Sahel : apparition vidéo du chef d'Al-Qaïda et l’EI contrôle une base de l’armée malienne
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00:00 Et bonjour à tous, les derniers jours des soldats français au Niger.
00:05 La jeunte annonce que tous les militaires auront définitivement quitté le pays d'ici
00:10 au 22 décembre, dans moins de 10 jours.
00:12 Il ne reste qu'environ 150 soldats sur place, envoyés pour contrer les groupes djihadistes.
00:17 C'était également le cas au Burkina et au Mali.
00:20 Les groupes terroristes continuent de s'étendre dans le Sahel et on s'y arrête avec vous
00:24 Wassim Nasser.
00:25 Bonjour Wassim.
00:26 D'abord parce que le JNIM a diffusé une vidéo de son chef, Fiyad Akghali.
00:30 C'est la première vidéo depuis 2017.
00:32 Pourquoi maintenant et que faut-il en retenir ?
00:34 Donc effectivement, première vidéo, discours en vidéo en tout cas depuis 2017.
00:38 Le dernier était quand il a annoncé la création du JNIM, donc ce regroupement de groupes djihadistes
00:43 au Sahel.
00:44 On l'avait vu après la libération de Sophie Petronin, mais il ne s'était pas exprimé
00:47 en vidéo.
00:48 Et ça, c'est devenu possible parce qu'il n'est plus possible de le cibler par les
00:52 forces françaises, sachant qu'il était cible numéro un, que ce soit au sol ou par
00:56 les airs et que les Américains, toujours présents au Niger, n'ont pas mandat pour
00:59 frapper au Mali.
01:00 Donc il a une plus grande liberté d'action et d'activité.
01:03 Quelques points importants dans son discours.
01:06 Il a dit qu'on est dans une nouvelle période du djihad, cette fois contre les jeunes au
01:10 Mali, Burkina Faso, Niger, en les nommant, et leurs nouveaux alliés, donc les Russes.
01:17 Il était très clair là-dessus.
01:18 Il a dénoncé des massacres commis, que ce soit au Mali ou au Burkina Faso, par exemple
01:25 dans le Massinat, à Arbinda.
01:26 Il a mentionné vraiment les localités peules qui ont été visées, mais aussi les localités
01:31 touareg et arabes dans le nord visées dernièrement, avec la montée de Wagner aux côtés de l'armée
01:35 malienne dans le nord.
01:36 Évidemment, il n'a pas mentionné les massacres ou les exactions commis par le JNIM, que ce
01:41 soit au Mali ou au Burkina.
01:44 Mais ce qui est intéressant aussi, c'est qu'il a aussi mentionné le fait que les
01:48 populations locales se retrouvent, ce sont ces mots, entre l'enclume des extrémistes,
01:53 des roulades en arabe, donc là il parle de l'État islamique, groupe rival, et le marteau
01:58 de Wagner.
01:59 Donc il tacle d'une certaine manière l'ennemi de toujours l'État islamique et Wagner en
02:03 même temps.
02:04 Il a mentionné les dernières attaques du groupe qu'on a décrypté ici il y a quelques
02:08 semaines à Niafunke, au Mali et à Djibo, et puis il y a eu trois lettres, on va dire.
02:14 Il a dit qu'il prépare le nouveau combat avec beaucoup de recrues, parce que qui dit
02:18 exactions dit plus de recrues pour les groupes djihadistes.
02:22 Il dit aussi qu'après 10 ans d'implication de la France et plus de 60 États, maintenant
02:27 il cherche les Russes, la Russie sera vaincue, ce sont ces mots.
02:30 Donc vraiment, une nouvelle phase de recrutement et d'embrigadement en vue de ce qui s'y
02:35 passe.
02:36 Il a parlé particulièrement au premier ministre malien Shogel Maïga en lui disant
02:40 il n'y a pas de négociation au sujet de l'application de la Sharia.
02:43 Et là ça dynamite en tout cas toutes les tentatives de négociations entreprises par
02:47 Babanko et par Maïga et lui-même.
02:49 Mais il dit aussi notre combat n'est pas pour plus d'autonomie et d'égalité entre
02:54 le Nord et le Sud.
02:55 Donc il tacle aussi les factions rebelles, la bataille de Kidal dont on a parlé et qu'on
02:59 a dit que le JNIM, donc lui-même, avait abandonné les groupes rebelles, parce que ce n'est
03:03 pas le même combat.
03:04 Il prend l'occasion de les tacler en même temps.
03:06 Il termine son discours avec plus de deux minutes sur Gaza.
03:09 Et c'est intéressant parce que ça cadre l'enregistrement dans le temps.
03:13 Il dit on est à la neuvième semaine de guerre à Gaza.
03:15 Donc il a enregistré il y a quelques jours.
03:17 Évidemment, il dit, il soutient les Gazaouis.
03:20 Il nomme pas le Hamas fidèle au dogme d'Al Qaïda, qu'il nomme pas le Hamas allié de
03:25 l'Iran.
03:26 Il n'a pas nommé le Qassam comme ça peut arriver des fois, donc la faction militaire
03:29 du Hamas.
03:30 Et là, il a été très dur dans les mots contre Israël, évidemment, et en soutien
03:34 au Moudjahidin, comme il a dit, à Gaza.
03:37 Revenons sur les reproches qu'il formule contre le groupe Etat islamique, son grand
03:41 rival qui s'implante aussi au Mali.
03:43 Il a récemment pris une des bases redoutées imprenables dans le pays.
03:48 Absolument.
03:49 Donc il a essayé de contrer l'Etat islamique à Menaka.
03:52 Il a échoué.
03:53 Et là, on a vu il y a dix jours exactement, le 3 décembre, la prise de la base de l'Abé
03:57 Zenga.
03:58 Vous voyez l'architecture de la base.
04:00 C'est une base construite par Barkhane, par l'armée française, suivant le modèle
04:04 Vauban, architecte militaire, sous lui, 14.
04:08 Donc, base réputée imprenable de par ses capacités défensives architecturales.
04:13 Mais s'il n'y a pas de militaires à même de la défendre, la preuve a été prise par
04:18 l'Etat islamique.
04:19 L'agent malien a nié cela, sauf que l'Etat islamique a très vite diffusé des photos.
04:23 On va les voir.
04:24 Il y a une vingtaine de photos qui décortiquent un peu le début de l'attaque et son déroulement
04:30 dans cette base.
04:32 Donc, évidemment, les photos vont apparaître.
04:35 L'attaque commence avec un rassemblement.
04:38 Et là, on voit encore une fois, comme on l'a dit au début de chronique, ils ne sont
04:41 pas inquiétés par des forces aériennes ou des forces spéciales au sol.
04:44 Donc, ils arrivent à se rassembler.
04:45 Début de l'attaque contre la base, qu'on voit en fond, deuxième plan.
04:49 Rentrée dans la base, on voit la mitrailleuse lourde 12-7 sur moto pour se déplacer vite
04:54 et éviter les drones de fabrication turcs qui ont été efficaces contre les factions
04:57 rebelles à Kidal.
04:58 Là, on voit la mitrailleuse sur la moto.
05:01 Là, ils sont dans la base.
05:03 On va voir comment ils vont évoluer après dans la base.
05:05 Et là, on voit, par exemple, un 4-4 de fabrication chinoise, nouvellement en dotation chez l'armée
05:12 malienne.
05:13 C'est intéressant de le voir.
05:14 Il y en a deux parce qu'on se demande souvent d'où les djihadistes ont leur armement.
05:17 Voilà, ils le récupèrent dans les bases, que ce soit de l'armée malienne.
05:21 - Base vide.
05:22 - Base vide, là, c'est un 4-4 de donation qatarie, par ailleurs, à l'armée malienne.
05:27 Et on voit qu'après, une fois l'attaque terminée, ils brûlent la base pour la simple
05:32 raison de créer le vide, empêcher les militaires de revenir rapidement.
05:36 Et surtout, le but principal, il y a deux buts d'une attaque comme ça, créer le vide,
05:41 occuper le terrain.
05:42 Ils se retirent après de la base, ils la brûlent.
05:44 Mais aussi et surtout récupérer munitions, carburants, véhicules.
05:49 Et la dernière fois, on se demande comment ils se ravitaillent.
05:53 Et le fait est aujourd'hui que même si Bamako a réussi contre les factions rebelles
05:57 à Kidal, donc ses opposants rebelles, qui avaient un certain projet politique pour le
06:03 Nord, aujourd'hui, ils se retrouvent face à deux groupes djihadistes rivaux, Al Qaïda
06:07 et l'État islamique, qui ne cessent d'augmenter leur rayon d'action au Mali et au Sahel.
06:11 - Et là, on est où la guerre entre Bamako et les rebelles touaregs dans le Nord ?
06:15 - Bamako se maintient à Kidal, sauf que, très bonne question,
06:19 on avait dit la dernière fois qu'on en a parlé de Kidal, que les opérations d'Al Qaïda
06:22 se sont arrêtées 15 jours avant la prise de Kidal.
06:24 Là, il y a quelques jours, Al Qaïda aussi a repris ses opérations à Kidal contre l'armée malienne.
06:29 Donc évidemment, l'armée malienne va faire face aux factions rebelles et aux factions djihadistes dans cette zone.
06:34 On va voir combien de temps ça va se maintenir.
06:36 J'ai oublié de dire qu'à la Bézenga, c'était peut-être le premier affrontement entre les djihadistes
06:42 de l'État islamique et Wagner, qui étaient présents sur cette zone.
06:45 Et c'était la preuve qu'aucune trêve ne tient entre l'État islamique et les gouvernements locaux,
06:50 parce qu'Obama était en trêve avant cette attaque avec l'État islamique.
06:53 - Détail important. Merci beaucoup.