• il y a 11 mois

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00:00:00 Bonjour Emmanuel Macron.
00:00:03 Bonjour.
00:00:04 Nous sommes le 27 novembre, vous revenez tout juste des Invalides
00:00:07 et de l'hommage national qui a été rendu aux victimes des attentats.
00:00:10 Le vendredi 13 novembre, autour de 15 heures,
00:00:13 nous avons enregistré une émission spéciale avec vous.
00:00:16 Dans cette émission, vous rencontriez des ouvriers, des collégiens,
00:00:20 vous nous parliez de votre vision de l'économie française.
00:00:23 Et puis quelques heures après, il y a eu les attentats.
00:00:25 Vous étiez où à ce moment-là ?
00:00:27 Ici, dans ce ministère.
00:00:31 Et au début, on a eu les mêmes informations que tout le monde.
00:00:36 Et puis j'ai échangé avec le président de la République.
00:00:39 Il m'a dit que ce qui se passait était grave.
00:00:42 Et très rapidement, il a convoqué un conseil des ministres.
00:00:45 Conseil réuni en pleine nuit pour décréter l'état d'urgence.
00:00:49 Comment est-ce que vous avez vécu ces moments-là ?
00:00:52 Avec beaucoup de gravité.
00:00:53 Je crois que toutes celles et ceux qui étaient autour de la table
00:00:56 ont compris tout de suite ce qui se passait.
00:00:59 Et donc il y avait à la fois beaucoup d'émotions,
00:01:00 évidemment, parce qu'on avait des proches.
00:01:04 J'avais des enfants qui étaient à ce moment-là sortis,
00:01:07 d'ailleurs, dans cet arrondissement,
00:01:08 ce qui a été la première des angoisses.
00:01:11 Et puis beaucoup d'amis.
00:01:12 Et puis en même temps, la gravité,
00:01:14 parce qu'on sent que quelque chose se passe
00:01:16 et qu'il faut être à la hauteur de ce que le pays vit.
00:01:19 Vous avez employé un mot,
00:01:20 un mot qu'on n'a pas entendu souvent ces derniers temps
00:01:23 dans la bouche des plus hauts responsables de l'État,
00:01:25 le mot de fraternité.
00:01:27 Oui, mais la préoccupation, vous savez, du président,
00:01:30 du Premier ministre, des grands ministres régaliens,
00:01:32 c'est aujourd'hui la sécurité.
00:01:35 Et c'est, je crois, ce que nos concitoyens demandent.
00:01:37 Parce que pour pas que la peur s'installe,
00:01:39 il faut tout de suite la sécurité et l'autorité.
00:01:42 Et donc, en effet, parce que ce crime,
00:01:46 ces attentats sont inexcusables, inexplicables,
00:01:50 ils doivent être non seulement punis, mais pourchassés.
00:01:53 Vous dites "inexplicables",
00:01:55 et pourtant, quelques jours après les attentats,
00:01:57 vous avez essayé d'expliquer, vous avez essayé de comprendre,
00:02:00 vous avez déclaré que la société française
00:02:03 devait assumer une part de responsabilité
00:02:05 dans le terreau sur lequel a prospéré le djihadisme.
00:02:10 Il ne s'agit en aucun cas de s'auto-flageller.
00:02:12 Moi, je ne suis pas du tout de cela.
00:02:14 Et ça, ça n'a aucun sens.
00:02:16 Mais le devoir de tout responsable politique,
00:02:18 c'est de comprendre, d'expliquer,
00:02:22 pas pour excuser, pour ne pas que ça se reproduise.
00:02:25 Parce que dans le même temps, si on regarde les choses en face,
00:02:28 ces jeunes, ils sont nés, ils ont grandi en France.
00:02:32 Ce ne sont pas des gens d'un autre continent,
00:02:34 d'une autre planète,
00:02:35 ni même des gens venant de plusieurs milliers de kilomètres.
00:02:39 Ils sont nés, ils ont grandi là.
00:02:41 Comment ça arrive ?
00:02:42 Comment la radicalisation arrive dans nos sociétés ?
00:02:45 Parce qu'il y a cet hydre morbide qu'est le terrorisme djihadiste.
00:02:50 Mais parce qu'on a aussi, quelque part, raté quelque chose.
00:02:55 Parce que la perte de sens...
00:02:56 Nous avons raté quelque chose ?
00:02:58 Les élites, pas la société.
00:03:00 Les élites qui ont une responsabilité.
00:03:02 Mais il faut bien le dire, la République, ses principes,
00:03:07 la laïcité, la force d'intégration républicaine,
00:03:10 cette fraternité dont je parle,
00:03:12 elle ne doit accepter aucun compromis sur le territoire.
00:03:15 Aucun.
00:03:16 Et parfois, on l'a accepté, parfois, on a laissé des choses se faire.
00:03:19 Et en même temps, elle doit donner une place à chacun.
00:03:22 C'est ça aussi la fraternité.
00:03:24 Et on a laissé s'installer de l'exclusion.
00:03:26 Je ne dis pas que l'exclusion explique, je dis qu'elle est là.
00:03:29 Et ces jeunes qui se radicalisent,
00:03:31 ce sont des jeunes qui parfois ont perdu le lien familial,
00:03:34 qui parfois n'avaient plus d'espoir social,
00:03:37 qui parfois n'avaient plus aucun lien avec quelque réflexion que ce soit.
00:03:41 Cette perte de sens, elle est là dans notre société.
00:03:44 Et ça, c'est notre responsabilité,
00:03:46 pour reprendre l'expression que vous avez employée ?
00:03:48 Bien sûr, quand on est responsable politique, c'est notre responsabilité.
00:03:52 La République a parfois été abandonnée.
00:03:55 Il faut la restaurer, avec force.
00:03:57 Ne rien laisser à des extrémistes qui n'ont rien à voir avec les religions
00:04:00 et qui bafouent l'égalité républicaine,
00:04:03 l'égalité entre un homme et une femme,
00:04:04 qui font endoctriner des jeunes enfants.
00:04:07 Et de l'autre côté, la République, elle s'abandonne
00:04:10 quand elle accepte que quand on a un prénom d'origine musulmane,
00:04:14 on a quatre fois moins de chances d'avoir un entretien d'embauche.
00:04:18 C'est pour moi la même problématique.
00:04:21 La même problématique ?
00:04:22 Ça n'explique pas, ça n'excuse pas, mais c'est la même problématique.
00:04:24 C'est le manque à notre projet républicain.
00:04:28 Mais vous êtes l'un des seuls à gauche à essayer d'avoir cette démarche
00:04:31 d'analyse, de compréhension.
00:04:33 Vous avez entendu Bernard Cazeneuve sur France 2
00:04:36 dire qu'il n'y avait pas d'explication,
00:04:37 qu'il n'y avait que la folie mortiaire.
00:04:39 Vous avez entendu Emmanuel Valls, et d'ailleurs,
00:04:41 certains ont pensé qu'il s'adressait à vous,
00:04:43 dire à l'Assemblée nationale, et je le cite,
00:04:45 "J'en ai assez de ceux qui cherchent en permanence des excuses
00:04:48 ou des explications sociologiques ou culturelles à ce qui s'est passé."
00:04:51 Mais je suis entièrement d'accord avec l'un et l'autre.
00:04:55 Je n'excuse ni n'explique.
00:04:59 Mais en même temps qu'on se bat aujourd'hui,
00:05:01 qu'on accepte la suspension momentanée de l'état de droit
00:05:05 par l'état d'urgence.
00:05:07 Moi, mon devoir, comme celui de tout responsable politique,
00:05:09 c'est de comprendre.
00:05:10 Comprendre, ce n'est pas excuser, ce n'est pas justifier.
00:05:14 Mais c'est faire en sorte que cela ne se reproduise plus.
00:05:17 Et nous avons notre part de responsabilité partout où nous sommes.
00:05:20 En tant que ministre de l'économie, j'ai ma part de responsabilité
00:05:24 pour que ça aille mieux, pour construire ce futur.
00:05:26 Et c'est tout faire pour qu'il y ait plus de mobilité sociale.
00:05:29 Qu'est-ce que ça va changer dans l'économie française,
00:05:32 cette nouvelle page qui s'ouvre avec le 13 novembre ?
00:05:36 Écoutez, c'est très difficile à dire.
00:05:38 Tout dépend de ce qui va se passer dans les prochaines semaines.
00:05:41 J'ose espérer que le calme va rester là.
00:05:46 Et donc, un retour à la normale est en train de se faire.
00:05:50 Que la vie reprendra ses droits ?
00:05:51 Je l'espère, je le pense, je fais tout pour.
00:05:53 Et donc, si la vie reprend ses droits sur le plan économique,
00:05:55 les choses rentreront dans l'ordre.
00:05:57 Après, moi, je pense qu'on ne peut pas vivre aujourd'hui comme hier.
00:06:01 C'est ce que je disais.
00:06:02 Il faut continuer à réformer le pays pour l'ouvrir,
00:06:04 pour le décloisonner,
00:06:06 pour être à la hauteur du défi qui est le nôtre.
00:06:08 Merci Emmanuel Macron.
00:06:10 Je vous propose maintenant de voir l'émission
00:06:12 que nous avons enregistrée le 13 novembre dans l'après-midi.
00:06:15 Nous avons sélectionné les moments les plus forts de cet entretien,
00:06:20 de ces rencontres que vous avez eues avec des ouvriers, des collégiens.
00:06:23 C'est le supplément et c'est tout de suite sur Canal.
00:06:25 [Musique]
00:06:52 Bonjour à tous et bienvenue dans le supplément.
00:06:54 Nous sommes ensemble avec toute l'équipe.
00:06:56 Jérôme Bermain, Aurélia Perrault, Azdin Ahmed Chahouch,
00:07:00 Marc Bauger, Valentino Berti et bien sûr Vincent Deliene.
00:07:04 - Ça va ? - Salut à tous.
00:07:07 - Ça va très bien ? - Ça va pas.
00:07:09 - Non ? - Ça a été très compliqué pour moi cette semaine.
00:07:12 Parce que j'avais... Pourquoi tu te marres ? C'est vrai ?
00:07:14 J'avais pas assez de matière pour la bio.
00:07:16 Il faut recevoir des invités qui ont plus que 21 ans.
00:07:19 C'est effectivement un vrai problème.
00:07:21 Émission spéciale aujourd'hui avec l'homme de la semaine.
00:07:24 Un fantasme, une start-up, le ministre de l'économie,
00:07:27 de l'industrie et du numérique, Emmanuel Macron.
00:07:29 [Musique]
00:07:34 - Bonjour. - Bonjour.
00:07:35 Et bienvenue.
00:07:36 [Musique]
00:07:41 Bonjour Emmanuel Macron.
00:07:42 Fantasme, start-up, ça vous définit bien ?
00:07:46 Bonjour.
00:07:47 - Bonjour. - Bonjour à tous et à toutes.
00:07:49 C'est pas à moi de me définir donc je laisse les qualificatifs se mettre les uns après les autres sur la table.
00:07:55 C'est ce qu'on a lu cette semaine dans la presse et on a une heure et demie pour mieux vous connaître
00:07:58 et mieux comprendre votre politique.
00:08:00 Au sommaire de l'émission aujourd'hui, nous sommes allés chez Uber,
00:08:03 entreprise phare de la nouvelle économie.
00:08:05 Vous nous direz Emmanuel Macron si ce modèle est une chance pour l'emploi
00:08:08 ou le symptôme d'une société de plus en plus précaire.
00:08:12 Nous sommes allés à Sambre-et-Meuse, une entreprise centenaire du Nord
00:08:15 et qui symbolise à elle seule la grandeur passée et les malheurs de l'industrie made in France.
00:08:21 D'anciens ouvriers de l'usine vous interpellent en route.
00:08:23 Cette semaine aussi, grande opération de com' pour présenter votre futur projet de loi.
00:08:28 Caméra embarquée avec votre équipe, votre épouse et les acteurs de cette nouvelle économie.
00:08:33 Et à la fin de l'émission, on vous demandera, monsieur le ministre de l'économie,
00:08:36 de donner leur premier cours d'écho aux collégiens de Camille Corot HL.
00:08:41 Ils ont des tas de choses à vous demander.
00:08:43 Est-ce qu'il voulait vraiment être banquier au début
00:08:47 ou il avait déjà une idée en tête d'être ministre ou autre chose ?
00:08:53 Voilà le type de question à laquelle vous allez devoir répondre tout à l'heure.
00:08:56 Emmanuel Macron, vous êtes ministre de l'économie depuis le 26 août 2014.
00:09:01 Vous avez compté les jours ?
00:09:02 Jamais.
00:09:03 447. On l'a fait pour vous et on va commencer donc par revivre avec vous
00:09:07 les temps forts, les polémiques, les transgressions d'un an et trois mois d'Emmanuel Macron à Bercy.
00:09:13 Beau, jeune, riche et intelligent.
00:09:16 Emmanuel Macron est tout ça à la fois et plus encore.
00:09:18 Monsieur Emmanuel Macron, ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique.
00:09:26 Emmanuel Macron, 36 ans, qui remplace presque poste pour poste Arnaud Montebourg.
00:09:34 Doucement, doucement, doucement.
00:09:35 Je suis le premier surpris de ce qui se passe aujourd'hui.
00:09:38 Emmanuel Macron est l'anti-Montebourg.
00:09:41 Bonne chance Manu.
00:09:43 Emmanuel Macron était déjà membre du PS, diplômé de philosophie et énarque.
00:09:48 Moi j'ai envie d'être son instite.
00:09:49 Ah ouais ?
00:09:50 J'ai envie de dire Macron au tableau.
00:09:53 Vous connaissez vos sous-préfectures ?
00:09:54 Non.
00:09:55 Bon.
00:09:56 Après deux ans à l'inspection des finances, il rejoint le privé, banquier d'affaires chez Rothschild.
00:10:01 Ça peut être une bonne chose d'avoir un banquier à Bercy.
00:10:04 François Hollande, il voulait faire la guerre à la finance et il déclare son amour à la banque.
00:10:09 C'est troublant.
00:10:10 Jugez-moi sur les actes et sur les paroles.
00:10:13 Il n'y a que ça qui compte, en tout cas c'est ma religion.
00:10:16 Enfin vous voilà, la génération qui promet de parler 100 langues de bois.
00:10:20 Bienvenue pour votre première.
00:10:22 La société gade.
00:10:23 Vous savez, cet abattoir.
00:10:25 Il y a dans cette société une majorité de femmes.
00:10:27 Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées.
00:10:30 Alors nous on vient vous prouver qu'on n'est pas illettrées, qu'on a un permis.
00:10:34 On se sent bafouées, on se sent diminuées.
00:10:36 Le nouveau ministre de l'économie obligé de faire des excuses à l'Assemblée nationale.
00:10:41 Mes excuses les plus plates, elles vont à l'égard des salariés que j'ai pu blesser,
00:10:46 que j'ai blessé à travers ces propos et je ne m'en excuserai jamais assez.
00:10:50 Bonjour à tous, Emmanuel Macron s'attaque à plusieurs sujets sensibles.
00:10:55 Les professions réglementées, le travail du dimanche et l'ouverture à la concurrence du secteur des autocars.
00:11:00 Les 200 articles de la loi Macron divise, nous verrons pourquoi.
00:11:03 Vous retrouvez de part et d'autre une forme d'humilion.
00:11:07 Ceux qui ne veulent pas changer le pays, ceux qui préfèrent dire que tout va bien,
00:11:12 ceux qui préfèrent dire on ne fait pas assez parce que vous ne l'avez pas fait.
00:11:15 Nous ne voulons rien faire mais nous, nous avancerons.
00:11:17 Macron, écoutez, les marcos sont dans la rue.
00:11:22 Emmanuel Macron subit là son premier revers.
00:11:25 Coup de théâtre à l'Assemblée face au risque de rejet de la loi Macron,
00:11:28 Manuel Valls décide de passer en force.
00:11:31 C'est l'aveu d'impuissance du gouvernement sur l'ensemble de sa politique économique.
00:11:34 Tu veux aller le promener cet après-midi ?
00:11:36 Oui, je vais l'amener faire un tour au MEDEF.
00:11:38 Je t'aime mes papas.
00:11:40 Devant les patrons, Emmanuel Macron lâche cette petite phrase contre son propre camp.
00:11:44 La gauche, je dois le dire, n'est pas exempte de critiques particulières.
00:11:48 Elle a pu croire à un moment que la France pourrait aller mieux en travaillant moins.
00:11:53 C'était des fausses idées.
00:11:55 Soit M. Macron pense ce qu'il dit.
00:11:59 Et dans ce cas-là, il doit toute urgence quitter le gouvernement et nous rejoindre.
00:12:03 Parce que nous pensons la même chose.
00:12:05 Soit M. Macron ne pense pas un mot de ce qu'il dit.
00:12:09 Et dans ce cas-là, il doit toute urgence quitter ce gouvernement.
00:12:13 Parce que le mensonge n'est pas une politique.
00:12:16 Qu'est-ce que vous avez dit il y a deux jours ?
00:12:17 Qu'est-ce que vous m'avez entendu dire ?
00:12:18 Il a dit qu'il fallait changer le statut des fonctionnaires.
00:12:21 Qu'est-ce que vous m'avez entendu dire ?
00:12:22 Ça, exactement.
00:12:22 Vous m'avez entendu dire ça ?
00:12:23 Ah oui.
00:12:24 Macron, comment vous dire, ras-le-bol.
00:12:28 La véritable vedette de cette journée, c'était le ministre de l'économie, Emmanuel Macron.
00:12:33 On est très contents des lois qu'on nous fait.
00:12:35 C'est parfait.
00:12:36 Eh bien tant mieux alors.
00:12:37 Mais que vous, les autres, on ne va pas en entendre parler.
00:12:40 Bon allez, bonne route.
00:12:42 Salut.
00:12:43 La phrase que vous retenez de ce qu'on a vu ?
00:12:50 Celle de Nicolas Sarkozy ?
00:12:52 Non, ça c'est une phrase de pur politicien.
00:12:55 C'est peut-être ce que j'ai dit à l'Assemblée.
00:12:56 Il y a peut-être un fond de vérité ?
00:12:57 Ce que vous avez dit à l'Assemblée après l'affaire des illettrés, Gade ?
00:13:00 Non, ce que j'ai dit à l'Assemblée au moment justement du vote de la loi croissance activité,
00:13:06 c'est-à-dire en dénonçant les archaïsmes, les conservatismes.
00:13:10 En dénonçant cette coagulation...
00:13:12 Les conservatismes à gauche et à droite ?
00:13:14 Oui.
00:13:15 Oui.
00:13:16 Je pense que ça, résolument.
00:13:17 Qu'est-ce qui ne passe pas dans ce qu'on vient de voir ?
00:13:21 Qu'est-ce qui vous reste en travers de la gorge ?
00:13:23 Rien.
00:13:24 Rien ?
00:13:25 Non.
00:13:26 Non, c'est la vie, c'est l'expérience de, en effet, 14 mois passés à ce poste.
00:13:30 Et je prends tout.
00:13:33 Certains ont créé de nouveaux mots à partir de votre nom.
00:13:36 Macronite, la maladie libérale qui va tuer la gauche.
00:13:40 Macronisme, la nouvelle école de pensée qui pourrait sauver le socialisme.
00:13:46 Macronite ou Macronisme ?
00:13:48 J'ai peur d'être conflité, puisque d'un côté c'est une maladie, de l'autre c'est un espoir.
00:13:52 Donc j'espère ne pas être une maladie et je ferai tout pour essayer de faire bouger les lignes.
00:13:58 Et en tout cas, briser des tabous et réussir à installer d'autres convictions.
00:14:03 Je crois dans la liberté, je crois dans la réussite.
00:14:06 Je pense que ce sont des bons exemples qu'il faut mettre en avant.
00:14:09 Et de l'autre côté, sans naïveté, je pense qu'il faut restaurer à chaque moment important de la vie des opportunités égales.
00:14:16 Mais je ne suis pas pour une France de l'envie, du repli sur soi, du ressentiment.
00:14:21 Parce que c'est ça, je pense, qui nous a un peu tirés vers le bas.
00:14:25 Cette semaine, vous présentiez donc, Noé, les grandes lignes de votre futur projet de loi.
00:14:29 Objectif, mettre en avant notamment les start-up, l'économie 3.0.
00:14:34 Asdin, tu as enquêté sur l'une des entreprises phares de cette nouvelle économie.
00:14:38 Alors, Uber, société américaine, près de 400 millions d'euros de chiffre d'affaires.
00:14:43 Le principe, mettre en relation des particuliers avec des chauffeurs indépendants.
00:14:47 Alors, on a un peu enquêté, on s'est rendu compte qu'Uber recrétait en priorité dans les banlieues des jeunes de quartier.
00:14:53 Uber crée des emplois dans les quartiers.
00:14:55 Alors, vous allez voir, M. Macron, que tout n'est pas rose.
00:14:57 Uber France nous a ouvert ses portes cette semaine.
00:14:59 Nous avons pu évaluer l'impact du nouveau boss dans les quartiers, le roi Uber.
00:15:04 Le roi Uber, on peut mettre un point d'interrogation, Asdin ?
00:15:07 On peut.
00:15:07 C'est un reportage d'Asdin Ahmedchaouch.
00:15:11 Le lieu est discret, au cœur d'un mini quartier d'affaires dans le nord de Paris.
00:15:16 Toute la journée, des centaines de personnes se pressent à l'intérieur de ce bâtiment, sans enseigne visible.
00:15:24 Voici le centre de recrutement en France d'Uber, un pôle emploi dédié au transport de personnes aux allures d'Apple Store.
00:15:32 - Je vais vous demander de vous connecter sur le téléphone, s'il vous plaît.
00:15:35 Ici, les agents d'accueil ont moins de 30 ans et pas de ticket.
00:15:39 On attend son tour en scrutant cet écran plasma.
00:15:43 Au milieu de la salle, pour patienter, les candidats ont droit à un film publicitaire.
00:15:48 Bienvenue dans le monde merveilleux d'Uber.
00:15:50 Travailler à son compte.
00:15:51 - Aujourd'hui, je suis chef d'entreprise.
00:15:54 Et devenir un patron respectable.
00:15:56 - On est assis dans une belle voiture, on est bien habillés.
00:16:00 Et un détail ne passe pas inaperçu.
00:16:02 Les chauffeurs sont tous jeunes et en majorité issus de la diversité.
00:16:07 Uber assume sa cible.
00:16:09 Près de 80% de ses chauffeurs viennent de banlieues.
00:16:12 - On va pas se mentir, vu nos origines, c'est un peu plus dur de trouver du travail ailleurs.
00:16:18 - C'est le nouveau pôle emploi, un peu Uber ? Tout le monde est là en train d'attendre.
00:16:21 - C'est le nouveau pôle emploi, ouais.
00:16:22 C'est mieux que pôle emploi, parce que les gens qui viennent ici finissent par travailler.
00:16:25 Par contre, pôle emploi, on a beau venir à des rendez-vous pendant je sais pas combien de temps, on trouve pas de travail.
00:16:30 - Moi, j'ai un bas comptabilité.
00:16:33 J'ai pas trouvé de travail.
00:16:34 J'étais comme équipier au Polyvalent au McDonald's.
00:16:38 - Et vous préférez Uber que McDo ?
00:16:41 - Moi, je cherche du travail, c'est pas question d'Uber ou McDo.
00:16:43 C'est l'essentiel, de travailler du travail.
00:16:45 Trouver un emploi pour des chômeurs dans l'impasse, cela ressemble à un jeu d'enfant.
00:16:53 Une simple photo et ce nouveau chauffeur est déjà opérationnel.
00:16:58 - Vous allez commencer quand, vous savez ? Il vous manque quoi ?
00:17:01 - Même tout de suite.
00:17:01 - Hein ?
00:17:02 - Même tout de suite.
00:17:03 - Ah oui, on pourrait y travailler.
00:17:04 - Ouais.
00:17:04 - Mais vous avez pas récupéré le petit...
00:17:06 Y a pas un iPhone à récupérer ?
00:17:07 - Non, non, non.
00:17:08 - Il est déjà installé dans la voiture.
00:17:11 - Donc là, vous pouvez aller travailler.
00:17:12 - On a créé le compte, c'est bon, c'est activé.
00:17:14 Et pour ceux qui doutent encore...
00:17:17 - Bonjour, monsieur.
00:17:18 Roger Lebongnon, expert comptable.
00:17:19 Un expert comptable, conseil sur place et futur auto-entrepreneur et chef d'entreprise.
00:17:25 - On va vous accompagner sur tout ce qui est fiscalité.
00:17:27 Suivez les éléments à faire ou éventuellement à éviter.
00:17:30 En 2 ans, Uber est devenu le nouveau roi de la banlieue.
00:17:35 Nous sommes à Montreuil-en-Seine-Saint-Denis, dans un ancien garage reconverti en centre de formation de chauffeurs VTC.
00:17:50 13 berlines sont mises à disposition pour les 60 apprentis.
00:17:56 Des futurs chauffeurs qui vont bientôt travailler via l'application Uber.
00:18:03 Il s'appelle Hakim, Christopheur ou Nordine et habite au Bervilliers, livrigargan au champs Clou-Lévine, des villes de région parisienne, souvent associées à des quartiers dissensibles.
00:18:13 Il y a les cours théoriques, comme cette leçon d'orientation.
00:18:18 - Rue Saint-Honoré, place Vendôme.
00:18:20 La rue à gauche.
00:18:22 Quelqu'un peut me donner la rue à gauche?
00:18:23 - C'est Fouvaux-Saint-Honoré.
00:18:26 - Puis la rue Saint-Honoré.
00:18:29 Et l'apprentissage de quelques rudiments en anglais pour assurer devant une clientèle étrangère.
00:18:33 Des élèves qui préfèrent de loin la leçon pratique.
00:18:49 - C'est bon, tu as checké les bouteilles d'eau?
00:18:51 Deux semaines de conduite sont obligatoires pour décrocher la carte professionnelle.
00:18:59 Coût de la formation, 2000 euros à la charge du futur chauffeur.
00:19:02 De quoi acquérir tous les réflexes du parfait conducteur.
00:19:05 - Quand tu roules, ne jamais coller les véhicules devant pour inconfort du client.
00:19:11 Comme pour Gisca, ancien livreur et bientôt chauffeur Uber.
00:19:15 - Vous espérez gagner combien par mois?
00:19:17 - On est à 3000, ce sera pas mal déjà.
00:19:20 - Quand vous me dites 3000, vous prenez en compte les frais de la voiture ou pas?
00:19:23 La location ou l'achat?
00:19:24 - Non, je ne prends pas en compte.
00:19:27 Gisca idéalise sans doute son futur chiffre d'affaires.
00:19:30 - C'est le patron qui nous accueille.
00:19:35 Bonjour.
00:19:35 - Bonjour.
00:19:35 - Ca va?
00:19:36 Voici l'homme qui vend du rêve à ses chauffeurs en herbe.
00:19:40 Thibault Saint-Phale, 33 ans, est le directeur général d'Uber France.
00:19:45 Un patron sans cravate qui se la joue cool.
00:19:49 Et qui laisse ses salariés mettre de la musique à fond après une réunion.
00:19:55 - Oui, la série, c'est un peu discolore.
00:19:56 On n'a rien à organiser, on organise un truc spécial pour la la pression.
00:20:00 A l'image d'une startup californienne, tout est fait pour se sentir bien dans l'entreprise.
00:20:07 Avec un seul objectif, travailler dans les meilleures conditions pour être le plus performant possible.
00:20:16 Dans cette ambiance très américaine, Thibault Saint-Phale et Uber jouent les sauveurs d'une économie française en Berne.
00:20:23 Particulièrement dans les quartiers.
00:20:25 - En France, il y a un gros problème de chômage et ce problème, il est surtout dans les banlieues.
00:20:29 Et c'est pour ça que les personnes qui habitent en banlieue se dirigent en premier lieu vers nous parce qu'ils voient un appel d'air des opportunités concrètes.
00:20:36 Nous, ce qu'on constate, c'est que 90% des chauffeurs qui utilisent Uber disent un des principaux motifs de satisfaction pour moi, c'est que je suis mon propre patron.
00:20:45 Le modèle américain importé dans nos quartiers populaires.
00:20:50 Yacine, 24 ans, est à son compte depuis six mois.
00:20:54 Il vit chez ses parents et quitte tous les jours son Val-de-Marne pour trouver des clients sur Paris.
00:20:59 Ancien manutentionnaire, il ne compte pas son temps pour faire son chiffre d'affaires.
00:21:05 - Je travaille 12 heures par jour, 6 jours sur 7 et au total, ça fait 70 heures d'alassement.
00:21:10 Car Yacine n'a pas le choix.
00:21:12 Il partage les frais avec un autre ami, lui aussi chauffeur, pour que le véhicule roule 24 heures sur 24.
00:21:18 Cette Peugeot 508, il la loue.
00:21:20 - Ça nous revient à 600 euros chacun dans le mois.
00:21:22 Sans compter l'essence, l'entretien de la voiture, la lave et tous les jours.
00:21:27 - A la fin, il vous reste combien individuellement en net dans les poches?
00:21:31 - En net individuellement, il doit nous rester à peu près 2000 euros.
00:21:36 Un maigre bénéfice pour le nombre d'heures passées au volant.
00:21:41 D'autant qu'Uber a récemment baissé ses tarifs de 20% pour être plus compétitif.
00:21:46 - Aujourd'hui, pour faire le chiffre d'affaires que je faisais avant, j'ai du mal à le faire.
00:21:50 Ils abusent un peu Uber.
00:21:51 - Vous ne pourriez pas continuer comme ça, à ce rythme là, tout le temps.
00:21:54 - Toute ma vie? - Oui.
00:21:55 - Ce serait le jeu.
00:21:56 C'est le pari d'Uber, moins cher pour le client, pour augmenter le nombre de courses,
00:22:04 au risque d'épuiser des chauffeurs qui doivent rentrer dans leurs frais.
00:22:07 C'est toute l'astuce du géant américain.
00:22:10 Uber n'est pas employé des chauffeurs.
00:22:13 Il prélève 20% du prix des courses.
00:22:17 Une nouvelle économie assumée par le patron français Thibaut Saint-Phalle.
00:22:20 Pour lui, l'Uberisation n'en est qu'à ses débuts.
00:22:23 - On est à des niveaux d'offres qui sont très inférieurs aux grandes métropoles du monde,
00:22:27 comme New York ou Londres.
00:22:28 Il faut augmenter l'offre.
00:22:30 Pour augmenter l'offre, il faut avoir des barrières d'entrée qui sont plus basses.
00:22:34 Et en faisant ça, créer jusqu'à 100 000 emplois en 2 ans.
00:22:36 C'est colossal, la quantité d'emplois et d'opportunités économiques qu'il y a dans ce secteur.
00:22:43 Pour l'instant, dans ce secteur, Uber affirme avoir créé 10 000 emplois en France.
00:22:47 Parmi eux, combien en jetait l'éponge ?
00:22:50 La marque communique beaucoup, mais pas sur ces chiffres-là.
00:22:53 - Uber est-il le modèle à suivre ?
00:22:59 Votre réponse Emmanuel Macron, juste après la pub.
00:23:10 - Le supplément continue, émission spéciale avec le ministre de l'économie Emmanuel Macron.
00:23:15 Est-ce que Uber, c'est le modèle pour vous de ce que doit être l'économie de demain ?
00:23:19 - Non, il n'y a pas un modèle de l'économie de demain.
00:23:22 Mais ça fait partie de ce qui, en effet, composera l'économie de demain.
00:23:26 Et dans l'exemple, je trouve que le reportage, d'ailleurs, est intéressant,
00:23:30 parce qu'on montre rarement, en effet, le visage de celles et ceux qui sont les chauffeurs d'Uber.
00:23:35 Et c'est à cet égard, je trouve, nouveau, parce qu'on a toujours les représentations.
00:23:38 - Alors justement, sur les visages, regardez, c'est Yassine, 24 ans, 70 heures par semaine, 12 heures par jour, 6 jours sur 7.
00:23:46 Ça fait 6,66 euros par heure.
00:23:49 C'est moins que le SMIC, qui est à peu près à 7,50.
00:23:51 Est-ce que c'est ça, le modèle de demain ?
00:23:53 - Non, ce n'est pas le modèle de demain.
00:23:55 Mais ce qui est intéressant, je ne sais pas ce que Yassine faisait auparavant,
00:23:59 mais tous ceux que vous avez interviewés dans votre reportage, ils étaient au chômage avant.
00:24:02 Et pourquoi ça a un tel succès dans les quartiers, comme on dit ?
00:24:08 - Il dit qu'il ne fera pas ça toute sa vie.
00:24:09 - Il ne fera pas ça toute sa vie.
00:24:10 Mais aujourd'hui, notre pays, c'est quoi ?
00:24:13 C'est un pays où c'est formidable d'être, en effet, en contrat à durée indéterminée, le fameux CDI,
00:24:18 ou être dans la fonction publique, parce que là, on sait qu'on a une garantie d'emploi, une situation, etc.
00:24:22 C'est déjà beaucoup plus dur quand on est en CDD ou en intérim.
00:24:25 Et aujourd'hui, dans notre pays, en particulier dans les quartiers, pour des jeunes peu qualifiés, la réalité, c'est quoi ?
00:24:32 Ce n'est même pas un CDD ou un intérim, c'est le chômage.
00:24:34 Donc moi, je préfère des jeunes comme Yacine qui, en effet, vont rentrer dans la vie du travail,
00:24:38 peut-être avec quelque chose qui est plus difficile, mais ils l'acceptent.
00:24:41 En tout cas, il a le choix.
00:24:42 - C'est sous le SMIC.
00:24:43 - En tout cas, il a le choix.
00:24:44 - C'est sous le SMIC.
00:24:45 - Il a le choix.
00:24:46 - Je vous rappelle quand même que vous êtes ministre de l'Économie et d'un gouvernement socialiste.
00:24:48 Des jeunes qui s'endettent, qui sont obligés de travailler des horaires barbares,
00:24:51 qui gagnent moins que le SMIC horaire, qui aujourd'hui, cherchent à se syndiquer pour être mieux protégés.
00:24:56 Ça vous va ?
00:24:57 - Je vais vous dire, Ali Baddou, je ne suis pas là pour expliquer à la jeunesse ce qu'elle doit faire.
00:25:01 Ce que je sais, c'est que dans le pays où nous vivons, et en effet, parce que je suis de gauche,
00:25:05 les statistiques sont encore sorties récemment, quand on est un jeune des quartiers,
00:25:09 c'est quatre fois plus difficile de décrocher, ne serait-ce qu'un entretien d'embauche
00:25:13 pour pouvoir entrer justement dans la vie du travail,
00:25:15 qu'aujourd'hui, pour les jeunes, le taux de chômage, c'est 25 %.
00:25:18 Dans ces quartiers, ça atteint souvent 50.
00:25:20 Et donc, oui, je préfère que pour ces jeunes, il y ait le choix, il y ait une opportunité.
00:25:24 Ils ne sont pas tous à ces tarifs-là.
00:25:26 Ils sont aujourd'hui dans le cadre du droit du travail.
00:25:29 Ils participent du marché du travail.
00:25:31 C'est un pied à l'étrier.
00:25:32 Mais il ne faut pas les comparer à un CDI auquel ils n'ont pas accès aujourd'hui.
00:25:36 Il faut simplement le comparer à la situation dans laquelle ils sont en vrai,
00:25:39 pas dans le studio de Canal+, pas dans les bureaux à Bercy, en vrai, dans leur cité,
00:25:44 là où on va rarement.
00:25:45 Et dans cette cité, moi, je n'ai pas de leçons à leur donner.
00:25:47 Ce n'est pas moi, ministre de l'Économie, qui va leur dire,
00:25:48 "toi, tu as le droit à deux choses, avoir le CDI ou le chômage."
00:25:51 - Votre boulot, c'est d'aller parler à la société Uber.
00:25:53 - Ou l'assistana.
00:25:54 - Votre boulot, c'est de parler à la société Uber.
00:25:55 - Mon boulot, c'est de lui parler.
00:25:57 Mon boulot, c'est de tout faire pour qu'en particulier,
00:25:59 et ça, c'est aussi le travail avec mon collègue Michel Sapin,
00:26:01 elle paye tous ses impôts en France.
00:26:03 - Oui, ce qui est très loin d'être le cas.
00:26:04 - Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
00:26:05 Donc ça, c'est un vrai sujet.
00:26:06 Mais ce n'est pas de lui expliquer si elle doit prendre ou pas des jeunes.
00:26:09 - Les chauffeurs Uber, ce sont des salariés pour vous ?
00:26:10 - Les chauffeurs Uber, aujourd'hui, ceux que vous avez vus là,
00:26:13 ce sont des entrepreneurs indépendants.
00:26:14 - Est-ce que c'est votre idée ?
00:26:16 Est-ce que chaque individu doit devenir sa propre entreprise ?
00:26:18 - Ça doit faire partie de ce qui peut exister.
00:26:20 Il faut de tout.
00:26:22 Il faut le salariat et puis il faut pouvoir avoir de l'entrepreneuriat indépendant.
00:26:26 C'est le droit à l'initiative économique.
00:26:28 Et moi, je suis pour. Je suis pour pourquoi ?
00:26:29 Parce que pour les plus jeunes, parfois les moins qualifiés,
00:26:32 c'est une façon de se mettre le pied à l'étrier.
00:26:34 C'est une façon d'avoir une opportunité, autre que l'assistana.
00:26:37 - Même si auto-entrepreneur, c'est un nouveau mot pour dire précaire dans certaines situations.
00:26:42 - D'abord, ça n'est pas vrai.
00:26:44 Ça n'est pas vrai, ça n'est pas systématique.
00:26:46 - Enfin là, on l'a vu.
00:26:47 - Là, vous avez pris un exemple qui le montrait bien.
00:26:48 C'est une situation...
00:26:49 - Tous les exemples sont à peu près dans ces tarifs-là.
00:26:51 - Non mais où on gagne, on est fait moins que le salaire minimum.
00:26:54 Mais est-ce que la comparaison...
00:26:55 - Un jour de repos par semaine, il ne peut même pas aller au cinéma.
00:26:57 Il nous l'a dit, on n'a pas pu tout mettre dans le reportage.
00:26:59 - Un, il a choisi de le faire.
00:27:01 - Il a choisi, il n'avait pas le choix.
00:27:02 - Il a choisi d'être là.
00:27:03 La deuxième, qu'est-ce que c'est ?
00:27:04 Si j'interdis ça, c'est quoi la solution ?
00:27:06 - On ne peut pas l'interdire, mais est-ce que vous accepteriez de travailler pour 6,66 euros par an ?
00:27:09 - Si j'interdis ça, qu'est-ce que c'est la solution ?
00:27:11 Vous avez commencé quelque part, vous avez...
00:27:13 On est dans une situation en quelque sorte où, avec des bons sentiments,
00:27:16 avec des bons sentiments, on est paternaliste.
00:27:18 Mais moi, je peux dire à un jeune, toi, tu n'auras même pas un entretien d'embauche pour un CDI.
00:27:23 Parce que c'est la réalité du système dans lequel on vit.
00:27:25 Tu auras une chance sur 10 d'avoir ce que tu veux décrocher.
00:27:29 - Il se rue comme...
00:27:30 - Et de l'autre côté, sinon, c'est quoi ? C'est l'assistanat ?
00:27:32 - Mais les jeunes... - Ça remplacerait Pôle emploi ?
00:27:33 On a l'impression que ça remplacerait Pôle emploi.
00:27:35 - Non, ça ne remplace pas Pôle emploi.
00:27:35 - C'est l'impression, ils nous le disent.
00:27:37 - Parce que ça leur donne une option.
00:27:39 Parce que le système aujourd'hui ne leur donne pas d'option.
00:27:41 Et donc, aujourd'hui, moi, je refuse d'être dans un dualisme, en quelque sorte.
00:27:46 Une situation où il n'y a que deux choix.
00:27:48 Soit vous avez un emploi protégé bien payé, soit vous avez le droit à l'assistanat.
00:27:52 Les jeunes ne veulent pas ça.
00:27:53 Et si un jour, il veut accéder justement à un CDI, qu'est-ce qui va se passer ?
00:27:57 Vous le savez très bien, ça va dur vous arriver.
00:27:59 Il va aller devant un employeur et lui dire "c'est quoi ton expérience ?"
00:28:01 S'il a fait deux ans d'Uber, alors oui, ce n'est pas génial.
00:28:04 C'est moins bien qu'un CDI.
00:28:06 Parce que peut-être qu'il n'avait justement pas fait les études.
00:28:08 Parce qu'il vient d'un quartier plus difficile où il est discriminé aujourd'hui.
00:28:10 Et c'est contre ça qu'il faut se battre.
00:28:12 Simplement, il aura beaucoup plus de chances d'avoir son job
00:28:15 que s'il avait passé deux ans au RSA ou au chômage.
00:28:18 C'est ça la réalité.
00:28:19 Donc oui, le droit à l'initiative économique.
00:28:22 Oui, l'entreprenariat individuel.
00:28:24 C'est un élément de la rétronxe économique.
00:28:26 - C'est de chacun pour soi, la compétition de tous contre tous.
00:28:28 - C'est de la liberté donnée pour réoffrir des opportunités.
00:28:32 Ce n'est pas la compétition de tous contre tous.
00:28:35 Parce que ce serait le cas s'il n'y avait aucun droit attaché.
00:28:38 Ce serait le cas s'il n'y avait pas un minimum de protection.
00:28:40 Il est protégé, par exemple, sur la maladie.
00:28:42 Ce serait le cas si on n'avait pas un système social derrière.
00:28:45 Parce que s'il tombe, parce que s'il lui arrive un problème,
00:28:47 il y a le système social, il y a le RSA.
00:28:49 La différence, et c'est là où il ne faut pas qu'on soit hypocrite entre nous,
00:28:52 c'est que ce jeune, s'il n'était pas en train de conduire cette voiture,
00:28:55 il serait au RSA.
00:28:56 Moi, je préfère ce jeune dans cette voiture qu'au RSA, je l'assume.
00:28:58 - Juste pour imaginer à quoi ressemble votre vision de l'économie dans 10 ans,
00:29:03 comment est-ce qu'on travaillera dans 10 ans ?
00:29:05 - Je pense qu'on commencera à travailler à des âges plus variables
00:29:07 et on finira à des âges plus variables.
00:29:09 - Il y aura encore des CDI dans 10 ans ?
00:29:10 - Il y aura définitivement des CDI des entreprises.
00:29:12 Vous savez, le salariat, c'est 90 % de la réalité de notre économie.
00:29:17 Ceux qui disent que c'est la fin du salariat, ce n'est pas vrai.
00:29:19 On recrée de l'initiative individuelle, on en a parlé, mais ce n'est pas vrai.
00:29:22 Par contre, le rapport à la subordination sera différent
00:29:26 parce que tout notre droit du travail, il est pensé en quelque sorte dans un équilibre.
00:29:30 Subordination contre...
00:29:33 - Il n'y aura plus de patrons ?
00:29:35 - Précaution. Il y en aura toujours.
00:29:36 Il y en aura, mais le lien au patron est différent.
00:29:38 Vous le voyez d'ailleurs même aujourd'hui au travail.
00:29:40 - Ah bon, moi entre vous et Manuel Valls ?
00:29:41 - La nouvelle... Je parlais de vous, donc dans votre chaîne.
00:29:44 N'essayez pas de faire ici de la polémique.
00:29:47 - Je ne fais que constater.
00:29:48 - Les jeunes générations aujourd'hui, elles n'ont pas le même rapport à la subordination qu'hier.
00:29:52 Votre génération, vous qui êtes beaucoup plus âgé que votre public,
00:29:54 avez un rapport à la subordination qui était très différent.
00:29:59 Aujourd'hui, les jeunes qui rentrent sur le marché du travail,
00:30:02 ils préfèrent parfois être autonomes.
00:30:04 Et donc, c'est pour ça aussi qu'on voit une nouvelle chose.
00:30:06 Donc le travail, il sera moins subordonné.
00:30:08 Il sera composé très différemment avec un rapport au temps de travail
00:30:14 et au lieu de travail qui sera différent.
00:30:15 Mais donc, il faudra aussi des protections qui vont avec.
00:30:18 Et c'est pour ça que je pense qu'il faut des sécurités avec le travailleur tout au long de la vie,
00:30:23 beaucoup plus individualisées, beaucoup plus flexibles.
00:30:25 - Il y a quelques semaines, sur ce même plateau,
00:30:27 Laurent Falius avouait que votre gouvernement avait totalement sous-estimé
00:30:31 l'état industriel de la France en arrivant au pouvoir.
00:30:34 Valentine, tu t'es rendue justement dans cette France industrielle qui est en crise,
00:30:38 Affénie en particulier, dans le Nord.
00:30:40 - Oui, nous sommes allés à la rencontre des anciens ouvriers de Sambremeuse.
00:30:44 Sambremeuse, c'est une entreprise qui a été liquidée.
00:30:46 Pour les ouvriers, ça a été un choc à double titre.
00:30:49 D'abord parce que Sambremeuse, c'est un emblème de ce que la France fait de mieux
00:30:53 en matière d'industrie lourde.
00:30:54 Et puis, un deuxième titre parce que ça se passe dans le Nord,
00:30:57 une région qui est déjà fortement frappée depuis plusieurs années
00:31:00 par des vagues de plans sociaux.
00:31:02 Ces ouvriers, M. Macron, nous les avons rencontrés,
00:31:04 et privés de leur outil de travail, ils se sentent inutiles.
00:31:07 - C'est un reportage de Valentine Noberti et Guillaume Cochoit.
00:31:11 C'est un peu comme une drogue.
00:31:18 - Vous allez où, là ?
00:31:19 - Je vais faire un tour à l'usine.
00:31:22 - Vous faites ça tous les jours ?
00:31:24 - Oui. - Pourquoi ?
00:31:26 - Parce que ça me manque.
00:31:29 Un manque transformé en rituel.
00:31:32 Fata Bouguera habite juste en face de Sambremeuse,
00:31:35 située en plein centre-ville de Fénis, près de Maubeuge.
00:31:39 - Tous les matins, je fais le chemin.
00:31:41 À 7h30, 8h45.
00:31:45 L'ouvrier de 52 ans y a travaillé pendant presque 10 ans.
00:31:50 - C'est là, l'usine.
00:31:51 Voilà.
00:31:52 Tous les bâtiments.
00:31:53 Sambremeuse, fleuron de la métallurgie depuis un siècle,
00:31:57 a fabriqué des pièces pour le métro de New York,
00:31:59 l'Arche de la Défense ou les TGV.
00:32:01 Une réputation en acier en France et dans le monde.
00:32:04 - C'est une grosse boîte.
00:32:05 Les années 80, ils étaient à 3 500, 3 600.
00:32:10 - Et là, vous étiez combien, à la fin ?
00:32:12 - On était à 250, 260.
00:32:15 En 2010, l'espoir renaît lorsque Sambremeuse est rachetée
00:32:19 par une entreprise russe.
00:32:21 Mais en 2014, l'embargo européen contre la Russie frappe l'usine.
00:32:25 Les ouvriers se mobilisent pendant des mois, sans succès.
00:32:29 Fin septembre, en trois coups de marteau,
00:32:31 Sambremeuse est vendue aux enchères.
00:32:33 - C'est dur ?
00:32:34 - Ouais, c'est dur.
00:32:35 Moi, je pense pas à moi seulement.
00:32:39 Je pense à tout le monde.
00:32:40 Parce qu'on dit, il y a 260 personnes.
00:32:43 Et avec la famille, on est presque 1000.
00:32:46 L'espoir de voir un jour l'usine redémarrer s'est éloigné.
00:32:51 Voici une autre habitude pour Fata Bouguera et ses collègues de Sambremeuse.
00:32:58 - Aurélien, c'est mon gros.
00:33:00 - Ouais, et toi ? - Ça va ? - Bien. - Ouais, et toi ?
00:33:03 Des samedis après-midi à discuter devant le foot et autour d'un café.
00:33:08 Une sorte de thérapie de groupe où ces métallos se repassent le film des derniers mois.
00:33:12 - On a tout fait.
00:33:13 Je vais dire, on s'est donné à fond, à fond, à fond, à fond, à fond.
00:33:16 Et au final, l'usine a le ferme.
00:33:18 Mais on sait pas pourquoi.
00:33:19 - On a travaillé des samedis, on a travaillé des jours en férié.
00:33:21 - On a passé des postes difficiles avec nos compagnes.
00:33:22 - On a passé des huit mois là-bas.
00:33:25 - Huit mois là-bas, week-end, on voyait pas nos enfants.
00:33:27 Nous, on dormait là-bas.
00:33:29 C'était 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 au début.
00:33:31 - En fait, ce qui nous a fait le plus mal là-dedans,
00:33:32 c'est qu'on s'est pas assez intéressé à nous.
00:33:34 Et qu'on s'est senti un petit peu abandonné par les certaines personnalités politiques, en fait.
00:33:40 Comme... Comment dire, comment qu'il s'appelle déjà, lui ?
00:33:43 Celui qui est venu à...
00:33:46 - Macron.
00:33:46 - Ouais, lui, celui qui est parti à Hanoi, alors que juste...
00:33:49 - Le ministre de l'économie, vous pouvez dire ?
00:33:50 - Ouais, le ministre de l'économie, ouais.
00:33:51 Bah, si on peut dire que c'est un ministre de l'économie, je sais pas.
00:33:53 Après, pour moi, c'est pas... Il fait pas son travail.
00:33:56 Alors que nous, on faisait notre travail et justement, on a plus de boulot.
00:33:58 Et ces gens-là, ils font pas leur travail.
00:34:00 Ils sont toujours à des places... Je sais pas comment.
00:34:04 Emmanuel Macron s'est pourtant penché sur le dossier sans brimeuse.
00:34:09 Au plus fort de la lutte en juin, alors que les salariés occupent l'usine,
00:34:13 son cabinet reçoit les délégués syndicaux de la CGT.
00:34:16 - Bonjour.
00:34:17 Et leur annonce qu'un repreneur s'est manifesté.
00:34:20 Les 2 hommes y ont vu une manœuvre politique.
00:34:23 - Je pense que le cabinet de Macron a souhaité vouloir nous apaiser.
00:34:27 Et donc, pour apaiser un peu le climat, c'était de dire "mais attendez,
00:34:31 on a aujourd'hui un repreneur qui est à Landia et donc,
00:34:35 vous avez plus lieu de vous énerver, quoi, en gros".
00:34:38 - Et pourquoi Landia, ça n'a pas abouti ?
00:34:40 - Mais je pense que c'était pas fait pour aboutir, tout simplement.
00:34:42 C'était un leurre. C'était un véritable leurre.
00:34:44 - Franchement, on vous vendait du rêve, quoi.
00:34:47 C'est comme si on avait frotté, comme je dis, la cafetière pour...
00:34:51 - La langue ?
00:34:51 - Ouais, la langue, pour faire sortir le génie. C'était trop gros, quoi.
00:34:55 L'offre n'a finalement pas été retenue et Sambre-et-Meuse a été mise aux enchères.
00:34:59 Son cas n'est qu'un exemple parmi d'autres dans la région.
00:35:02 - Il a un peu vécu, hein ?
00:35:03 On est surtout ici, situé dans le sud du département.
00:35:07 On a 5 sites Valourec, avec plus ou moins 300 licenciements.
00:35:13 On a ici, sur Saint-Amant, une entreprise qui s'appelle Outinor,
00:35:16 qui a environ 250 salariés et qui est menacée aujourd'hui d'être liquidée.
00:35:21 On a ici, sur Gemont, à Réveux, on a environ plus ou moins 200 salariés
00:35:26 qui risquent d'être licenciés.
00:35:29 On a les forges de freine qui viennent de fermer,
00:35:31 donc c'est une cinquantaine de salariés.
00:35:33 C'est une entreprise du ferroviaire aussi.
00:35:34 De plans sociaux en restructuration, dans le Nord,
00:35:39 l'industrie lourde accuse le coup.
00:35:41 Les ouvriers aussi.
00:35:42 Après avoir déposé ses enfants à l'école,
00:35:48 Ramdame Lamène retrouve Fata Bouguera pour aller éplucher les offres d'emploi.
00:35:53 Rendez-vous au point Information jeunesse de la mairie,
00:35:56 qui accueille sans limite d'âge.
00:35:58 Les deux hommes se connectent au site de Pôle emploi.
00:36:02 - J'occupais le poste de pocheur à Saint-Brémeuse.
00:36:03 Je vous expliquais, je coulais l'acier dans...
00:36:06 Et là, j'ai fait une recherche, pocheur, région Nord-Bas-de-Calais.
00:36:09 La consultation des offres va tourner court.
00:36:11 - Réponse zéro. Désolé, aucune réponse ne correspond à vos critères de recherche.
00:36:15 Le logiciel ne reconnaît même pas sa profession.
00:36:18 - Ici, c'est orthographe pocheoire.
00:36:20 - Ça vous fait quoi de voir ça ?
00:36:23 - C'est triste un peu quand même.
00:36:27 Moi, j'ai pas été un élève brillant à l'école.
00:36:30 J'ai pas réussi dans les études, malheureusement.
00:36:32 Et le métier de pocheur, je savais le gérer, je savais bien le faire.
00:36:38 Il faut que je quitte la région, j'ai pas le choix.
00:36:40 Je peux pas faire ça du jour au lendemain.
00:36:43 Du côté de Fata Bouguera, pas de boulot non plus.
00:36:47 - Vous avez vu des offres de CDI pour vous ?
00:36:49 - Là ? - Ouais.
00:36:51 Il place donc ses espoirs dans une formation.
00:36:55 - Formation, tu vas faire ? - Ouais.
00:36:57 - Légende, c'est ça ? Conducteur d'engin ? - Ouais.
00:36:59 Pour tromper l'ennui et le désœuvrement,
00:37:05 les sans-brêmeuses se retrouvent régulièrement devant l'usine.
00:37:07 Eux qui l'ont occupé et gardé pendant huit mois avant sa vente
00:37:13 ne sont aujourd'hui plus les bienvenus.
00:37:16 - Ils nous ont mis un petit accueil.
00:37:17 Ils veulent nous impressionner avec leur garde le bon.
00:37:21 Devant les bâtiments, le nouveau propriétaire a placé
00:37:24 des gros bras venus des Balkans.
00:37:26 Plus étonnant encore, après une dizaine de minutes sur les lieux,
00:37:30 les renseignements généraux, puis une patrouille de police arrive,
00:37:34 visiblement alertée de notre présence.
00:37:36 - Moi, c'est ma hiérarchie qui m'a dit de passer, je sais pas qui a dit.
00:37:40 Derrière les grilles, le démantèlement des machines serait en cours.
00:37:44 Ils y assistent impuissants.
00:37:46 - Ils débarrassent quand même dans l'usine, on regarde quand tu regardes.
00:37:49 Tu passes par la barrière là-bas, j'ai vu des tas.
00:37:52 T'as vu les tas de ferraille, les pièces, tout ça.
00:37:54 Passe par là, tu vas là-bas, tu vois, ils ont préparé les pièces là-bas.
00:37:58 Le dernier acte de la tragédie sans-brêmeuses se jouera pour eux
00:38:02 devant les prud'hommes le mois prochain pour espérer percevoir
00:38:06 leurs dernières indemnités.
00:38:07 - Que dites vous à ces hommes, à ces femmes de sans-brêmeuses
00:38:12 qu'ils appartiennent à un monde ancien, que c'est fini,
00:38:14 qu'il faut qu'ils se préparent à passer à autre chose ?
00:38:17 - Pas du tout.
00:38:18 Pas du tout.
00:38:20 L'industrie lourde, elle a sa place dans notre modèle économique
00:38:23 et en aura toujours.
00:38:24 Je continue à voir beaucoup de ces entreprises,
00:38:26 à me battre pour beaucoup d'entre elles.
00:38:28 Et ils sont au cœur de notre modèle productif.
00:38:29 Mais là, sans-brêmeuses, c'est un échec.
00:38:31 C'est un échec.
00:38:33 C'est aussi mon échec, j'y ai ma part.
00:38:34 Mais on s'est battus.
00:38:36 Et je veux le dire à ceux qui pensent que mon cabinet en particulier,
00:38:39 parce que moi, j'ai autour de moi des gens qui se défoncent dans les services.
00:38:43 - Mais est-ce que vous avez levé ces ouvriers ?
00:38:45 - Non, justement.
00:38:46 Il y a un devoir, et je l'ai toujours demandé.
00:38:47 Vous ne m'avez d'ailleurs jamais entendu faire des grandes promesses à qui que ce soit.
00:38:50 Il y a un devoir, c'est qu'on doit la vérité.
00:38:52 Donc quand mon conseiller, qui s'appelle Zakaria Alayan, je pense, c'était lui,
00:38:56 a reçu les salariés, parce qu'il s'est battu sur ce dossier,
00:39:00 et avec beaucoup d'élus de la région, un Rémi Povros et beaucoup d'autres.
00:39:03 Ils se sont battus pour chercher.
00:39:05 On a cherché, il y avait un repreneur.
00:39:07 - Vous tournez vers le public, il faut le dire d'ailleurs,
00:39:09 puisque Valentin est avec nous dans le studio,
00:39:11 où il y a deux anciens ouvriers de Saint-Brémeuse qui ont fait le voyage.
00:39:15 - Exactement.
00:39:15 En fait, ils voulaient tout simplement assister à l'émission,
00:39:18 puisqu'on l'a préparée ensemble d'une certaine manière.
00:39:20 Et puisqu'ils sont là et qu'ils avaient envie de vous rencontrer...
00:39:24 - Vous allez venir nous rejoindre, Michel Kenner, Amedine Lamen.
00:39:26 - Bonjour.
00:39:27 - ... qui viennent nous rejoindre sur le plateau.
00:39:28 - Et bienvenue.
00:39:29 Prenez les micros et venez vous installer avec nous.
00:39:32 Il y a des tabourets qui arrivent.
00:39:34 Merci, Martha.
00:39:35 Merci, Marc.
00:39:36 Après tout, le plus simple, c'est d'installer le dialogue
00:39:39 entre vous et Emmanuel Macron, qui était interpellé très directement.
00:39:43 Voilà, il vient vous saluer, Amedine Lamen.
00:39:47 Michael Kenner, vous vous demandiez justement
00:39:51 qui était le ministre de l'Economie dans le reportage de Valentin.
00:39:53 C'est lui.
00:39:54 Qu'est-ce que vous avez à lui demander aujourd'hui ?
00:39:56 Ou est-ce que vous avez d'ailleurs quelque chose à lui demander ?
00:39:58 - Moi, j'ai une question.
00:40:00 J'ai deux questions, en fait.
00:40:01 La première question, c'est que quand vous êtes venu à Aulnoy-Méry,
00:40:04 chez Valorec, c'était le 29 juin, si je ne dis pas de bêtises.
00:40:09 Nous, le 30 juin, le dossier Sambremesse est passé au tribunal, en fait.
00:40:12 Il y avait 18 kilomètres entre Aulnoy-Méry et Fénif, à Sambremesse.
00:40:16 Et vous n'êtes pas venu nous voir, alors que c'est dans ces moments-là
00:40:19 qu'on avait besoin de gens comme vous, en fait.
00:40:21 - Pour médiatiser votre combat ?
00:40:23 - Voilà, pour médiatiser.
00:40:24 Parce qu'en fait, nous, on n'avait que la télévision locale, en fait.
00:40:26 Alors à chaque fois, ça ne faisait pas de bruit.
00:40:28 Ça restait que dans la région.
00:40:29 - Enfin, on a fait du bruit sur ce dossier.
00:40:32 J'en ai parlé plusieurs fois au Parlement.
00:40:33 J'en ai parlé dans les médias.
00:40:35 Et je ne devais même pas venir à Aulnoy-Méry ce jour-là.
00:40:37 J'y suis allé, justement, parce qu'il y avait ce sujet sur Valourec,
00:40:40 où là, on avait des décisions à prendre.
00:40:42 Moi, je n'avais aucun levier sur ce qui se passait le lendemain,
00:40:45 c'est-à-dire aucun moyen d'agir concrètement.
00:40:47 - Combien d'années de service, Ramdan ?
00:40:49 - Moi, 4 ans.
00:40:50 - Et vous, Michael ?
00:40:51 - 10 ans.
00:40:51 - 10 ans.
00:40:52 Valentine, c'est assez frappant, c'est vrai, de vous avoir vu dans le reportage
00:40:57 à Pôle emploi, essayer de trouver un boulot comparable à celui que vous faisiez.
00:41:02 Impossible d'en trouver dans le coin.
00:41:04 - Jusqu'au dernier jour, on nous a garanti que Sambremeuse avait l'air d'un mari.
00:41:07 En fait, pour nous, on va savoir passer le cap.
00:41:10 C'est pour les gens qui ont passé 20, 30 ans, pour les gens qui sont décédés,
00:41:13 comme le papa de Michael, justement, je viendrai lui faire un hommage.
00:41:15 Je vais en profiter pour lui faire un hommage, qui a laissé sa santé là-bas.
00:41:19 Pour tous ces gens-là, on s'est battus pour rien.
00:41:21 On a le sentiment de s'être battus pour rien.
00:41:22 - Non, vous n'êtes pas battus pour rien.
00:41:25 Mais la première chose que moi, je voulais rétablir, c'est le fait que...
00:41:28 - Vous vous êtes battus.
00:41:29 - Si, qu'on s'est battus pour rien.
00:41:29 - Non, parce qu'on n'a pas réussi à sauver l'entreprise.
00:41:31 - Quoi qu'on faisait, quoi que l'on faisait, on était toujours...
00:41:34 Toujours, on venait nous mettre des bâtons dans les roues.
00:41:37 On avait le projet de monter une scope.
00:41:39 Vous nous avez envoyé à l'endur.
00:41:40 Mais pour quoi faire ?
00:41:41 - Mais parce qu'il fallait trouver un financement.
00:41:43 - Et pourquoi vous ne nous avez pas laissé faire la scope ?
00:41:44 Peut-être serait-ce...
00:41:45 - Mais parce que vous savez très bien que la scope,
00:41:47 elle n'avait pas les moyens de repartir.
00:41:48 Le problème, non mais, dans cette situation, la première chose, c'est que...
00:41:52 Evidemment que c'est intolérable.
00:41:54 Je le dis moi-même, c'est mon échec aussi, ce qui s'est passé.
00:41:57 Parce que quand vous n'arrivez pas à sauver des emplois ou une entreprise,
00:42:01 vous ne pouvez pas dire que c'est une victoire.
00:42:02 C'est un échec.
00:42:03 Mais ce que je dois, c'est la vérité.
00:42:05 La vérité, c'est que c'était trop tard.
00:42:07 L'erreur, elle a été faite quand on a décidé de ne plus investir suffisamment,
00:42:11 quand on a décidé de commencer à baisser l'actif.
00:42:13 Et vous le savez bien, c'est que progressivement,
00:42:15 parce qu'il y a eu de la compétition internationale qui a commencé à monter,
00:42:18 parce qu'on allait commencer à se laisser tailler des croupières
00:42:21 par des groupes asiatiques,
00:42:22 parce qu'après, on s'est pris la fermeture du marché russe.
00:42:24 Les investissements ont baissé.
00:42:26 Et moins on investit, plus on laisse les gens partir,
00:42:28 plus le site devient non viable.
00:42:30 Et on est arrivé à un moment, et on y a cru.
00:42:33 Moi, mon équipe y a cru.
00:42:34 Il y a passé des jours et des nuits avec la commissaire...
00:42:35 -On a l'impression, malgré tout, Emmanuel Macron,
00:42:37 que la gauche a laissé tomber les ouvriers.
00:42:39 -Non, c'est faux. Je ne peux pas vous laisser dire ça.
00:42:41 Je ne peux pas vous laisser dire ça.
00:42:42 On a tout fait sur Olno-Aimerie pour qu'il n'y ait aucun licenciement contraint.
00:42:46 On a tout fait pour Saint-Saul, pour qu'il y ait la même chose,
00:42:48 et pour préserver la scierie et trouver une sortie.
00:42:50 Mais moi, en tant que ministre de l'Economie,
00:42:52 je ne pouvais pas racheter, sans brimeux.
00:42:54 Ça n'avait aucun sens.
00:42:55 Il fallait trouver un marché.
00:42:57 C'est-à-dire qu'il fallait trouver des clients
00:42:59 qu'on avait pu réussir à faire des investissements avec des opérateurs.
00:43:01 Et on a perdu cette bataille.
00:43:03 Mais j'insiste là-dessus, parce qu'il y a l'émotion du moment.
00:43:05 Je veux dire, quand je vois votre collègue qui part tous les matins
00:43:09 et qui dit qu'il va à l'usine,
00:43:10 on n'est pas fier, en effet, d'être ministre de l'Industrie
00:43:12 dans ces moments-là.
00:43:13 Mais indépendamment de ça,
00:43:15 mon job, ce n'est pas de traiter l'émotion du moment.
00:43:17 C'est de tout faire pour que, dans les choix industriels d'aujourd'hui,
00:43:20 on ne se retrouve pas, ce ne sera pas moi sans doute,
00:43:22 mais dans 10 ans, avec la même situation.
00:43:25 Et vous, pour rebondir,
00:43:27 vous aurez en effet sans doute besoin
00:43:28 de ne pas retravailler dans la sidérurgie,
00:43:31 parce que ce n'est pas dans le coin que ça va être facile.
00:43:33 Par contre...
00:43:35 -Mais comment est-ce que vous voyez l'avenir, justement ?
00:43:36 -Justement, moi, j'ai des enfants, j'ai un enfant qui est autiste.
00:43:39 Et voilà, mon fils, déjà, j'ai eu du mal à le scolariser, déjà,
00:43:42 pour lui trouver un établissement adéquat pour lui.
00:43:44 Et maintenant, comme vous me dites,
00:43:46 je dois quitter la région, maintenant, pour trouver du travail.
00:43:49 Je vais encore faire miroiter combien de temps pour trouver un...
00:43:52 Je ne peux pas quitter la région, monsieur Macron.
00:43:53 -Mais je ne suis pas en train de dire qu'il faut quitter la région.
00:43:55 -Si, parce qu'il n'y a plus rien, ici.
00:43:57 Il ne faut pas se le cacher.
00:43:58 Dans le Nord, nous, c'est nouveau travail, il n'y a plus rien.
00:44:00 On va nous proposer des contrats d'une journée, d'une semaine,
00:44:02 ça ne nous intéresse pas.
00:44:03 On a une famille, on a des enfants.
00:44:04 Il faut que vous vous mettez à notre place, un petit peu.
00:44:07 -Mikaël, comment est-ce que vous voyez l'avenir ?
00:44:09 -L'avenir ?
00:44:11 Partir ailleurs.
00:44:12 Et nous, on travaille dans la sci-chirurgie.
00:44:14 Parce que...
00:44:15 Comment ça, comment on va dire ?
00:44:16 -Parlez bien devant le micro.
00:44:18 -On a...
00:44:19 L'expérience, on l'a que dans la sci-chirurgie.
00:44:21 On va trouver un autre emploi.
00:44:22 Si on n'a pas d'expérience, on ne va pas nous prendre.
00:44:24 Voilà.
00:44:25 -Non, mais par rapport à ça...
00:44:27 -D'un mot pour conclure. -Oui, d'un mot pour conclure.
00:44:28 Soit, il y a en effet, trouver dans la région un emploi,
00:44:31 mais dans un autre secteur, c'est là où la qualification sert.
00:44:33 C'est là où, dans votre situation, si vous voulez rester dans la région,
00:44:36 il faut aller chercher un emploi dans d'autres acteurs industriels
00:44:39 en se requalifiant. Et nous, on sert à ça.
00:44:40 C'est-à-dire à financer ces formations, à vous aider.
00:44:42 Mais je vous mentirais si je vous disais,
00:44:44 dans la région, ça va être très facile de retrouver
00:44:46 un emploi dans la sci-chirurgie. Ce n'est pas vrai.
00:44:48 Et ce n'est pas mon job de vous mentir.
00:44:50 Mais moi, ce que je vous encourage vraiment à faire,
00:44:51 et je le dis avec l'émotion qui va avec les images
00:44:54 qui vous concernent et qui concernent votre collègue,
00:44:57 si on a une réponse que, par l'émotion,
00:45:00 vous n'êtes pas à rebondir.
00:45:02 On l'a vu dans d'autres cas, chez les Goudieurs, à Amiens et autres.
00:45:04 Si on reste pris, pour celles et ceux qui sont comme vous,
00:45:08 c'est se reprojeter tout de suite dans un autre projet industriel.
00:45:10 C'est aller vers la formation, vers d'autres projets.
00:45:11 C'est que nous, on vous aide, que vous soyez exigeants avec nous
00:45:14 en disant "moi, je veux rester là, donc je veux d'autres offres d'emploi.
00:45:18 Je suis prêt à me reconvertir dans tel et tel secteur."
00:45:20 Que vous soyez exigeants là-dessus.
00:45:21 Et là, on a un vrai devoir.
00:45:23 Mais je ne veux pas vous mentir en vous disant qu'on aurait pu
00:45:25 faire autrement à la fin ou qu'on va faire autrement
00:45:27 aujourd'hui avec son brémeuse. Ce n'est pas vrai.
00:45:29 - Merci, Randa. Merci, Michael.
00:45:30 C'est vrai que vous n'étiez absolument pas préparé pour avoir ce dialogue.
00:45:36 Mais merci infiniment, en tout cas, de l'avoir engagé
00:45:39 avec autant de sincérité, autant d'émotion.
00:45:41 Emmanuel Macron, les caméras du Supplément vous ont suivi pendant dix jours.
00:45:44 Un ministre de l'Économie en action.
00:45:46 À quoi ça ressemble ? Ce sera juste après la pub.
00:45:57 Le Supplément, émission spéciale avec un homme que certains qualifient
00:46:00 de "start-up" à lui tout seul.
00:46:02 Les caméras du Supplément vous ont suivi, Emmanuel Macron,
00:46:05 au cours d'une semaine très, très intense, Jérôme.
00:46:07 - Oui, très intense. On a l'impression d'assister au décollage d'une fusée,
00:46:11 enfin de plusieurs décollages de fusées.
00:46:13 En permanence, la fusée Macron décolle tous les jours en ce moment.
00:46:15 Bercy, c'est Kourou.
00:46:16 Pas facile à suivre.
00:46:18 Alors évidemment, ce qui nous intéresse quand même chez vous,
00:46:20 c'est qu'est-ce qu'il y a dans le moteur de la fusée Macron ?
00:46:23 Où est-ce qu'elle voudrait peut-être atterrir ?
00:46:25 On a laissé lancer des petites contre-fusées pour vous surprendre.
00:46:29 Et puis au final, c'est vous qui nous envoyez une petite surprise étonnante.
00:46:32 Une semaine avec Emmanuel Macron. C'est un reportage de Jérôme Bermain.
00:46:35 En l'attendant à la gare, on était un peu inquiet.
00:46:42 Comment faire avec cet homme qui semble ne douter de rien ?
00:46:46 Ce genre idéal, très décomplexé, un peu philosophe, un peu énarque,
00:46:51 un peu banquier, un peu ministre.
00:46:53 Un CV baroque à seulement 37 ans.
00:46:56 Bonjour, monsieur Macron.
00:47:00 Je crois que j'ai percé un de vos secrets.
00:47:03 Allez-y.
00:47:04 Il paraît que vous êtes insomniaque. J'ai lu ça quelque part.
00:47:07 On peut vous textoter toute la nuit.
00:47:09 Je ne dors pas beaucoup, mais parce que je n'en ai pas besoin.
00:47:13 Ce n'est pas parce que je n'arrive pas à dormir.
00:47:15 On a la nuit qu'on mérite, comme dit le proverbe.
00:47:20 Il est 7h du mat', déjà un oeil par smartphone, une oreille par conseiller.
00:47:25 Voici Emmanuel Macron, l'homme qui veut déverrouiller notre économie.
00:47:32 Un drôle d'homme de gauche qui a une furieuse tendance à pencher.
00:47:38 À droite, que la gauche a un peu de mal à gérer.
00:47:42 Et qui perturbe la droite.
00:47:46 Il n'y a qu'à voir les sondages.
00:47:47 Il y en a un qui est sorti ce matin et qui m'a un peu interpellé.
00:47:50 Je ne sais pas si vous l'avez vu dans les échos.
00:47:52 Je vais vous le raconter.
00:47:54 Vous êtes troisième chez les sympathisants de droite, devant Nicolas Sarkozy.
00:47:58 Vous savez, je ne...
00:48:01 C'est hallucinant, non ?
00:48:04 Je ne sais pas le qualifier.
00:48:08 Et à la rigueur, ça ne m'importe pas tellement.
00:48:10 Ça me plaît de bouger les lignes, que ça aille mieux.
00:48:12 Et c'est formidable si des gens, quelle que soit leur sensibilité politique,
00:48:16 se reconnaissent dans cette façon d'agir.
00:48:18 Voire considèrent qu'ils comprennent un peu mieux les choses,
00:48:21 ou que leur quotidien a un peu changé.
00:48:22 Emmanuel Macron, un épouvantail à gauche.
00:48:28 Quand il débarque à Rennes, il y a bien le préfet sur le quai,
00:48:32 mais aucun élu socialiste, tous officiellement excusés.
00:48:35 Le comité d'accueil, c'est la gauche de la gauche qui va s'en charger.
00:48:46 Ce que vous voulez, d'une certaine manière,
00:48:47 c'est qu'il n'y ait plus de temps du travail,
00:48:48 que chaque salarié soit auto-entrepreneur,
00:48:50 soit auto-exploiteur, plus de conventions collectives, plus de droits.
00:48:52 Si vous êtes dans vos propres vérités,
00:48:54 qui sont les contre-vérités dans lesquelles vous ne sont pas...
00:48:56 Je suis simplement en train de vous dire,
00:48:58 la réforme des condoms qu'on a faite, c'est réduire les délais.
00:49:01 C'est permettre quand un patron en particulier...
00:49:03 Et regardez ce qui s'est fait de la loi.
00:49:05 Vous vouliez même plafonner le licenciement imbus,
00:49:07 si vous vouliez même le plafonner.
00:49:08 Ce n'est pas le dialogue.
00:49:09 Du pur dialogue social, de sourds.
00:49:12 Vous imposez partout, avec l'image qui convient bien évidemment,
00:49:16 mais vous imposez partout votre politique d'austérité.
00:49:19 Je regrette une chose, c'est qu'à aucun moment,
00:49:21 vous ne m'ayez parlé des chômeurs dans ce pays.
00:49:24 C'est ce que je viens de vous dire.
00:49:26 C'est justement...
00:49:27 Vous n'êtes pas représentant des chômeurs.
00:49:30 Emmanuel Macron a toujours le dernier mot, ou presque.
00:49:34 Ce matin, il vient vanter le microcrédit,
00:49:37 ce financement qui aide des demandeurs d'emploi...
00:49:40 Allez-y, allez-y.
00:49:41 ...à devenir leur propre patron.
00:49:43 Alors il paraît que c'est la salle du Balmusette.
00:49:46 Face à une dizaine de microentrepreneurs,
00:49:50 un ministre très à l'écoute.
00:49:51 Ne me faites pas la pravda.
00:49:53 Qui vient traquer tous ces petits blocages
00:49:55 qui verrouillent notre économie.
00:49:57 C'est vrai, c'est compliqué.
00:49:58 C'est très compliqué.
00:49:59 Et pourquoi ?
00:50:00 Compliqué par exemple pour les microentrepreneurs
00:50:02 d'être reconnus par Pôle emploi.
00:50:05 Et qu'on se retrouve toujours à devoir s'actualiser
00:50:07 tous les mois en cochant la case,
00:50:08 êtes-vous toujours demandeur d'emploi ?
00:50:10 Oui.
00:50:11 Il devrait y avoir une case chez Pôle emploi
00:50:13 qui mette en valeur l'inflation dans ce reprise.
00:50:15 Je pense qu'ils sont en train de créer une application.
00:50:18 Cette fois encore, Emmanuel Macron aimerait avoir le dernier mot.
00:50:21 Choisir un métier, se former, trouver un emploi,
00:50:23 préparer sa carrière d'études.
00:50:24 Le voilà déjà sur le site de Pôle emploi.
00:50:26 Problème.
00:50:28 Le ministre au débit n'a plus de réseau.
00:50:33 Pour une fois, son sourire s'efface.
00:50:36 Là, c'est vraiment, ça se fait une révolution.
00:50:39 Les petits blocages, ça l'énerve.
00:50:42 Emmanuel Macron aime ce qui va vite, comme lui.
00:50:50 La preuve, sa première loi n'est appliquée aujourd'hui qu'à moitié,
00:50:54 mais voilà qu'arrive déjà Macron 2.
00:50:56 Pardon, Noé.
00:50:59 Pour nouvelles opportunités économiques.
00:51:02 Lancée en grande pompe cette semaine à Bercy,
00:51:05 sur scène, façon Silicon Valley.
00:51:08 Je ne sais pas quelles sont les bonnes réformes sur ce sujet.
00:51:11 Peut-être que même il n'y en a pas.
00:51:13 Peut-être que les choses se font seules.
00:51:15 Ce que je sais, c'est que notre responsabilité,
00:51:17 c'est d'abord de le comprendre.
00:51:19 Pour comprendre, il nous propose donc une brochette
00:51:21 de champions de la nouvelle économie.
00:51:23 Des exemples de notre société Uberisée,
00:51:25 des adeptes du droit du travail soft,
00:51:27 des horaires flexibles.
00:51:28 Au final, un déluge d'idées, mais pas d'annonces.
00:51:31 Je ne sais pas encore ce qu'il y a dans le téléphone.
00:51:33 Mais non, mais parce que vous voulez,
00:51:34 mais parce que vous pensez, c'est ce que je disais,
00:51:36 c'est que la solution vient des politiques.
00:51:39 C'est une maladie française.
00:51:40 A la fois, vous critiquez tout le temps les politiques
00:51:42 et vous gèrez votre job,
00:51:43 mais je trouve que les journalistes ont un rapport névrotique
00:51:45 avec les politiques.
00:51:46 Ils sont fascinés par eux,
00:51:48 mais c'est eux qui vont apporter les réponses
00:51:50 à tout ce changement.
00:51:51 Et en même temps, dès qu'ils peuvent dire
00:51:52 "Ah oui, mais ce n'est pas pareil",
00:51:54 ce n'est pas nous qui apporterons les réponses.
00:51:56 Macron, une certaine conception du politique.
00:51:59 Bon, on ne va pas se mentir,
00:52:03 lui, la nouvelle économie, il l'a bien comprise.
00:52:05 Il a eu de très bons profs.
00:52:07 Comme son ami, Xavier Niel, patron de Free,
00:52:10 10e fortune de France,
00:52:11 qui a même failli investir sur Macron.
00:52:14 Est-ce que c'est une vraie histoire, ça ?
00:52:15 Oui.
00:52:16 C'est-à-dire qu'à Los Angeles, vous vous êtes vus tous les deux pour…
00:52:18 Les rumeurs disent que tu voulais créer une start-up à un moment.
00:52:20 C'est exact.
00:52:21 Et alors, vous regrettez pas de ne pas avoir investi ?
00:52:23 Je crois qu'il avait donc chose bien.
00:52:25 J'ai été pris par ailleurs.
00:52:27 Monsieur, monsieur.
00:52:28 Face à cette armée de start-upeurs en herbe,
00:52:30 le ministre est donc en terrain conquis.
00:52:33 Monsieur Macron ?
00:52:34 Voilà.
00:52:35 Je voulais juste voir si votre message était passé
00:52:36 et poser une question à l'ensemble des jeunes ici.
00:52:38 Je voulais savoir si vous rêviez de devenir milliardaire.
00:52:42 Oui, bien sûr.
00:52:44 Qui rêve de devenir milliardaire ?
00:52:46 Tout le monde.
00:52:48 Est-ce que le ministre de l'Économie est satisfait ?
00:52:50 Est-ce que le message est passé ?
00:52:51 Oui.
00:52:52 Qu'est-ce que je voulais dire en disant ça ?
00:52:54 Je rêve du maximum d'ambition.
00:52:57 Pour moi, milliardaire, c'est pas un objectif en soi.
00:53:00 Sinon, je dis souvent, j'aurais pas fait ce choix pour moi-même.
00:53:03 Je veux vous dire, pour être milliardaire,
00:53:05 la meilleure façon de faire, c'est pas d'être ministre.
00:53:07 Mais c'est de dire, il faut le maximum d'ambition,
00:53:10 quel que soit ce qu'on met en avant.
00:53:13 Les milliardaires, les fonctionnaires, les 35 heures,
00:53:15 Emmanuel Macron,
00:53:17 aiment les transgressions,
00:53:20 les pirouettes.
00:53:22 Et ce matin, il nous en réserve une bien belle.
00:53:25 Nous avons rendez-vous avec le ministre et une partie de son cabinet.
00:53:28 Bonjour, comment allez-vous ?
00:53:30 Ça va ?
00:53:31 Ça vous dérange pas ?
00:53:33 Mais il y a une surprise autour de la table.
00:53:36 La voilà, la Macron Team.
00:53:38 C'est ça ?
00:53:39 À la droite du ministre,
00:53:42 voici Brigitte Macron, son épouse.
00:53:45 Ils se sont rencontrés au lycée,
00:53:47 lui était en première, elle, sa prof de lettres.
00:53:50 20 ans plus tard, elle vient de suspendre son activité
00:53:53 pour lui consacrer tout son temps.
00:53:55 Donc mon épouse, elle est pas dans mon cabinet,
00:53:57 je veux être très clair là-dessus,
00:53:58 elle est pas payée par le contribuable français.
00:54:00 Non mais c'est important,
00:54:01 parce que parfois ça a pas été la pratique.
00:54:03 C'est arrivé, oui.
00:54:04 Et donc, elle y passe...
00:54:05 On confirme.
00:54:06 Elle y passe beaucoup de son temps,
00:54:08 parce que son avis m'importe.
00:54:10 Elle est là aussi parce qu'elle contribue à une autre ambiance.
00:54:14 Et je pense que c'est important.
00:54:16 Moi, ma vie est là, mon engagement est là pendant cette période.
00:54:20 Parce qu'on ne travaille pas bien quand on n'est pas heureux.
00:54:23 Ça vous a plu, ça ?
00:54:27 Oui, j'aime beaucoup sa phrase.
00:54:29 J'aime beaucoup.
00:54:30 Et alors, vous contribuez à son bonheur ?
00:54:31 De toute façon, je suis la présidente du fan club.
00:54:33 Ouais ?
00:54:34 Il paraît.
00:54:35 Très admirative.
00:54:36 On dit beaucoup, vous voyez que vous l'avez beaucoup encadré,
00:54:38 recadré parfois.
00:54:39 Non, très peu, très peu.
00:54:41 Très peu, on a des échanges musclés.
00:54:43 Montaigne a toujours dit qu'il faut toujours limer sa cervelle
00:54:45 à celle d'autrui.
00:54:46 Très important, progresser.
00:54:48 Donc ça, nous limons abondamment.
00:54:50 Vous êtes quoi, un aiguillon pour lui ?
00:54:52 Pas du tout.
00:54:53 Pas du tout, il sait faire.
00:54:54 Il sait très bien faire, il a besoin de personne.
00:54:56 Si, il a besoin d'eux.
00:54:58 Retour sur le terrain, où le ministre a encore un problème.
00:55:02 De téléphone.
00:55:03 Vous avez perdu un portable.
00:55:05 Non, il est tombé.
00:55:06 C'est ma spécialité.
00:55:08 C'est le portable sécurisé du ministre de l'Économie ?
00:55:10 Oui, il y en a deux.
00:55:11 Il n'y en a plus qu'un.
00:55:14 Il n'y en a plus qu'un.
00:55:15 Mais c'est un vrai sécurisé.
00:55:17 C'est un portable très sécurisé,
00:55:19 parce que c'est un portable qui, du coup, ne fonctionne pas, en fait.
00:55:22 Ce qui est, en quelque sorte, l'accomplissement de la sécurisation,
00:55:27 puisqu'une communication bien sécurisée,
00:55:29 pour celles et ceux qui sont compétents en la matière,
00:55:31 c'est une communication qui n'a pas lieu.
00:55:33 Des problèmes de communication, mais pas de problèmes de com'.
00:55:36 Nous voici chez Deezer, le site de streaming musical.
00:55:39 Pour Macron, encore de la com'.com
00:55:42 C'est une bonne manière de faire entendre de la petite musique.
00:55:44 C'est quoi le titre de la chanson ?
00:55:46 Est-ce que c'est envie ?
00:55:50 Envie d'avoir envie ?
00:55:51 Mais de quelle envie parle ce ministre, vraiment, très à l'aise.
00:55:56 Il s'appelle Hollande.
00:55:57 Bonjour.
00:55:58 Nice to meet you.
00:55:59 Hello.
00:56:00 Je m'appelle Hollande.
00:56:01 Alexandre.
00:56:02 Nobody is perfect.
00:56:03 I know.
00:56:04 You say that.
00:56:05 Quelle est l'envie de cet homme pressé qui aime jouer ?
00:56:09 Ça tombe bien, il y a un blind test.
00:56:11 Tenez l'idée.
00:56:13 Tenez l'idée, mais quel titre, monsieur ?
00:56:16 L'envie de voir.
00:56:17 Absolument.
00:56:18 Comme par hasard.
00:56:19 Christina Tegui.
00:56:21 Non, je ne sais pas.
00:56:22 Oui, merci.
00:56:24 J'ai soufflé pour faire quelque chose au ministre.
00:56:26 En fait, c'est un autre morceau qu'on aurait pu lui souffler.
00:56:30 Et vous vous rappelez la chanson de Gérard Lenormand, Si j'étais président ?
00:56:33 Il cherche tous les titres.
00:56:36 Il peut vouloir dire quelque chose.
00:56:38 Elle est assez jolie, d'ailleurs, celle-là.
00:56:40 On ne la chante rien.
00:56:41 Si j'étais président de la République.
00:56:45 Si j'étais président de la République.
00:56:51 Pour nous, les filles, nos peines, ça serait super pratique.
00:56:55 Ce beau sourire Macron, président, sans même attendre 2022.
00:57:01 Certains y croient, en apprenaient jeudi dans le journal Le Monde,
00:57:04 qu'un homme, un proche, Henri Herman, avait mis à disposition des locaux
00:57:08 pour accueillir une association de soutien à Emmanuel Macron.
00:57:12 Voilà ce que déclare ce généreux donateur.
00:57:14 On fondera un parti à la manière du CRS d'autrefois, comme une tendance du PS,
00:57:18 puis on portera la candidature de Macron à la présidentielle.
00:57:22 C'est parti.
00:57:24 Écoutez, s'il y a beaucoup de bonne volonté pour m'aider dans ma tâche,
00:57:30 je ne veux pas les dissuader.
00:57:32 Mais ma tâche, ce n'est pas une ambition personnelle,
00:57:34 c'est plutôt de faire bouger les choses, de pousser des réformes
00:57:37 et déjà d'avoir des résultats concrets maintenant.
00:57:40 Donc c'est ça.
00:57:41 Après, il y a des jeunes, des moins jeunes,
00:57:43 qui ont lancé des initiatives de soutien.
00:57:45 Je vous rassure, en honnêteté, j'ai l'obligation de dire
00:57:47 qu'avec le même enthousiasme, d'autres ont créé des sites internet
00:57:50 pour appeler à ma démission, quand ça n'est pas davantage.
00:57:53 Donc, c'est œcuménique, ça existe.
00:57:55 Donc vous ne démentez pas ?
00:57:57 Mais ce n'est pas mon initiative.
00:57:59 Moi, je mène mon action en tant que ministre.
00:58:01 C'est l'un de vos proches.
00:58:02 Il était témoin de votre mariage.
00:58:04 Il y a des jeunes qui ont monté une structure, une association depuis des mois,
00:58:08 il y en a d'autres.
00:58:09 Je ne crois pas que ce soit le cas aujourd'hui
00:58:11 et qu'il y ait quelque chose de structuré par des proches à moi.
00:58:14 Mais moi, ma préoccupation première, c'est le travail que je fais aujourd'hui
00:58:17 et c'est réussir.
00:58:19 Dans le reportage de Jérôme, on a vu une réunion de votre cabinet
00:58:22 où se trouvait votre épouse, Brigitte.
00:58:24 Alors, dans tous les portraits qui vous sont consacrés, on évoque,
00:58:27 c'est assez curieux, la différence d'âge qu'il y aurait entre vous et votre épouse.
00:58:32 On ne le fait jamais dans l'autre sens.
00:58:34 En l'occurrence, ça vous choque, ça vous agace dans la France de 2015 ?
00:58:38 Je trouve ça dommage.
00:58:39 Ça montre le poids encore des représentations collectives.
00:58:42 Ça me choque quand c'est blessant, en particulier pour mon épouse,
00:58:45 parce que ça la blesse, donc ça me blesse.
00:58:47 Mais moi, je n'ai pas de commentaire à faire.
00:58:49 Je n'ai pas non plus à cacher ma vie privée.
00:58:51 Et il se trouve que dans ces réunions, ma femme est présente.
00:58:54 Je trouvais que c'était l'honnêteté que je devais avoir
00:58:56 à partir du moment où j'avais accepté la règle du jeu avec vous,
00:58:58 qu'elle soit là, avec aussi des règles qui sont claires.
00:59:00 Elle fait partie de ma vie.
00:59:01 Elle est importante pour moi, avec toute ma famille.
00:59:05 Et on a une vie de famille qui est essentielle à mes yeux.
00:59:08 Vous êtes grand-père.
00:59:10 Je suis grand-père, sept fois.
00:59:12 À 37 ans.
00:59:13 Voilà.
00:59:14 Bravo.
00:59:15 Tout est possible.
00:59:16 Ça n'a rien à voir avec la nouvelle technologie, la nouvelle économie.
00:59:18 Non.
00:59:19 Mais c'est extrêmement important pour mon bonheur, mon équilibre.
00:59:24 Et ce que je fais, donc il faut vivre sa vie pleinement,
00:59:27 sans l'exhiber, mais sans la cacher.
00:59:29 Vous portez plainte à chaque fois qu'on vous prend en photo, en couple,
00:59:32 à l'insu de votre plainte ?
00:59:34 Non, j'ai porté plainte une fois, dans une couverture,
00:59:37 parce que ce n'était pas la première prise, en effet, à mon insu.
00:59:41 Mais surtout, elle indiquait que c'était une opération que j'aurais menée.
00:59:45 Et donc là, j'ai porté plainte.
00:59:46 Sinon, je n'ai pas porté plainte.
00:59:48 C'est désagréable.
00:59:50 C'est surtout désagréable pour ma famille.
00:59:52 Parce que c'est encore un tabou français, un garçon de 16 ans,
00:59:55 avec une femme plus âgée que lui.
00:59:57 Ça vous a fait souffrir ?
00:59:58 Je me dois de vous dire que j'ai 37 ans et pas 16 ans.
01:00:01 Ah bon ?
01:00:02 Et donc, je voudrais lever toute ambiguïté s'il y en avait auprès des spectateurs et du public.
01:00:09 Et quand nous avons commencé à vivre ensemble, je n'avais pas 16 ans non plus.
01:00:14 Même si nous nous sommes connus un peu avant,
01:00:16 et qu'elle était mon professeur de théâtre à l'époque.
01:00:19 Mais oui, ça fait partie des tabous français.
01:00:21 Il y a eu des histoires très tristes.
01:00:23 Mais vous savez...
01:00:24 Tragiques même.
01:00:25 Tragiques.
01:00:26 Moi, quand j'ai accepté cet engagement, j'ai accepté, quelque part,
01:00:29 même sans le savoir, que ma vie devienne publique.
01:00:31 Je ne mesurais pas ce que c'était pour ma famille.
01:00:34 Et donc, je veux que ce soit le moins pénible possible pour ma famille.
01:00:38 C'est-à-dire, ni la cacher, ni l'instrumentaliser.
01:00:41 Donc, que les choses soient le plus naturelles possible.
01:00:43 Mais quand j'ai lu des choses qui étaient désobligantes sur ma femme, ça m'a fait souffrir.
01:00:46 Dans un article, encore de cette semaine, je lisais que mes parents m'avaient mis hors de chez moi.
01:00:51 Et qu'ils m'avaient chassé du domicile.
01:00:53 C'est faux.
01:00:54 Mais vous imaginez, pour un père et une mère, ce que c'est d'ouvrir le journal et de lire...
01:00:59 - Et pas n'importe quel journal.
01:01:01 - Et un grand journal du soir. C'est faux.
01:01:03 Personne n'a vérifié auprès de moi cette information.
01:01:07 Alors, moi, j'ai pris du recul avec tout ça.
01:01:10 Mais c'est une blessure pour vos proches.
01:01:12 Et donc, ça, je considère que ça ne fait pas partie de la face la plus glorieuse de notre vie démocratique.
01:01:18 Mais bon, voilà, il faut vivre, il faut le dire, clarifier.
01:01:21 Vous me permettez de le faire aujourd'hui.
01:01:23 Ma vie privée, elle fait partie de mon équilibre.
01:01:25 Et elle continuera à le faire, quelle que soit la suite des événements.
01:01:29 Et je ne la transformerai pas pour la cause publique.
01:01:32 - Le message est passé. On va maintenant voir Emmanuel Macron.
01:01:35 Si vous êtes un bon prof d'éco, ils ont 13, 14 ans.
01:01:39 Ils sont, oui, vous faites bien de vous inquiéter, ils sont en 3e au collège Camille Corot HL.
01:01:44 Et par définition, Aurélia, ils n'ont pas encore eu le moindre cours d'économie.
01:01:48 - Ça commence en seconde, l'économie.
01:01:50 Donc, ils sont tous dans la même classe.
01:01:51 Et ce sont aussi des petits journalistes en herbe.
01:01:53 Parce qu'ils participent à un journal qui s'appelle "Le Petit Corot", qui est le journal du collège.
01:01:57 Qui a été plusieurs fois primé par l'académie de Créteil.
01:01:59 Et ils se sont dit, en tant que petits journalistes, qu'ils aimeraient bien vous rencontrer pour vous poser quelques questions.
01:02:04 - Zachary, Katharina, Ayoub et Elodie viendront nous rejoindre.
01:02:07 Mais d'abord, les présentations.
01:02:09 - Je m'appelle Ayoub, j'ai 13 ans et je suis en 3e 2.
01:02:12 - Je m'appelle Katharina, j'ai 13 ans et je suis en 3e 2.
01:02:16 - Je m'appelle Zachary, j'ai 14 ans et je suis en 3e 2.
01:02:19 - Je m'appelle Elodie, j'ai 14 ans et je suis en 3e 2.
01:02:22 - Je pense pas que la France est un pays où on puisse réussir.
01:02:24 - Il y a trop de chômage et le gouvernement ne sait pas du tout comment gérer le pays.
01:02:29 - C'est quand même un peu dur.
01:02:31 - Surtout en ce moment, il y a la crise, donc on sait pas trop si on peut réussir ou pas.
01:02:37 - Plus tard, j'aimerais faire un travail qui me plaît.
01:02:40 - Aller au boulot quand je veux.
01:02:43 - En fait, être la patronne, être la chef.
01:02:46 - J'aimerais être journaliste sportif.
01:02:49 - Pourquoi ?
01:02:51 - Parce que j'aime bien écrire des articles et j'aime bien le sport.
01:02:55 - J'aimerais bien vivre à l'étranger, comme aux Etats-Unis, ça me donne envie.
01:03:02 - Au début, je voulais aller en Allemagne, mais après avoir lu un livre, non, j'ai plus y aller.
01:03:07 - C'était quoi, ce livre ?
01:03:09 - Le "Harent Bismarck" de Mélenchon.
01:03:11 - La politique, ça me touche pas parce que, pour l'instant, je suis encore un enfant.
01:03:18 - Ce qui me plaît dans le communisme, c'est qu'il n'y a plus de riches ni de pauvres.
01:03:21 - J'aimerais bien être milliardaire, c'est un peu le rêve de tout le monde.
01:03:25 - J'ai hâte de travailler comme ça, je pourrais gagner de l'argent moi-même.
01:03:29 - Je ferais tout pour pas être au chômage, faire quelque chose qui me plaît.
01:03:35 - Emmanuel Macron, pour moi, il est plutôt libéral capitaliste.
01:03:38 - Libéral, c'est vouloir de l'argent tout en faisant un peu de social et capitaliste, c'est juste de vouloir de l'argent.
01:03:46 - Emmanuel Macron, je vous présente Zachary, Katharina, Ayoub et Élodie, élèves de 3e au collège Camille-Cotreau de Chelles.
01:03:56 - Salut à vous !
01:03:58 - Et bienvenue ! Installez-vous.
01:04:03 - Bonjour !
01:04:04 - Je vais dire bonjour de l'autre côté, quand même.
01:04:06 - Ah ben non, mais venez vous installer à côté de...
01:04:07 - Non mais je vais leur dire bonjour de l'autre côté.
01:04:08 - À côté de Katharina ? Ah vous voulez dire bonjour, bien sûr, oui.
01:04:11 - Bonjour.
01:04:14 - Bonjour, voilà, les présentations sont faites. J'espère que vous êtes prêts, Emmanuel Macron.
01:04:18 Premier cours d'écho, la chose la plus importante à savoir pour eux et pour ceux qui ont leur âge et qui vous regardent,
01:04:28 le B.A.B.A. pour comprendre l'économie dans laquelle on vit.
01:04:32 - C'est de revenir au mot, peut-être. Qu'est-ce que ça veut dire, le mot "économie" ?
01:04:38 - C'est l'organisation du foyer, à l'origine, de la maison. Et donc c'est l'organisation de la vie en commun.
01:04:45 Donc l'économie, c'est pas seulement des chiffres, c'est pas seulement des résultats, etc. C'est l'organisation qu'on décide d'avoir.
01:04:55 - Alors les questions au ministre. On va démarrer avec toi, Ayoub.
01:04:58 - Oui.
01:04:59 - Première question.
01:05:00 - Ayoub, c'est le sportif de la bande.
01:05:01 - Oui, on est pas de notre file.
01:05:02 - Lui, il est qui le fout les jours, il est dans le club de foot, voilà.
01:05:04 - Oui, moi, mon club préféré, c'est Arsenal, en Angleterre. Il y a 5 joueurs français qui jouent là-bas.
01:05:10 Pourquoi les meilleurs joueurs français, ils partent à l'étranger ?
01:05:14 - Alors, c'est pas faux.
01:05:17 - C'est une question économique. Purement économique.
01:05:19 - Non, mais c'est une question économique parce que le championnat anglais les attire davantage en les payant davantage, aujourd'hui.
01:05:28 Et donc, c'est vrai que le football est devenu, comme d'autres secteurs, une économie de superstars.
01:05:34 - Vous justifiez comment qu'un joueur touche des minutes en tapant dans un ballon ?
01:05:38 - Je ne dis pas que c'est juste. Ça n'est pas juste et ça manque de sens.
01:05:41 Mais au moment où nous nous parlons, ça marche comme ça.
01:05:45 On peut décider de corriger les choses dans un pays tout seul. Mais alors les talents iront dans les pays voisins.
01:05:50 Et aujourd'hui, tu as une course aux enchères qui fait que plus les joueurs sont payés, plus ils vont dans les championnats qui les attirent.
01:05:56 Je pense que ça ne pourra pas durer. Pourquoi ? Parce que ça n'a pas beaucoup de sens.
01:06:00 Tu as raison de le dire. Parce qu'à un moment, les clubs s'endettent trop, d'ailleurs.
01:06:03 On l'a vu sur certains championnats. Et donc, je pense qu'ils reviendront.
01:06:06 - Élodie ? - C'était sur ta carrière que tu t'interrogeais.
01:06:09 - Oui. Ce qui est une très très bonne question, d'ailleurs.
01:06:12 - Moi, qui viens d'une banlieue populaire, mes parents ne sont pas très riches.
01:06:18 Est-ce que j'ai une chance de devenir milliardaire ou de réussir comme vous ?
01:06:27 - Alors aujourd'hui, statistiquement, tu as beaucoup moins de chance. Aujourd'hui, statistiquement, tu as beaucoup moins de chance.
01:06:34 Et c'est ça qu'il faut corriger. Tu vois, moi, je ne suis pas fils d'énarque ou de banquier d'affaires.
01:06:39 Je suis né en province, dans une famille bourgeoise. Donc je n'étais pas en difficulté.
01:06:44 Mais je suis arrivé dans une classe sociale qui n'était pas la mienne parce que j'ai travaillé.
01:06:48 Toi, tu as une chose à faire. Ne jamais douter de toi parce que tu viens de là où tu viens.
01:06:54 De prendre tous les risques. Tous les risques. Parce qu'il y a des protections en France et il faut prendre tous les risques.
01:07:00 Et ceux qui ont perdu, c'est ceux qui décident de ne pas prendre des risques. C'est ceux qui pensent que tout est déjà déterminé.
01:07:06 - Catharina ? - Catharina, oui, elle est branchée sur les réseaux sociaux toute la journée.
01:07:11 Toi, c'est quoi ? Instagram, Snapchat ? Facebook, c'est un peu ringard, tu dis ?
01:07:15 - Facebook, c'est ringard. - Oui.
01:07:17 - Ma mamie, elle est sur Facebook. - Elle est pas de toi aussi, Facebook.
01:07:23 - Oui. - On sait que les réseaux sociaux, ils sont plus créés aux Etats-Unis.
01:07:31 Alors le conseil que vous me donnez pour créer mon propre réseau social en France...
01:07:38 - Est-ce que tu aimerais créer une application ? - Oui.
01:07:40 C'est tout à fait possible en France. Tu sais, en France, chaque année, tu as 1 000 à 1 500 jeunes ou moins jeunes qui créent leur startup et qui se développent.
01:07:47 Donc c'est tout à fait possible de le faire en France. C'est d'ailleurs aujourd'hui devenu plus rapide qu'aux Etats-Unis.
01:07:53 Tu trouveras de l'argent au début, si tu as vraiment une bonne idée, un bon concept, parce qu'il y en a maintenant.
01:07:58 Et celles et ceux qui ont réussi avant toi investissent beaucoup chez les jeunes entrepreneurs français.
01:08:04 Il y a la Banque publique d'investissement aussi. Et donc aujourd'hui, il faut y aller.
01:08:08 - Pour reparler politique, vous vous justifiez comment d'être de gauche en faisant des réformes libérales ?
01:08:12 - Alors d'abord, ça dépend de quelles réformes tu parles. On peut prendre un exemple par exemple. Mais moi, je pense que...
01:08:18 - Tu en avais des exemples ? - Tu penses à quelles réformes ?
01:08:20 - Vas-y. - Le travail le dimanche, la nuit et évoquer le temps de travail au MEDEF.
01:08:24 - Alors j'ai évoqué le temps de travail dans plusieurs endroits. Je ne l'ai pas fait comme MEDEF. Et il n'y a pas des églises interdites. Il n'y a pas de tabou.
01:08:31 Moi, je pense que d'abord, quand on est de gauche, on est pour le débat critique.
01:08:34 - Tu crois que M. Macron est de gauche ? - Non.
01:08:37 - Ah oui ? C'est à vous de le convaincre. - Mais non.
01:08:40 - Pourquoi ? - Je ne sais pas. C'est ses réformes. Ça ne me donne pas l'impression d'un homme de gauche.
01:08:45 - Mais parce que tu vois... Je ne sais pas quelle conception tu te fais de la gauche. C'est quoi la gauche pour toi ?
01:08:52 - Le social. - C'est quoi le social pour toi ? Comment on fait le social ?
01:08:55 - En faisant des bonnes réformes, en réduisant le nombre de SDF. - Alors tu as raison. Simplement.
01:09:00 - Efficace. - On est sur l'organisation de la société.
01:09:02 Pour que je fasse des réformes sociales, il faut que je les paye. Je les paye avec quel argent ?
01:09:07 Avec l'argent que je prélève sur celles et ceux qui produisent. C'est comme ça que je fais. Par l'impôt. Tu es d'accord ?
01:09:13 - Là, l'argent, vous le prenez aux banques. Parce que la France est en dette. Donc ça revient toujours au même.
01:09:18 - Alors ça, tu parles de l'endettement public. Mais plus je m'endette, plus je dois le prendre aux banques.
01:09:23 Mais tout ce que je ne prends pas aux banques, ce qui n'est pas une bonne chose, parce que ce que je prends aux banques,
01:09:26 c'est toi qui devras le rembourser, et tes enfants et tes petits-enfants. Donc on finira par avoir un problème.
01:09:31 - Catarina, Elodie, Ayoub, Zachary, vous trouvez que c'est un bon prof, Emmanuel Macron ?
01:09:35 - Non.
01:09:37 - Bah... Vous lui mettez quel nom ?
01:09:40 - Bon, bah, on va s'arrêter là. Et merci à vous d'avoir participé à cette émission.
01:09:45 Merci d'ailleurs à tous les collégiens de Camille Corot de Chelles, qui nous ont accompagnés.
01:09:51 Un très grand merci à Mickaël et Ramdan, qui ont fait le voyage depuis le Nord. Le supplément, c'est terminé.
01:09:57 Merci Emmanuel Macron. On se retrouve dimanche prochain. Salut à tous et bonne fin de week-end.
01:10:02 (Musique)

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