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Thomas Sotto reçoit Yannick Jadot, sénateur écologiste de Paris sur le plateau des 4 vérités. 

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00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Yannick Jadot.
00:04 Bonjour.
00:05 Qu'attendez-vous de la COP 29 ?
00:06 C'est un moment essentiel.
00:08 La COP 9.
00:09 Ah, de la COP d'après ?
00:11 Oui, parce que c'est là où on a l'impression que plus personne n'en attend rien.
00:13 Écoutez, c'est toujours compliqué parce que c'est vrai que si c'est la COP 28,
00:18 ça veut dire que ça fait 28 ans qu'on négocie le climat et on voit qu'on prend toujours plus de retard.
00:23 Donc c'est extrêmement inquiétant.
00:25 Si je reprends, vous citiez dans votre journal, António Guterres, le patron des Nations Unies,
00:30 qui dit "l'effondrement climatique a commencé".
00:34 Il parle de "l'humanité est en train de se suicider".
00:37 Donc on voit bien l'effondrement climatique, on voit bien les effets partout, en France et dans le monde,
00:42 les canicules, les méga-feux, les inondations, les glaciers qui s'effondrent.
00:46 On voit bien tout ça.
00:48 On voit bien aussi que Joe Biden ne va pas à la COP.
00:50 On voit bien que Joe Biden ne va pas à la COP et qu'il investit de nouveau sur les hydrocarbures.
00:56 On voit bien que la Chine, même si elle est le leader mondial des énergies renouvelables,
01:01 réinvestit dans le charbon.
01:03 Donc on est pris dans une sorte de folie où on a ce chaos climatique dont on ne voit que les prémices.
01:11 Tout ce qui nous tombe dessus aujourd'hui, c'est rien.
01:14 Si on n'agit pas, ça va être encore plus dur demain.
01:17 On a l'impression que nos sociétés, nos économies font un refus d'obstacle par rapport aux défis climatiques.
01:24 La trouille, au fond, de changer.
01:27 Alors changer nos habitudes, ce n'est jamais facile, mais on voit bien qu'il va falloir le faire.
01:32 S'attaquer aux rentes, et notamment aux rentes du pétrole.
01:35 Vous avez parlé de la COP28, ça se passe aux Émirats Arabes Unis.
01:39 Le patron de la COP28 est le PDG d'un des plus grands groupes de pétrole.
01:45 Il profite d'ailleurs visiblement de la COP pour négocier de nouveaux contrats pétroliers et glaciers.
01:51 Sans aller jusque là, si on prend le groupe Total, Patrick Pouyanné, le PDG Total,
01:56 il signe des tribunes pour appeler à accélérer la transition écologique.
02:00 Et en même temps, il annonce vouloir augmenter sa production de gaz et de pétrole de 2 à 3 % sur les cinq prochaines années.
02:07 Le seul sujet, puisque nous prenons beaucoup de retard.
02:11 Le seul sujet, c'est ce que nous portons nous, écologistes, et ce qui s'est élargi aujourd'hui,
02:17 c'est ce qu'on appelle un traité de non-prolifération des énergies fossiles.
02:20 Il faut arrêter. Ce que disent les Nations Unies, ce que disent les scientifiques,
02:23 ce que dit l'Agence internationale de l'énergie, qui n'est vraiment pas un repère d'écologistes,
02:28 il faut arrêter d'aller chercher du pétrole et du gaz.
02:31 Il va falloir stopper une partie des gisements.
02:35 Et qu'est-ce que fait Total ?
02:37 Total, vous vous rendez compte que c'est le deuxième groupe au monde, derrière un groupe chinois,
02:42 pour aller chercher encore plus d'énergie fossile. C'est ce qu'on appelle les bombes climatiques.
02:47 Vous avez les banques françaises, BNP Paribas, Crédit Agricole,
02:53 qui font partie des principales banques qui financent le dérèglement climatique.
02:58 Et donc là...
02:59 Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?
03:00 Qu'est-ce qu'on peut faire ?
03:01 Parce que le constat, à chaque fois qu'on vous invite, vous faites le même depuis des années.
03:03 Qu'est-ce qu'on peut faire ?
03:04 Qu'est-ce qu'on peut faire ?
03:05 Que doit faire l'État ?
03:06 Un, tripler, c'est ce qu'on dit au niveau mondial, il faut tripler les énergies renouvelables.
03:10 Les seules énergies propres qui peuvent rapidement nous permettre de lutter contre le dérèglement climatique,
03:16 et en plus ça sont de moins en moins chers, ce sont les énergies renouvelables.
03:19 Investir dans la sobriété et l'efficacité énergétique.
03:23 On commence à avoir froid.
03:24 Vous allez avoir 12 millions de Français cet hiver qui vont avoir froid dans les quartiers populaires.
03:30 Cet été, 70% des logements ont été étouffés.
03:34 Isoler les logements, c'est bon pour tout.
03:36 Mais, il faut cogner Total.
03:39 Il faut cogner BNP, il faut cogner Crédit Agricole.
03:42 Ça veut dire quoi ?
03:43 Vous vous rendez compte que Total touche de l'argent, de l'ADEME,
03:46 qui est l'organisation, l'agence française censée nous organiser la sortie des énergies fossiles
03:54 et la lutte pour le climat.
03:57 Toutes ces sociétés.
03:58 Si vous leur retirez l'argent de l'ADEME, ils vont survivre en Total, très bien.
04:01 Non, non, bien sûr.
04:02 Total, c'est effectivement celle de l'année dernière, c'est 37 milliards de bénéfices.
04:06 Il faut taxer les super-profits.
04:08 Vous vous rendez compte que le gouvernement a renoncé à taxer les super-profits des raffineries ?
04:12 Ils bénéficient d'aides d'État, de subventions, de crédits d'impôt, d'exonération de cotisations.
04:19 Au fond, l'argent public finance aujourd'hui des groupes
04:23 qui sont en train de remettre en cause nos conditions de vie.
04:28 À un moment donné, il faut que le gouvernement se dise
04:32 que ces groupes-là participent du malheur du monde,
04:36 participent de l'effondrement climatique,
04:38 se font de l'argent pas simplement sur le dos des automobilistes,
04:41 ils se font de l'argent sur nos conditions de vie et du rêne du vivant dans la planète.
04:45 Vous dites qu'il faut tripler l'énergie renouvelable.
04:49 La France prévoit de tripler la production nucléaire d'ici 2050.
04:52 C'est un engagement qui sera pris avec les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suède, la Corée du Sud
04:56 et les Émirats arabes unis. C'est une erreur, ça ou pas ?
04:59 2050 ?
05:00 Oui. Tripler les productions nucléaires.
05:02 Vous me parliez en introduction de cette discussion de la COP 29.
05:07 La COP 29, c'est l'année prochaine, c'est 2024.
05:10 Lutter contre le dérèglement climatique, c'est aujourd'hui qu'il faut le faire.
05:14 On a pris taux de retard.
05:16 Est-ce que le nucléaire fait partie de la solution ?
05:18 Non. Pourquoi ?
05:20 Vous savez, en France, on a beaucoup de nucléaire.
05:22 On est une exception dans le monde.
05:24 Il faudra cohabiter avec le nucléaire pendant des années,
05:27 peut-être 20, 25 ans, peut-être 30 ans.
05:30 Mais l'urgence pour lutter contre le dérèglement climatique,
05:34 les solutions efficaces, c'est ce que tout le monde dit.
05:36 C'est un, moins consommer, pour éviter les pénuries,
05:41 mais évidemment accompagner socialement les Françaises et les Français
05:44 dans les transports collectifs, dans leur logement, dans leur alimentation.
05:48 Et la seule énergie qu'on peut installer maintenant, c'est les énergies renouvelables.
05:53 J'ai discuté, nous auditionnons au Sénat, il y a quelques jours,
05:57 le patron d'EDF sur les fameux nouveaux réacteurs.
06:00 Ils ne sont même pas aussi détaillés que votre feuille de papier pour cette interview.
06:06 Ils ne sont pas conçus.
06:08 Donc on va jouer notre avenir sur un produit des nouveaux réacteurs
06:13 qui n'existe pas encore et qui sera installé en 2040.
06:16 Donc il y a encore temps de reculer. On va avancer un tout petit peu.
06:18 La seule urgence, ce sont les énergies renouvelables,
06:20 et surtout sortir du pétrole et du gaz.
06:22 Vous vous rendez compte que la France, vous parlez de la France,
06:25 peut-être le gouvernement va autoriser 8 nouveaux puits de pétrole en Gironde.
06:31 Vous vous souvenez de la teste de Buch ?
06:34 Vous vous souvenez de cette ville, dans le bassin d'Arcachon,
06:36 7000 hectares brûlés de forêts l'année dernière, l'été dernier.
06:41 Et dans cette même région, victime ô combien victime du dérèglement climatique,
06:46 on est en train d'autoriser de nouveaux forages pétroliers.
06:49 Si on veut que la Chine, les États-Unis et les autres, sortent des énergies fossiles,
06:54 il faut commencer à balayer devant nos portes.
06:56 Yannick Jadot, ce mercredi seront célébrés les objets de Gérard Collomb à Lyon.
06:59 L'homme, le jour où il a quitté le ministère de l'Intérieur en 2018, a dit ceci, on l'écoute.
07:03 Aujourd'hui, on vit côte à côte. Et je le dis toujours, moi je crains que demain,
07:09 on vive face à face.
07:12 Quand on regarde l'actualité, le degré de tension de la société en ce moment,
07:15 on a l'impression qu'on y est. Pourquoi ? Pourquoi ? Comment on en est arrivé là ?
07:18 Est-ce que la France est au bord du basculement, comme l'a dit Olivier Véran ?
07:21 Est-ce qu'on passe à côté d'un scénario de petite guerre civile, comme l'a dit Gérald Darmanin ?
07:25 Je ne sais pas si on entre en guerre civile, mais vous savez, pour ma part,
07:29 ça fait plus de 30 ans que je milite. Il y a des bons moments, il y a des mauvais moments.
07:34 Mais j'avoue que dans ma vie de militant politique, c'est la première fois que je la trouille.
07:41 La trouille ?
07:42 Je la trouille pour notre pays. C'est la première fois que j'ai peur.
07:44 La trouille de quoi ?
07:45 A la fois l'effondrement climatique, avec tout ce que ça veut dire socialement,
07:49 et l'effondrement démocratique. On est dans un moment où, vous voyez bien,
07:53 évidemment, le futur fait peur. Ce sont les guerres omniprésentes, y compris à nos frontières.
08:02 L'Ukraine, l'Azerbaïdjan, l'Arménie, évidemment, Israël, Palestine, ce sont la trouille,
08:10 c'est la peur sociale. Nos enfants vivront moins bien que nous. C'est les chocs climatiques,
08:15 c'est les crises, les pandémies. Et donc, au fond, il y a une grande, d'énormes crises de l'avenir.
08:20 Et quand vous êtes autant pris de vertige par rapport à l'avenir,
08:25 vous ne réfléchissez plus avec votre cerveau pour regarder devant, pour vous projeter en commun.
08:30 Vous agissez avec vos instincts, vous regardez le vide. Et l'extrême droite, notamment,
08:36 agite toutes ces peurs pour fantasmer une France qui n'a jamais existé,
08:41 une France qui déteste les étrangers, une France qui les rejette, une France qui mythifie un passé.
08:48 Les fractures françaises, elles existent.
08:50 Les fractures françaises, elles existent, absolument.
08:53 Simplement, à un moment donné, nos relations se refroidissent. C'est ce que disait Tocqueville.
08:58 C'est-à-dire qu'à un moment donné, les individualismes prennent le dessus,
09:01 on ne regarde plus que son intérêt privé, on a peur et l'autre est considéré comme une menace.
09:06 Et ce qu'il nous faut dans ce moment-là, ce n'est pas penser de manière nostalgique au passé,
09:12 c'est d'arriver à nous remettre en mouvement.
09:16 Et quel plus beau projet que la défense de nos conditions de vie, que la justice sociale,
09:22 que la fraternité pour retrouver un dessin commun et nous redonner une perspective collective.
09:30 Si on n'a pas ça, et c'est l'environnement, c'est le vivant, c'est nos conditions de vie.
09:34 Vous avez défendu l'environnement.
09:35 Vous vous souvenez, le monde d'après, pendant le premier confinement ?
09:38 Oui, mais on avait considéré qu'on revenait à l'essentiel.
09:42 Eh bien, il faut revenir à l'essentiel.
09:44 Très rapidement, Eric Dupond-Moretti sera de cet heure, s'il est condamné ou non,
09:46 par la Cour de justice de la République. Qu'attendez-vous de lui ? Que devra-t-il faire ?
09:50 S'il est condamné, il faut évidemment qu'il quitte la place Beauvau.
09:53 On est déjà dans une situation lunaire de sa présence en même temps comme garde des Sceaux
10:00 et comme personne mise en examen devant la Cour de justice de la République.
10:05 Évidemment, s'il est condamné, il doit partir.
10:07 Merci.
10:08 On a besoin d'exemplarité en politique.
10:10 Merci Yannick Jadot d'être venu dans les 4V. Bonne journée à vous.

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