Assises de la bioéconomie en BFC – Jour 1 – TR1. Le puits de carbone forestier

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Vidéos de replay des assises de la bioéconomie en Bourgogne-Franche-Comté :
16 octobre 2023 : 6 tables rondes thématiques
17 octobre 2023 : Scénarios et perspectives régionaux

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00:00:00 Mesdames, Messieurs, bonjour. Frédéric Danray pour vous servir toute cette journée. Nous
00:00:15 sommes le 16 octobre 2023. Il est 9 heures. Il fait frais sur Paris et je pense un peu
00:00:20 partout en France. Les températures ont perdu 15 degrés. Le temps est fou. Le temps est
00:00:25 incompréhensible. Raison pour laquelle l'ADEME s'est penché sur qu'est-ce qu'il en sera
00:00:29 en 2050, eu égard au changement climatique entre autres sur la région, Bourgogne, Franche-Comté,
00:00:35 après 18 mois de travaux de réunion publique et avec les acteurs des territoires, comme
00:00:41 il faut dire aujourd'hui, deux jours de points d'orgue, deux jours qui commencent donc par
00:00:47 cette journée avec vous, Mesdames, Messieurs, six tables rondes à partir de six thèmes
00:00:52 qui ont émergé de ces discussions qui ont eu lieu durant 18 mois. C'est donc une production
00:00:59 de l'ADEME avec les moyens techniques de Studio Webcast. Alors évidemment le jour est un peu
00:01:06 particulier car nous avons été battus hier honteusement grâce évidemment à un arbitrage
00:01:13 honteux par l'Afrique du Sud mais un pays qui, vous allez le voir, n'a aucun intérêt
00:01:18 forestier. C'est notre premier débat et puis nous aurons une pensée quand même pour Dominique
00:01:24 Bernard et Samuel Paty en ce 16 octobre, contre autre victime du fanatisme. Premier thème ce matin,
00:01:32 jusqu'à 10h, Mesdames, Messieurs, le puits de carbone forestier est-il éternel ? Quelle
00:01:37 étrange question. A priori un puits de carbone est éternel mais une publication du mois de juin,
00:01:44 si vous vous en souvenez, qui a été largement reprise par les médias, par mes confrères et mes
00:01:49 consœurs, a dit que le puits de carbone forestier français s'était effondré et que aïe aïe aïe,
00:01:57 ça allait être compliqué pour l'avenir pour atteindre nos objectifs en termes de réduction
00:02:02 de carbone. Nous allons en parler avec mes deux invités. Il devait être trois, il y en a un qui
00:02:08 est aux abonnés absents, c'était Philippe Siey. Christine Deleuze, bonjour. Vous êtes directrice
00:02:14 projet stratégie carbone à l'office national des forêts. Merci d'être là, si tôt et vous êtes
00:02:20 arrivée plus tôt que moi. Vous vous levez très tôt. Si si. Et Louis Cassez, vous êtes délégué
00:02:28 général de Sylvact'. Alors l'ONF on connaît, Sylvact' on ne connaît pas. Qui êtes-vous ? Qu'est-ce
00:02:33 que Sylvact', Louis Cassez ? Sylvact' c'est une association qui a été créée en 2015, qui est née
00:02:39 en Rhône-Alpes et qui a pour objectif d'accompagner financièrement des modes de sylviculture qui
00:02:45 permettent à la fois d'accompagner l'adaptation des forêts au changement climatique et de favoriser
00:02:50 autant que faire se peut dans le champ de contraintes auquel on est confronté aujourd'hui,
00:02:54 la capacité d'atténuation des forêts, c'est-à-dire cette capacité à absorber et stocker le carbone.
00:02:59 C'est quoi un champ de contraintes ? Un champ de contraintes, c'est les sécheresses,
00:03:03 c'est l'absence de précipitation sur certains mois, enfin c'est tout ce climat qui évolue qui
00:03:08 fait que les conditions qu'ont connues les forêts ces dizaines, ces centaines de dernières années
00:03:13 ont complètement évolué et bousculent en fait la capacité de pousse, de régénération des
00:03:19 peuplements forestiers et c'est là où en fait le geste du gestionnaire forestier est peut-être
00:03:24 encore plus important que ce qu'il a été par le passé, puisqu'il faut à tout prix éviter ou
00:03:29 essayer de piloter, de limiter l'effondrement qu'on peut constater dans certaines régions.
00:03:33 Pour constater qu'il y a bien effondrement ? Oui, oui, je crois que tout le monde le
00:03:38 constate aujourd'hui, dès qu'on est un peu dans la campagne. Moi je le constate sur les chiffres,
00:03:42 on serait passé de 70 millions de tonnes de carbone stocké à 27 millions et pour la région
00:03:46 Bourgogne-Franche-Comté de 9 à 1 million. Je veux bien croire Philippe Sia qui aurait dû
00:03:51 être là, qui a vulgarisé cela au mois de juin, mais vous vous le constatez à quoi ? Alors on
00:03:57 constate deux choses, on constate des peuplements qu'on va dire en situation de décrochage climatique
00:04:02 c'est à dire... Décrochage climatique ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'ils n'ont plus le
00:04:06 niveau de précipitation en fait clairement qu'ils avaient l'habitude d'avoir, qu'ils sont confrontés
00:04:10 à des températures extrêmes qui fait qu'on a des phénomènes de défoliation, ils perdent les
00:04:13 feuilles de manière prématurée donc la saison de végétation se raccourcit ou devient un petit
00:04:19 peu chaotique puisqu'on a des arbres qui ont refleuri ces dernières semaines aussi. Donc c'est
00:04:25 ça je dirais la situation de décrochage climatique qui se traduit ensuite par des dépérissements.
00:04:29 Alors on peut avoir différentes formes de dépérissements, des dépérissements qui
00:04:32 sont pas définitifs où les arbres sont très touchés mais pas coulés on va dire et qui
00:04:36 l'année suivante vont malgré tout arriver à se relever et puis d'autres où là clairement
00:04:41 les arbres les plus âgés, ceux qui constituent ce qu'on appelle les arbres dominants du peuplement
00:04:47 sont morts, sont secs sur pied et là il y a des vraies questions qui se posent sur c'est quoi la
00:04:51 suite dans ces forêts et quel est l'acte à poser et je dirais il y a différentes solutions qui
00:04:56 s'offrent aujourd'hui aux forestiers mais c'est compliqué de faire des choix puisque aujourd'hui
00:05:01 ça implique aussi des choix de société derrière sur ce qu'on attend beaucoup de la forêt en fait
00:05:06 là ce matin on parle du carbone mais on pourrait avoir le même sujet sur la biodiversité, sur la
00:05:11 production de bois, sur la qualité, la quantité. Oui la forêt multifonctionnelle, fantasme ou
00:05:17 réalité. Alors vous vous occupez de forêts privées et publiques aussi. On est financeur en fait donc
00:05:22 on travaille effectivement sans jugement en fait sur la nature de la propriété. On considère que
00:05:27 toute forêt est précieuse, que les collectivités comme les propriétaires privés sont laissés
00:05:32 aujourd'hui seul face à des décisions d'investissement dans leurs forêts qui sont lourdes
00:05:35 à la fois financièrement et en termes de prise de risque et l'enjeu de l'association c'est de créer
00:05:41 un levier financier pour essayer d'orienter leur choix, leurs décisions sur des modes de
00:05:46 sylviculture qui a priori permettent de répondre à un large panel d'attentes en fait de nos sociétés
00:05:51 et en amenant aussi une solidarité sur le portage de l'investissement dans les forêts. Et vous
00:05:57 l'ONF vous vous occupez avant tout de la forêt, avant tout uniquement de la forêt publique, c'est
00:06:01 c'est quoi c'est à peine 25% ? Oui c'est 25% de la forêt en tout sachant que la forêt c'est 31%
00:06:09 du territoire. Donc c'est vrai que ça fait un petit quart et il y a un tiers à peu près qui sont des
00:06:14 forêts de l'état, donc les forêts domaniales et puis deux tiers qui sont les forêts des
00:06:19 collectivités. Donc on s'occupe de la gestion de toutes ces forêts et qui sont donc soumises
00:06:23 au régime forestier qui a un statut de protection particulier. Et c'est vrai qu'on oriente la
00:06:28 gestion vers cette multifonctionnalité. Alors effectivement on a un peu changé peut-être de
00:06:33 paradigme, c'est à dire qu'on a été très longtemps dans la multifonctionnalité à l'échelle d'un
00:06:37 peuplement, avoir l'ensemble des fonctions à l'échelle d'un peuplement. Aujourd'hui on réfléchit
00:06:43 beaucoup plus en termes de forêts mosaiques, c'est à dire en termes de distribution de mosaïques en
00:06:52 fait pour avoir l'ensemble des services à l'échelle d'un massif. Mosaïque ça veut dire qu'on ne sait
00:06:56 plus de forêt d'un seul tenant plantée avec des arbres au garde à vous comme vous m'aviez dit au
00:07:00 téléphone, mais des modes de gestion différentes sur des parcelles différentes c'est ça ? Alors
00:07:06 on n'a jamais eu de forêt vraiment au garde à vous puisque les forêts au garde à vous...
00:07:08 C'est l'accusation qu'on porte ? Oui alors c'est pas des forêts au garde à vous qu'on a vraiment,
00:07:12 on en a très peu, on a eu à un moment 90% de régénération naturelle en forêt publique. Donc
00:07:17 la forêt régénérée naturellement elle est quand même pas... En l'élan du garde à vous on dirait
00:07:21 des chandelles ? Oui alors pour le coup là c'est des plantations dans les Landes mais nous on a
00:07:25 plutôt les forêts du littoral dans toute la zone des dunes et c'est plutôt des forêts de protection
00:07:31 qui sont effectivement renouvelées par régénération naturelle. Donc on n'est pas vraiment dans les
00:07:35 forêts au garde à vous. Aujourd'hui on est quand même effectivement en train d'avoir un peu plus
00:07:39 de plantations parce qu'on est face à ce problème de dépérissement massif et d'essence en grande
00:07:47 difficulté et dans ces cas là on envisage d'introduire des essences qui auraient peut-être
00:07:52 un peu plus de possibilités pour un climat futur. Donc on fait cette forêt mosaïque et on introduit
00:07:58 des petits massifs et puis on a aussi dans ces forêts mosaïques des zones en sénescence,
00:08:05 des zones en vieillissement pour avoir une diversité de peuplement et à la fois pour
00:08:11 la biodiversité et puis aussi pour la fonctionnalité du massif en entier. Alors vous en parliez tout à
00:08:16 l'heure il y a des contraintes, une série de contraintes qui pèsent sur la forêt, sur la
00:08:20 gestion forestière. Est-ce qu'il y a une contrainte que vous n'aviez pas vu venir ?
00:08:25 Celle de l'attachement qui peut paraître immodéré des français aux arbres. Les arbres qu'on a du
00:08:31 mal à imaginer devoir être coupés à un moment à un autre. On va embrasser l'arbre. Ce fameux
00:08:38 livre qui nous a appris que le chêne avait des enfants à ses pieds qu'il ne fallait donc pas
00:08:41 y toucher. Blague dans le coin. Alors moi pour avoir fait des docs là-dessus, je l'ai vu, des
00:08:47 bûcherons se faire embêter par des gens qui allaient presque s'attacher aux arbres. S'ils
00:08:52 avaient pu le faire, ils l'auraient fait. C'est une vue de l'esprit, c'est anecdotique. Où ça
00:08:56 vous touche aussi vous forestier, madame Deleuze ? Alors ce qui nous touche vraiment c'est de voir
00:09:01 qu'on ait des collègues sur le terrain qui sont agressés effectivement. Quand par exemple on va
00:09:06 marquer sur un tronc qui est abattu "l'ONF m'a tué", c'est très violent en fait. C'est très
00:09:11 très violent pour des gens qui dévouent leur carrière. Parce que finalement un peuplement,
00:09:15 le temps long forestier fait qu'un peuplement c'est plusieurs générations de forestiers. Donc
00:09:19 on a des forestiers qui restent 30-40 ans sur une zone et qui s'occupent de peuplement et tout d'un
00:09:24 coup ils voient ça alors que vraiment ils se sont vraiment dévoués pour ces peuplements. Donc
00:09:29 c'est quelque chose de très violent en fait psychologiquement je pense. À ce point là,
00:09:32 ils n'arrivent pas à se mettre à distance, à en rigoler ? Pas du tout, pas du tout parce qu'en
00:09:38 fait ils sont foncièrement attachés à leur forêt. Et quelque part la coupe d'un arbre en fait ça fait
00:09:44 partie du cycle. C'est à dire qu'on a un travail qui s'appelle la gestion durable qui est d'équilibrer
00:09:49 nos peuplements. Alors quand c'est de la structure régulière c'est assez facile à visualiser. C'est
00:09:54 à dire qu'on a toutes les classes d'âge d'une essence sur un territoire pour pouvoir quand on
00:10:00 coupe un peuplement avoir toute la ribambelle des jeunes peuplement derrière qui prennent le
00:10:05 relais. Quand c'est irrégulier c'est moins visible mais ça se fait aussi c'est à dire qu'on est
00:10:09 obligé de réfléchir au renouvellement. Le temps long forestier il est là, c'est 150-200 ans peut-être
00:10:14 mais quelque part on le prépare comment et quand même et on l'assure ce renouvellement c'est
00:10:18 important pour garder une forêt en bon état de santé en fait. Les propriétaires privés sont
00:10:23 touchés aussi par cette irruption de on va dire d'une forme de morale de l'arbre dans la population.
00:10:30 Oui bien sûr oui alors moi j'ajouterai aussi les choses c'est qu'on a déjà chez les forestiers
00:10:35 un traumatisme sur le terrain par rapport à ce qu'ils vivent au quotidien. Un traumatisme ?
00:10:38 C'est à dire qu'on a des personnes qui je dirais qu'encore plus la société civile sont attachées
00:10:43 à leur métier. La forêt c'est un métier de passionné et quand vous avez passé 30, 20 ans ou
00:10:49 40 ans sur un espace forestier à poser des gestes sylvicoles année après année vous voyez grandir
00:10:55 cette forêt, vous la voyez vous la façonner quelque part. Un geste sylvicole ça ne fait
00:10:59 mise pour coupe ? Non alors en forêt vous avez deux catégories. Pour être clair vous avez les
00:11:05 travaux forestiers qui sont des investissements qu'on fait dans la forêt qui passent sur identifier
00:11:09 les jeunes arbres au profit desquels on va agir, les aider à monter dans les étages puis après
00:11:14 vous avez ce qu'on appelle les coupes c'est à dire qui sont des sources de revenus pour le
00:11:17 propriétaire où là effectivement le volume de bois qu'on extrait de la forêt est censé rapporter
00:11:22 un peu d'argent au propriétaire que ce soit public ou privé. Bon ces logiques de coupe aujourd'hui
00:11:27 sont également rattrapées par le changement climatique parce qu'aujourd'hui on fait des
00:11:31 coupes sous contrainte. On est obligé en fait d'aller couper du bois parce qu'il a atteint des
00:11:37 stades de dépérissement avancé. Et ça les gens n'en veulent plus c'est ça que vous dites ce
00:11:42 traumatisme ? Alors chez les forestiers le traumatisme c'est ça c'est de voir bah je dirais
00:11:47 c'est comme un agriculteur qui a mis de l'argent, mis du temps dans sa production et qui la voit
00:11:52 réduite à néant comme ça en l'espace de deux trois ans. Ah le traumatisme il est lié à l'impact
00:11:58 du changement climatique, le fait que des forêts disparaissent d'un coup. Je pense qu'il y a aussi
00:12:02 un autre aspect c'est que je le disais on voit tous l'expression du changement climatique en
00:12:06 forêt parce qu'aujourd'hui on voit tous dans le paysage ces arbres morts, rouges etc donc il n'y a
00:12:12 pas besoin d'être forestier aujourd'hui pour voir en fait l'impact du changement climatique en
00:12:16 forêt. Je pense que ce qui choque c'est quand on voit, ce qui choque, ce qui affole je dirais le
00:12:21 grand public, c'est ce qu'on voit aujourd'hui dans les échanges qu'on a c'est de se dire non
00:12:26 seulement des arbres qui meurent mais on continue à en couper en plus et avec des impacts dans le
00:12:30 paysage. Vous avez des photos derrière qui sont qui sont assez parlantes et qui ça affole en fait
00:12:35 les personnes en disant mais ces forêts... On ne passe pas pour qu'on coupe les arbres. Donc on est
00:12:41 on est dans beaucoup de paradoxes aujourd'hui en forêt et c'est des paradoxes qui peuvent être
00:12:46 poussés effectivement à l'extrême et qui sont durs à vivre pour les gens dont c'est le métier,
00:12:50 compliqués à comprendre et il y a aussi un autre aspect dans la forêt c'est l'échelle de temps
00:12:56 du forestier c'est à dire qu'on travaille minimum c'est 50 ans c'est le minimum du temps. Produire
00:13:02 un arbre c'est 80 ans je dirais la moyenne donc ça c'est difficile aujourd'hui à avoir cette
00:13:08 projection. Je dirais que malheureusement l'accident de Notre-Dame nous a rappelé que pour trouver les
00:13:14 chaînes dont on avait besoin pour Notre-Dame on a été content d'avoir 200 ans de sylviculture
00:13:18 quand même dans la forêt de Tronçay ou ailleurs donc c'est là où faut rappeler les choses. Par
00:13:23 contre effectivement aujourd'hui par rapport à ce qu'a connu le forestier on est face en fait à un
00:13:28 tel champ d'incertitude sur c'est quoi le futur. On parlait du choix des essences forestières
00:13:34 aujourd'hui. Je voudrais juste que vous réagissiez sur ce graphique et qu'il nous montre si la
00:13:40 régie veut bien nous le montrer, qu'il nous montre la réalité de la chute de ce puits de carbone.
00:13:46 Voilà alors c'était très bien jusque dans les années 2000, le milieu des années 2000 et puis
00:13:52 ensuite ça s'améliore pas. Pourquoi ? Qu'est ce qui s'est passé madame Deleuze ? Alors en fait
00:13:59 le puits... Spontanément on nous a tous dit vous inquiétez pas la forêt va absorber une partie du
00:14:05 carbone, la forêt est un puits de carbone à peu près la moitié de ce que nous émettons est
00:14:10 absorbé par la biomasse et la moitié de cette moitié par la forêt. Bon il y a aussi la prairie
00:14:14 mais ça ce sera sur un autre débat. Et là pouf on nous dit depuis le mois de juin, Philippe Siet
00:14:17 donc on aura bien voulu lui poser des questions ici sur place il n'est pas là et là on nous dit
00:14:22 bah non en fait non ce capital qu'on a en France qui nous aide, bah ce capital on a un peu rogné
00:14:28 dessus. Qu'est ce qui s'est passé ? Alors en fait le puits forestier jusque là c'est l'héritage du
00:14:34 20e siècle. Au 20e siècle on a 50% de surface en plus. Il y a une colonisation importante à cause
00:14:41 de la déprise agricole et puis il y a le fonds forestier national qui a permis de planter, alors
00:14:46 planter c'est ce gros mot là dont on parle mais c'est quand même aussi une ressource très
00:14:50 importante qui a été installée. Pourquoi on a planté ? C'était après la guerre en fait et pour reconstituer un
00:14:54 potentiel de bois pour la construction et pour le développement en fait. Pour créer de l'activité
00:15:00 économique aussi ? Oui et puis pour créer une ressource renouvelable utile aussi pour toute une
00:15:05 filière. Donc on a planté et on a eu 50% de surface en plus c'est à dire qu'on était à 20% de
00:15:12 surface au début du 20e on est à 30% à la fin donc c'est colossal et en fait en termes de
00:15:18 stock on a doublé le stock et en fait cette progression donc on a dit tout à l'heure le
00:15:23 temps forestier il est long donc 80 ans c'est peut-être plutôt pour des résineux on est plutôt
00:15:27 autour de 150 ans pour des feuillus et on a surtout une forêt feuillue en France. Donc ça veut dire
00:15:31 quoi ? Ça veut dire qu'aujourd'hui on était encore dans cette ligne d'augmentation du stock dû à la
00:15:36 croissance de la surface au siècle dernier. Quelque part dans une forêt à l'équilibre quand on est en
00:15:42 équilibre en termes de la croissance complète et équilibrée entre la mortalité et la récolte on n'a
00:15:50 pas de puits et effectivement... Les arches sont arrivées à maturité... Voilà dans des forêts dans
00:15:54 des massifs... Ils ne capte plus de carbone... Ils ne stockent plus de carbone supplémentaire
00:15:59 ils ne stockent plus de carbone supplémentaire mais par contre la pompe à carbone fonctionne
00:16:02 et je pense que ce qui est très important aujourd'hui c'est de sortir de ce question de
00:16:06 puits et d'aborder le terme en termes de carbone parce que de toute façon la forêt continue à
00:16:10 photosynthétiser à donner de l'oxygène quand même l'air de rien enfin c'est quand même aussi utile
00:16:14 que le carbone dans la vie et en fait ce qui est important c'est d'avoir une forêt en bonne santé
00:16:19 c'est ça le point qui est important et aujourd'hui le puits s'écrase parce qu'en fait le puits
00:16:25 forestiers c'est un delta stock uniquement et ce qui lui fait vraiment mal...
00:16:31 C'est un delta stock ? Alors le delta stock c'est l'inventaire forestier national qui mesure tous les ans la forêt et
00:16:37 qui dit bah là aujourd'hui on en a un peu moins qu'hier ou un peu plus alors on a encore du
00:16:42 stockage puisque le puits est toujours négatif là on voit un schéma qui n'est pas forcément facile à
00:16:48 comprendre pour les gens qui n'en ont pas l'habitude on est en négatif on est bien dans un puits et on
00:16:52 voit bien que la partie forestière est le puits principal par rapport aux autres puits qui sont
00:16:57 évoqués dans ce schéma. On voit bien que le puits est trois fois inférieur à ce qu'il était il y a 20 ans à peu près.
00:17:02 Voilà aussi et c'est deux fois à peu près au niveau national si on regarde les chiffres nationaux.
00:17:07 Et donc on était à zéro simplement par l'atteinte de la maturité des arbres et là boum on arrive le
00:17:12 changement climatique la sécheresse et les attaques de parasites c'est ça ? Voilà ça nous fait perdre
00:17:16 des stocks entiers à l'hectare. Voilà on a des hectares entiers qui disparaissent qui n'étaient
00:17:21 pas prévus dans une situation durable. Il n'y avait pas un équilibre avec ce que je disais tout à
00:17:26 l'heure des jeunes peuplements qui arrivent pour prendre la place. C'est vous qui êtes censé prévoir ça à l'ONF ?
00:17:32 Ah ben non les dépérissements qui arrivent avant la maturité. Vous n'allez pas prévoir l'arrivée du changement climatique et de planter des nouvelles forêts ?
00:17:39 En 2017 il y a eu un rapport qui a été réalisé par les chercheurs qui à l'époque nous disait que
00:17:43 changement climatique oui on était plutôt encore dans une dans l'idée que le co2 allait booster
00:17:48 la photosynthèse, allait booster les forêts. Alors on voyait bien qu'il pouvait y avoir des
00:17:53 catastrophes mais on n'était pas dans un dans une perspective aussi catastrophiste que celle
00:17:58 qu'on vit aujourd'hui. Parce que le co2 augmente le rendement de la photosynthèse donc voilà et
00:18:02 permet d'avoir peut-être un peu moins de stress hydrique mais là le stress hydrique est tellement
00:18:05 énorme que le co2 n'arrive pas du tout à le compenser. C'est ça Loïc Assef vous le disiez, stress hydrique
00:18:10 s'écherresse, boum les arbres perdent leurs feuilles ou leurs épines et du coup il y a moins de captation
00:18:16 de captage, je sais pas comment dire, de captage de carbone, de capture de carbone par la photosynthèse.
00:18:22 C'est tout bête pour ça. Non il n'y a plus de feuilles, il ne fait plus de photosynthèse. C'est la feuille ou l'aiguille
00:18:26 c'est par là que se passe la photosynthèse. Donc quand on a des saisons de végétation qui se
00:18:30 raccourcissent forcément ça veut dire qu'on a moins d'activité de photosynthèse. On le voit
00:18:34 notamment ce qu'on appelle l'accroissement biologique en forêt qui est un outil de pilotage du forestier
00:18:39 pour voir de combien la forêt grossit par hectare et par an en volume. Et aujourd'hui on voit en fait
00:18:45 ce ralentissement de l'accroissement biologique, ça va être une tendance puisqu'en fait quelque
00:18:50 part le changement climatique vient affecter la productivité des forêts et cette capacité donc
00:18:56 on va vers une forêt qui sera dans une capacité de production plus contrainte donc forcément plus
00:19:01 faible que ce qu'on a connu. C'est à dire qu'elles capteront moins ou plus lentement du carbone.
00:19:05 Exactement, on peut comparer aujourd'hui la forêt méditerranéenne absorbe du carbone mais
00:19:12 moins qu'une forêt des Vosges ou qu'une forêt de Bourgogne. Parce que simplement les volumes de
00:19:16 bois à l'hectare sont moins importants. Donc il y a une corrélation directe effectivement entre le
00:19:20 volume de bois que vous avez à l'hectare et le stock de carbone du forêt. Et puis il ne faut pas
00:19:25 oublier que 50% du stock de carbone d'une forêt c'est dans le sol. Donc le gros enjeu aujourd'hui
00:19:30 c'est aussi de se dire bon très bien le couvert forestier est très affecté etc mais comment faire
00:19:37 en sorte que le stock de carbone contenu dans les sols lui ne soit pas trop affecté par cette perte
00:19:42 en fait du couvert. Le couvert forestier c'est à peu près 30% de la capacité de stock d'un
00:19:46 écosystème. Le reste c'est dans le sol. Le reste c'est le sol, c'est le sous étage, c'est l'humus etc.
00:19:53 Content de vous en parler parce que pendant très longtemps les forestiers ne parlaient pas du sol.
00:19:57 Personne ne parlait du sol. On y arrive mais on va y venir. Je voudrais juste rebondir sur ce que
00:20:01 vous dites. Vous avez pris l'exemple de la forêt méditerranéenne. Or Philippe Sierd, encore lui,
00:20:05 décidément, a sorti une publication qui nous montre que finalement ce qui absorbe du carbone
00:20:11 c'est intuitivement penser aux forêts tropicales et en fait c'est plutôt les forêts boréales
00:20:15 étempérées. Donc a priori moins aussi les forêts méditerranéennes. Pourquoi ? Pourquoi les forêts
00:20:22 boréales étempérées ? Pourquoi pas l'Amazonie ? L'Amazonie, voilà, c'est le poumon de la planète.
00:20:27 D'ailleurs expression un peu bizarre parce que un poumon... Enfin bon bref, peu importe. Un poumon...
00:20:32 Enfin dans l'idée du poumon de la planète on a l'impression que la forêt relargue, que le poumon
00:20:37 relargue de l'oxygène alors que c'est du CO2. Bon enfin bref, c'est une idée contre-intuitive.
00:20:41 Pourquoi les forêts boréales et pourquoi les forêts étempérées ? Pourquoi elles captent plus de
00:20:45 carbone que les forêts tropicales ? Les forêts tempérées captent plus de carbone parce qu'en
00:20:50 fait elles sont pas à cet équilibre dont on parlait tout à l'heure. Les forêts tropicales
00:20:54 sont quasiment à l'équilibre entre la croissance et la mortalité. Pourquoi ? Avec aujourd'hui...
00:20:59 Qu'est-ce qui se passe dans les forêts tropicales ? Parce qu'il n'y a pas de dégâts du tout en fait.
00:21:01 Donc c'est des forêts très anciennes qui sont arrivées quasiment à l'équilibre. Il y a une
00:21:05 décomposition très rapide aussi peut-être. Ah là il y a un cycle plus rapide. Effectivement,
00:21:10 il y a moins de carbone dans les sols tropicaux que dans les sols tempérés et il y a plus encore
00:21:14 de carbone dans les sols, dans les forêts boréales d'ailleurs. Il y a un gradient. Donc
00:21:19 effectivement le cycle est beaucoup plus rapide. Donc ils arrivent à saturation et à équilibre
00:21:25 plus rapidement que dans des forêts tempérées ou boréales. Mais pour le coup, en forêt tropicale,
00:21:31 effectivement on est à l'équilibre avec certaines années plus sèches. Ou alors aujourd'hui,
00:21:35 enfin je voudrais juste le dire, on parle toujours de plus sèche. En Guyane aujourd'hui,
00:21:38 dans l'ouest du massif guyanais français, on a énormément de dépérissements observés qui
00:21:42 inquiètent beaucoup nos collègues qui sont à Cayenne là, uniquement parce qu'il y a eu trop
00:21:46 d'eau. C'est déséquilibré et là aujourd'hui c'est le trop d'eau qui fait qu'on a des
00:21:52 dépérissements assez importants d'arbres en forêt guyanaise. Après ils vont sans doute avoir du trop
00:21:57 sec. Donc voilà, il y a un balancier qui est quand même difficile à absorber pour les arbres.
00:22:01 Sinon ce que je voulais peut-être dire en rebondissant sur ce que disait Loïc tout à
00:22:06 l'heure, c'est qu'effectivement il y a un petit peu cette tempête silencieuse qui est observée
00:22:10 dans la baisse de croissance générale. L'inventaire forestier national estime à peu près à 4% la
00:22:17 baisse de croissance, la baisse de production, donc la baisse de la pompe finalement. On a une
00:22:22 augmentation de la mortalité, on en a beaucoup parlé, mais c'est vrai qu'on a aussi cette baisse
00:22:27 un petit peu légère, qu'on ne voit pas trop, on n'en parle pas beaucoup. Et effectivement elle
00:22:31 est quand même assez majeure aussi dans l'affaiblissement du puits pour la métropole.
00:22:35 D'accord. Forêt boréale, est-ce qu'il n'y a pas un lien aussi avec le sol ? Forêt boréale,
00:22:42 on a des tourbières, les tourbières sont des pompes à carbone, donc on en revient à l'importance
00:22:46 du sol. Pourquoi on le découvre qu'on n'en parle qu'aussi récemment du sol, avant que personne ne
00:22:52 s'en préoccupe ? Je crois qu'on cherche à se rassurer, à essayer de mieux comprendre aussi
00:22:58 les mécanismes. C'est parce que vous-même forestier, comme l'ensemble de la société,
00:23:03 vous ne le voyez pas, le sol c'était une boîte noire, on n'y touchait pas ? Non, on ne veut pas
00:23:08 dire ça. Disons que le sol ça a toujours été pour le forestier le support de la qualité de la
00:23:13 sylviculture qu'il va pouvoir faire. Donc c'était souvent, plutôt on l'analysait sur sa classe de
00:23:18 fertilité en fait. On l'utilisait vraiment comme un outil de pilotage qui nous permettait de faire
00:23:21 des choix, justement pour orienter la productivité, l'accroissement biologique. Le pilotage, en fait,
00:23:29 le carbone en forêt, c'est vraiment une information supplémentaire. Parce que quoi
00:23:34 qu'on fasse en forêt, il y aura du carbone qui sera absorbé. Je dis tant qu'il y a de la
00:23:37 photosynthèse, il y aura du carbone. Il est essentiellement au niveau de ce qu'il ne voit pas,
00:23:41 le sol. Parce qu'on a un processus de minéralisation qui se fait. Donc c'est pour ça qu'aujourd'hui
00:23:45 d'avoir des sols matures qu'on protège etc. est très important. Je dirais que les forestiers ont
00:23:50 toujours regardé le sol. Aujourd'hui ce qu'on ne sait pas bien dire, et il y a beaucoup de travaux
00:23:54 de recherche qui sont en cours, c'est l'impact des opérations de sylviculture sur ce stock de
00:23:58 carbone. Donc on ne sait pas quelle est la proportion qui va être larguée. Petit à petit,
00:24:04 voilà, on commence à avoir quelques données. Mais c'est difficile à quantifier. On sait dire
00:24:10 combien il y a dans le sol, mais on ne sait pas trop dire quels sont les, aujourd'hui, les points
00:24:14 de variation majeurs, ceux sur lesquels il faut faire très attention. Il y a des travaux récents
00:24:18 qui ont été rendus dans l'été sur certaines pratiques de sylviculture qui font rentrer dans
00:24:23 des zones de risque un peu plus fortes que d'autres. Mais... C'est quoi, c'est les couperases ? Voilà,
00:24:28 tout à fait. Dès que vous avez une mise en lumière brutale du sol, vous avez de toute façon une
00:24:32 perturbation, en fait, de la capacité de minéralisation du sol. Donc... Le carbone qui est dans le sol
00:24:37 se retrouve oxydé et repart dans l'atmosphère, c'est ça ? Ça peut être observé. Ça peut être
00:24:42 observé aujourd'hui. Alors la technique, les moyens qui sont mis en oeuvre jouent beaucoup aussi. Mais
00:24:49 effectivement, la technique aujourd'hui qui consiste à la coupe définitive nous fait rentrer
00:24:55 dans des zones de risque un peu plus fortes que d'autres techniques, même si c'est difficile
00:24:59 aujourd'hui de faire des généralités au niveau national. C'est pour ça que nous, au niveau de
00:25:03 Sylvacte, on travaille vraiment à l'échelle de massifs forestiers. On n'a pas de mode d'intervention
00:25:08 pour toute la France, parce qu'on a une grande chance en France quand même, c'est qu'on a une
00:25:11 diversité de forêts qui est exceptionnelle. On a quand même quatre grands climats qui nous font
00:25:14 décliner toute une série de peuplements forestiers attachés à chaque région. Donc cette granulométrie
00:25:21 est importante aujourd'hui dans la réponse aussi au changement climatique. Faire attention aux choses
00:25:26 de portée très nationale qui lisent en fait plein de cas de figure qui font la diversité des forêts
00:25:30 françaises. Il y a quand même des choses qui sont évidentes. Effectivement, préserver les sols et
00:25:33 quand on voit ces gros engins de coupe qui vont tasser les sols, a priori, les sols forestiers
00:25:39 sont fragiles. Et je crois que c'est une étude de l'ONF qui a montré qu'un sol tassé, il lui fallait
00:25:43 des décennies et des décennies pour recouvrer son fonctionnement normal. En même temps, les arbres
00:25:47 il faut les couper, il faut des machines parce que ça fait autant de risques pour les bûcherons.
00:25:52 Il ne faut jamais oublier de dire ça. C'est la deuxième profession, la profession de bûcheron
00:25:56 la plus affectée par les risques au travail derrière les pêcheurs. Comment on gère les sols ? Comment
00:26:02 on fait avec les engins qui font 20, 30, 40 tonnes ? Moi je voudrais vraiment dire que c'est pas vrai
00:26:08 du tout que les forestiers ne gardent pas les sols en fait. Au contraire. Sauf que ça faisait
00:26:11 partie de leur cœur de métier. On n'en parlait pas, même l'ONF n'en parlait pas. On ne parlait que des
00:26:15 engins qui mettaient des sols. On n'en parlait peut-être pas mais c'était leur cœur de métier. Donc ça c'est
00:26:18 la première chose. Les forestiers connaissent les sols, c'est la première chose. Ils connaissent
00:26:22 leurs stations et ils savent quelles essences mettre sur ces stations. Alors pourquoi ils les tassent ?
00:26:26 Alors après la deuxième chose c'est que l'enjeu carbone, même si c'est effectivement dans le sol
00:26:31 qu'il y a vraiment la moitié des stocks de carbone, l'enjeu carbone il arrive après les autres enjeux.
00:26:36 L'enjeu pour les sols c'est de garder des sols en très bon état fonctionnel et sinon on n'aura
00:26:41 jamais d'adaptation au changement climatique. Enfin c'est la base. C'est le premier pilier pour faire un puits qui fonctionne.
00:26:47 Mais vous êtes en pleine contradiction. Comment on peut préserver les sols tout en continuant à se faire tasser des engins et à faire des coups de fringues ?
00:26:52 Historiquement, les premiers travaux sur les sols datent effectivement, soutenus par l'ONF mais c'était des travaux de l'INRA,
00:26:58 c'est des travaux sur le tassement suite à la tempête. Parce qu'au moment de la tempête de 1999, c'était la crise,
00:27:04 il y avait des arbres partout par terre et il fallait agir pour... Voilà donc effectivement c'est à ce moment-là
00:27:10 qu'arrivent des grosses machines qui n'étaient pas faites pour nos massifs à nous et qui sont arrivées
00:27:15 effectivement avec des gros soucis de tassement. Et là il y a eu quand même un travail très conséquent
00:27:19 qui a été réalisé et qui s'est transmis. Il y a un transfert qui s'est fait à la gestion puisqu'on a un guide
00:27:25 qui s'appelle PractiSol, qui est un guide public. Et en tout cas l'ONF c'est un guide qui est
00:27:30 complètement inscrit dans notre cahier des charges des exploitations forestières ou qui oblige vraiment
00:27:36 à avoir des précautions de passage des engins sur des cloisonnements, sur des zones qui sont données.
00:27:42 Un cloisonnement c'est des chemins en fait qui sont construits avant dans la forêt pour obliger
00:27:49 les machines à ne passer que par ces endroits-là. - On sacrifie finalement une portion du sol.
00:27:53 - Alors on sacrifie puis ce qui se passe c'est que si les engins passent toujours au même endroit,
00:27:56 ça permet aussi au sol d'être un peu plus résistant. Donc quelque part c'est très important, c'est que
00:28:02 la machine ne circule pas ailleurs. Après il y a aussi des travaux qui ont été réalisés sur
00:28:06 l'exportation des petites branches parce que les petites branches c'est aussi très important pour
00:28:11 les sols. C'est ce qui va permettre le cycle des sols forestiers. - C'est plein d'éléments nutritifs pour le sol.
00:28:16 - Voilà c'est plein d'éléments nutritifs. Quand on récolte un arbre, on récolte surtout du carbone
00:28:22 et un peu d'azote, un peu d'hydrogène. Par contre les éléments nutritifs ils sont beaucoup dans les
00:28:27 feuilles qu'il faut absolument laisser au sol et dans les petits éléments, dans les petites branches.
00:28:31 Et ces petites branches c'est vraiment très important de les laisser au sol. Donc il y a eu
00:28:34 tout un travail avec l'ADEME, puisqu'aujourd'hui on est sur une table ronde de l'ADEME, donc rendons
00:28:38 leur grâce par rapport au soutien qu'ils ont apporté sur ces travaux. Et donc il y a un guide
00:28:44 aussi qui existe. Donc moi je voudrais vraiment dire qu'il existe aujourd'hui des choses pour
00:28:47 faire attention à nos sols. Et ce qui est important c'est qu'ils soient utilisés. Donc c'est vrai
00:28:51 qu'à l'ONF on fait très attention à les mettre en fonctionnement, en gestion, jusqu'au gestionnaire
00:28:58 qui est sur le terrain. Mais je pense que c'est un point très très important de protéger nos sols
00:29:03 pour leur permettre d'héberger des forêts. Après il faudra changer les essences, on n'en a pas encore
00:29:09 parlé. Mais voilà ça fait partie du socle minimal pour l'adaptation. Vous me réjouissez,
00:29:15 mon coeur est heureux. Voilà, je suis un obsessionnel des sols, vous parlez des sols.
00:29:18 C'est très bien, merci de nous avoir tendu la paix.
00:29:20 Deux questions internelles mesdames, messieurs. Je vous rappelle que vous pouvez poser des
00:29:24 questions avec votre clavier. Quels sont les arbres qui souffrent le plus, nous demande Bertrand
00:29:29 Houdin. Les plus connus, les plus emblématiques c'est l'épicéa qui des Alpes jusqu'au Jura,
00:29:38 jusqu'aux Ardennes aujourd'hui est touché par la crise. Alors avec une double contrainte,
00:29:44 le climat et son évolution, les précipitations etc qui affaiblissent l'essence et puis l'émergence
00:29:50 d'insectes, en fait, ravageurs. Scolites, hypses, typographes, voilà il y a différents noms,
00:29:54 boistriche etc. Voilà, chaque pays a son appellation, il y a différentes familles
00:29:59 en fait dans cette théorie d'insectes. Mais le fait est qu'ils s'attaquent aux épicéas en priorité.
00:30:04 Les scolites, il y en a toujours eu en forêt. En fait aujourd'hui, des arbres affectés arrivent
00:30:09 moins à résister à la pullulation de ces insectes. On a aussi cette notion de pullulation parce qu'on
00:30:15 a un nombre de jours de gel qui baisse chaque hiver, qui fait qu'on a une capacité en fait
00:30:20 de renouvellement de ces populations qui est complètement exponentielle, donc des densités
00:30:25 etc qui font que ça va très vite. L'épicéa est très touché aussi parce qu'on a eu effectivement
00:30:30 des modes de sylviculture comme ceux qui ont pu être mis en oeuvre avec le Fonds Forestier
00:30:36 National, qui ont promu plutôt des peuples en mode spécifique, avec une seule essence,
00:30:40 l'épicéa, et avec dans certains cas malheureusement l'oubli d'action sylvicole qui fait qu'on a des
00:30:48 peuplements qui déjà naturellement étaient dans des états de stress parce que jamais éclairci etc
00:30:52 et qui là se subissent de crise. Donc c'est les premiers peuplements qui malheureusement disparaissent.
00:30:57 Ils disparaissent d'un coup, c'est à dire quand tu as un arbre qui est touché, c'est tous les arbres
00:31:01 qu'ils sont. Alors quand vous êtes dans des zones comme les Vosges, comme les Alpes etc,
00:31:07 le Jura c'est un peu plus diffus parce qu'il y a un mode de sylviculture qui fait que les arbres
00:31:12 sont un peu plus disséminés etc. Par contre comme vous avez des peuplements comme sur l'image
00:31:16 qui défilent derrière, c'est les peuplements qui sont touchés. Vous voyez des arbres très petits
00:31:22 en diamètre, très longs en termes de hauteur, donc c'est un signe de stress en fait pour les
00:31:30 arbres. On a des peuplements très compressés etc. Et là effectivement quand la scolite rentre dans
00:31:34 des peuplements comme ça, ça va très vite. Elle fait bonne chaire. Après les autres essences,
00:31:41 je dirais un peu les nouvelles, celles sur lesquelles on voit des choses, le sapin effectivement qui
00:31:47 commence à être affecté aussi. Le hêtre, madame Deleuze. Oui le hêtre depuis déjà un moment,
00:31:53 le sapin c'est vraiment un point qui nous soucie fortement. Et quelque part en fait on avouait
00:31:59 beaucoup, alors évidemment le mode de silviculture est important, tu as raison de le souligner,
00:32:04 mais on avait aussi des peuplements qui étaient très mélangés et irréguliers pour le coup dans
00:32:08 la haute futée jardinée du Jura, qui est quand même un endroit totalement magnifique. Et aujourd'hui
00:32:13 c'est très angoissant parce que même dans ces zones-là, on a vraiment l'épicéa qui est vraiment
00:32:19 bien attaqué et le sapin qui commence à dépérir. Et donc le hêtre qui était presque un indicateur
00:32:23 du changement climatique, on ne cesse de dire depuis presque 20 ans que le hêtre il fout le
00:32:27 camp, il est repoussé de plus en plus vers le nord de la France ou vers les montagnes, vers les
00:32:32 altitudes, c'est vrai ça ? Alors il remonte effectivement, mais peut-être les résines
00:32:37 d'abord en altitude, tu connais peut-être mieux parce que tu es dans une zone montagne. Oui alors de toute façon la forêt progresse
00:32:42 effectivement dans les tranches altitudinales. C'est donc, ça c'est un fait, c'est lié à cette
00:32:48 évolution climatique qu'on vit. Après je dirais le hêtre, en fait il est déjà très présent en France,
00:32:52 il est très présent en fait dans beaucoup de forêts. Donc aujourd'hui on voit le hêtre dans
00:32:58 des situations de fort décrochage et c'est un petit peu ça qui était difficile à anticiper
00:33:02 pour nous en tant que forêtiers, c'est ce point de bascule en fait du hêtre. On avait du mal à
00:33:07 l'apprécier, où là en deux ans on l'a vu clairement. Il y a beaucoup de régions où là le point de bascule il est
00:33:11 fait, je pense à des zones où nous on est présent sur le Pays Barrois, vers Bar-le-Duc, tout l'est de
00:33:17 Nancy, toutes ces zones, voilà on pensait le hêtre plus plastique en fait, en capacité de réaction que
00:33:24 ce qui ne l'était. Et je dirais c'est là où le forestier a encore un peu bousculé. Et puis
00:33:29 vous avez aussi l'émergence de nouveaux parasites qui n'existaient pas jusqu'alors. On a le cas le
00:33:34 plus constaté je dirais dans les campagnes françaises autour du Fren avec la chale à rose.
00:33:38 La chale à rose, c'est un peu maladie vénérienne. Mais qui s'est diffusée très très rapidement et qui a
00:33:46 pris des proportions en termes de dépérissement très très fort. Et ça c'est je dirais aussi
00:33:50 un nouvel élément dans l'équation de l'incertitude, c'est l'émergence de nouveaux parasites et leur
00:33:58 capacité de dispersion qui est vraiment spectaculaire. En tout cas sur le Fren, c'est des choses qu'on,
00:34:02 même au temps de la graphiose sur l'orme, on n'avait pas vu une dispersion aussi rapide en
00:34:07 deux ans. Une graphiose qui avait éradiqué quasiment... Une trentaine d'années l'orme
00:34:10 effectivement qui avait été touchée par cette maladie. Madame Deleuze, après une question. En même temps c'est
00:34:14 aussi des parasites, pour le coup le squelette, qui sont en fait qui profitent finalement de
00:34:19 l'affaiblissement des arbres. C'est à dire qu'ils colonisent très très vite parce que les arbres
00:34:23 sont vraiment affaiblis. Et ce qui est quand même assez contre-intuitif pour le être, si on revient
00:34:27 sur cette essence qui est quand même effectivement une essence majeure en France, c'est qu'en fait
00:34:31 finalement c'est dans les zones où c'était plutôt frais et où on avait du être potentiellement de
00:34:36 qualité bienvenant, qu'il a été dépérissant le plus rapidement possible.
00:34:42 Alors qu'on a par exemple des zones comme sur le plateau Bourguignon où là c'est des zones plus
00:34:46 difficiles. Et en fait il commence à avoir vraiment des difficultés mais finalement de
00:34:51 manière un peu décalée. C'est à dire que c'était des zones où il avait déjà l'habitude d'être en
00:34:55 stress hydrique. Et on se rend compte un petit peu aujourd'hui que les zones où ça arrive le plus
00:35:01 vite c'est les zones où le déficit hydrique a progressé le plus vite en fait aussi.
00:35:06 Question interne. Est-ce que les forêts de la région Bourgogne-Franche-Comté souffrent plus que les autres ?
00:35:10 Déjà le rapport privé public sur la région, vous avez une idée ?
00:35:14 Je n'ai pas les chiffres en tête, il y a beaucoup là.
00:35:17 Parce que c'est Bourgogne et Franche-Comté.
00:35:19 Oui Franche-Comté, il y a énormément de changes.
00:35:21 Mais je dirais que ce n'était pas un piège. Quelle est la situation à Bourgogne-Franche-Comté par rapport au reste de la France ?
00:35:26 Alors Grand Est en général justement c'est des zones où le déficit hydrique a le plus augmenté.
00:35:30 Donc c'est avec le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté c'est vraiment une des régions qui est la plus affectée
00:35:36 aujourd'hui par le dépérissement clairement.
00:35:38 Le département de santé des forêts, le Pointet, c'est deux régions comme les régions où il y a le plus de dépérissement aujourd'hui.
00:35:44 Alors comment on plante ? Est-ce qu'il faut planter déjà ?
00:35:47 Ou est-ce qu'il faut laisser faire les choses ?
00:35:49 On plante, on laisse faire la nature.
00:35:51 Et comment on plante ? On a planté Tailloux-Cordeau.
00:35:54 Est-ce que... Enfin voilà, régénération naturelle, plantation.
00:35:58 Et si plantation, oui, mais comment ?
00:36:01 Alors c'est plutôt à moi ce coup-ci.
00:36:02 Moi ce que je vous disais c'est qu'on était à 90% à peu près de régénération naturelle
00:36:06 en fonctionnement avant crise.
00:36:08 Et aujourd'hui, en fait, notre mot d'ordre c'est diversification.
00:36:12 Alors à l'échelle de la mosaïque, mais aussi à l'échelle des régénérations.
00:36:16 Dans les régénérations, on va avoir de la régénération naturelle et on essaye au maximum de travailler avec cette régénération naturelle.
00:36:24 C'est ce qu'on a toujours fait.
00:36:25 Mais par contre, on se dit qu'il faut absolument apporter des essences complémentaires.
00:36:31 Le changement climatique, il va dix fois trop vite par rapport à la vitesse de propagation des essences naturellement.
00:36:36 Donc en fait, on se dit qu'il faut apporter des provenances du Sud et aussi des essences du Sud.
00:36:42 Et il faut diversifier, c'est-à-dire qu'on en fait un petit peu et puis on fait aussi la régénération naturelle classique.
00:36:47 On va diversifier les modes de régénération pour donner toutes les chances à l'adaptation.
00:36:53 Mais comment peut-on gérer une forêt pour en faire du bois ou de l'énergie
00:36:57 si on laisse les choses se faire par régénération naturelle ?
00:37:00 On ne peut rien prévoir du coup.
00:37:02 Quand on fait de la régénération naturelle, on ne laisse pas les choses se faire.
00:37:04 On fait des travaux dans la régénération naturelle.
00:37:06 Alors on a des problèmes avec le gibier déjà.
00:37:09 Ça c'est quand même un point qu'il faut peut-être évoquer dans la table ronde.
00:37:12 Les chevreuils les serrent beaucoup.
00:37:14 Le loup revient.
00:37:15 Le loup revient, j'espère qu'il arrivera à faire quelque chose sur le cerf et le chevreuil.
00:37:19 C'est une vraie difficulté aujourd'hui.
00:37:21 Parce que ça vous bouffe tout ce que vous plantez.
00:37:23 Oui, et puis ça ne choisit pas forcément l'essence qui va mieux résister après.
00:37:27 Ils ont une petite préférence pour les essences appétantes.
00:37:30 Donc voilà, il nous fait un choix, le gibier, qui n'est pas forcément celui que nous on ferait.
00:37:34 Mais pour le coup, le forestier fait des travaux dans les régénérations naturelles.
00:37:37 Il va promouvoir surtout la diversité d'essence.
00:37:42 Le principe c'est vraiment de travailler autour des essences qui sont en mélange.
00:37:47 Et puis potentiellement aussi d'enrichir avec des essences
00:37:50 qui auront peut-être un peu plus de chance en climat futur.
00:37:53 Donc garder un mélange avec des essences en régénération naturelle
00:37:57 et puis des essences à côté qui auront peut-être un scope un peu plus large au niveau adaptation.
00:38:03 Donc des échanges.
00:38:05 Pour prolonger, je dirais que notre enjeu aujourd'hui majeur,
00:38:07 c'est surtout de préserver ce qu'on appelle l'ambiance forestière.
00:38:10 Donc ne pas perdre le couvert forestier,
00:38:13 parce que l'ambiance forestière est propice à l'apparition de la régénération.
00:38:16 Si vous faites une coupe à blanc, vous la perdez.
00:38:19 C'est là où aujourd'hui ça peut être compliqué ensuite à gérer.
00:38:22 Effectivement, après la coupe à blanc, si on rentre dans des schémas de plantations,
00:38:26 en plein, etc., ça crée des conditions de croissance pour les plants
00:38:31 qui sont quand même assez terribles.
00:38:34 On a eu beaucoup de pertes sur les plantations de 2022,
00:38:36 parce que vous sortez votre plant de pépinière,
00:38:39 vous le mettez là d'un coup dans une parcelle
00:38:41 dans laquelle il se retrouve en concurrence avec des herbes acées
00:38:44 ou avec de la ronce ou d'autres végétations.
00:38:47 En plus, il faut qu'ils subissent les sécheresses.
00:38:50 On a eu aussi les phénomènes de pluviométrie exceptionnel
00:38:53 qu'on enregistre de plus en plus au printemps, qui font aussi de la perte.
00:38:56 Plus les grands ongulés, ces jeunes plants bien tendres
00:39:00 qui sortent de pépinières sont un petit peu des aimants aussi
00:39:03 pour ces populations de cerfs ou de chevreuils.
00:39:06 Donc aujourd'hui, c'est un mode qui, effectivement, est très contraint,
00:39:09 coûteux et qui présente un risque important.
00:39:13 Sur l'adaptation, il y a effectivement l'apport d'essence du Sud.
00:39:19 Vous dites du Sud, c'est du Sud de la France, du Sud du Moroc,
00:39:22 on va chercher au Maghreb en Afrique.
00:39:24 Je crois que sur tout ce qui est apports intercontinentaux,
00:39:28 les choses sont en train de se calmer, heureusement,
00:39:30 parce qu'on peut aujourd'hui à la fois avoir des très belles réussites
00:39:34 comme le Douglas et puis aussi créer des situations
00:39:36 où on amplifie le phénomène climatique.
00:39:39 Le cas du freine est assez emblématique pour ça.
00:39:42 On a apporté du freine de Manchourie qui est arrivé avec cette maladie
00:39:46 qui s'est diffusée très vite.
00:39:48 Donc c'est très dur aujourd'hui de se dire
00:39:51 quelles essences pourront s'adapter en France.
00:39:53 Il y a une autre adaptation qui est possible, c'est aussi la génétique.
00:39:56 Alors aujourd'hui, c'est quelque chose qui est peu connu.
00:39:59 Il y a des premières études qui sortent sur le chêne, etc.,
00:40:02 qui disent peut-être que génétiquement, les arbres vont arriver à évoluer,
00:40:06 à s'adapter. Ce qu'on ne connaît pas, c'est la vitesse en fait,
00:40:09 leur capacité de vitesse d'adaptation génétique.
00:40:11 Donc c'est pour ça qu'effectivement, la notion de se dire
00:40:14 combiner à la fois régénération naturelle,
00:40:16 qui souvent permet de réacquérir une ambiance forestière,
00:40:19 un couvert forestier à peu de frais et rapidement,
00:40:21 et compléter cette régénération par de l'apport, par de la plantation,
00:40:25 paraît être aujourd'hui, je dirais, en tout cas nous,
00:40:28 c'est quelque chose qu'on finance très régulièrement
00:40:31 et qui offre le coût bénéfice-risque en termes financiers,
00:40:36 en termes de réussite, qui est le plus maîtrisable.
00:40:39 Mais, encore une fois, quand on discute avec les forestiers
00:40:42 sur le choix des essences, là, je crois que...
00:40:44 Comment les tests on va voir sur place ?
00:40:46 Vous vous en plantez sur des laboratoires à ciel ouvert en Inde ?
00:40:49 Moi, ce que je voudrais dire quand même, c'est que sur la régénération naturelle,
00:40:51 on a un papier excellent d'Antoine Crémer, récemment,
00:40:54 de Convergé, un généticien, qui nous dit qu'il faut quand même
00:40:57 extrêmement diversifier les solutions, parce que la seule régénération naturelle
00:41:01 ne suffira pas, elle ne va pas assez vite.
00:41:03 Donc certains généticiens nous disent qu'il faudrait carrément
00:41:05 accélérer les révolutions et faire un peu des pommiers,
00:41:08 c'est-à-dire, dans notre petite forêt mosaïque,
00:41:11 faire quelques hectares de pommiers pour accélérer,
00:41:14 c'est-à-dire le chêne qu'on devrait avoir en 180 ans,
00:41:17 peut-être essayer de l'avoir en 60 ans, alors, il va être très moche.
00:41:20 - Un pommier, c'est une vue de l'esprit. - Il va ressembler à un pommier, notre chêne,
00:41:23 il va ressembler aux chênes qu'on a dans les champs,
00:41:25 parce qu'il faudra qu'il fructifie plus rapidement pour faire un brassage génétique.
00:41:27 - Donc, c'est-à-dire qu'on va le tailler ? - Non, on ne va pas le tailler,
00:41:29 on va le laisser en très large, enfin, très large espacement,
00:41:32 pour lui permettre de fructifier plus vite et faire un brassage,
00:41:35 une régénération plus rapide.
00:41:37 Donc, si on peut avoir, par exemple, 3 régénérations,
00:41:39 là où on n'en avait qu'une en 180 ans,
00:41:41 peut-être que ça permettra de brasser plus vite,
00:41:43 mais ça ne va sans doute pas suffire non plus.
00:41:45 Et donc, ce que nous disent les généticiens, c'est qu'il faut diversifier nos solutions,
00:41:48 et dans cette diversification, les travaux qui sont mis à la fois par la recherche
00:41:52 et puis aussi par le département RDI à l'ONF,
00:41:55 c'est effectivement de tester un peu plein de solutions.
00:41:59 Alors, c'est ce que je vous ai dit, à notre palette,
00:42:01 sur plein de couleurs, sur notre palette, pour faire notre forêt mosaïque.
00:42:04 Et dans ces solutions, on essaye effectivement des essences du Sud,
00:42:08 mais alors, pour le coup, on va aussi en Turquie,
00:42:10 récupérer du pain brussia et des provenances intéressantes de pain brussia,
00:42:13 pour voir si ça peut être intéressant.
00:42:15 On va essayer aussi de regarder des provenances du Sud de la France,
00:42:18 qui ont, dans des peuplements reliquats,
00:42:20 connu des sécheresses et des canicules depuis très longtemps.
00:42:23 - C'est-à-dire, du chêne vert à Dijon, quoi ?
00:42:25 - Alors, pas forcément du chêne vert, là, on était plutôt sur du chêne sessile,
00:42:28 qui était dans le sud de la France, qu'on va implanter à Verdun,
00:42:32 dans le cœur de la zone du chêne sessile,
00:42:35 pour apporter, finalement, un historique de génétique qui vient du Sud.
00:42:42 En fait, voilà, c'est ces peuplements qui ont connu ces sécheresses et ces canicules.
00:42:46 On se dit, d'abord, qu'il faut les sauver.
00:42:48 Cette ressource génétique, qui s'est construite en plusieurs siècles,
00:42:52 eh bien, on sait qu'elle va disparaître,
00:42:54 parce que ces peuplements, en ce moment, sont en train de vraiment régresser.
00:42:57 Et notre première priorité, c'est de se dire qu'il faut les sauver,
00:42:59 c'est-à-dire, cette ressource génétique, il faut la sauver.
00:43:01 Et puis, on se dit que si elle arrive à s'hybrider avec les chênes sessiles du cœur de l'air,
00:43:06 on aura à la fois de l'adaptation locale, et aussi quelques gènes historiques.
00:43:11 Alors, voilà, c'est un peu un pari.
00:43:13 Sans doute que dans le mélange qui en sortira, il y aura de tout.
00:43:16 Mais ça pourra redémarrer, peut-être, un brassage génétique un peu plus large,
00:43:20 qui donnera une petite chose de plus.
00:43:22 - Accélérez-le, contrôlez-le, le brassage fait des OGM.
00:43:24 - Alors là, effectivement, ce n'est pas trop le travail actuellement réalisé.
00:43:27 - Ce n'est pas trop le travail de l'ONF, oui.
00:43:29 En tout cas, ce que j'entends, c'est qu'on ne va plus vers la forêt de Colbert,
00:43:31 qui est taillée pour 150 ans.
00:43:33 Alors, effectivement, on n'a plus de marina voile, mais on a une demande,
00:43:36 je me tends ma propre perche, mais on a une demande pour du bois énergique,
00:43:39 pour du bois d'oeuvre, pour faire des belles maisons BBC.
00:43:42 Question de Laurent Boiteux, sur Internet.
00:43:45 L'utilisation plus importante du bois dans le secteur de la construction,
00:43:48 réhabilitation, bois d'oeuvre, en aménagement en France,
00:43:50 peut-elle aider à la régénération des forêts ?
00:43:53 - Je dirais que la production de bois, c'est ce qui soutient la gestion des forêts.
00:43:58 C'est le seul revenu qu'a le propriétaire pour mener sa gestion.
00:44:01 Donc, effectivement, plus on augmente la proportion d'utilisation de bois
00:44:04 dans tous les usages, œuvre, énergie, etc.,
00:44:07 plus, normalement, ça doit bénéficier à la gestion.
00:44:10 Et c'est là où il doit y avoir une attention particulière.
00:44:12 C'est-à-dire que cette augmentation de la production
00:44:14 doit bénéficier d'abord à la gestion, mais pas à d'autres activités.
00:44:19 - D'abord le bois d'oeuvre et ensuite le bois énergique.
00:44:22 - De toute façon, en forêt, la valeur ajoutée, elle est sur le bois d'oeuvre.
00:44:26 - Et tout ce qui reste, par enchaudière.
00:44:28 - Aujourd'hui, je dirais que l'émergence de la filière bois-énergie a une vraie chance.
00:44:31 Pour la forêt, souvent on dit, oui, ça a créé des contraintes sur certains massifs, etc.,
00:44:36 mais c'est du bois qui n'avait pas d'usage jusqu'alors, ou très peu.
00:44:39 Donc, le bois énergique, aujourd'hui, permet de rentabiliser des opérations
00:44:43 qui étaient jusqu'alors des travaux, des investissements pour les propriétaires,
00:44:46 notamment les premières éclaircies, qui, aujourd'hui, sans être rentables,
00:44:49 deviennent des opérations neutres dans beaucoup de cas.
00:44:51 Et c'est intéressant, parce que ces opérations de première éclaircie,
00:44:54 elles sont tout à fait importantes, en fait, dans le cycle forestier.
00:44:58 - Mais comment on fait la part des choses entre le bois qu'on va destiner aux chaudières
00:45:01 et le bois qui doit rester au sol pour que les matières nutritives restent ?
00:45:04 - Eh bien, c'est tout ce que Christine évoquait, c'est-à-dire qu'on a différents guides, effectivement.
00:45:08 La présence de bois morts en forêt, de manière générale, doit être importante, doit être préservée.
00:45:13 Donc, ça, je dirais, c'est les métiers. C'est le métier du gestionnaire forestier.
00:45:17 C'est les guides qui sortent, c'est les apports de la recherche
00:45:19 qui, chaque année, nous apportent, aujourd'hui, un lot de nouveautés
00:45:24 ou de confirmations de choses qui se faisaient et qui sont intéressantes à poursuivre.
00:45:31 Donc, le métier de forestier, en fait, il n'est pas...
00:45:35 On voit le forestier dans sa forêt avec des choses très...
00:45:39 - Immuables ? - Immuables.
00:45:40 - Eh bien, en fait, pas du tout. - En fait, pas du tout.
00:45:41 Et encore plus, aujourd'hui, les choses bougent vite.
00:45:44 De toute façon, aujourd'hui, la grande difficulté du forestier,
00:45:49 c'est de gérer un changement climatique qui, d'une année sur l'autre,
00:45:52 prend des proportions qu'on n'aurait pas imaginées avec le temps long de la production forestière.
00:45:57 Et c'est ça, la principale contrainte, aujourd'hui, c'est de gérer cette double vitesse
00:46:00 qui est complètement déstabilisante, en fait, pour les praticiens de la gestion forestière.
00:46:05 Et gérer des domaines qu'on gérait peut-être moins avant.
00:46:07 Madame Delos, question Internet que je reformule.
00:46:10 En gros, nous dit l'internaute, c'est bien joli de ramener des essences du Sud,
00:46:14 mais cuide de l'écosystème du sol dont dépend l'arbre pourvif
00:46:20 et symbiose entre les champignons et les racines.
00:46:23 Est-ce que quand vous implantez, vous implantez également le sol,
00:46:25 les champignons, les colamboles, les vers de terre, tout qui vient ?
00:46:29 - C'est une vraie question ? - Ben oui.
00:46:30 Alors, quelque part, pour l'instant, dans ce qu'on appelle les îlots d'avenir,
00:46:34 puisque c'est exactement ce terme-là, quand on fait des tests d'essence,
00:46:37 soit du Sud, soit carrément de nouvelles essences,
00:46:40 on les installe dans des petits îlots d'avenir.
00:46:42 Ça fait un demi hectare, un hectare, donc c'est des petites tailles.
00:46:46 Et l'idée, c'est, en fait, de pouvoir observer ce qui se passe.
00:46:50 Et si à un moment, ça dérive par rapport à des fragilités,
00:46:54 ou ça se fait en lien avec les chercheurs d'ailleurs,
00:46:56 on aura la capacité, par exemple, si des essences qui n'étaient pas envahissantes,
00:47:00 parce qu'on regarde de ne pas prendre d'essence qui sont envahissantes
00:47:03 dans leur ère d'origine, si elles devenaient envahissantes en France,
00:47:07 parce que c'est aussi une difficulté, pas seulement la symbiose.
00:47:11 Voilà, on sera en capacité de cadrer ça.
00:47:14 Et puis après, on va observer comment ces essences s'installent.
00:47:17 Après, effectivement, le Douglas, on ne l'a pas importé, et ça pose des questions.
00:47:20 Donc, voilà, on va observer, on va faire des tests,
00:47:23 et on va travailler avec la recherche dessus.
00:47:25 Moi, ce que je voudrais, c'est quand même rebondir sur la question du bois d'œuvre,
00:47:28 parce que c'est quand même une question qui est vraiment très, très importante
00:47:30 pour l'Office National des Forêts.
00:47:32 Parce qu'en fait, on a parlé, il y a trois piliers, en fait,
00:47:35 quand on parle d'atténuation.
00:47:36 On a parlé du sol, et je vous en sais très reconnaissante,
00:47:38 parce que c'est très important.
00:47:40 On a parlé du renouvellement, ça c'est important pour l'adaptation.
00:47:43 On ne fera pas d'atténuation si on n'a pas d'adaptation.
00:47:45 Et après, finalement, la silviculture orientée vers des produits à longue durée de vie,
00:47:50 c'est crucial aussi, c'est-à-dire que la forêt,
00:47:52 elle n'est pas toute seule dans son écosystème.
00:47:55 Elle est aussi source d'approvisionnement d'un matériau renouvelable.
00:48:00 Je pense que dans la société des carbonés de demain,
00:48:02 c'est un enjeu de ne pas réfléchir.
00:48:04 On aura un peu de biomasse, parce que c'est important pour faire des éclaircies,
00:48:07 c'est important dans la gestion générale de la forêt.
00:48:10 Mais ce qu'il faut, c'est surtout réfléchir à comment on utilise le bois,
00:48:13 comment on l'utilise en longue durée de vie.
00:48:16 Alors là, on a une belle table, mais ce qu'il faut,
00:48:18 c'est qu'on en ait partout dans notre environnement,
00:48:20 et qu'on soit en capacité de le garder le plus longtemps possible.
00:48:23 Et puis, même si on n'a plus de marine à voile qui a besoin de bois,
00:48:28 on a été très content de trouver les fûts de Notre-Dame,
00:48:31 qui ont été mis en place quand même pour...
00:48:33 Oui, mais madame Deleuze, vous me dites que les chaînes de main sont appelées
00:48:36 à ne pas être plus hautes ou avoir la même forme que des pommiers,
00:48:39 ça va faire des trucs à loin, ou moins grosses.
00:48:41 Là, les pommiers, c'est juste pour accélérer la génétique
00:48:43 sur une petite surface dans la forêt mosaïque.
00:48:46 Mais dans la forêt mosaïque, vous aurez aussi une grande parcelle
00:48:50 avec des belles forêts type tronçay, peut-être avec du mélange
00:48:54 avec une autre essence qui permettra peut-être aux chaînes
00:48:57 de mieux résister aux sécheresses.
00:48:59 Il faut qu'on fasse plus de mélange, c'est crucial.
00:49:02 C'est vrai qu'on a beaucoup de chaînées assez pures, en fait.
00:49:04 On a plutôt l'habitude de gérer nos...
00:49:06 Les fûtets de tronçay, enfin les fûtets de colbert,
00:49:09 elles sont souvent assez pures en chaîne,
00:49:10 parce que le chêne, il n'est pas très partageur,
00:49:12 il aime bien avoir de la lumière.
00:49:14 Donc là, il faut qu'on arrive à gérer...
00:49:16 Ah non, le hêtre, c'est une essence qui supporte beaucoup mieux.
00:49:18 - Il n'y a rien qui pousse sous le hêtre.
00:49:20 - Ah oui, mais il laisse personne.
00:49:22 Mais par contre, lui, il supporte très, très bien.
00:49:25 Par contre, c'est un autre sujet, effectivement,
00:49:27 sur cette question du bois d'oeuvre,
00:49:28 c'est de gérer la diversification des produits,
00:49:30 en fait, qu'on va avoir,
00:49:31 puisqu'à partir du moment où on a plusieurs essences,
00:49:33 il va falloir avoir une filière
00:49:34 qui est en capacité d'utiliser ces différentes essences.
00:49:37 Aujourd'hui, c'est aussi un des éléments d'adaptation
00:49:40 à la donne climatique.
00:49:42 C'est comme une filière qui, aujourd'hui,
00:49:44 est globalement très spécialisée sur quatre essences,
00:49:47 sapin épicéa, Douglas, le chêne, etc.
00:49:50 Enfin, pour les principales,
00:49:52 demain, va pouvoir gérer une diversité de production.
00:49:55 C'est-à-dire que les forestiers arriveront toujours
00:49:57 à faire du bois de 42 diamètres.
00:49:58 Ça se fera dans un temps peut-être plus long,
00:50:00 dans des modes de silviculture un peu adaptés.
00:50:03 Mais c'est quand même cet objectif.
00:50:05 C'est ensuite à qui on vend, en fait, ces bois ?
00:50:07 - Le problème, c'est qu'on vend apparemment
00:50:09 beaucoup de fûts en Chine,
00:50:10 et ça nous revient en planche.
00:50:12 - Beaucoup.
00:50:13 - Les Ciri disent qu'elles préfèrent exporter
00:50:15 plutôt que de vendre,
00:50:16 j'ai vu ça dans le livre "Au prix d'achat",
00:50:18 plutôt que de vendre aux menuisiers locaux.
00:50:20 Il y a un souci, là, qu'est-ce qui se passe ?
00:50:22 - C'est le jeu de l'offre et de la demande.
00:50:24 C'est-à-dire qu'on est dans un marché mondial du bois
00:50:26 qui fait que, oui, là, on a eu des bois du Vercors
00:50:29 qui sont partis par conteneurs,
00:50:30 alors que c'est des choses qui n'avaient jamais été vues
00:50:32 sur de résineux jusqu'alors,
00:50:33 puisque c'est surtout les feuillus qui partaient en Chine.
00:50:36 On a eu une autre période d'exportation,
00:50:38 on a exporté des volumes de hêtres énormes vers la Chine.
00:50:41 - Et politiquement, on peut modifier ça ?
00:50:43 - Il y a déjà des chars.
00:50:45 - Il y a eu des chars.
00:50:46 - Il y a des chars qui sont prises, mais bon.
00:50:47 - Surtout sur le chêne, en fait.
00:50:48 Mais de toute façon, l'enjeu est certainement, surtout,
00:50:51 de pouvoir avoir une meilleure utilisation de ces feuillus,
00:50:54 parce qu'on a quand même une forêt qui est aux deux tiers feuillus.
00:50:58 Et effectivement, on sait très, très bien utiliser les résineux,
00:51:00 parce que, finalement, on a beaucoup de demandes,
00:51:04 aussi pour la construction.
00:51:05 Les résineux n'ont pas les mêmes avantages que les feuillus.
00:51:07 Donc, ce qu'il faut, c'est apprendre à mieux utiliser les feuillus
00:51:10 qu'on a dans notre ressource française.
00:51:12 Ça, c'est un enjeu énorme.
00:51:13 Et puis, un deuxième enjeu,
00:51:14 qu'on ne voit pas forcément encore trop immerger,
00:51:16 mais qui nous arrive directement derrière,
00:51:18 c'est aussi apprendre à utiliser du bois de crise.
00:51:21 C'est-à-dire que, par exemple, quand on croûte un arbre qui est mort,
00:51:24 qui est dépérissant,
00:51:25 il va falloir quand même apprendre à bien le valoriser.
00:51:27 Et je pense que c'est quelque chose, c'était un message très fort
00:51:30 de l'ONF quand il a construit son siège à Maison-Alfort,
00:51:33 puisqu'on l'a inauguré l'année dernière.
00:51:35 Il y a eu le choix d'utiliser un maximum de bois de crise,
00:51:39 de freine calarosée, d'épicéascolité,
00:51:42 pour montrer à quel point on pouvait utiliser beaucoup de bois,
00:51:45 même si ce bois avait été récolté de manière involontaire et précipité.
00:51:50 Mais il faut vraiment qu'on apprenne à faire ça,
00:51:52 à valoriser au maximum.
00:51:53 C'est un échec quand ça part.
00:51:55 C'est un changement culturel.
00:51:57 Et puis, il faut aussi un appui de la recherche
00:52:00 pour apporter des solutions technologiques.
00:52:02 Il y a des travaux qui existent un petit peu dans la recherche,
00:52:04 mais il va falloir passer à l'étape d'innovation.
00:52:07 Il y a un enjeu énorme dans la recherche et l'innovation sur ces sujets-là.
00:52:12 Et ce que je voudrais dire, c'est que cet outil,
00:52:15 nous, c'est notre cœur de métier, la sylviculture.
00:52:17 C'est-à-dire que, voilà, ce que fait Lancé Colbert,
00:52:21 nous, on l'a hérité et on a nos forêts qui viennent de nos prédécesseurs en forêt.
00:52:26 Et les charpentes de Notre-Dame, c'est magnifique,
00:52:28 parce qu'il y a eu tout un travail de sylviculture,
00:52:31 de coupe orientée vers des très beaux fûts.
00:52:35 Et bien, ce travail-là, il a quand même deux intérêts.
00:52:38 C'est d'une part, il fournit un matériau renouvelable
00:52:40 pour pouvoir rester dans notre environnement,
00:52:42 faire de la structure, de la construction, la rénovation.
00:52:44 Par exemple, quand on fait des étages supplémentaires dans les villes,
00:52:47 c'est bien parce qu'il y a du bois qui est léger
00:52:49 et qui est capable de faire des résistances mécaniques incroyables,
00:52:52 alors que, sans doute, le ciment et l'acier seraient trop lourds pour faire ces structures.
00:52:55 Enfin voilà, il a plein d'atouts, ce bois.
00:52:58 Et quelque part, en même temps, dans la forêt,
00:53:00 au lieu d'avoir des taillis qui sont finalement
00:53:03 les systèmes qu'on a quand on ne fait rien dans notre forêt,
00:53:05 50% quand même de la forêt est sans du tout d'intervention en forêt,
00:53:10 50% de la surface forestière.
00:53:12 Et donc, les belles fûtées qu'on a, c'est parce qu'on fait de la silviculture.
00:53:15 Et cette silviculture, ça nous permet d'avoir
00:53:18 des belles fûtées dans lesquelles on aime se promener.
00:53:21 Donc, à un moment, il faut voir l'ensemble du système
00:53:24 et ne pas se dire "oh là là, il faut uniquement
00:53:27 laisser, ne pas couper un arbre".
00:53:29 Ça fait partie des outils qu'on a pour faire notre gestion.
00:53:34 Allez, question internet.
00:53:36 Question de Véronique Le Bourgeois sur l'eau.
00:53:39 L'eau restituée au reste du bassin versant,
00:53:41 est-elle prise en compte dans vos choix de diversification,
00:53:44 de coupe, ceci, cela ?
00:53:46 Effectivement, l'arbre est une pompe à eau aussi.
00:53:48 On voit la différence qu'entre une prairie, ce couvre-eau d'arbre,
00:53:50 il y a une influence sur l'hydrologie.
00:53:53 Ça se modélise facilement.
00:53:55 C'est directement lié à la fois au couvert forestier
00:53:58 et à votre sol.
00:54:00 La forêt va avoir ce rôle, on ne va pas dire de captation,
00:54:06 mais ce rôle de réguler les précipitations.
00:54:09 Le sol joue un peu comme une éponge.
00:54:11 Il va restituer progressivement des quantités d'eau qui sont tombées.
00:54:15 Est-ce que vous êtes capables, vous deux, de mesurer ?
00:54:17 Je vais planter là, je vais faire une régénération naturelle là.
00:54:20 Quel impact ça aura sur l'hydrologie,
00:54:22 sur la circulation de l'eau dans le sol,
00:54:24 jusqu'à la nage, jusqu'à la rivière ?
00:54:26 On sait le dire sur couvert forestier ou pas couvert forestier.
00:54:29 Déjà, c'est très net.
00:54:31 Ensuite, sur les formes de sylviculture,
00:54:33 l'enjeu se pose un peu différemment pour le forestier,
00:54:36 puisqu'aujourd'hui, c'est la concurrence entre les arbres
00:54:38 pour la ressource en eau qui est étudiée aussi.
00:54:41 Vous avez des arbres qui ont des systèmes racinaires différents.
00:54:44 Vous avez le système traçant qui reste à la surface,
00:54:46 le système pivotant.
00:54:47 Aujourd'hui, il y a un travail sur les compositions en essence
00:54:51 pour mixer ces zones de prospection
00:54:53 et donc essayer de gérer la compétition
00:54:55 autour de la ressource en eau dans le peuplement forestier
00:54:58 pour en assurer sa pérennité.
00:54:59 Et donc, sa capacité à continuer à produire son rôle vertueux
00:55:03 dans le cycle de l'eau aussi.
00:55:04 C'est plus ça l'approche, je dirais, aujourd'hui.
00:55:06 Christine Deleuze, vous allez rebondir avec cette question-là,
00:55:09 question anonyme.
00:55:10 Réfléchissez-vous à des stratégies de captage et de stockage d'eau,
00:55:13 bassines, retenues collinaires,
00:55:15 notamment lors des épisodes d'intenses précipitations,
00:55:17 pour lisser les aporhydriques dans les forêts ?
00:55:19 Oui, ça se fait déjà.
00:55:21 C'est-à-dire qu'effectivement, les forestiers,
00:55:23 ils savent plus gérer en local l'entrée d'essence.
00:55:26 Par contre, les chercheurs et puis les agences de l'eau
00:55:29 regardent effectivement beaucoup ça.
00:55:31 Et il y a des travaux, par exemple, en forêt de Chaux,
00:55:35 c'est une très grande forêt d'Aumania, à côté de...
00:55:38 On est en Bourgogne-Franche-Comté, là, typiquement.
00:55:40 Il y a eu énormément de travaux de re-émerdement de la cloche,
00:55:43 qui a un affluent du Doubs,
00:55:45 et qui permet finalement d'augmenter la capacité
00:55:49 en fait d'éponge du massif forestier
00:55:53 pour empêcher que ça fasse des inondations.
00:55:56 Ça limite les inondations après qui arrivent dans les sols agricoles
00:55:59 et même éventuellement dans les zones urbaines.
00:56:02 Et puis ça régule finalement l'apport d'eau
00:56:05 dans les fleuves, dans les rivières.
00:56:07 Donc c'est effectivement très très important.
00:56:09 Alors nous, on ne sait pas de modéliser forestier,
00:56:11 mais on sait que c'est très important.
00:56:12 Et puis après, c'est un rôle sur la qualité aussi.
00:56:14 Donc ça a quand même deux impacts très importants.
00:56:17 La forêt, c'est un...
00:56:19 Le rôle fonctionnel de la forêt sur l'eau,
00:56:22 il a été évalué par des économistes.
00:56:25 Il est énorme. Ça n'a jamais été payé.
00:56:27 On n'a pas de sous pour ça.
00:56:29 Mais en fait, si à un moment on arrêtait,
00:56:31 là je pense que ça poserait vraiment d'énormes problèmes.
00:56:33 Et parfois, vous, forestier privé public,
00:56:36 vous avez fait des bêtises à planter trop près des rivières.
00:56:39 Je vois aujourd'hui qu'on coupe des arbres
00:56:41 qui sont trop près des rivières
00:56:43 parce qu'ils ont une influence sur le débit de la rivière
00:56:46 et la granulométrie de la rivière,
00:56:48 ce qui d'ailleurs a une influence sur le comportement
00:56:50 et l'écosystème de la rivière.
00:56:52 Question de Pascal Journeau, c'est pour vous ça.
00:56:55 Sylvacte qui parle d'argent, qui fait de l'argent,
00:56:58 qui investissait, qui aidait à investir.
00:57:01 La compensation carbone représente-t-elle un intérêt
00:57:04 pour contribuer à des investissements vertueux en forêt ?
00:57:07 Bref, la compensation carbone, est-ce que vous l'utilisez ?
00:57:09 Vous êtes gestionnaire de compensation écologique environnementale carbone ?
00:57:13 Alors, au niveau de Sylvacte, non.
00:57:16 Est-ce que l'association, au début,
00:57:18 effectivement, était positionnée sur le portage
00:57:21 de ce qu'on appelle des projets de compensation carbone ?
00:57:23 Alors maintenant, on ne dit plus compensation,
00:57:25 il faut dire contribution.
00:57:27 Bref, à la fin, c'est payer pour le carbone stocké par une forêt.
00:57:31 En fait, l'association a souhaité plutôt évoluer
00:57:34 vers un statut d'intérêt général.
00:57:37 C'est-à-dire qu'on est un orifice d'intérêt général
00:57:39 reconnu par l'Université des Finances à ce titre-là
00:57:41 pour accompagner des investissements vertueux en forêt.
00:57:44 Alors, il faut voir ce qui est vertueux,
00:57:46 parce que c'est souvent un grand débat qu'on a avec les forêtiers,
00:57:48 en disant que la base en France, c'est la gestion durable.
00:57:50 Alors, qu'est-ce que c'est que cette histoire de gestion vertueuse ?
00:57:52 Donc, on dit la gestion vertueuse,
00:57:54 disons qu'il y a le Code forestier qui définit ce qu'est la gestion durable,
00:57:56 puis la gestion vertueuse, c'est celle qui fait l'objet d'un consensus,
00:57:59 d'une volonté collective sur un massif
00:58:01 qui permet de répondre à des enjeux
00:58:03 qu'avant on appelait la multifonctionnalité,
00:58:05 qu'aujourd'hui on appelle les services écosystémiques.
00:58:08 Mais une volonté qui naît de où ?
00:58:10 Qui gère une forêt ? Qui décide ? À quelle échelle ?
00:58:13 Alors, nous, nos échelles de travail sont les échelles des territoires.
00:58:17 Donc, pour nous, c'est quoi un massif ?
00:58:19 C'est un terme bureaucratique, ça. C'est quoi un territoire ?
00:58:21 Pour nous, ça peut être un parc naturel régional.
00:58:23 Par exemple, en Brouen-Franche-Comté, on travaille avec le parc naturel régional du Morvan,
00:58:26 du Haut-Jura et le parc national de forêt.
00:58:28 Donc, c'est des entités de massif
00:58:30 qui partagent en fait une forme d'homogénéité
00:58:32 des conditions de climat, de sol, de peuplement forestier, etc.
00:58:36 Alors, après, je reviens quand même sur la question
00:58:38 qui était sur la compensation carbone.
00:58:40 Aujourd'hui, la compensation carbone, c'est des volumes financiers
00:58:43 qui sont très importants.
00:58:44 Par contre, en termes de méthodologie, aujourd'hui,
00:58:46 sur lesquelles on peut mobiliser des fonds en forêt,
00:58:49 on a des méthodologies qui ne favorisent pas forcément
00:58:52 les itinéraires les plus ou les moins risqués
00:58:55 ou les moins sensibles.
00:58:56 On est plutôt sur des itinéraires sur lesquels
00:58:58 on peut faire une démonstration carbone très nette.
00:59:00 Donc, en gros, vous n'aviez pas de forêt, vous faites une forêt.
00:59:02 Là, vous savez dire combien vous allez avoir de tonnes de carbone.
00:59:05 Puis après, vous avez d'autres méthodes
00:59:07 où le gain est quand même beaucoup plus fin.
00:59:09 Et puis surtout, quand vous êtes dans la compensation carbone,
00:59:12 vous êtes dans une logique de vente de crédit.
00:59:14 Donc, ça veut dire qu'il faut être à peu près sûr de son calcul.
00:59:16 Et faire des calculs aujourd'hui, à 30 ou 50 ans,
00:59:19 sur il va y avoir 10 tonnes, 20 tonnes,
00:59:22 ça devient, voilà, c'est compliqué à gérer.
00:59:25 Mais effectivement, c'est aujourd'hui une manne financière qui existe,
00:59:28 qu'on n'utilise pas par rapport à ce que je viens d'évoquer.
00:59:31 Il y a d'autres leviers qui peuvent être mobilisés.
00:59:34 Ça permet, dans certains territoires,
00:59:36 effectivement de contribuer à des investissements vertueux.
00:59:38 En tout cas, pour le carbone, ils sont censés l'être.
00:59:41 Merci. En moins de 30 secondes, Christine Delos,
00:59:43 en raison de cette crise des forêts, l'ADEME, l'ONF et les professionnels,
00:59:46 envisagent-ils une révision des valeurs de bilan carbone
00:59:48 pour les usages du bois biomasse ?
00:59:50 Et PAN.
00:59:52 C'est violent, quand même.
00:59:53 Sinon, on oublie cette question.
00:59:55 Alors, les usages biomasse, il y a eu les usages bioénergie,
00:59:58 bois énergie qui ont été travaillés par l'ADEME,
01:00:00 dans son ACV sur le bois énergie,
01:00:02 et qui a montré quand même qu'il y avait une position
01:00:05 pas mal du bois par rapport au gaz.
01:00:07 Mais je pense qu'il manque encore des travaux sur ce sujet-là.
01:00:09 Et puis, surtout, d'associer le bois énergie.
01:00:11 Enfin, je pense que le bois énergie,
01:00:13 c'est un vrai outil pour le forestier,
01:00:16 pour faire des éclaircies.
01:00:18 On récupère aussi des houppiers,
01:00:20 une fois qu'on a récupéré une belle grume
01:00:22 à la fin d'une révolution.
01:00:24 Et quelque part, c'est pas un gros mot, le bois énergie.
01:00:27 Mais par contre, il faut vraiment l'associer dans l'ensemble du système.
01:00:29 Et pas uniquement imaginer des plantations pour de la biomasse.
01:00:32 C'est vraiment pas ça.
01:00:34 Donc, notre objectif, c'est le bois d'oeuvre à longue durée de vie.
01:00:36 Mais par contre, le bois énergie est pour nous un outil
01:00:38 pour arriver à ce bois d'oeuvre.
01:00:40 On est très bien sortis en 45 secondes.
01:00:42 Oui, je suis toujours un peu longue. Je suis vraiment désolée.
01:00:44 Merci Christine Deleuze, merci Loïc Cassez.
01:00:47 Ils étaient deux, ils devaient être trois.
01:00:49 Mais ils ont parlé pour trois.
01:00:51 Désolé.
01:00:52 Non, non, non, mais au contraire.
01:00:54 On a fait notre heure sur ce débat,
01:00:56 sur la gestion forestière demain,
01:00:58 en but de stocker un peu plus de carbone,
01:01:00 de faire du bois d'oeuvre, des chemins de randonnée, etc.
01:01:03 Cette fameuse multifonctionnalité.
01:01:05 Merci mesdames, messieurs.
01:01:07 Ce premier débat se termine d'ici un quart d'heure.
01:01:10 Le second, l'autonomie énergétique des territoires,
01:01:13 idéal ou nécessité.
01:01:15 Restez avec nous.
01:01:17 A tout à l'heure.
01:01:19 (Musique)

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