À l'occasion de la sortie de son 6e album, "Que ta tête fleurisse toujours", le premier chanté intégralement en Français, Mika répond aux questions de Yves Calvi et Steven Bellery.
Regardez Le débat du 01 décembre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.
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00:03 RTL Matin, 7h-9h
00:29 Bonjour Mika. Bonjour. Votre sixième et dernier album sort aujourd'hui, c'est une excellente nouvelle et nous allons le découvrir ensemble avec Stephen Bellery.
00:36 Il a fallu qu'on attende vos 40 ans pour vous entendre chanter un disque intégralement en français ?
00:40 Ah oui, c'est vrai. Je vous le confirme.
00:43 Alors, c'est quelque chose que je voulais faire depuis très longtemps. Mais je pense que c'est quelque chose aussi qui a…
00:49 Bon, il y a deux grandes raisons. Premièrement, je voulais un nouveau terrain de jeu, pour provoquer quelque chose de différent en moi.
00:56 La deuxième chose, c'est l'idée d'assumer aussi une partie de moi qui peut être considérée comme une niche par rapport à toutes mes activités internationales.
01:04 Principalement, tout le monde veut de moi un album en anglais, dans mes différents marchés.
01:08 Mais la France, chanter en français, la francophonie, tout ça c'est tellement partie de moi. J'assume cette niche.
01:14 Je l'annonce à tout le monde, je dis "Ok, ça aussi, c'est moi".
01:17 Bon, ben Mika a la niche. Stephen Bellery.
01:20 "Que ta tête fleurisse toujours", un titre un petit peu énigmatique. Un clin d'œil à votre maman décédée il y a quelques mois.
01:26 Elle avait griffonné ses mots sur un dessin. Elle veut dire quoi cette phrase "que ta tête fleurisse toujours", qu'il ne faut pas changer, qu'il faut s'écouter ?
01:33 Elle veut dire qu'il faut garder la créativité. Parce que si on garde la créativité, si on garde des idées, on reste curieux.
01:40 Et peut-être, on peut se sentir un peu plus libre. Et peut-être, on peut être heureux.
01:44 Je t'avais reçu ce dessin pour mon anniversaire. C'est le dernier cas de l'anniversaire que ma mère m'a offert.
01:48 Elle était malade, elle avait un cancer du cerveau. Elle ne pouvait pas écrire à ce point-là, parce qu'elle avait perdu cette capacité.
01:55 Elle me faisait toujours des cadeaux d'anniversaire à main. Des costumes, des habits, des choses comme ça.
02:00 - Qu'elle fabriquait elle-même. - Qu'elle fabriquait elle-même.
02:02 Elle demande à ma soeur, elle me dit "donne-moi l'iPad". Et elle dessine ce petit dessin très naïf de moi, avec des fleurs qui sortent de ma tête.
02:08 Et elle me dit "Happy birthday Mika, may your head always bloom". Je te souhaite que ta tête fleurisse toujours.
02:13 C'est seulement quelques années après que je me suis rendu compte de la force de ce geste et de l'importance aussi de ce message.
02:19 Deux ans et demi de travail, c'est plus long, moins évident en français. On se pose la question, est-ce que nos langues bousculent en fait votre manière de composer, de réfléchir, d'aborder les chansons ?
02:27 Oui, peut-être c'est deux ans et demi parce que je me suis tellement amusé dans l'écriture de cet album que je ne voulais pas que ça termine.
02:34 Je me sentais vraiment dans une bulle, dans une sorte de refuge. Vraiment, vraiment. Là c'était un baume au cœur que j'avais vraiment grave besoin.
02:41 Peut-être parce que vous ne chantez pas dans votre langue natale, vous osez plus dans ce disque très intime.
02:46 Vous parlez de sexe, de vieillesse, de mort. Vous évoquez aussi très directement et pour la première fois l'homme qui partage votre vie depuis 18 ans, Andy.
02:54 Le titre s'appelle "Moi, Andy et Paris".
02:57 Please excuse my French, je crois bien que c'est fini. On s'aurait aimé, on est triste, comme une photo de touriste.
03:07 Please excuse my French, dire qu'on s'est divisé. Moi, Andy et Paris. J'tois mon ami, loin d'ici.
03:24 Paris, ville où on se réconcilie. Je crois que Andy n'a pas vraiment bien prise cette chanson.
03:30 Non, pas du tout. C'est une des premières chansons que j'avais écrites. On a eu une énorme dispute. Il est parti à l'aéroport et on était à Paris.
03:37 On ne s'est pas parlé pendant quelques semaines. Je voulais répondre à ce qui s'était passé.
03:41 Et je ne sais pas pourquoi, sans calculer, sans réfléchir, ça ne faisait pas partie d'un projet.
03:45 C'était bien avant que j'allais faire un album en français. Parce que j'avais presque l'impression que si je pouvais parler de lui dans une langue qu'il n'allait pas comprendre,
03:51 je pouvais parler plus librement. Et ça servait à quelque chose. On habite dans plusieurs endroits.
03:56 Mon activité, déjà, est une activité qui provoque certaines pressions.
04:00 Et donc, c'est comme si ici, à Paris, on était trois dans le couple. Il y avait moi, Andy et la France. Moi, Andy et Paris.
04:07 Mika, vous êtes né au Liban. Vous avez vécu à Paris, à Londres. Vous habitez une partie de l'année en Italie, une autre aux Etats-Unis.
04:13 Et d'ailleurs, vous évoquez le fait d'être un passager dans une des chansons de l'album. Ce n'est pas un peu perturbant d'être partout ?
04:19 Je suis partout, mais j'ai ma valise. C'est une métaphore, évidemment, mais j'ai ma valise de musique.
04:24 J'ai eu cette chance de pouvoir former une troupe, comme si j'avais mon propre cirque.
04:29 Tant que je peux faire ça, ça m'aide à tempérer le sentiment d'appartenir à nulle part.
04:35 S'il se passerait quelque chose dans ma vie, je suis entièrement conscient que la crise que ça provoquera en moi,
04:42 si je ne pouvais pas faire de la musique, je devais vraiment me questionner.
04:45 Alors maintenant, je fais quoi et je vais où ? Je ne sais pas. Je n'ai pas la réponse. Je ne vais pas faire semblant de l'avoir.
04:51 Vous dites dans la chanson "De passage, immigrez", "Pas ma place partout où je vais". Il y a un endroit où vous vous sentez mieux qu'ailleurs ?
04:57 Évidemment, quand je chante, oui, c'est la Seine.
05:00 Ce n'est pas un pays ?
05:01 Ce n'est pas un pays. Évidemment, j'ai la chance aussi d'être dans des pays où je peux m'exprimer.
05:06 Je peux chanter une chanson comme moi en disant "Paris", il n'y a pas de conséquences.
05:09 Alors, il y a beaucoup de fraîcheur, mais aussi une vraie sensualité dans cet album. Dans "Apocalypse Calypso", vous dites
05:14 "Tant que l'on s'en lasse, on existe. En faisant l'amour, on résiste". C'est un sujet politique, l'amour ?
05:19 Bien sûr, c'est une manière d'être engagé d'une manière poétique.
05:23 Et je pense que c'est un petit peu la responsabilité des artistes d'être engagé poétiquement.
05:27 Et l'amour, c'est un engagement. C'est l'engagement le plus passionné qu'on peut avoir dans notre vie.
05:32 On ne s'échappe pas avec l'amour. On s'engage avec l'amour. C'est complètement différent.
05:35 On se souvient de votre chanson "Grace Kelly" en 2007. L'actrice devenait un quasi sentiment dans votre voix.
05:41 Dans votre nouveau disque, vous rendez hommage à Jane Birkin. Quatre mois après sa disparition, vous chantez "Sa liberté".
06:08 Vous rêvez d'un amour à la Birkin. Pourquoi Jane Birkin vous fascine-t-elle, Mika ?
06:13 J'ai écrit cette chanson bien avant sa disparition. C'est comme si je prenais une facette d'elle et je construisais une chanson avec.
06:20 Je voulais tellement qu'elle l'écoute. Elle n'a pas pu l'écouter.
06:25 Extrêmement charnelle, sensuelle, dévêtue, extrêmement pointuée, un telo complètement accessible, avec un langage très frontal et très direct.
06:34 C'est un mélange des cultures, l'érosion des frontières. Cette pudeur et cette idée de résister. Je trouve ça très inspirant.
06:41 Vous parlez de vous ou vous parlez d'elle ?
06:43 Non, ce n'est pas vrai. Je parle d'elle.
06:46 Forçons la main au destin, que sait-on où sera demain ?
06:49 Chantez-vous aussi dans ce nouvel album en français. Vous, personnellement, vous êtes audacieux. C'est votre nature ?
06:54 Je suis extrême dans les contrastes. Si vous me demandez les deux lieux où je me sens à la maison, c'est la Seine, évidemment.
07:02 Autre lieu, les supermarchés. Si je dois m'ancrer quand je suis en tournée, je vais au supermarché. J'adore les supermarchés.
07:08 J'adore aller à Tokyo dans un supermarché, à Lille. Je vois les choses autour de moi, je comprends la température.
07:16 J'aime aussi cette idée de disparaître entre les canettes de tomates.
07:19 Vous arrivez à disparaître entre les canettes de tomates ?
07:22 Je suis un Houdini. Je sais disparaître dans deux secondes. Je peux mettre mon petit chapeau et mon manteau et vous ne me voyez pas.
07:29 Mika, vous incarnez une certaine idée de la France, multiple, cosmopolite. Est-ce que vous pourriez chanter à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques en juillet prochain à Paris ?
07:37 Évidemment. Chanter pour quelque chose comme les JO, c'est toujours un truc énorme et ce sera un énorme honneur.
07:43 J'avoue que le concept est sublime. Cette idée de descendre la Seine ou de monter la Seine, je ne sais pas dans quelle direction ils vont aller,
07:48 et de voir des différentes interventions musicales et artistiques qui se passent sur ce chemin. Je trouve ça très beau et très juste.
07:56 Vous dites pourquoi pas ?
07:57 Ce n'est pas à moi de décider. C'est quelque chose de très beau.
08:00 Merci beaucoup Mika. Votre album "Que ta tête fleurisse toujours" sort aujourd'hui. Vous serez en tournée partout en France à partir du 1er mars.
08:07 Merci d'être venu partager ses premiers refrains et ses émotions sur RTL. Vous savez que vous êtes le bienvenu dans notre maison.
08:13 Merci beaucoup.
08:25 On va tous guetter au supermarché.
08:27 N'est-ce pas ?
08:28 Si on ne voit pas Mika.
08:29 S'il n'y a pas Mika qui traîne.
08:30 Dans un instant sur RTL. La fin de la 13e heure.
08:32 - Merci. - Merci à vous.
08:33 [SILENCE]