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Christophe Galfard est invité de La Grande Libraire. Astrophysicien à qui l’on doit "L’univers à porter de main", il vient présenter sur le plateau de La Grande Librairie son nouveau livre, tout aussi accessible, "Voyage vers l’infini". Il nous embarque, grâce aux dernières images du télescope spatial James-Webb, dans l’infiniment grand, des pouponnières d’étoiles jusqu’aux trous noirs. Une véritable odyssée à travers le temps, à travers l’espace, fascinante et poétique. Christophe Galfard est invité sur notre plateau pour discuter de l’univers et de la volonté d’avoir une histoire pour raconter les choses, une volonté qui rassemble les humains de toutes les époques. 

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Transcription
00:00 comme tout le monde, la nuit, même nos ancêtres devaient voir ces étoiles et considérer quelque chose.
00:05 S'il y a bien une idée, une discipline qui rassemble, je pense, les humains de toutes les époques,
00:11 c'est la volonté d'avoir une histoire pour expliquer les choses, quelle qu'elle soit.
00:16 Et on a besoin d'histoire, on a besoin de mythes, on a besoin de comprendre, de mettre quelque chose là-dessus.
00:22 Lorsqu'on voit les étoiles dans la nuit, on a besoin de les expliquer.
00:26 Et au temps d'Aristote, il y a déjà bien longtemps, l'univers tout entier était scindé en deux.
00:31 Aristote nous le décrit comme un monde sublunaire, ce qui est sous la Lune,
00:36 qui est le monde des humains, qu'on peut éventuellement comprendre, qu'on peut éventuellement appréhender,
00:42 et puis le monde au-delà de la Lune qui était le domaine des dieux.
00:46 Je ne sais pas si vous imaginez la puissance d'un Newton qui est venu faire exploser cette séparation,
00:52 qui soudain a dit "j'ai trouvé des choses sur Terre, elles s'appliquent partout dans l'univers, elles sont universelles".
01:00 Soudain, l'imaginaire humain a pu se projeter au-delà de la Lune.
01:04 On a eu le droit d'être des dieux quelque part, on a eu le droit d'empiéter sur leur domaine,
01:09 et on aurait bien aimé voir ce qu'il se tramait là-haut.
01:13 Et alors ce nouveau télescope, le télescope James Webb, Christophe Galfard,
01:17 qui a été lancé en décembre 2021, qui est un télescope spatial dont on a des images depuis un peu plus d'un an seulement,
01:24 vous dites qu'il serait peut-être la solution à tout. J'adore cette expression.
01:28 Alors j'ai effectivement marqué qu'il était peut-être la solution à tout, mais je l'ai marqué à page 42 de mon livre.
01:33 C'est vrai ? En plus je l'ai noté, page 42.
01:36 Et parce que le chiffre 42 est probablement la solution à tout, c'est une référence à...
01:41 C'est un olympien.
01:43 C'est une référence au guide de l'auto-stopper de la galaxie, qui est... c'est un truc de geek disons.
01:50 Je vous raconte l'histoire si vous voulez. C'est dans ce livre, "Le guide de l'auto-stopper de la galaxie" de Douglas Adams,
01:55 où il y a un ordinateur surpuissant qui est créé pour trouver les solutions, la réponse au plus grand mystère de l'univers.
02:04 Et il tourne pendant plus de 10 millions d'années.
02:07 Et il dit, bon bah évidemment il y a des sectes qui sont créés tout autour et qui vénèrent le...
02:12 Et tout d'un coup il dit "j'ai la réponse". Et il donne la réponse. 42.
02:16 Et là tout le monde se regarde et dit "mais c'était quoi la question déjà ?"
02:19 On ne se souvient plus. Et il dit "je vais y réfléchir".
02:22 Alors j'ai envie qu'on regarde quand même ce que fait ce télescope James Webb ensemble.
02:26 Et on va regarder par exemple la galaxie du fantôme, Christophe Galphar.
02:29 Donc vous dites qu'elle a une spirale parfaite, et vous dites que c'est la cible préférée des astronomes, qu'ils soient professionnels ou amateurs.
02:35 Vous écrivez que grâce à James Webb on découvre un nouveau visage de cette galaxie.
02:39 Alors qu'est-ce qu'on voit de nouveau ici ? Il faut nous expliquer.
02:42 Alors à gauche c'est ce qu'on voit avec nos yeux, sur l'image qui est là.
02:46 Et à droite c'est ce qu'on voit avec d'autres yeux que les nôtres.
02:49 Ce que font certains télescopes comme James Webb, c'est qu'ils captent une lumière qui est invisible à nos yeux.
02:56 Une lumière qui traverse les poussières.
02:59 Une lumière qui peut voyager dans l'espace sans se soucier de certains obstacles.
03:05 Ce qui fait qu'on peut voir ce qui se passe à droite.
03:08 Et là au centre c'est le même endroit que vous voyez là.
03:11 C'est juste deux aspects différents, deux yeux différents qui regardent le même endroit.
03:15 Et à droite tous les petits points bleus qui sont au centre, il y a des dizaines de milliers d'étoiles qu'on n'avait jamais vues auparavant.
03:22 Qu'à quoi ça vous fait penser Hélène Dorion ?
03:24 Je pense à cette phrase que vous écrivez dans ce livre, "Cœur comme livre d'amour, aussitôt l'obscur, aussitôt le ciel, révèle devant moi des sentiers de bleu tatoués comme une promesse."
03:35 Absolument. Moi j'ai l'impression parfois que mon télescope ce sont les mots.
03:40 J'ai l'impression de regarder à travers les mots et d'essayer de voir justement cet insaisissable.
03:47 De voir ce qu'est le temps, comme vous le disiez.
03:49 Parce qu'on regarde le passé, on essaie de percer le présent, d'envisager le futur.
03:55 Et j'ai l'impression que moi c'est à travers les mots que j'essaie de regarder et aussi peut-être de créer des figures comme ça.
04:01 Des figures d'émerveillement, de beauté, de connaissance aussi.
04:05 Je pense aussi que l'écriture, la poésie est aussi un mode de connaissance par l'imagination, l'intuition.
04:11 Parce que vous fonctionnez aussi beaucoup par intuition, par imagination.
04:15 On imagine et tout à coup le télescope nous révèle quelque chose qu'on a d'abord peut-être imaginé.
04:21 C'est ce modèle mathématique dont vous parliez tout à l'heure.
04:24 Donc on fonctionne quand même, c'est très différent, mais aussi des méthodes qui peuvent aussi s'apparenter peut-être.
04:31 En tout cas on cherche des réponses, c'est ce qu'on fait quand on regarde dans le ciel.
04:34 Absolument.
04:35 J'aime bien cette vision avec les mots, le télescope qui sont des mots.
04:39 On a la Terre, si on se l'imagine flottant dans un univers gigantesque, on pourrait se croire perdu et déconnecté du reste.
04:46 Mais en réalité on reçoit en permanence, l'univers en entier communique avec nous, ne serait-ce qu'avec la lumière.
04:54 Et ce que les télescopes font, c'est qu'ils récoltent cette lumière comme on récolterait des cartes postales, avec quelque chose écrit dessus.
05:02 Et ce que font les astronomes parfois, c'est qu'ils les classent par date.
05:06 Ce qui fait qu'en les mettant ensuite côte à côte, ça nous écrit l'histoire de l'univers tout entier.
05:11 Et ce que j'ai essayé de faire dans ce livre-là, c'est de réunir ces cartes postales qui nous parviennent des quatre coins de l'espace et du temps,
05:19 pour nous donner une vision globale de ce qu'on a aujourd'hui.

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