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Grand témoin : Benjamin Haddad, député de Paris et Président du groupe d'amitié France-Ukraine

GRAND DÉBAT / Leasing à 100EUR pour les voitures électriques : qui va en profiter ?

« Soyons clairs » par Thibault Hénocque

L'année 2023 représente un tournant dans l'histoire automobile. L'Union européenne a officialisé la fin des ventes de véhicules thermiques sur son territoire pour 2035. Cette mesure écologique provoque toutefois la réticence des constructeurs automobiles qui s'inquiètent du coût élevé que représenteront ces véhicules pour les foyers aux revenus limités et des difficultés de production. Lors de sa campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron avait anticipé le sujet en promettant l'accès aux voitures électriques « à moins de 100 euros par mois » pour les plus modestes. Dans une vidéo publiée le 14 décembre 2023, le président de la République confirme la mise en place de ce système au 1er janvier 2024. Entre 20 000 et 25 000 véhicules, français et européens, seront mis à disposition des foyers éligibles. Pour autant, l'utilisation de voitures électriques, dont le coût environnemental reste important, représente-t-elle aujourd'hui une véritable avancée dans l'optique d'un monde plus responsable ?

Invités :
- Pierre Cazeneuve, député Renaissance des Hauts-de-Seine,
- Léa Falco, membre du collectif « Pour un réveil écologique »,
- Guillaume Guichard, journaliste au journal « Les Echos », spécialiste de l'industrie automobile,
- Yves Carra, porte-parole de « Mobilité Club France ».

GRAND ENTRETIEN / Benjamin Haddad : un député sur tous les fronts

Dans le cadre du conseil européen du 14 et 15 décembre 2023, les négociations sur l'aide européenne à l'Ukraine s'avèrent complexes. Le Premier ministre Viktor Orban s'est abstenu concernant l'adhésion du pays en guerre à l'UE mais bloque pour l'instant les aides financières que l'UE pourrait apporter à l'Ukraine. Benjamin Haddad, spécialiste des questions internationales et européennes, revient aussi sur le conflit au Proche Orient. Le porte-parole du groupe Renaissance s'était rendu en Israël le 16 octobre dernier. Quels peuvent-être le rôle et l'impact de la France dans ces deux guerres ?

Grand témoin : Benjamin Haddad, député de Paris et Président du groupe d'amitié France-Ukraine

LES AFFRANCHIS

- Bertrand Périer, avocat,
- Mariette Darrigrand, sémiologue,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 ...
00:05 -Bonsoir à tous et bienvenue dans "Ça vous regarde".
00:08 Au sommaire, ce soir, la voiture électrique à 100 euros par mois.
00:12 S'agit-il d'une opération marketing d'Emmanuel Macron
00:15 ou faut-il y voir une vraie révolution
00:18 qui va démocratiser les voitures électriques ?
00:20 On en débat dans quelques instants avec nos invités.
00:23 Nos affranchis, ce soir,
00:25 nous serons avec Mariette Darigrand,
00:27 politique aérie, c'est le mot de la semaine,
00:30 et puis notre avocat préféré, Bertrand Perrier,
00:33 évoquera la façon dont les écoles accueillent les élèves
00:36 en transition de genre.
00:38 La chronique Bourbon Express, Elsa Mondingava
00:40 nous livrera les derniers éléments du feuilleton
00:44 lié à la loi immigration.
00:46 Cette loi est la recherche d'un accord avec les Républicains.
00:49 On en parlera justement avec notre grand invité,
00:52 Benjamin Haddad, porte-parole du groupe Renaissance,
00:55 mais on évoquera aussi l'actualité internationale,
00:58 notamment ce chantage de Viktor Orban sur l'Ukraine
01:01 lors du Conseil européen,
01:02 ainsi que la situation dans la bande de Gaza.
01:05 Voilà pour le sommaire. C'est parti pour "Ça vous regarde".
01:08 Générique
01:09 ...
01:19 C'est sans doute le principal écueil, encore aujourd'hui,
01:23 de la voiture électrique.
01:24 Comment rendre ces véhicules propres
01:26 accessibles à tous pour accélérer la transition écologique ?
01:30 Emmanuel Macron a-t-il trouvé enfin la solution
01:32 avec ce dispositif de leasing à 100 euros par mois ?
01:35 On en débat ce soir avec nos invités.
01:38 Bonsoir à tous les quatre.
01:39 Pierre Cazeneuve, vous êtes député Renaissance,
01:42 porte-parole du groupe à l'Assemblée nationale.
01:45 Léa Falco, les habitués de "Ça vous regarde"
01:48 vous connaissent bien, vous êtes chroniqueuse.
01:50 Vous êtes là pour débattre en tant que militante écologiste,
01:54 sachant que vous participez à la formation d'acteurs publics
01:57 ou privés dans la transition écologique.
01:59 Guillaume Guichard, bonsoir.
02:01 Vous êtes journaliste aux Echos et en charge
02:04 de tout le secteur automobile. Enfin, Yves Carrat, bonsoir.
02:07 Vous êtes porte-parole de Mobilité Club France,
02:10 qui était plus connu avant sous le nom de Automobile Club.
02:14 Mais pour commencer, on accueille Thibault Hénocq
02:17 pour son billet. Soyons clairs.
02:19 Prenez place, Thibault. Installez-vous.
02:22 -Bonsoir, Clément, bonsoir à tous. -Bonsoir à vous, Thibault.
02:25 Expliquez-nous ce dispositif de leasing à 100 euros par mois.
02:29 -C'est le cadeau de Noël du président,
02:31 la bonne nouvelle de fin d'année.
02:33 Pendant que la Première ministre est empêtrée
02:36 dans les négociations sur la loi immigration,
02:38 Emmanuel Macron a sorti le ruban, les ficelles et le papier cadeau
02:42 pour lancer cette vidéo bien impactée sur les réseaux sociaux.
02:45 -J'en avais pris l'engagement pendant la campagne présidentielle
02:49 en 2022. Je voulais vous annoncer
02:51 qu'il va être mis en place le système de leasing
02:54 à 100 euros par mois.
02:56 Le nom de la plateforme, ce sera monleasingélectrique.gouv.fr.
02:59 Vous y allez, vous regardez,
03:01 et vous serez peut-être parmi les premiers Français
03:04 à avoir accès à ce leasing.
03:06 -Voilà une mesure concrète, positive, écologique,
03:09 qui coche toutes les cases, qui explique que le président
03:12 se soit réservé la primeur de cette annonce.
03:14 Ca et peut-être aussi sa passion pour le sujet.
03:17 -On est attaché à la bagnole, on aime la bagnole.
03:20 Et moi, je l'adore.
03:21 -La bagnole, une passion présidentielle.
03:23 Ce qui explique aussi qu'Emmanuel Macron
03:26 ait repris le volant sur cette mesure,
03:28 car elle faisait du surplace ces derniers mois,
03:31 bloqué au feu rouge de plusieurs ministères,
03:33 écologie, matignon et économie,
03:35 qui n'étaient pas d'accord sur les contours du dispositif.
03:39 Regardez ce dispositif.
03:40 Il devait être lancé au mois de novembre,
03:43 c'est ce qu'avait annoncé Bruno Le Maire du retard.
03:46 Le président s'en est agacé,
03:47 il a mis le pied sur l'accélérateur,
03:49 et le site est enfin en ligne.
03:51 -Comment ça va se passer ? Tout le monde y aura droit ?
03:54 -Non, le dispositif est limité, très limité.
03:56 On parle de leasing social,
03:58 belle formule de communication,
04:00 c'est mieux que voiture de location à longue durée
04:03 pour les ménages modestes.
04:05 Ménages très modestes, regardez.
04:07 Les conditions d'éligibilité,
04:09 15 400 euros de revenus fiscaux maximum,
04:12 c'est environ le SMIC.
04:13 Il faudra travailler à un gros rouleur,
04:16 soit 20 000 km entre votre domicile et votre travail,
04:19 ou alors 8 000 km de déplacement professionnel par an,
04:22 des contours stricts,
04:23 ce qui fait que ce dispositif sera limité
04:26 à 20 000 à 30 000 dossiers pour la première année.
04:29 Ne partez donc pas au pied au plancher.
04:31 -Si on respecte toutes ces conditions,
04:33 comment ça se passe ?
04:35 -Vous pouvez aller sur le site du ministère de l'Ecologie
04:38 pour tester votre éligibilité.
04:40 Pour déposer un dossier, il faudra attendre quelques jours.
04:43 -Vous pouvez regarder, le ministère a mis en ligne
04:46 une belle plaquette commerciale avec la liste des véhicules éligibles,
04:50 liste non exhaustive, où sont mis en avant les modèles français.
04:53 Tous ces modèles ne sont pas à 100 euros par mois.
04:56 Le gouvernement a demandé aux constructeurs
04:59 au moins un modèle à ce prix ou en dessous.
05:01 Il faudra plutôt compter 150 euros pour la Mégane
05:04 ou 140 euros pour une Citroën C4.
05:06 Le modèle le moins cher, ça devrait être la Twingo électrique,
05:10 à 40 euros par mois, autant d'offres financées
05:12 que d'euros maximum. Dernière précision utile,
05:15 pour être éligible, ces voitures devront avoir été construites
05:19 en France ou dans l'Union européenne.
05:21 C'est le cas pour les voitures éligibles
05:23 au bonus écologique l'an prochain.
05:25 Adieu, les véhicules fabriqués en Chine,
05:28 et adieu, par la même occasion, la Dacia Spring,
05:30 l'une des voitures électriques préférées des Français.
05:33 Je vous laisse débattre avec vos invités.
05:36 J'ai fait mon travail de vendeur automobile,
05:38 je vais toucher ma commission. -Excellent vendeur.
05:41 On a maintenant tous les éléments en main pour débattre de ce sujet.
05:45 On commence par vous, Léa Falco.
05:47 Quand vous voyez ce dispositif de leasing
05:49 associé à un nouveau bonus écologique,
05:51 est-ce que vous pensez qu'on tient enfin la solution
05:54 pour la rendre accessible au plus grand nombre ?
05:57 -Il n'y a pas la solution. C'est ça, le problème.
05:59 C'est pour ça que ces sujets sont complexes.
06:02 C'est une partie de la solution.
06:04 Il y a deux choses intéressantes.
06:06 D'une part, le fait que ce soit relativement accessible,
06:09 même si les 40 euros, c'est que la voiture.
06:12 Il y a un surcoût associé,
06:13 mais qui reste sous le prix mensuel
06:15 pour l'utilisation d'une voiture thermique
06:18 pour les ménages auxquels ça va être destiné.
06:20 C'est intéressant de viser, que ce soit une mesure visée.
06:24 Le deuxième point,
06:25 et là, en voyant les voitures, c'est une vraie réflexion,
06:29 comment est-ce qu'on fait pour fabriquer
06:31 des petites voitures électriques ?
06:33 Le futur de la modérité individuelle,
06:35 il y a un relatif consensus là-dessus,
06:38 c'est qu'il faut faire des petites voitures électriques
06:41 parce qu'il y a moins de matières inutiles, inertes,
06:44 dans la voiture, et donc, il faut que nos constructeurs,
06:47 français en particulier, européens aussi,
06:49 puissent aller sur ce segment-là.
06:51 -C'est un moyen d'encourager la production de petits modèles.
06:55 -C'est des subventions directes pour ces petits modèles.
06:58 Il faut que l'industrie des constructeurs
07:01 le prenne au vol, c'est une mesure
07:02 qui a été relativement débattue,
07:04 qui faisait pas l'unanimité chez les constructeurs.
07:08 Donc on arrive à que ce soit un signal clair,
07:10 qui n'est pas un signal faible,
07:12 un signal clair sur le fait qu'il faut développer
07:15 ce segment-là dans les prochaines années
07:17 et ne plus aller sur les segments sur lesquels
07:20 l'industrie automobile marge, notamment le segment C,
07:23 les voitures lourdes.
07:24 -Yves Carrat, vous représentez
07:26 les intérêts des automobilistes,
07:28 vous êtes porte-parole d'une association d'automobilistes.
07:31 Ce qu'on entend dans la bouche des automobilistes
07:34 comme critique sur la voiture électrique,
07:37 c'est la critique essentielle du côté des automobilistes.
07:40 -L'arrêtissance pour l'électrique, c'est le prix, bien évidemment,
07:44 mais c'est l'autonomie et surtout la recharge.
07:46 C'est plus ça qui freine.
07:48 Le prix, si y avait un grand marché de l'occasion,
07:51 on pourrait se débrouiller avec une batterie
07:53 qui perdrait de la recharge au fil des années.
07:56 Par contre, elle est pas polyvalente.
07:58 Les petites voitures, qui sont des petites citadines,
08:01 elles ont une capacité de vitesse de recharge très faible,
08:04 on peut pas faire des grands trajets avec, c'est pas vrai.
08:07 On peut tourner autour de chez soi, faire des petits trajets,
08:11 mais c'est pas polyvalent. -Est-ce qu'on pourra faire
08:14 à terme avec les voitures électriques ?
08:16 Faut pas renoncer à cette dimension-là
08:18 liée au transport automobile ?
08:20 -On peut tout faire avec une électrique.
08:22 J'ai même connu quelqu'un qui a fait un Paris-Île-de-l'Héron
08:25 avec une Zoé, sans payer de recharge,
08:27 je discutais avec lui,
08:29 parce que j'ai vu une Zoé à l'Île-de-l'Héron,
08:32 il a pas pris l'autoroute, il a pris que des petites routes,
08:35 il a mis deux jours avec ses enfants,
08:37 donc il a dormi à l'hôtel.
08:38 Il a pas payé ses recharges, il était sur des recharges gratuites.
08:42 Tout est possible, mais est-ce que c'est viable ?
08:45 Pour une vie de famille ou simplement par rapport à la société,
08:48 c'est viable. C'est toujours possible,
08:50 mais je suis pas d'accord sur l'avenir
08:53 qu'il ne sera que des petites voitures électriques,
08:55 car il y a des besoins pour des grandes familles.
08:58 -Je précise aussi que là, on parle de trajets du quotidien,
09:02 parce qu'on parle quand même de famille.
09:04 Sur les revenus fiscaux,
09:05 on ne peut pas beaucoup partir en vacances,
09:07 c'est un vrai sujet.
09:09 Il y a la question de pouvoir économiser
09:11 sur le budget mobilité du quotidien,
09:13 qui sont directement liés au travail,
09:15 pour pouvoir aussi utiliser ce budget libéré
09:18 pour d'autres activités.
09:19 C'est important et un peu fallacieux
09:21 de présenter la voiture électrique ou les petites voitures
09:25 comme n'étant pas efficaces.
09:26 -Elles sont pas polyvalentes.
09:28 -Il y a des plus grosses voitures qui sont proposées.
09:31 -Elles sont plus chères.
09:33 -Elles sont plus chères, mais elles s'adressent pas
09:35 aux mêmes publics.
09:37 -Le public à qui elles s'adressent pourra peut-être pas se le payer.
09:40 Il faut avoir l'idée d'une voiture polyvalente.
09:43 On peut pas avoir deux voitures, une électrique, une thermique.
09:47 C'est le cas aujourd'hui.
09:48 Tesla, mise à part.
09:49 On peut faire des grands trajets avec une Tesla,
09:52 avec les autres, c'est plus compliqué.
09:54 Il faut une voiture polyvalente.
09:56 Les petites voitures électriques ont besoin d'une voiture polyvalente.
10:01 -La 2008, qui va être à 170. -Polyvalente,
10:03 à un prix abordable. -Non.
10:05 -Pas encore ? -Non.
10:06 -Cette transition, pour vous, est allée trop vite ?
10:09 -Oui. Tout à fait.
10:10 -Pardon, je suis pas sûre que ce soit factuellement vrai
10:13 dans la proposition.
10:15 C'est un spectre de voitures qui vont effectivement
10:18 de la petite Twingo à 40,
10:19 mais vous avez la 2008 qui va être à 150,
10:22 la Mégane à 150.
10:23 -Heureusement qu'il n'y a pas que les Tesla
10:26 pour pouvoir partir.
10:27 -Il y a quand même un modèle Tesla
10:29 qui est plus écologique. -Tout à fait.
10:31 Au bonus écologique, oui, pas au leasing.
10:34 -Pierre Cazeneuve, pour l'instant,
10:36 cet accès au leasing social est très limité.
10:38 On parle de 20 000 à 25 000 voitures pour l'année prochaine,
10:42 peut-être autour de 40 000 en 2025.
10:44 On peut vraiment rendre la voiture électrique populaire
10:48 et accessible à tous avec des quotas aussi bas ?
10:52 -C'est pas vraiment des quotas.
10:54 Il n'y a pas une limite fixée par le gouvernement
10:56 en disant qu'il y aura 20 000 voitures.
10:59 -Il y a des crédits pour les subventions ?
11:01 -Les crédits pour les subventions sont déjà présents.
11:04 C'est pas une question d'argent,
11:06 c'est surtout une question de disponibilité du parc.
11:09 On prend une partie des véhicules qui sont produits
11:12 et qui ont été destinés à la vente, par exemple.
11:14 Donc, l'idée, c'est que la limitation actuelle
11:17 des 25 000 sur la première année,
11:19 c'est la disponibilité des véhicules
11:21 et de la production des usines.
11:23 On va monter en puissance,
11:24 c'est 40 000 qui visent dès l'année prochaine,
11:27 dès l'année 2025, et, fin du quinquennat, 100 000.
11:30 Donc, 2027, 100 000 véhicules.
11:32 -100 000, pour être clair ?
11:34 -C'est une montée en puissance extrêmement rapide
11:37 et extrêmement efficace.
11:38 Encore une fois, on le sait,
11:40 pour les ménages concernés,
11:42 sur les 50 % des ménages les plus modestes,
11:44 le taux de rotation, c'est environ 100 000 véhicules neufs,
11:47 achetés d'occasion, neufs.
11:49 Donc, d'ici à 2027, l'idée est d'être capable
11:53 de répondre à la demande totale de nombre de nouveaux véhicules
11:56 pour les 50 % des Français les plus modestes.
11:59 -C'est viable financièrement ?
12:01 Il y a ce chiffre qui circule de 13 000 euros
12:03 jusqu'à 13 000 euros de subventions publiques par véhicule.
12:06 C'est énorme. -C'est pour ça que j'ai entendu,
12:09 en début de votre chronique, l'idée que c'était un coût marketing.
12:13 Ce n'est pas un coût marketing.
12:14 -C'était une question posée. -Extrêmement fort de l'Etat,
12:18 à la fois un effort financier, 13 000 euros par voiture,
12:21 20 000 voitures la première année,
12:23 je vous fais le package à 250 millions pour la première année,
12:26 100 000, on est à 1,3 milliard par an.
12:28 On assume très clairement qu'une des priorités
12:31 du président de la République, du gouvernement et de la majorité,
12:34 c'est notre transition écologique et énergétique,
12:37 que la transition vers des véhicules électriques
12:40 fait partie de cette transition,
12:42 et donc, on met les moyens pour y arriver.
12:44 Donc, ce n'est pas un effet marketing.
12:46 C'est une annonce qui est extrêmement puissante
12:49 et que je salue, évidemment,
12:51 parce que, encore une fois, ça va changer le quotidien des gens,
12:55 ça permet d'accélérer, c'est ciblé.
12:57 Je pense qu'une bonne mesure,
12:58 encore plus une bonne mesure écologique,
13:01 est efficace quand elle est ciblée,
13:03 quand elle s'adresse à un public qui, de par cette barrière-prix,
13:06 aurait eu plus de mal à passer à un véhicule électrique.
13:09 Là, on est à la fois bon pour le portefeuille,
13:12 le pouvoir d'achat, et le climat,
13:14 et donc, je pense qu'on est dans une très bonne politique publique,
13:18 et je l'attendais depuis longtemps.
13:20 Le président a eu raison de taper du pain sur la table.
13:23 -Au départ, Pierre Cazeneuve évoquait
13:25 un problème de disponibilité.
13:27 On ne fabrique pas encore suffisamment de voitures
13:30 pour répondre à la demande.
13:31 C'est comme ça qu'il justifie le fait
13:33 qu'il n'y aura que 20 000 véhicules en leasing social ?
13:36 -Je ne suis pas sûr que ce soit la raison
13:39 pour laquelle on n'aura que 20 000 voitures.
13:41 -Quelle est la raison ?
13:43 -Je mettrais plutôt la raison sur le côté budgétaire de l'Etat.
13:46 Sachant qu'en plus, l'année prochaine,
13:48 vous aurez l'IC3 de Citroën,
13:52 qui sera vendu sans bonus, enfin,
13:54 prix sans bonus aucun, à 23 300 euros.
13:57 Ils vont en vendre énormément,
13:59 et elle va être produite en Slovaquie.
14:01 -Ils respectent les règles du bonus écologique
14:03 de produits en Europe ?
14:05 Le fond du problème n'est pas là ?
14:07 -La Twingo est produite en Slovénie.
14:09 Je pense que les volumes peuvent être là.
14:11 -Il y a la cannibalisation avec la vente en direct des véhicules.
14:15 Toute la demande, toute l'offre de véhicules électriques
14:18 ne va pas être destinée au leasing.
14:20 -Il y a un déconcessionnaire,
14:22 et je suis confiant dans ce que je vous dis,
14:24 même certain, c'est-à-dire que c'est la disponibilité du parc
14:28 qui fait que sur la montée en puissance de 25 000 cette année
14:31 pour arriver à 100 000 en 2027,
14:33 c'est une question de disponibilité des véhicules.
14:36 -Vous n'êtes pas d'accord ? J'ai une question pour vous.
14:39 Au début, quand Emmanuel Macron avait fait cette annonce,
14:42 les constructeurs français disaient
14:44 qu'ils n'arrivaient pas à descendre à ce prix.
14:47 Aujourd'hui, ils proposent des modèles à 50 euros par mois.
14:50 -C'est étonnant. Durant toute la phase préparatoire de la mesure,
14:53 les taux d'intérêt ont grimpé au plafond,
14:56 par rapport à ce qu'était au moment où la mesure avait été présentée
14:59 comme une promesse électorale.
15:01 Ensuite, les prix des voitures ont augmenté,
15:04 le prix du lithium a augmenté,
15:06 il commence à redescendre aussi,
15:07 et les taux d'intérêt commencent aussi à se stabiliser,
15:11 donc on s'aperçoit que l'environnement économique
15:13 est un peu plus favorable à ce genre de mesures.
15:16 Est-ce que ça rend possible que des voitures...
15:19 -C'est le fort taux de subvention qui permet ça ?
15:21 -Il y a le fort taux de subvention,
15:23 c'est deux fois quasiment le bonus écologique que l'on connaît.
15:27 Il y a aussi un effet intéressant de cette mesure,
15:30 c'est qu'il y a eu un effet d'entraînement sur le marché.
15:33 Des constructeurs proposent, ils sont plutôt chinois,
15:36 mais depuis le début de l'année, ils proposent des voitures à 100 euros.
15:40 On a aussi des constructeurs européens
15:42 qui proposent des voitures à 100 euros hors du dispositif.
15:45 -Ca a stimulé tout le monde ? -Ca a stimulé.
15:48 On va voir arriver des petits modèles électriques sur le marché.
15:53 Je parlais de l'IC3 Citroën,
15:54 qui va être la première voiture européenne à moins de 25 000 euros.
15:58 La voiture électrique à moins de 25 000 euros,
16:01 c'est visé par Volkswagen, Renault, Citroën, Stellantis.
16:04 La première, ce sera, ils sont allés le plus vite, Citroën.
16:07 Mais on va en voir arriver d'autres.
16:09 -Le marché atteint une sorte de maturité ?
16:12 -Oui. Aujourd'hui, la voiture électrique,
16:14 c'est 14 % du marché européen.
16:16 L'année prochaine, la CEA, la Association des constructeurs européens,
16:20 plonge sur 20 % du marché.
16:21 Ces petites voitures citadines arrivent sur le marché,
16:24 elles sont moins chères que celles qui sont encore sur le marché.
16:28 On va vers une extension.
16:29 La mesure arrive aussi à un moment où la voiture électrique
16:33 deviendra plus mainstream, même si on reste sur le marché européen.
16:37 -Yves Carrat, vous pouvez répondre à cette question.
16:40 On dit souvent que les constructeurs européens,
16:43 notamment les français,
16:44 ont pris des mesures pour les vendre plus chères
16:47 et faire plus de marge dessus. -Oui, mais s'ils avaient besoin
16:50 de faire des marges, c'est parce qu'ils avaient besoin
16:53 d'investir pour l'électrique et que les petites voitures
16:56 étaient pas rentables à fabriquer en Europe.
16:59 Toutes les petites voitures sont sorties des catalogues.
17:02 -Même thermique. -Oui.
17:03 C'est pour ça que les voitures ont pris 30 % en neuves,
17:06 les voitures neuves en 4-5 ans, les voitures d'occasion aussi.
17:10 Je voudrais donner quelques précisions sur le leasing.
17:13 -Des précisions concrètes. -Techniquement, sur le leasing,
17:16 ça va s'adresser aux gros rouleurs.
17:18 -Un lité à 15 km de son domicile
17:20 et fait tuer plus de 8 000 km par an.
17:23 -8 000 km pour un trajet.
17:24 -C'est pas "et", c'est "où".
17:26 Vous habitez avec plus de 15 km,
17:28 donc 30 km par jour sur 5 jours, 150,
17:32 vous faites pas aux 8 000.
17:34 Les deux conditions sont différentes.
17:36 La mesure au-delà de 8 000, c'est viser les indépendants,
17:39 une catégorie qui utilise beaucoup plus de véhicules.
17:42 -C'est pas une critique, c'est la technique.
17:45 C'est pas une critique.
17:46 Un leasing, en général, il est limité à 10 000 km par an.
17:50 -Là, je crois que c'est 12 000.
17:52 -Ce sera 12 000 ? -Oui.
17:54 -Ca, c'est pas mal. C'est une bonne chose.
17:57 Il faudra faire attention aux frais de restitution.
18:00 Dans 3 ans, qui va payer ces frais ?
18:02 L'Etat ou le possesseur de la voiture ?
18:05 Les frais de restitution, de remise en état de la voiture.
18:08 -Ce qui est précisé de manière très certaine,
18:11 c'est que si vous voulez rompre votre contrat,
18:13 c'est sans frais. Il n'y a pas de frais de restitution
18:16 qui est demandé... -Ah.
18:18 Il n'y aura pas de frais de restitution.
18:20 -Si la voiture est endommagée,
18:22 il y a des frais qui doivent être réglés.
18:24 -Quel que soit l'état de la voiture.
18:26 -Si votre voiture ne marche plus,
18:28 oui, vous allez avoir des frais.
18:30 -Si l'aile gauche a été emboutie...
18:33 -Si vous permettez. Une draguure, un siège abîmé,
18:35 un tapis abîmé, un pare-choc abîmé,
18:38 on le voit dans les villes, ça coûte très cher.
18:40 Et là, s'ils disent "on prend la voiture",
18:43 mais elle est abîmée au-delà de l'usage,
18:47 vous payez.
18:48 Ca peut aller jusqu'à 3000 euros en remise en état.
18:51 C'est concret, ça. On est d'accord.
18:53 Qui va payer ces frais de restitution
18:55 s'il y en a à la fin de ces trois ans ?
18:57 Je suis utilisateur, je veux le savoir.
19:00 -Ce qui est certain,
19:01 si vous avez... Vous pouvez souscrire déjà
19:04 à une complémentaire, on va dire, d'entretien,
19:06 qui vous permet de couvrir cette partie-là.
19:09 -L'entretien n'est pas compris. -Ni l'assurance.
19:11 -L'entretien des voitures électriques
19:14 coûte moins cher que celui des voitures thérapiques.
19:17 -Ca ne change pas.
19:18 Comme dans une mise en location classique,
19:20 si vous cartonnez votre bagnole,
19:22 vous devez la réparer avant de pouvoir la rendre
19:25 sur la restitution.
19:26 Ca fait pas partie du... -C'est pas exactement...
19:29 -C'est pas de la réparation, c'est de la remise en état.
19:32 Les LOA, ça peut coûter très cher.
19:34 -C'est un sujet, ça peut coûter cher.
19:36 -On va prendre un peu plus de hauteur
19:38 avec vous, Léa Falco, sur ce leasing à 100 euros par mois.
19:42 On reste sur le principe du modèle de la voiture individuelle.
19:45 On peut mener la transition écologique
19:47 en restant sur ce modèle-là ?
19:49 -Bien sûr. Ca fait partie de la solution,
19:53 encore une fois, sur la mobilité.
19:55 La mobilité à l'échelle globale... -C'est une brique parmi d'autres.
19:59 -Pour tout un tas de gens qui ne pourront pas se passer
20:02 dans des zones mal desservies,
20:04 qui ne pourront pas être desservies par les transports en commun,
20:07 par les mobilités douces, qui exercent un certain nombre
20:10 de métiers, qui ont besoin d'une disponibilité,
20:13 qui sont médecins, pompiers, etc.
20:15 Il y a des cas qui ne pourront pas être assurés
20:17 de déplacement. -Mais l'idée n'est pas
20:19 que tout le monde ait une voiture électrique.
20:22 -Est-ce qu'on remplace les voitures thermiques
20:24 par des voitures électriques à un pour un ?
20:27 La réponse est très probablement non.
20:29 C'est pour ça qu'il y a plein d'infrastructures
20:32 qui sont en train de s'améliorer en termes de mobilité douce,
20:35 en termes de mobilité partagée, et ça, ça se joue sur les territoires.
20:39 Maintenant, c'est très bien qu'on ait,
20:41 pour les populations qui ne pourront pas s'en passer demain
20:44 et qui ne peuvent pas s'en passer aujourd'hui,
20:47 une alternative électrique pour les extraire
20:49 du réseau de dépendance de la voiture thermique.
20:52 Quand on parle de viabilité financière,
20:54 il y a d'un côté les utilisateurs,
20:56 pour qui, de toute évidence, ça va être moins cher
20:59 d'avoir une voiture électrique en leasing
21:01 avec des assurances un peu plus faibles,
21:03 mais qui ne compensent pas ce différentiel.
21:06 C'est plus intéressant pour l'usager,
21:08 pour le conducteur, et de l'autre côté,
21:10 il y a les finances publiques.
21:12 En termes de finances publiques, ça peut paraître un montant
21:15 très élevé, 13 000, sauf que quand vous regardez
21:18 avec le prix qu'on supporte du modèle de la voiture thermique,
21:21 on a un bouclier tarifaire qui a été mis en place
21:24 et qui, pour le coup, n'était pas ciblé.
21:26 Le bouclier tarifaire n'était pas ciblé,
21:28 les gens n'avaient pas d'autre choix que de prendre la voiture,
21:32 et les gens qui prenaient la voiture avaient le même prix.
21:35 Ca, c'est quelque chose, mais il a coûté 40 milliards,
21:38 de tête, ce bouclier.
21:39 C'est énorme. S'extraire de ces réseaux de dépendance
21:42 et permettre aux gens de s'en extraire,
21:44 c'est un vrai enjeu, sur lequel cette mesure va aider.
21:47 -Il faut que l'intendance suive,
21:49 que ces voitures puissent être rechargées.
21:51 Au SMIC, on n'a pas forcément un garage pour garer sa voiture,
21:55 pour la protéger des dégradations au quotidien,
21:58 et on n'a pas forcément une borne de recharge électrique.
22:01 Le gouvernement s'est penché sur la question,
22:03 sur le fait d'accélérer le développement
22:06 des bornes de recharge publiques.
22:08 -Je vais vous répondre sur ce point-là.
22:10 C'est très important, le sujet qui vient d'être évoqué,
22:13 pour dire que cette disposition, le leasing social,
22:16 cette promesse tenue du président de la République,
22:19 s'inscrit dans une stratégie plus globale
22:21 sur la décarbonation de nos mobilités.
22:23 Le transport, c'est 30 % de nos émissions de CO2 émises en France.
22:28 C'est le plus gros de tous les paquets.
22:30 -La voiture thermique, c'est la moitié.
22:32 -C'est la moitié.
22:33 Ce qu'on fait,
22:34 on essaie d'électrifier le parc, c'est ce qu'on fait,
22:37 et on essaie d'accélérer, notamment avec ce leasing social,
22:41 pour cibler les ménages les plus modestes,
22:43 mais on fait beaucoup d'autres choses.
22:45 C'est le plan vélo, 2 milliards,
22:47 ce qu'on a lancé sur le RER métropolitain,
22:49 c'est tout ce que nous faisons, évidemment,
22:52 sur toute la stratégie autour du covoiturage
22:56 et du report, ce qu'on appelle le report modal.
22:59 Donc, encore une fois, évidemment que la voiture électrique,
23:02 c'est une part importante de la solution,
23:04 on ne peut pas s'en passer, la voiture électrique de demain
23:07 fait partie intégrante de la solution,
23:09 mais il y a aussi la volonté de privilégier
23:12 les autres moyens de transport, le transport collectif,
23:15 que ce soit le bus, le covoiturage, le train, le vélo.
23:18 C'est très important à avoir en tête,
23:20 et on met beaucoup d'investissements là-dedans.
23:23 Sur le plan recharge, on est dans les clous
23:25 à notre dynamique et aux trajectoires
23:28 qu'on voulait sur le déploiement des bornes de recharge.
23:32 Il y a peut-être une évolution,
23:34 mais c'est les spécialistes qui auront cette impression,
23:37 où on est parti sur la voiture électrique
23:39 avec le mythe du pavillon avec une borne de recharge par personne.
23:43 Aujourd'hui, avec le déploiement des voitures électriques
23:46 dans des zones plus urbaines, avec moins d'habitants,
23:49 se développent ces stations-services de l'électrique
23:52 avec des modèles, encore une fois, de recharge qui changent
23:55 et on a aussi ce challenge de maillage partout sur le territoire,
23:58 sur toutes nos aires d'autoroutes,
24:00 car il y a des voitures électriques sur nos autoroutes
24:03 et on peut aller en vacances.
24:05 Cette stratégie, on est dans les clous
24:07 et le déploiement des bornes électriques en France
24:10 est sur le bon rail. -La France est en retard ?
24:12 -Non, effectivement, on a franchi...
24:14 -Sur le maillage. -On a franchi avec retard,
24:17 par contre, la borne des 100 000 bornes, justement,
24:20 électriques, maintenant, c'est parti.
24:22 Ce qui est intéressant, c'est qu'on voit énormément
24:25 de startups, même de groupes plus gros qui s'y mettent,
24:28 parce que ça intéresse beaucoup aussi les financiers,
24:31 c'est des placements intéressants, en fait.
24:33 Et puis, même les supermarchés, par exemple,
24:36 ça va être un nouveau produit d'appel.
24:38 Aujourd'hui, c'est le prix à la pompe,
24:40 c'était, parce que maintenant, c'est plus chez eux
24:43 qu'on trouve le moins cher, mais bon.
24:45 Le produit d'appel demain, ce sera les bornes électriques
24:48 sur le parking de Lidl ou d'un autre,
24:50 on rechargera sa voiture dès qu'on se garera,
24:53 ça résout une partie du problème de ne pas avoir
24:55 de borne chez soi,
24:57 trouvées de plus en plus partout, sur les parkings, etc.
25:00 -Pour les bornes de recharge, notamment pour les autoroutes,
25:03 c'est l'itinérance, c'est un enjeu avec les voitures électriques,
25:07 c'est pas de tourner autour de chez soi.
25:09 Il y a quand même un vrai problème en France,
25:11 et je passe tout l'été sur l'autoroute,
25:14 donc je connais bien le problème, c'est qu'à peu près les deux tiers...
25:18 Je suis pas contre, c'est un fait.
25:20 On va dire que les trois quarts des bornes de recharge électriques,
25:24 ce sont des étrangers qui traversent la France.
25:26 Il faut être surdimensionné pour qu'on puisse être traversé.
25:30 Je sais pas comment il va être résolu.
25:32 -Après, la réglementation sur les bornes de recharge
25:35 sur les aires d'autoroutes, elle est claire.
25:37 Il faut que ce soit dimensionné pour les pics d'été.
25:40 Ca va être surdimensionné pour les autres vacances, etc.
25:43 Pour que l'on ait moins de...
25:45 Je sais plus quel est le nombre de voitures,
25:48 mais c'est dimensionné pour les pics.
25:50 -Pour l'instant, en tout cas, on n'est pas...
25:53 -On est très loin de la surdimension.
25:55 -Il y a pas de que.
25:56 -Un mot de ce nouveau bonus écologique
25:58 qui est désormais réservé aux voitures électriques
26:01 qui sont produites au sein de l'Union européenne.
26:04 Ca, c'était la condition fixée par les constructeurs français
26:08 et européens pour jouer le jeu du leasing
26:10 de la voiture électrique à 100 euros par mois,
26:13 parce que c'est un moyen de rendre les Chinois moins compétitifs.
26:16 -C'est sûr. Je sais pas si c'est du donnant-donnant,
26:19 mais c'est sûr.
26:20 Le bonus écologique revisité, vous le direz mieux,
26:23 mais l'objectif, c'est que le CO2 émis
26:26 lors de la construction de la voiture
26:28 soit pris en compte dans l'allocation de l'aide.
26:31 -De la construction et de l'acheminement.
26:33 -Oui, le transport.
26:34 Donc, effectivement, quelle est la conséquence directe ?
26:38 C'est d'exclure toutes les voitures produites en Chine, en Corée,
26:41 ce qui laisse le champ libre aux constructeurs européens
26:45 et français, notamment pour les voitures électriques.
26:48 -On avait entendu Carlos Tavares, comment dire,
26:50 avoir un échange assez vif avec Bruno Le Maire
26:53 sur le fait qu'il nous disait qu'il ne pouvait pas fabriquer
26:56 en France des petites citadines,
26:58 quand Bruno Le Maire nous disait qu'il fallait relocaliser en France.
27:02 Avec ce bonus écologique revisité,
27:04 vous pensez qu'il est envisageable
27:06 pour Stellantis de revoir sa position ?
27:09 -Je le pense. Déjà, effectivement,
27:11 on est en train de créer l'offre...
27:13 On est en train de créer la demande, de manière évidente.
27:17 La raison pour laquelle, effectivement,
27:19 le critère climat, c'est pas tant sur le transport en tant que tel,
27:22 on pourrait penser que c'est le trajet entre la Chine et la France
27:26 qui fait la différence, c'est surtout sur la manière
27:29 de la voiture. On profite aussi d'un mix énergétique
27:31 extrêmement décarboné en France, grâce à notre parc nucléaire.
27:35 -On va parler à Léna,
27:36 on va se pencher en détail sur cette question
27:39 avec un sujet de Stéphanie Despierre,
27:41 ce qui va permettre d'ouvrir le débat sur le sujet.
27:44 On va voir le vrai bilan carbone de la voiture électrique.
27:47 -Une voiture sur 100 est électrique en France,
27:56 mais le virage est pris en ville ou à la campagne.
27:58 En 2023, la France a battu un record.
28:01 Pour la première fois, 20 % des véhicules vendus neufs
28:04 sont électriques.
28:06 Selon l'Agence pour l'environnement, la moitié des acheteurs
28:09 est motivée par la volonté de réduire son empreinte carbone.
28:12 -Quand on voit son ancienne voiture, le matin,
28:15 qui fume et pollue comme pas possible,
28:17 l'électrique, pour moi, c'était le meilleur choix
28:20 pour l'environnement et d'un point de vue pratique.
28:23 -C'est la fabrication qui pèse le plus lourd
28:25 dans le bilan carbone d'une voiture électrique
28:28 par rapport au thermique. Sa construction émet
28:30 deux fois plus de CO2 qu'une voiture classique.
28:33 En cause, la batterie et ses composants,
28:36 aluminium, terre rare, de 300 à 700 kg, selon le modèle.
28:40 Ces matériaux sont incontournables.
28:42 Cependant, les constructeurs promettent d'utiliser bientôt
28:45 des énergies vertes pour faire tourner leurs usines
28:48 et limiter l'impact environnemental de l'électrique.
28:51 -Il y a encore une dette carbone, bien sûr,
28:54 mais il y a une dynamique qui fait que cette dette carbone,
28:57 comme objectif, disparaisse à l'horizon de 2050.
29:00 C'est-à-dire que toutes les voitures qu'on va fabriquer
29:03 à partir de 2050, mais pour Audi bien avant,
29:05 seront neutres en carbone.
29:07 -Dans le match électrique-thermique,
29:09 ce qui compte aussi, c'est le poids du véhicule.
29:11 Pour effacer la dette carbone de sa construction,
29:14 il faut choisir une voiture électrique de petite taille,
29:17 donc avec une petite batterie.
29:19 -Finalement, l'ADEME préconise de choisir une batterie
29:22 juste adaptée à l'usage le plus fréquent,
29:24 c'est-à-dire l'usage majoritaire du véhicule,
29:27 typiquement le trajet domicile-travail du quotidien,
29:30 et non pas à l'usage le plus contraignant,
29:32 comme les départs en vacances.
29:34 -Le problème de la voiture électrique,
29:36 c'est aussi le recyclage.
29:37 -Dans le pays, le garagiste doit retirer la batterie,
29:40 300 kg de matière, dont seulement une partie est recyclable.
29:45 -Elle va partir chez un recycleur,
29:47 qui, lui, doit au moins, aujourd'hui,
29:50 la recycler à plus de 55 %,
29:52 et dans les mois et les années qui viennent,
29:56 à plus de 75 %.
29:57 -Matière première, construction, recyclage,
30:00 la voiture électrique a encore de gros progrès à faire
30:03 pour réduire son empreinte carbone.
30:05 -Voilà, pour ce reportage de Stéphanie Despierre
30:08 avec nos confrères de France Télévisions.
30:11 Pierre Cazeneuve, en quoi le fait de fabriquer ces voitures
30:14 dans l'Union européenne permet de réduire leur bilan carbone ?
30:17 -Je l'ai dit juste avant le reportage
30:20 sur, évidemment, le mix électrique qu'on a en France,
30:23 mais on est capable, je reprends le sujet,
30:25 de le faire en France.
30:26 Il y a trois ans, tout le monde disait
30:29 que c'était impossible de construire
30:31 des batteries électriques en France.
30:33 Le gouvernement a décidé d'en faire une priorité.
30:36 La troisième usine va sortir dans la batterie-vallée
30:39 qu'on fait, entre le Porte Calais, Dunkerque,
30:41 et Dunkerque-Den-Lore.
30:43 On est capables de produire des batteries
30:46 avec ces gigafactories.
30:47 On crée cette filière-là. C'est extrêmement important.
30:50 Là encore, on va réussir à tirer vers le bas
30:53 le coût écologique des véhicules,
30:55 et donc avoir des véhicules électriques.
30:57 -Il y aura autant de terre rare, autant de métaux rares ?
31:01 -Ca change pas sur l'approvisionnement
31:03 en matière première, mais sur la conception du véhicule,
31:06 qui est extrêmement polluante.
31:08 On va tirer vers le bas énormément le bilan carbone
31:11 de la production du véhicule qu'il est aujourd'hui.
31:14 -Léa Falco, il y a un sujet
31:15 dont on parle un peu dans le reportage.
31:18 Que faire de ces batteries électriques ?
31:21 C'est quand même un problème.
31:22 -Il y a plusieurs sujets.
31:24 Le sujet du poids a été évoqué.
31:26 Comme la batterie est plus lourde,
31:28 il y a un intérêt à faire des véhicules plus légers,
31:31 car ils seront plus lourds qu'un thermique équivalent.
31:34 Il y a la question des matériaux.
31:36 La voiture électrique prend des matériaux,
31:38 sinon rares, au moins relativement précieux,
31:41 qu'il va falloir recycler.
31:43 Et puis, sur cette question-là, il y a deux choses.
31:46 Il y a le recyclage.
31:47 Avec des filières qui ne sont pas encore constituées sur le lithium,
31:51 on a des sommes un peu trop faibles pour avoir des réseaux organisés
31:55 qui devraient l'être à l'échelle européenne.
31:58 On va structurer ces réseaux de recyclage.
32:00 -On sait recycler une batterie.
32:02 Dans le reportage, 55 % de la batterie doit être recyclée.
32:05 -Il y a des questions sur la batterie
32:07 et sur l'organisation générale de la voiture.
32:10 On a des voitures, comme nos téléphones,
32:12 qui ne sont pas détachables.
32:14 On a beaucoup de mal dans la conception.
32:17 C'est plutôt au côté constructeur qu'il faut se pencher
32:20 sur la manière de les démanteler et organiser ces réseaux-là.
32:23 Et sur l'impact de la voiture.
32:25 Il faut être clair sur le fait qu'en analyse de cycle de vie,
32:28 du début de la naissance de la voiture à son recyclage,
32:31 une voiture électrique émet deux fois moins qu'une voiture thermique.
32:35 C'est pour ça que je vous parle d'empreintes matières,
32:38 de ne pas remplacer un à un,
32:40 mais de faire en sorte de remplacer les voitures thermiques
32:43 qu'on ne pourra pas éliminer par des voitures électriques
32:47 et de développer d'autres types de mobilité.
32:49 -Le mot de la fin, c'est plus écolo de produire
32:52 et de rouler ensuite.
32:53 -C'est pour l'état de la recherche.
32:55 C'est l'Agence internationale de l'énergie.
32:58 -Merci à tous les quatre d'être venus débattre sur le plateau.
33:01 Dans un instant, notre grand témoin Benjamin Haddad
33:04 met d'abord le menu des chroniques de nos affranchis.
33:07 Mariette Darrigrand nous parlera politique aérie
33:10 dans le mot de la semaine.
33:12 Le choix de Bertrand Perrier sera question de transition de genre
33:15 au collège ou au lycée.
33:17 Enfin, la chronique Bourbon Express d'Elsa Mandingava.
33:20 De quoi allez-vous nous parler ?
33:22 -Avant la CMP, la Commission mixte paritaire,
33:25 celle chargée d'élaborer un compromis
33:27 sur le projet de loi immigration.
33:29 -C'est parfait. A tout à l'heure, tous les trois.
33:31 Notre grand invité, ce soir, Benjamin Haddad,
33:34 porte-parole du groupe Renaissance à l'Assemblée,
33:37 ancien chercheur en relations internationales.
33:40 Il a dirigé la délégation parlementaire
33:42 qui s'est rendue en Israël.
33:44 Il est aussi en première ligne sur le dossier ukrainien
33:47 et sur le soutien de l'Europe à l'Ukraine.
33:49 Son portrait est signé Marco Pommier.
33:52 Applaudissements
33:54 -Si on vous invite, Benjamin Haddad,
33:57 c'est pour avoir le regard du chercheur spécialiste
34:00 des relations internationales
34:01 sur ces deux pays en guerre qui vous sont chers,
34:04 l'Ukraine et Israël.
34:06 Alors que Tzahal vient de récupérer
34:08 le corps d'un otage franco-israélien
34:11 enlevé par le Hamas lors de son attaque sanglante
34:14 du 7 octobre, cette barbarie,
34:16 vous l'avez constatée de vos propres yeux
34:18 dans l'équipe bouddhiste israélien.
34:21 -On vit un image très, très dure
34:23 de maisons totalement brûlées,
34:25 des témoignages de soldats
34:27 qui ont retrouvé de nombreux corps décapités.
34:29 -Benjamin Haddad,
34:31 votre engagement politique est précoce.
34:33 Dès 18 ans, d'abord militant
34:35 chez les jeunes de l'UMP, secrétaire national du parti
34:39 de 2011 à 2014,
34:40 proche d'un certain Jean-François Copé.
34:42 -Je voulais juste dire un petit mot
34:45 de Génération France, les Générations France jeunes,
34:48 que la plupart d'entre vous connaissait,
34:50 qui est un think tank, un cercle de réflexion
34:53 qui a été créé par Jean-François Copé
34:55 depuis quelques années pour promouvoir le débat.
34:58 -Des think tanks, il y en aura d'autres,
35:01 Benjamin Haddad, ils vous mèneront jusqu'à Washington.
35:04 Et des cercles de réflexion à l'hémicycle,
35:06 il n'y a qu'un pas,
35:08 marcheur de la première heure aux côtés d'Emmanuel Macron,
35:11 député de Paris, porte-parole du groupe Renaissance,
35:14 européen convaincu, engagement fort
35:17 en faveur de l'Ukraine.
35:18 Déjà en 2014, vous débarquiez Place Maïdan à Kiev
35:21 en plein soulèvement de la population,
35:24 le tournant de votre engagement, dites-vous.
35:26 -C'est la première fois de l'histoire
35:29 que des gens se font cibler, tuer,
35:31 parce qu'ils brandissent le drapeau européen,
35:34 qui, pour eux, est la promesse d'un meilleur avenir,
35:37 de la démocratie, de la lutte contre la corruption
35:39 et d'un avenir européen.
35:41 -L'avenir européen de l'Ukraine, plus que jamais d'actualité,
35:45 l'Ukraine a décidé hier l'ouverture des négociations d'adhésion
35:48 avec l'Ukraine.
35:50 -C'est une victoire pour l'Ukraine,
35:52 une victoire pour toute l'Europe.
35:54 -Journée historique et pourtant mitigée
35:56 alors que la Hongrie d'Orban a bloqué l'aide européenne
36:00 de 50 milliards d'euros pour Kiev.
36:02 L'aide américaine, elle, reste suspendue
36:04 à un accord du Congrès.
36:06 Alors, Benjamin Haddad, sans aide occidentale massive,
36:09 êtes-vous pessimiste ?
36:10 L'Ukraine peut-elle encore gagner cette guerre ?
36:14 -Bonsoir, Benjamin Haddad. -Bonsoir.
36:16 -Vous présidez le groupe d'amitié France-Ukraine,
36:19 ici même, à l'Assemblée nationale.
36:21 On a vu Vladimir Poutine, qui est un peu fanfaronné
36:24 dans son discours annuel hier,
36:26 les observateurs qui s'inquiètent de voir l'armée russe
36:29 progresser sur plusieurs points de la ligne de front en Ukraine.
36:32 On voit que les robinets de l'aide occidentale
36:35 à l'Ukraine sont en train de se refermer.
36:38 Êtes-vous inquiet ?
36:39 -Je suis inquiet, mais je ne suis pas fataliste.
36:42 Le fatalisme, c'est un choix.
36:43 Ceux qui nous disent que l'Ukraine ne peut pas gagner
36:46 les guerres nous disent que Poutine n'attaquerait jamais,
36:50 que les Ukrainiens ne résisteraient pas.
36:52 On a vu, depuis deux ans, les Ukrainiens résister
36:55 de façon héroïque pour défendre leur liberté,
36:58 leur souveraineté, leur avenir européen.
37:00 On a vu les Européens et les Américains se mobiliser.
37:03 On pensait qu'on se lasserait rapidement,
37:06 mais la guerre n'est pas terminée.
37:08 Le test, aujourd'hui, c'est de tenir dans le temps long.
37:11 -L'Ukraine peut-elle tenir sans l'aide occidentale ?
37:14 -On doit continuer à se mobiliser.
37:16 On doit, au niveau européen, débloquer l'aide.
37:19 On aura un nouveau sommet en janvier,
37:21 et il y a peut-être des alternatives.
37:23 -L'aide européenne seule peut suffire ?
37:25 -L'aide européenne, l'aide américaine, tenir ensemble.
37:29 Encore une fois, Vladimir Poutine espérait
37:31 que l'Ukraine s'effondrerait comme un château de cartes
37:34 après le 24 février.
37:36 Aujourd'hui, son plan B, c'est d'attendre.
37:38 Attendre qu'on se lasse et qu'on se divise,
37:41 que les intérêts nationaux égoïstes de Courtham reprennent le dessus,
37:45 qu'aux Etats-Unis, demain, il y ait l'élection américaine
37:48 avec Donald Trump.
37:49 C'est un choix que nous devons faire.
37:52 Il n'y a pas de fatigue de l'Ukraine
37:54 dans les opinions publiques.
37:55 On le voit, les Européens veulent que l'Ukraine gagne cette guerre,
37:59 qu'elle puisse se défendre.
38:01 Continuons à soutenir les Ukrainiens.
38:03 Ca passera avec la négociation de l'aide européenne,
38:06 qui peut peut-être se faire d'une autre façon,
38:09 mais c'est un plan fondamental.
38:11 On l'avait fait au moment de la crise de l'euro.
38:14 Si 26 Etats européens sans la Hongrie se mettent d'accord
38:17 pour faire des aides bilatérales...
38:19 -Il y a un plan B, au véto potentiel.
38:21 -Il y a ce plan B, par exemple.
38:23 Continuons à interpeller nos amis américains.
38:26 Avec presque 150 parlementaires de toute l'Europe,
38:29 nous avons adressé une lettre au Parlement interaméricain
38:32 pour leur expliquer l'importance de débloquer l'aide à l'Ukraine.
38:35 Ce processus européen est si important.
38:38 C'est pour ça que les Ukrainiens se battent,
38:40 meurent depuis 2014, un drapeau européen au bras,
38:43 parce que c'est pas seulement une victoire territoriale
38:46 qu'ils recherchent, c'est la liberté de choisir leur avenir,
38:49 d'être une démocratie libre,
38:51 membre de l'Union européenne, de l'OTAN.
38:53 Je crois que ce qu'on a vu hier,
38:55 sur cette question de la future adhésion,
38:58 de l'ouverture de négociation d'adhésion
39:00 de l'Ukraine à l'Union européenne,
39:02 on a vu l'Union européenne débloquer
39:04 un tiers des 30 milliards d'euros d'aides
39:07 des premiers à la Hongrie,
39:08 et d'un coup, au miracle,
39:10 Viktor Orban a renoncé à mettre son veto
39:13 au processus d'adhésion.
39:15 Ca ressemble quand même à une forme de chantage.
39:17 On peut continuer longtemps comme ça avec Viktor Orban ?
39:20 -On voit Viktor Orban qui va contre les intérêts européens,
39:24 qui utilise ces processus comme une forme de chantage.
39:27 On voit une dérive autoritaire de ce régime depuis longtemps.
39:30 Il faut se poser la question de savoir
39:32 si Viktor Orban a envie d'être européen,
39:35 de la vision de la Hongrie,
39:36 du maintien de la Hongrie dans l'Union européenne.
39:39 C'est une question posée à demi-mot
39:41 la première ministre Lettone hier.
39:43 La question se pose aujourd'hui.
39:45 -Aujourd'hui, dans les traités européens,
39:47 il n'y a pas de mécanisme pour exclure.
39:50 Mais la question se pose.
39:51 La Hongrie, d'une certaine façon,
39:53 est en train de s'auto-exclure de l'Union européenne,
39:56 à la fois sur les intérêts partagés,
39:58 mais aussi sur les valeurs de liberté,
40:01 de droit de l'homme, de la presse et de la justice,
40:04 qui fondent notre Union.
40:05 C'est une question qu'il faut se poser.
40:07 -Au-delà des questions liées à l'Etat de droit,
40:10 est-ce que la Hongrie est le cheval de Troie
40:12 de Vladimir Poutine ? -Oui, c'est Vladimir Poutine
40:15 qui a remercié Viktor Orban d'avoir bloqué l'aide
40:18 de l'Union européenne à l'Ukraine.
40:20 Il suffit de l'entendre de la bouche de Vladimir Poutine.
40:23 Je voudrais voir le verre à moitié plein
40:26 de ce qui s'est passé au Sommet européen.
40:28 On a pu trouver un accord pour ouvrir ces négociations d'adhésion.
40:32 C'est un processus long. L'Ukraine a encore beaucoup à faire,
40:35 dans la lutte contre la corruption, l'Etat de droit,
40:38 les réformes économiques, mais les Ukrainiens se battent
40:41 pour être une nation libre et européenne depuis 2014,
40:44 il y a dix ans déjà, et la révolution de la dignité
40:47 de la place Maïdan, on leur doit ça.
40:49 Je pense que l'Ukraine, aujourd'hui,
40:52 défend l'Europe, la sécurité de l'Europe,
40:54 défend les valeurs de l'Europe,
40:56 donc accompagnons-les dans ce processus.
40:58 Le président de la République, Emmanuel Macron,
41:01 a compris, dans un dialogue dur, robuste,
41:03 avec Viktor Orban ces dernières semaines,
41:06 pour pouvoir débloquer ces négociations d'adhésion.
41:09 La France avait amené certains de ses partenaires
41:12 à reconnaître la candidature de l'Ukraine l'an dernier.
41:15 Continuons dans cette voie.
41:16 -Derrière le cas Orban, il y a aussi la question
41:19 de ce droit de veto dont dispose chaque Etat membre
41:22 de l'Union européenne. Il faut réduire son champ d'application
41:25 pour éviter une forme de paralysie ?
41:27 -Oui, mais il faudra poser la question
41:30 de la réforme des institutions en parallèle de l'élargissement.
41:33 On a un processus d'élargissement qui est inévitable,
41:36 qui est l'avenir de notre continent,
41:38 pour la stabilité, la paix de notre continent
41:41 au Balkan occidental, à la Moldavie, l'Ukraine,
41:44 la Géorgie, qui a été reconnue comme candidate hier.
41:47 En parallèle de cela, il faudra réformer les institutions.
41:50 Pour avoir un processus de décision plus rapide,
41:53 poser la question de la majorité qualifiée
41:55 sur un certain nombre de domaines, peut-être réformer
41:59 les institutions en parallèle, avoir des Etats pilotes
42:01 dans certaines politiques, c'est déjà le cas,
42:04 faire en sorte qu'on ait une Europe qui puisse défendre
42:07 ses intérêts, assumer sa puissance et intégrer des nouveaux membres.
42:11 -D'un mot sur ces élections européennes.
42:13 Il y a cinq ans, Emmanuel Macron avait mis en scène
42:16 un clivage entre progressistes et nationalistes.
42:19 Depuis 2018, il y a une forme de repli sur soi
42:21 qui a gagné tout le monde, y compris le camp des progressistes.
42:25 Est-ce que ce clivage vaut pour les élections ?
42:27 -Les élections européennes vont être l'occasion
42:30 de poser une question simple. On sera à un moment
42:32 où Donald Trump sera probablement le candidat républicain
42:36 en tête des sondages face à Joe Biden,
42:38 celui qui avait lancé des guerres protectionnistes
42:41 contre l'Union européenne et qui qualifiait l'Union d'ennemis.
42:44 On aura peut-être toujours une guerre d'agression
42:47 contre l'Ukraine, une guerre à Gaza, l'instabilité à nos frontières.
42:51 Est-ce qu'on veut une Europe divisée, affaiblie,
42:54 comme nous le proposent les populistes d'extrême-droite ?
42:57 Ou une Europe qui est capable, sans naïveté,
42:59 de défendre ses frontières, ses intérêts commerciaux,
43:02 sa souveraineté technologique, sa défense,
43:05 et de lutter contre l'agression de son continent ?
43:08 C'est cette question-là.
43:09 Renaissance, la majorité sera le seul bulletin pro-européen
43:12 qui proposera une Europe forte dans ce contexte.
43:15 -L'actualité internationale, c'est aussi cette guerre
43:18 entre Israël et le Hamas. L'armée israélienne a annoncé
43:21 la mort d'un des trois otages français, Elia Toledano.
43:24 Son corps a été retrouvé lors d'une opération
43:27 à la banque nationale. Vous aviez rencontré son frère,
43:30 je crois, le 31 octobre dernier. Il faisait partie des proches
43:33 d'otages qui avaient été reçus à l'Assemblée nationale.
43:36 Vos pensées vont ce soir pour sa famille,
43:39 pour ses proches. Est-ce qu'on sait
43:40 dans quelles circonstances Elia Toledano a été tué ?
43:43 -Non, j'ai pas plus d'informations.
43:46 On sait qu'il a été pris en otage par le Hamas
43:48 après l'attaque barbare du 7 octobre.
43:50 C'est une pensée de condoléances, de tristesse,
43:53 aussi de colère, que j'adresse à sa famille, à ses proches.
43:57 C'est un deuil pour nous, Français.
43:59 On a été aussi endeuillés par cette attaque du 7 octobre.
44:02 Il y a 40 Français qui sont morts,
44:04 il y a des otages, des disparus.
44:06 Il faut continuer à se mobiliser
44:08 pour la libération des derniers otages.
44:10 On s'est rendus avec des collègues en Israël
44:12 quelques jours après l'attaque du 7 octobre
44:15 pour exprimer notre solidarité,
44:17 pour rencontrer ces familles françaises endeuillées
44:20 qui vivent un enfer, qui ont été séparées parfois d'enfants,
44:23 de bébés, de grands-parents, de frères et sœurs.
44:26 On les a reçus à plusieurs reprises à l'Assemblée nationale.
44:29 C'est un engagement fort de la présidente de l'Assemblée.
44:33 Il y a Elbrun-Pivet, de façon transpartisane.
44:35 Il faut se mobiliser et rappeler que ce sont nos familles
44:38 qui ont été touchées par cette barbarie.
44:41 -Sur le conflit armé, le principal allié d'Israël,
44:43 les Etats-Unis, commence à s'agacer du décalage
44:46 entre la façon dont Israël affirme vouloir épargner
44:49 les civils dans la bande de Gaza
44:51 et le bilan humain sur le terrain.
44:54 Joe Biden parle lui-même de bombardements indiscriminés.
44:57 Est-ce que vous reprendriez cette expression de votre côté ?
45:00 -Je crois que vous savez, c'est la position de la France.
45:03 C'est de dire qu'Israël est en guerre contre le Hamas,
45:06 un mouvement terroriste qui a attaqué,
45:08 mais que cette opération doit être menée
45:10 avec des travaux humanitaires, avec le respect
45:13 de la protection de la vie des civils
45:15 et du droit international humanitaire.
45:17 Aujourd'hui, quand on entend les dirigeants du Hamas,
45:20 ils persistent à dire qu'ils veulent mener
45:23 des attaques comme celle du 7 octobre
45:25 contre Israël. Pour les Israéliens,
45:27 c'est une guerre existentielle, c'est-à-dire
45:30 empêcher le Hamas de mener d'autres attaques de ce type.
45:33 -Il est possible. L'objectif affiché,
45:35 c'est éradiquer le Hamas.
45:37 Est-ce que cet objectif militaire est atteignable ?
45:40 Est-ce que c'est pas un moyen de ne pas se fixer
45:42 d'objectif politique ? -Vous avez raison.
45:45 C'est la question posée par le président de la République.
45:48 Toute opération militaire doit être soumise à un objectif politique.
45:52 Il faut même la reconstruction d'une nouvelle gouvernance
45:55 dans la bande de Gaza, parce que je pense,
45:57 comme l'ont dit, d'ailleurs, les Américains
46:00 et l'administration Biden, que les réoccupations israéliennes
46:03 n'étaient qu'une impasse. Revenir à la situation avant 2005,
46:07 quand Israël occupait la bande de Gaza,
46:09 avant le retrait d'Ariel Sharon, serait une impasse.
46:12 Donc réfléchir, effectivement, à une gouvernance
46:15 qui peut mener, après, au retour d'un processus politique
46:18 et la souveraineté des Palestiniens,
46:21 entre les deux Etats, il n'y a pas d'alternative
46:23 à terme que la séparation entre l'Israël et le Palestine
46:26 et la souveraineté des Palestiniens dans la garantie
46:29 de l'existence d'Israël. -Merci, Benjamin Haddad.
46:32 Vous restez avec nous, parce que nous accueillons
46:35 nos affranchis.
46:36 Musique rythmée
46:39 ...
46:40 Prenez siège, installez-vous.
46:42 Mariette Darigrand, Bertrand Perrier
46:45 et Elsa Moundingava.
46:46 On commence avec vous, Elsa, et votre chronique.
46:49 Vous vous êtes penchée sur les tensions
46:51 que suscite la loi immigration.
46:53 -Oui, et cette histoire pourrait avoir un titre.
46:56 Le dilemme d'Elisabeth Borne, c'est un peu comme le jeu des enfants.
47:00 Tu préfères un accord avec la droite
47:02 ou tu préfères l'unité de ta majorité ?
47:04 C'est ce qui se passe un peu, Clément,
47:06 pour la Première ministre Elisabeth Borne,
47:09 tant les lignes rouges des uns et des autres
47:12 semblent difficilement compatibles.
47:14 La majorité, elle cherche toujours un accord,
47:16 le gouvernement y croit,
47:18 le président y croit, il s'est exprimé il y a quelques heures.
47:21 -Un gouvernement qui est au travail,
47:23 une ministre qui n'a pas ménagé sa peine,
47:26 une majorité qui ne s'est jamais divisée,
47:28 jamais, sur ce texte, comme sur les précédents,
47:31 et c'est une grande force.
47:32 Je suis favorable à ce qu'un compromis intelligent
47:35 soit trouvé au service de l'intérêt général et du pays
47:38 et qu'il nous permette d'avoir un texte qui améliore
47:41 notre fonctionnement commun et permet de mieux protéger les Français.
47:45 -Sauf que dans la majorité,
47:47 certains commencent à s'inquiéter.
47:48 Regardez ce que me confiait un conseiller ministériel.
47:52 Est-ce qu'on a vraiment intérêt à avoir un texte
47:54 si le prix à payer, c'est une explosion de la majorité,
47:57 à trop concéder à la droite ?
47:59 Est-ce que c'est dans ses propres rangs
48:01 que certaines voix pourraient faire défaut ?
48:04 Si la question des régularisations est réduite à sa portion congrue
48:07 ou si les conditions d'attribution des allocations sont durcies ?
48:11 -Est-ce qu'on a une idée des rapports de force ?
48:14 -Non, c'est très difficile à connaître
48:16 et on voit un peu tout et son contraire.
48:18 Je vous donne des exemples.
48:20 On entend que le modem est vigilant,
48:22 que les anciens LR chez Renaissance poussent pour le texte.
48:25 C'est ce qu'on dit de vous.
48:27 Il y a des listes qui circulent,
48:29 15, 20 députés Renaissance qui pourraient s'abstenir
48:32 ou même voter contre le texte s'il était trop durci par le Sénat.
48:35 On entend aussi qu'à la fin, tout le monde rentrera dans le rang
48:39 ou certains préféraient que le texte soit abandonné.
48:42 Aujourd'hui, le responsable du texte pour la majorité
48:45 va résulter, appeler chacun des députés
48:47 pour connaître leur état d'esprit, leur ligne rouge,
48:50 pour essayer de jauger un peu les effectifs du groupe.
48:53 -Pour bien comprendre,
48:54 il y a plusieurs scénarios.
48:56 Il y a celui d'une commission mixte paritaire conclusive
48:59 qui serait validée ensuite par les députés,
49:01 celui d'un échec de la commission mixte paritaire
49:04 et d'un abandon du texte,
49:05 et il y a un troisième scénario.
49:07 -Un scénario qui sera encore un scénario catastrophe,
49:10 une commission mixte paritaire conclusive,
49:13 qui, par vote, serait rejetée à l'Assemblée.
49:15 Ca peut être faute de faire le plan chez les Républicains
49:19 ou si trop de voix manquent dans la majorité.
49:21 Il peut y avoir du suspense jusqu'au bout.
49:23 Les consultations vont se poursuivre tout le week-end.
49:26 Elisabeth Borne continue à négocier,
49:29 elle se démène, elle espère peut-être sauver son avenir politique,
49:32 même si d'autres sont plus pessimistes pour elle.
49:35 Un député de la majorité, en cas d'accord et de réussite,
49:38 sauve les fesses de Darmanin,
49:40 car son sort politique est scellé, c'est terminado.
49:43 On n'en a pas fini avec les conséquences
49:45 de ce projet de loi.
49:46 -Merci, Elsa Mandengava.
49:48 Benjamin Haddad, vous venez de la droite,
49:50 de l'UMP, on l'a vu dans le portrait de Marco Pommier,
49:53 ça a été évoqué par Elsa.
49:55 Vous entendez ceux qui, eux, viennent de la gauche
49:57 au sein de la majorité et qui ont le sentiment
50:00 qu'on leur torde le bras ?
50:01 -Mais, vous savez, la Première ministre,
50:04 avec le ministre de l'Intérieur, s'est engagée
50:06 dans cette négociation avec beaucoup de détermination,
50:09 les Français attendent qu'on trouve des résultats
50:12 et qu'on obtienne un accord. -A quel prix ?
50:14 -Nous avons nos lignes rouges, on les a exprimées,
50:17 on a un négociateur.
50:18 Maintenant, effectivement, on a eu le résultat
50:21 avec le vote de la motion de rejet, donc on doit en prendre acte.
50:25 Moi, j'espère qu'on pourra trouver un compromis
50:27 pour pouvoir avoir une politique de fermeté,
50:30 de maîtrise de l'immigration, en particulier de lutte
50:33 contre l'immigration illégale.
50:35 C'est un texte qui permet d'expulser
50:37 jusqu'à 4 000 délinquants étrangers.
50:39 Je crois que c'est attendu par les Français.
50:41 Je considère que, en politique,
50:43 même quand on est engagé avec ses convictions,
50:45 on n'a pas le monopole de la vérité.
50:48 On peut faire des compromis, on peut travailler avec les autres.
50:51 On part pas du même endroit sur ce texte, c'est vrai,
50:54 mais c'est aussi à ça que sert la commission paritaire
50:57 et cette négociation.
50:59 J'espère qu'on pourra voter ce texte.
51:01 -Vous êtes prêts à aller jusqu'où pour obtenir un accord ?
51:04 Quand elle a dit... D'un côté, il y a cette envie
51:07 d'obtenir un accord et ce risque de faire exploser la majorité.
51:10 Êtes-vous prêts à renoncer si vous sentez
51:13 que ça tanque trop fort ? -On a eu déjà ces discussions,
51:16 on a en ce moment ces échanges au sein de la majorité.
51:19 On a des sensibilités qu'on respecte sur ce sujet,
51:22 qui est très important, passionnel pour beaucoup d'entre nous,
51:25 qui enlèvent tous nos histoires, nos engagements personnels.
51:28 On a un texte d'équilibre qui permet de mieux intégrer
51:32 la langue et le travail, qui permet aussi
51:34 d'avoir une politique d'autorité
51:36 sur l'immigration. Ce sont ces équilibres,
51:38 naturellement, que l'on veut respecter.
51:40 Et trouver un compromis, un accord,
51:42 pour défendre l'intérêt général et répondre
51:45 à l'exigence des Français d'avoir une politique
51:48 sur l'immigration et de trouver des résultats.
51:51 -Il est envisageable, ça fait partie des hypothèses,
51:54 qu'un accord trouvé en commission mixte paritaire
51:56 ne soit pas validé dans l'hémicycle ?
51:58 -Travaillons d'abord à trouver un accord en commission.
52:02 Quand on s'engage en politique, il y a toujours le risque
52:05 de perdre des votes à l'Assemblée nationale
52:07 ou des élections. On se bat d'abord pour trouver un accord
52:10 avec les sénateurs et après, pour dégager une majorité.
52:14 -Merci à vous, Benjamin Haddad.
52:15 On passe à Bertrand Perrier.
52:17 Bonsoir. -Bonsoir.
52:19 -Vous revenez sur la circulaire, prise en 2021
52:21 par Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale,
52:25 sur la façon dont on accueille les élèves transgenres
52:28 dans le système éducatif français.
52:30 C'est une circulaire qui a fait l'objet
52:32 de plusieurs recours d'association.
52:34 Que se passe-t-il, racontez-nous.
52:36 -En 2021, Jean-Michel Blanquer avait pris à destination
52:39 de l'ensemble de la communauté éducative
52:42 une circulaire pour favoriser l'intégration
52:44 des élèves transgenres dans le milieu scolaire.
52:47 L'idée générale était d'une écoute bienveillante
52:50 et trois propositions majeures avaient émergé de cette circulaire.
52:53 La première, c'était que lorsque l'élève choisissait
52:56 un nouveau prénom, eh bien, si les parents étaient d'accord,
53:00 eh bien, c'est ce nouveau prénom qui était utilisé
53:03 sur les listes d'appels, sur les cartes de cantine,
53:06 sur les cartes de bibliothèque.
53:07 Une deuxième idée, c'est qu'on ne pouvait pas
53:10 faire des restrictions vestimentaires
53:12 en fonction du genre. Un garçon pouvait mettre une jupe
53:15 s'il se considère fille. La troisième chose,
53:18 la plus crispante, la plus cristallisante de tensions,
53:21 c'était les vestiaires, les dortoirs, les toilettes.
53:24 La circulaire recommandait que les établissements
53:27 permettent à un élève se déclarant d'un autre genre
53:30 que celui de son apparence, d'aller dans les toilettes,
53:33 dans les vestiaires de l'autre genre.
53:35 -Cette circulaire a provoqué une levée de bouclier
53:38 de plusieurs associations catholiques ?
53:40 -Oui, plusieurs associations se sont émues de cette circulaire
53:43 en expliquant, c'était le coeur de leur argumentation,
53:46 qu'en réalité, le droit à ce nouveau prénom,
53:49 le droit à cette utilisation des toilettes de l'autre genre
53:52 était purement déclaratif.
53:54 Il suffisait de se dire garçon si l'on est une fille
53:57 ou fille si l'on est un garçon
53:59 pour obtenir ces droits en tant que transgenre.
54:01 En tant que transgenre, il n'y avait pas d'examen médical,
54:04 il n'y avait pas d'accord des parents,
54:07 et donc l'élève, par sa seule affirmation,
54:09 eh bien, en quelque sorte, imposait son genre,
54:12 son pronom, son prénom à des professeurs,
54:14 à des camarades de classe et à l'ensemble
54:17 de la communauté éducative, avec en filigrane l'idée
54:20 que cette revendication d'une transidentité
54:23 à une période où l'identité se construit,
54:25 à l'adolescence, pouvait être un peu fragile,
54:28 un peu influençable,
54:30 un peu réversible à une période, justement,
54:32 de quête d'identité ou de reconnaissance.
54:35 -Il y a eu un recours au Conseil d'Etat,
54:37 l'audience avait dit ceci.
54:39 -Le rapporteur public,
54:40 qui est un magistrat indépendant,
54:42 mais qui est souvent suivi à conclus au rejet
54:45 de la requête des associations,
54:47 la réponse sera donnée par le Conseil d'Etat
54:49 d'ici la fin de l'année,
54:51 mais indépendamment des questions juridiques,
54:54 ce que je voudrais dire, c'est que la transidentité
54:57 n'est pas une toccade, c'est pas un caprice,
54:59 c'est pas une lubie,
55:01 ou au post-moderne,
55:03 c'est une réalité, c'est un sentiment
55:05 que l'on vit, que l'on vit souvent d'ailleurs
55:08 douloureusement, et quand on sait
55:10 les moqueries, les colibés, les stigmatisations
55:12 dont font l'objet non seulement en classe,
55:15 mais ailleurs, les élèves qui revendiquent ainsi
55:18 une identité de genre différente
55:20 de celle qu'ils avaient à leur naissance,
55:22 eh bien, je crois qu'on ne pourrait pas dire
55:25 que le fait simplement de considérer
55:28 cette réalité, ce fait social,
55:30 serait une sorte d'encouragement.
55:32 On n'encourage pas la transidentité.
55:34 La transidentité, c'est un fait,
55:36 et il n'y a pas l'idée que l'on favoriserait ainsi
55:40 l'émergence de cette revendication,
55:42 surtout que s'il y a parfois, effectivement,
55:45 des variations identitaires,
55:48 eh bien, il faut au contraire les accompagner.
55:50 Et donc, j'ajoute une dernière chose,
55:53 la transidentité n'est pas une maladie,
55:55 elle ne suppose pas un certificat médical,
55:58 elle ne suppose pas non plus un traitement médical,
56:00 elle ne suppose pas une opération,
56:02 c'est un état, c'est effectivement un ressenti,
56:05 ça existe, et une école qui l'ignorerait,
56:07 ça ferait mauvais genre.
56:09 -Merci à vous, Bertrand Perrier.
56:11 Mariette Darrigrand, un mot a retenu votre attention
56:14 dans l'actualité de la semaine,
56:16 un mot employé par Gérald Darmanin,
56:18 après le vote de la motion de rejet sur la loi immigration,
56:22 il s'agit de "politicairie". -Exactement.
56:24 Ca m'a beaucoup amusé, l'arrivée de ce mot.
56:27 "Création" est biologique, c'est intéressant,
56:29 les politiques en font assez peu,
56:31 mais après vérification, c'est un mot assez ancien.
56:34 -Ca existe vraiment ? -Ca existe,
56:36 ça existe depuis la fin du 19e,
56:38 probablement créé par l'écrivain Jules Vallès,
56:41 qui défendait la commune,
56:42 une façon de faire de la politique
56:45 contre la façon traditionnelle,
56:47 et pour lui, la "politicai",
56:48 c'était un peu comme la "flicai" ou la "pietai".
56:51 -C'était quelque chose de péjoratif ?
56:53 -C'était péjoratif, il n'y a pas de doute,
56:56 mais Darmanin s'est inscrit dans cette manière péjorative,
56:59 il a voulu dénoncer les deals, les marchandages
57:02 qui avaient eu lieu, selon lui,
57:04 entre les députés de tous bords, contre la majorité.
57:07 Ca n'est pas faux, c'est normal qu'il ait eu cette analogie,
57:10 mais quand même, je voudrais dire que c'est pas gentil
57:13 pour le commerce. -Pourquoi ?
57:15 -Puisque la quinquairie, qui est dedans,
57:17 en fait, on entend aussi le mot "valise",
57:20 "politique" plus "quinquairie"
57:22 égale "politicairie".
57:23 Alors oui, c'est des deals, c'est du commerce,
57:26 mais le commerce, c'est pas mal, et en particulier,
57:29 ce commerce de la quinquairie m'intéresse
57:31 comme observatrice de la société,
57:33 parce qu'il se porte très bien, figurez-vous.
57:36 Dans un moment où nous voulons réparer nos objets,
57:39 nous voulons bricoler, nous voulons jardiner,
57:41 ces commerces de proximité, évidemment, c'est le bazar,
57:45 un peu comme on a vu dans l'hémicycle,
57:47 mais ça a de l'intérêt.
57:49 J'ai regardé juste par curiosité la formation à ces métiers,
57:52 il y a des nouvelles formations à CAP spécialisées,
57:55 à Bac pro, etc.
57:56 Alors qu'est-ce qu'on demande aux gens,
57:59 qu'apprennent les jeunes dans ces formations ?
58:01 Ils apprennent le sens de l'écoute, j'invente pas,
58:04 j'ai vu sur les sites d'orientation,
58:06 sens de l'écoute, empathie et façon de pouvoir
58:09 comprendre les problèmes des gens avec des solutions concrètes.
58:13 -C'est pas mal. -C'est-à-dire que "politiquairie",
58:15 c'est pas si négatif. -C'est pas si négatif.
58:18 Ce qui est négatif, c'est la parlotte.
58:20 "Politiquairie", en trésor de la langue française,
58:23 c'est parler, faire beaucoup de bruit pour rien,
58:26 parler avec des mots creux de politique.
58:28 Ca, on va laisser de côté.
58:30 Ca veut dire que certains concepts de péroraison
58:33 du type "immigration zéro" ou "préférence nationale",
58:36 qui n'ont pas tellement de chance d'aller dans le réel,
58:39 qui sont des mots assez creux, qui plaisent à certains,
58:42 on pourrait dire que c'est "politiquairie".
58:44 Mais en revanche, il y a une dimension positive
58:47 sur laquelle je voudrais insister pour finir, Clément,
58:50 parce que notre ministre de l'Intérieur n'a pas fait exprès.
58:54 Il voulait être négatif, mais il a soulevé un lièvre intéressant,
58:57 à mon avis, c'est ce qu'on appelle la politique domestique.
59:01 C'est la politique, précisément, de l'intérieur.
59:04 C'est la domus, la maison, la Maison France.
59:08 Or, nous savons tous que la Maison France,
59:10 elle a besoin d'être réparée sous beaucoup d'aspects.
59:13 -Merci à vous, Mariette Darigrand.
59:15 Merci à nos trois affranchies de ce soirée,
59:18 à vous, Benjamin Haddad, d'avoir été notre grand témoin.
59:21 C'est terminé pour cette semaine.
59:23 Vous retrouverez Myriam Ankawa dès mardi prochain.
59:26 D'ici là, passez une bonne soirée et un bon week-end sur LCP.
59:30 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
59:32 Générique
59:34 ...

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