On parle d'argent ce vendredi sur France Bleu Belfort-Montbéliard. Avez-vous reçu une prime de fin d'année ? Votre patron est-il généreux ? A-t-il des oursins dans les poches ? Pas toujours facile de comprendre comment fonctionnent ces bonus, encouragés par le gouvernement. On décrypte tout ça avec Louis Deroin, président de la CPME du Territoire de Belfort, le syndicat du patronat des petites et moyennes entreprises.
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00:00 Le Belfort Montbéliard.
00:02 Il est très exactement 8h45, on va parler d'argent avec notre question ce matin.
00:06 Est-ce que vous avez reçu une prime de fin d'année ?
00:08 Votre patron est-il généreux ? A-t-il des oursins dans les poches ?
00:13 Dites-le franchement, 0384 22 82 82.
00:16 Et avec nous pour en parler, je reçois Louis Deron, président de la CPME du territoire de Belfort.
00:20 Bonjour.
00:20 Bonjour, bonjour tout le monde.
00:21 CPME, donc Syndicat du Patronat des Petites et Moyennes Entreprises.
00:24 Déjà dans votre entreprise, à vous, est-ce que vous avez distribué une prime ?
00:28 Oui, on a fait une prime de Noël, donc sous forme de chèque de dos.
00:31 D'accord, de combien ?
00:33 Alors c'est compliqué parce que c'est hyper réglementé, donc ça dépend du salarié,
00:37 s'il a des enfants ou pas, on peut pas aller sur les mêmes montants,
00:40 donc ça dépend si on a un ou deux enfants, le montant est pas le même.
00:44 D'accord, parce que là on parle de prime de fin d'année, de prime de Noël,
00:46 mais en fait ça va un peu tout et rien dire, il y a plusieurs types qui sont possibles de mettre en place dans une entreprise.
00:50 Oulà, il faudrait inviter un spécialiste RH si on voulait faire le tour de toutes les primes,
00:54 et j'en suis pas un.
00:56 Oui, c'est un peu usine à gaz, c'est un petit peu le problème,
00:59 et c'est aussi ce qui fait de temps en temps un peu peur aux chefs d'entreprise, tout ça,
01:02 c'est qu'à un moment donné on se dit "oula, est-ce que je me suis pas loupé sur ce système de prime ?
01:05 Est-ce qu'à un moment donné je vais pas me faire rattraper par la brigade ?"
01:08 Il y a un risque pour les patrons d'ailleurs ?
01:10 Bien sûr, parce qu'il y a beaucoup de systèmes de primes qui finalement permettent surtout une chose,
01:14 c'est d'exonérer des charges sociales, et on sait que c'est ce qui plombe nos entreprises,
01:19 mais aussi il faut pas se louper, parce qu'au moindre contrôle,
01:22 on nous rappelle à la loi en nous disant "attention, là non, vous avez pas fait la bonne règle,
01:26 vous avez donné la même prime à tout le monde, vous avez pas le droit,
01:29 vous avez pas fait ceci, cela, etc."
01:31 Donc c'est plus facile aussi, j'imagine, si on a un spécialiste RH,
01:34 comme vous le disiez là dans son entreprise,
01:36 ce qui n'est pas forcément le cas dans toutes les PME, les petites entreprises.
01:39 Non, on interne dans nos PME, on n'en a pas en général,
01:42 c'est nos cabinets d'expertise comptable qui gèrent ça,
01:46 mais en effet c'est complexe, parce qu'il y en a beaucoup, ça dépend de plein de choses.
01:51 - Alors on a entendu dans nos reportages ce matin des agents de la ville de Belfort
01:54 qui se plaignaient eux de ne pas avoir de prime.
01:56 Est-ce que beaucoup d'entreprises distribuent cette prime chez nous ?
01:59 - Il n'y a pas d'état chiffré autour de ça,
02:02 je crois que c'est surtout un problématique de capacité financière.
02:06 L'intérêt de la prime, c'est qu'on peut la débloquer si on en a les moyens.
02:10 Donc je n'ai pas de chiffre précis, mais on pourrait dire 2 sur 3.
02:14 - On est invité d'ici matin à 7h47 avec vous Nicolas Jolie,
02:19 et on vous pose une question, votre patron est-il généreux ?
02:21 Un Auvergnat déguisé, une pince à billets, dites-le franchement,
02:26 au 03 84 22 82 82.
02:28 - Les expressions ne manquent pas effectivement,
02:30 et pour en parler je reçois Louis Deron, président de la CPN du territoire de Belfort.
02:33 Ecoutez, cette Belfortaine interrogée hier qui a eu sa propre entreprise avec son mari,
02:38 elle estime que les artisans ne sont pas assez aidés pour verser ces primes à leurs salariés.
02:42 - Le problème c'est que l'État leur presse le citron d'une certaine manière,
02:47 après ça dépend du patron, vous avez des gros groupes qui ont la possibilité
02:51 d'avoir beaucoup d'exonération sur des choses,
02:54 qu'un petit artisan, ben non, il ne peut pas.
02:57 Parce que nous étions artisans, alors c'est ce que je dis.
03:00 - Donc voilà on parle des petites entreprises,
03:01 il y a aussi les artisans, peut-être aussi les auto-entrepreneurs,
03:04 tout le monde n'est pas égaux face à ces primes finalement ?
03:06 - Non tout à fait, parce qu'en effet un auto-entrepreneur déjà en général
03:09 il n'a pas de salariés donc le débat ne se pose pas,
03:10 un artisan, en effet une petite entreprise de manière générale,
03:14 le vrai souci c'est ce qu'on entend toute l'année,
03:16 c'est l'histoire du coût du travail en France qui est trop élevé
03:19 et qui limite les marges de manœuvre.
03:21 - Alors on peut se poser aussi finalement la question de l'intérêt
03:24 de verser une prime aux salariés, c'est vrai.
03:26 Écoutez, ce belfortin qui travaille lui dans un bar,
03:29 il peut recevoir un bonus à la fin de l'année,
03:30 mais ce n'est jamais garanti, ce n'est pas la même chose tous les ans,
03:33 pour lui c'est un outil de motivation.
03:35 - C'est la discrétion, on va dire proportionnellement au travail
03:38 qui a été effectué toute l'année selon le mérite.
03:41 Déjà de 1, ça fait plaisir, déjà premièrement,
03:43 puis ça récompense le travail qui a été fourni toute l'année.
03:47 Donc moi je prends mon exemple, parce que j'ai connu que ça,
03:50 mais quand je vois justement que j'ai l'impression d'avoir fourni
03:53 du bon travail toute l'année,
03:55 et puis quand je vois que j'ai ma petite prime de Noël à la fin,
03:58 je trouve que ça récompense, puis c'est important, ça motive.
04:01 Puis ça permet de redémarrer sur de bons pieds l'année suivante.
04:03 On verra, je ne sais pas.
04:04 - Ça motive, donc c'est vrai, c'est une vraie motivation pour les salariés,
04:07 ça se ressent aussi dans leur travail ?
04:08 - Pour moi la prime elle devrait être faite pour ça, en effet,
04:11 pour pouvoir valoriser celui qui fait un peu plus d'efforts que ses collègues,
04:15 qui travaille plus, qui amène du bon résultat, qui fait du bon travail.
04:19 Après on a d'autres primes, il y a des primes comme la prime de Noël,
04:22 elle est pour tout le monde, donc quelque part ce n'est qu'un complément de salaire
04:26 ponctuel à un instant T.
04:28 La notion de prime, si on la prend de manière sémantique,
04:30 ça voudrait bien être ça, voilà, c'est une prime,
04:32 parce qu'on a fait quelque chose de valorisant, etc.
04:35 - Alors vous dites, verser une prime à celui qui ferait plus
04:38 que ses collègues, qui travaillerait plus ou mieux,
04:41 là vous ne risqueriez pas de créer des inimitiés entre collègues,
04:43 justement, si tout le monde n'a pas la même chose à la fin du mois ?
04:46 - Je crois que les inimitiés sont au quotidien,
04:47 quand il y en a un qui en fait moins que les autres,
04:49 parce que nos salariés ne sont pas dupes non plus,
04:51 ils voient bien qu'à un moment donné, ils tirent la charrue
04:54 et que d'autres la poussent un peu moins fort.
04:57 Donc le principe de la prime, je crois que c'est plutôt quelque chose
05:00 qui serait assez justifié par rapport à l'effort de ceux qui le méritent.
05:04 - Alors on parlait donc de ces primes qui ne font pas vraiment partie du salaire,
05:07 c'est un peu plus complexe que ça ?
05:09 - Oui, c'est un complément, en effet, comme le disait l'auditeur,
05:12 donc ça fait plaisir quand ça arrive,
05:15 mais en effet c'est décalé par rapport au salaire,
05:18 donc ça ne rentre pas non plus dans tous les systèmes de calcul
05:22 pour le chômage, pour la retraite, etc.
05:24 C'est ce qui rend tout le système un petit peu plus complexe
05:27 et qui nous fait dire, baissons les charges
05:29 et on aura de meilleurs salaires fixes.
05:31 - Et pas de charges donc sur ces primes pour les patrons,
05:34 pas de cotisation sociale, ça veut dire aussi derrière,
05:36 pas de redistribution, pas de sécu pour les services publics,
05:40 c'est un peu moins solidaire comme modèle ?
05:41 - Complètement !
05:42 C'est pour ça que l'idée que je défends beaucoup plus,
05:45 c'est celle de dire, baissons de manière générale les charges sur les salaires
05:48 et ça permettra très largement de les augmenter
05:51 sur une vraie base de salaire, lycée tous les mois, etc.
05:54 - Plutôt que d'avoir recours à ce système de bonus,
05:57 voire même à le systématiser parce qu'il ne faudrait pas avoir l'effet inverse,
06:00 baisser les salaires pour généraliser des primes ?
06:02 - Tout à fait, c'est un petit peu le risque,
06:03 c'est qu'à un moment donné, ça devient des cerises sur le gâteau
06:06 ou ça devient des compléments,
06:08 simplement parce qu'on cherche quelque part
06:11 à y retrouver plus facilement son compte par rapport aux coûts des charges.
06:15 - Alors, est-ce qu'il reste des choses à inventer en termes de primes
06:19 qui seraient peut-être plus adaptées à la situation de chaque entreprise,
06:22 les petites, les grosses, les moyennes ?
06:24 Ou est-ce qu'aujourd'hui le système permet à chacun de distribuer ?
06:27 - Il y a déjà du choix en primes, il y en a déjà pas mal,
06:29 je crois pas qu'il faille en inventer forcément plus.
06:31 Par contre, ce qui est important, c'est de laisser de la souplesse
06:33 et permettre en effet aux chefs d'entreprise d'adapter son modèle de rémunération
06:37 en fonction des particularités de son entreprise et comment ça fonctionne.
06:40 - Merci beaucoup, Louis Derouin d'avoir été avec nous ce matin,
06:42 président de la CPEMA du territoire de Belfort,
06:44 donc le syndicat du patronat et des petites, moyennes entreprises.
06:47 Merci beaucoup et bonne fête à vous !
06:48 - Merci, de même !
06:49 Et retrouvez cet entretien sur francebleu.fr, Belfort, Montpellier,
06:52 sur l'application ICI par France Bleu et France 3.