• l’année dernière
Transcription
00:00 Les commentaires transphobes qui me mégenrent, c'est de la provocation.
00:02 C'est pas trois petits clochards sur Internet qui vont changer mon avis sur qui je suis.
00:05 Je m'appelle Ouriel, j'ai participé très récemment à la nouvelle émission Frenchie Shore.
00:10 Je suis ici pour parler un petit peu de mon parcours et de qui je suis.
00:12 Coming out y est, je pense, un des premiers coming out trans vraiment fait à la télé.
00:17 C'est la chose qui a fait le plus parler dans les premiers épisodes.
00:19 Peut-être que certains s'en doutent, certains s'en doutent pas,
00:21 mais c'est une femme trans.
00:23 Incroyable.
00:25 Honnêtement, c'était hyper positif et c'était pas que devant les caméras.
00:28 Ça a vraiment été un non-événement et ça, c'est le truc dont je suis le plus fière
00:31 et je voulais vraiment que ça se passe comme ça.
00:32 C'est pour ça que je l'ai dit d'une manière un peu pédagogique
00:34 où j'ai vraiment juste voulu axer sur le changement physique.
00:36 Aucun des habitants n'était éduqué à la transidentité,
00:38 donc j'ai dû un peu faire la maman.
00:40 C'est d'ailleurs ce qu'on dit beaucoup sur Twitter, "I'm a mother".
00:42 Une fois que je l'ai dit, on n'en a jamais reparlé.
00:43 Tout le monde était hyper respectueux.
00:45 J'étais considérée comme une femme, point.
00:46 On peut dire beaucoup de choses par rapport aux habitants,
00:48 même par rapport aux garçons qui ont ce côté très charo, très bon français de 2023,
00:51 mais ils sont tous très ouverts d'esprit, très tolérants.
00:53 Je l'ai fait de première main pour être honnête avec qui je suis
00:59 et être honnête avec tout le monde parce qu'il fallait que ça se fasse.
01:01 Et c'était important pour moi de montrer qu'aujourd'hui, malgré ce qu'on dit,
01:05 il y a des gens qui sont cools, les gens sont ouverts.
01:06 C'est possible de faire les choses, c'est possible d'évoluer,
01:08 que personne n'est seul.
01:09 Il n'y a pas d'âge pour se sentir dans le mauvais corps
01:12 et pour se lancer dans une transition.
01:13 Il ne faut pas baisser les bras, il faut y aller.
01:14 La preuve, je suis là, j'ai 25 ans et je suis dans le Frenchy Shore
01:17 et je les ai tous mangés.
01:19 Je n'ai pas senti que les hommes allaient forcément plus
01:21 vers les autres femmes qui étaient des femmes cis que moi.
01:23 Au début, personne ne le savait.
01:24 Je pense que tout le monde avait plus ou moins un doute,
01:26 dans le sens où déjà la production avait bien briefé qu'il fallait être open.
01:28 C'était hors de question qu'il y ait l'homophobie, de la transphobie dans l'émission.
01:31 Donc je pense que les garçons savaient qu'il y aurait un casting très divers et varié.
01:34 Tristan s'en est douté, ça on ne l'a pas vu en caméra,
01:35 mais le premier jour, il me dit "pour rigoler, toi, je vais te faire des enfants"
01:38 et je lui dis "moi, je ne peux pas avoir d'enfants"
01:39 parce que je commence un peu à placer mes pions.
01:41 Même avec les doutes que certains ont pu avoir, il n'y a eu aucune différence dans l'émission.
01:44 Les femmes trans, c'est quand même une minorité à la télé française.
01:46 La France a un petit peu peur, en tout cas,
01:48 les productions ont un peu peur de mettre à l'avant des femmes transgenres
01:50 puisqu'on ne sait pas forcément comment ça va être reçu.
01:52 Quand on va dans d'autres pays, c'est quelque chose de très démocratisé.
01:54 C'est important pour moi de le dire, de l'assumer,
01:55 puisque du coup, ça permet de faire avancer aussi les choses,
01:57 de rendre la transidentité quelque chose de léger,
01:59 puisque c'est vrai que c'est encore quelque chose de très tabou.
02:01 Je suis très contente que la communauté trans, même LGBT de manière générale,
02:04 m'ait validée, parce qu'on sait qu'on est comme une communauté,
02:07 on peut vite avoir un jugement,
02:09 on veut toujours avoir une belle représentation,
02:10 et c'est normal parce qu'on n'est pas beaucoup représentés dans les médias non plus.
02:12 J'avais peur aussi qu'on me dise un petit peu "t'es une femme trans",
02:15 "il y a ce côté hypersexuel, tu retombes dans les clichés",
02:17 j'avais un petit peu peur de ça.
02:18 Tout le monde, je pense, a compris qu'effectivement,
02:20 j'assume mon corps, j'assume qui je suis,
02:21 mais il y a quelque chose de très léger, de très drôle.
02:23 Je pense que la communauté LGBT a aussi bien aimé
02:25 la manière que j'ai de m'exprimer, de dire les choses,
02:27 et surtout de démocratiser qui aujourd'hui nous sommes dans la société,
02:31 surtout en France.
02:32 Moi, ça me fait chaud au cœur,
02:33 c'était en tout cas la communauté LGBT pour moi,
02:35 la première communauté que je voulais "avoir avec moi",
02:37 parce que j'en fais partie,
02:38 et je voulais en tout cas qu'ils puissent avoir une représentation
02:40 qui les rende fiers, donc...
02:41 I feel great !
02:42 Dans mon entourage, il y avait quand même un sacré cercle autour de moi
02:45 qui, je pense, s'en doutait,
02:45 mais c'était quelque chose d'un petit peu mystique,
02:47 on n'en a jamais trop parlé.
02:48 Je me souviens, un jour dans la vie, il y aura un moment où ça sortira,
02:50 ça s'est présenté avec Frenchy Shore,
02:51 je l'ai dit d'une manière très claire,
02:53 et jusqu'à présent, je n'ai pas eu de retour négatif,
02:54 il y a personne qui a été traumatisée de mon annonce,
02:57 tout va bien sur les réseaux,
02:58 la transphobie, elle était au rendez-vous,
03:00 moi, je m'y attendais,
03:01 je réunis quand même pas mal de critères
03:02 de ce que les gens aiment bien critiquer dans la société,
03:05 en tout cas en France.
03:06 Je préférais fermer les yeux, arrêter de regarder,
03:08 je veux me dire "t'es pas une femme,
03:09 c'est quelque chose qui va pas forcément me servir à quelque chose,
03:11 je sais qui je suis".
03:12 Les commentaires transphobes qui me mégenrent,
03:13 pareil, pour moi, c'est de la provocation,
03:14 c'est pas trois petits clochards sur Internet
03:16 qui vont changer mon avis sur qui je suis.
03:17 La chirurgie, c'est vrai que c'est un sujet qui revient beaucoup,
03:20 forcément dans le cadre d'une transition.
03:21 Moi, ce que je dis souvent,
03:22 c'est qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise transition,
03:24 rien n'est obligatoire.
03:25 Le tout, c'est de faire une transition qui te ressemble,
03:27 ce que tu as entre les jambes,
03:28 c'est pas ce qui définit qui tu es,
03:29 ça on le redit, mais c'est encore dur à rentrer.
03:31 Pour ma part, dans ma tête, la conception que j'avais de la femme,
03:33 c'était effectivement des seins, un vagin,
03:35 mais c'est ce qui moi me permettait de me sentir bien.
03:37 C'est pas parce que vous n'avez pas envie de les faire
03:38 que vous êtes moins légitime en tant que femme.
03:39 Toute transition est ok et le tout, c'est surrendé dans un miroir de s'aimer et de se lailler.
03:43 Une de mes premières interrogations que j'ai eues,
03:45 c'était si les gens ne vont pas encore rapprocher la transidentité
03:48 et l'hypersexualisation,
03:49 qui est quand même, il faut quand même le dire,
03:50 quand on parle de femmes trans,
03:51 beaucoup font encore un rapport avec de la pornographie,
03:54 avec des travailleuses du sexe,
03:55 c'est quand même quelque chose qui est encore très tabou
03:57 et qui ressort beaucoup.
03:58 Je ne pense pas en tout cas avoir participé à ça.
04:00 Je ne voulais pas non plus accentuer le cliché sur la femme trans,
04:03 aime le sexe, l'assume,
04:04 tout comme ça, de nature de base.
04:06 Et j'ai fait une émission qui est portée sur ça
04:08 et j'étais prise pour ça parce que je suis une femme et qui assume ça.
04:11 Je suis une femme qui aime la sexualité
04:12 et effectivement, je suis trans.
04:13 Mais il ne faut pas lier la sexualité, qui je suis, ce que je fais
04:16 et ma transidentité, puisque c'est deux choses complètement différentes.
04:18 Au niveau du consentement dans l'émission,
04:20 c'est quelque chose qui revient beaucoup en plus sur les réseaux
04:21 puisqu'il y a beaucoup de sexe
04:23 et je pense que tout le monde se demande un petit peu comment ça se passe,
04:25 sachant qu'on sait qu'on boit, qu'on est en soirée.
04:27 Tous les rapports qui ont été faits ont toujours été consentis.
04:29 Il n'y avait pas de rapport de "les hommes dominent" et "les femmes suivent".
04:33 Nous, je pense qu'on était beaucoup plus pionnières de la sexualité que les hommes
04:35 et les hommes venaient un peu plus à nous que nous à lui envers eux.
04:38 Donc ça, déjà, c'est cool.
04:39 Les hommes n'étaient pas plus ouverts,
04:40 les hommes ne venaient pas plus facilement vers moi,
04:42 les hommes n'étaient pas plus trash avec moi de par mon passé.
04:44 On le voit dans les premiers épisodes, même avant mon annonce,
04:46 ils se comportent de la même manière avec Cara, Julie ou Pepita.
04:49 Je pense juste que tous les hommes sont assez bruts de décoffrage,
04:52 que toutes les femmes sont assez brutes de décoffrage.
04:54 Mais tout le monde est mis sur un piédestal et il n'y a pas de "je vais aller vers elle,
04:56 c'est une femme trans, peut-être qu'elle va plus m'accueillir" parce que non, pas du tout.
04:59 CONNU!

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