En 2021, selon une étude de l’Union Sport & Cycle - première organisation professionnelle des entreprises du sport, des loisirs, du cycle et de la mobilité active - le vélo s’avère être le moyen de transport le plus vendu en France devant les trottinettes électriques, les voitures, motos et scooters. Près de 3 millions ont ainsi été achetés en 2021.
Première machine permettant aux humains de se déplacer plus rapidement, le vélocipède serait donc à nouveau dans l’air du temps.
Comment cette petite révolution prend-elle corps dans la Loire et notamment à Saint-Étienne, patrie des Frères Gauthier, créateurs du premier vélo français en 1886 ?
Voyage au coeur du monde de la bicyclette, de son histoire, de son renouveau, de ses nouveaux usages et de ceux qui pédalent !
Montre-moi ton vélo et je te dirai qui tu es !
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00:03 ---
00:05 -Bécanes, biclos, bicyclettes, petites reines, cadrepettes.
00:09 Aujourd'hui, vélo-cargo, vélo-taf, VAE, VTT et bien d'autres encore.
00:14 Autant de noms, de surnoms, qui ont traversé l'histoire
00:18 et qui témoignent de l'évolution de la pratique
00:20 de ce moyen de transport immuable
00:22 qui vit aujourd'hui une incroyable renaissance.
00:25 Que l'on soit jeune ou vieux, riche ou pauvre,
00:29 le vélo est la première machine ayant permis aux humains
00:32 de se déplacer plus rapidement en toute autonomie,
00:35 sans dépendre d'un tiers.
00:37 Avec le vélo, chacun peut se rendre où il veut, quand il veut,
00:40 de jour comme de nuit.
00:43 Alors, sortie du dimanche, vie privée ou professionnelle,
00:47 exploit sportif ou simple geste écolo pour se faire du bien,
00:50 qui sont ceux qui réinvestissent ainsi la bicyclette ?
00:54 Et comment cette petite révolution prend-elle corps dans la Loire ?
00:58 Et notamment à Saint-Etienne, patrie des frères Gautier,
01:01 créateur du premier vélo français en 1886.
01:04 Vous êtes prêts ? Alors venez, enfourchez votre monture
01:09 et suivez-moi à la découverte de cette nouvelle culture vélo,
01:13 de cet esprit vélo qui souffle sur la Loire.
01:17 ...
01:20 Ce n'est pas un hasard si notre histoire commence à Saint-Etienne.
01:37 C'est ici qu'est né le vélo français.
01:40 Le Musée d'art et d'industrie conserve la 1re collection publique
01:44 de vélo en France, près de 350 machines de toutes les époques.
01:48 Un éblouissant témoignage du génie français,
01:51 mis en lumière par cette directrice, elle-même adepte de la petite reine.
01:56 C'est la 1re bicyclette fabriquée à Saint-Etienne.
02:01 En fait, un Anglais est arrivé avec une bicyclette,
02:04 on l'a copiée, et comme il y avait les savoir-faire,
02:07 c'était assez pratique et commode.
02:09 Vous voyez, on a des tubes.
02:12 On a un seul tube cintré qui épouse le garde-boue.
02:15 Et puis on a donc un tube...
02:18 C'est ce qu'on appelle, en fait, un cadre en croix.
02:21 Quand le vélo arrive à la fin du XIXe en France,
02:26 en 1886, de mémoire,
02:29 en fait, c'est un ensemble de tubes, un vélo,
02:33 avec une transmission.
02:36 Et cet ensemble de tubes,
02:38 quand on pense aux tubes, on pense à l'armurerie.
02:41 Et donc, ça permettait aux armuriers, en fait,
02:44 de faire tourner leur machine avec un rendement plus élevé
02:48 en fabriquant les tubes pour les vélos.
02:51 Alors ça, c'était au tout début.
02:53 Très souvent, on a des manufactures d'armes et de cycles.
02:57 On pense à Manufrance.
02:59 Et puis après, ça a évolué.
03:01 Des entreprises spécialisées ont émergé.
03:04 -Tout le monde sait qu'une bicyclette
03:06 est avant tout composée d'un cadre.
03:08 Et c'est ce cadre que l'on fabrique en ce moment.
03:11 Non technique de l'opération que vous venez de voir,
03:14 coupe d'angle des tubes de cadre par grignotage.
03:18 -En fait, c'est un des piliers
03:20 de l'industrie de la production stéphanoise.
03:23 C'est énorme en termes d'emploi, en termes d'images.
03:26 Ce sont les grands fabricants comme Mercier
03:29 qui vont aller chercher Pouilly d'Or,
03:32 qui mettent énormément de moyens sur les courses mythiques
03:35 comme le Tour de France.
03:37 Les très grands noms,
03:39 Sablier, les faiseurs de cadre,
03:41 ce qu'on appelle les hauts couturiers du cycle,
03:45 le très haut de gamme sur mesure,
03:47 comme la bicyclette de tout un chacun,
03:49 était produite sur le territoire.
03:51 Musique douce
03:53 ...
04:01 -C'est très important pour toutes les villes
04:04 de se souvenir d'où elles viennent
04:06 et comment elles vont évoluer,
04:08 et pour ces habitants, de savoir ce qui les a conduits
04:11 à la vie qu'ils connaissent aujourd'hui.
04:14 ...
04:20 Cette industrie a forgé non seulement le territoire physiquement,
04:24 mais aussi le caractère de ces habitants,
04:26 puisqu'on dit que les Stéphanois sont des gens chaleureux, accueillants.
04:30 Et ça, bien sûr, tout cet esprit stéphanois
04:34 et cet entrepreneuriat aussi est lié à l'histoire industrielle.
04:37 ...
04:43 -La première chose qui va être évidente au niveau social,
04:47 c'est l'accompagnement du vélo dans l'émancipation de la femme.
04:51 Puisqu'en fait, la femme peut se mettre...
04:53 Alors, ça a été très décrié,
04:56 parce que vous voyez la position qu'on a sur un vélo,
04:59 donc vous imaginez, il faut aussi adapter les toilettes.
05:02 C'est le moment où, finalement, la femme va se sentir,
05:06 pour la première fois, libre d'aller
05:09 où elle le sent avec sa machine.
05:11 ...
05:18 Je pense que nous n'avons pas conscience
05:20 de l'usage extrêmement quotidien et facile
05:23 qu'était le vélo avant les années 60.
05:26 En fait, auparavant, le vélo, tout le monde en avait.
05:29 C'était quelque chose qui était coûteux, certes.
05:32 On avait des grands soins,
05:34 mais ce n'était pas quelque chose qui était très coûteux.
05:38 Voilà. Donc, ni d'entretien.
05:40 C'est facile d'entretien.
05:42 Vous n'êtes pas obligé d'être mécanicien
05:45 pour pouvoir entretenir votre vélo.
05:47 Si vous savez démonter un pneu ou mettre une chaîne en place,
05:50 c'est bon.
05:51 -Il y a des cultures du vélo, je pense.
05:54 Il y a effectivement la culture de bord industriel,
05:57 on le voit ici.
05:58 C'est une histoire, c'est une technique.
06:01 On a passé des années, un peu plus,
06:03 même des décennies, à développer le vélo
06:05 et qui ont vécu pour et à travers le vélo.
06:08 C'est une culture sportive,
06:10 on le voit quand on accueille le Tour de France.
06:13 C'est un public, c'est un univers à part entière.
06:16 C'est une culture familiale aussi.
06:18 On apprend le vélo avec ses parents, son frère et sa grande sœur.
06:22 On se transmet la pratique du vélo
06:24 dans des dimensions très différentes.
06:28 -Vous vous souvenez de l'instant où vous avez enfin su faire du vélo ?
06:32 C'est lancé assez vite pour ne pas tomber,
06:35 contrôler ses gestes, tout en tenant compte des éléments extérieurs.
06:39 Facile à dire, mais pas si simple, en fait.
06:41 Cela suppose un peu d'apprentissage.
06:44 -C'est bon. Vous mettez en ligne face à moi.
06:46 Est-ce qu'on a tout vérifié ? -Oui.
06:48 -OK. Avant de faire du vélo, qu'est-ce qu'on va faire ?
06:52 -Le train. -Le petit train, et surtout avant.
06:54 Sur quoi vous êtes assis ?
06:57 -La selle. -La selle.
06:59 -On va vérifier si la selle est bonne.
07:01 -Si vous arrivez à monter sur la selle,
07:03 et si elle n'est pas trop basse ou trop haute.
07:06 -Le vélo, pour moi, jusqu'à présent, ça représentait un sport,
07:10 une activité physique pour s'entraîner,
07:12 développer ses compétences motrices.
07:14 Depuis que je suis à Aussie Vélo, c'est un outil de déplacement
07:18 qui est utilisable par tout le monde.
07:20 D'où l'intérêt de vouloir transmettre ce goût du vélo.
07:24 Et l'idée que ce soit eux aussi qui passent ce message à leurs parents,
07:27 car le message passe beaucoup des enfants vers les parents.
07:31 C'est une porte d'entrée pour mettre du monde sur les vélos.
07:34 -Touchez son casque avec la main.
07:36 On baisse bien la tête.
07:40 Barso, baisse la tête, même si tu passes.
07:45 Parfait. Vas-y, Ibrahim.
07:51 Musique douce
07:53 ...
08:05 -C'est quoi le plus difficile, quand on fait du vélo ?
08:08 -De retenir l'équilibre.
08:11 -De tenir l'équilibre. -Oh, j'allais le dire !
08:13 -C'est difficile ? -Oui.
08:16 -Et comment on fait, alors, pour y arriver ?
08:18 -On doit bien se concentrer,
08:23 on doit bien regarder devant lui.
08:26 -Loin. -Loin ? D'accord.
08:29 Et qu'est-ce que vous éprouvez comme sensation,
08:32 quand vous faites du vélo ?
08:34 -La peur, parce que moi, j'ai un petit peu peur que je tombe.
08:38 -Ouais. Et toi, ma grande ?
08:40 -Et moi, je suis un peu...
08:44 Contente, parce que...
08:47 Parce que je sais faire du vélo à deux.
08:50 -Pourquoi vous devez boire ?
08:52 ...
08:58 -Dans les centres sociaux, on va des enfants de 3 ans
09:01 jusqu'à des mamies de 87 ans,
09:03 qui apprennent à faire du vélo ou qui se remettent en selle.
09:06 On a des entreprises, on touche des étudiants aussi,
09:09 donc on a vraiment un public hyper varié,
09:12 et c'est ça aussi qui est cool dans ce métier.
09:15 Voilà.
09:17 Sur la Vélo-école des particuliers,
09:19 on a vraiment principalement des femmes,
09:21 des femmes d'une vingtaine d'années
09:24 jusqu'à une cinquantaine d'années,
09:26 qui viennent de tout horizon.
09:28 C'est hyper varié.
09:30 Des personnes qui ont jamais su faire de vélo,
09:32 qui veulent apprendre, des personnes qui ont su faire du vélo,
09:36 mais qui veulent se remettre en selle, reprendre confiance,
09:39 et des personnes qui savent déjà faire du vélo,
09:41 mais qui n'osent pas se déplacer actuellement,
09:44 qui ont des solutions pour se déplacer à l'extérieur,
09:47 sur la voie publique.
09:49 -En tournant la tête. Voilà, c'est bien comme ça.
09:52 ...
09:55 ...
10:02 -Le vélo réinvestit la ville,
10:03 mais quelle est la motivation de ceux qui pédalent ainsi tous les matins ?
10:07 Faire un geste pour la planète ou pour sa santé,
10:10 se promener, amener ses enfants à l'école ?
10:13 Ou les gens qui décident même de se rendre au quotidien à leur travail ?
10:17 Parmi eux, les vélo-taffeurs.
10:19 Un mot créé au début des années 2000,
10:21 contraction de vélo et taff, le travail, le boulot.
10:24 La distance moyenne qu'ils parcourent
10:26 est souvent bien supérieure à 20 km.
10:29 -J'ai commencé assez jeune, quand j'avais 14 ans,
10:32 et depuis, je n'ai jamais arrêté, au contraire.
10:35 Je m'y fais de plus en plus, dans pas mal de disciplines différentes.
10:39 Donc oui, c'est une passion.
10:41 C'est aussi un côté écologique,
10:43 parce que ça m'embête de prendre la voiture tous les jours.
10:46 Le principal, c'est faire attention aux voitures,
10:49 c'est ce qui est le plus dangereux,
10:51 surtout sur cette route qui est assez passante.
10:54 Donc quotidiennement, oui, c'est un peu compliqué, parfois.
10:58 Donc j'essaie d'être le plus vigilant possible.
11:01 On est assez vulnérables, finalement.
11:03 J'ai déjà eu plusieurs collisions avec des véhicules,
11:07 parfois assez graves, on va dire.
11:09 J'ai quand même de la crainte.
11:11 Je fais toujours beaucoup de route,
11:14 mais pour ce sentiment de liberté, de vitesse, d'évasion...
11:19 Du bonheur, presque, j'ai envie de dire.
11:23 Musique douce
11:26 ...
11:37 -On n'a pas d'épanchement.
11:39 Vous me dites dès que je vous fais mal.
11:41 Je vous fais mal, ici ?
11:43 -Ou... Ca va.
11:44 Oui, plus de vent. -Plus de vent, d'accord.
11:48 Et vous avez mal plutôt sur le plat, en montée ?
11:51 -Non, plutôt en montée. -Plutôt en montée, d'accord.
11:54 Le vélo rentre dans les critères de sport
11:58 qui vont être intéressants pour la santé,
12:00 dans le sens où on va travailler au niveau cardiorespiratoire.
12:05 C'est un sport qui fait travailler musculairement
12:08 toutes les chaînes inférieures, l'agilité et l'équilibre.
12:12 C'est vraiment une passion,
12:22 presque un mode de vie,
12:24 parce que l'aspect compétition, il y a vraiment côté liberté, plaisir,
12:29 et puis le fait de se déplacer
12:32 par la force mécanique de notre corps,
12:34 je trouve que c'est merveilleux.
12:37 J'ai eu des chutes avec des blocages psychologiques,
12:40 où j'ai eu peur.
12:41 Récemment, je me suis renversée par une voiture.
12:44 Mais progressivement, la passion revient
12:47 et on oublie et on repart de l'avant.
12:50 C'est quelque chose qui rend la vie plus belle.
12:53 -Moyen de transport idéal pour les particuliers,
13:00 la bicyclette tend à se développer aussi comme outil de travail.
13:04 Quand on pense vélo-travail, on pense aux coursiers.
13:07 Livraison de plis, colis, repas, collectes ou autres.
13:10 Ils défient les voitures pour proposer un service dans la ville
13:14 aux plus proches des entreprises ou des particuliers.
13:18 Un mode de déplacement qui n'est d'ailleurs pas toujours sans danger.
13:31 -Moi, j'ai l'habitude, mais je pense que c'est pas le plus simple.
13:35 Notamment parce que c'est Valenais.
13:37 Mais après, c'est une longue histoire,
13:40 les histoires d'aménagements cyclables.
13:43 C'est beaucoup plus simple à Lyon, à Paris,
13:46 dans les pays nordiques.
13:48 Il y a des altercations régulières,
13:50 notamment avec les double-sens cyclables.
13:53 Après, c'est simplement qu'ils ont dessiné des vélos
13:57 en sens inverse dans des rues de 2 m de large.
14:00 Faire du vélo, c'est être à l'extérieur,
14:09 c'est sentir son corps, c'est voir la vie.
14:12 C'est une chose extrêmement simple.
14:14 -Tchac !
14:19 ...
14:38 D'autres professions réinventent aussi leur manière de travailler
14:42 pour pouvoir continuer à accéder et à se déplacer
14:45 dans les centres-villes.
14:47 -Je suis Jordi Badiou, je suis électricien depuis 20 ans
14:50 à Moncon sur la ville de Saint-Etienne.
14:53 Nous avons investi, du coup, dans un vélo cargo
14:57 pour nos déplacements en ville, pour faciliter nos déplacements.
15:01 C'est un peu expérimental, pour l'instant.
15:04 On est en train de tester la chose.
15:06 Mais il s'avère que ça a l'air pas mal, depuis 2 ans.
15:10 Je vous ouvre ma caverne d'Ali Baba.
15:15 Donc on a fait un dispositif, quoi.
15:17 On l'a fait fabriquer sur mesure.
15:20 Et on l'a fait fabriquer en fonction de ce qu'on allait mettre dedans.
15:24 C'est un moyen de réfléchir, un peu.
15:27 Donc là, on a un minimum d'outils et de matériel
15:33 pour travailler un peu sur nos chantiers d'électricité.
15:37 On peut faire les chantiers avec un petit équipement comme ça,
15:41 on peut être autonome.
15:42 Si il nous manque des choses, on refait un aller-retour.
15:46 Un aller-retour avec un vélo comme ça, sur Saint-Etienne,
15:50 chez le fournisseur, c'est 7 minutes allées, 7 retours.
15:53 En 15 minutes, on a cherché le matériel qui nous manque.
15:57 Ce qui m'a décidé, c'est d'essayer de vivre mon travail autrement.
16:02 Parce qu'à un moment donné, la voiture, c'est stressant.
16:06 Même s'il y a quand même une dimension de changement,
16:09 entre guillemets, de société.
16:12 On sait bien qu'il va falloir calmer un peu le jeu,
16:15 les politiques commencent à s'y mettre,
16:17 les citoyens, un peu plus, ils sont un peu plus rapides.
16:21 Mais il y avait cet engagement aussi de mon côté
16:24 d'arrêter de prendre une bagnole et de brûler de l'essence,
16:28 et de s'énerver dans les bouchons.
16:31 Musique de jazz
16:34 ...
16:41 -T'as pas remis le jus, là, Tiff ?
16:43 T'as pas ? Tiff ?
16:45 Je veux bien que tu me le recoupes.
16:47 ...
16:51 -C'est pas une ville très adaptée au vélo, à la base.
16:54 C'est la ville des Z collines, donc on a beaucoup de petites collines
16:58 dans le centre-ville.
17:00 On risque pas de faire ça avec un vélo
17:03 qui serait pas assistance électrique.
17:05 ...
17:10 -Ce qui m'a surpris dans l'utilisation du vélo,
17:13 et ce que je m'attendais pas du tout au départ,
17:16 c'est le rapport social avec les gens.
17:19 Et non, non, c'est...
17:21 Moi, je suis très content d'avoir investi là-dedans.
17:25 ...
17:37 ...
17:50 -Nous, on fait partie de l'association Onden Agro.
17:53 C'est un atelier chantier d'insertion.
17:56 Son but, c'est de proposer un emploi à des personnes
17:59 qui en sont éloignées, et de les accompagner
18:02 sur leurs projets professionnels.
18:04 Comme du nettoyage urbain et une collecte de mégots
18:07 à vélo sur Saint-Etienne.
18:09 Alors, il y a 400 cendriers qui sont installés
18:12 sur la ville de Saint-Etienne, partout dans la ville,
18:15 sur tous les quartiers.
18:17 Les mégots que nous collectons vont être transformés
18:20 soit en combustibles, soit en panneaux de sensibilisation.
18:23 Et pour rendre cette mission écologique de A à Z,
18:27 nous avons décidé de la réaliser en vélo,
18:29 et non en véhicule thermique.
18:32 ...
18:42 -C'est très valorisant pour eux,
18:44 car souvent, on les interpelle dans la rue
18:47 en leur disant que la mission est intéressante.
18:50 C'est une mission valorisante pour nos salariés en insertion.
18:53 ...
19:00 -Le vélo cargo, un super vélo qui peut tout transporter, ou presque.
19:04 Il y en a de toutes les formes et de toutes les tailles
19:07 pour s'adapter à tous les usages, du plus courant au plus étonnant.
19:11 -Tu verras, il y a une fermentation malolactique en cours,
19:14 qu'on retrouve sur certains vins blancs.
19:17 Pour nous, le vélo, dans l'activité, il est utile de 2 manières.
19:21 Il nous sert d'étale sur les marchés,
19:23 et il nous sert de système de livraison,
19:25 pour livrer les professionnels ou les particuliers.
19:29 -C'est un vélo cargo plateforme.
19:30 Il y a une grande plateforme située sous le vélo, à l'avant,
19:34 très basse, pour que le centre de gravité soit bas,
19:36 spécifique pour le déplacement de marchandises.
19:39 C'est un vélo de cycle logistique, adapté à notre activité
19:42 par un menuisier qui nous a fabriqué une grande caisse.
19:46 On est limité à une centaine de kilos à l'avant.
19:48 On a une remorque qui peut supporter jusqu'à 40 kilos.
19:51 L'idée, c'est de pouvoir déplacer tireuse et flux,
19:54 et d'avoir une capacité de 300-400 kilos de déplacement,
19:58 avec des systèmes dédiés à ça.
20:00 Aujourd'hui, plus que jamais,
20:02 on a besoin de faire attention à l'impact de ce qu'on fait,
20:05 que ce soit individuel, en tant que consommateur,
20:08 ou professionnel, en tant qu'entrepreneur.
20:10 Musique douce
20:12 ...
20:24 -Je travaille avec un apprenti,
20:26 on fait tous les deux la cuisine le matin,
20:28 le service à midi au comptoir,
20:30 et je pars en livraison le matin, quand il y en a.
20:34 C'est un vélo cargo, à la base conçu pour les familles,
20:37 c'est-à-dire que dans la caisse, il y a un banc
20:40 pour que les enfants puissent s'asseoir devant.
20:42 Moi, ça me permet, par contre,
20:45 de transporter plus de 80 kilos de marchandises.
20:48 Il est électrique, il y a un moteur sur la roue arrière,
20:51 et puis il est très facile d'utilisation.
20:54 J'avais pas fait de vélo depuis un petit moment
20:57 avant de reprendre ici les livraisons,
20:59 et c'est vrai que ça a pris tout de suite.
21:02 Dès qu'on met un coup de pédale, le moteur prend le relais,
21:06 on le sent, et il nous aide pas mal.
21:08 J'ai énormément de clients qui sont sur le cours Foriel,
21:11 et c'est une voie qui est partagée.
21:13 C'est-à-dire qu'il y a un cours, un grand avenue,
21:16 il y a uniquement les voitures et les véhicules à moteur
21:20 qui circulent, et sur le côté,
21:22 il y a des trottoirs,
21:24 et il y a une voie partagée vélo et piéton.
21:27 C'est très pratique.
21:28 Il y en a une qui est dans un sens, une autre dans l'autre.
21:32 -Des voies cyclables aménagées et adaptées,
21:35 une règle qui n'est pas forcément celle du centre-ville,
21:38 où l'on a plutôt choisi de réhabiliter des rues existantes.
21:42 Le vélo doit alors se frayer son chemin au coeur de la circulation.
21:46 Lucie est chargée de communication à Aussy Vélo,
21:49 une association d'usagers qui compte bien redonner sa place
21:53 au vélo dans la ville.
21:54 Elle a accepté de relever le défi
21:56 et de nous donner un aperçu du quotidien du cycliste.
22:00 ...
22:04 -C'est parti.
22:05 -L'expérience commence non loin du musée d'art et d'industrie,
22:08 rue Désir-et-Claude.
22:10 ...
22:14 -Donc là, on est vraiment sur l'axe principal de la ville,
22:18 nord-sud, qui est hyper structurant
22:22 pour tous les types de mobilité.
22:24 Et ici, on a une piste cyclable
22:27 qui est plutôt pas mal.
22:29 Alors, il va falloir faire attention un petit peu
22:32 aux portières qui s'ouvrent sur la droite,
22:34 mais on va pas être trop gênés par la circulation,
22:38 puisqu'on voit bien les voitures arriver...
22:41 ...d'en face.
22:43 On nous voit également.
22:45 ...
22:53 Par contre, voilà,
22:54 on a un peu un problème de parking sauvage,
22:57 qui font que les voitures d'en face empiètent
23:01 sur la piste cyclable.
23:03 Voilà.
23:04 ...
23:12 On a complètement des voitures qui sont garées
23:15 sur la route...
23:16 ...
23:22 et sur la piste cyclable.
23:24 Voilà.
23:25 ...
23:42 Voilà, ça va être un peu délicat.
23:44 -Un nouveau challenge pour Lucie,
23:46 à l'approche de la place Bellevue.
23:48 -On va passer sur une sorte de trottoir surélevé,
23:52 un peu dangereux.
23:54 Voilà.
23:55 ...
23:56 Ça, c'est toujours ma piste cyclable, je n'invente pas.
24:00 Hop.
24:01 OK.
24:02 ...
24:13 Et encore...
24:14 ...des véhicules sur la piste.
24:19 ...
24:23 Là, on a un sas vélo qui est respecté, c'est pas mal.
24:27 ...
24:29 Là, on va devoir traverser les lignes de tram
24:33 et éventuellement passer devant des bus,
24:36 ce qui n'est pas franchement l'idéal,
24:40 avec des voitures qui vont nous couper la route,
24:43 des lignes de tram qu'on doit prendre
24:47 avec un angle suffisant pour ne pas se casser la figure.
24:50 ...
24:52 Et on arrive sur une piste cyclable à double sens.
24:55 -Alors oui, pas simple de se déplacer en vélo.
24:59 D'ailleurs, devant le danger et la complexité des parcours,
25:02 certains cyclistes décident même d'en arrêter la pratique
25:06 quand ils arrivent à Saint-Etienne.
25:08 Pourtant, la résistance s'organise.
25:10 Des usagers se mobilisent au sein d'associations
25:13 et interpellent politiques élus et décideurs.
25:16 Ils sensibilisent aussi le grand public
25:18 en proposant toutes sortes de services aux adeptes de la bicyclette.
25:22 ...
25:25 -Bonjour, messieurs. Vous allez bien ?
25:27 -Très bien. -Où sommes-nous ?
25:29 -Ha ! Ha ! Ha !
25:30 -On est en 4 semaines ?
25:31 -Ha ! Ha ! Ha !
25:33 -Ici, on est dans les locaux de l'association.
25:36 On a un atelier d'autoréparation.
25:38 Le but, ça va être que les gens deviennent autonomes
25:41 avec leur vélo, en tout cas en termes de mécanique,
25:44 qu'ils puissent entretenir leur monture.
25:48 -Je vais acheter sur le bon point.
25:51 -Ah, d'accord.
25:52 -Moi ou ma collègue, aussi, on est ici pour expliquer tout ça,
25:58 donner conseils.
25:59 On a des outils, des...
26:03 des pièces, tout ça.
26:05 On propose des services.
26:08 Mais c'est une idée pour réparer lui-même sa vélo.
26:13 -Alors, l'objectif général, ça va être de donner le goût du vélo aux gens
26:18 et de rendre ce... cet outil accessible au plus grand nombre.
26:23 Y a pas d'âge pour se remettre en selle ou se mettre en sel.
26:27 ...
26:39 -Rendre accessible le vélo,
26:41 cela passe aussi par des collectes mensuelles
26:44 auprès des différentes déchetteries de la métropole.
26:47 Une fois triées, ces vélos sont soit réparés
26:50 et proposés au public pour un prix modique,
26:53 soit récupérés des pièces pour un usage ultérieur.
26:56 Rien ne se perd dans le vélo.
26:58 ...
27:07 -C'est la magie du recyclage.
27:09 -Alors, moi, je suis à la recherche de petits trous de vélo
27:12 pour refaire une carriole de vélo
27:15 qui me permettra de transporter des choses.
27:18 C'est une ancienne carriole Michelin
27:20 qui a été fabriquée dans le temps en verre Clermont, en bois.
27:23 Ce sont des roues pas du tout standard.
27:25 Je suis à la recherche de roues standard,
27:28 donc c'est probablement 16 pouces,
27:30 que je pourrais équiper assez facilement
27:33 avec des pneus standard.
27:35 D'où... Je vais chercher deux roues avant, comme ça,
27:38 pour pouvoir les mettre en lueille et place
27:41 des anciennes roues de 400 mm
27:43 qu'on ne retrouve plus du tout dans le commerce.
27:46 Je suis sensibilisé aux enjeux énergie-climat,
27:49 mais je me dis pas écolo, je me dis pragmatique.
27:52 Mais en même temps, c'est un peu lié, finalement, les deux.
27:55 Musique rythmée
27:57 ...
28:04 -En 2010, Saint-Etienne est l'une des premières villes
28:07 à exploiter un système de location de vélo mécanique
28:10 à courte durée, les Villes-Hiver.
28:13 13 ans plus tard, une autre aventure commence.
28:16 -Après plusieurs semaines enfermées dans cette boîte
28:19 sur le parvis de la gare de Châteaucreux,
28:22 Vos Villes-Hiver sort enfin au grand jour.
28:24 A part le nom, tout a changé.
28:26 La métropole s'équipe d'un parc de vélos 100 % électrique.
28:29 -Concrètement, on a bien intégré le fait
28:32 que Saint-Etienne était une ville à 7 collines,
28:35 que les vallées du Gier et de Londènes,
28:38 il fallait monter ou descendre pour aller au travail,
28:41 et que transformer le vélo de loisir en vélo,
28:44 outil de déplacement du quotidien, n'était pas facile.
28:48 L'avantage de ce vélo, quand vous l'avez vu,
28:51 quand vous l'essayez, vous verrez, c'est un vélo très léger,
28:55 très maniable, et on a encore la sensation d'être sur un vélo,
28:58 et non pas sur une mobilette.
29:00 Donc, ça, quand on est en costume ou en tenue de ville,
29:04 c'est une information importante.
29:06 Et là-dessus, ce vélo a des petites surlargeurs de pneus
29:10 qui nous permettent de franchir les rails de tram
29:13 facilement et ne créent pas de danger vis-à-vis de cet obstacle.
29:17 -Un plan vélo a été adopté par Saint-Etienne Métropole
29:21 dès 2019 et pour 10 ans.
29:22 41 millions d'euros pour faire évoluer les vélivers,
29:26 aider à l'achat de véhicules électriques,
29:29 mais aussi développer des infrastructures cyclables.
29:32 -Il faut aménager l'espace public pour créer des bandes,
29:36 non pas des bandes cyclables, mais des voies cyclables,
29:39 sécurisées et continues, qui nous permettent de pratiquer le vélo
29:43 en toute sécurité.
29:44 Alors, il faut être réaliste.
29:46 On peut pas, d'un coup de baguette magique,
29:49 s'en sortir de tous les problèmes qui ont été induits
29:52 par l'usage de la voiture depuis plus d'un siècle.
29:55 Il faut vraiment une révolution progressive
29:57 pour que tout le monde puisse prendre sa place.
30:00 Ce qui est intéressant à suivre, c'est de voir comment ça va évoluer.
30:04 Et ça, on le sait pas encore.
30:06 On le maîtrise pas.
30:07 On voit que des grandes villes, notamment qui étaient en avance
30:11 par rapport à nous, tels Paris, Lyon, sur les pistes cyclables,
30:15 sont parfois saturées sur ces pistes cyclables.
30:18 C'est pas de la science-fiction, c'est aujourd'hui.
30:21 Donc, il faut l'anticiper aussi.
30:23 Il faut vraiment suivre de près les habitudes de déplacement
30:26 de nos concitoyens.
30:28 -Savoir s'adapter, être à l'écoute et anticiper l'évolution des usages,
30:39 c'est aussi l'exigence des entreprises de la filière cycle de la Loire.
30:44 Direction Marcleau, à la découverte de Mac1,
30:47 une société qui produit des jantes et des rayons.
30:50 -Mac1 est né du rachat de la société Rayon Bernard,
30:59 qui est née en 1937.
31:00 Donc, c'est...
31:02 Ca veut vraiment dire quelque chose.
31:04 Il y a une continuité dans cette histoire industrielle.
31:08 Malheureusement, cette histoire s'est arrêtée à un moment donné
31:12 où le vélo était moins utilisé
31:16 et où la production asiatique était plus importante.
31:19 Mac1 a su tenir parce que les fondateurs
31:22 avaient une vraie force de caractère, j'allais dire,
31:26 et ont vraiment poussé ça.
31:27 Et également parce que la jante est un produit
31:30 qui est difficile à transporter.
31:32 Je crois qu'elle coûte cher à transporter.
31:35 Ca a été un des éléments protecteurs pour la société.
31:38 De plus en plus, on va adapter le vélo à l'usage.
31:45 On se rend compte aujourd'hui, par rapport à une certaine époque,
31:49 qu'on a des types de vélos très différenciés.
31:53 Le marché en lui-même, malgré ce qu'on en dit,
31:57 évolue peu en chiffres.
31:59 Mais aujourd'hui, l'évolution est principalement vers la valeur,
32:04 puisque les vélos électriques et équipés coûtent plus cher.
32:08 Un vélo 100 % français, il y en a eu à l'époque
32:14 où on pouvait trouver tous les composants de vélo à Saint-Etienne.
32:19 A cette époque-là, je suis originaire de Haute-Loire,
32:23 mon père faisait des moyeux en Haute-Loire
32:26 pour alimenter Saint-Etienne.
32:28 On savait faire un vélo complet.
32:31 Il fallait aller chez Simplex, un peu à Dijon,
32:34 mais en France, on savait faire un vélo complet.
32:37 Mais aujourd'hui, si on veut arriver à des produits concurrentiels,
32:41 il faut raisonner à l'échelle européenne et pas française.
32:45 En termes de chiffres purs, ça ne tient pas.
32:48 C'est un de mes vélos.
32:51 J'en ai quelques-uns.
32:54 C'est un vélo qu'on a...
32:57 ...monté ici.
33:01 On a monté une centaine d'exemplaires.
33:04 La société a mis des moyens dedans,
33:07 et nos partenaires ont mis des moyens
33:10 pour qu'on ait un vélo très accessible
33:13 avec un bon niveau de finition
33:16 pour remettre les gens en selle chez nous.
33:19 C'est un vélo type gravel,
33:21 qui permet d'être très flexible, de rouler sur la route et sur les chemins.
33:26 C'est très adapté.
33:28 Par exemple, le long de la loi, on peut se faire plaisir
33:32 et avoir quelque chose de très ludique.
33:35 C'est un rôle sociétal.
33:37 On s'aperçoit que si on ne pousse pas l'activité physique,
33:41 on voit rapidement les pathologies arriver.
33:44 Comment dans le monde du vélo,
33:46 quoi de plus naturel que d'aller vers le vélo
33:49 et d'essayer de transmettre cette passion ?
33:52 Transmettre une passion, accompagner l'utilisation du vélo
34:01 sur des itinéraires en ville comme en campagne.
34:04 En attendant de nouveaux aménagements esthétiques et modulables,
34:08 fleurissent au cœur des villes et des villages.
34:11 Tous les équipements qu'on crée
34:17 ont vocation à être installés sur l'espace public,
34:20 à être à disposition du grand public
34:22 et à ce titre, à être visibles du public.
34:25 Répondre aux besoins des cyclistes,
34:28 c'est la fonction première de nos équipements,
34:31 c'est l'objectif prioritaire.
34:33 Si en plus de ça, nos équipements sont beaux,
34:36 attrayants et attractifs,
34:38 on contribue aussi aux changements de comportement,
34:42 à donner envie à des personnes
34:44 qui n'utilisent pas forcément leur vélo au quotidien
34:47 à essayer.
34:48 En 2016, on a investi dans une tour industrielle entièrement neuve
34:57 avec des machines, tous les équipements qui nous ont permis
35:02 d'intégrer la production de nos produits.
35:05 C'est vraiment une grande fierté,
35:08 c'est totalement l'ADN de l'entreprise.
35:11 Ça nous a permis d'avoir une maîtrise intégrale
35:14 de tout notre cycle de fabrication.
35:17 Ce qui veut dire que pour nos designers et nos concepteurs,
35:21 c'est la possibilité de réaliser des prototypes
35:24 de manière très rapide, très accélérée,
35:26 de tout de suite voir le fruit de leur travail,
35:30 de pouvoir toucher.
35:32 On est beaucoup plus performant
35:34 dans la mise au point des produits,
35:36 dans le processus de développement.
35:38 On sait qu'il y a à peu près un quart des personnes
35:46 qui se font voler un vélo, qui n'en rachètent pas.
35:49 Si on veut développer l'utilisation du vélo
35:52 ou donner la possibilité aux plus grands nombres
35:55 d'utiliser le vélo pour leur déplacement,
35:57 la première chose, c'est de leur donner la capacité
36:00 de faire ce qu'ils ont besoin.
36:02 Aujourd'hui, on réfléchit cocktail de déplacement.
36:06 Dans ce cocktail, le vélo a sa place.
36:08 C'est un mode de déplacement très économique pour les villes.
36:11 Il est bon pour la santé, pour l'environnement,
36:14 pour la qualité de vie dans les villes,
36:16 parce que ça fait des villes apaisées, moins bruyantes.
36:19 On est vraiment dans une phase
36:21 où le paysage est en train de changer
36:24 avec à la fois une envie des usagers,
36:27 des politiques, mais aussi des moyens
36:30 pour que les étoiles s'alignent.
36:32 -Esthétisme, ergonomie.
36:39 Le vélo, c'est une histoire de technique,
36:42 mais aussi de design.
36:44 Une invitation au voyage, au rêve,
36:46 pour entrevoir les vélos d'aujourd'hui,
36:48 mais aussi de demain.
36:50 -Comment naît une idée d'expo ?
36:55 C'est assez simple.
36:57 Je suis une famille de cyclistes, de cyclotouristes.
37:00 J'étais plutôt rebelle,
37:02 et c'était le truc de mes parents, c'était pas le mien.
37:05 J'ai fait une espèce de vide d'une vingtaine d'années sur le vélo
37:08 que je projetais sur l'image de mes parents.
37:11 Et puis j'ai commencé à regarder des émergences à l'école
37:14 où j'enseignais de jeunes gens, bien dans leur époque,
37:17 qui réhabilitaient des vieux vélos,
37:20 des vieux vélos de mon enfance, quand j'étais ado,
37:23 des vélos qui me faisaient rêver quand j'avais 12 ans,
37:26 que je suivais encore mon père.
37:28 Et puis une industrie qui avait totalement disparu.
37:31 Je me suis aperçu que tous les vélos de rêve
37:34 quand j'étais gamin avaient disparu.
37:36 J'ai commencé à les collectionner,
37:38 et on terminait une expo sur le design.
37:40 Un jour, quelqu'un m'a dit,
37:42 "C'est quoi ton rêve de prochaine expo ?"
37:44 "Vu tous les vélos qu'il y a ici, c'est une expo sur le vélo."
37:47 Je dis oui à une condition, c'est qu'on parle pas d'usage,
37:50 qu'on parle pas de pistes cyclables,
37:52 mais qu'on parle de ceux qui permettent les usages
37:55 et qui font qu'on doit faire des pistes cyclables,
37:58 des machines adaptées aux situations d'utilisation du vélo en France,
38:02 dans ce qu'on connaît le sport, le cycle tourisme,
38:05 mais dans le vélo urbain de transport de tous les jours.
38:08 Il y avait une sorte d'hommage à cette ville un peu abîmée,
38:14 martyrisée, dont un grand journal du soir français
38:17 avait dit qu'elle était une ville horrible, ce qui est totalement faux.
38:21 Et le vélo étant totalement à la mode,
38:23 je trouvais presque normal et légitime
38:27 que Saint-Etienne soit associée à cette envie positive,
38:29 parce que le vélo est une machine formidable,
38:32 c'est presque une ivresse de rouler en vélo,
38:35 que Saint-Etienne soit connectée à ça, parce que c'est son histoire.
38:38 C'est une belle histoire, donc il faut la connecter à ce renouveau.
38:42 -Ouais, c'est ça. C'est ça aussi.
38:45 -Il y a un renouveau des jeunes cadreurs en France,
38:48 Mathieu Cholet, Edelbeik, Lafraise, Peshtregon, etc.
38:54 Un petit peu comme dans les années 30 et après la guerre,
38:57 où il y avait des cadreurs partout en France.
39:00 C'était courant de se faire faire un vélo sur mesure.
39:03 Tout ça avait disparu.
39:05 Il s'est dit, j'ai une jante, une trentaine d'années,
39:08 qui ont lancé... Or, si on veut une industrie,
39:11 il faut les têtes de pont, les fulgurances, les artistes au sommet.
39:15 Puis derrière, on est un peu plus démocratique.
39:18 Donc oui, ces vélos-là sont très chers, mais c'est le vélo d'une vie.
39:23 Vous êtes écologiste, vous voulez pas de carbone qui vient de Chine,
39:27 le bambou vient de la bambouserie d'Anduz, près de Nîmes.
39:30 Comme l'inonérie est très forte, on sait faire des bambous
39:33 avec les mêmes tailles.
39:35 On peut lancer des séries de vélos avec des bambous
39:38 qui poussent en France et qui sont toujours du même diamètre,
39:41 comme sur celui-là.
39:43 Et comme on veut faire des vélos un peu moins chers,
39:46 on coupe les tubes de bambou, on fait des composites
39:49 et on peut gérer un peu autrement.
39:51 Ce vélo-là, il est permis par la performance
39:54 de l'Institut de recherche agronomique.
39:56 On fait pousser les matériaux, c'est extraordinaire.
40:00 J'aime beaucoup celui-là parce qu'il est culturel.
40:05 C'est un symbole national, le vélo rose de Polydor.
40:08 Ce qui veut dire que ces machines
40:10 peuvent être aussi plus que des machines, des objets de culture.
40:14 La puissance des objets qu'on construit,
40:17 la vie de gens, une nation,
40:20 et une culture commune.
40:22 La plupart des vélos intéressants aujourd'hui
40:30 sont faits avec des designers.
40:34 On ne peut pas mettre une technologie brutale en face d'usage.
40:37 Il faut pouvoir accompagner tout ça
40:39 et surtout donner une esthétique française
40:41 parce qu'on n'est plus légitime dans ce marché-là.
40:44 Il faut des productions attractives, désirables,
40:47 avec un esprit.
40:49 Pour faire des histoires, il faut surtout un esprit.
40:52 Dessine-moi un vélo et je te dirai qui tu es.
40:56 On a tous un vélo dans le cœur,
40:58 un vélo idéal auquel on rêve.
41:01 Et si quelqu'un pouvait réaliser vos rêves ?
41:04 Direction Saint-Chamond
41:06 pour découvrir un atelier de mécanique cycle
41:09 qui électrifie, rénove,
41:11 mais aussi crée sur mesure
41:13 des vélos musculaires ou électriques.
41:17 C'est un vélo que j'ai monté de A à Z.
41:20 C'est un vélo qui est utilitaire,
41:23 qui doit résister à des contraintes importantes,
41:26 notamment la charge.
41:28 C'est un vélo où on peut mettre 200 kg dessus.
41:31 Et on peut aussi l'atteler avec une remorque.
41:34 Une remorque de ce type-là,
41:36 soit une remorque plateau
41:38 sur laquelle on va pouvoir mettre encore du chargement.
41:41 Je suis Julien Chevalier, j'ai 36 ans.
41:44 J'ai créé Cycloptysco,
41:47 un petit soin, en 2014.
41:49 C'est un exemple d'électrification d'un vélo.
41:56 C'est un VTT d'un client
42:01 qui voulait électrifier
42:04 et l'idée aussi, c'était de le rénover en même temps.
42:07 C'est un exemple de réemploi d'un VTT.
42:11 Et plutôt que d'en racheter un neuf,
42:15 on préfère le réutiliser et l'électrifier.
42:18 On peut avoir des créations de vélos neufs complètement,
42:34 soit la rénovation complète de vélos anciens.
42:38 Et des fois, les deux s'entremêlent.
42:41 On va peut-être partir d'un vélo ancien
42:44 mais on va monter des composants récents,
42:48 on va réactualiser le vélo,
42:50 le "upgrader", désolé pour l'anglicisme.
42:53 Le réemploi, c'est aussi redonner une valeur aux objets
43:00 et une deuxième vie.
43:02 C'est vraiment une responsabilité d'intervenir sur un vélo.
43:06 C'est une relation de confiance qui est très importante.
43:10 Sans prétention aucune, mais presque comme chez le médecin.
43:14 On n'a jamais réussi à rénover des vélos anciens
43:18 qui étaient passés de génération en génération.
43:21 Donc voilà, c'est quelque chose d'assez...
43:25 Comment dire ? Assez fort, oui.
43:27 Ce vélo, oui, il a de l'importance pour moi
43:32 parce qu'il y a le côté histoire.
43:34 C'était le vélo de mon grand-père.
43:36 Il se servait pour aller dans son jardin ouvrier.
43:39 Et l'idée, c'était de le rénover, de l'améliorer
43:42 pour pouvoir faire du voyage à vélo.
43:45 Et voilà, dans un esprit de rétrofitage, on pourrait dire.
43:49 C'est marrant parce qu'il y a tous les...
43:52 Enfin, tous. Il y a un peu les papis qui m'arrêtent
43:55 et qui disent "Ah, trop bien, un vieux Manu France,
43:58 c'est trop rigolo."
44:00 Et on commence à discuter et tout.
44:02 Donc voilà. Ça me fait plaisir
44:04 parce que ça permet de discuter avec des gens
44:07 qui ont connu l'âge d'or du cycle à Saint-Étienne.
44:10 Et justement, je suis content
44:13 parce que le fait d'avoir incorporé des composants récents
44:17 sur ce vélo-là, ça se voit pas
44:19 puisque les gens se laissent prendre.
44:21 On a tous le vélo auquel on est attaché,
44:29 qui a une histoire. C'est une belle machine.
44:32 Ça permet l'évasion, ça permet la liberté.
44:35 Un vélo, c'est plein de choses comme ça.
44:39 -Alors, le vélo, le meilleur ami de l'homme et de la femme ?
44:43 En tout cas, ce fidèle destrier procure plaisir et liberté
44:47 et on l'éduque même à devenir acteur social,
44:50 à permettre à des jeunes de se reconnecter
44:53 à l'effort et au partage,
44:55 à être sensibilisés au vivre ensemble et à l'écologie.
44:59 -Là, sur ce frein-là, il y a 2 problèmes.
45:02 Je sais pas si vous remarquez, mais à l'oreille,
45:05 il y a un bruit de frottement.
45:07 -Il y a un bruit de frottement.
45:09 -Il y a un bruit de frottement,
45:11 puisque ce patin-là est beaucoup plus proche...
45:14 -C'est un atelier d'autoréparation.
45:16 Le but étant que les gens amènent leur vélo
45:19 et qu'on regarde ensemble ce qui peut poser problème dessus,
45:23 diagnostiquer ensemble,
45:25 et que je montre aux gens comment...
45:28 Déjà, comment diagnostiquer
45:30 et comment faire des réparations.
45:32 On a pas du temps en basique, on fait pas des choses énormes,
45:36 mais la plupart du temps, les réparations sur les vélos,
45:40 c'est souvent des petites choses,
45:42 parfois des opérations plus compliquées,
45:45 mais des choses qu'on peut identifier de manière autonome.
45:49 -Au centre social, on aimerait bien mettre en place
45:57 un atelier de réparation
45:59 aux adhérents,
46:01 aux services des habitants du centre-ville,
46:04 aux jeunes également,
46:06 pour aller mettre au vélo, faire des sorties, des balades,
46:09 des rondos en vélo pendant les vacances
46:12 ou pendant les mercredis après-midi,
46:15 lors de l'accueil de loisirs,
46:17 pour faire des balades ici, sur Saint-Chamond,
46:20 faire des sorties, au lieu d'aller au Laser Game ou au cinéma.
46:24 Ça fait du bien aussi d'aller bouger un peu en vélo.
46:27 -Problème d'équilibrage, parce que quand j'appuie,
46:30 il y a que lui qui bouge ?
46:32 -Les jeunes, dès qu'on leur parle de vélo,
46:35 il y a juste un problème de pédalier ou de frein.
46:39 Vu qu'ils savent pas faire,
46:41 ils abandonnent leur vélo dans leur cave ou dans leur jardin.
46:45 Donc, ils se servent plus de leur vélo.
46:48 C'est des vélos qui sont abandonnés
46:51 pour un truc tout bénin,
46:53 qui prend pas de temps.
46:55 En 5 minutes, c'est réglé.
46:57 -Vous voyez qu'il y a pas de filetage dessus.
47:00 Ceux-là, c'est des V-brake.
47:02 ...
47:07 -Et le sport dans tout ça ?
47:09 Au-delà des entraînements et de la performance du cyclisme de haut niveau,
47:13 quel esprit vélo règne-t-il dans ces clubs
47:16 qui veulent transmettre aussi une passion ?
47:19 -Aujourd'hui, comme d'habitude,
47:21 on est partis pour un échauffement, 25 minutes.
47:24 Vous allez être deux par deux, entre la ligne rouge et la ligne bleue.
47:28 Si votre pote est de la ligne bleue, il y a du vert là-bas.
47:32 Dans le couloir des sprinters, c'est entre la rouge et la noire.
47:36 Je suis beaucoup partisan du jeu avec les jeunes,
47:41 car plus tard, ils prennent conscience de la difficulté du vélo
47:45 et mieux sait quelque part.
47:47 C'est ce que j'aime voir chez eux,
47:50 c'est un peu l'insouciance qu'ils ont dans leur regard
47:53 et qu'ils s'amusent le plus longtemps possible
47:56 jusqu'à le niveau N1, voire pro, pour certains.
47:59 On ne peut jamais déceler à l'avance qui sera pro,
48:02 qui percera plus tard,
48:04 mais mon principal, c'est qu'ils gardent une bonne image de l'excel.
48:08 -Les gars, serrez-vous, serrez les grains.
48:11 N'ayez pas peur, vous n'allez pas vous toucher.
48:14 -On enseigne le vélo, évidemment,
48:18 on les aide à progresser, que ce soit sur la route,
48:21 en toute sécurité ou dans la pratique de leur passion,
48:24 c'est aussi une école de la vie.
48:26 On leur apprend le fair-play,
48:28 on leur apprend la politesse,
48:30 on leur dit bonjour à l'entraîneur, au dirigeant,
48:33 au président, les choses toutes bêtes.
48:36 Il y a aussi l'échange,
48:38 car il y a du social avec eux, beaucoup de social.
48:41 Et il y a aussi l'humain.
48:43 Ça n'a pas de prix.
48:45 C'est des choses toutes bêtes, mais il n'y a pas de prix.
48:49 ...
49:02 -L'excel, c'est un club de cyclistes créé il y a 30 ans.
49:05 Au départ, c'était un club destiné à former des jeunes
49:08 et à conduire ces jeunes vers le plus haut niveau
49:11 de la performance cycliste amateur.
49:13 Et puis, au fil du temps, nos activités ont évolué,
49:16 se sont diversifiées, puisqu'aujourd'hui,
49:19 l'enjeu, c'est d'accompagner des jeunes
49:22 qui vont se former aux techniques de base du vélo,
49:25 les amener au plus haut niveau de leur capacité
49:28 à travers la performance et la compétition cycliste.
49:31 Mais aujourd'hui, on travaille en amont
49:34 auprès de jeunes des écoles maternelles
49:37 pour leur faire acquérir le savoir-rouler à vélo,
49:40 les techniques de base, pour qu'ils puissent se déplacer à vélo,
49:44 que ce soit une pratique cycliste pour du loisir
49:47 ou de la performance, mais aussi pour de l'utilitaire,
49:50 pour aller au travail à vélo ou pour se faire plaisir à vélo.
49:54 -Là, t'es bien, là. Tu y es presque.
49:57 Ah, c'était presque ça. Allez.
50:01 Hop !
50:03 -La mentalité dans le monde du vélo évolue,
50:06 puisqu'on a vu arriver au début des années 90
50:09 des activités nouvelles comme le VTT, le BMX.
50:12 On voit le Gravel. Et puis le vélo électrique aussi
50:15 permet d'amener ou de ramener des cyclistes vers le vélo.
50:19 Le développement de voies vertes, notamment,
50:22 amène une pratique de loisir, de sport santé,
50:25 qui s'est développée beaucoup ces dernières années
50:28 et encore plus fortement après la pandémie de la Covid.
50:31 On voit arriver dans notre club de jeunes
50:34 qui ne seront pas des champions cyclistes,
50:37 mais à qui on va donner toutes les bases techniques
50:40 pour réussir à faire partie de cette famille.
50:43 -Allez, go ! Parfait !
50:45 -Wouh ! -Je kiffe !
50:47 -Voilà, c'est la fin de notre voyage.
50:58 Je ne sais pas vous, mais moi, tout cela me donne envie
51:01 de faire partie de cette famille, de me remettre en selle
51:04 et d'adhérer à cet esprit vélo.
51:07 Pas vous ?
51:09 ...
51:39 ...