Fabrice Balanche : «L’un des scénarios est l’expulsion de la population palestinienne de Gaza. Ça résoudra le problème du Hamas puisqu’il se cache et prolifère au milieu de cette population civile»
Interviewé dans 180 Minutes Info WE, le maître de conférences en géographie à l’Université Lyon 2, Fabrice Balanche, s'est exprimé sur la guerre entre Israël et le Hamas : «L’un des scénarios est l’expulsion de la population palestinienne de Gaza. Ça résoudra le problème du Hamas puisqu’il se cache et prolifère au milieu de cette population civile».
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00:00 Les otages, on en parle beaucoup parce que ça mobilise évidemment l'opinion,
00:04 mais il faut se situer au-delà.
00:06 Ce qui se passe avec la guerre à Gaza, c'est que l'existence d'Israël est en jeu.
00:11 C'est vraiment un problème existentiel pour Israël.
00:15 Gaza, c'est le talon d'Achille de la défense israélienne.
00:18 C'est 2,2 millions de personnes qui sont contrôlées par un groupe terroriste, le Hamas,
00:25 d'autres groupes encore plus radicaux comme le Jihad islamique,
00:28 et qui sont manipulés par puissances extérieures, l'Iran pour ne pas le nommer.
00:34 Donc à partir de là, comme vous dites, quel est le but de guerre d'Israël à propos de Gaza ?
00:40 Moi je pense que le scénario, un des scénarios, c'est l'expulsion de la population palestinienne de Gaza.
00:48 Ça résoudra le problème du Hamas, puisque le Hamas en fait se cache prolifère au milieu de cette population civile,
00:56 et à mon avis c'est le seul moyen véritablement d'éradiquer le Hamas.
01:01 Donc expulsion totale, pardonnez-moi Fabrice Balanche, expulsion totale de la population qui est à Gaza.
01:07 Est-ce que c'est possible surtout ?
01:10 Oui, techniquement c'est possible. Après, effectivement, c'est l'expulser vers l'Egypte.
01:15 Les jézibchiens ne sont pas forcément d'accord.
01:19 Ils sont en train de construire un mur à la ville de l'autre côté pour empêcher ce scénario.
01:24 Mais le fait qu'Israël soit justement silencieux sur l'avenir, confier Gaza à l'autorité palestinienne,
01:31 une force d'interposition arabe, mais quel pays arabe va envoyer des soldats à Gaza ?
01:39 Une force occidentale ne compte pas non plus.
01:42 Et puis après se pose le problème de la reconstruction de Gaza, qui va être sous blocus.
01:47 Et ces combats vont encore durer des mois, voire une année,
01:51 avec une population palestinienne qui va être coincée vers la frontière égyptienne, vers le terminal de Rafah.
01:58 Donc moi je sens quand même que c'est le scénario qui se dessine.
02:03 Après c'est la volonté d'Israël. Est-ce que les États-Unis laisseront faire ?
02:08 Enfin, c'est quand même toutes des questions.
02:11 Mais il me semble qu'on se dirige vers cette option, parce qu'on ne fera pas de Gaza un nouveau Singapour.
02:17 2 200 000 habitants aujourd'hui, dans 10 ans ils seront 3 millions.
02:22 Et ce que craint avant tout Israël, c'est une marche du retour.
02:26 C'est-à-dire que le Hamas fasse sauter la clôture une nouvelle fois,
02:30 et pousse un million de personnes, deux millions de personnes vers Israël,
02:34 les femmes, les enfants en première ligne, etc.
02:37 pour venir "récupérer" les terres de leurs ancêtres.
02:42 Et face à ça, qu'est-ce que pourrait faire Israël ?
02:44 Tirer dans le tas. Ça serait pire.
02:47 Est-ce que le cessez-le-feu est inéluctable selon vous Fabrice Balanche ?
02:50 Il est nécessaire, tout le monde l'a bien compris, et même Israël.
02:54 Ça ferait aussi le jeu du Hamas très vraisemblablement.
02:57 Mais est-ce qu'il est à la fois inéluctable, mais surtout indispensable ?
03:01 Si vous voulez qu'il y ait une nouvelle libération d'otages,
03:05 je pense qu'il faudra passer par une trêve, par un cessez-le-feu provisoire.
03:11 Je ne pense pas qu'Israël fasse un cessez-le-feu définitif
03:17 dans les prochaines semaines, dans les prochains mois.
03:20 Ça serait laisser la victoire au Hamas.
03:23 Chaque fois qu'Israël n'a pas atteint finalement ses buts,
03:26 c'est utilisé par le Hezbollah, par le Hamas, comme une victoire.
03:32 On crie à la défaite d'Israël,
03:35 même si comme en 2006 tout le sud du Liban a été détruit,
03:38 le Hezbollah a crié à la victoire, à la divine victoire,
03:43 et sa popularité a été aux zénithes pendant plusieurs années.
03:49 Et ça évidemment, Israël n'en veut absolument pas.
03:51 Il faut quand même se rendre compte qu'il y a eu 1200 morts côté israélien.
03:54 C'est le 11 septembre israélien.
03:57 On a vu ce qui s'est passé après le 11 septembre aux États-Unis,
04:01 intervention en Afghanistan, intervention en Irak.
04:04 Il faut s'attendre à une réaction de cette ampleur de la part d'Israël.
04:11 [Musique]
04:15 [SILENCE]