• last year
Michel Milliancourt, alias Milan, est sculpteur sur bois. Depuis plus de 30 ans, il crée des bâtons de pèlerin et, pour neo, il présente son atelier et sa passion pour le bois.

Category

😹
Fun
Transcript
00:00 Le bâton c'est déjà un symbole d'humilité.
00:02 Parce que le fait de prendre un bâton,
00:04 c'est avoir conscience qu'on a besoin de quelqu'un.
00:08 Quand on commence un bâton, on ne sait pas toujours où on va.
00:10 Et ça c'est vraiment important de se laisser porter.
00:13 Quand on a des idées préconçues sur ce qu'on va faire,
00:15 en général on se plante.
00:17 C'est moi qui suis au service de lui,
00:18 c'est pas lui qui est à mon service.
00:20 Moi j'essaye d'écouter ce qu'il me dit.
00:22 Mon boulot c'est de créer des bâtons de pèlerins.
00:24 Donc je fais des bâtons de randonnée.
00:26 Et en fin de compte, je mets les gens sur le chemin.
00:30 J'emmène les gens au bout de leur voyage.
00:33 Donc ici c'est mes bâtons que j'ai coupés cette année,
00:43 qui sont en train de sécher.
00:44 Donc j'ai des petits coins à la forêt de Potrieux,
00:47 sur le bord de Potrieux.
00:48 Et j'ai mes coins à Bouy, j'ai mes coins à Frennes.
00:51 Je vais les couper en hiver pour les faire sécher après,
00:54 puis les travailler suivant l'aspiration après.
00:56 Pour commencer un bâton, je le déshabille,
00:58 comme je le dis, c'est-à-dire je tire son écorce.
01:01 Puis je vois ce qui se passe un peu en dessous.
01:02 Alors ça c'est la première étape.
01:07 C'est là où le bâton va commencer à se révéler.
01:10 On peut repérer déjà les petits nœuds, les petites branches.
01:13 Et ça c'est des choses qui vont m'aider à
01:15 créer un bâton vraiment personnel, à l'habiter.
01:18 Après je ponce plus finement.
01:20 Le boui, c'est un bois assez dur.
01:22 Le frein, le hêtre aussi.
01:24 C'est des bois que je travaille bien, parce que j'aime bien les travailler.
01:26 C'est des bois qui sont durs et qui sont super jolis.
01:30 Vous prenez du boui comme ça, quand il sera fini de poncer,
01:33 c'est magnifique.
01:35 Après maintenant, je vais chercher,
01:38 je vais continuer à tirer de la matière.
01:40 Je tire de la matière jusqu'à temps que je sens,
01:44 que je sens que je suis prêt à tirer.
01:46 Je tire de la matière jusqu'à temps que je sens que c'est bon.
01:51 Qu'il y aura son poids, qu'il y aura son équilibre, sa vibration aussi.
01:55 Là il est encore brut en vibration, il ne vibre pas beaucoup.
01:59 Et j'aime bien quand il y a une bonne vibration,
02:02 quand il y a un moment, c'est bon.
02:04 Alors là déjà, avec la matière qui a été retirée,
02:14 la vibration n'est plus la même.
02:16 J'ai eu un coup de fil du costumier de Pascal Obispo,
02:27 qui avait fait sa dernière comédie musicale,
02:30 Jésus de Nazareth à Jérusalem.
02:32 Donc ça c'était une petite fierté.
02:35 Je me suis dit, c'est pas mal.
02:37 Après j'avais fait pour un film aussi.
02:39 C'est des petites commandes qui ne sont pas tous les jours,
02:42 mais c'est sympa.
02:44 Un boiton que j'ai bien aimé, en buille d'ailleurs.
02:47 C'était pour un éleveur de taureaux de Camergue.
02:50 Sa femme m'avait commandé son boiton pour Noël,
02:53 un cadeau de Noël.
02:55 J'avais les insignes de marquage de ces taureaux à graver dessus,
02:59 plusieurs signes, plusieurs symboliques à travailler dessus.
03:02 Quand je décommande comme ça,
03:04 je ne rencontre pas spécialement la personne.
03:07 Je lui demande de m'envoyer un mail,
03:09 qu'elle me raconte un peu sa vie,
03:11 ou qui est la personne, ce qu'elle fait dans la vie.
03:14 En l'occurrence, j'avais eu toute sa vie,
03:16 qui il était, quel genre d'homme c'était,
03:19 son caractère, son travail.
03:21 Après, j'ai mes bâtons qui sont là en stock.
03:24 Et puis à un moment, clac, un matin, je passe devant,
03:27 et il y a un bâton qui m'appelle, et je sais que c'est pour lui.
03:36 Je suis originaire de Valenciennes,
03:38 et je suis venu pour travailler en Bretagne, au départ.
03:41 J'ai toujours sculpté depuis le temps que je suis tout petit,
03:44 alors des bricoles au départ.
03:46 Quand je suis arrivé en Bretagne,
03:48 j'ai rencontré un sculpteur, un magnétiseur, appelé Edel.
03:51 J'habitais juste à côté de chez lui,
03:53 et donc, il m'a enseigné tout ça.
03:55 Il m'a mis des graines en moi.
03:57 Il m'a posé des graines comme ça au fond de moi,
04:00 et elles ont germé à un moment.
04:02 C'est lui qui m'a donné mon premier morceau de bois,
04:05 et il m'a dit, "Vas-y, sculpte."
04:07 C'était une réussite quand même,
04:09 parce qu'elle est exposée au Salon d'Automne à Paris.
04:12 C'était en 92, je crois.
04:14 C'est vrai qu'au départ, c'était plus dans la sculpture.
04:17 Et les bâtons sont venus un peu plus tard.
04:20 Les bâtons, c'est une vision que j'ai eue, en fin de compte.
04:23 C'est un flash, je ne peux pas l'expliquer, c'est comme ça.
04:26 J'étais dans le jardin, et je me suis vu assis au pied d'un herbe,
04:30 au pied du chêne qui est là-bas devant chez moi,
04:33 en cas de tailler un bâton au couteau.
04:36 Et dans cette sensation, dans cette vision que j'ai eue,
04:40 j'avais vraiment la sensation d'être rempli, d'être plein,
04:44 d'être en accord avec moi-même.
04:47 J'étais bien, tout simplement.
04:49 L'aspiration, c'est des choses qui sont autour de nous.
04:57 C'est des idées qui sont autour de nous, qui volent autour de nous,
05:00 qui sont là, qui sont présentes partout.
05:02 Et en fin de compte, c'est à nous de se mettre sur leur longueur d'onde,
05:07 pour les recevoir.
05:09 Donc il faut vraiment se libérer, il ne faut pas intellectualiser du tout.
05:12 Il faut être le plus libre possible dans sa tête.
05:15 Je ne sais pas où je vais, mais il y a des choses qui se dessinent.
05:18 C'est vraiment important de se laisser porter.
05:21 Quand on a des idées préconçues sur ce qu'on va faire,
05:24 en général, on se plante.
05:26 C'est le bâton qui dirige, c'est moi qui suis au service de lui,
05:29 ce n'est pas lui qui est à mon service.
05:31 Il y a des petits animaux qui sortent, alors je ne sais pas ce que c'est,
05:35 mais là, vraiment, ça va être ça.
05:37 Les petits habitants qui vont venir habiter le bâton.
05:43 Celui-là, ce sera l'esprit de l'oiseau.
05:45 Le bâton, c'est déjà un symbole d'humilité.
05:49 Parce que le fait de prendre un bâton, c'est avoir conscience
05:52 qu'on a besoin de quelqu'un.
05:54 Le bâton, c'est un compagnon, c'est celui qui vous aidera
05:57 dans vos merges, dans vos randos, dans vos pèlerinages.
06:00 C'est votre compagnon, ça sera votre mémoire, la mémoire du chemin.
06:03 Et ça, c'est quelque chose que vous aurez toute votre vie,
06:08 qui vous rappellera tous les chemins que vous avez fait avec,
06:11 et ce que vous avez vécu, surtout, dessus.
06:14 Donc, c'est mieux qu'un appareil photo.
06:18 [Rire]
06:20 [Rire]
06:21 ♪ ♪ ♪
06:24 [SILENCE]

Recommended