• il y a 2 ans
Fabien Galthié a pris la parloe pour la première fois depuis l'élimination des Bleus en quart de finale de la Coupe du monde. L'entraîneur a livré en toute honnêteté ses impressions après cette terrible désillusion.

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Transcription
00:00 La première des choses c'est qu'il y a eu une conférence d'après match qui durait un quart d'heure qui était menée par World Rugby
00:05 et donc Antoine Dupont et moi-même sommes venus répondre aux questions, bien sûr à chaud après la défaite.
00:10 Et ensuite la compétition s'est terminée avec une semaine après les demi-finales et la finale.
00:16 Je pense que quand tu te fais sortir en quart de finale, tu laisses la compétition se dérouler,
00:21 tu laisses à l'honneur les équipes qui sont en demi-finale et en finale.
00:26 Ensuite après les joueurs sont partis dans les clubs et là aussi je pense qu'il y a un temps où il faut laisser le top 14 reprendre,
00:35 je parle du rugby français.
00:37 Et puis si vous regardez de près ou de loin, les sélectionneurs qui se sont exprimés c'est bien sûr les vainqueurs,
00:44 c'est bien sûr le sélectionneur néo-zélandais qui a perdu en finale et qui s'est retiré,
00:50 c'est Eddie Jones qui s'est retiré aussi.
00:53 Ensuite sur les équipes qui ont été éliminées sur les phases finales, il y a eu peu de temps ou peu d'expression de la part des sélectionneurs.
01:04 Donc déjà je crois qu'il faut laisser du temps à plusieurs choses.
01:11 D'abord la compétition, laisser la place à ceux qui ont gagné et ceux qui sont allés le plus loin possible en compétition.
01:16 Et puis pour nous, si je parle de moi ou de nous, ça dépend en quel nom je dois m'exprimer, en nom de qui.
01:25 Il y a d'abord le temps du deuil je crois.
01:27 Le temps du deuil pour nous ça a été une énorme déception.
01:31 Je parle de nous, je parle de l'équipe, je parle de moi-même.
01:34 Quatre ans de travail acharné, quatre ans de travail réussi, qu'on le veuille ou non,
01:41 quatre ans de travail réussi et plus de 80% de victoire avant ce match avec tous les records que vous connaissez.
01:47 Quatre ans de progression cohérente, quatre ans de développement de cette équipe, quatre mois de préparation sur la compétition.
01:56 Le seul objectif que nous voulions atteindre, notre objectif c'était d'être champion du monde et il n'y en avait pas d'autre.
02:02 La déception aurait été la même si on avait perdu un demi-final d'un point.
02:05 La déception aurait été la même si on avait perdu un final d'un point.
02:09 La différence c'est qu'on aurait vécu une semaine en plus et on voulait vivre une semaine en plus,
02:15 une semaine de plus, une semaine en plus, une semaine ensemble et on aurait vécu entre la demi et la finale une semaine de plus.
02:23 La différence elle est énorme parce qu'on voulait vivre, l'objectif c'était de vivre ces moments-là,
02:29 les moments pour lesquels on travaille depuis quatre ans.
02:33 Et donc la déception est énorme.
02:35 Donc dans un premier temps je crois qu'il y a un deuil à respecter pour moi, mais aussi pour le staff, mais aussi pour les joueurs.
02:42 Ensuite de manière informelle on a échangé entre nous, que ce soit des membres du staff, que ce soit des membres du staff partant,
02:51 que ce soit des joueurs, pour essayer de prendre des nouvelles, pour savoir comment ça allait, comment chacun vivait ce moment-là.
03:00 Et je dirais que le mot qui revient et que je partagerais avec vous c'est "il faut l'accepter".
03:09 Il faut accepter, il faut accepter la défaite, il faut accepter le fait de ne pas avoir atteint l'objectif.
03:15 Et ensuite il faut dépasser, dépasser cet état-là.
03:19 Et je dirais que ce temps, vous avez compté 28 jours je crois c'est ça ? 24 jours.
03:26 C'est peu, c'est peu, c'est peu.
03:30 Mais c'est le sport de haut niveau, je vais dire peut-être des banalités, mais c'est la compétition.
03:37 Lorsque j'avais présenté aux joueurs en début de semaine la planification du match face à l'Afrique du Sud,
03:46 mais aussi la planification à venir, c'est-à-dire que la planification à venir c'était les deux semaines qui suivaient la demi et la finale.
03:55 J'avais présenté aussi l'autre option, et voici aussi l'autre option.
03:58 C'est-à-dire que le lendemain, ça s'appelle dislocation, c'est-à-dire que le lendemain à midi il faut avoir quitté l'hôtel parce que l'Argentine arrivait à 14h.
04:09 Et ça c'était une option qu'on avait partagée, que j'avais évoquée, qui était possible.
04:17 Donc c'était les deux options.
04:19 Ça veut dire très bien que notre ambition était clairement d'être champion du monde, et que ça faisait 4 ans qu'on avait monté ce projet,
04:25 pour gagner des matchs, pour gagner des titres, on en a gagné un, donc il n'y a pas des.
04:33 Nous avons fait second dans le premier tournoi, Ex-Aiguau au point, nous avons fait second dans le second tournoi,
04:39 nous avons fait le grand chien dans le troisième tournoi, et nous avons fait second dans le quatrième tournoi.
04:45 Nous avons gagné toutes nos tournées en France, nous avons perdu la tournée en Australie, nous avons gagné la tournée au Japon,
04:52 et nous avons perdu un final de l'automne cup sur le Butanor en Angleterre.
04:59 Donc nous avons performé, mais par rapport à l'objectif qui était de redevenir une nation majeure du rugby mondial, nous l'avons fait,
05:09 nous sommes remontés au ranking 1, 2, 3, 2, aujourd'hui 4, nous avons gagné 80% des matchs, je ne rentrerai pas sur les statistiques et sur les records,
05:23 mais l'objectif qui était l'objectif suprême, c'était d'être champion du monde, nous avons échoué.
05:30 Donc dans un premier temps nous avons un deuil à faire, un deuil collectif, comme je disais aussi aux joueurs, on est tous responsables de notre carrière.
05:38 C'est-à-dire que joueurs et staff, on se tient par la main, c'est-à-dire que la performance des uns et des autres fera ou pas qu'on sera champion du monde,
05:46 fera ou pas que notre destin sera celui-là ou un autre.
05:50 Mais on est tous aussi responsables de notre destin dans la difficulté et dans la défaite, et c'est le cas aujourd'hui.
05:58 C'est vrai que j'avais prévu de vous parler, de m'exprimer plus tard, plutôt fin novembre, mais devant l'insistance, devant les demandes,
06:09 eh bien on a décidé, j'ai décidé d'accélérer le processus et de vous répondre, de passer du temps avec vous pour partager.
06:21 Partager cette peine aussi, partager cette peine et cette douleur immense de nos supporters, de nos familles, de nos clubs, des joueurs,
06:37 et je dirais presque de la France, parce que le fait de ressortir de la bulle depuis quatre semaines, depuis 24 jours,
06:47 je me suis rendu compte comment les Français, je veux pas être démago, mais comment les Français nous ont aimés, ont aimé cette équipe,
06:58 ont supporté cette équipe et ont vécu toute l'aventure.
07:03 Ça a démarré il y a quatre ans, mais c'est vrai qu'on a senti rapidement un souffle, un soutien, un support, dans le sens qu'on a donné à notre mission il y a quatre ans,
07:18 c'était rassembler, fédérer et partager. On y est arrivé de différentes manières.
07:22 On y est arrivé tellement fort que je dirais que c'était presque inespéré de trouver tout ce soutien, toute cette passion autour de notre équipe.
07:33 On le sentait bien pendant la compétition ou avant même la compétition, mais en ressortant et en revenant au contact des familles et de la vraie vie,
07:44 en sortant de la bulle, je me suis rendu compte comment les Français nous soutenaient, nous aimaient.
07:50 Je parle à l'imparfait, mais je pourrais parler au présent aussi.
07:53 Ce n'est pas être démago que de dire que ce ne sont que des messages de soutien, que des messages de partage et d'affection qu'on nous donne aujourd'hui les Français.
08:07 Évidemment, ça ne va pas nous donner le titre de champion du monde, mais voilà ce que je peux témoigner.

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