• il y a 11 mois
Transcription
00:00 1972, un avion rougoyen comptant 45 passagers s'écrase à 4000 mètres d'altitude dans la cordillère des Andes.
00:06 Pendant plus de deux mois, les 29 rescapés devront affronter le froid, la solitude, les douleurs physiques et surtout la faim, dont l'une des seules solutions sera le cannibalisme.
00:13 Une histoire vraie et folle racontée par le réalisateur J.A. Bayona dans le nouveau film Netflix "Le Cercle des Neiges".
00:20 C'était une histoire que je connaissais parce qu'elle était une partie de la culture populaire.
00:24 C'était très facile de voir les survivants sur la télévision.
00:27 Il y a peu d'histoires dans l'histoire de la humanité de la survie qui ont le manière humaine que la histoire des Andes.
00:37 Que se passe-t-il quand le monde t'abandonne ?
00:39 Quand tu n'as pas de vêtements et que tu te congèles ?
00:46 Nous avons fait presque 100 heures d'interviews avec les survivants, les familles des morts, les forces aéries urugoyennes, les amis des survivants.
01:04 Je voulais savoir toutes ces questions qu'ils ont eu le temps de se poser sur la montagne, car c'était plusieurs jours, 72 jours.
01:11 Comment faire que le public se pose les mêmes questions qu'ils se posent ?
01:15 Comment faire que le public entre dans ces têtes et passe par ce qu'ils passaient ?
01:20 Les questions les plus immédiates qui se posent, en relation avec le quotidien, la nourriture était un sujet dans ce sens, "qu'est-ce qu'on va manger ?"
01:29 Si on ne mange pas, on va mourir.
01:33 Ils avaient très faim et cela les a forcé à se nourrir.
01:37 Un d'eux m'a dit que le premier jour était très dur et que le deuxième jour, ils faisaient une queue en ligne pour acheter leur nourriture.
01:46 Il ne se peut que comprendre de ce lieu cette imaginaire.
01:50 Tout ce que nous avons essayé de montrer graphiquement, on ne s'y comprendrait jamais, car il était très difficile d'arriver à ce lieu.
01:58 Nous avons donc choisi de suggérer plutôt que de montrer, et aussi pour une question de respect pour les survivants et les morts.
02:08 Je m'intéressais beaucoup à cette film, car il y a aussi des gens qui doivent apprendre à mourir.
02:14 Il y a des gens qui, à un moment donné, savent qu'ils vont mourir.
02:17 Et comment s'affronter à cela ?
02:19 Et là, il y a un aspect éthique, moral, spirituel, où l'on doit apprendre à mourir en paix.
02:26 Et qu'est-ce qui permet à quelqu'un de mourir en paix ?
02:29 Et dans la montagne, on passait par l'entrée de l'autre,
02:33 par donner tout ce qu'ils avaient, en forme de corps et en forme d'âme à l'autre.
02:39 Et c'est ce qui me semblait très émouvant, très intéressant au niveau humain.
02:45 Parce que quand ces gens n'avaient plus rien, ils donnaient tout ce qu'ils avaient à leurs compagnons.
02:50 Et cette idée de ne plus regarder en haut, de ne plus regarder les avions qui doivent arriver,
02:55 de ne plus regarder Dieu pour regarder les côtés,
02:58 de se voir comme des égaux, de se reconnaître dans le groupe,
03:02 et de se dédier au lieu où on peut, et non au lieu où on attend,
03:06 me semblait très émouvant.
03:08 Cette histoire a toujours été racontée, du point de vue des gens qui sont revenus.
03:13 Et dans cette film, nous essayons de trouver un pont, une perspective,
03:17 entre les morts et les vivants, et de mettre les morts,
03:21 qui n'ont pas pu parler ces 51 ans, à la hauteur du reste.
03:27 Il y a eu des gens qui ont donné moins que les autres,
03:30 qui ont gardé un peu plus pour eux-mêmes et qui sont revenus.
03:33 Et il y a eu des gens qui ont donné beaucoup,
03:35 qui ont donné beaucoup aux autres et qui ne sont pas revenus.
03:38 Cela me semblait très intéressant,
03:40 parce que c'est le contraire de ce qui a toujours été raconté dans le cinéma de la survie.
03:44 Dans les films, on voit toujours que celui qui donne le plus, a le plus grand prix.
03:48 Je pense que c'est une histoire qui ne se comprend pas si le contexte n'est pas bien raconté.
03:52 Le contexte, au niveau géographique,
03:55 et le contexte aussi en ce qui concerne toutes les émotions qu'ils ont vécues,
04:00 la solitude, le froid, la faim...
04:02 Pour faire ça, il fallait filmer le plus proche possible de la réalité.
04:06 Ce n'était pas une film que nous pouvions filmer sur un plateau,
04:09 dans un studio, avec de la neige artificielle.
04:11 C'était un film très long, le plus long que j'ai jamais fait, 140 jours.
04:15 Sans compter les fois où j'étais à Los Angeles,
04:18 où nous avons filmé tous les paysages, les fonds...
04:21 Et à ce film, il faut ajouter que nous avons passé 7 semaines en train d'essayer avec les acteurs.
04:25 J'ai décidé d'être au point de vue des personnages protagonistes.
04:30 Nous n'expliquons jamais vraiment ce qui s'est passé,
04:34 parce qu'ils ne le savaient pas quand ils ont vécu l'accident,
04:37 ils le savent après.
04:39 J'ai donc décidé d'être au point de vue des personnages,
04:42 sans savoir plus de ce qu'ils savent.
04:44 Il était important que le spectateur entre dans l'avion,
04:47 et vive et ressente ce qu'ils ont vécu.
04:49 Parce que je crois que grâce à l'empathie avec eux,
04:52 on peut vraiment comprendre ce qu'ils ont vécu,
04:55 et ce qu'ils ont fait sur la montagne.
04:57 De toute façon, le spectateur, en regardant la film,
04:59 se pose la grande question, quel est le sens de tout ça ?
05:02 Quel est le sens de la vie ?
05:04 C'est la question qui reste.
05:06 qu'il y a.

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