette tentative,
00:59:02 ils ont fait passer par la méthode dure,
00:59:07 pour me faire avouer ça.
00:59:09 Et que je déclare, je dis,
00:59:12 jusqu'à là, ce qui a été dit dedans,
00:59:15 ça n'a pas été ma déclaration.
00:59:17 Mais lorsqu'ils m'ont torturé,
00:59:20 et qu'ils m'ont fait une déclaration,
00:59:23 ils m'ont dit de le reconnaître,
00:59:26 j'ai dit je ne peux pas le reconnaître.
00:59:29 Mais malheureusement, c'est cette déclaration
00:59:32 qui a passé au niveau des PV,
00:59:35 au niveau de l'inculpation.
00:59:40 C'est sur cette déclaration qu'ils sont basés
00:59:43 pour faire l'inculpation.
00:59:45 Et de là,
00:59:47 ils ont demandé la peine de mort pour 18 ans,
00:59:50 dont je faisais partie.
00:59:52 Ce qui s'est passé après encore,
00:59:58 ça montre que tout ça,
01:00:00 ça ne tenait que sur des châteaux de carton,
01:00:03 ça ne tenait sur rien.
01:00:05 Parce que même au niveau de la condamnation,
01:00:09 il y a eu des négociations.
01:00:13 Des négociations extra courts.
01:00:17 Parce que beaucoup d'éléments avaient confirmé
01:00:21 qu'il y a certains qui devaient être exécutés.
01:00:24 Peut-être qu'ils ne sont pas ceux qui sont exécutés.
01:00:28 Qu'ils ne sont pas Basséidi,
01:00:30 qu'ils ne sont pas Sarra Amodou,
01:00:32 qu'ils ne sont pas Sisseidou.
01:00:34 Mais il y a eu des contingences
01:00:37 qui ont fait que certains avaient beaucoup plus
01:00:40 d'assises sociales,
01:00:42 avaient beaucoup plus d'assises politiques
01:00:45 que les autres.
01:00:47 Ce qui fait qu'il fallait seulement donner la leçon,
01:00:50 montrer qu'il y a quelque chose qui est tenté,
01:00:53 qui ne devait pas l'être.
01:00:55 Montrer qu'il faut que du CIA,
01:00:57 ceux qui pourraient continuer dans ces choses.
01:01:00 Donc il fallait seulement donner la leçon.
01:01:03 Donc la condamnation,
01:01:05 en réalité, pour la peine de mort,
01:01:08 ne dépendait pas tellement...
01:01:10 Ils ne se sont pas référés tellement
01:01:13 à la réalité des faits.
01:01:15 Parce que je peux dire...
01:01:17 Sarra Amodou n'était pas à North Dibou.
01:01:20 Il était à North Dibou
01:01:22 le jour qu'il disait que le coup allait se passer,
01:01:25 le 20 octobre.
01:01:27 Il n'était pas à North Dibou.
01:01:29 Il était à Michon, à North Dibou.
01:01:31 Donc si ce coup existait,
01:01:33 il n'allait pas être présent.
01:01:36 Bah, Seydou, c'est vrai, il était à North Dibou.
01:01:39 Si Seydou était malade,
01:01:41 il n'était pas à North Dibou.
01:01:43 Donc de tous ces éléments,
01:01:45 montrer et démontrer que...
01:01:47 que cette peine de mort,
01:01:49 cette condamnation de peine de mort,
01:01:52 ne s'est pas basée sur des faits réels
01:01:56 qui le justifiaient.
01:01:58 Il y a beaucoup de choses,
01:02:01 de reste,
01:02:03 que je ne peux pas dire.
01:02:05 Mais ce qui est consommable,
01:02:07 c'est ça que je peux dire.
01:02:09 Après, à la sortie,
01:02:12 le colonel Cheikh Oubouéde,
01:02:15 qui était vivant,
01:02:17 aujourd'hui il est mort,
01:02:19 qui était vivant,
01:02:21 il a tenu à me rencontrer.
01:02:24 Je suis venu dans son bureau.
01:02:27 Ce qu'il m'a dit,
01:02:29 c'est que je ne pouvais pas
01:02:31 me mettre sur son dos.
01:02:33 Il m'a dit que je n'étais pas
01:02:35 un homme juridique.
01:02:37 Il m'a dit que je n'étais pas
01:02:39 un homme juridique.
01:02:41 Je n'étais pas un homme juridique.
01:02:43 Je n'étais pas un homme juridique.
01:02:45 Je n'étais pas un homme juridique.
01:02:47 Je n'étais pas un homme juridique.
01:02:49 Je n'étais pas un homme juridique.
01:02:51 Je n'étais pas un homme juridique.
01:02:53 Je n'étais pas un homme juridique.
01:02:55 Je n'étais pas un homme juridique.
01:02:57 Je n'étais pas un homme juridique.
01:02:59 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:01 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:03 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:05 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:07 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:09 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:11 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:13 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:15 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:17 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:19 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:21 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:23 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:25 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:27 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:29 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:31 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:33 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:35 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:37 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:39 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:41 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:43 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:45 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:47 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:49 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:51 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:53 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:55 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:57 Je n'étais pas un homme juridique.
01:03:59 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:01 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:03 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:05 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:07 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:09 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:11 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:13 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:15 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:17 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:19 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:21 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:23 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:25 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:27 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:29 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:31 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:33 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:35 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:37 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:39 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:41 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:43 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:45 Je n'étais pas un homme juridique.
01:04:47 Je n'étais pas un homme juridique.

Recommandée