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La condamnation en appel de Coline Berry-Rojtman, accusée de diffamation par Jeane Manson, ex-compagne de son père Richard Berry, a été annulée par la Cour de cassation ce mardi.

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Transcription
00:00 Bonsoir Colline Berry-Rochman, merci d'avoir accepté l'invitation de Week-end 3D sur BFM TV.
00:05 Vous êtes actrice, vous êtes la fille de Richard Berry, vous n'êtes pas actrice.
00:09 J'avais une mauvaise information, ça commence bien.
00:11 Merci en tout cas d'être avec nous.
00:13 Bonsoir Maître Klugman, vous êtes vous bien l'avocat de Colline Berry-Rochman, je ne me trompe pas.
00:19 Parfait.
00:20 Quatre jours après l'annulation de votre condamnation pour diffamation par la Cour de cassation,
00:24 quel est votre état d'esprit ?
00:26 Il est un peu soulagé, toujours vigilant parce que cette plainte est reportée en appel,
00:32 donc je ne suis pas totalement lavée de cette condamnation, de ces accusations qui ont été portées sur moi.
00:40 Donc vous êtes modérément…
00:43 Modérément soulagée.
00:45 C'est quand même un pas important, j'imagine qui à vos yeux vient d'être franchi.
00:50 Oui, c'est un pas important parce que c'était tellement hallucinant déjà qu'on puisse porter plainte contre moi
00:57 alors que j'ai simplement dénoncé des faits dont j'ai été victime
01:00 et que cette décision de justice en diffamation a été rendue alors que l'enquête était à peine au début.
01:09 C'est-à-dire que la justice ne s'était pas encore véritablement penchée sur les accusations que vous formulez.
01:13 Tout à fait, l'enquête était en cours et c'est des enquêtes qui sont longues
01:18 alors que le temps judiciaire de l'accusation en diffamation est beaucoup plus rapide
01:23 et ça c'est un vrai problème.
01:25 Maître Klugmann, que dit précisément la Cour de cassation dans son arrêt rendu mardi ?
01:29 La Cour de cassation prend la décision de la Cour d'appel de Rion
01:34 et explique dans les termes les plus vifs que peut faire la Cour de cassation
01:38 que c'est tout ce qu'il n'aurait pas fallu faire,
01:41 que cette condamnation de Colline n'a pas lieu d'être
01:46 et donc non seulement elle l'a néantie dans toutes ses dispositions,
01:49 je vous rappelle qu'il y avait deux séries de propos poursuivis,
01:53 les uns sur le passé sectaire de Dean Manson,
01:58 enfin sur le rapportant de passé sectaire de Dean Manson,
02:01 les autres plus précisément sur les abus que Colline a dénoncés
02:06 et toute la procédure est anéantie et, signal supplémentaire,
02:12 la Cour de cassation renvoie devant une Cour d'appel
02:15 qui n'est pas celle qu'il y a une autre,
02:17 c'est une manière de dire vraiment, vous avez fait n'importe quoi.
02:20 Pour vous c'est une façon de désavouer ?
02:22 C'est comme ça que tous les juristes lisent cette décision, bien sûr.
02:28 C'est monstrueux ce qui s'est passé, je vous le dis ici.
02:32 C'est comme ça que vous le vivez aussi, pardonnez-moi,
02:34 mais c'est comme ça que vous le vivez aussi, Colline Berry ?
02:37 Vous diriez, comme votre avocat, c'est monstrueux ce qui s'est passé ?
02:41 Je l'ai vécu de façon sidérante,
02:43 c'est-à-dire que déjà que cette plainte ait lieu,
02:47 c'était déjà hallucinant de ce renversement des places
02:50 si c'était moi qui devenais coupable ou accusée alors que je venais porter plainte.
02:56 Ça a été un procès où j'ai à peu près tout subi, tout entendu,
03:00 où j'ai même été jusqu'à être giflée enceinte du tribunal par ma belle-mère.
03:05 En pleine audience.
03:06 En pleine audience.
03:07 Le procès avait été effectivement très tendu.
03:10 Mais la compagnie actuelle de votre père, vous avez adressé une gifle.
03:14 Pour laquelle elle a été condamnée d'ailleurs.
03:16 Dans la salle d'audience.
03:18 Je vous remercie de nous poser la question,
03:20 mais comment peut-on qualifier autrement une femme seule
03:26 qui dénonce ce qu'elle a le plus dur à dénoncer ?
03:28 Les abus qu'elle a subis dans son enfance,
03:31 en l'occurrence ce qu'elle a dénoncé c'est que c'était de la part de son père
03:34 et de celle qui était à l'époque sa belle-mère.
03:37 Et suite à cette dénonciation, qu'est-ce qui s'est passé ?
03:40 Est-ce qu'elle a eu de la solidarité ? Est-ce qu'elle a eu du soutien ?
03:43 Non.
03:44 Il y a un rouleau compresseur qui s'est mis en place,
03:47 qui était ce procès en diffamation, qui a été magnifiquement articulé.
03:52 C'est pas Richard Berry lui-même qui agit, c'est Jean Manson.
03:55 Elle agit dans le tribunal où elle réside, qui est une place de droit bien connue.
04:00 Au RIAC avec un avocat qui est bien connu,
04:02 on le connaissait plutôt pour avoir été l'avocat de Dieu donné,
04:05 Bâtonnier-Verdier, et tout a été fait pour la clouer au silence
04:11 et la clouer au pylori.
04:13 Je vous rappelle que Coline Berry s'était tournée vers la justice,
04:16 sachant que les faits étaient prescrits.
04:19 Qu'est-ce qu'elle a demandé à la justice ? De vérifier ses dires.
04:22 Qu'est-ce qu'a fait la justice ? Elle a vérifié ses dires.
04:25 Tous les propos que Coline Berry a dénoncés ont été vérifiés par la BRDP.
04:30 Ses propos sont crédibles et tout ce qui a pu être vérifié l'a été.
04:33 Le dossier est renvoyé devant la Cour d'appel de Lyon.
04:35 L'affaire n'est donc pas terminée, d'où votre semi-soulagement, si je puis dire.
04:39 Vous maintenez aujourd'hui toutes vos accusations ?
04:43 Oui, je maintiens et j'assume toutes mes accusations
04:46 qui ont été de toute façon qualifiées par le parquet de Paris.
04:52 Depuis la circulaire de Dupont-Moretti, même si des faits sont prescrits,
04:56 ils peuvent être qualifiés ou insuffisamment qualifiés.
04:58 Moi, ils ont été qualifiés.
05:00 Vous parliez de faits prescrits, c'est-à-dire que là, c'est l'autre procédure,
05:03 si je puis dire, c'est avoir votre plainte pour viol et agression sexuelle sur mineurs
05:07 de 15 ans par ascendant et corruption de mineurs contre votre père, l'acteur Richard Berry.
05:11 Elle avait donné lieu à l'ouverture d'une enquête qui a été classée sans suite le 31 août 2022
05:16 pour cause de prescriptions.
05:18 Vous ne pouvez donc rien faire de plus dans ce volet-là ?
05:23 Dans ce volet-là, je ne peux rien faire de plus.
05:25 J'attendais justement la reconnaissance de cette qualification,
05:28 même si je savais que les faits étaient prescrits.
05:30 Ce n'est pas tout à fait juste qu'on ne peut rien faire de plus.
05:33 Parce que la justice civile a ouvert une voie.
05:37 Quand l'action au pénal est prescrite, on regarde si le dommage qui a été subi dans l'enfance,
05:42 lui, a cessé ses effets.
05:44 Il y a eu une décision de justice importante,
05:47 qui a été ouverte par le tribunal de Paris,
05:51 dans laquelle on a considéré que le préjudice n'étant pas consolidé,
05:55 la juridiction civile restait ouverte contre l'auteur des faits.
05:58 Concrètement, ça pourrait aboutir à quoi ?
06:01 Ça pourrait aboutir à attraire devant une juridiction civile
06:06 la responsabilité de Richard Berry ou de Gene Manson
06:10 en réparation du préjudice qui est persistant.
06:13 Mais sur le plan pénal, votre père ne pourra jamais être condamné
06:18 pour les faits que vous lui reprochez et qu'il a toujours nié ?
06:21 Jamais.
06:22 Je le rappelle aussi.
06:23 Qu'il a nié publiquement.
06:25 Ça.
06:26 Ça, par exemple, c'était dans le dossier.
06:29 C'est des négations.
06:31 On sent que ça vous…
06:33 Et on peut tout à fait le comprendre.
06:36 C'est quelque chose qui, à vie, vous restera en travers de la gorge,
06:41 au minimum, ou…
06:44 Dites-nous, comment, avec le temps,
06:47 vous apprenez à vivre avec ceux-là,
06:50 avec ces faits-là dont vous accusez votre père ?
06:54 Il y a deux choses.
06:55 C'est sa dénégation et les faits.
06:57 Je vis avec, malgré tout, comme toutes les victimes,
07:03 et je me construis avec, comme je peux,
07:06 dans la douleur, pas toujours facilement et simplement,
07:11 mais quand même, pour ses dénégations.
07:14 Je lui ai tendi justement la main des dizaines de fois.
07:18 Encore récemment ?
07:20 Ah non, pas depuis la plainte.
07:23 Pour vous, c'est terminé ?
07:25 Vous avez tourné la page de la relation passée avec votre père ?
07:29 Tout à fait, oui.
07:30 C'est d'ailleurs pour ça que j'ai porté plainte,
07:32 c'est que j'ai compris qu'il n'y avait plus rien à attendre de lui.
07:36 Au fond de vous-même, la fille que vous êtes et que vous restez
07:40 n'attend plus rien de son père ?
07:43 Il n'y a plus aucun espoir d'un rapprochement ?
07:46 Colin, dans cette affaire, elle a tendu la main longtemps
07:50 et elle s'est prise une gifle.
07:52 La gifle, elle est venue au tribunal de la part de la compagne de Richard Berry,
07:56 mais ça résume parfaitement les faits.
07:58 Et vous savez, la démarche de la plainte de Colin,
08:02 qui est une démarche de désespoir,
08:03 elle fait ça quand elle sait qu'elle ne peut plus rien attendre de son père,
08:06 et donc elle demande à la justice de vérifier les faits
08:09 et ses dénonciations, ce qu'elle a fait.
08:11 Propos crédibles, tout le monde est là pour dire que tout ce que dit,
08:17 en tout cas il n'y a aucun mensonge de la part de Colin Berry,
08:20 que les faits sont crédibles, c'est tout ce que peut nous dire la justice.
08:23 Mais je vais un peu plus loin.
08:26 La procédure, la dénonciation des faits qu'elle a subi par Colin
08:32 est concomitante de l'installation de la civise, de ses travaux,
08:36 puis maintenant du rapport…
08:38 J'allais y venir. Je rappelle à l'adresse des téléspectateurs
08:41 que mi-novembre, la commission sur l'inceste a rendu ses préconisations au gouvernement
08:46 et elle souhaite rendre imprescriptibles les violences sexuelles sur les mineurs.
08:51 Comment avez-vous, Colin Berry, accueilli cette demande faite à l'État ?
08:56 Je l'accueille avec beaucoup d'espoir, de la même façon que si je viens ce soir
09:00 pour aussi témoigner, bien que ce n'est pas vraiment un exercice que j'apprécie,
09:04 c'est aussi pour pointer du doigt le fait que quand on porte plainte,
09:10 on puisse aujourd'hui être poursuivi en diffamation alors que les enquêtes sont en cours.
09:15 C'est insupportable.
09:17 Et qu'aucun fait ne peut être vérifié.
09:20 Donc il y a un problème dans la chronologie judiciaire, dans le droit, j'en sais rien,
09:24 mais il devrait pouvoir y avoir un gel des procédures de presse.
09:27 Le temps de l'enquête, c'est inadmissible, que ce soit pour les plaintes d'inceste,
09:34 toutes les femmes qui portent plainte, et on a eu le cas des femmes qui portaient plainte
09:39 contre PPDA, contre COE, c'est du coup un outil utilisé par les personnes à qui on porte plainte.
09:46 Votre père Richard Berry nie les faits que vous lui reprochez, il continue à se produire ?
09:52 Non, je n'ai pas vu récemment.
09:54 Sur scène, il s'est produit il y a peu encore.
09:57 Il n'a absolument pas l'obligation de se tenir en retrait de la vie publique,
10:02 il n'a pas été condamné.
10:04 Comment vivez-vous cela ?
10:06 Le fait qu'il puisse continuer à vivre comme bon lui semble, vous qui l'accusez d'inceste.
10:14 Je le vis comme la symbolique d'un énième affranchissement de toutes les limites morales possibles.
10:22 Mais il n'a pas interdiction de le faire, effectivement.
10:27 Vous évoquiez il y a quelques secondes les affaires PPDA, Sébastien Coé,
10:35 qui sera d'ailleurs l'invité exceptionnel de Benjamin Duhamel,
10:38 il s'exprimera publiquement pour la première fois, ce sera demain sur BFM TV, à 19h.
10:45 Je voulais pour terminer évoquer aussi le cas de Gérard Depardieu.
10:48 Que vous inspirent les réactions sur Gérard Depardieu,
11:00 qui est au cœur d'un documentaire dans lequel il tient des propos affreux sur les femmes,
11:04 à des femmes, même à propos de femmes mineures, d'une fillette dans une séquence.
11:09 Deux femmes ont déjà porté plainte contre lui pour violer pour agression sexuelle,
11:12 d'autres l'accusent aussi de violence sexuelle.
11:15 Lui nie, il continue son métier, même si c'est de plus en plus dur tout de même.
11:19 Beaucoup dénoncent une omerta dans le milieu du cinéma.
11:23 Oui, c'est vrai, c'est le cas.
11:25 Beaucoup de gens sont… C'est une omerta, c'est une lâcheté pour certains.
11:31 C'est aussi une espèce d'immunité artistique
11:34 où sous couvert de l'immense talent qu'a Gérard Depardieu,
11:39 on pourrait passer outre les comportements absolument illégaux et obscènes,
11:47 même ne serait-ce que dans les propos.
11:48 Vous faites un parallèle en disant cela avec ce que vous pensez de votre père,
11:54 qui est un artiste admiré par plein de Français,
12:00 et qui fait l'objet d'accusations terribles que vous, sa fille, formulez.
12:05 Il y a beaucoup de témoignages de gens du métier qui auraient beaucoup de choses à dire sur lui,
12:09 pas spécialement sur ce qui concerne l'affaire d'inceste,
12:13 mais mon père ne serait-ce qu'a reconnu les violences aussi qu'il a exercées sur ma mère et sur des femmes,
12:19 ce qu'il avait nié pendant à peu près 50 ans.
12:23 Donc oui, il y aurait des choses à dire.
12:26 Il y a une espèce de silence assez lâche dans le cinéma français.
12:30 Si vous me permettez, je vous insiste.
12:32 Ce sera le mot de la fin, maître.
12:33 - Oui, le mot de la fin.
12:35 Le mot d'ordre du rapport de la civise, c'est "plus jamais une victime seule".
12:39 Et pendant tout ce temps-là, nous avons été seuls, alors que la civise se réunissait,
12:43 qu'elle faisait des appels aux témoignages, qu'elle a recueilli énormément de témoignages,
12:48 et je regrette cela, puisque là on en est à dénoncer,
12:52 le Merta et celle qui sévit probablement encore dans le milieu du cinéma,
12:58 vraiment, avant que la civise ne se sépare, et alors que c'est à l'ordre du jour,
13:05 de savoir si elle ne sera pas maintenue ou dissoute.
13:07 - Ce n'est pas encore tranché.
13:08 - Voilà, ce n'est pas encore tranché.
13:09 Je pense qu'il y a, s'agissant de la parole de Coline Berry,
13:12 qui a affronté seule un rouleau compresseur pour avoir dénoncé
13:15 les faits qu'elle a subis dans son enfance, quelque chose à réparer d'urgence.
13:21 - Merci à tous les deux.
13:22 - Merci.
13:23 - Merci de nous avoir accordé cet entretien.

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