• l’année dernière
Transcription
00:00 Bonjour, je suis Jean-Victor Blanc, je suis médecin psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine
00:03 et fondateur de Culture Pop et Psy.
00:05 Je vais vous expliquer pourquoi à l'hôpital je regarde des films avec mes patients.
00:09 En France, il y a un programme qu'on appelle la psychoéducation, c'est-à-dire qu'on
00:13 donne en groupe le maximum d'informations à des personnes concernées pour qu'elles
00:18 puissent mieux vivre avec la maladie.
00:19 À l'hôpital, je coanime un de ces groupes pour le trouble bipolaire.
00:22 On est trois soignants avec une dizaine de personnes concernées pour un cycle qui dure
00:27 une dizaine de séances.
00:28 Lors d'une de ces séances, on regarde un film sur le trouble bipolaire.
00:32 Un cycle dure une dizaine de séances sur deux ou trois mois.
00:35 Les films qu'on regarde, c'est en alternance Happiness Therapy, Mr Jones ou encore Daddy
00:40 Cool.
00:41 Après les quatre premières séances qui sont consacrées aux symptômes de la dépression
00:44 et aux symptômes d'excitation maniaque, on regarde tous ensemble ce film.
00:48 En regardant le film, on reprend certains des symptômes qu'on a vus lors des autres
00:51 séances et surtout, le film pour moi, c'est un bon outil pour que les patients puissent
00:56 en parler avec leur entourage.
00:57 Les films qu'on choisit sont des films plutôt positifs car les patients sont encore en processus
01:02 de rétablissement et il ne s'agit pas de fragiliser avec un film qui serait trop dramatique
01:06 ou violent.
01:07 Évidemment, aucun film ne peut représenter exactement l'expérience de vivre avec la
01:12 maladie.
01:13 Ceci dit, à travers les symptômes montrés et aussi la narration, c'est un bon support
01:17 pour reconnaître certains symptômes et pouvoir en parler.
01:21 Par exemple, lorsqu'on voit Pat dans Happiness Therapy qui réveille ses parents en état
01:24 d'excitation profonde, ça permet d'aborder le sujet de que faire lorsqu'on est atteint
01:38 d'un accès maniaque en famille.
01:40 Ou alors dans Mr Jones, on voit que Richard Gere arrête complètement ses médicaments
01:44 et rechute.
01:45 Or, c'est quelque chose de relativement fréquent dans le cadre d'un suivi d'un trouble bipolaire.
01:49 A l'issue de cette séance, on conseille aussi aux personnes concernées de le regarder avec
01:53 leur entourage pour là aussi avoir une conversation à propos de leur trouble.
01:57 Dans le film Daddy Cool, c'est surtout les relations entre ce père atteint d'un trouble
02:00 bipolaire et ses jeunes filles qui va être abordée.
02:02 Cela permet de parler des enjeux auteurs de la parentalité pour les personnes qui ont
02:11 un trouble.
02:12 L'avantage, c'est que ce sont des fictions, donc on peut parler des personnages.
02:15 Parfois, les patients vont dire "ah, tel aspect ne ressemble pas du tout à ma vie",
02:18 ou au contraire "ça c'est très juste", mais on reste sur de la fiction avec un degré
02:21 d'interprétation qui est possible.
02:23 Le cinéma permet une identification forte au personnage, ce qui est très important.
02:27 Par ailleurs, dans les films choisis, ce sont des personnages qui sont extrêmement charismatiques,
02:31 qui ont beaucoup de qualités, qui sont loin des stéréotypes liés au serial killer par
02:35 exemple, et ça c'est aussi très positif pour les patients, en effet, qui ne souhaiteraient
02:39 pas voir son rôle joué par Bradley Cooper.
02:41 On demande souvent aux patients s'ils ont d'autres références de films à nous proposer.
02:45 Lors d'un des cycles, on a regardé le film Michael Clayton.
02:47 Ça a été un vrai fiasco, c'est un film qui est très anxiogène, et la plupart des
02:52 participants n'ont pas du tout apprécié ni le film, ni l'atmosphère qui s'en dégageait.
02:57 "Let me finish up this meeting, I'll talk to Bob."
02:59 "Do I look like I'm negotiating?"
03:01 Au-delà de ça, pour les patients, c'est aussi une réelle fierté de voir que leur
03:05 trouble est représenté dans des blockbusters américains.
03:08 En tant qu'enseignant à Sorbonne Université, je regarde aussi des films avec les étudiants
03:12 en médecine, pour leur faire mieux comprendre la maladie mentale, leur faire apprendre les
03:15 symptômes.
03:16 On va choisir des films en fonction du sujet, par exemple pour l'addiction, on regarde
03:19 le film Oslo 31 notes.
03:21 Black Swan pour la schizophrénie.
03:28 Vision Suicide pour la santé mentale à l'adolescence.
03:35 Melancholia pour la dépression.
03:43 Ou encore Requiem for a Dream pour les addictions.
03:51 Les films, c'est un moyen très accessible de représenter et parler de santé mentale.

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