Lola Ovarlez, journaliste au service international, explique pourquoi un retour de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait présenter un danger pour la démocratie américaine
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00:00 Donald Trump sera-t-il un dictateur s'il est de retour à la Maison-Blanche en 2025 ?
00:04 C'est ce que la campagne de Joe Biden et les démocrates répètent déjà
00:07 depuis 2019 et 2020 lors de leur premier duel.
00:09 Sauf que cette fois-ci, c'est Donald Trump lui-même qui confirme.
00:13 À Fox News, quand on lui a posé la question, il a répondu
00:18 "Je ne serai un dictateur seulement qu'un jour, le premier jour."
00:21 On lui a posé cette question à la lumière du projet 2025
00:25 qui a été réalisé par le Heritage Foundation,
00:28 un think tank ultra conservateur,
00:30 et aussi à la lumière des révélations de grands médias américains
00:34 concernant les plans de Donald Trump en 2025.
00:36 Il y en a trois en particulier qui ont des raisons de montrer
00:39 qu'une dictature sous Trump pourrait être possible.
00:41 Le premier, c'est l'Insurrection Act.
00:46 C'est une loi qui date du 19e siècle et qui permet au président américain
00:50 d'appeler et de déployer l'armée américaine sur le sol américain,
00:54 ce qui n'est normalement pas vraiment permis dans la tradition américaine.
00:57 Ça a été utilisé pour la dernière fois en 1992,
01:00 ça fait donc plus de 30 ans.
01:02 S'il est réélu en 2024, Donald Trump pourrait utiliser cet Insurrection Act
01:06 pour mener à bien plusieurs projets.
01:07 Par exemple, la lutte contre l'immigration,
01:10 qui est l'une de ses grandes priorités.
01:11 Il pourrait appeler l'armée américaine à la frontière
01:14 pour se débarrasser, grossièrement dit, des migrants mexicains.
01:17 Mais il pourrait également l'utiliser pour d'autres raisons et à d'autres fins.
01:19 Par exemple, si des manifestations explosent le jour où il est élu,
01:23 il pourrait invoquer l'Insurrection Act pour déployer l'armée américaine
01:27 contre les manifestants.
01:28 Après tout, Donald Trump a déjà parlé de l'Insurrection Act
01:31 dans son passé lors de son premier mandat.
01:33 Il a hésité et il a publiquement regretté de ne pas l'avoir utilisé en 2019
01:37 contre des migrants à la frontière mexicaine,
01:39 mais également en 2020, lors des manifestations de Black Lives Matter.
01:43 Le deuxième sujet, c'est l'instrumentalisation du département de la justice.
01:49 Certes, c'est une branche du gouvernement, mais il est indépendant.
01:52 C'est une longue tradition américaine, surtout depuis le Watergate.
01:55 C'est un peu le principe du "check and balance",
01:57 de la séparation des pouvoirs aux États-Unis.
01:59 C'est justement cette indépendance que Donald Trump veut remettre en question.
02:01 Il a déjà essayé plus ou moins d'utiliser le département de la justice en 2020
02:06 à la toute fin de son mandat,
02:07 en poussant les responsables du département de la justice
02:10 à déclarer que l'élection a été corrompue, ce qu'ils n'ont pas fait.
02:14 Tout l'argument de Donald Trump, c'est de dire que le département de la justice
02:17 n'est de toute façon pas indépendant,
02:18 que c'est Joe Biden qui est notamment à l'origine des deux affaires qu'il a contre lui.
02:22 D'abord celle concernant les documents confidentiels
02:24 qu'il aurait gardés en sa possession,
02:26 et également celle de la tentative de renverser les résultats en 2020.
02:29 Cela dit, il n'a aucune preuve concrète
02:32 qui pourrait prouver que Joe Biden est derrière ces affaires,
02:34 sachant d'autant plus que le département de la justice
02:37 a lancé des poursuites contre Hunter Biden, le fils du président.
02:40 Mais cette fin d'indépendance pourrait vraiment arriver avec Donald Trump en 2025.
02:44 Il a publiquement déclaré qu'il voulait mettre en place
02:47 un procureur spécial pour attaquer la famille Biden,
02:50 et également qu'il voudrait utiliser ce département de la justice
02:54 pour attaquer ses opposants, ses anciens collaborateurs qui l'auraient trahi,
02:58 notamment après l'élection de 2020.
03:00 Le dernier point, c'est le retour du "schedule F".
03:06 Il s'agit d'un décret qui a été signé par Donald Trump à la fin de son mandat
03:09 et que Biden a directement annulé une fois arrivé à la Maison-Blanche.
03:13 Le "schedule F" vise à mettre fin à ce que Donald Trump appelle le "deep state",
03:16 l'état profond.
03:17 Son équipe, lui et ses partisans, ont plusieurs fois clamé
03:20 que les employés du gouvernement,
03:22 peu importe les branches, peu importe les ministères,
03:24 avaient le pouvoir et même la capacité, voire même la volonté,
03:27 d'essayer de saboter ou de ralentir le bon fonctionnement du gouvernement.
03:32 Il faut savoir que les employés du gouvernement, les vrais employés,
03:35 ne sont pas renouvelés selon qui est élu à la Maison-Blanche,
03:38 pas comme les ministres, par exemple.
03:40 Les employés du gouvernement sont engagés selon leurs mérites
03:43 et pas selon leur appartenance idéologique ou politique.
03:46 Et c'est ça, justement, que Donald Trump veut changer.
03:48 Concrètement, le "schedule F" pourra permettre à Donald Trump,
03:51 s'il le signe à nouveau, de virer des milliers d'employés du gouvernement
03:55 afin de les remplacer par des employés qui correspondent davantage à son idéologie.
04:00 Et d'ailleurs, le Heritage Foundation a déjà mis en place des sortes de candidatures
04:04 pour filtrer les potentiels employés en 2025
04:07 qui correspondraient le plus à l'idéologie Donald Trump.
04:10 Donc, ces trois points dessinent, d'une certaine façon,
04:13 les premiers contours du mandat 2025 de Trump.
04:16 Ce serait un mandat dirigé par un désir de vengeance
04:19 de la part de Donald Trump contre ses opposants et contre Joe Biden,
04:22 mais aussi un mandat où le pouvoir risque davantage d'être concentré dans ses mains
04:27 et dans ceux de loyaux serviteurs.
04:28 Et les experts en droit ou en sciences politiques alertent sur un point.
04:32 Si Donald Trump est réélu, il existe peu de garde-fous
04:35 pour l'empêcher de mettre à bien ce plan.
04:37 Cela veut donc dire que tout se joue l'année prochaine lors des élections présidentielles.
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