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Le docteur Christophe Debien, psychiatre au CHU de Lille, est auteur de livres et vidéos de vulgarisation de la psychiatrie sur nos « héros malades » pour lutter contre les idées reçues.

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Transcription
00:00 des figures emblématiques qui nous permettent de nous représenter
00:04 certains troubles mentaux.
00:06 Premier qui me vient en tête, vous voyez toujours, c'est parce que je l'aime
00:09 beaucoup, c'est Rambo avec un syndrome de stress post-traumatique.
00:13 Eh bien, il y a deux idées.
00:15 La première, c'est de lutter contre les bêtises reçues et les bêtises
00:20 qu'on peut lire ou entendre à droite à gauche sur la psychiatrie,
00:24 parce que quand on parle de psychiatrie en général, c'est toujours négatif.
00:26 Alors, je ne sais pas si c'est Hitchcock qui disait ça ou un autre
00:34 grand réalisateur, mais qui disait "les gens heureux n'ont pas d'histoire".
00:37 Mais c'est vrai que vous n'allez pas au cinéma voir un film où tout le
00:42 monde est heureux du début à la fin.
00:43 Il faut bien qu'il y ait des choses qui se passent et plutôt des drames.
00:46 Une des façons de rendre les choses intéressantes, c'est de travailler
00:50 sur les personnages et de leur mettre des failles.
00:51 Et puis, je vais vous dire, il y a un côté très voyeur, voyeur dans
00:56 la stigmatisation, c'est cette espèce de curiosité vis-à-vis de la
01:02 maladie mentale ou en tous les cas des stigmates qu'on peut lui prêter.
01:06 Beaucoup de films d'horreur utilisent la pathologie mentale comme
01:11 explication des meurtres ou d'autres choses.
01:15 Alors que, par exemple, dans ce cas là, la maladie mentale n'est
01:20 associée au crime que dans 3% des cas.
01:23 Donc, ça veut dire que dans 97% des cas, c'est des gens qui n'ont
01:26 pas de pathologie mentale.
01:27 Je vous renverrai bien à Michel Foucault, à beaucoup d'auteurs sur
01:36 la peur du fou, mais en fait, c'est la peur de l'autre.
01:38 C'est la peur de celui qui est différent.
01:41 On le connaît dans le racisme, d'avoir une peau d'une couleur différente.
01:47 On voit bien qu'être face à l'autre, face à celui qui est un petit
01:52 peu différent de moi, ça me met mal à l'aise.
01:54 Et quand on est mal à l'aise, on est angoissé.
01:57 Quand on est angoissé, on est souvent agressif.
01:58 Ce n'est pas facile d'accepter l'autre différent.
02:01 Et puis, la maladie mentale, par le fait que pendant longtemps, on
02:09 ne savait pas très bien d'où ça venait, d'attribuer la maladie
02:14 mentale au diable quand même.
02:15 N'oublions pas qu'il y a beaucoup de personnes atteintes de maladies
02:18 mentales qui ont été brûlées, torturées.
02:21 Voilà cette association au diable.
02:23 Eh bien, tout ça, ça fait, ça engendre et ça multiplie la peur.
02:28 Le cinéma n'a fait que renforcer, en tous les cas pendant un premier temps.
02:32 Une façon d'exorciser sa peur, c'est de vider les mots de leur sens.
02:42 Quand vous pensez au film Psychose de Hitchcock, vous voyez, ça date un
02:48 petit peu, d'abord, c'est une erreur de traduction aux Etats-Unis,
02:52 s'appelle Psycho, qui se traduirait plutôt par psychopathe, si on
02:56 voulait le traduire par quelque chose que par psychose.
02:58 Ce film là, il a ancré fortement dans l'imagerie populaire le fait
03:04 que la schizophrénie, ça serait une double personnalité.
03:06 Hitchcock le sait pour des raisons très particulières, mais qui n'ont
03:11 rien à voir avec les maladies psychotiques.
03:15 La stigmatisation du fou, je suis désolé de ce terme, mais c'est
03:21 vraiment ça, ça date pas d'hier, il y a encore du travail à faire.
03:26 On ne parle pas de schizophrène, on parle de personne atteinte de
03:29 schizophrénie. Rien que cette petite subtilité, c'est important pour
03:35 ancrer les choses progressivement et puis réapprendre à aller vers
03:38 l'autre, quelle que soit sa différence.
03:40 Merci.
03:42 Sous-titrage Société Radio-Canada
03:44 ♪ ♪ ♪
03:46 [Générique]

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