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00:00 Nous sommes le mercredi 20 décembre 2023, 7h47 dans le quart d'heure Toulousain.
00:04 On parle donc de la précarité à Toulouse avec une maraude historique qui semble menacée.
00:07 Est-ce que vous trouvez qu'on met assez de moyens à Toulouse pour aider ces personnes à la rue,
00:11 ces familles parfois ? 05 34 43 31 31.
00:14 Et on en parle avec une actrice de la Solidarité à Toulouse. Bonjour Anne-Claire Auchedel.
00:18 Bonjour.
00:19 Vous êtes déléguée régionale de la Fédération des Acteurs de la Solidarité.
00:23 Je vous fais évidemment d'abord réagir à cette loi immigration qui a été votée hier à l'Assemblée.
00:28 Loi qui met fin au droit du sol. Dans quel état vous êtes ce matin ?
00:33 Nous on est très inquiets depuis plusieurs semaines et notre inquiétude n'a fait que se renforcer.
00:39 Cette loi vient complètement remettre en cause les façons d'accueillir les personnes.
00:45 Elle vient remettre en cause en effet le droit du sol mais aussi l'accès à l'insertion
00:50 quand on supprime la possibilité d'accéder rapidement à des prestations sociales, à l'allocation logement.
00:55 Comment on facilite l'intégration de personnes en leur interdisant de pouvoir se loger,
00:59 puisque c'est ça la conclusion.
01:00 Et comment aussi on permet l'accueil des personnes quand on limite l'accueil à l'hébergement d'urgence.
01:07 Donc c'est vraiment quelque chose qui vient complètement ébranler notre façon de travailler
01:12 et c'est un séisme dans notre secteur pour nos associations.
01:17 Est-ce que vous considérez qu'avec cette loi on met fin tout simplement à l'intégration des étrangers en France ?
01:22 On y met une de grosses difficultés en effet et c'est une vraie volonté de croire qu'en mettant toutes ces limites
01:31 on va limiter le flux migratoire alors que c'est pas ça le fond du sujet en fait.
01:34 On limite la qualité d'accueil.
01:36 05 34 43 31 31 ce quart d'heure toulousain c'est aussi le vôtre, on est avec Nathalie.
01:41 Bonjour Nathalie à Toulouse.
01:43 Oui bonjour.
01:45 Votre histoire est d'ailleurs partie prenante avec ce qu'on dit aujourd'hui.
01:50 On veut parler de la précarité effectivement et des familles qui sont à la rue.
01:53 Vous avez été à la rue ?
01:55 Vous êtes arrivé ?
01:55 Oui oui tout à fait.
01:57 Racontez-nous.
01:58 Je vous raconte...
02:01 Non c'est plutôt aux gens maintenant qui sont dans la rue de raconter.
02:05 Non ma question c'était surtout
02:09 vers qui on peut se tourner quand actuellement on a chaud,
02:13 quand on est bien chez soi, pour pouvoir aider les autres.
02:17 Quelle est la première action qu'on peut faire pour aider ?
02:20 On peut le faire chacun, on est bien au chaud.
02:21 C'est très concret et effectivement intéressant.
02:24 On pose la question tout de suite à Anne-Claire Houchedel.
02:26 On a les moyens d'héberger quelqu'un ?
02:30 Vers quelle association on se tourne pour faire un geste ?
02:33 C'est quoi la manière la plus simple ?
02:34 D'abord je remercie vraiment Nathalie de ce souci des personnes les plus en précarité.
02:40 La meilleure solution c'est de se tourner en effet vers le secteur associatif,
02:44 vers le secteur aussi qualitatif.
02:46 Il y en a énormément.
02:48 Il y a beaucoup de gens qui sont volontaires et qui ne lâchent pas l'affaire
02:51 par rapport à l'action auprès des personnes accompagnées.
02:54 Vous avez énormément d'associations qui logent ou qui essaient de loger les personnes.
03:00 Malheureusement on peut difficilement aujourd'hui orienter vers les associations
03:05 dont le métier est l'hébergement des familles à la rue ou des personnes à la rue.
03:11 Parce qu'aujourd'hui c'est un dispositif qui est totalement saturé.
03:14 Il faut quand même le savoir aujourd'hui.
03:16 C'est 2000 personnes qui restent à la rue chaque mois.
03:19 Après vous avez des associations multiples.
03:22 Encore une fois elles seraient trop nombreuses.
03:25 Au Restos du Coeur, on peut aller...
03:26 Au Restos du Coeur, le Secours Catholique, toutes ces grandes associations.
03:30 Quand on appelle des numéros comme le 115 ou autre, ces numéros ne répondent pas.
03:41 Il n'y a plus de place.
03:44 Ou simplement des gens ne veulent pas y aller.
03:47 Il n'y a pas de solution concrète.
03:49 Ce n'est pas évident non plus.
03:51 Le 115 répond positivement à combien de personnes chaque nuit Anne-Claire Anchedel ?
03:57 Environ 5%.
03:59 C'est les chiffres qui ont été annoncés très officiellement la semaine dernière en préfecture.
04:03 Il y a un taux moyen de réponse de 5%.
04:07 C'est-à-dire que c'est quasi nul.
04:10 On est tous témoins au quotidien de situations de précarité.
04:12 C'est le cas de Ludovic, je crois.
04:14 Merci Nathalie pour votre témoignage.
04:16 Ludovic est à Rium au sud-ouest de Toulouse.
04:18 Bonjour Ludovic.
04:19 Bonjour.
04:20 On vous écoute.
04:21 Oui, en fait je suis d'accord avec vous.
04:24 Mais aussi je pense qu'on a oublié de parler des gens qui ne sont pas à la rue
04:29 mais en fait qui travaillent et qui dorment dans leur voiture aussi.
04:32 Il faut y penser à eux aussi.
04:34 On n'imagine pas que des travailleurs soient aussi dans cette précarité-là.
04:37 Oui, c'est ça.
04:39 En effet, le visage de la précarité est multiple.
04:43 Et c'est ça qui est important et qui est aussi très grave.
04:47 Le fait d'avoir un salaire ne protège pas.
04:50 On connaît dans notre agglomération et en France de manière générale
04:53 une crise de logement sans précédent.
04:55 Un chiffre, un 12 000 attributions en moins en Occitanie de logement social.
04:58 Donc forcément l'accès au logement est aujourd'hui extrêmement compliqué.
05:02 Et la question qu'on pose ce matin, Ludovic,
05:05 est-ce que vous trouvez qu'on met assez de moyens à Toulouse, en haut de Garonne
05:07 pour aider les gens en précarité ?
05:10 Vous répondez quoi à cette question ?
05:12 Les moyens, je pense qu'ils y sont.
05:14 Après, il y a une demande qui est tellement forte
05:17 qu'aujourd'hui les services de l'État ne peuvent plus répondre.
05:21 Merci beaucoup pour votre appel au standard continu à nous appeler ce matin.
05:25 À Anneclerc, je dévoile justement les moyens.
05:27 11 000 places, arrêtez-moi si je me trompe, d'hébergement en haut de Garonne.
05:31 Le préfet annonce débloquer 130 places supplémentaires.
05:35 Suffisant, pas suffisant ? On est encore loin du compte ?
05:38 Alors il faut faire attention de quoi on parle.
05:40 En effet, il y a 11 000 places financées par l'État.
05:44 Mais ce n'est pas 11 000 places d'hébergement pour les personnes à la rue.
05:47 C'est quand même quelque chose de très important.
05:50 On ne compte pas les logements sociaux quand même là-dedans ?
05:52 Non, on ne compte pas les logements sociaux, mais on compte une partie de logement.
05:55 On compte une partie de logement accompagné,
05:57 qui n'est pas une solution pour une personne qui est à la rue immédiatement.
06:01 Aujourd'hui, réellement, le nombre de places pour des personnes qui sont en situation de rue,
06:06 on est plutôt aux alentours de 2000 places.
06:08 2100, 2200 cet hiver avec éventuellement ces 130 nouvelles places.
06:13 Donc il faut vraiment faire attention.
06:15 Ça ne veut pas dire que l'État ne finance pas 11 000 places,
06:17 mais elles ne sont pas toutes pour les personnes qui sont directement à la rue.
06:20 300 familles seraient à la rue régulièrement.
06:23 Depuis quelques semaines, des écoles sont réquisitionnées par plusieurs collectifs.
06:27 La mairie de Toulouse dit avoir mis à disposition un immeuble pour loger ses familles.
06:31 Est-ce que vous confirmez cette info-là ?
06:33 Oui, tout à fait. C'est un immeuble qui est mis à disposition chaque hiver
06:37 et qui est donc refermé chaque printemps.
06:39 Il est où ?
06:40 Depuis plusieurs années, c'est sur le quartier de la Roseray.
06:42 C'est très bien que ce bâtiment va permettre l'accueil de 100 personnes.
06:48 On en est très heureux pour elle.
06:50 On est toujours assez inquiets de se dire qu'on est sur des mises à disposition pour 4 mois.
06:56 Qu'elle sent ça, du travail des associations à la fin de ces 4 mois et demi.
07:02 Puisque ces familles vont aller où après 4 mois et demi ?
07:05 Elles vont peut-être aller un peu à l'hôtel et après elles vont retrouver la rue.
07:08 Qu'est-ce que vous demandez au préfet de Haute-Garonne qui vous écoute certainement ce matin ?
07:12 Une prise en compte vraiment globale de la situation.
07:15 Aujourd'hui, les chiffres ont été annoncés, je le disais en préfecture la semaine dernière.
07:20 On a environ 2000 personnes différentes chaque mois.
07:23 C'est les chiffres du mois de novembre, c'est les chiffres du mois d'octobre,
07:25 qui ont une réponse négative aux 115.
07:28 2000 personnes, c'est 1000 personnes en famille.
07:31 C'est environ 317 familles, c'est 600 enfants.
07:36 Et aujourd'hui, une partie de ces familles d'ailleurs sont à la rue
07:39 parce que cet été elles ont dû quitter l'hôtel où elles étaient hébergées depuis longtemps.
07:44 600 personnes ont été mises à la rue cet été.
07:46 Donc il ne s'agit pas de compter systématiquement.
07:51 Il y a une question d'humanité dans cette situation-là.
07:54 Je voulais également vous entendre pour terminer sur la situation des salariés
07:57 de l'équipe mobile, sociale et de santé qui ont manifesté hier matin à Toulouse.
08:01 Ils disent que leur organisation risque d'être démantelée.
08:04 Il n'y aurait plus ce binôme infirmier-travailleur social.
08:07 Vous avez des infos là-dessus ? C'est confirmé ?
08:10 On est en effet très inquiets.
08:11 Il y a eu des annonces tout à fait officielles qui remettent en cause ce dispositif
08:15 qui fonctionne depuis plus de 20 ans.
08:16 C'est-à-dire qu'on arrêterait cette maraude ? Non ?
08:18 On la modifierait.
08:19 Et ce qui fait la particularité de cette maraude, encore une fois,
08:22 depuis de nombreuses années, c'est "sanitaire + social".
08:25 C'est ce binôme pour aller auprès des personnes qui sont à la rue,
08:29 qui sont en campement, qui sont dans les bois.
08:31 Et donc faciliter l'accès au droit et l'accès social.
08:34 Penser quelque chose de différent à ce moment de l'année,
08:38 c'est peut-être quand même très malvenu.
08:40 Penser quelque chose autrement de manière aussi rapide, c'est malvenu.
08:44 Et on partage les inquiétudes de ce que pourrait être le démantèlement de cette équipe
08:50 qui aujourd'hui, les réflexions, a priori, sont reportées après le 31 mars.
08:54 D'accord, c'est bien. Donc on en reparlera à ce moment-là.
08:56 Merci beaucoup Anne-Claire Hochedel, présidente régionale de la Fédération des Acteurs de la Solidarité.
09:01 Et merci à tous les auditeurs d'avoir appelé le Standard ce matin pour participer à ce quart d'heure Toulousain.
09:05 Merci à vous, le débat continue.
09:06 Si vous le souhaitez, sur les réseaux sociaux, puis on se dit parfois, on ne peut rien faire,
09:09 ou on ne sait pas quoi faire.
09:10 Il y a un truc tout simple à faire, vous le savez, on est partenaire des Restos du Coeur, France Bleu,
09:13 depuis des années, un CD ou un DVD, c'est 17 repas.
09:17 Pour celles et ceux qui en ont besoin, ça ne sert à rien du tout.
09:19 Pour nous, peut-être, pour vous, peut-être, vous pouvez le faire.