Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Restons connectés.
00:02 Il est 7h15, un excellent petit déjeuner à vous.
00:06 Bon courage si vous partez travailler aujourd'hui.
00:08 On vous écoute tous les matins sur l'actualité.
00:10 Et aujourd'hui Tiffany, on vous écoute sur la prise en charge médicale de vos enfants.
00:14 Avec cette question, comment faites-vous pour bien les soigner face au manque de pédiatres,
00:18 mais aussi de médecins généralistes dans la Loire ? Vous nous le dites au 0477 10 0 0 10.
00:22 La situation peut être plus délicate pour les enfants gravement malades,
00:27 avec notamment la fermeture provisoire en ce moment au CHU du service réanimation pédiatrique à Saint-Etienne,
00:33 car là aussi il manque des médecins.
00:35 Bonjour Aurélien Scalabre.
00:36 Bonjour.
00:37 Vous êtes chef du pôle Femmes Mères Enfants au CHU de Saint-Etienne.
00:41 J'ai parlé de fermeture provisoire de service.
00:43 Dans le jargon hospitalier, vous dites "transformation".
00:45 Ça veut dire quoi très concrètement ?
00:47 Comme vous l'avez dit, le manque de médecins réanimateurs pédiatres,
00:50 qui est un problème qui touche l'ensemble de la France,
00:52 mais qui est particulièrement aigu à Saint-Etienne,
00:54 fait que nous avons dû prendre l'option de transformer ce service de réanimation pédiatrique en service de soins intensifs.
01:02 La différence entre les deux, c'est que le niveau de gravité des patients qu'on peut hospitaliser n'est pas le même.
01:08 Par exemple, dans un service de soins intensifs, on peut prendre en charge des patients qui sont éventuellement graves,
01:12 par exemple après une intervention chirurgicale importante, ou même avec un cancer par exemple.
01:17 Mais pour les patients plus sévères, par exemple, qui nécessitent une intubation et d'être ventilés pendant plusieurs jours,
01:23 ces patients-là doivent être obligatoirement dans un service de réanimation pédiatrique.
01:27 Parce qu'il n'y a pas le personnel nécessaire pour le suivi de ces soins, c'est ça ?
01:31 Par manque de médecins réanimateurs pédiatres, et non d'infirmières par exemple,
01:35 parce que nous avons une équipe qui est très compétente et dont on maintient les effectifs,
01:40 mais c'est le manque de réanimateurs pédiatres qui pose des difficultés.
01:44 Dans le service de soins intensifs, nous pouvons intégrer d'autres médecins de spécialité à l'équipe,
01:49 comme par exemple des médecins urgentistes, et c'est ça qui nous permet de maintenir un service de soins critiques efficace,
01:55 même si on ne peut pas avoir le même niveau de gravité pour les patients qui y sont hospitalisés.
02:00 Comment vous expliquez, professeur Scalabre, les départs successifs de ces médecins réanimateurs en pédiatrie ?
02:05 Vous dites que ça ne touche pas que Saint-Etienne ?
02:07 Oui, il y a un manque de médecins qu'on connaît à l'échelle nationale.
02:10 C'est particulièrement aigu dans des spécialités comme la réanimation pédiatrique par exemple.
02:15 Différents médecins sont partis successivement avec à chaque fois des projets personnels différents,
02:19 et au fur et à mesure que les effectifs sont moins nombreux, la situation est plus difficile pour les médecins en place.
02:25 Vous nous l'avez bien expliqué, le service tel qu'il est organisé aujourd'hui ne peut donc pas accueillir tous les patients les plus graves.
02:32 Quelles sont les options qui s'offrent aux familles et à ces patients ?
02:36 D'abord, on a commencé par s'assurer d'une bonne coordination entre les équipes de soins critiques de la région,
02:43 et donc nous avons l'aide des médecins du CHU de Clermont-Ferrand dont certains vont participer à temps partiel à l'activité du service.
02:50 Mais aussi une aide très importante du service de réanimation de Lyon,
02:54 dont le professeur Javouet qui est le chef de service va diriger l'unité de soins intensifs de Saint-Etienne.
02:59 Ce qui nous permet d'assurer des soins de très bonne qualité pour nos patients.
03:03 Et donc les patients qui sont pris en charge habituellement au Saint-Etienne continueront de l'être,
03:07 sauf dans les rares situations où la gravité de leur pathologie nécessite un transfert pour quelques jours dans une unité de réanimation de la région,
03:17 avant de revenir sur le CHU de Saint-Etienne.
03:19 Je vous propose à ce sujet d'écouter le témoignage de Géraldine,
03:21 elle est maman d'un adolescent qui a atteint d'une myopathie grave,
03:25 et elle a vécu ce cas de transfert loin de chez elle il y a quelques années, et ça reste un traumatisme.
03:30 C'est un coup, c'est un stress supplémentaire, vous n'êtes pas à côté de votre enfant.
03:35 Nous on nous avait laissé sous-entendre que Tom passerait par le week-end,
03:40 et après sa vie était incertaine, donc vous imaginez à 70 km ce que ça peut donner.
03:45 Comment les familles justement, elles apprennent cette décision,
03:49 parce que pour elles c'est forcément un service dégradé, c'est comme ça qu'elles l'interprètent ?
03:53 Je comprends l'inquiétude de certaines familles,
03:56 alors je ne peux pas commenter la situation particulière de cet enfant pour des raisons de secret médical.
04:00 Ce qui est certain c'est que nos patients sont pris en charge par des équipes très compétentes,
04:04 et que s'il est nécessaire de les transférer, c'est quelque chose qu'on discute avec la famille,
04:09 et les équipes font toujours en sorte que les parents puissent rester auprès de leur enfant malade,
04:13 c'est important pour l'enfant et pour la famille, nos soignants sont très attentifs à ça,
04:17 et donc c'est quelque chose qu'on discute avec la famille, et qu'on organise au mieux,
04:20 avec éventuellement des solutions d'hébergement pour les familles.
04:23 Ces transferts éventuels vers Lyon, vers Clermont-Ferrand, ils se font sous quelles conditions ?
04:28 C'est par ambulance, c'est par hélicoptère, ça arrive au Réli en Scalable ?
04:32 La méthode de transport est choisie au cas par cas, mais elles sont toujours transportées par les équipes du SAMU,
04:37 qui sont extrêmement compétentes pour prendre en charge les patients les plus graves.
04:40 Est-ce qu'il y a eu des transferts depuis la transformation du service de réanimation pédiatrique lundi au CHU de Saint-Etienne ?
04:45 Non, ça n'a pas été nécessaire, le service de soins intensifs démarre avec des patients qui sont actuellement hospitalisés,
04:52 mais qui n'ont pas besoin d'être transférés.
04:54 Il n'y a pas de risque aussi dans ces hôpitaux partenaires de créer un engorgement finalement ?
04:59 On sait que les hôpitaux sont déjà très sollicités aujourd'hui, c'est le cas partout en France.
05:03 Le risque existe dans la mesure où nous avons l'épidémie de bronchiolite qui s'approche,
05:08 c'est pour ça qu'on se coordonne entre équipes des différents CHU de la région,
05:13 justement pour gérer au mieux les différents lits disponibles.
05:16 Et nous sommes préparés à cette épidémie avec la possibilité d'augmenter le nombre de lits disponibles,
05:20 avec des soignants qui ont été formés exprès pour ça.
05:22 Et vous l'avez bien expliqué, ce manque de médecins réanimateurs en pédiatrie,
05:26 qui est à l'origine de cette décision du CHU de Saint-Etienne, c'est un problème global.
05:31 On imagine que vous n'avez pas de visibilité sur la durée que peut avoir cette transformation de services ?
05:37 Effectivement, en tout cas, elle sera temporaire.
05:39 Et on a plusieurs atouts pour pouvoir retransformer le service en réanimation pédiatrique,
05:43 puisque nous formons des médecins qui sont intéressés par cette spécialité.
05:47 Nous avons la coopération des différentes équipes de la région avec également des médecins en formation.
05:52 Et puis nous avons un plan d'investissement très important avec un nouveau bâtiment de pédiatrie qui va être construit,
05:57 une rénovation des différents services.
05:59 Donc je pense que c'est un service dans lequel ce sera très intéressant de travailler à l'avenir.
06:03 Et ça peut prendre en revanche plusieurs années, on comprend bien puisque ces transformations sont longues, professeur Scalab.
06:07 Il est difficile de prévoir la durée de cette transformation.
06:10 Merci beaucoup en tout cas d'être venu nous expliquer très clairement cette situation au CHU de Saint-Etienne.
06:14 Je rappelle, Aurélien Scalab, que vous êtes chef du pôle Femmes Mères-Enfants au CHU. Merci beaucoup.