Chaque semaine, le tour de l'actualité cinéphile avec des sujets inédits, des entretiens, des analyses de séquences, des archives, des montages et des nouvelles rubriques pour combler les amoureux du cinéma.
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Court métrageTranscription
00:00 *musique*
00:20 Tu n'as pas l'air de croire beaucoup à l'amitié entre garçons et filles.
00:23 Si, pourquoi pas, mais en général ce que je cherche c'est plutôt une amoureuse, pas une amie.
00:28 Il y a des fautes amoureuses.
00:30 Non justement, quand j'ai pas d'amoureuse, je supporte moins les amies.
00:33 Pas de doute, vous êtes bien sûr classique et c'est parti pour votre Viva Cinema
00:36 qui célèbre aujourd'hui un anniversaire, les 60 ans des films du Losange.
00:41 Au sommaire également le Rosebud de Jean Eustache,
00:44 la mélodie du bonheur de Sébastien Tellier
00:46 et une brève rencontre autour de l'exposition Bollywood Superstar.
00:49 Vous êtes prêts ? On y va !
00:51 *musique*
00:57 C'est un nom et un logo que tous les cinéphiles connaissent.
01:00 En cette fin d'année, les films du Losange fêtent leurs 60 ans d'existence.
01:04 A cette occasion, votre Viva a poussé la porte de l'entreprise
01:08 pour remonter le fil de son histoire en compagnie de son nouveau président,
01:12 Charles Gilibert, et de la directrice de la distribution, Régine Vial.
01:16 Retour sur six décennies d'histoire du Losange,
01:19 six décennies de cinéma français et européen.
01:22 C'est ainsi que j'avais découvert au coin de la rue Leboutteux,
01:25 une petite boulangerie où j'avais pris l'habitude d'acheter les sablés, croissants et autres pains au lait,
01:30 qui constituaient la partie la plus substantielle de mon repas.
01:33 Il y a 60 ans maintenant, un jeune garçon de 20 ans,
01:36 qui aspirait à la production et à la mise en scène,
01:40 va rencontrer un journaliste qui a 20 ans de plus que lui.
01:43 Donc le jeune de 20 ans, c'est Barbet Schroeder,
01:46 le journaliste qui a 41, 42 ans, c'est Eric Rohmer.
01:50 Vas-y, donne ta chance.
01:51 Comment ? Je ne vais pas l'aborder.
01:53 Pourquoi pas ? On ne sait jamais. Je voudrais savoir.
01:55 Eric Rohmer, en fait, travaillait au cahier du cinéma
01:59 et il a été bousculé de la revue.
02:02 Et donc Barbet Schroeder lui a dit,
02:05 mais si on faisait tous les deux une société ?
02:08 Alors Rohmer a dit, oui, on pourrait faire une revue.
02:11 Et je sais que Barbet Schroeder, qui était un tout jeune homme de 20 ans,
02:14 lui a dit, non, et si on faisait des films ?
02:16 Et c'est comme ça que Barbet Schroeder a mis en gage
02:20 un tableau d'un expressionniste allemand qui s'appelle Nolde.
02:23 Et avec l'argent de ce tableau, en fait, il a créé la société Les Films du Losange
02:28 et il a produit les deux premiers films
02:31 qui étaient La Boulangère de Monceau et La Carrière de Suzanne,
02:34 qui sont les deux premiers contes moraux de Eric Rohmer.
02:37 Sans doute aurais-je pu convier Sylvie à notre jour
02:40 et garder pour ce soir ma boulangère,
02:42 mais mon choix avait été avant tout moral.
02:45 Sylvie retrouvée, poursuivre la boulangère était pic du vice,
02:49 de l'aberration.
02:50 L'une était ma vérité, l'autre l'erreur.
02:53 C'est ainsi du moins sur le moment que je me représentais la chose.
02:56 Barbet Schroeder a eu aussi une idée,
02:58 qui est de proposer à plein de metteurs en scène
03:01 de tourner chacun un quartier de Paris.
03:03 Alors par exemple, Chabrol a fait La Muette,
03:06 Jean Douchet a fait le quartier latin, Place Saint-Germain-des-Prés,
03:10 Godard a fait Le Valois.
03:12 Mais ils avaient très très peu d'argent,
03:14 ils avaient une caméra 16, un tout petit micro pour enregistrer dans la rue.
03:17 C'était quelque chose qui ne s'était jamais fait.
03:19 Et en faisant cette chose-là,
03:21 ce film, Paris Vu-Part,
03:23 est un peu devenu le manifeste d'un mouvement artistique
03:26 qui était pensé au cahier du cinéma,
03:28 qui était La Nouvelle Vague.
03:30 Et puis après, ils ont continué leur route.
03:33 Donc Romère a évidemment réalisé La Collectionneuse,
03:36 que Barbet Schroeder a produit.
03:38 Et le film, de plus en plus plaisait,
03:41 les films plaisaient parce qu'ils étaient faits différemment.
03:45 Vous ne connaissez pas mon amitié ?
03:47 Je ne vous connais pas.
03:49 C'est vrai, il n'y a pas 24 heures que nous sommes ensemble,
03:52 et encore avec interruption.
03:54 Et il me semble que je vous connais depuis une éternité.
03:57 Pas vous ?
03:59 C'est possible, nous en avons été très vite aux confidences.
04:02 Et puis après, Manu chez Maud,
04:04 en fait, Barbet Schroeder a commencé à vouloir devenir réalisateur
04:08 et produire ses propres... et réaliser et produire ses propres films.
04:12 Et il a produit un film qui a été tout à fait mythique,
04:16 qui s'appelle Mort, qui a été tourné à Ibiza,
04:19 et dans lequel, ma foi, il a découvert un groupe musical
04:24 qui, depuis, est très connu, puisque c'est les Pink Floyd.
04:28 Donc en fait, on peut dire que Barbet Schroeder a découvert Romère,
04:31 enfin, a fait travailler Romère,
04:33 et a fait aussi travailler les Pink Floyd.
04:35 C'est pas mal !
04:39 En 1975, Margaret Menegos est embauchée pour prendre la suite de Barbet Schroeder
04:43 à la tête de la production des films du Losange.
04:46 Donc Margaret Menegos connaissait beaucoup de metteurs en scène
04:51 et de réalisatrices, aussi allemandes,
04:54 et beaucoup sont passés par les films du Losange.
04:57 Donc on a vécu une première nouvelle vague française,
05:00 et dans les années 75-80, par exemple,
05:03 on a produit L'Ami Américain de Wim Wenders,
05:07 je pense qu'il y avait Volker Schlender, qui venait chez nous,
05:10 Margaret von Trotta,
05:12 et donc c'était un endroit où beaucoup de cinéastes allemands
05:16 venaient et coproduisaient avec nous,
05:18 et essayaient aussi, à leur façon,
05:20 surtout après toutes ces années très difficiles,
05:23 d'après la Seconde Guerre mondiale, de réinventer un autre cinéma.
05:27 Nous, on est intimement persuadés qu'il y a des artistes
05:30 dont le médium de prédilection, c'est le cinéma,
05:33 et qui font des gestes qui nous en disent un peu plus
05:37 sur le monde qui nous entoure, ou qui nous aident à le regarder.
05:40 Et donc je vois une cohérence dans le choix des auteurs,
05:43 je vois des grands mouvements,
05:45 La Nouvelle Vague, Le réalisme allemand, Le Dogme,
05:48 donc on voit comme ça, à un moment,
05:50 il y a des films qui sont choisis, des auteurs qui sont suivis,
05:53 et puis comment est-ce que ça prend la forme d'un mouvement,
05:57 on voit à quel point le Losange a été,
06:00 tous les auteurs qui ont incarné pleinement ces mouvements.
06:04 En 1986, les films du Losange deviennent également distributeurs de films
06:15 avec l'arrivée dans la société de Régine Vial.
06:18 C'était un souhait de Romère et de Margaret,
06:22 qui disaient toujours, tous les deux,
06:25 on met des années pour faire un film,
06:27 et qu'ils avaient envie que ce film n'aille pas dans une autre maison.
06:31 Et donc ils m'ont engagée pour créer une distribution aux films du Losange,
06:36 une forme d'accompagnement vers les exploitants,
06:40 vers les télévisions ensuite, vers faire la vidéo,
06:46 essayer de faire vivre le film le plus longtemps possible.
06:51 Avec Romère, on faisait ensemble.
06:53 D'ailleurs, des fois, c'est lui qui dessinait son affiche.
06:56 Et une fois, sur un film qui s'appelle "L'arbre meurt à la médiathèque",
06:59 il avait son affiche dans son dos et il me l'a donnée.
07:01 Donc c'était quelque chose qu'il aimait beaucoup faire,
07:04 c'était important pour lui.
07:06 Comme ses photos, il ne prenait jamais de photos,
07:08 il prenait toujours des photogrammes de sa copie,
07:12 parce qu'il trouvait que l'expression de la copie,
07:14 c'était un peu plus simple,
07:16 il prenait toujours des photogrammes de sa copie,
07:19 parce qu'il trouvait que l'expression de ses acteurs était mieux.
07:22 C'était une petite maison, une petite maison d'auteurs,
07:29 et c'est vrai que rien ne sortait sans qu'il ne les vue.
07:33 Et ce n'était pas une contrainte, c'était le plaisir de faire ensemble,
07:37 c'était une forme de compagnonnage.
07:39 Ça, c'était très beau, quoi.
07:41 Et c'est très beau toujours.
07:43 C'est très beau.
07:45 En 60 ans, les films du Losange ont accompagné plusieurs centaines de films,
07:49 de Michael Haneke à Lars von Trier,
07:51 en passant par Jean-Claude Brissot, Nicolas Philibert,
07:54 Léo Scarax, Olivia Sayas ou Mia Hansenlove.
07:57 On a fait écrire par Borbets Schroeder,
08:09 qui était un des plus grands artistes de l'époque,
08:11 et qui a fait de la musique,
08:13 on a fait écrire par Borbets Schroeder,
08:15 le créateur, 60 ans de cinéma,
08:17 et il y a un petit sifflement,
08:19 qui est le sifflement de "Comte d'été" de Éric Rohmer,
08:22 c'est sifflé par Melville Poupot.
08:24 Donc dans le logo, il y a à la fois Borbets qui écrit
08:27 et quelque part une petite musique de Rohmer.
08:30 Les films du Losange revisitent en permanence leur propre histoire
08:42 comme en témoigne la ressortie événementielle
08:44 de "La Maman et la Putain" en 2022.
08:47 C'est pour qui, c'est rose, c'est pour moi.
08:50 Les films du Losange avaient participé
08:52 à la production de "La Maman et la Putain"
08:55 parce qu'il y avait cette grande solidarité,
08:57 que beaucoup de gens faisaient beaucoup de choses,
08:59 ou dire précisément ce que les films du Losange
09:01 avaient apporté à la production, c'est assez difficile,
09:03 on ne trouve pas forcément,
09:05 mais les contrats du film sont dans nos casiers.
09:08 À travers ce premier film,
09:11 donc de Jean Eustache, qui est mythique,
09:13 qui n'avait pas été vu dans une version aussi belle,
09:17 le son aussi a été complètement restauré,
09:20 donc le timbre de la voix est magnifique,
09:23 on sent toute la vie de Paris de cette époque,
09:26 toute cette ambiance qu'il y avait à cette époque-là,
09:28 c'est un film extraordinaire.
09:30 Au moment où un homme s'aperçoit qu'il aime une femme,
09:33 la femme qui l'a aimée jusque-là s'aperçoit, elle, qu'elle ne l'aime plus.
09:36 C'est lamentable comme histoire.
09:41 Je ne crois pas que la vie puisse ressembler
09:45 à ces mondes mystérieux où on ne peut plus jamais revenir
09:48 quand les portes se sont fermées.
09:50 C'est très valorisant de voir que tous ces films
09:54 de grands cinéastes traversent le temps,
09:56 ne sont pas oubliés, mais sont aimés,
09:59 non seulement par nos Français,
10:01 mais aussi enviés, étudiés dans les universités,
10:04 par nos voisins européens, américains, d'Amérique du Sud, en Chine.
10:09 J'ai vu des jeunes étudiants chinois se mettre à genoux
10:12 devant des films de Romer.
10:14 Je pense que c'est une époque extrêmement importante
10:18 qui s'est faite autour de tous ces cinéastes.
10:22 Être vaine première d'aller chercher des artistes
10:26 qui sont à la marge dans leurs discours, dans leurs pratiques,
10:29 dans leur approche formelle,
10:31 pour essayer de les amener le plus au centre possible,
10:34 les faire connaître, pas du plus grand nombre,
10:37 parce qu'on s'en fout un petit peu,
10:39 mais de s'assurer que ça percute au centre,
10:41 que ça percute l'époque, qu'il y ait un impact de ce travail.
10:45 Ça, pour le coup, c'est vraiment passionnant.
10:48 Pour découvrir ou redécouvrir les grands films du Losange,
10:52 retrouvez "Un cycle de rétrospective" jusqu'au 26 décembre
10:55 au Cinéma Le Champeau à Paris,
10:57 et retrouvez "Ma nuit chez Maud" d'Éric Romer,
11:00 ainsi que l'intégrale des films de Jean Eustache,
11:02 actuellement sur Ciné+ Classique et MyCanal.
11:05 [Musique]
11:10 - Allô, Marc ?
11:11 - Un calcul rapide m'avait fait entrevoir les 6 ou 7 000 francs que je pouvais gagner.
11:15 Avec le loto de la fin du mois, 2 ou 3 000 francs,
11:17 et en ne dépensant rien,
11:19 j'arriverais peut-être à m'offrir le Duffel coat pour le 1er janvier.
11:22 - En 1966, les Duffel coats sont à la mode,
11:25 et un jeune cinéaste natif de Pessac, Jean Eustache,
11:28 tourne son deuxième court-métrage, "Le Père Noël a les yeux bleus",
11:32 avec Jean-Pierre Léo.
11:34 Comme tous les héros eustachiens, Daniel ne travaille pas, ou peu,
11:37 et passe le plus clair de son temps à déambuler dans les rues de Narbonne,
11:40 avec ses amis,
11:42 discuter et fumer inlassablement dans des cafés,
11:45 et tenter de séduire les filles.
11:47 Afin de se payer un manteau chaud,
11:49 il accepte un travail de Père Noël
11:51 pour se faire photographier dans la rue avec des passants.
11:54 C'est alors qu'il comprend que son costume a des vertus insoupçonnées.
11:58 [Bruit de cloche]
11:59 - On est sur la barbichette.
12:01 - Hein ?
12:02 - On est sur la barbichette.
12:03 - Maintenant ? [Rires]
12:05 - Bon, on va changer un peu.
12:07 - Vous êtes trop loin, là.
12:11 - Des filles qui n'avaient jamais levé les yeux sur moi me souriaient en passant.
12:19 Celles qui se faisaient photographier se serraient contre moi,
12:22 regardaient mes yeux, cherchant à deviner qui j'étais.
12:25 Au début, timidement, je l'étonnais par les épaules,
12:27 mais bien vite, je m'aperçus que je n'avais pas à m'embarrasser.
12:30 J'ai caressé presque toutes les filles qui se sont fait photographier
12:33 et aucune n'a émis la moindre protestation.
12:36 - Ça va ?
13:00 - Voilà.
13:01 - Merci, bien.
13:02 - Sitôt le déguisement enlevé, la magie n'opère plus
13:07 et les conquêtes féminines s'évaporent, rendant le personnage à sa solitude.
13:11 Comme pour tous les films de Stach, l'inspiration première est autobiographique.
13:15 Le cinéaste se souvient de ses jeunes années à Narbonne
13:18 et explore dans ce moyen métrage les thèmes de son œuvre à venir.
13:22 Le désœuvrement, la séduction, la sexualité, la pauvreté.
13:27 Résolument anti-bourgeois, le cinéma de Stach se distingue en cela
13:31 de celui de la nouvelle vague à laquelle il n'appartiendra jamais,
13:35 mais dont il sera le petit frère mal élevé et turbulent.
13:38 Gravitant dans l'entourage des cahiers du cinéma,
13:41 Eustache put tourner son film grâce au soutien de Jean-Luc Godard
13:44 qui mit à sa disposition les restes de pellicules de masculin féminin.
13:48 Et Jean-Eustache de glisser en guise de clin d'œil un plan de Jean-Pierre Léo,
13:52 devant une affiche des 400 coups, la boucle est bouclée.
13:55 Les périgrinations de Jean-Pierre Léo sont racontées de l'intérieur
13:58 par une voix off qui nous dit en creux et avec une bonne dose d'humour
14:02 le désir d'être aimé quand on est jeune et pauvre.
14:05 A l'image de son créateur, l'œuvre de Jean-Eustache, empêchée et chaotique,
14:09 ne compte qu'une poignée de films et seulement deux longs métrages.
14:12 Elle est enfin visible dans de magnifiques copies restaurées grâce au film du Losange
14:17 et vous avez le privilège de pouvoir la découvrir en intégralité
14:20 sur Ciné+ Classique pendant tout le mois de décembre et à tout moment sur ma canale.
14:24 - Bon, on y va ? - Au bordel !
14:27 - Au bordel ! - Au bordel !
14:31 De La Ritournelle à Pépito Bleu, Sébastien Tellier berce nos oreilles
14:42 depuis près de 20 ans en chansons comme au cinéma.
14:45 Si certains de ses plus beaux titres ont été utilisés sur grand écran,
14:48 il a aussi composé des musiques spécialement pour les films de Quentin Dupieux
14:52 ou Benoît Delépine et Gustave Carverne.
14:55 Pour Viva, il convoque sa mélodie du bonheur, Serge Gainsbourg.
14:59 Pauvre type, espèce de con, t'es vraiment rien qu'une merde.
15:06 Putain de nom de Dieu, qu'est-ce que j'ai fait au ciel pour toucher une cloche pareille ?
15:11 Alors aujourd'hui, j'avais envie de parler de tenue de soirée parce que c'est blié déjà.
15:16 Peut-être mon réalisateur préféré, enfin après ça sert à rien de faire des classements.
15:21 Et puis De Pardieu et en plus Gainsbourg pour la musique.
15:26 Donc là, évidemment, on ne peut que s'incliner.
15:29 C'est pour ça que je voulais parler de ça, parce que pour moi, c'est la Dream Team.
15:34 C'est le nectar du nectar, ce film.
15:37 Je t'attendais en tremblant.
15:50 Elle ne me fait plus aucun effet.
15:52 C'est normal, mon petit vieux, c'est normal.
15:58 Viens contre moi, je vais te réchauffer.
16:02 Alors c'est une BO très 80 déjà.
16:05 C'est vraiment Gainsbourg, je dirais, dernière période.
16:11 Donc il y a du CP80, c'est un piano électrique que j'adore, qui sonne typiquement années 80.
16:18 Et puis il y a une espèce de truc, dans les thèmes, il y a une forme d'errance.
16:23 Pas toujours très bien défini.
16:26 Ça se balade un peu, ça tourne un peu.
16:30 Ça tourne souvent autour du pot.
16:33 Il y a beaucoup de morceaux sans conclusion aussi.
16:36 Et tout ça, j'adore.
16:37 J'adore ça parce que justement, ça fait une musique qui est libre.
16:43 On sent que Gainsbourg a fait ça assez légèrement, je dirais.
16:47 Quand on veut t'en donner, tu te fermes, comme une palourde.
16:51 T'as pas compris qu'il t'aime ? Tu le vois pas dans ses yeux, comme il est malheureux.
16:54 Jusqu'où tu vas l'emmener comme ça ? T'attends qu'il tombe malade ?
16:57 Je fais pas semblant, Antoine.
17:01 Je te jure d'ailleurs, tu peux regarder mes mains, elles tremblent.
17:05 Où tu vas ?
17:08 Prends ma colère.
17:11 Ce que j'aime beaucoup aussi avec Tenue de soirée,
17:14 c'est que justement, il y a la prostitution, il y a du vol, il y a du malsain.
17:20 Dans tous les sens.
17:21 Mais en même temps, c'est un film qui parle de petits cœurs brisés.
17:24 Finalement, ça parle de mal-être.
17:28 Donc la musique, elle est là plus pour ça.
17:30 C'est ça qu'elle souligne.
17:31 Elle souligne vraiment la profondeur de ce que veut dire le film.
17:34 C'est-à-dire, pas son apparence première, mais ce qu'il y a derrière,
17:37 ce que ça raconte en vrai, en fait.
17:40 Oh là là, qu'est-ce qu'elles sont fatigantes !
17:42 Oh, moi je retourne tapiner.
17:44 Je préfère encore me léger dans la rue.
17:46 Attends-moi, je viens avec toi.
17:48 On a moins froid quand on est deux.
17:50 On voit deux mecs déguisés en filles qui font le tapin.
17:53 Si on mettait derrière, genre, c'est terrible pour eux,
17:57 musique de frayeur ou je sais pas quoi, ça dirait pas du tout.
18:00 Donc ces petites notes un petit peu légères, un petit peu coquines,
18:04 c'est parfait.
18:07 Aussi, c'est un doux ridicule.
18:10 C'est pas "pouet-pouet, ah, regardez, ah ah".
18:13 C'est attachant, quoi.
18:16 C'est vraiment bien joué.
18:18 [Musique]
18:42 Je vais essayer de vous le jouer au piélo.
18:44 Alors, j'ai travaillé tout à l'heure.
18:46 Parce que... Alors, attends.
18:48 [Musique]
18:58 Et puis, il y a aussi pas mal de thèmes dans cette BO
19:01 qu'il a réutilisé avec Charlotte, pour faire des chansons pour Charlotte.
19:05 Il a réutilisé des thèmes qu'il avait fait un peu avant.
19:08 Il a un peu tout mélangé comme ça.
19:11 J'adore, ça fait une sorte de compil de Gainsbourg
19:14 en une seule BO.
19:16 Donc, voilà, j'adore ça.
19:18 [Musique]
19:32 De Roubaix, Michel Legrand, Gainsbourg,
19:35 c'est vraiment mes références.
19:38 Si j'étais parachuté à Los Angeles,
19:41 qui fait faire des films hollywoodiens,
19:43 je ne saurais pas du tout par quel bout le prendre.
19:45 La musique de Retour au futur,
19:47 Star Wars, tous ces trucs-là.
19:50 Les grandes symphonies qui emmènent tout le monde,
19:52 je ne sais pas le faire, ça, du tout.
19:54 Mais là, c'est plus dans mon univers.
19:58 C'est un truc que je comprends,
20:01 donc je peux me les approprier,
20:02 alors sans les voler, mais...
20:04 C'est plus des codes comme moi je les comprends.
20:07 [Musique]
20:09 Pour réchauffer vos platines,
20:10 Votre Viva vous recommande les deux derniers albums
20:13 de Sébastien Tellier,
20:14 Domesticated et Simple Mind.
20:17 Et précipitez-vous sur myKanal
20:19 pour voir ou revoir Tenue de soirée de Bertrand Blier.
20:22 [Musique]
20:28 Que sait-on vraiment du cinéma indien,
20:30 l'une des principales industries cinématographiques du monde ?
20:33 Jusqu'au 14 janvier prochain,
20:35 le musée du Quai Branly Jacques Chirac
20:37 retrace son histoire particulière
20:39 avec une passionnante exposition.
20:41 Votre Viva a rencontré l'un des deux commissaires,
20:44 le conservateur du patrimoine Julien Rousseau.
20:47 Il nous raconte cette petite histoire du cinéma indien.
20:50 [Bruit de vent]
21:00 Le cinéma arrive tout de suite en Inde,
21:02 moins d'un an après les premières projections
21:04 des Frères Lumière à Paris,
21:06 le cinéma arrive en Inde, à Bombay.
21:08 Puis très vite, les premiers films disponibles
21:10 vont tourner dans tout le pays.
21:12 Et puis à partir de la fin des années 1910,
21:16 les premiers producteurs indiens
21:18 vont produire les premiers films,
21:20 en s'inspirant notamment de la mythologie,
21:23 ce qu'on appelle les Puranas,
21:25 les récits anciens mythologiques,
21:27 les épopées hindoues que sont le Mahabharata et le Ramayana.
21:31 Tout ça, ce sont des histoires
21:33 qui sont vieilles de plus de 2000 ans
21:35 et qui avant le cinéma ont inspiré
21:37 tous les genres artistiques à toutes les époques.
21:40 [Voix de l'écriture]
21:57 On évoque aussi dans cette première partie de l'exposition
22:00 les dispositifs qu'on a appelés pré-cinéma,
22:03 mais en fait qui n'ont pas été remplacés
22:05 par le cinéma quand il est apparu,
22:07 mais qui ont coexisté avec lui.
22:09 Tous ces spectacles étaient des spectacles itinérants,
22:12 comme le théâtre d'ombre,
22:14 les spectacles de lanterne magique aussi.
22:16 Et les premiers cinémas vont être, à leur manière aussi,
22:19 un moyen de raconter les mêmes histoires
22:22 que ces pré-cinémas, mais aussi de lieu en lieu.
22:25 Donc ça va être des cinémas itinérants.
22:27 Dans les années 1950, le cinéma indien de studio
22:30 connaît sa grande période de gloire
22:32 et certains cinéastes sont célébrés dans le monde entier.
22:35 Un âge d'or qui durera deux décennies.
22:37 [Musique]
22:43 C'est au moment où ces grands studios déclinent,
22:46 à partir des années 1970,
22:48 que les industries régionales indiennes du cinéma
22:51 vont vraiment se développer.
22:53 Donc avec Bollywood, qui est d'ailleurs un néologisme
22:56 entre Bombay et Hollywood, donc Bollywood.
23:01 Et c'est au moment où ces studios déclinent
23:03 que des producteurs vont vraiment investir
23:06 dans des grosses productions,
23:08 investir sur des acteurs qui vont générer
23:11 ce star system indien,
23:13 qui est une des particularités des cinémas indiens.
23:15 Et c'est à ce moment-là que commencent
23:17 les industries régionales du cinéma.
23:20 [Musique]
23:39 Les acteurs comme Amitabh Bachchan par exemple,
23:42 ou Rajinikanth en Indus,
23:45 ce sont des acteurs qui ont tourné des centaines de films
23:48 et qui sont aujourd'hui vraiment des icônes
23:51 des cinémas populaires.
23:52 Il y a bien sûr Shah Rukh Khan aussi,
23:54 qui est connu en Inde,
23:56 mais dans le monde entier aussi,
23:58 puisque les cinémas indiens,
23:59 bien qu'ils soient peu connus en France,
24:02 sont des cinémas qui sont très célèbres
24:05 dans le monde entier.
24:06 C'est un des cinémas les plus distribués,
24:08 les plus vus au monde.
24:09 [Musique]
24:15 [Musique]
24:20 C'est un cinéma qui est à la fois très particulier
24:23 et qui a sa propre manière de raconter les histoires,
24:26 de mélanger les genres.
24:28 On parle de cinéma masala, par exemple,
24:30 comme un mélange d'épices.
24:31 C'est une des qualités recherchées par un film,
24:35 de savoir faire ressentir au spectateur
24:38 un ensemble complet d'émotions.
24:40 [Rires]
24:43 C'est un cinéma souvent chanté, dansé, d'ailleurs.
24:47 Ça fait partie de l'image qu'on a des films indiens,
24:51 tout simplement peut-être parce que l'Inde
24:53 a une très longue tradition de danse et de musique,
24:57 traditionnelle, régionale, classique.
25:00 Aussi parce que la musique et la danse
25:02 ont été souvent utilisées
25:05 comme un langage artistique commun
25:07 aux différents genres artistiques.
25:10 Les personnages dans les peintures, les sculptures,
25:13 quand ils sont représentés figés,
25:16 ils sont aussi dans des attitudes chorégraphiques.
25:19 [Musique]
25:29 Les cinémas indiens ne sont pas des cinémas kitsch,
25:32 comme on les présente souvent de manière très caricaturale,
25:36 mais ils sont des cinémas qui ont leur propre manière
25:38 de raconter des histoires.
25:41 Je dirais qu'il faut se laisser porter pour les apprécier.
25:45 Ne manquez pas la foisonnante exposition
25:47 Bollywood Superstar jusqu'au 14 janvier
25:50 au musée du Quai Branly Jacques Chirac à Paris.
25:52 Et pour plus de cinéma indien,
25:54 découvrez ou redécouvrez le salon de musique de Satyajit Ray,
25:57 ainsi que plusieurs films de Manny Cole,
25:59 actuellement sur My Canal, Namaste.
26:02 Et n'oubliez pas, votre Viva vous attend à tout moment
26:04 sur les réseaux sociaux de Ciné+ et sur My Canal.
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