Jérémie Assous, avocat de Yann Moix, était l'invité de BFMTV pour évoquer les images polémiques de Gérard Depardieu tournées par l'écrivain et réalisateur en Corée du Nord. Révélées par "Complément d'Enquête", celles-ci montrent l'acteur tenir des propos à caractère sexuel à de nombreuses reprises envers les femmes qu'il rencontre.
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00:00 Bonjour Jérémy Assouss, vous êtes l'avocat de Yann Moix. Yann Moix qui a filmé les images de ce film qui a donc été diffusé par complément d'enquête.
00:11 Vincent Vantinghem, grand reporter de Police Justice de BFM TV nous accompagne, ainsi que Claire Fleury, journaliste culture sur BFM TV.
00:16 Avant de vous donner la parole Jérémy Assouss, on va prendre le temps de faire un petit retour en arrière sur cette affaire de Pardieu.
00:22 C'est notre séquence "Les éclaireurs". Et c'est Jeanne qui nous accompagne ce soir.
00:28 Jeanne, depuis deux semaines maintenant, l'acteur est au cœur d'une polémique après des séquences choquantes tournées il y a quelques années lors d'un voyage en Corée.
00:36 Oui, tout commence par la diffusion le 7 décembre dernier d'un numéro de complément d'enquête sur Gérard Depardieu lors de sa visite en Corée.
00:45 Quelques heures avant que le documentaire ne soit diffusé, quelques extraits fuites.
00:49 Le présentateur de l'émission est l'invité de BFM Story pour les commenter, notamment un extrait où Gérard Depardieu évoque une fillette.
00:56 Très fort devant tout le monde, il explique que l'équitation, faire du cheval, ça excite les femmes et qu'elles aiment bien parce qu'elles frottent l'entrejambe à la selle.
01:07 Et il y a une petite fille d'une dizaine d'années qui passe devant Gérard Depardieu et on l'entend dire "Ah ben regarde, si elle galope, elle va se mettre à jouir".
01:19 Ça le fait marrer et puis on est doublement gêné. On est gêné par ce que dit Gérard Depardieu et on est aussi gêné par le silence de tout le monde.
01:28 L'absence de réaction.
01:29 Cet extrait est l'un des plus commentés. L'émission tout entière provoque un tollé. Les réactions s'enchaînent le 15 décembre.
01:35 La ministre de la Culture, Rima Abdoulmalak, réagit au micro de BFM TV.
01:40 Ça m'a inspiré du dégoût et de la honte. C'est un mythe qui s'effondre. C'est un tel monument du cinéma français.
01:53 Ses propos sont d'une violence, d'une brutalité. C'est indigne.
01:59 Deux jours plus tard, le 17 décembre, la famille de l'acteur contre-attaque en publiant une tribune dans le journal du dimanche.
02:06 Ce texte "Enfants, petits-enfants et la famille de Gérard Depardieu" évoque notamment l'extrait où il parle de cette petite fille.
02:12 Justement, ce montage est frauduleux. Ses propos ne désignaient pas une petite fille.
02:17 Voilà ce qui est écrit dans ce texte. Rappelons que Gérard Depardieu appelle tout le monde "fifi".
02:21 Les femmes, les hommes, les animaux. L'objectif était-il de faire passer Gérard Depardieu pour un pédophile ?
02:27 Voilà ce qui est marqué dans ce texte.
02:29 Un montage, Jeanne, de nouveau mis en cause par le président de la République lui-même.
02:32 Oui, invité de C'est à vous, le 20 décembre, il y a deux jours, le président de la République a expliqué
02:36 "Je me méfie du contexte. Il y a parfois des emballements sur des propos tenus.
02:40 J'ai compris qu'il y avait des polémiques sur des mots qui étaient en décalage avec des images".
02:45 Alors aujourd'hui, 22 décembre, France Télévisions affirme la véracité de ces images.
02:49 Il n'y a aucun doute, aucune ambiguïté sur le fait que c'est bien la jeune fille à l'image qui est ciblée par les propos de Gérard Depardieu.
02:55 La chaîne explique encore qu'un huissier a pu visionner les rushs
02:59 et qu'il atteste dans son constat qu'il s'agit d'une seule et unique séquence.
03:03 Merci Jeanne pour ces explications.
03:06 Jérémy Assous, vous avez parlé d'un montage frauduleux.
03:10 C'était avant la réponse de France Télévisions.
03:12 France Télévisions qui dit qu'un huissier a donc consulté ces rushs et atteste la véracité de cette séquence.
03:18 Vous retirez ce que vous avez dit sur le montage frauduleux ?
03:21 Il est important de rappeler que Yann Moix est le réalisateur de toutes ces images.
03:29 Et Yann Moix a été envoyé en Corée en tant que réalisateur d'une oeuvre de fiction.
03:36 Il devait, et c'est très important,
03:38 Alors ça on va y revenir un petit peu plus tard.
03:40 Non, non, non, on y vient tout de suite et après je vous explique.
03:42 Il est envoyé comme réalisateur et il a comme acteur principal et quasiment acteur unique,
03:50 Gérard Depardieu.
03:51 Et la mission de Yann Moix et le rôle de Gérard Depardieu,
03:55 c'est de surjouer son propre rôle et de créer,
03:58 suivant les différentes situations dans lesquelles Yann Moix met Gérard Depardieu,
04:04 un certain nombre de scènes.
04:05 D'accord, alors cette scène là.
04:07 Non mais c'est très important parce que vous avez des scènes où il doit être obséquieux.
04:10 Oui, oui, non mais ça on va y revenir parce que j'ai des questions à vous poser, pardon, sur ce sujet.
04:11 Mais j'aimerais juste qu'on s'arrête, pardon, sur cette séquence.
04:13 Il y a des scènes où il doit être obséquieux vis-à-vis des autorités.
04:17 C'est une demande exprès de Yann Moix.
04:19 Puis il y a d'autres scènes où il lui demande au contraire d'être très provocateur
04:23 vis-à-vis des autorités nord-coréennes.
04:25 Par exemple, Depardieu dit "je veux voir les camps, je veux voir les camps, je veux voir les camps".
04:29 Et il y a des scènes où il lui demande d'être vulgaire, il lui demande même d'être salas.
04:33 Est-ce que cette séquence, est-ce qu'il a demandé, est-ce qu'il a demandé, pardon,
04:36 est-ce qu'il a demandé d'être vulgaire sur une fillette de 12 ans ?
04:40 Alors, il y a cette séquence qui est filmée dans un manège
04:44 où on voit un certain nombre de personnes faire de l'équitation.
04:47 Et ce qui est très intéressant, c'est que Gérard Depardieu et Yann Moix contestent
04:52 avoir tenu ces propos vis-à-vis de la jeune fille qu'on voit dans l'équitation.
04:58 On a demandé à visionner les rushs, ils nous ont toujours refusé de nous les communiquer.
05:02 Alors que c'est notre œuvre, c'est notre œuvre, c'est pas contester que c'est notre œuvre.
05:06 Et aujourd'hui, aujourd'hui, France Télévisions dit "on les a fait constater par un huissier".
05:11 Mais ça ne veut rien dire, ce constat n'est pas contradictoire.
05:13 L'huissier constate ce qu'on lui montre.
05:15 Donc si je dis "voilà les rushs, voilà toutes les émissions", il va retranscrire ce qu'il voit.
05:19 Donc il retranscrit ce que nous voyons, nous aussi, à l'image.
05:22 Puisque c'est le fruit d'un montage, il retranscrit, il décortique, il met par écrit ce qu'il a vu du montage.
05:26 Alors en l'occurrence, il a vu les rushs, l'huissier.
05:28 Mais je ne sais pas.
05:29 Il n'a pas vu le montage, parce que c'est du France Télévisions.
05:31 Mais comment le savez-vous, puisque l'huissier n'a pas...
05:33 Seul Yann Moix peut dire s'il y a l'intégralité des rushs ou pas.
05:36 Donc l'huissier a vu un extrait de vidéo, on ne sait même pas lesquels,
05:39 et il dit "je constate cela".
05:41 Il n'a pas besoin d'être huissier, il suffit de regarder les extraits de la vidéo.
05:44 Ça ne veut absolument rien dire.
05:46 Maintenant il y a un autre élément...
05:48 - Alors attendez, excusez-moi parce que vous dites "pardon", vous dites beaucoup de choses,
05:51 j'aimerais qu'on s'arrête sur chaque point.
05:53 Vous dites "l'huissier", vous vous interrogez sur l'huissier, ce qu'il a regardé.
05:56 En attendant, France Télévisions apporte une preuve, dit "voilà, nous il y a une polémique".
06:00 - Il n'apporte rien, c'est un argument.
06:01 - Si je peux, si vous me permettez.
06:04 France Télévisions dit "voilà, nous on a contacté un huissier de justice,
06:07 un huissier de justice indépendant, qui est venu, qui a regardé les rushs,
06:10 et qui atteste de la véracité de cette séquence".
06:14 - Alors dans ces cas-là, mais c'est parfait dans ces cas-là...
06:16 - Donc vous remettez en question la déontologie même de cet huissier.
06:19 - Ah complètement.
06:20 Alors dans ces cas-là, France Télévisions se fera une joie d'accepter
06:24 de nous montrer l'intégralité des rushs à nos huissiers.
06:27 C'est ce qu'on appelle le contradictoire.
06:29 Et je remets en cause la déontologie en effet de Complément d'Enquête,
06:33 puisque Complément d'Enquête a payé plus de 140 000 euros,
06:37 ces 52 minutes, à la société d'Anthony Dufour.
06:40 Et donc Complément d'Enquête, mais vraiment en étant très à l'aise,
06:44 a acheté et a financé ses propres sources.
06:47 C'est-à-dire qu'Anthony Dufour dit "moi je refuse de communiquer mes rushs,
06:51 parce que c'est pour des questions déontologiques,
06:54 je ne veux pas dévoiler mes sources".
06:55 Mais la source en l'espèce, ça serait Yann Moix, et uniquement Yann Moix.
06:59 Et on se rend compte, quand vous additionnez ces deux informations,
07:02 quand vous les regroupez, que Complément d'Enquête a payé 140 000 euros,
07:07 un témoin, une source, une donnée, c'est contraire à toute la déontologie.
07:13 Et vous êtes bien placé pour le savoir, vous aussi.
07:15 Si c'est un documentaire, vous ne pouvez pas,
07:18 et si c'est de l'information Complément d'Enquête,
07:19 ils ne peuvent pas financer leurs sources,
07:22 ils ne peuvent pas payer leurs sources.
07:24 Or, là, leurs sources et également leurs producteurs,
07:27 ça pose un vrai conflit d'intérêts.
07:29 Et de plus, si c'était un documentaire,
07:32 parce que pour nous, c'est une œuvre de fiction, on vous le prouve.
07:35 Si c'était un documentaire, j'ai un contrat entre Yann Moix,
07:39 j'ai une commande entre Yann Moix et le producteur, Anthony Dufour,
07:43 comme quoi il passe une commande pour avoir un documentaire.
07:45 Est-ce que vous pouvez me laisser juste parler ?
07:48 On va revenir sur cette histoire d'œuvre de fiction,
07:50 parce que vous vous dites que c'est une œuvre de fiction,
07:52 et j'aimerais qu'on s'y arrête dans un instant.
07:55 Mais juste avant, on va y revenir,
07:57 on va se poser tranquillement là-dessus et on va expliquer ça.
08:00 Mais juste avant, j'aimerais qu'on s'arrête encore une fois sur cette séquence.
08:03 Vous dites que je n'ai pas les rushs,
08:05 vous dites que je n'ai pas confiance en France Télévisions,
08:07 je ne fais pas confiance en Cet Huissier de Justice.
08:09 - Non, je n'ai pas dit ça. - Pardon.
08:11 - Je n'ai pas dit ça. J'ai dit...
08:13 - Vous avez librement en question la dentologie de France Télévisions et de Cet Huissier.
08:16 - Nous avons eu de cesse de les demander.
08:18 Anthony Dufour nous a proposé il y a quelques mois 68 000 euros
08:21 pour qu'on puisse les récupérer.
08:23 - Alors, c'est pas exactement comme ça.
08:26 - Non, mais je dis tout simplement que là, je n'ai pas visionné les rushs.
08:30 On me dit qu'un huissier a vu quelques vidéos,
08:32 a vu quelques extraits de vidéos, dont tact, mais ça ne prouve rien.
08:36 Maintenant, si, s'ils considèrent qu'ils ont la preuve,
08:40 pour reprendre votre mot,
08:42 de la véracité de ce qu'ils ont diffusé aux téléspectateurs,
08:45 pas de difficulté, donnez-nous l'intégralité des bandes
08:49 et pas quelques minutes choisis.
08:51 - Il y a une chose que je ne comprends pas,
08:53 c'est que Yann Moix, c'est lui qui a filmé ces images,
08:55 il n'a gardé aucune copie de ces images ?
08:57 - Non.
08:58 - Il n'a rien gardé ?
08:59 - Non, l'intégralité a été remise au producteur.
09:02 Il a monté un film qui devait sortir en salles,
09:05 un film de fiction de 2h30 qu'un certain nombre de personnes a vu.
09:09 Et à partir du moment où Anthony Dufour,
09:12 et c'est très important, a eu connaissance, comme nous tous,
09:15 de la polémique sur Gérard Depardieu,
09:17 il a renoncé à la sortie du film
09:19 et a cherché à retomber sur ses pieds
09:22 et à retrouver les fonds qu'il avait investis
09:25 en l'espèce de ses 68 000 euros de financement pour cette œuvre.
09:28 Et le seul moyen qu'il ait trouvé,
09:30 puisque Yann Moix refusait de payer 68 000 euros il y a quelques mois,
09:33 il les a vendus à France Télévisions.
09:36 Mais attention, j'attire votre attention et je termine là-dessus.
09:38 Il n'a pas vendu, parce que je comprends parfaitement
09:41 que France Télévisions puisse acheter des vidéos,
09:43 acheter des bandes, c'est logique.
09:44 Ils achètent des bandes comme on peut en acheter
09:46 dans le cadre de compléments d'enquête.
09:47 Non, ils ont acheté non seulement les bandes,
09:50 mais ils ont financé un producteur
09:53 qui était lui-même témoin.
09:57 Et c'est là où il y a un conflit d'intérêt total,
10:00 où vous n'avez plus du tout d'objectivité.
10:02 Ce n'est pas une production interne,
10:04 parce que je ne remets jamais en cause
10:06 la déontologie de Tristan Warlack,
10:07 c'est quelqu'un d'extrêmement compétent.
10:09 Mais là, en l'espèce, c'est une production externe.
10:12 Et c'est Anthony Dufour qui est en même temps producteur,
10:15 en même temps réalisateur et en même temps propriétaire,
10:18 soit dit, de l'ensemble de ce numéro
10:21 de compléments d'enquête.
10:22 - Juste deux questions très simples.
10:25 On s'est beaucoup concentré sur cette séquence
10:27 de la FIET, appelons-la comme ça, cette séquence.
10:29 Est-ce qu'au-delà de cette séquence,
10:31 vous remettez en cause le travail de cet utilisier
10:33 pour les raisons qui sont les vôtres,
10:35 il n'y a pas eu de contradictoire,
10:36 comme vous l'avez dit.
10:37 Est-ce qu'au-delà de cette seule séquence,
10:38 quand vous voyez les extraits
10:40 qui ont été diffusés par compléments d'enquête,
10:42 il n'y a pas d'autre séquence qui vous pose un problème,
10:44 au-delà simplement de cette séquence sur la FIET ?
10:47 - Mais si c'est Gérard Depardieu,
10:49 citoyen qui tient ses propos,
10:51 je comprends qu'on soit choqués.
10:53 Mais si c'est l'acteur Gérard Depardieu,
10:56 c'est une oeuvre de fiction.
10:57 Je vous rappelle quand même,
10:58 je vous rappelle quand même,
10:59 sur l'exemple, on a tous aimé
11:01 cette arrivée près de chez nous,
11:03 Benoît Poulevent sexualise une fillette de 6 ans.
11:06 On connaît tous la réplique,
11:07 je ne vais pas la donner à l'antenne.
11:08 Mais puisque c'est de la fiction,
11:10 on l'accepte.
11:11 Quand vous avez une oeuvre de fiction,
11:13 c'est l'exemple que je donnais hier,
11:15 Gérard Juniau qui joue dans "El Perno"
11:17 avec une ordure,
11:18 parce que c'est à peu près,
11:19 quelqu'un qui est raciste, misogyne, violent.
11:22 On sait tous que Gérard Juniau...
11:24 - Vous avez le synopsis ?
11:25 - Est-ce que vous comprenez ?
11:26 - C'est une oeuvre de fiction,
11:27 vous avez le synopsis à nous montrer ?
11:28 - Alors justement, c'est très intéressant.
11:30 C'est qu'il y a 2h30 que seul à le producteur,
11:34 il y avait un lien Vimao,
11:35 qui est un film avec le montage,
11:37 et il a coupé à partir du moment
11:38 où il a été mis en demeure
11:40 de communiquer l'intégralité des rushs,
11:42 il a coupé le lien.
11:43 Mais nous allons l'obtenir
11:44 puisque je vous rappelle
11:45 qu'il y a un détournement de l'oeuvre de Yann Moix,
11:47 et donc il y a un abus de confiance,
11:49 c'est une infraction pénale
11:50 qui est très sévèrement punie,
11:51 et il va en répondre devant les juridictions pénales.
11:54 - Mais donc le synopsis, il est où ?
11:57 - Est-ce que vous comprenez que ce soit difficile
11:59 à entendre aujourd'hui
12:00 que vous parliez d'oeuvre de fiction,
12:01 alors qu'à l'époque où ce film a été tourné,
12:04 Yann Moix lui-même, dans les médias,
12:05 parlait de documentaire,
12:06 depuis la sortie de "Complément d'enquête",
12:08 tout le monde a parlé d'un documentaire,
12:09 on est 3, 4 semaines après,
12:11 et aujourd'hui vous venez nous dire
12:12 "Attention, non, ce n'était pas un documentaire,
12:14 c'était une oeuvre de fiction,
12:15 Gérard Depardieu jouait un rôle."
12:16 Est-ce que vous comprenez
12:17 que ce soit difficile à entendre ?
12:18 - Je ne comprends pas complètement pourquoi,
12:19 parce que c'est la règle médiatique,
12:21 c'est le premier qui parle,
12:22 c'est celui qui donne le lard,
12:23 et après il y a une reprise.
12:24 Qui a parlé de documentaire le premier ?
12:26 C'est le propre producteur,
12:28 c'est Anthony Dufour.
12:30 Qui a repris ces éléments de langage ?
12:32 Qui a repris ces éléments de langage ?
12:33 C'est Tristan Warlex,
12:34 c'est France Télévisions.
12:37 - Avant ça en 2018.
12:38 - Avant ça en 2018.
12:39 - Pour donner du crédit et de la véracité à ses propos.
12:42 Vous me dites qu'avant,
12:43 Yann Moix avait dit que c'était un documentaire.
12:46 Ce n'est pas vrai.
12:47 Ce n'est pas vrai, j'ai des écrits.
12:48 - Alors, j'avais mis à son sens justement.
12:49 - C'est d'une comment, d'une fiction.
12:50 - Pardon, moi aussi j'ai des écrits,
12:52 parce que j'ai quand même relu l'interview
12:53 d'Yann Moix du 10 décembre,
12:55 dans le journal du dimanche.
12:56 Voilà ce qu'il dit précisément.
12:58 Il dit "Nous sommes en Corée du Nord,
12:59 je suis concentré et stressé,
13:01 Gérard fait ses blagues pas drôles du matin,
13:04 et mon propos n'est pas de jouer
13:05 les indignés face caméra dans mon propre film".
13:07 Donc il parle de Gérard, il ne dit pas l'acteur,
13:09 il dit que c'est Gérard qui fait ses blagues
13:10 pas drôles du matin.
13:11 Il ne dit pas que c'est un synopsis,
13:12 ni que c'est un texte qu'on lui a écrit.
13:14 Ensuite, derrière, il dit "Doit-on s'ensombrer
13:16 dans le ridicule, établir un lien de cause à effet
13:18 entre un homme capable de tenir des propos
13:20 outrageants sur les femmes et que je condamne,
13:23 et l'acte de violer ?"
13:25 Donc il reconnaît bien là, Yann Moix,
13:27 que Gérard Depardieu a tenu ses propos outranciers.
13:30 - Mais personne ne remet en cause
13:33 le fait que c'est bien la voix de Gérard Depardieu,
13:35 c'est bien lui qui le dit.
13:36 - Mais non, à aucun moment il dit que c'est un film.
13:38 - On vous dit simplement qu'il y a un réalisateur
13:41 qui dirige un des plus grands acteurs français
13:44 et du monde, en lui disant "Tu surjoues ton propre rôle".
13:47 Donc quand on lui demande d'être salasse,
13:50 c'est Gérard Depardieu, il va deux, trois, quatre
13:52 crans au-dessus de ce qu'on peut attendre.
13:53 Et après, c'est l'œuvre du réalisateur
13:55 de sélectionner les moments qu'il entend garder ou pas.
13:59 Et on peut être choqué par son propre acteur.
14:02 Et justement, ça s'appelle une performance.
14:04 - Mais moi je ne comprends pas pourquoi Yann Moix n'a pas dit
14:06 dans ce cas-là que c'était les propos d'un acteur.
14:08 Pourquoi il dit que c'est les propos outranciers de Gérard Depardieu ?
14:10 Pourquoi il ne dit pas que c'est les propos d'un acteur ?
14:11 - Mais il n'a jamais dit que ce n'était pas les propos d'un acteur.
14:13 - Bah, c'est pas difficile, on est en train de vous lire l'interview.
14:15 - Il n'a jamais dit que c'était un documentaire.
14:18 - Alors si, si.
14:19 - Non, ce n'est pas vrai.
14:20 Il y a eu plusieurs projections privées
14:22 où il a été montré, et c'est une œuvre de fiction.
14:26 Et d'ailleurs, regardez, prenons des éléments objectifs.
14:29 Ce cher producteur qui a vendu cette œuvre de fiction
14:33 comme étant de l'information,
14:35 il l'a déclarée comment auprès du CNC ?
14:39 Il l'a déclarée comme œuvre de fiction ou comme documentaire ?
14:43 Il l'a déclarée comment dans ses comptes ?
14:45 Il a un contrat alors.
14:46 J'ai un contrat avec Yann Moix.
14:48 Si c'est un documentaire Yann Moix, je vous envoie en Corée
14:51 avec M. Depardieu, vous allez suivre Gérard Depardieu,
14:54 vous allez le filmer.
14:55 Donc je vous fais un contrat comme quoi vous êtes documentaliste.
14:59 Je n'ai pas ce contrat.
15:00 Peut-être qu'il va nous le produire.
15:01 Je l'attends.
15:02 - Mais est-ce que vous avez un contrat sur l'œuvre de Fitcher ?
15:04 - Justement, c'est ça qui est intéressant,
15:06 c'est que c'est toute la juridiction,
15:08 c'est toute la distinction qu'impose la loi
15:10 parce que vous pouvez faire des œuvres de fiction sans contrat.
15:14 Et que dit la loi ?
15:15 Que dit la jurisprudence ?
15:16 Elle dit comment distinguer un documentaire d'une œuvre de fiction
15:19 une fois que c'est réalisé ?
15:21 Eh bien, c'est si la réalité préexiste au tournage.
15:25 Si la réalité préexiste et est indépendante du tournage,
15:27 c'est un documentaire.
15:28 Si la réalité est faite et créée uniquement pour les besoins du tournage,
15:33 on est dans le domaine de la fiction.
15:34 On est si Depardieu, Depardieu.
15:37 C'est Yann Moix qui l'a rejoint en Corée du Nord
15:40 ou Depardieu est parti parce que Yann Moix lui a demandé
15:44 en tant que réalisateur de le filmer là-bas.
15:47 Donc ce n'est pas un documentaire.
15:48 Depardieu n'était pas invité par les autorités de Nord-Corée.
15:50 Ce n'est pas un documentaire où Gérard Depardieu a fait plein de documentaires.
15:54 Il y a un excellent documentaire d'ailleurs, je vous invite à le regarder à pleines dents sur Netflix.
15:57 Mais vous ne nous apportez pas la preuve.
15:58 Vous nous apportez de la preuve que c'est une œuvre de fiction.
16:00 Vous ne nous dites pas qui a écrit le dialogue.
16:02 Vous ne nous montrez pas le scénario.
16:03 Mais bien évidemment.
16:04 Vous ne nous montrez pas le contrat.
16:05 Mais alors, c'est une œuvre.
16:06 Si c'est une œuvre de fiction, il doit y avoir un scénario,
16:10 deux, un contrat entre Gérard Depardieu et la boîte de production.
16:14 Où sont ces documents ?
16:16 Justement, vous pouvez, déjà les scénarios, vous n'êtes pas obligé d'avoir un scénario écrit.
16:21 Je vous rappelle que Pump Fiction, il n'y avait pas de scénario écrit.
16:23 Donc il y a mille et une œuvres cinématographiques.
16:25 Vous avez réponse à tout.
16:26 Mais non.
16:27 C'est du domaine de la propriété intellectuelle.
16:29 Excusez-moi d'être dans la nuance.
16:30 Ce n'est pas binaire, ce n'est pas blanc ou noir.
16:33 Je n'ai pas réponse à tout.
16:34 Concombrez bien, il n'y avait pas de scénario pour ce projet.
16:37 Le scénario, si.
16:38 Il y a des scènes.
16:39 C'est ce que je vous expliquais.
16:40 Il y a un certain nombre de scènes qui étaient pré-programmées.
16:43 On voulait des scènes avec les autorités.
16:46 On voulait des scènes dans des musées.
16:48 On voulait des scènes avec du public.
16:50 On voulait des scènes.
16:51 Et c'est une multitude de scènes.
16:53 Et après, c'est tout l'art, le talent ou pas du réalisateur.
16:57 Il y avait un plan de tournage.
16:58 Il y avait des séquences.
16:59 Des séquences où on disait à Gérard Depardieu, là, tu vas être très provocateur.
17:03 Donc on lui a dit sur la séquence du cheval avec la fillette, à ce moment-là, tu vas dire ça à la fillette ?
17:07 L'humilité.
17:08 L'humilité, c'est ça.
17:09 Vous remarquerez que toutes les séquences, tous les extraits, c'est à chaque fois...
17:13 On lui a dit de dire qu'elle aime bien la souci.
17:14 Non, non, non.
17:15 Je vous demande.
17:16 Il n'y a pas de texte.
17:17 Il y a beaucoup d'improvisation.
17:18 J'ai eu l'honneur d'assister à Abdélatif Kéchiche.
17:21 Il n'y a pas une ligne.
17:22 Il n'y a pas de scénario.
17:23 Pourtant, c'est un chef-d'oeuvre.
17:24 Il a eu la palme d'or.
17:25 Il n'y a pas de scénario dans ses films.
17:26 Il dit aux acteurs, jouez.
17:28 Je crois que Malouane fait exactement la même chose.
17:30 Elle filme énormément.
17:31 Et ça, c'est le génie des réalisateurs.
17:33 Je ne sais pas ce qui est de moins que ça avoir la palme d'or avec ce film.
17:35 Je vous dis tout simplement que, je vous remarquerai,
17:38 que toutes les séquences un peu vulgaires de Gérard Depardieu,
17:42 où il tient des propos très choquants,
17:44 sont des séquences qui ont lieu dans le cadre de cette séquence d'équitation.
17:49 Donc, on lui avait demandé d'avoir ce rôle-là.
17:51 On a à la disposition, et c'est le producteur qui l'a, des séquences...
17:55 On lui a demandé d'avoir ce rôle-là avec une fillette de 12 ans ?
17:57 Non, mais il ne parle pas de la fillette de 12 ans.
17:59 Ça, c'est ce qu'on vous dit.
18:00 Ça, c'est pour choquer.
18:01 Ça, c'est pour donner la véracité.
18:03 On n'a jamais soutenu cela.
18:05 On n'a jamais soutenu cela.
18:06 Et il y a une manière très simple de mettre un terme à la polémique.
18:09 C'est ce que nous avons dit hier, la semaine dernière.
18:11 Est-ce que votre chronologie qui a été reprise est très bonne ?
18:13 Montrez-nous les rushs.
18:15 Pourquoi il y a un moment quand un catimini a un huissier qu'on ne connaît pas,
18:19 dont on n'a pas le nom, et on n'a même pas tous au constat ?
18:21 J'aimerais avoir l'intégralité des vidéos.
18:23 Juste, pour en revenir au point de la définition fiction ou pas fiction,
18:27 il n'y avait pas de scénario, mais des scènes improvisées.
18:29 Est-ce qu'il y avait un contrat avec Gérard Depardieu ?
18:31 Alors, justement, un contrat avec Gérard Depardieu, non.
18:34 C'est ça qui est intéressant.
18:36 Alors, attendez, il n'y a pas de scénario, il n'y a pas de dialogue, il n'y a pas de contrat.
18:39 On a un metteur en scène qui dit que ce n'est pas un film ?
18:42 Vous voyez que...
18:43 Mais Yann Moix a toujours dit...
18:44 Ah non, il n'a jamais dit que c'était un film.
18:46 Yann Moix, je vous invite à aller dans vos archives,
18:49 Yann Moix a toujours dit que c'était son oeuvre, son film...
18:52 Son oeuvre, un documentaire.
18:54 Son oeuvre, son film, et qu'il était destiné à être diffusé en salle.
18:57 Et c'est comme ça qu'il a convaincu Gérard Depardieu de le suivre.
19:01 Et on a d'autres éléments, c'est qu'il y avait des journalistes sur place,
19:04 notamment des journalistes du Monde, qui voulaient interviewer Gérard Depardieu.
19:07 Et Gérard Depardieu a dit "je ne te donne aucune interview,
19:10 je ne suis pas là pour donner des interviews, pour répondre à la presse".
19:13 Si c'est un documentaire, on est dans le domaine de l'information,
19:16 il aurait continué à donner ses interviews.
19:19 Il ne l'a donné aucune interview.
19:20 Il a joué son propre rôle, comme il l'avait fait dans le film de Bertrand Brillet,
19:24 les acteurs, comme John Malkovich l'a fait dans la peau de John Malkovich.
19:27 Je repose la question une deuxième fois, parce que vraiment,
19:30 c'est quelque chose qui est difficile à comprendre.
19:32 Pourquoi est-ce que cette explication de l'oeuvre de fiction n'est pas arrivée plus tôt ?
19:36 Ce complément d'enquête est sorti il y a trois semaines,
19:38 le film a été tourné il y a quatre ans.
19:40 A l'époque, après le tournage, Yann Moix lui-même, dans des dépêches AFP,
19:45 dans des articles qui étaient repris, parlait d'un documentaire.
19:47 Il parlait notamment de la rencontre entre deux mégalithes,
19:49 d'un côté Gérard Depardieu, de l'autre côté la Corée du Nord,
19:51 en disant "ça va faire des étincelles, on va faire un documentaire,
19:54 on ne va pas être déçus".
19:55 Non, il ne parlait pas de documentaire.
19:56 Non, mais je repose la question.
19:58 Je vous réponds sur la chronostique, parce que ça date de 2018.
20:04 Il y a eu le tournage, il y a eu 18 heures de rush,
20:07 il y a eu un montage qui a duré à peu près deux ans,
20:09 après il y a eu le Covid, et à partir du moment où il y a eu l'oeuvre
20:12 qui était diffusable en salle, c'est Anthony Dufour,
20:18 du fait des affaires judiciaires dans lesquelles Gérard Depardieu est impliqué,
20:23 qui a renoncé, qui a retenu cette diffusion.
20:25 Ensuite il a dit à Yann Moix "moi je ne peux plus le diffuser,
20:28 je n'y crois plus parce qu'il n'y aura pas de spectateurs pour voir ça,
20:32 Gérard Depardieu ce n'est pas le bon moment,
20:34 donc soit tu me rachètes l'ensemble de ton oeuvre,
20:38 parce que j'ai avancé des frais qui sont réels,
20:40 il a avancé 68 000 euros, soit je les garde".
20:44 Et la duplicité d'Anthony Dufour c'est que jusqu'il y a quelques mois,
20:48 alors qu'il était déjà en montage et sous contrat écrit avec Complément d'Enquête,
20:52 il propose de vendre de nouveau et réitère la possibilité de vendre.
20:57 - Mais vous ne répondez pas à la question sur pourquoi est-ce qu'on ne parle pas
21:00 de fiction depuis Complément d'Enquête en fait.
21:02 - Là j'en parle, mais attendez, on soit bien d'accord,
21:05 Yann Moix c'est un artiste, c'est un écrivain, ce n'est pas un juriste.
21:08 Donc lui il s'exprime avec ses mots, et moi qui suis,
21:12 qui ai fait un peu de droit et qui continue d'en faire à mes heures perdues,
21:15 j'explique simplement et je donne la qualification,
21:18 c'est le principe même du juriste, la qualification juridique à des faits,
21:21 à une situation. Quand vous avez une commande d'une personne
21:25 qui est producteur et qui vous dit "moi je veux réaliser un film,
21:29 donc je vais vous mettre en situation, je vais vous envoyer dans un endroit
21:32 que vous ne connaissez pas, où vous ne sauriez pas aller,
21:34 si ce n'était pas moi qui finançais l'intégralité du voyage
21:37 et s'il n'y avait pas un certain nombre de critères à respecter,
21:39 ceux du réalisateur, ça s'appelle une œuvre de fiction.
21:43 – Merci Jérémy Assoult.