Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 Emmanuel Macron a-t-il commis une erreur en n'allant pas à la marche contre l'antisémitisme ?
00:04 Louis Dragnel qui est avec nous.
00:05 J'ai le sentiment que tout le monde condamne d'une certaine manière la non-présence d'Emmanuel Macron à cette manifestation.
00:16 Quand je dis tout le monde, c'est à l'intérieur parfois de son propre gouvernement,
00:20 c'est toutes les voix politiques du pays, c'est les manifestants que j'ai rencontrés hier,
00:26 c'est aussi les éditorialistes que j'ai lus, personne ne comprend ou on ne comprend que trop ?
00:32 On ne comprend que trop et on sait aujourd'hui qu'Emmanuel Macron est conscient qu'il a raté la séquence.
00:37 Je peux vous donner quelques exemples des 72 dernières heures.
00:41 Vendredi soir, il déclare à la BBC, il fait cette déclaration très étonnante,
00:45 il appelle à l'arrêt des massacres des civils à Gaza par l'armée israélienne,
00:49 alors là c'est le tollé absolu, personne ne comprend.
00:52 Et il voit bien qu'en fait il est allé beaucoup trop loin, donc il essaie de contrebalancer.
00:56 Le lendemain matin, 11 novembre, il prononce un discours à l'Arc de Triomphe que personne n'a écouté ou peu de gens ont écouté.
01:01 Ensuite il envoie Sébastien Lecornu, le ministre des armées, rendre un hommage à Dreyfus.
01:06 Globalement, je ne sais pas si vous l'avez écouté ou vous l'avez vu, mais globalement peu de gens l'ont vu.
01:10 Le lendemain, il y a une lettre aux Français qui paraît dans Le Parisien que seuls les lecteurs du Parisien ont lu,
01:16 en plus seuls les lecteurs du dimanche.
01:18 Ce matin, en panique, l'Élysée organise une réunion avec les représentants des cultes.
01:23 On voit bien en fait que globalement c'est la cacophonie partout, c'est absolument pas lisible.
01:28 Et puis maintenant, surtout, commence à diffuser la petite musique selon laquelle
01:33 le lundi Emmanuel Macron est pro-Hamas, le mardi il est pro-israélien.
01:37 Et que ça change comme ça, que ça alterne.
01:39 - C'est-à-dire que le "en même temps", en période de guerre, c'est difficile.
01:44 - Absolument.
01:45 - C'est difficile parce qu'il n'y a qu'une barrière.
01:47 - Mais il y a un problème de fond.
01:49 On pourrait juste se dire, avec notre discussion, qu'Emmanuel Macron a loupé la séquence,
01:53 comme on dit maintenant dans les médias.
01:55 Mais en réalité, je pense qu'il y a quelque chose de beaucoup plus profond.
01:58 La semaine dernière, Emmanuel Macron organise un dîner avec les représentants de la majorité à l'Élysée.
02:03 Et il leur demande "Est-ce que je dois aller à la marche ?"
02:05 Certains lui disent "Mais oui, monsieur le Président, évidemment il faut y aller."
02:07 D'autres lui disent "Non, c'est pas important ce passage."
02:10 Et Emmanuel Macron a cette réponse que je trouve, moi, très intéressante et en même temps inquiétante.
02:16 Il dit "Je ne veux pas donner l'impression d'une France coupée en deux."
02:19 Donc ça sous-entend que dans son esprit, se rendre à la marche d'hier,
02:23 c'était prendre parti pour un camp contre un autre.
02:26 Et c'est là, à mon avis, l'erreur fondamentale, et qui est grave, elle se trouve ici.
02:31 - Alors, vous soulignez ces prises de parole multiples.
02:34 Mercredi, il parle devant les loges.
02:36 Jeudi, c'était la conférence humanitaire, la coalition humanitaire.
02:40 - Pour Gaza, qui a permis de lever.
02:41 - Personne n'est venu.
02:42 - Personne n'est venu, il y a que les ambassadeurs.
02:43 - Vendredi, c'est la BBC. Je ne sais pas pourquoi il parle à la BBC en anglais.
02:45 C'était la veille du 11 novembre, mais c'est étrange quand même de parler à la BBC.
02:49 Vous l'avez dit, c'est la lettre dimanche dans le Parisien.
02:53 C'est la multiplication de la parole, alors qu'il n'y avait qu'une chose à faire,
02:56 c'était venir à la manifestation.
02:57 - Et se taire.
02:58 - Et se taire.
02:59 - Absolument.
03:00 - Donc il a fait tout le contraire de ce que vous venez de dire.
03:02 - Et donc ça explique cette espèce de gêne à tous les étages.
03:05 Il n'y a même pas eu un message, par exemple, du président de la République
03:08 à l'endroit de Yael Brown-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale,
03:11 qui organisait la marche avec le président du Sénat.
03:14 On sent qu'il y a une espèce de gêne.
03:16 Et à l'Elysée, c'était un peu la panique ce week-end,
03:20 parce qu'on a beaucoup échangé, à la fois nous,
03:23 sur notre incompréhension de l'attitude du président.
03:26 Et eux avaient quand même beaucoup de mal à nous répondre.