"Je ressens toujours la pression sociale et sociétale de la maternité" : Laurie Darmon nous parle de son nouvel album

  • l’année dernière
A travers son troisième album,  l’auteure-compositrice-interprète Laurie Darmon aborde les questionnements d'une femme de plus de 30 ans et qui n'a pas encore d'enfants. Elle nous parle de sa "Traversée du Désir".

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00:00 on en est venu à finalement se dire que c'était normal d'adresser aux femmes des questions du genre
00:06 "c'est pour quand ?" alors que c'est une question hyper intime, qu'on ne sait pas qui on a affaire.
00:10 Ça se trouve, c'est une femme qui essaye depuis des années. Ça se trouve, c'est une femme qui ne
00:13 veut pas d'enfant.
00:14 Salut, c'est Laurie Darmon et je viens de sortir mon troisième album, "La traversée du désir".
00:26 Alors cet album s'appelle "La traversée du désir" puisqu'effectivement j'ai eu cette sensation
00:31 quand j'ai eu 30 ans de me poser des questions qui nécessitaient de faire une quête un peu solitaire
00:37 pour pouvoir y répondre et à la fois de partir. D'où l'idée de "La traversée". Il y avait l'image
00:43 du désert, puisqu'il y a cette solitude, et du désir puisque cette quête au sens profond du terme,
00:49 c'était pour trouver justement qu'est-ce que je désire moi quand j'ai 30 ans et que c'est un âge
00:54 qui est un peu la clé dans la vie d'une femme, puisque c'est un âge où on fait des choix qui
01:00 a priori ne sont plus ceux qui vont tracer notre avenir comme vers 20 ans, etc. Ce sont ceux qui
01:06 vont tracer la façon dont on mène sa vie, je dirais, plus que le métier qu'on choisit de faire.
01:11 C'est comment on mène sa vie dans l'intimité. Qu'est-ce qu'on a profondément envie d'accomplir,
01:15 une vie de famille, à quel moment, etc. Sachant qu'il y a quand même beaucoup, beaucoup de
01:20 pression sociétale et une certaine pression sociale qui pèse sur les femmes, j'ai compris en
01:25 écrivant le disque qu'il y avait une peur de la liberté qui m'animait, et à la fois une appétence
01:31 pour la liberté. Il y avait une sorte de mouvement de bascule entre l'envie profonde d'être libre et
01:36 besoin de créer un cadre qui m'empêchait aussi d'accéder à cette liberté. Et donc après je me
01:42 suis posé la question de manière un peu plus universelle, un peu plus large, et j'ai constaté
01:47 que souvent on ne nous apprend pas forcément à désirer la liberté. On nous apprend à désirer
01:52 quelque chose qui va ressembler à une masse, enfin en tout cas qui va concerner une masse,
01:56 une façon de vivre dont on a pensé qu'elle était la bonne. Je crois que je ne me sens pas aussi
02:00 épanouie quand j'écoute cette façon de vivre-là que si j'ose faire cette quête qui fait peur,
02:06 qui pour moi a impliqué une certaine solitude.
02:09 La pression sociétale, sociale, de la maternité, moi je la ressens depuis avant 30 ans. J'ai
02:19 grandi dans un environnement où autour de moi, les femmes, elles font en sorte de tomber
02:25 enceinte avant 30 ans, d'avoir un foyer, de construire un foyer, etc. J'ai très vite compris
02:30 qu'en choisissant le métier que j'avais choisi, à savoir la musique, déjà j'allais vers
02:35 potentiellement quelque chose qui ne tendrait pas vers le fait d'être mère avant 30 ans, etc.
02:43 Et puis ensuite, les années passent et puis on sent à l'intérieur de soi cette horloge biologique
02:49 et on nous la rappelle surtout. Et moi autour de moi, on me l'a beaucoup rappelé à plein de
02:52 reprises différentes, de plein de manières différentes. Cette chanson m'est venue parce
02:56 que je pense que j'avais une sorte de ras-le-bol intérieur. Je me décevais moi-même de constater
03:02 que je me considérais un peu dans le rouge, dans la zone rouge. Et je me suis dit que du coup,
03:06 je ne vivais pas pleinement les choix que j'avais faits. Je les assume, mais en fait,
03:09 je n'en retire pas tous les plaisirs, les bénéfices. Je vis un peu comme avec une sorte
03:15 de bombe à retardement de "oui mais attention parce que là, l'heure tourne". J'ai écrit cette
03:20 chanson et ça m'a fait me poser des questions que je pose dans la chanson et qui aujourd'hui
03:23 me semblent vraiment évidentes, mais du genre comment on en est venu à finalement se dire que
03:28 c'était normal d'adresser aux femmes des questions du genre "c'est pour quand ?" alors que c'est une
03:34 question hyper intime, qu'on ne sait pas à qui on a affaire. Ça se trouve, c'est une femme qui
03:38 essaye depuis des années. Ça se trouve, c'est une femme qui ne veut pas d'enfant. Il y a une relation
03:42 d'amour compliquée. Enfin, on ne sait pas. Je trouve que c'est super déplacé. Moi, depuis des années,
03:45 j'avais droit à cette question et j'y ai toujours droit, mais de manière extrêmement publique,
03:49 extrêmement normale, extrêmement banale en fait. C'est un peu ce que je dis dans la chanson,
03:53 que chacun interprète d'ailleurs à sa manière. Moi, ça ne parle pas forcément du fait de ne pas
03:57 désirer d'enfant, mais en tout cas de ne pas le faire parce qu'il faut le faire. L'horloge
04:02 biologique, elle existe pour de vrai. Donc déjà, on a ça à gérer en vrai et je pense qu'il ne faut
04:08 pas en rajouter. C'est ce que veut dire cette chanson qui moi me tient particulièrement à
04:11 cœur et qui à mon avis donne vraiment la couleur du disque, en tout cas pour moi.
04:15 [MUSIQUE]

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