• il y a 10 mois
Ces derniers mois, plusieurs célébrités comme l'animateur Bruno Guillon, ont été victimes de Home-jacking (cambriolage dans la maison alors que les propriétaires sont là). Cyril Lignac ou encore Vitaa figurent aussi dans la liste des victimes de ces actes malveillants. 

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00:00 Retour sur le plateau de première édition, il est 8h12, le 7 minutes pour comprendre les "homejacking", les braquages à domicile de stars.
00:08 C'est vrai qu'on a un peu l'impression depuis plusieurs mois que ça devient un phénomène, un genre criminel.
00:12 Pourquoi sont-ils si nombreux ?
00:14 Et on en parle ce matin avec Reda Bellage, vous êtes porte-parole du syndicat Unité SGPFO Police en Ile-de-France.
00:26 Merci d'être avec nous ce matin.
00:28 Fabrice Rizzoli, spécialiste de la grande criminalité et co-fondateur de l'association Crime Alt est également avec nous.
00:34 Bonjour, merci d'être là.
00:35 Et Mélanie Vecchio du service Police Justice de BFM TV est là.
00:39 Il y a eu des "homejacking" plus marquants que d'autres du fait de la personnalité des victimes.
00:44 On avait beaucoup parlé notamment du cambriolage chez Cyril Gann, la star du MMA, ça c'était début septembre.
00:51 Cambriolé pendant qu'il combattait, donc il ne risquait pas d'être chez lui.
00:54 Et puis quelques semaines plus tard, Bruno Guillon, l'animateur de France 2, qui lui était victime d'un "homejacking" chez lui avec sa femme et son fils.
01:03 Et il se trouve que derrière ces cambriolages, les enquêteurs ont identifié, semble-t-il, un seul et même commanditaire, Mélanie.
01:10 Oui, un certain Kamel Zed qui est bien connu, 27 ans, il est originaire de Paris.
01:15 Il est bien connu des services de police et de justice parce qu'en 2021, il avait déjà été condamné à deux ans et demi de prison pour une affaire de cambriolage en récidive.
01:24 Il a été aussi impliqué dans une affaire de meurtre et tentative de meurtre.
01:28 Il a même comparu aux assises avant d'être acquitté, ça c'était en mars 2023.
01:33 Et donc, il est soupçonné, cet homme, d'être impliqué à la fois dans au moins deux cambriolages, celui, vous le disiez Adeline, de Cyril Gann, c'était le 2 septembre,
01:41 celui de Bruno Guillon, c'était le 27 septembre.
01:44 Donc, mise en examen pour le cambriolage chez Bruno Guillon.
01:47 Et il doit comparaître le 30 janvier prochain pour l'autre cambriolage chez Cyril Gann.
01:53 Dans ces deux affaires, en fait, il est soupçonné d'être en quelque sorte l'organisateur, le commanditaire, le cerveau, d'avoir recruté des petites mains, justement, qui ont commis ces cambriolages.
02:04 Il nie toute responsabilité.
02:06 Lui, il a toujours nié avant de se mûrer dans un silence, ça c'était pendant l'instruction.
02:12 Et ensuite, donc, il nie avoir participé en tout cas à ces actions.
02:16 Et il dit qu'il aurait fait travailler, donc, en quelque sorte, il semblerait qu'il ait fait travailler des petites mains.
02:21 Cinq, c'est ça ?
02:22 Alors, cinq, en tout cas, dans une des affaires.
02:25 Cinq personnes ont été placées en garde à vue, mises en examen.
02:30 Trois ont été placées en détention provisoire.
02:32 Parmi ces cinq personnes, il y a notamment deux mineurs et ils sont âgés de 17 ans.
02:35 Eux n'ont pas pu être placés en détention provisoire, mais en centre éducatif fermé.
02:39 Et l'un des deux s'était échappé de ce centre éducatif fermé avant d'être rattrapé par la police.
02:44 Et en travaillant justement sur ce jeune homme de 17 ans,
02:46 les policiers se sont aperçus que lui-même était impliqué dans un autre cambriolage,
02:51 une tentative en tout cas d'un ancien joueur du PSG.
02:54 Ce cambriolage avait eu lieu, en tout cas cette tentative, elle avait eu lieu en août 2023.
02:58 Reda Belladj, vous avez été étonné de découvrir qu'il y avait un même homme derrière ces deux cambriolages.
03:03 Ça veut dire qu'il y a un réseau qui s'est organisé, qui s'est spécialisé dans les home-jacking de stars ?
03:08 Alors, c'est difficile de savoir si, en tout cas, je ne suis pas devin pour savoir que c'est un même homme,
03:12 mais pour le coup, je pense que les différents plateaux que j'ai faits et l'analyse qu'ont donné certains collègues
03:18 des groupes de répression du banditisme ou de la brigade de répression du banditisme était bon,
03:22 puisqu'en fait, on constate que le profil correspond.
03:25 Vous avez un majeur qui est expérimenté et qui recrute des individus mineurs parce que les peines sont amoindries
03:32 et puis ils n'ont pas ce discernement pour savoir ce qui est bien et ce qui est mauvais.
03:36 Et puis surtout, ils sont très très très violents.
03:38 On l'a vu dans l'affaire Guillaume, il y a eu l'usage d'une arme de poing avec, d'après les premières déclarations,
03:44 une arme qui était déposée sur la tempe, avec on a isolé les enfants pour créer ce sentiment de peur et de surprise.
03:50 Et puis ce qui a permis aux malfaiteurs de la coopération des victimes.
03:55 Est-ce que vous avez l'impression, on va dire que ce sont des reconversions ?
03:58 Le fait qu'il y ait une multiplication de ce genre d'actes,
04:01 est-ce que les braqueurs se reconvertissent dans ce nouveau genre criminel, comme je disais tout à l'heure ?
04:06 Se reconvertissent peut-être ? Oui et non.
04:09 En fait, c'est plus, on va dire, un phénomène de mode.
04:13 Ce serait le mauvais mot, mais on a l'impression qu'on utilise des nouvelles méthodes de recrutement
04:18 parce que vu le profil, vu les lieux d'habitation des potentiels auteurs,
04:24 on le voit aussi dans l'affaire de Nico, ça on ne peut pas trop en parler,
04:27 mais les individus soupçonnés viennent de quartiers complètement différents.
04:29 On va rappeler ce qui s'est passé, ils ont été arrêtés avant d'agir.
04:32 Voilà, ils ont été arrêtés dans la tentative.
04:35 On parle à BAC de nos gens, il y a BAC de Champigny et des véhicules de police secours de nuit du Val-de-Marne.
04:40 Et on voit que le profil, c'est des gars qui sont connus pour juste de la détention de stupéfiants,
04:47 d'usage de stupéfiants, des défauts de permis, des refus d'obtempérer, des petits délinquants,
04:50 mais qui sont passés à l'étape supérieure parce qu'ils ont été mal guidés par rapport à ces combats.
04:58 Fabrice, tu as l'impression où le nombre de cas se multiplie ?
05:01 Alors, je n'ai pas la sensation qu'au niveau statistique, ça se multiplie.
05:04 Les deux, trois dernières années, je pense même que c'est un petit peu en baisse.
05:07 Mais le problème, c'est que ça ne veut rien dire par rapport, encore une fois, à ce que ça provoque sur les victimes,
05:11 quelle que soit la manière de faire les home-jacking.
05:13 Par contre, sur une dizaine d'années, oui, il y a eu une augmentation des home-jacking
05:17 parce qu'on est parti des car-jacking, où on violentait le conducteur pour prendre sa voiture.
05:23 Il y a eu des systèmes qui ont fait que les vols de voiture sont devenus un petit peu plus compliqués.
05:28 Ça s'est reporté sur le domicile.
05:31 Et vous avez d'autres facteurs.
05:33 Vous avez des personnes qui sortent de prison, qui sont des anciens braqueurs, par exemple,
05:37 et qui ne voudront pas rentrer dans le trafic de stupéfiants parce que ce n'est pas leur truc de s'entretuer.
05:42 Eux, c'est des fourgons.
05:43 Il n'y a plus d'argent dans les banques.
05:44 Il n'y a plus de fourgons faciles à faire.
05:47 Et donc, ils vont chez le particulier.
05:49 Ça, c'est une espèce de dévenance.
05:50 Donc, vous avez comme ça ce que vous appelez des adaptations, des opportunités avec des publics très différents.
05:56 Fabrice, pour aller chez les particuliers, il faut pouvoir les repérer.
06:00 Il faut avoir leur adresse.
06:01 Et les réseaux sociaux aident beaucoup.
06:04 Oui, alors les réseaux sociaux...
06:05 C'est-à-dire poster une photo quelque part, c'est déjà dire qu'on n'est pas à son domicile.
06:11 Et donc, potentiellement, ouvrir une porte.
06:12 Oui, mais ça, c'est quand vous voulez cibler exactement...
06:15 Par exemple, là, vous parliez de joueurs de foot ou de stars.
06:17 Mais sinon, vous savez, dans le home jacking, c'est le pavillon.
06:20 Le pavillon qui a une certaine...
06:22 Voilà, on peut guetter pendant un certain temps, voir si la voiture est importante.
06:26 On peut regarder par les fenêtres s'il y a tableau, machin, bijoux chez madame, etc.
06:31 Donc, on fait du repérage classique, comme les braqueurs faisaient du repérage sur la bijouterie.
06:36 À quelle heure ça ferme ?
06:37 Quand est-ce qu'il y a le plus de bijoux ?
06:38 Est-ce qu'ils sont deux ?
06:39 Est-ce qu'ils sont tous seuls ?
06:40 Donc, il y a un petit travail à faire.
06:42 Donc, ça, c'est le classique, le B.A.B. de groupe criminel un peu organisé.
06:47 Comment on se protège ?
06:49 Comment on se protège ?
06:49 Je vais déjà revenir sur ce qu'a dit monsieur.
06:51 Je suis tout à fait d'accord.
06:52 On constate aussi que, nous, service de police, dans le cadre des réseaux sociaux,
06:56 non seulement ils arrivent aussi à voir une personne...
06:59 Parce qu'il y a aussi des personnes assez aisées.
07:01 Il n'y a pas que les personnalités qui sont attaquées.
07:03 Oui, bien sûr.
07:03 Aujourd'hui, c'est très médiatisé parce qu'ils n'hésitent pas, malgré la médiatisation,
07:08 à s'attaquer à ces gens-là, malgré les peines qu'ils risquent.
07:11 Mais aussi, apparemment, on constate qu'ils recrutent aussi via les réseaux sociaux.
07:16 C'est ça qui est nouveau.
07:17 C'est que ces mineurs, ils sont recrutés via les réseaux sociaux.
07:20 Ils se disent « tiens, je peux me faire... »
07:22 Ils n'ont pas du gain et ils les recrutent.
07:23 Donc ça, c'était pour bon dire.
07:25 Après, la solution, on l'a vu dans l'affaire du joueur du Paris Saint-Germain, le Tellier,
07:30 où il y a l'alarme qui s'est déclenchée.
07:33 On l'a vu dans l'affaire de monsieur Lignac, c'est ça ?
07:36 Louis Pusinier, où l'alarme s'est déclenchée.
07:38 Donc, en fait, ce qui se passe quand vous avez une alarme,
07:40 quand vous avez une vidéosurveillance,
07:42 qu'elle soit privée ou qu'elle soit via une entreprise privée
07:46 ou qu'elle soit directement reliée au téléphone du particulier,
07:49 ça nous permet à nous d'avoir les infos quasiment en direct.
07:53 Et du coup, comme généralement ça se passe tôt la nuit,
07:58 ou très tôt dans la matinée,
08:00 il y a moins de circulation et les effectifs arrivent sur place très rapidement.
08:04 Donc, il faut s'équiper de vidéosurveillance.
08:06 Il faut aussi, la méthode à l'ancienne, c'est le voisinage,
08:10 c'est-à-dire dire à mes voisins « je ne suis pas là pendant telle période ».
08:13 Il faut aussi, malheureusement, aujourd'hui, être un peu plus discret sur les réseaux sociaux.
08:17 Moins on s'expose sur les réseaux sociaux,
08:19 moins on expose ses voyages, moins on expose ses déplacements,
08:21 moins on expose ses actifs, moins il y a de risques.
08:24 Oui, c'est sûr qu'on peut vivre discret.
08:26 Après, moi, je ne veux pas remettre la faute sur la victime.
08:28 Il faut faire attention à ce principe.
08:30 Parce que Bruno Guillon ne poste pas des photos de sa maison sur ses réseaux sociaux,
08:34 pas plus que Nico Céaliégas.
08:36 Je vous dis encore une fois, on peut faire du repérage,
08:37 le quartier chic ou moins chic,
08:39 parce que vous avez toute une série d'home-jackings qui sont faits
08:42 dans des pavillons de Seine-Saint-Denis, du Val d'Oise, Gonesse, Goussainville,
08:46 avec des victimes traumatisées.
08:48 Et parce que parfois, vous avez aussi des jeunes ou des pieds nickelés
08:51 qui repartent avec 300 euros et c'est très grave.
08:53 Je voudrais quand même juste une dire,
08:55 c'est que le taux d'élucidation est quand même assez important dans le home-jacking.
08:58 L'impunité n'est pas totale par rapport à d'autres grandes infractions
09:01 comme le cambriolage.
09:02 Mais aussi parce que vous disiez, c'est des jeunes, c'est des pieds nickelés,
09:04 ils commettent des erreurs.
09:05 Combien le taux d'élucidation ?
09:07 Alors, j'ai entendu 40%.
09:08 Ce qu'il faut dire aussi, c'est que si en plus, vous ciblez des gens type connus,
09:13 le batage médiatique, etc.
09:17 fait qu'on a retrouvé les agresseurs des joueurs de foot du PSG
09:21 à l'époque de Marseille, celui de Nice, etc.
09:24 Donc voilà.
09:24 Mais du fait de leur jeunesse, est-ce que c'est des petits bandits
09:27 qui laissent beaucoup d'indices derrière eux et qui sont faciles à retrouver ?
09:30 Alors, comme l'a dit monsieur, il existe un protocole,
09:32 en tout cas pour la région, au moins pour l'île de France,
09:35 il y a un protocole avec le parquet.
09:36 C'est-à-dire qu'à partir du moment où vous avez l'usage d'une arme
09:39 pendant la séquestration, ou alors s'il y a séquestration,
09:41 ou si jamais la victime est une personnalité,
09:45 de manière automatique, c'est la PJ qui prend.
09:47 Donc soit la brigade de répression du banditisme,
09:50 comme ça a été dans l'affaire que vous avez exposée,
09:52 soit les groupes de répression du banditisme pour la petite banlieue.
09:55 Et du coup, ça nous permet à nous d'avoir beaucoup plus de moyens.
09:59 Et le fait d'élucider rapidement, il y a deux choses.
10:02 Donc comme vous l'avez dit, il y a les erreurs,
10:03 parce que la brigade technique scientifique, c'est en quelques semaines,
10:06 et puis après, la spécialisation des services d'investigation.
10:09 - D'un mot, élucider et condamner ?
10:11 - Ah ben oui, élucider, en général quand même, condamner.
10:14 Il faut dire que derrière, ce n'est pas toujours des gens cagoulés.
10:18 Les gens peuvent aussi témoigner, on les reconnaît.
10:20 Il y a des preuves scientifiques.
10:23 Ce qui est intéressant au niveau des profils aussi,
10:25 c'est qu'il y a vraiment de tout.
10:27 Et vous avez des gens qui ne font pas ça toute leur vie non plus.
10:31 Il y en a qui font toute leur vie, je vous ai dit, des anciens braqueurs, etc.
10:33 Vous avez des gens qui font ça comme accumulation du capital.
10:36 Et une fois qu'ils ont l'argent, ils montent sur le trafic de stupéfiants,
10:38 parce qu'ils ont besoin de la mise de départ.
10:40 Et ce qui est intéressant aussi du point de vue un peu plus criminologique,
10:43 c'est que parfois ce sont les trafiquants de stupéfiants,
10:45 qui n'ont pas du tout la mentalité de braqueurs,
10:47 qui vont faire appel à ces braqueurs
10:50 pour pouvoir attaquer un fourgon de drogue,
10:52 par exemple, qui n'a pas pu être livré dans le conteneur dans le port.
10:56 Donc on va attaquer le camionneur, ou on va attaquer un groupe rival.
11:00 Donc l'expertise violence n'est pas forcément la même
11:03 que l'expertise commerce dans la drogue, et les deux milieux se rejoignent.
11:06 Merci d'avoir été avec nous ce matin dans ce 7 minutes pour comprendre.

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