Lenglet-Co and You du 09 janvier 2024
Regardez Lenglet-Co du 09 janvier 2024 avec François Lenglet.
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00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h38 Langue Léco avec vous François Langlis.
00:08 Bonjour à tous.
00:09 Alors vous nous parlez ce matin d'un pays qu'on connaît peu et qui pourtant joue un rôle extrêmement important dans notre vie quotidienne.
00:15 Oui, chacun d'entre nous a dans son placard au moins un vêtement fabriqué là-bas.
00:20 C'est le Bangladesh à l'est de l'Inde, pays de 170 millions d'habitants, qui est le deuxième exportateur mondial de textiles derrière la Chine.
00:29 Il en vend pour une quarantaine de milliards d'euros par an.
00:31 Il est ainsi le sous-traitant de marques à prix bas mondialement connues comme Zara, Primark, H&M ou encore Lidl.
00:39 Hier, la première ministre Cheikh Hasina a remporté les élections qui vont lui assurer un cinquième mandat de premier ministre.
00:47 C'est aujourd'hui la femme dirigeante politique qui a la plus forte longévité dans le monde.
00:53 Alors c'est une démocratie le Bangladesh ?
00:55 Écoutez, il y a bien voté, il a eu lieu, mais quelques jours avant l'élection, la première ministre a fait arrêter des milliers de sympathisants du principal parti d'opposition.
01:04 - Bien.
01:05 - Vous voyez que c'est une démocratie qu'on va dire apparente.
01:08 Le parti d'opposition a du coup décidé de boycotter la consultation.
01:12 Conséquence, taux de participation très faible, malgré les cadeaux du gouvernement.
01:17 Dans certaines régions, on offrait du poulet biryani à ceux qui se rendaient aux urnes.
01:22 - Je vais plus prêt à aller voter là-bas alors.
01:24 - C'est le Financial Times qui nous apprend ça.
01:27 - Oui.
01:27 - En résumé, c'est une démocratie autoritaire, si ce concept avait un sens.
01:31 Le pays est en effet assez récent, il n'a obtenu son indépendance du Pakistan qu'en 1971.
01:39 En fait, c'est une des parties musulmanes des anciennes Indes britanniques.
01:44 - Mais François, on se souvient que le secteur textile du pays avait connu une véritable catastrophe.
01:48 - Oui, c'est vrai, c'était il y a dix ans exactement, l'effondrement du Rana Plaza, qui avait fait plus de 1100 morts.
01:54 Le bâtiment abritait des ateliers textiles et faute d'entretien,
01:57 il s'était abattu sur les ouvriers et les enfants de la crèche d'entreprise.
02:01 On avait retrouvé dans les décombres des étiquettes de marques du monde entier,
02:05 et notamment pour la France, de marques de grands distributeurs, Carrefour, Auchan.
02:10 Catastrophe qui avait brutalement jeté une lumière terrible sur les arrières-cuisines de la mode internationale.
02:17 - Alors, dix ans plus tard, est-ce que les choses ont changé ?
02:19 - Oui, quand même. D'abord parce que ce choc, ça a été un choc mondial,
02:23 il a débouché sur la mise en place de filières de vêtements éthiques.
02:26 Bon, c'est vrai que ce sont des filières marginales, mais quand même.
02:29 Et surtout là-bas, les conditions de travail se sont un peu améliorées.
02:32 La législation sociale s'est heureusement durcie pour les employeurs, après cette affaire du Rana Plaza.
02:38 Mais tout ça reste quand même inachevé.
02:41 Les quelques 4,5 millions de travailleurs du textile restent payés comme des esclaves.
02:46 Un peu plus d'une centaine d'euros par mois.
02:48 Ils ont fait même grève à l'automne dernier pour demander une revalorisation qu'ils ont obtenue à cause de l'inflation.
02:53 - Alors, qui est responsable des conditions sociales là-bas ? Les marques occidentales ou les employeurs locaux ?
02:57 - C'est toujours le problème, si vous voulez.
02:59 Une enquête britannique récente, elle datait de l'année dernière, a mis en cause à nouveau les marques occidentales.
03:04 Et celles-ci ont plaidé, comme d'habitude, leur ignorance des conditions sociales imposées aux salariés locaux par les sous-traitants locaux.
03:13 Sous-traitants qui sont en fait parfois de véritables esclavagistes modernes.
03:17 Pour autant, peut-on faire fabriquer des produits sans se soucier des conditions sociales locales, en ne s'intéressant qu'au prix ?
03:24 Ça se discute.
03:26 Les parlementaires européens se sont saisis du sujet.
03:28 Ils imposent désormais aux entreprises un devoir de vigilance dans le cadre du travail forcé.
03:33 Pour supprimer cette forme d'exploitation des hommes, il serait en effet indispensable d'étendre la responsabilité des donneurs d'ordre.
03:42 [SILENCE]