Une mobilisation régionale contre la réforme du lycée professionnel est organisée ce mardi 12 décembre à Besançon. Les enseignants craignent une évolution qui ne va pas concrètement dans le sens des élèves.
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00:00 du lycée professionnel ne fait pas que des heureux. Un appel à la grève est relayé
00:03 par six syndicats en Franche-Comté. On en parle avec l'invité d'ici matin, Alexandre
00:07 Lepers.
00:08 Bonjour Alexandre Lambert.
00:09 Bonjour.
00:10 Vous êtes enseignant au lycée Germain-Tillon de Montbéliard, professeur de lettres et
00:14 d'histoire géoprécisément dans la filière automobile, la filière professionnelle. Pourquoi
00:18 tout simplement cet appel collectif à la grève est partagé par une grande partie des syndicats ?
00:22 Tout simplement parce qu'on estime qu'aujourd'hui la réforme menée par le gouvernement et notamment
00:31 par Caro de Grandjean, c'est une réforme qui ne sert pas les intérêts des élèves
00:36 ni des personnels, contrairement à ce qui est dit. C'est au contraire pour former
00:42 des élèves qui seront une main d'œuvre, qui sera employable quasi immédiatement une
00:47 fois le bac terminé et on a tendance à vouloir absolument certifier plutôt qu'enseigner.
00:55 Et là c'est quand même un problème.
00:56 Parce que c'est le cœur du problème, Alexandre Lambert, cette réforme. Le cœur du problème
01:00 selon vous c'est qu'il y aurait moins de cours, plus de stages, pour résumer très
01:03 brièvement cette réforme du lycée professionnel. Ça vous gêne ça ?
01:06 Oui, c'est-à-dire qu'on a moins d'heures de cours, plus de présence en entreprise,
01:13 donc ce qui est quand même problématique parce qu'en fait le volume horaire n'a
01:17 pas arrêté de baisser depuis plusieurs années. On se souvient de la transformation
01:21 de la voie professionnelle enclenchée par Jean-Michel Blanquer, ça avait déjà enlevé
01:26 pas mal d'heures. Cette réforme en enlève encore.
01:29 Vous pensez que ça pourrait faire comme la réforme du lycée avec des épreuves qui
01:33 étaient anticipées au mois de mars, on est revenu finalement à des épreuves au mois
01:36 de juin, ça peut être la même chose pour la filière professionnelle avec trop d'absentéisme
01:40 ?
01:41 Oui, c'est entre autres ça et puis un parcours qui serait différencié en terminale
01:47 entre ceux qui souhaitent intégrer un BTS et puis une possible mise en stage des élèves,
01:55 ils auraient le choix entre les deux. Il est évident que si le fameux stage est rémunéré
02:00 donc au mois de juin, je pense que très peu d'élèves vont se présenter à la préparation
02:05 BTS, ils vont chercher à gagner un petit peu d'argent pour les vacances, ça c'est
02:10 relativement logique donc ça risque de créer un appel d'air.
02:13 Il est 7h48, on parle de la réforme des lycées pros avec l'invité ici matin Alexandre
02:17 Lombert, enseignant au lycée Germaine-Tillyon de Montbéliard.
02:20 La réforme, pourtant il pourrait y avoir un débat avec notamment cette lutte contre
02:25 le décrochage scolaire au lycée, vous en parlez ? Je vous propose d'écouter l'avis
02:28 de Cassandre Lemoeuf, co-doyenne des inspecteurs de la voie professionnelle au rectorat de
02:32 Besançon.
02:33 On va avoir un parcours différencié mais simplement à partir de début juin qui permettra
02:39 soit de choisir d'aller plus vers l'insertion professionnelle soit de se préparer à la
02:44 poursuite d'études.
02:45 Donc ce seront 6 semaines qui seront soit des stages en entreprise, soit des consolidations
02:51 justement pour ne pas être en décrochage au niveau du supérieur.
02:54 L'idée elle est vraiment là, elle est de favoriser l'insertion professionnelle.
02:58 On ne favoriserait pas l'insertion professionnelle selon vous Alexandre Lombert ?
03:01 Ce que j'entends surtout c'est que c'est un constat d'échec puisque ça veut dire
03:07 qu'arrivés au terme pratiquement du bac pro en 3 ans, l'élève n'est quand même
03:13 pas prêt.
03:14 Il n'est pas prêt à aller en entreprise et il n'est pas non plus prêt à aller
03:16 en BTS.
03:17 Donc la réforme elle se contredit un petit peu à ce niveau-là.
03:21 Et il faut savoir qu'un lycée professionnel c'est avant tout une école.
03:26 Donc on est aussi là pour former des citoyens et il ne faut pas être obsédé par uniquement
03:34 le côté travail en entreprise.
03:36 Les entreprises aussi doivent participer évidemment à cette formation.
03:42 Il faut une réforme quand même selon vous Alexandre Lombert enseignant au lycée Jamentillon
03:45 de Montbéliard ? Une réforme différente peut-être que ce qui est proposé ?
03:48 Le SNUEP FSU propose un contre-projet dans lequel il y a davantage d'heures que ce soit
03:57 en bac pro ou en CAP mais dans lequel l'élève n'est pas vu comme une main d'oeuvre employable
04:04 tout de suite à court terme si vous voulez.
04:07 Ça sert malheureusement à masquer des problèmes en disant qu'en gros on mettra ces élèves-là
04:12 sur les métiers qui sont actuellement en tension et puis voilà ça va s'arrêter là.
04:17 Sauf que l'élève il ne faut pas penser les choses à court terme.
04:20 Le diplôme n'est pas quelque chose qui se pense à court terme.
04:23 Dans votre sens, dans ce débat autour du lycée pro, on entendait ce matin dans un
04:27 reportage sur France Bleu Belfort Montbéliard une enseignante de lycée pro aussi qui nous
04:30 disait qu'on stigmatise les jeunes des milieux populaires pour les mettre dans des métiers
04:34 en tension.
04:35 Vous partagez aussi ce constat ? Vous parlez un peu aussi de mépris des jeunes ? Vous
04:39 avez l'air de l'évoquer.
04:40 C'est-à-dire que ça représente quand même le lycée professionnel, c'est à peu près
04:45 un tiers des jeunes français et il faut savoir qu'en France malheureusement la voie professionnelle
04:51 est parfois pointée du doigt parce qu'on a l'impression que c'est un peu une voie de
04:54 garage, c'est en gros je prends professionnel parce que je ne peux pas aller en général.
04:59 Et ce genre de réforme, ça continuera de stigmatiser effectivement les élèves parce
05:04 qu'on va se dire de toute façon ils sont là pour travailler tout de suite après le
05:07 bac, donc on ne se pose pas de questions, on les met au travail en entreprise, un point
05:11 c'est tout.
05:12 C'est quand même une vision extrêmement réductrice de nos élèves.
05:16 Il y a pourtant une envie Alexandre Lambert, on entendait aussi ce matin sur notre antenne
05:20 le témoignage d'une jeune lycéenne qui nous disait qu'il préférait en gros aller
05:24 directement travailler et ne pas rester assis en cours.
05:27 Vous avez beaucoup ce constat des jeunes que vous disent, les jeunes justement de votre
05:31 lycée ?
05:32 Bien sûr, mais j'ai envie de vous dire, on a tous été à l'école, moi aussi des
05:36 fois j'avais du mal à tenir sur une chaise, donc ça ne m'étonne pas bien sûr que c'est
05:42 un constat qu'on fait.
05:43 Mais au final les élèves il faut quand même les préparer, pas seulement à être des
05:48 professionnels mais il faut aussi les préparer à être des citoyens, des gens qui ont quand
05:52 même une culture générale, qui réfléchissent, ils vont prendre des décisions, ils auront
05:56 des responsabilités et le lycée professionnel est là aussi pour leur amener cette partie
06:02 de la formation.
06:03 En tout cas, on a bien compris Alexandre Lambert, enseignant au lycée Germaine Tillon
06:06 de Montbéla que vous êtes contre cette réforme du lycée professionnel et vos collègues
06:11 seront dans la manifestation régionale ce matin à Besançon, 9h30.
06:15 Je vous remercie de nous avoir répondu ce matin, d'avoir participé à cet échange
06:19 autour du lycée professionnel.
06:20 Bonne journée à vous, merci.