Des cours d’empathie pour lutter contre le harcèlement scolaire. Déjà testés dans des écoles du 18e arrondissement de Paris, ces cours vont être étendus à plusieurs centaines d’établissements avant d’être généralisés à la rentrée prochaine. “Les premiers retours sont positifs”, affirme Brigitte Servoni, inspectrice de l'Education nationale, qui chapeaute une partie de l’expérimentation de ces cours dans la capitale. Il y avait derrière ces premières tentatives “la nécessité de créer des communautés d'enfants qui soient bienveillants, tolérants et respectueux ; apprendre à être un bon camarade”.
“J'avais certaines écoles maternelles qui connaissaient un climat scolaire un peu tendu, avec des tensions entre élèves, des comportements agressifs, des coups, des griffures, des contacts physiques inappropriés”, explique-t-elle. “Nous nous sommes questionnés sur les leviers possibles pour améliorer le climat scolaire et la méthode danoise ‘Fri for Mobberi’ qui signifie ‘libérer du harcèlement’”, détaille encore Brigitte Servoni.
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“J'avais certaines écoles maternelles qui connaissaient un climat scolaire un peu tendu, avec des tensions entre élèves, des comportements agressifs, des coups, des griffures, des contacts physiques inappropriés”, explique-t-elle. “Nous nous sommes questionnés sur les leviers possibles pour améliorer le climat scolaire et la méthode danoise ‘Fri for Mobberi’ qui signifie ‘libérer du harcèlement’”, détaille encore Brigitte Servoni.
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00:00 Il est 6h22, c'est la rentrée et dans 1000 écoles en France, il va y avoir de nouveaux
00:04 cours, des cours d'empathie pour lutter contre le harcèlement scolaire.
00:08 Le gouvernement lance cette expérimentation en primaire, donc ça concerne aussi les maternelles,
00:13 avant de la généraliser à la rentrée de septembre.
00:15 Mais pour être tout à fait précis, ça se fait déjà dans une poignée d'établissements,
00:19 notamment ceux que vous supervisez.
00:20 Brigitte Servoni, bonjour.
00:21 Bonjour.
00:22 Vous êtes inspectrice de l'Education nationale.
00:24 Sous votre responsabilité, il y a une partie des écoles primaires du 18ème arrondissement
00:28 de Paris, dont 9 qui expérimentent ces cours d'empathie depuis un an et demi.
00:32 Si on passe à la vitesse supérieure aujourd'hui, c'est que ça fonctionne ? Les premiers retours
00:36 sont positifs ? Oui, les premiers retours sont positifs.
00:39 Ce qui m'a amenée à impulser cette expérimentation, c'est la nécessité de créer des communautés
00:48 d'enfants qui soient bienveillants, tolérants et respectueux.
00:52 Apprendre à être un bon camarade.
00:55 J'avais certaines écoles maternelles qui connaissaient un climat scolaire un peu tendu,
01:01 avec des tensions entre élèves, des comportements agressifs, des coups, des griffures, des
01:06 contacts physiques inappropriés.
01:08 Nous nous sommes questionnées sur les leviers possibles pour améliorer le climat scolaire.
01:14 Et la méthode danoise "free from obery", qui signifie "libérer du harcèlement",
01:19 nous est apparue.
01:20 C'est une méthode danoise qui inspire ces cours développés en France.
01:25 Depuis que ces cours ont été mis en place, dans les quelques établissements que vous
01:29 avez en charge, vous avez constaté qu'il y avait moins de harcèlement ?
01:33 Toutes ces faits que vous nous décriviez n'existent plus ?
01:35 Oui.
01:36 Les premiers retours sont… De harcèlement, on ne peut pas parler, on est dans la prévention
01:40 du harcèlement.
01:41 On travaille en amont.
01:44 Ce que l'on met en place, c'est pour éviter que le harcèlement n'arrive.
01:48 Dans le kit que nous avons utilisé, dans cette méthode "free from obery", il y a
01:54 des différents outils.
01:56 Par exemple, il y a d'abord une peluche, un ours, c'est l'ami ours.
02:03 C'est la mascotte du programme et c'est un peu le symbole des quatre valeurs de respect,
02:10 de bienveillance, de tolérance et de courage.
02:12 Et comment elle intervient cette peluche ? Comment elle est utilisée ?
02:14 Cette ours, c'est l'ami de tous les enfants.
02:19 Il vit dans l'école, il vit dans les classes.
02:21 Par exemple, un enfant qui a du chagrin, parce que c'est un peu dur le matin, de quitter
02:27 papa et maman, peut aller prendre l'ami ours pour se réconforter.
02:31 Ça peut être aussi un autre enfant qui va apporter l'ami ours à un enfant qui a du
02:38 chagrin.
02:39 Il montre à son camarade qu'il est là pour lui, qu'il a repéré qu'il était triste.
02:45 Donc il y a cette ours, mais je sais aussi que ses cours d'empathie passent aussi sous
02:49 la forme de jeux.
02:50 Comme c'est des tout-petits, je le disais, c'est en primaire, parfois c'est des tout-petits.
02:54 Il y a des jeux, des discussions par exemple.
02:55 Ce sont des images qui représentent des situations classiques de la vie de l'école.
03:03 Par exemple, une situation d'enfant qui se dispute pour des briques du plot.
03:08 L'enseignant apporte le vocabulaire pour que les élèves puissent s'exprimer par
03:14 rapport à cette situation.
03:15 On travaille le langage.
03:17 Une fois que le lexique a été travaillé, on peut travailler sur les émotions.
03:22 Comment les enfants qui sont sur l'image se sentent ?
03:26 Dire ce qu'on a ressenti à ce moment quand le petit camarade lui piquait son jouet,
03:31 essayer de désamorcer le conflit par la parole.
03:33 Voilà, c'est exactement ça.
03:34 On va amener les enfants à trouver des solutions pour résoudre ce problème.
03:40 Mais tout ça, ce n'est pas déjà des choses qui se font quand même à l'école depuis
03:44 très longtemps, depuis la nuit des temps.
03:45 Ce sont des choses qui se font.
03:47 Le travail autour des émotions, apprendre aux enfants à repérer leurs émotions, à
03:55 les exprimer de façon constructive, communiquer de façon empathique, travailler le consentement
04:02 aussi, le refus.
04:03 Ce sont des choses que l'on fait à l'école.
04:06 Mais là, ce sera vraiment généralisé.
04:08 Normalement, à la prochaine rentrée de septembre.
04:09 Mais là, c'est généralisé et c'est mis en place tous les jours.
04:11 Alors là, pour l'expérimentation, d'après ce que dit le ministre de l'éducation nationale,
04:16 c'est une à deux heures par semaine pour les mille écoles qui lancent l'expérimentation.
04:20 Et les parents dans tout ça ?
04:21 Les parents sont impliqués.
04:24 On explique aux parents ce qui est proposé aux enfants.
04:28 Et par exemple, travailler la notion de consentement.
04:32 C'est important aussi que les parents sachent que l'on apprend à leurs enfants à dire
04:37 non.
04:38 Et on s'aperçoit qu'apprendre à dire à un enfant, à dire stop, là je me sens triste
04:48 ou je me sens gênée par cette situation.
04:51 C'est important d'apprendre aux enfants qu'on ne peut pas les forcer à, par exemple, recevoir
04:57 un câlin à un enfant qui a le droit de dire non, là je n'ai pas envie de bisous.
05:02 Donc on leur apprend à l'école entre eux.
05:05 Et c'est important aussi que les parents sachent.
05:08 Ça ne peut fonctionner que si ce qui est appris à l'école, il y a un prolongement
05:12 à la maison.
05:13 Il faut que ça existe des deux côtés.
05:15 Les enseignants qui vont donner ces cours d'empathie à partir d'aujourd'hui et dans
05:19 les prochains jours, dans mille écoles je le rappelle, comment ils ont été formés ?
05:23 Comment ils ont appris le contenu de ces cours et enseigné à donner ces cours ?
05:27 Alors, il y a une formation de 6 heures qui a été proposée aux enseignants qui ont
05:33 mis en place cette méthode danoise pour leur apprendre à utiliser les outils.
05:38 Donc il y a un kit expliqué, il y a tout ce qu'il faut.
05:43 Et puis ensuite il y a des outils qui sont proposés aujourd'hui par le ministère
05:47 qui là sont vraiment… il y a des fiches avec un support théorique, un conducteur
05:54 d'atelier.
05:55 Donc il y a différents outils.
05:57 Et dernière question, Brigitte Servony, le primaire c'est le bon niveau, dès la maternelle
06:03 c'est pas trop tôt ?
06:04 Alors je pense qu'il faut commencer très tôt pour apprendre aux enfants à accroître
06:12 leur compréhension d'eux-mêmes, apprendre à gérer ses impulsions, apprendre à résoudre
06:18 des problèmes de façon créative.
06:20 Dès les débuts de la socialisation en fait.
06:22 On commence cela dès l'école maternelle.
06:24 Dès l'école maternelle.
06:25 Pour ces premiers cours d'empathie qui vont être donnés dans mille écoles en France.
06:29 Donc c'est une expérimentation.
06:31 Vous êtes pionnière sur le sujet en France, Brigitte Servony, inspectrice de l'éducation
06:36 nationale et invitée du 5/7 ce matin.