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Après la liquidation judiciaire de l'entreprise historique du BTP Fondeville, c'est tout le secteur qui alerte et demande un plan de relance pour les artisans du bâtiment et des travaux publics. Petites et grandes entreprises voient leur nombre de chantiers considérablement diminuer. Le président de la Fédération du BTP dans les Pyrénées-Orientales était l'invité de France Bleu Roussillon ce mardi.

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Transcription
00:00 Mais avant vous parlez la semaine dernière de Fondville, ce fleuron du BTP catalan placé en liquidation judiciaire.
00:06 L'entreprise va donc fermer et en creusant un peu on s'est rendu compte que c'est toute la filière du BTP qui va mal dans le département.
00:12 C'est un secteur économique important dans les Pyrénées-Orientales, 8000 emplois au total.
00:17 Alors notre invité ce matin, l'invité de France Bleu Roussillon, Suzanne Chaudjaï, c'est le président de la fédération départementale du BTP.
00:23 Bonjour, bonjour Laurent Maturana.
00:25 Bonjour et merci à vous.
00:27 Un mot quand même sur la liquidation de Fondville, c'est l'entreprise qui a construit notamment l'hôpital de Perpignan, le théâtre de l'archipel ou le mémorial de Rivezalt.
00:36 Comment s'est vécu chez les professionnels du secteur du BTP ? Est-ce que c'est un choc ?
00:41 Bien sûr c'est un choc, ça a été pendant des années un fleuron mais je crois que le sujet aujourd'hui,
00:48 au-delà de toutes ces constructions historiques, c'est l'état de toutes les autres entreprises aussi.
00:55 Vous voulez dire que c'est symbolique en fait ?
00:57 Non, pas symbolique, il faut le prendre quand même au sérieux, mais je crois que le sérieux c'est aussi tous les autres,
01:05 puisqu'on dénote 114 entreprises référencées au tribunal des commerces déjà.
01:11 Oui, 114, ça représente un quart des entreprises suivies par le tribunal de commerce, donc soit pour redressement, liquidation, procédure de sauvegarde.
01:19 Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi aujourd'hui ? Qu'est-ce qui se passe ?
01:22 Aujourd'hui ce qui se passe c'est dans un premier temps le cumul des années et des contraintes depuis le Covid.
01:30 Quelles contraintes ?
01:32 Le Covid déjà,
01:34 le moralement qui a été mal pris par les gens, moins de rentabilité, il faut en parler aussi,
01:45 les gars, les entrepreneurs, ils ont subi moralement ce Covid,
01:51 l'inflation derrière des matières premières bien entendu qui a impacté nos marges et fortement nos trésoreries,
01:58 et tout simplement une inflation qui a duré pendant des années et des années, plus les taux d'intérêt qui ont augmenté,
02:05 de là une guerre aux portes de l'Europe,
02:09 des matières premières de moins à moins accessibles, des délais de livraison de plus en plus compliqués.
02:15 La guerre en Ukraine, c'est ce à quoi vous faites référence ?
02:18 Oui, bien sûr.
02:20 Voilà, tout ça, ça a impacté notre secteur.
02:24 Et du coup le nombre de chantiers diminue, c'est ça ?
02:26 Aujourd'hui c'est différent, c'est qu'aujourd'hui pour remédier à tout ça, il nous manque le volume, le volume de chantiers.
02:34 Pourquoi ? A cause d'une politique du logement, de la France qui ne répond pas aux attentes des Français tout simplement.
02:44 Oui, l'accent est davantage mis sur la rénovation des logements existants plutôt que sur la construction d'une neuf.
02:50 En même temps c'est un problème écologique, c'est un problème... c'est normal que le gouvernement fasse ce choix, non ?
02:56 Mais l'écologie, l'environnement c'est très très important,
03:00 et je crois que le secteur du BTP n'a jamais été aussi vertueux et résilient depuis 20 ans.
03:06 Tout a été mis en place, aujourd'hui on travaille dessus encore pour rendre le logement autonome.
03:13 Le problème c'est qu'aujourd'hui on ne pourra pas loger tous les Français demandeurs de logement dans la réhabilitation, c'est pas possible.
03:23 Donc quand le gouvernement met le paquet entre guillemets sur la prime rénov' par exemple pour rénover les logements existants,
03:30 rénover les passoires énergétiques, vous trouvez que c'est une erreur ?
03:33 Quand on voit les chiffres de la prime rénov' et des subventions à utiliser, on s'aperçoit que c'est un échec.
03:38 Ça ne donne pas à manger à tous les salariés, le BTP, que le bâtiment en seul c'est 8 000 salariés,
03:45 et avec le TP c'est 10 000 dans le département, automatiquement la rénovation ne donnera pas à manger à tout le monde.
03:53 Et quand on voit que dans le département, par exemple ici dans les Pyrénées-Orientales, on manque d'eau,
03:58 donc il y a des politiques qui sont décidées pour limiter l'artificialisation des sols, limiter le nombre de constructions neuves,
04:06 ça aussi vous trouvez que ça va dans la mauvaise direction ?
04:09 Non, bien au contraire, parce que là, mon bureau sur les Pyrénées-Orientales et moi-même sommes très acteurs là-dessus,
04:19 on a été beaucoup sollicités par le préfet et le sous-préfet, on travaille dessus, on a fait une convention dédiée à ces problématiques-là.
04:30 Je crois que c'est demain, je crois qu'aujourd'hui il y a plein de choses qui peuvent basculer,
04:36 la confiance des gens à retrouver de l'investissement, on s'aperçoit que tout se stabilise,
04:42 les pompes deviennent baisses, le baril du pétrole baisse.
04:47 Mais les taux d'emprunt sont encore très élevés ?
04:49 Ça va baisser, ça va baisser, il faut y croire, j'ai beaucoup échangé avec le président et le directeur lors de la convention,
04:59 et il y a un taux plancher qui va arriver dans les six mois à venir j'espère, et qui relancera très rapidement le BTP.
05:11 France Bleu Roussillon, l'invité du 6/9.
05:14 Il est 7h50, Suzanne Chaud, notre invité sur France Bleu Roussillon, Laurent Maturana, président de la fédération du BTP dans les Pyrénées-Orientales.
05:22 Vous évoquiez tout à l'heure l'inflation qui est vraiment une chape de plomb sur les entreprises du BTP,
05:27 est-ce que vous avez un exemple pour qu'on se rende compte du prix de quelque chose qui aurait flambé en l'espace de quelques mois ?
05:34 L'acier a été multiplié par 3 très très rapidement après le Covid, dès qu'il y a eu cet impact sur la guerre en Ukraine, ça a été multiplié par 3.
05:49 Alors dans ce contexte difficile on l'a compris, on a vu apparaître ces dernières années beaucoup d'auto-entrepreneurs dans ce secteur,
05:56 est-ce qu'ils ont raison selon vous de se mettre à leur compte ? Est-ce qu'ils ont plus de chances de survivre en étant auto-entrepreneurs ?
06:03 Alors, il faut... voilà. L'auto-entrepreneur, je crois que le départ de l'auto-entrepreneur c'était une bonne référence,
06:15 c'était de mettre tous ces jeunes en activité pour devenir artisans.
06:20 Aujourd'hui la richesse, notre savoir faire sur le territoire, ça passe par l'artisanat.
06:28 Et aujourd'hui on s'aperçoit que l'auto-entrepreneur est devenu un modèle, un modèle de travail,
06:36 et il n'a pas les mêmes charges qu'un artisan, il ne forme pas, donc ça pose problème.
06:44 J'ai l'impression qu'aujourd'hui on est plus sur la légalisation du travail déloyal.
06:51 Donc c'est pas cette forme-là d'entrepreneuriat qui va sauver le BTP ?
06:56 Non. Aujourd'hui je crois qu'on a besoin de retrouver du bon sens, de redonner à l'artisanat son savoir faire,
07:05 former, insérer, pour les années à venir, ou sinon il nous manquera, on va détruire un secteur,
07:12 comme on a détruit l'industrie il y a 20 ans, on est en train de détruire le secteur du BTP à cause de problématiques.
07:23 Et l'auto-entrepreneur en fait partie.
07:25 Alors ça fait plusieurs mois que dans ce contexte-là vous appelez le gouvernement à des aides,
07:30 qu'est-ce que vous demandez exactement ? Est-ce que vous demandez des aides exceptionnelles comme pendant le Covid ?
07:36 Non, je crois que le secteur n'est pas habitué à demander des aides.
07:43 Nous ce qu'on veut c'est du travail, c'est des chantiers.
07:47 L'État a distribué quand même de l'argent sur les donneurs d'ordre publics,
07:54 que ce soit le plan pendant le Covid, sur l'investissement, tout ça,
08:01 il faut que cet argent sorte, que les idées de chantier sortent,
08:04 et aujourd'hui il faut que ça sorte vite.
08:06 Je ne suis quand même pas que pessimiste, je suis optimiste de nature,
08:14 il y a quand même des gros chantiers structurants dans le département qui sont sur la route,
08:21 notamment le centre pénitentiaire et le palais de justice.
08:24 Il faut parler aussi du gros travail qu'a effectué le préfet avec la mairie de Perpignan et le maire sur le coeur de ville,
08:33 où enfin on va voir en 2024 les premiers coulages de béton, je crois que c'est important.
08:42 Et je crois que, comme je l'ai dit tout à l'heure, ça fait 4 ans depuis le Covid,
08:49 où on cumule les charges, on cumule les contraintes, on cumule les nouvelles lois, les nouvelles normes,
08:58 même si on parle d'allègement des normes, aujourd'hui on ne le ressent pas dans nos entreprises.
09:04 Je crois que c'est une confiance qu'il faut retrouver, il faut aller de l'avant, proposer,
09:10 et être force de proposition pour construire notre territoire surtout.
09:15 Et le BTP, vous l'avez dit, dans les Pyrénées-Orientales, ça représente 10 000 emplois.
09:18 Merci beaucoup Laurent Maturana d'être venu nous expliquer vos problématiques,
09:23 vous êtes le président de la fédération du BTP dans le département.
09:26 A bientôt ! - Merci à vous.

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