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Pendant les fêtes de fin d'année, dans Culture médias à 9h30, Jean-Philippe Longo remet la lumière sur des émissions qui n'ont pas marqué le petit écran et qui ont disparu aussi vite qu'elles sont arrivées à l'antenne.
Retrouvez "Mi vu, mi connu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/mi-vu-mi-connu

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Transcription
00:00 - Vous êtes toujours avec Jean Zed et son invité Laurent Mariotte, c'est Culture Média jusqu'à 11h sur Europe 1 et on va se tourner maintenant vers Jean-Philippe Longo.
00:09 - Oui, chaque jour pendant les fêtes, Jean-Philippe Longo, vous revenez sur ces émissions de télé, parfois oubliées, peut-être à raison d'ailleurs,
00:15 ces pépites qui n'ont pas trouvé leur public, comme on dit dans le jargon, on parle en quelle année ?
00:20 - Aujourd'hui on parle dans le milieu des années 80, souvenez-vous il n'y avait que trois chaînes, vous avez connu cette époque-là ?
00:25 - Avec FR3 ! - Il y avait, TF1, Antenne 2, FR3 et le 4 novembre 84, subitement il y a une toute nouvelle chaîne qui arrive et qui fait son apparition.
00:33 *musique*
00:37 - Elle a révolutionné le paysage. - Exactement, c'est la naissance de Canal+ avec cette liberté de ton, cette fraîcheur qui débarque sur le petit écran,
00:43 c'est une sorte de laboratoire en gros où tout est autorisé, mais quatre mois après les débuts un petit peu compliqués,
00:48 Pierre Lescure, le grand patron de Canal+ va opérer une modification sur la tranche 19h-20h qu'on n'appelait pas encore L'Access à l'époque,
00:56 il va donc installer Michel Deniso avec une émission qui s'appelle Zenith à 19h et à 19h30 il fait appel à un monument de la radio
01:04 qui est très bien connu des jeunes téléspectateurs d'Antenne 2.
01:07 *musique*
01:13 - J'adore, tout content et pouce pouce. - Vous l'avez reconnu c'est bien sûr Fabrice et Fabrice va débarquer le 18 mars 85 en clair sur Canal+
01:22 avec une émission carrément barrée, ça s'appelle Tout s'achète.
01:25 - Quel est le concept de Tout s'achète ? - Dans ce jeu on retrouve Fabrice dans les rues de Paris, il arrête des inconnus et il leur propose d'acheter leurs vêtements
01:32 tout simplement ou alors d'effectuer différentes actions à des prix de plus en plus chers et ce concept il est complètement à l'opposé de la nature de Fabrice
01:40 comme il me l'a raconté. - Il y avait des gens qui refusaient, ça ne marchait pas à tous les coups, arrêter les gens dans la rue et leur faire ce genre de proposition
01:49 c'est pas du tout dans mon tempérament, bon. Et j'essayais que ça se passe d'abord dans la bonne humeur et dans la gentillesse
01:59 et ensuite qu'ils ne soient aucunement gênés ni lésés. - Mais quel genre de proposition il leur faisait ?
02:08 - En gros il y avait deux sortes de propositions, d'abord il y avait les défis qui étaient lancés par Fabrice, pour emporter 2 ou 300 francs à l'époque
02:14 les gens pouvaient accepter de manger 2 hamburgers en une minute ou encore de coller un maximum de stickers sur une voiture dans un temps imparti
02:20 donc ça reste assez soft au départ, mais voyant que la mayonnaise prenait très rapidement, les défis ont commencé un tout petit peu à évoluer.
02:27 - Au fur et à mesure on a essayé de pimenter un peu l'affaire, mais c'est allé très loin parce qu'il y a des types qu'on a convaincus
02:37 de passer avec leur voiture décapotée dans un truc de lavage de voiture, c'était complètement aberrant.
02:46 C'est pour ça que ça fait "tout s'achète", ça veut dire qu'il n'y a pas de limite à l'argent, au fait qu'on peut payer des prix importants, des choses qui n'en valent pas la peine.
02:59 - Et "tout s'achète" va en quelque sorte ouvrir la porte à tous ces jeux où l'argent devient facile à empocher en un temps,
03:04 comme "La roue de la fortune" et "Le juste prix" qui arriveront juste un peu plus tard.
03:07 Et petit à petit c'est Fabrice lui-même qui va être accosté dans la rue par des gens qui veulent participer à l'émission,
03:12 et au vu du succès rencontré auprès des passants, les propositions vont devenir de plus en plus osées et vraiment plus aucune limite.
03:18 - Une fois une jeune fille qui descendait de l'autobus, "je voudrais vous acheter votre soutien-gorge",
03:26 elle me dit "mais enfin vous n'y soyez pas !" J'ai écouté "je comprends votre pudeur,
03:32 bon, moi ce que je vous propose c'est, je vais vous donner de quoi avoir de jolies vacances".
03:38 "Ah, c'est intéressant, de belles vacances, ça la fait rire, et finalement elle l'a fait."
03:45 - Il y a même des moments où les jeunes femmes n'hésitaient pas non plus à offrir leurs culottes.
03:48 - C'est ça, mais c'est des traîtres. Je me demande s'il n'y a pas des gens qui sont repartis presque nus sous leur manteau ou des choses comme ça.
03:52 - Exactement !
03:53 - C'était délirant !
03:54 - C'était les années 80, c'était assez libéré.
03:56 - Alors ils ne se baladaient pas dans les rues que l'été d'ailleurs.
03:59 - Et non, tout s'achète, c'était aussi diffusé en hiver, donc un peu plus compliqué à traverser la capitale sous la neige
04:04 avec des températures qui avaisaient parfois les zéros degrés, à tel point qu'un jour, il a bien failli perdre un membre de son équipe Fabrice.
04:10 - C'était pas une émission facile à réaliser ça. En plus il y a certains jours, on crevait de froid,
04:16 un cadreur avec la caméra juste devant moi, le type s'est évanoui de froid et le pauvre gars, il est tombé.
04:24 Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, c'était assez éprouvant.
04:27 - Encore que demain, c'était juste un petit malaise.
04:31 - Au final, il en faisait quoi des affaires qu'il achetait aux gens ?
04:35 - Toutes ces affaires étaient réunies dans le coffre d'une voiture et si vous vous souvenez exactement de ceux que contenait ce coffre, vous repartiez avec la voiture.
04:42 C'était une sorte de jeu dans le jeu, une sorte de fil rouge pour fidéliser les téléspectateurs et ça marchait plutôt bien.
04:48 Mais après un an et demi de rencontres au hasard dans la rue, tout s'arrête puisque Fabrice quitte Canal pour FR3.
04:53 Il devient en 87 l'instit d'une classe farfelue qui a vu débuter notamment Michel Larocque, Vincent Lagaffe ou encore Chantal Lattou.
04:59 - Palmat, Bigard...
05:00 - On peut se demander, est-ce qu'aujourd'hui, le concept de tout s'achète, est-ce qu'il serait possible en 2003 en France
05:05 de demander par exemple à une personne de se déshabiller, se mettre complètement nue dans la rue en contrepartie d'un billet ?
05:09 J'ai posé la question à Fabrice et sa réponse est sans détour.
05:12 - L'époque n'est plus à la plaisanterie, n'est plus à l'absurde, à l'humour.
05:18 Il y a tout de suite l'association machin, ça me fait penser beaucoup à ce que disait le dialoguiste Henri Janson,
05:26 "Au secours, les cons nous cernent".
05:29 C'est vraiment le sentiment que j'éprouve.
05:33 - Qui n'a pas tort !
05:35 - De toute façon, le retour de Fabrice à la télé n'est pas prévu puisqu'il a pris sa retraite en 2000
05:40 et depuis il coule des jours paisibles en Suisse.
05:42 - Merci Jean-Philippe Longo de nous avoir fait découvrir ou redécouvrir cette émission et puis entendre Fabrice.
05:48 Fabrice, c'est quelqu'un d'important pour vous Laurent Mariotte.
05:50 - Dans ma vie, c'est quelqu'un de très important parce que j'étais assistant à RTL quand je suis arrivé à Paris à mes 18 ans
05:56 pour faire une école de radio et il a fallu tout de suite que je trouve du boulot.
05:59 J'ai fait assistant, stagiaire avec Jacques Martin au début, ensuite dans la radio dans laquelle il y avait Fabrice,
06:05 je l'ai rencontré et je suis devenu un peu son assistant pour le suivre à la classe par exemple.
06:10 Et puis aussi sur une émission qui s'appelait "Jeux sans frontières" qu'il animait à la télévision.
06:16 On est devenu très amis, c'est même un père un peu spirituel pour moi, comme mon père est mort quand j'étais gamin.
06:21 C'est vrai qu'il a eu cette figure un peu paternelle et même quand j'étais assistant, il me disait "écoute, tu veux être animateur,
06:25 il faut être cultivé, on s'en fout de la télé, parce que c'est le plus grand dilettante que je connaisse,
06:29 la télé, ça ne l'intéresse pas du tout". Il faut savoir que son père c'était René Simon des cours Simon,
06:34 son deuxième père adoptif c'est Maurice Bessy, un des plus grands historiens fondateurs du festival de Cannes,
06:39 distributeur de Sacha Guitry, c'est quelqu'un qui a une culture du cinéma immense et qui fait de la radio pour s'amuser.
06:46 Fabrice il me dit "il faut que tu sois cultivé", donc il me faisait réviser mes capitales, ma géographie,
06:50 on se promenait dans Paris, c'est quel style, voilà. Donc on a eu une vraie relation filiale.
06:55 - Merci Laurent Mariotte. - Et on l'a toujours d'ailleurs, et je l'embrasse.
06:58 - On l'embrasse tous, ça qu'il vous emmène bien. Je rappelle la sortie de votre livre "Je cuisine avec trois ingrédients
07:03 et pour trois fois rien", c'est aux éditions Solars également. Le numéro spécial fait du magazine "Les petits plats de Laurent Mariotte".
07:09 Merci beaucoup, à samedi. - Et bonne tatin d'échalote, Jeannot.
07:12 - La tatin d'échalote, c'est direct quand je serai à la maison. Merci à vous.

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