Le magistrat Jérôme Pauzat, auteur de "Justice partout, justice nulle part ?" dans l’Heure des Pros : «On n’a vraiment pas la sensation d’être laxistes».
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00:00 on s'est aperçu que beaucoup critiquaient sans arrêt les décisions rendues par la justice.
00:06 Alors la loi permet de les critiquer de manière scientifique, de manière constructive,
00:11 mais on s'est aperçu qu'il y a un petit débitement dans la façon dont aujourd'hui on s'intéresse
00:18 et on commente les décisions judiciaires.
00:20 Et c'est vrai qu'au travers de certains propos,
00:23 et puis les parquets n'osent pas aller sur ce terrain,
00:28 on s'aperçoit que des gens remettent en cause la décision judiciaire
00:33 et alimentent ce mouvement de dénigrement envers la justice.
00:39 On a le droit, par exemple, moi je suis le premier souvent à souligner
00:44 le peu de sévérité parfois de certaines décisions.
00:49 Je suis le premier à souligner ça.
00:50 Je m'en étonne à chaque fois, M. Prot parce que...
00:53 Pourquoi vous en étonnez ?
00:54 Il y a un décalage entre ce ressenti-là
00:58 et ce que les études et ce que nous on vit sur le terrain.
01:01 On n'a vraiment pas la sensation d'être laxiste.
01:03 Croyez-moi qu'on voit que les chiffres, on est à 75 600 détenus en France.
01:08 On n'arrête pas de rendre des condamnations.
01:09 Les condamnations pénales ont encore augmenté.
01:11 Et j'ai du mal à comprendre comment le ressenti journaliste...
01:14 Alors moi, je vais vous dire un exemple très simple
01:18 dans ce qui s'est passé à Crépole.
01:21 Évidemment, il y a eu un mort.
01:23 C'est pas jugé encore du tout, du tout.
01:24 Mais je n'ai pas terminé ma phrase surtout.
01:27 Vous savez quoi ? Qu'est-ce que je veux dire ?
01:30 Non, non, mais vous allez parler des condamnations.
01:32 Pas du tout, mais pas du tout.
01:33 Alors vous allez me surprendre.
01:35 Bon, donc les gens sont mis en examen et ils sont sous les verrous.
01:39 Un mois avant, il y a eu exactement, mais il n'y a pas eu de mort,
01:43 exactement la même scène.
01:45 Des gens qui sont arrivés avec des DAG
01:48 et dans une soirée, c'est dans le sud-ouest de la France,
01:52 une soirée particulièrement augmentée.
01:55 Les gens sont mis en examen, ils ne sont pas du tout en détention provisoire
01:59 et ils seront jugés au mois de janvier.
02:00 Je me dis que des gens qui arrivent avec des couteaux dans une soirée,
02:04 ils ne sont pas en détention provisoire en France ?
02:06 Et vous dites que la justice n'est pas l'accès ?
02:08 Oui, oui, tout à fait.
02:09 Bah écoutez, alors on n'a pas le même...
02:10 En fait, on n'est pas d'accord ?
02:12 Non, on n'est pas d'accord.
02:13 C'est que vous n'avez pas une représentation
02:15 de ce qu'est un dossier judiciaire
02:18 et qu'il y a des règles en France sur la détention provisoire.
02:20 Que quelqu'un ne soit pas en détention provisoire,
02:22 ça ne veut pas dire qu'au final, la décision ne sera pas sévère.
02:25 La décision, elle va être rendue par des juges pénaux, par un tribunal.
02:31 Le temps de l'enquête, si la personne n'est pas en détention,
02:36 ça ne veut pas dire qu'au final, la décision ne sera pas sévère.
02:38 C'est deux choses différentes.
02:39 C'est vrai.
02:40 [Musique]
02:42 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org