Attentat à Paris - Le coup de gueule du psychiatre Pierre Sidon dans "Morandini Live": "Qu'est-ce qu'on attend pour enfermer ces islamistes en liberté ? Qu'est-ce qu'on attend pour que le président dise 'nous sommes en guerre'?" - Regardez
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00:00 On est en direct avec Pierre Sidon qui est psychiatre. Bonjour, merci beaucoup d'être en direct avec nous.
00:04 Moi j'ai le sentiment, alors vous allez me dire si vous avez ce sentiment aussi, qu'on s'est très vite jeté sur le côté psychiatrique,
00:11 qu'on a même montré du doigt les psychiatres au fond dans cette affaire en disant "ils ont une grosse responsabilité là-dessus,
00:17 peut-être pour alléger un peu ce côté radicalisation et djihadisme".
00:25 Alors on a un petit problème de son, on vous entend pas. Est-ce qu'on arrive à vous entendre ou pas ? Allez-y, c'est bon.
00:32 Oui, je pense que c'est bon. On cherche souvent à privilégier une explication simple.
00:37 On a parlé, il y a eu ce débat sur l'islamisation de la radicalité ou la radicalisation de l'islamisme.
00:45 Eh bien on a une séquelle de ce débat aujourd'hui avec la psychiatrie.
00:51 Je pense que la vérité est effectivement dans l'ensemble des dimensions à la fois d'ordre public et psychologique dans cette affaire, comme toujours.
01:03 Mais quand on voit Gérald Darmanin qui vient aux 20h le dimanche soir en disant "oui le problème c'est finalement le côté psychiatrique"
01:12 et qu'on le voit aujourd'hui dans les médias, les psychiatres sont montrés du doigt, ou en tout cas l'univers psychiatrique en France,
01:18 est-ce qu'on n'est pas en train de dévier le problème ? Est-ce que c'est vraiment ça le problème pour vous aujourd'hui ?
01:22 Oui, il n'a pas tort, mais qu'il balaye devant sa porte aussi. Chacun devrait le faire.
01:29 Dans cette affaire qui est tout de même, il faut bien le dire, une espèce de fiasco tout azimut,
01:36 même si on en évite souvent des attentats, mais quand ça arrive il faut quand même reconnaître que c'est un échec.
01:42 Chacun doit reconnaître ses responsabilités, sinon on n'avancera pas.
01:46 Et la psychiatrie se défausse aussi bien de sa responsabilité que la justice, que la police, quoique la police a été remarquable.
01:55 Dans cette affaire, la patrouille qui était présente a été remarquable.
01:59 On sait qu'elle a été néanmoins empêchée d'intervenir avec ses armes du fait de la menace qui pèse sur les interventions de la police aujourd'hui.
02:11 On a eu de la chance malgré tout dans notre malheur. Il y a eu une personne qui a été sauvée grâce à cette patrouille.
02:16 On sait que le 17 n'a pas pu être joint.
02:18 Mais si on garde toute l'histoire de cette affaire, ce qu'on en sait depuis le début,
02:23 je pense que chacun peut s'interroger sur les améliorations qu'on peut apporter.
02:28 Il y a eu des échecs dans tous les domaines et ça fait maintenant des décennies que cette problématique du terrorisme islamiste n'est pas maîtrisée.
02:39 Est-ce que ça peut être amélioré ? On a l'impression que les pouvoirs publics ont fait leur deuil de pouvoir améliorer les choses,
02:47 qu'on est face à des intérêts qui sont contradictoires, notamment celui de respect des libertés.
02:54 Pourtant, on n'en a pas fait autant au temps du Covid.
02:58 On n'a pas respecté les libertés autant qu'aujourd'hui face à l'islamisme, donc peut-être deux poids, deux mesures.
03:03 On sait que la question du respect des droits des prisonniers limite beaucoup ce qu'on pourrait faire.
03:12 Or là, on a beaucoup d'islamistes qui sont dans la nature.
03:15 Alors est-ce que c'est psychiatrique ? Est-ce que c'est idéologique ?
03:18 On les renvoie toujours d'os à dos, ces deux causalités, comme si elles étaient équivalentes.
03:22 Mais non, pas du tout.
03:24 L'islamisme est une idéologie et il y a des gens qui sont fragiles, certes, et celui-là a été particulièrement fragile,
03:33 et qui sont manipulés, qui se soignent avec des idéologies,
03:37 parce qu'une idéologie, c'est un traitement individuel.
03:40 Quand on croit à quelque chose, on va beaucoup mieux.
03:42 Le seul problème, c'est que c'est un traitement qui a quelques effets indésirables pour quelques autres.
03:47 Eh bien, on voudrait pouvoir traiter ça en basculant la responsabilité entièrement sur la psychiatrie,
03:54 ou entièrement sur la justice, ou entièrement sur la police.
03:57 Chacun doit prendre sa responsabilité.
03:59 La psychiatrie doit prendre sa responsabilité.
04:01 On sait que dans cette histoire, il y a eu des antécédents, quand il était en prison,
04:05 d'hallucinations caractérisées avec des commandements hallucinatoires de passer à l'acte.
04:11 C'est difficile de comprendre que quelqu'un qui ait eu une telle symptomatologie ait pu être laissé en liberté,
04:17 d'une part, et ait pu être laissé sans soins d'autre part.
04:21 Alors on parle d'injonction, de changer la loi.
04:25 Vous pouvez faire autant d'injonctions que vous voulez.
04:27 Si le médecin qui rencontre ensuite la personne n'entend pas qu'il y a un lien entre son passé et la situation présente,
04:36 ça ne servira à rien.
04:38 En fait, on a une psychiatrie qui est complètement anhistorique.
04:41 On voit quelqu'un à un moment donné, il va bien, donc on dit qu'il peut arrêter les médicaments.
04:45 On ne tient pas compte du fait qu'il a eu des projets extrêmement élaborés d'attentat pour lesquels il a été reconnu coupable,
04:51 qu'il a purgé sa peine, certes, mais qu'il a eu des hallucinations et qu'il pourrait donc en avoir.
04:56 Il aurait dû avoir des injections de neuroleptiques retards.
04:59 Il n'en a pas eu.
05:00 Sa mère, qui semble-t-il a alerté, on n'a pas entendu.
05:05 Alors ce sont des choses qu'on a tout le temps en psychiatrie.
05:07 Le problème n'est pas tellement des moyens financiers de la psychiatrie, qui sont effectifs.
05:13 On a des problèmes de moyens, bien sûr, mais des moyens intellectuels de la psychiatrie.
05:17 Quand les psychiatres ensuite se défendent en disant qu'on ne peut pas faire un lien si simple entre le passage à l'acte et la psychiatrie,
05:23 c'est se moquer du monde.
05:24 La psychiatrie est née pour traiter le passage à l'acte.
05:27 La psychiatrie est un auxiliaire de l'ordre public depuis sa naissance.
05:31 Au 17e siècle, à Paris, Michel Foucault rapporte que 1% de la population parisienne était enfermée.
05:37 Qu'est-ce qu'on attend pour enfermer ces islamistes qui sont en liberté ?
05:41 Qu'est-ce qu'on attend pour créer des places de prison ?
05:43 Qu'est-ce qu'on attend pour créer des places de psychiatrie ?
05:46 Des lits ? On ne peut pas suivre ces gens.
05:48 Il y a plus de 500 personnes qui sont dangereuses, qui sont sorties de peine ou qui sont de retour des scènes de guerre,
05:56 et qui sont des goupilles, qui sont des grenades dégoupillées sur notre territoire.
06:01 Qu'est-ce qu'on fait ? On attend que ça passe à l'acte ?
06:03 On ne fait rien dans aucun domaine.
06:05 Les mesures sont insuffisantes.
06:07 Qu'est-ce qu'on attend pour que le président de la République dise « nous sommes en guerre » ?
06:10 Il l'a dit pour le Covid.
06:11 C'est une guerre lente.
06:14 Pierre Sidon, sans parler de ce cas particulier, parce que forcément vous n'avez pas le dossier,
06:19 vous n'avez pas étudié cet homme, donc on est de façon plus générale,
06:22 mais est-ce que quelqu'un qui est islamisé à ce point-là, au point de vouloir commettre des attentats,
06:26 au point de vouloir partir en Syrie, est-ce que ces gens sont récupérables ?
06:32 Ou est-ce que la seule solution c'est les enfermer ?
06:34 Est-ce qu'on peut les laisser en liberté ?
06:36 Ou est-ce qu'il faut absolument les enfermer ?
06:40 On utilise le terme de principe de précaution à tout va pour des problèmes de santé publique,
06:45 et on ne l'utilise pas pour des problèmes d'ordre public.
06:48 Ça va bien.
06:49 Il y a des statistiques sur les terroristes.
06:53 Il y en a une petite partie qu'on arrive à récupérer.
06:55 En effet, il faut le faire, mais pourquoi ne pas prendre plus de précautions ?
06:58 Au nom de quelles précautions ?
07:00 Au nom de quel respect de la liberté ?
07:02 Alors effectivement, il y a des libertés publiques,
07:04 et évidemment, il y a des droits,
07:07 mais aujourd'hui, on vit un abus de l'état de droit, clairement,
07:12 et au dépend de la sécurité de tout le monde,
07:15 la psychiatrie doit prendre sa part dans cette affaire-là.
07:18 La formation des psychiatres ne permet plus de repérer la dangerosité,
07:23 ce qui permet à des professeurs de psychiatrie de dire qu'on ne sait pas repérer la dangerosité.
07:26 Ça n'est pas vrai.
07:27 On le savait, on a bazardé la psychiatrie française au profit d'une psychiatrie américanisée
07:32 dont le seul but est de vendre des médicaments, des antidépresseurs.
07:35 On a supprimé toutes les précautions d'usage,
07:38 on a supprimé toute la formation clinique des psychiatres
07:40 au profit d'une recherche sur le cerveau.
07:43 J'attends qu'on me produise un cerveau de djihadiste pour savoir comment le traiter.
07:47 Pour l'instant, ça fait des décennies qu'on recherche,
07:50 qu'on met des gens dans des scanners, des IRM, des neurospines pour des milliards,
07:54 et qu'on dépouille la psychiatrie publique de tous ses moyens,
07:57 qu'on sous-paye ses infirmiers, ses éducateurs, qu'on n'arrive plus à recruter,
08:01 on est obligé de fermer des unités entières, même des UMD sont fermées
08:05 parce qu'il n'y a plus d'infirmiers.
08:07 Qu'est-ce qu'on fait ?
08:09 – Merci Pierre Sidon, merci, c'est toujours très intéressant de vous avoir
08:13 et d'avoir votre analyse, merci d'avoir été en direct avec nous.