La première personne au Mexique à avoir reçu un passeport non-binaire (ne précisant pas le sexe du titulaire) a été retrouvée morte ce lundi dans le nord du pays. Militants de la cause et associations de défense des droits de l’homme exigent qu’une enquête soit menée pour déterminer si le décès de la victime est lié à son identité sexuelle et de genre. Plusieurs rassemblements ont eu lieu au Mexique. Notre journaliste, Marie Gentric, qui l'avait interviewé en mai dernier nous raconte.
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00:00 L'image du jour avec toi, Marie, tu voulais nous annoncer une triste nouvelle ce matin.
00:04 Oui, alors vous vous en souvenez, sans doute, vous avez parlé sur ce plateau au mois de mai
00:08 de cette personne qui s'appelle Jesús Ociel Baena.
00:12 C'était la première personne à obtenir un passeport non-binaire au Mexique.
00:15 Un passeport non-binaire, c'est-à-dire un passeport dans lequel on se définit ni comme homme ni comme femme.
00:20 Et ça avait été un moment très marquant dans le pays, sachant que le pays est un pays
00:23 encore très conservateur et très religieux.
00:25 D'ailleurs j'avais interviewé Baena à l'époque, qui me disait, ce sont les images que vous voyez là,
00:29 qui me disaient que pour lui c'était un jour historique et un moment extrêmement important.
00:33 Et si je vous raconte tout ça aujourd'hui, si je reviens sur tout ça, c'est parce que Baena a été retrouvé mort.
00:38 Ah bon ?
00:38 Oui, il a été retrouvé mort il y a quelques jours.
00:41 Vous allez voir les images de son enterrement dans son village d'origine, donc ça c'était hier.
00:46 Et au Mexique, son décès provoque un énorme choc, une vague d'émotions,
00:50 parce qu'en fait il incarnait quelque part un symbole pour les personnes non-binaires
00:54 et puis c'était aussi un symbole, une figure de la lutte pour les droits de la communauté LGBT.
00:59 Alors il y a encore beaucoup de flou autour de sa mort.
01:02 Ce qu'ont indiqué les autorités pour l'instant, c'est que son corps a été retrouvé à son domicile,
01:05 à côté de celui de son compagnon, lui aussi décédé.
01:09 Les autorités, pour l'instant, estiment que c'est sans doute son compagnon qui l'aurait tué
01:13 et qui se serait ensuite suicidé.
01:15 Mais ces explications ne convainquent pas du tout la communauté LGBT qui défile depuis des jours maintenant.
01:21 Vous allez voir des images des rassemblements qui ont eu lieu dans différentes villes.
01:26 Là, c'est notamment, il me semble, à Mexico.
01:29 Et la foule crie "crime passionnelle", "mensonge national",
01:32 parce qu'elle estime que l'enquête a été bâtelée.
01:35 Et c'est vrai que ce décès, quand même, il l'interroge,
01:37 parce que je vous disais, c'était quand même une figure très symbolique.
01:39 Et cet été, Banea indiquait qu'il avait reçu de nombreuses menaces de mort,
01:42 des attaques sur les réseaux sociaux,
01:44 et qu'il avait carrément été placé sous la protection des autorités.
01:47 Je précise quand même que le Mexique, c'est le deuxième pays en Amérique latine
01:50 qui enregistre le plus grand nombre de meurtres anti-LGBT.
01:54 Et je voulais terminer en vous montrant une image de Banea
01:57 où il pose avec un éventail multicolore,
01:59 parce que ça, c'était vraiment son symbole,
02:01 c'était sa marque de fabrique en quelque sorte.
02:03 Et voilà, je trouve que c'était important d'en parler ce matin,
02:05 parce qu'il disait "ce dont on ne parle pas n'existe pas,
02:08 et ce qui n'existe pas, on n'y fait pas attention".
02:10 – Mais voilà, merci Marie.