Après le Secours Populaire ou les Restos du Coeur il y a quelques semaines, le Secours Catholique a rendu à son tour hier son dernier rapport sur l'état de la pauvreté en France.
Et comme l'on pourrait s'en douter, avec l'inflation la situation ne s'arrange pas.
Et comme l'on pourrait s'en douter, avec l'inflation la situation ne s'arrange pas.
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00:00 et le Secours catholique a rendu hier son dernier rapport sur l'état de la pauvreté en France.
00:04 On en parle ce matin avec notre invité, le président du Secours catholique de l'Hérault, Jean-Marie Brugeron.
00:10 - Bonjour Jean-Marie Brugeron. - Bonjour et merci à vous.
00:13 - Merci d'être venu nous rejoindre avec la publication de ce rapport annuel.
00:18 Tous les ans vous faites un rapport sur l'état de la pauvreté dans le pays
00:22 et puis aussi évidemment dans notre département de l'Hérault et on va en parler avec vous.
00:27 Donc c'est quelque chose de fréquent et qui permet de prendre le pouls aussi de notre société aujourd'hui.
00:32 - Oui, ce rapport est important, c'est devenu pour nous et puis pour beaucoup d'institutions
00:39 un petit peu un élément incontournable. - Bien près du micro s'il vous plaît.
00:42 - Oui, mais c'est à la fois désolant. C'est aussi désolant parce que, et c'est en est également,
00:48 nous constatons que la pauvreté a augmenté en France. Alors ce rapport, comment il est constitué ?
00:53 - Ce rapport est issu du travail de nos 60 000 bénévoles en France
01:00 qui lorsqu'ils le rencontrent, ils ont rencontré un million et quelques personnes
01:05 et ils ont établi 50 000 fiches dans lesquelles ils retracent le contenu de leurs entretiens
01:11 et quelle est la situation des personnes qu'ils rencontrent.
01:14 - Ce rapport est issu d'entretiens directs entre vos bénévoles,
01:18 alors je n'ai pas envie de dire bénéficiaires, mais les personnes que vous accompagnez.
01:21 - On accompagne, ce sont des personnes accompagnées, tout à fait.
01:24 C'est des personnes accompagnées, je crois que c'est le terme qui nous scie.
01:29 Et donc il est issu de ce travail et il porte sur 2022.
01:34 Donc ce sont des chiffres qui sont relativement récents par rapport au rapport de l'INSEE
01:38 qui lui porte sur 2021 par exemple, mais qui se recoupe aussi bien sûr.
01:42 Et dans les Ros, en fait, nous sommes 850 bénévoles et nous avons rencontré 5 000 personnes à peu près
01:50 et donc ce travail et les chiffres que nous avons pour les Ros découlent du travail de ces bénévoles
01:56 qui sont répartis sur 40 et quelques lieux d'accueil.
02:02 - Alors quelles sont les principales constatations que vous avez fait tirer de ces entretiens,
02:08 puisque c'est vraiment le mot qui convient, entre les personnes que vous accompagnez et vos bénévoles ?
02:13 - Oui, alors le contexte, vous le connaissez, c'est l'inflation qui est à 6,8,
02:17 c'est l'énergie qui a augmenté de 23 et quelques pourcents,
02:21 dont les constats que nous faisons, c'est que la pauvreté s'aggrave
02:26 et deuxième constat, ce sont les femmes qui sont en première ligne face à la pauvreté.
02:30 Alors la pauvreté s'aggrave, un chiffre simplement,
02:36 95% des personnes que nous avons accueillies au secours catholique
02:39 vivent, ou plutôt survivent, en dessous du seuil de pauvreté.
02:44 Alors qu'est-ce que c'est que le seuil de pauvreté ?
02:46 - Le seuil de pauvreté, c'est ce qu'on appelle techniquement, c'est 60% du revenu médian.
02:52 Ce revenu médian, il est à 1800 euros, donc 100% c'est 1000 et quelques euros.
02:57 Donc vous avez 60% des personnes qui vivent en dessous de ce seuil.
03:01 Dans les rôles, la situation est encore, je dirais, plus critique,
03:05 parce que ce niveau de vie médian, dans les rôles des personnes que nous avons rencontrées,
03:09 il a baissé de 2021 à 2022, il a baissé de presque 8%.
03:13 Et pour le donner en chiffres, parce que c'est quand même plus parlant,
03:16 il est passé de 760 euros à 705 euros.
03:19 - Et pourquoi c'est plus critique dans notre département, justement ?
03:23 - Parce que je pense que c'est une région, c'est un département dans lequel l'emploi est beaucoup plus difficile.
03:30 Il y a beaucoup de personnes qui viennent ici, attirées par le soleil,
03:34 mais finalement l'emploi c'est beaucoup plus difficile.
03:37 Et donc un élément aussi pour la description de cette pauvreté, c'est le logement.
03:45 Parce que le logement c'est essentiel, et vous savez que sur Montpellier, entre autres,
03:49 le logement est un problème crucial.
03:51 Nous n'avons pas assez de places d'urgence sur Montpellier.
03:56 Là aussi, un chiffre simplement, 65% des personnes qui ont appelé le 115 n'ont pas eu de réponse.
04:03 N'ont pas pu avoir de réponse.
04:05 - Et défaillant ne répond pas ?
04:07 - Il n'est pas défaillant, il est simplement débordé.
04:09 - Oui, quand je dis défaillant, c'est-à-dire qu'il n'apporte pas la solution ?
04:12 - Non.
04:13 - On est en droit d'attendre ou d'espérer, c'est ça que je voulais dire.
04:15 - Et derrière tous ces chiffres, parce que les chiffres c'est sa objective,
04:19 ce sont des vies brisées, ce sont des personnes que l'on rencontre dans un accueil au secours catholique.
04:25 L'autre élément saillant de ce rapport, c'est effectivement le fait que ce sont les femmes qui sont en première ligne.
04:31 Alors pourquoi les femmes sont en première ligne ?
04:33 - Tout simplement parce que les femmes qui sont finalement celles qui, dans notre société, prennent soin des autres.
04:38 Parce que souvent ce sont elles qui s'occupent des enfants, ce sont elles qui ont des carrières hachées
04:43 et qui arrivent à la retraite, ont des retraites qui sont beaucoup moins importantes.
04:48 Donc les femmes sont vraiment les plus touchées.
04:50 - Et je crois que vous observez d'ailleurs une augmentation significative de nombre de femmes de plus de 50 ans.
04:55 Donc on a l'image en tête, sans doute à tort d'ailleurs, de ce qu'on appelle un foyer parent isolé,
05:01 d'une femme qui élève de jeunes enfants.
05:03 Or il y a beaucoup de femmes de plus de 50 ans, dont on peut considérer comme 50 ans aujourd'hui,
05:07 qui font partie des personnes que vous accompagnez. De plus en plus ça.
05:11 - Il y a effectivement plusieurs types, si je puis employer ce terme, de femmes qui sont en précarité.
05:18 Et il y a effectivement des femmes plus âgées.
05:21 Ces femmes plus âgées, on les rencontre essentiellement dans les zones rurales.
05:25 C'est là où elles sont. Et elles souffrent beaucoup d'isolement.
05:28 Parce que souvent elles sont seules. Et ça c'est un des problèmes que nous essayons de prendre en compte sur le catholique.
05:33 Parce que le score catholique, qu'est-ce qu'il fait avec les différents moyens qu'il a, les différents sites ?
05:37 - Oui, on va y revenir après, si vous le permettez.
05:40 Je voudrais qu'on donne un dernier chiffre, Jean-Marie Brugero.
05:43 Vous avez hébergé à l'hôtel en 2022, rien que dans les roues, 1677 personnes.
05:50 Ça représente à peu près 600 ménages.
05:52 On en revient à ce que vous disiez sur le 115 tout à l'heure.
05:55 C'est-à-dire que quelque part, votre association, je vais y arriver,
05:59 se substitue à des services de l'État ou des services de collectivité locale.
06:05 Et vous êtes obligé maintenant de loger des personnes à l'hôtel.
06:08 - Voilà. Effectivement, c'est un des problèmes qui se posent.
06:11 Et c'est un problème important. Parce que quand vous n'avez pas de logement,
06:13 pour aller chercher du travail, pour avoir une douche, c'est très difficile.
06:17 Et donc, effectivement, c'est le problème majeur de la pauvreté.
06:22 - Alors, aujourd'hui, on évoquait tout à l'heure le secours populaire,
06:26 on évoquait les Restos du Coeur qui ont fait leur rentrée aussi.
06:28 Vous vous la faites un petit peu plus tard avec la publication de ce rapport.
06:31 Eux, ils disent qu'on va être obligé de baisser notre nombre de bénéficiaires
06:34 parce que voilà, l'inflation, etc.
06:36 Et puis on n'a plus les ressources pour pouvoir accueillir tout le monde.
06:39 Est-ce que vous, vous êtes aussi dans cette situation-là ?
06:41 - Oui, effectivement. Nous, nous avons besoin de moyens.
06:44 Alors, d'une part, nous sollicitons l'État, bien sûr,
06:46 parce que l'État doit remplir son rôle. Mais l'État ne peut pas tout.
06:50 Mais nous avons besoin de moyens financiers, effectivement.
06:52 Mais nous avons aussi besoin de bénévoles et de temps pour accompagner.
06:56 Parce que ce que nous essayons d'apporter, c'est d'accueillir les personnes
07:00 et de leur rendre la dignité.
07:02 Parce que ce qu'ils nous demandent, finalement, souvent, c'est ça.
07:05 C'est de passer du temps pour avoir à nouveau la dignité
07:08 qui leur permettra de rebondir.
07:10 Et c'est ce que nous essayons de faire dans nos accueils.
07:12 - Vous, comment dirais-je, vous êtes plus dans l'accompagnement
07:16 que dans l'aide d'urgence, la réponse d'urgence ?
07:18 - Il y a des associations qui font très bien l'aide d'urgence.
07:21 Vous avez cité les Restos du Coeur, le Secours Populaire.
07:24 Nous travaillons en synergie avec eux, bien sûr.
07:25 Parce que nous, on ne se substitue jamais aux autres associations.
07:27 Je veux dire, on n'est pas là pour ça.
07:28 - Mais vous, votre particularité ?
07:29 - Notre particularité, c'est d'essayer de faire de l'accompagnement long.
07:32 C'est-à-dire d'essayer vraiment...
07:34 Et j'ai des témoignages, j'en ai encore eu hier,
07:36 à la maison Camprodon, où nous étions.
07:38 Des témoignages de personnes qui disent, ici, j'ai rencontré une famille.
07:41 Un médecin algérien, une jeune femme, médecin algérien,
07:44 qui est arrivée ici avec un visa touristique, souvent,
07:47 qui voulait vivre en France, et qui se retrouve aujourd'hui
07:50 avec vraiment peu de moyens, qui ne peut pas travailler,
07:52 qui fait des stages à l'hôpital, mais qui ne peut pas travailler.
07:55 Et elle dit au Secours Catholique que j'ai vraiment trouvé une aide et un accueil.
07:59 Et ça, c'est des témoignages qui, finalement, justifient le temps que nous passons.
08:03 - Et cet accompagnement, pour ça, il faut des bénévoles ?
08:05 Et vous lancez donc un appel ce matin ?
08:07 - Tout à fait. Il nous faut des bénévoles.
08:08 Nous avons des activités diverses, selon l'intérêt que les personnes peuvent avoir.
08:12 C'est un accompagnement de l'SDF, ça peut être de l'alphabétisation,
08:15 ça peut être les migrants, ça peut être l'alimentation,
08:17 puisque nous avons une thématique, et l'alimentation digne.
08:19 Nous essayons de faire en sorte que les personnes accèdent à l'alimentation digne,
08:22 et pas seulement au stock européen, parce qu'ils doivent y accéder aussi.
08:26 C'est notre devoir, je crois, de porter un regard différent
08:30 sur ces personnes qui sont déshéritées.
08:33 Ce n'est pas leur faute. Ce n'est pas leur faute.
08:35 Ça peut arriver à n'importe qui.
08:36 Il y a des histoires de vie que je pourrais vous raconter.
08:38 Il y a des personnes qui se retrouvent dans la rue,
08:40 qui se retrouvent des femmes, bien sûr, mais pas que des femmes,
08:43 et ce n'est pas leur faute.
08:44 Ça peut arriver à n'importe qui.
08:46 N'importe qui.
08:47 - Un accident de la vie, un accident d'emploi, séparation...
08:50 - Un accident de la vie, famille brisée, le chômage, une maladie,
08:53 tout se conjugue quelquefois, parce que c'est en cascade, ce genre de choses.
08:56 - Alors si cet appel à bénévole a été entendu ce matin,
08:58 on prend directement contact avec vous via le site.
09:00 - Sur notre site, vous pouvez tout à fait.
09:01 - Le site du cours catholique 34, on le trouve assez facilement.
09:03 Merci beaucoup.
09:04 Donc vous êtes le président, Jean-Marie Brugeron,
09:06 et merci d'être venu ce matin dans le système.
09:08 - Merci pour l'accueil. - Merci.
09:09 - Vous pouvez retrouver cette interview en allant sur francebleu.fr.
09:12 Il est 8h20. Attention, petit coup d'œil sur la circulation.
09:14 C'est un peu le bazar au nord de Béziers,
09:16 parce qu'il y a eu un accident il y a une heure maintenant.
09:18 Mais il y a du monde quand même entre Corneillons et Béziers.
09:21 Ça bouchonne, vous perdez 16 minutes, ça bouchonne sur 2,5 km.
09:24 C'est la même chose lorsque vous arrivez de Lioran-les-Béziers
09:26 en direction de Béziers, entre Corneillons et Lignan-sur-Orbe.
09:29 Il va falloir être un petit peu patient,
09:30 et ça se rajoute en plus à la zone de travaux à hauteur de Marocan.
09:33 Si vous avez des infos, à partager. 0467 58 6000.
09:37 En un instant, la petite histoire du jour signée Léopoldine Dufour.
09:40 Mais d'abord, qui est-ce qui va faire un petit peu la fête quand même ce soir en Corse
09:44 et qui va souffler les bougies sur son gâteau ?
09:45 Il y en aura 41 de bougies.
09:47 C'est Jennifer qu'on écoute avec Au Soleil dans le 6/9 de France Bleu.