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00:00 6h39, les matins de France Culture, Guillaume Erner.
00:07 Marguerite Caton, bonjour !
00:08 Bonjour Guillaume, bonjour à tous !
00:10 Vous avez pris vos habits de fête aujourd'hui, car nous célébrons les 60 ans de France Culture.
00:16 Oui, en compagnie d'un historique producteur d'histoire, mais pas que, Emmanuel Laurentin.
00:22 Bonjour Emmanuel !
00:23 Bonjour Marguerite !
00:24 Le 60e anniversaire de France Culture et de la Maison de la radio nous donne l'occasion
00:28 de revenir sur les grandes dates et les grandes émissions qui ont façonné notre antenne
00:32 avec un fil rouge ce matin.
00:34 Comprendre les promesses d'une radio culturelle, notamment dans le traitement de l'actualité.
00:38 Mais avant même France Culture, il y avait France Culture, le programme national.
00:43 Une radio de poète où règne l'influence de Paul et Luar, on est au sortir de la seconde
00:47 guerre mondiale.
00:48 Quelles sont les ambitions de cette antenne, notre ancêtre ?
00:51 Eh bien, les ambitions de cette antenne, c'est un des slogans qui était par exemple brandi
00:56 en 1967, tous les domaines de l'esprit trouvent leur expression sur France Culture.
01:00 C'était donc effectivement d'être une radio de poète, d'artiste, qui laissait
01:05 une grande place à ce qu'on appelait à l'époque la vie littéraire, artistique,
01:09 dramatique et scientifique.
01:10 Et donc effectivement, il y avait de l'actualité, mais de l'actualité très particulière.
01:14 On vient d'entendre le journal par exemple, sachez que jusque dans les années 80, il
01:20 y avait un petit 2 minutes à 7 heures, un petit 5 minutes à 8h30, un autre 5 minutes
01:28 à 12h30.
01:29 Il y avait un petit rappel d'actualité de 2 minutes au milieu de l'après-midi.
01:33 Et il y avait une particularité, c'est que le journal du soir, c'était le journal
01:37 d'après les spectacles.
01:38 On faisait un journal à minuit, à 23h55 jusqu'à 24h, qui était un rappel des trics
01:45 pour que les gens qui rentraient des spectacles, en particulier à Paris, mais aussi ailleurs,
01:49 puissent avoir l'actualité la plus fraîche avant de se coucher.
01:53 Ça, c'était la particularité, donc une place très congrue à l'actualité.
01:56 Petit à petit, il va y avoir l'actualité que nous appelons l'actualité aujourd'hui,
01:59 qui va croître d'une certaine manière, tandis que l'actualité littéraire, culturelle,
02:05 artistique, scientifique, continuera elle aussi à être présente sur le reste de l'antenne.
02:09 1963 ne révolutionne pas cette inspiration d'origine.
02:13 La date marque surtout l'installation dans la maison de la radio Flambes en Neuve, "Quête
02:16 Passy", comme se nommait alors la vie du président Kennedy.
02:18 C'est aussi le baptême de la chaîne.
02:20 D'où vient le nom "France Culture" ? Je crois qu'on l'écrivait avec un tiret.
02:23 Alors ça, peut-être.
02:24 Alors là, vous me posez une colle.
02:25 Oui, il y avait un tiret, mais je ne sais pas pourquoi.
02:27 Il y avait un tiret, c'était la même chose pour France Musique et pour France Inter.
02:31 Alors là, c'est une bonne question.
02:32 Je crois que c'était censé montrer le rapport organique à la nation.
02:36 Peut-être.
02:37 Il faut savoir qu'à l'époque, effectivement, les programmes s'ouvraient par une marseillaise
02:40 et se terminaient par une marseillaise aussi.
02:42 L'une des idées fortes de France Culture, hier et aujourd'hui, c'est que le son est
02:46 l'un des "beaux arts", pour reprendre l'expression d'Alain Trutat.
02:49 Qu'est-ce qu'est devenue cette revendication à l'art actuel, au-delà des programmes
02:52 spécifiquement dédiés à la création sonore ? Est-ce que vous observez encore cette ambition,
02:56 Emmanuel Laurentin ?
02:57 C'est-à-dire que c'est une des marques de fabrique de France Culture que la qualité
03:01 sonore, on sait qu'au moyen de combien une émission est composée par des métiers différents,
03:05 métiers de réalisation, métiers techniques et métiers de production, et que c'est
03:10 l'ensemble de ces métiers qui fabriquent une radio, et en particulier avec une attention
03:14 particulière portée au son, on a inventé d'une certaine manière sur France Culture,
03:19 à certaines périodes, en particulier au moment des après-midi de France Culture,
03:22 dans les années 70 et 80, on a inventé certaines formes de présentation d'émissions, on
03:30 a inventé des formes qu'on appelle par exemple l'incruste, qui ont été inventées
03:33 dans les après-midi de France Culture pour pouvoir faire en sorte que le son arrive plus
03:40 rapidement aux oreilles des auditeurs.
03:42 Tout cela, c'est un travail qui a été fait sur cette antenne, qui était très liée
03:46 à l'époque, il faut le rappeler, vous l'avez dit, à tous les travaux de recherche
03:50 sur le son et sur la radio.
03:52 Il y avait le GRM qui était tout près, et avec lesquels le groupe en recherche musicale,
03:57 qui était issu en partie du travail qui avait été mené après-guerre autour de la qualité
04:04 sonore et de la musique concrète, qui avait permis justement de donner une grande place
04:10 à cette question de la création sonore.
04:11 Vous avez commencé à nous en parler, ce qui va bouleverser progressivement la chaîne,
04:15 c'est l'incursion, l'intrusion même pourrait-on dire, du direct et puis l'arrivée
04:18 progressive d'un traitement de l'actualité plus large que les seuls journaux.
04:22 La première matinale en direct, c'est en 1984, c'est une vraie rupture, Emmanuel
04:28 Laurentin ?
04:29 Oui, encore en direct, c'est un peu particulier, il y a beaucoup d'éléments qui sont enregistrés.
04:33 Je me souviens que mon premier flash sur cette antenne, c'était en 1986, et le 8 heures
04:38 faisait deux minutes.
04:39 Il ne fallait surtout pas déborder de ces deux minutes parce que tout était ensuite
04:44 enregistré, monté, mixé, ce qu'on appelait un PAD, un prêt à diffuser.
04:48 Donc effectivement, c'était une matinale en direct.
04:50 Ce qui l'a beaucoup réchauffé, cette matinale en direct, c'est l'arrivée, mais on en
04:54 parlera tout à l'heure j'imagine avec lui, de Jean Le Brun en 1987, qui va justement
05:00 sortir des studios.
05:01 On est beaucoup sortis, on est beaucoup allés avec les moyens HF de Radio France en dehors
05:06 des studios pour pouvoir rendre compte d'une réalité qui n'était pas simplement celle
05:09 de Paris, mais d'ailleurs.
05:10 Dès lors, la question de la singularité d'une antenne culturelle et de l'antenne
05:15 culturelle de culture se repose.
05:16 A votre avis, aujourd'hui, c'est la place des intellectuels dans le traitement de l'actualité
05:20 qui fait la patte France Culture ?
05:22 Sûrement, effectivement, ça a toujours été une des grandes particularités de France
05:27 Culture parce qu'elle se voulait, comme dans un rapport d'activité de Radio France,
05:32 une radio de l'immédiat et de l'intemporel à la fois, ce qui est toujours difficile
05:36 à jouer d'une certaine manière.
05:37 Je me souviens que lorsque je suis arrivé à France Culture en 1986, on accusait les
05:42 émissions comme celle de Jean Le Brun et du Matin de journaliciser la chaîne.
05:47 Donc, il y a eu toujours cette tension qui était cette tension entre trop d'actualité,
05:52 pas assez d'actualité, plus de place à la création, plus de place au documentaire.
05:56 Il y avait même une méfiance vis-à-vis de l'actualité.
05:58 Absolument, ça, on peut le dire.
05:59 Il y a eu une grande méfiance, mais en même temps, voilà, elle a été vaincue au fur
06:03 et à mesure des générations de ceux qui sont arrivés après nous, d'une certaine
06:07 manière.
06:08 Et effectivement, la grande marque aujourd'hui, c'est d'être à la fois une radio de l'immédiat
06:12 et de l'intemporel.
06:13 Et c'est cela qui est important.
06:14 Et d'ailleurs, il y a une belle citation dans un rapport d'activité, je crois, de
06:18 1996.
06:19 France Culture tente de réduire l'écart qui se creuse entre l'actualité, le savoir
06:23 et la mémoire.
06:24 Merci beaucoup, Emmanuel Laurentin.
06:26 Les auditeurs vous retrouveront bien évidemment à 18h20 pour un temps du débat du vendredi.
06:30 C'est donc un terme du débat ce soir.
06:32 Diplomatie aujourd'hui.
06:33 Nous parlerons de Henry Kissinger et des évolutions de la diplomatie depuis qu'il
06:39 était aux affaires dans les années 70.
06:40 Et puis évidemment, les auditeurs peuvent aussi vous lire pour se rajeunir de 10 ans.
06:45 Le très beau livre que vous aviez écrit à l'occasion des 50 ans de France Culture.
06:49 Voilà, la sociologue qui avait fait sa thèse sur l'histoire de France Culture.
06:53 Un livre d'histoire rempli de photos d'archives.
06:56 aux éditions Flammarion.
06:57 Merci.
06:58 Merci.

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