Capitaine Bertrand Butin, instructeur Rafale
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00:03 - Capitaine Bertrand Butin, bonjour. - Bonjour.
00:06 - J'ai dit Capitaine Bertrand Butin, mais vous êtes plus connu sous le pseudo de "Bubu".
00:11 Chaque pilote de chasse en fait a un pseudonyme, c'est ça ?
00:14 - Exactement. Quand on rentre dans l'armée de l'air, en tant que pilote, on nous donne un surnom.
00:20 Ce surnom, il a deux utilités. La première, c'est la confidentialité,
00:24 pour ne pas donner notre nom dans le cadre d'opérations,
00:28 et surtout également la radio, que ce soit un surnom qui passe bien à la radio,
00:32 pour qu'on puisse se parler justement avec nos surnoms.
00:35 - Oui, moi je me souviens d'un pilote réunionnais dont le surnom était "Babouk".
00:38 - Exactement. - Petit bébête bien connu à la Réunion.
00:41 - Oui. - Alors, vous êtes un pilote de rafale,
00:44 et il n'y a qu'à voir, moi j'ai vu ici à la rédaction, toutes les femmes qui vont regarder,
00:48 c'est quelque chose qui est auréolé, plein de...
00:52 Et vous êtes à la Réunion dans le cadre d'une opération avec l'association "Mille Sourires".
00:57 Rappelez-nous un petit peu comment vous avez rencontré, je crois que c'était l'occasion d'un déplacement,
01:01 de jeunes réunionnais, Noël dernier à Métropole, c'est ça ?
01:04 - Exactement. Alors, même avant ça, vous avez évoqué le capitaine nativel "Babouk",
01:09 qui était mon prédécesseur, Rafale Saoudisplet,
01:12 et qui lui avait déjà été parrain de l'association,
01:15 donc déjà j'avais eu des premiers contacts avec Sébastien,
01:19 et donc Ibrahim, le président de l'association "Mille Sourires" m'a contacté,
01:24 m'a proposé de devenir parrain de l'association,
01:28 à quoi j'ai répondu évidemment avec un grand plaisir,
01:33 et une grande fierté pour être parrain de l'association.
01:36 Et donc ils se sont déplacés il y a deux semaines à Saint-Dizier,
01:38 donc j'ai eu le plaisir également de les accueillir sur ma base aérienne à Saint-Dizier,
01:42 l'association, donc avec deux enfants qui sont venus à Saint-Dizier,
01:45 et on a pu leur faire découvrir la vie de la base.
01:49 – Alors il y a un reportage qui a été fait, qui passera le 25 décembre,
01:54 et le 31 décembre il y aura une rediffusion sur Réunion 1ère,
01:57 et donc les réunionnais pourront voir ce déplacement,
02:00 mais il n'y a pas eu que cette base de Saint-Dizier,
02:02 il y a eu plein plein plein d'autres choses à côté,
02:05 et ils sont revenus émerveillés de tout ce qu'ils ont pu voir.
02:09 Parlez-nous un petit peu de votre métier de pilote de chasse, pilote de rafale,
02:16 déjà vous avez parlé de solo-display, c'est quelque chose de particulier à l'intérieur,
02:23 c'est un petit peu le démonstrateur on va dire.
02:25 – Alors c'est tout à fait ça, le rafale solo-display,
02:27 c'est ce qu'on appelle dans l'armée de l'air, un ambassadeur de l'armée de l'air,
02:31 au même titre que la Patrouille de France, que l'équipe de voltige de l'armée de l'air,
02:34 il y a également l'A400M, un avion de transport qui fait des démonstrations,
02:38 donc nous notre rôle c'est de représenter l'armée de l'air,
02:41 donc moi plus particulièrement c'est de présenter le rafale en meeting,
02:45 tous les week-ends de mai à novembre, pour susciter des vocations chez les plus jeunes
02:50 et puis renforcer le lien armée-nation avec les gens,
02:52 et faire découvrir en fait les différents métiers,
02:55 alors pas que le métier de pilote de chasse,
02:57 parce que moi quand je me déplace en meeting, je viens avec toute mon équipe,
02:59 donc j'ai des mécaniciens qui viennent avec moi,
03:01 et l'idée c'est de faire découvrir aux gens en fait notre métier,
03:06 nos métiers dans l'armée de l'air.
03:08 – Quand vous vous déplacez, vous êtes une quinzaine,
03:09 mais en réalité la totalité de l'équipe pour faire voler un rafale,
03:12 c'est 50 personnes autour.
03:15 – Exactement, alors au Rafale Solis Play, on a un pool de 50 mécaniciens
03:18 qui sont pris sur l'ensemble des mécaniciens qui sont sur la base aérienne de Saint-Dizier,
03:23 il faut savoir que sur Saint-Dizier, il y a beaucoup plus de mécaniciens,
03:27 ils sont réunis en 400 mécaniciens, donc nous on en sélectionne 50 spécifiques,
03:30 qui viennent faire la saison avec nous, qui sont dans l'équipe,
03:32 et chaque mécanicien fait 3-4 meetings par saison avec nous,
03:36 et voilà, donc on en emmène à chaque fois sur les meetings,
03:39 on est une équipe d'une dizaine de personnes,
03:41 mais l'équipe dans son ensemble c'est 50 mécaniciens.
03:43 – On nous a rencontré déjà hier soir, on a eu l'occasion d'en voir un petit film,
03:47 et on s'aperçoit qu'en fait, on n'imagine pas,
03:50 mais il y a une foule de personnes qui travaillent autour,
03:52 chacun avec un métier bien spécifique,
03:54 il y a le spécialiste moteur, le spécialiste armement, le spécialiste…
03:59 – Pour faire voler un avion, ce qu'on a coutume de dire dans l'armée de l'air,
04:03 c'est qu'il faut toute une armée, et ça prend vraiment son sens au Rafale-Sauvé-Display,
04:07 où on fait venir chaque mécanicien un rôle spécifique,
04:11 donc comme vous l'avez dit, il y a un mécanicien qui va s'occuper des moteurs,
04:13 spécialiste des moteurs, un mécanicien qui sera spécialiste de l'armement,
04:16 un mécanicien plutôt spécialiste de la cellule,
04:19 donc ça c'est la partie mécanique, mais il faut savoir également,
04:21 pour pouvoir se déplacer, pour venir amener les avions sur les meetings,
04:25 et pour pouvoir faire nos missions au jour le jour,
04:27 parce que pour faire les meetings, moi il faut que je m'entraîne
04:30 pendant la période hivernale, on a vraiment tous les métiers de l'armée de l'air
04:35 qui sont là pour justement nous permettre de voler,
04:38 donc ça part effectivement du mécanicien qui est au plus proche de l'avion,
04:41 mais on a également des contrôleurs aériens,
04:43 on a des agents administratifs également,
04:46 qui s'occupent de toute la partie administrative,
04:48 on a tout ce qui est la partie hôtellerie,
04:50 donc vraiment c'est un ensemble de personnel
04:53 qui a pour vocation de faire voler nos avions.
04:56 - Et c'est une véritable famille en fait,
04:58 parce qu'il y a une fraternité poussée à son maximum,
05:02 parce que vous mettez votre vie entre leurs mains en fait,
05:05 vous dépendez totalement d'eux.
05:06 - Alors, il y a des liens très particuliers,
05:08 effectivement, notamment avec nos mécaniciens,
05:11 mais également au sein de l'armée de l'air,
05:13 on a un esprit de corps, chez tous les aviateurs,
05:16 on est dans l'armée de l'air, qu'on soit pilote ou pas pilote,
05:20 on est qualifié d'aviateur,
05:21 donc c'est vraiment un esprit qu'on a,
05:23 et une cohésion qu'on a dans l'armée de l'air,
05:25 où tout le monde a le même objectif,
05:27 c'est de faire voler nos avions et de remplir la mission,
05:30 et ça crée vraiment et ça soude un esprit de corps
05:33 avec tous les personnels de l'armée de l'air.
05:35 - Alors là, vous nous parlez de démonstration, de meeting,
05:38 c'est beau, ça fait rêver, mais il n'y a pas que ça quand même,
05:41 votre métier c'est aussi l'opérationnel,
05:43 c'est aussi des missions de combat.
05:45 - Exactement.
05:46 - Alors, je crois avoir compris qu'il n'y a plus de duel aérien,
05:50 comme dans Top Gun,
05:52 mais vous-même vous avez participé à plusieurs missions,
05:56 un peu partout dans le monde.
05:58 - Alors en tant que pilote de chasse, effectivement,
06:00 avant d'arriver au Rafale sur le Display,
06:02 qui est quelque chose qu'on fait plutôt en fin de carrière,
06:04 on a toute une partie opérationnelle,
06:06 comme tous les pilotes de chasse de l'armée de l'air,
06:08 et même les pilotes de transport,
06:10 tous les pilotes de l'armée de l'air,
06:12 hélicoptères, transport et chasse,
06:14 moi j'ai fait toute une partie de ma carrière
06:17 en escadron opérationnel,
06:18 et donc à ce titre, effectivement,
06:20 on a été déployé sur les théâtres d'opération
06:23 où l'armée de l'air se déploie.
06:25 - C'est-à-dire, par exemple, quelques exemples ?
06:27 - Les exemples récents, c'est tout simplement l'actualité,
06:30 donc on a été déployé dans le cadre du conflit en Irak,
06:35 en Syrie, également en Afrique, voilà.
06:38 - Très bien.
06:39 Dans le cadre de votre déplacement ici,
06:41 avec l'association Milice au rire,
06:43 vous avez rencontré du monde déjà,
06:45 et je crois savoir que juste avant de venir ici,
06:47 vous avez rencontré des jeunes d'une classe de CMA,
06:49 et j'ai pu comprendre que vous étiez vous-même
06:52 très étonné par les questions qui vous ont été posées.
06:54 Ils sont très curieux et très intéressés,
06:56 et très au fait déjà de ce que vous faites.
06:59 - C'est très surprenant, effectivement.
07:01 J'ai eu la chance de pouvoir rencontrer
07:03 des jeunes enfants dans une école ce matin.
07:06 - CMA, ça devient 11 ans, quoi.
07:09 - Même plus jeune, oui,
07:11 je pense qu'ils devaient avoir une dizaine d'années,
07:13 9-10 ans, et j'ai trouvé un engouement
07:18 et une curiosité sur mon métier,
07:23 et plus largement sur le métier des armes.
07:26 Ils avaient énormément de questions à poser,
07:28 des questions très pertinentes pour leur âge,
07:31 et c'était vraiment un moment très sympa d'échange avec eux.
07:35 - Vous avez dit qu'il y en a même un qui vous a demandé
07:37 combien vous touchiez par mois, c'est ça ?
07:39 - Exactement.
07:40 - À cette âge-là, c'est déjà...
07:43 C'est quoi la suite de votre programme ?
07:46 - Ici, je reste une dizaine de jours.
07:49 L'idée, c'est d'aller à la rencontre des jeunes.
07:52 On va visiter des écoles pour aller voir,
07:56 plus particulièrement les jeunes,
07:58 parce que c'est vraiment...
08:00 Et moi, je suis vraiment attaché à ça,
08:02 c'est d'aller voir notre jeunesse
08:04 et pouvoir partager, expliquer ce qu'on fait.
08:07 C'est un métier qui est, au bilan, pas très connu,
08:10 qui est connu à travers des films,
08:12 donc qui peuvent un peu déformer la réalité.
08:14 - Qu'est-ce que vous pensez de Top Gun ?
08:16 - Alors moi, je suis beaucoup plus Top Gun 1
08:19 que Top Gun 2.
08:20 - Donc Top Gun 2, c'est quoi les défauts ?
08:23 - Non, Top Gun 2, c'est un très bon film.
08:25 C'est un très bon film d'action.
08:27 - Mais ça reflète vraiment la vie d'un pilote ?
08:30 - Alors, ça reste un film, donc bien évidemment,
08:33 il y a...
08:34 - C'est romancé.
08:35 - C'est romancé.
08:36 En revanche, ça se rapproche vraiment de la réalité,
08:39 notamment sur l'aspect technique.
08:41 Il y a des choses qui sont réelles,
08:43 mais qui sont un petit peu augmentées,
08:45 qui sont un petit peu surjouées
08:47 pour un effet cinématographique,
08:49 mais on n'est vraiment pas loin de la réalité.
08:52 - Très bien.
08:53 Il y a quelques années de ça,
08:55 il y avait deux Rafales qui étaient venus à La Réunion.
08:58 Avant de vous demander quand est-ce que vous allez revenir,
09:01 La Réunion, c'est pas à côté de la France,
09:04 c'est à plus de 10 000 km.
09:06 Comment est-ce qu'on vient à La Réunion ?
09:09 - Alors, on peut venir en Rafale sans problème,
09:12 de la France jusqu'à La Réunion.
09:14 La seule chose qui, nous, nous contraint, c'est le carburant.
09:17 Contrairement à un avion de ligne
09:19 qui peut emmener énormément de carburant
09:21 dans ses ailes et dans ses soutes,
09:23 nous, sur Rafale, on a un avion qui est plus petit
09:26 et donc on emmène moins de carburant.
09:28 Donc pour ce faire, nous, on utilise un avion ravitailleur
09:31 qui est en fait un avion de ligne modifié
09:33 et qui nous permet...
09:34 C'est une station service volante.
09:36 - Une Airbus A330, je crois.
09:38 - Exactement.
09:39 Maintenant, dans l'armée de l'air,
09:41 on a des Airbus A330 MRTT
09:42 qui sont des avions ravitailleurs, mais pas que.
09:45 Et donc, on suit cet avion pendant tout le trajet
09:48 et très régulièrement, ponctuellement,
09:50 eh bien, on vient ravitailler, refaire le plein sur cet avion.
09:53 - Combien d'avions ?
09:54 - Oui, je pense que pour venir à La Réunion,
09:56 il y a entre 5 et 6 ravitaillements au vol
09:59 pour pouvoir...
10:00 - Donc vous mettez à peu près, grosso modo,
10:02 le même temps qu'on mettrait un avion de ligne.
10:05 - On mettrait, c'est ça, exactement à peu près
10:07 le même temps qu'un avion de ligne.
10:09 - Et en temps normal, un rafale,
10:12 ça peut aller jusqu'à quelle vitesse ?
10:15 - Alors, le rafale, c'est...
10:17 peut voler à sa vitesse maximum, à Mach 1,6.
10:20 Ça veut dire 1,6 fois la vitesse du son,
10:22 donc il est supersonique.
10:24 Mais c'est une vitesse à laquelle
10:26 on consomme énormément de carburant.
10:28 C'est plutôt une vitesse qu'on va utiliser
10:30 dans des phases tactiques.
10:31 - En combat.
10:32 - Voilà, en combat, au jour le jour et sur des transits.
10:34 C'est comme en voiture, plus on accélère,
10:36 plus on va vite, plus on consomme.
10:38 Dans l'aviation, c'est exactement pareil.
10:40 Donc on va voler à une vitesse économique
10:43 qui se rapproche à peu près des vitesses d'un avion de ligne.
10:46 - D'accord.
10:47 Et donc maintenant, ma dernière question,
10:49 quand est-ce qu'on reverra des rafales
10:51 dans le ciel de La Réunion ?
10:52 - Ah, ben, ça, j'espère bientôt.
10:54 Bientôt.
10:55 En tout cas, c'est certain que des rafales
10:57 vont revenir à La Réunion.
10:58 Après, je peux pas vous donner de date encore,
11:00 mais en tout cas, c'est...
11:02 c'est quelque chose qui est très fortement envisagé
11:05 dans un futur proche.
11:07 - Merci, Bubu.
11:08 - Merci à vous.
11:09 Merci à vous.
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