Harcèlement scolaire : "il faut nous former à détecter les cas" selon le principal du collège de Valdahon

  • l’année dernière
Cette semaine de rentrée est aussi celle de lutte contre le harcèlement scolaire dans les écoles, collèges et lycées. Parmi les mesures envisagées, confisquer les portables, ou encore exclure les harceleurs. Principal du collège de Valdahon, Frédéric Vernassier était l'invité du 6-9 ce mardi matin.
Transcript
00:00 C'est le 6/9, France Bleu Besançon.
00:04 C'est la semaine du harcèlement scolaire à l'école.
00:06 On en parle ce matin notamment avec les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement.
00:10 Un principal de collège est l'invité du 6/9.
00:12 Bonjour Frédéric Bernassier.
00:14 Bonjour madame.
00:15 Alors vous êtes principal du collège de Val-d'Aon, secrétaire départementale du DOU, SNPD-UNSA,
00:20 c'est le syndicat majoritaire de personnel de direction.
00:22 On parle ce matin des mesures mises en place par le gouvernement,
00:26 là cette rentrée pour lutter contre le harcèlement.
00:28 Il est notamment question effectivement de saisir le procureur pour chaque cas de harcèlement,
00:33 de confisquer les téléphones portables, de bannir les élèves harceleurs des réseaux sociaux.
00:37 Dans votre collège à Val-d'Aon, ça vous semble applicable toutes ces mesures ?
00:42 Alors pour l'instant au collège de Val-d'Aon, on n'a pas eu à faire des situations telles que vous pouvez les décrire.
00:49 Bien sûr c'est applicable, faire des faits établissements et puis remonter les informations à la fois à l'académie et au procureur,
00:57 c'est des choses qu'on peut faire, enfin qu'on doit faire d'ailleurs, c'est pas compliqué du tout.
01:02 Confisquer les téléphones portables, pourquoi pas quoi.
01:07 Après il ne faut pas que l'élève, une fois qu'il rentre chez lui, il puisse mettre la main sur une tablette
01:12 et puis continuer ses faits de harcèlement.
01:15 Vous dites que c'est imaginable tout ça, faire remonter les infos auprès de l'académie en même temps.
01:19 C'est imaginable, c'est ce qu'on doit faire madame.
01:21 Oui, je ne vous cache pas qu'en même temps le rectorat est incapable aujourd'hui de nous fournir des chiffres de harcèlement
01:25 parce qu'il nous dit qu'ils ne correspondent pas à la réalité.
01:28 Alors où est le problème si vous vous dites que dans les établissements scolaires on fait remonter,
01:32 le rectorat nous dit qu'on n'a pas de chiffres parce qu'effectivement ce qu'on nous fait remonter ça ne correspond pas à la réalité.
01:38 Ça semble quand même un peu plus compliqué, non ?
01:41 Écoutez, nous les principaux proviseurs, on s'emploie à faire remonter dans les applications qui sont à notre disposition
01:50 donc les faits établissements dont les faits de harcèlement.
01:53 Après il faut interroger le service du rectorat pour qu'ils vous donnent les chiffres.
01:57 Non mais c'est effectivement intéressant parce que c'est pour ça que je vous donne la réponse du rectorat
02:00 qui visiblement ne nous dit pas tout à fait la même chose.
02:03 En tous les cas, vous, dans un collège aujourd'hui, on se rend compte qu'à chaque fois qu'on fait une émission sur le harcèlement
02:08 on a beaucoup de témoignages de personnes qui nous disent "mon enfant se fait harceler et en fait il ne se passe rien,
02:17 c'est moi qui suis obligée finalement de le changer d'établissement pour que ça aille mieux".
02:21 J'entends effectivement que vous vous dites qu'en fait quand il y a un souci on fait quelque chose
02:25 mais ces témoignages-là, sincèrement à chaque émission, ils reviennent en boucle, on en a vraiment beaucoup.
02:30 Ça veut dire quoi ? Est-ce que ça veut dire que le harcèlement c'est difficile de le détecter ?
02:35 Que finalement ce que les parents détectent ce n'est pas ce que le collège détecte ?
02:39 Qu'est-ce que ça veut dire finalement d'avoir un témoignage aussi différent ?
02:42 Il faut déjà bien s'entendre sur la notion de harcèlement.
02:44 Je vous rappelle que c'est un phénomène derrière lequel il y a une action répétée qui vise à nuire.
02:50 Donc le travail des équipes dans les établissements scolaires,
02:54 que ce soit les enseignants, les personnels de la vie scolaire, les personnels de direction,
02:59 c'est de bien identifier déjà qu'on est à faire à des situations de harcèlement,
03:04 pas des situations d'intimidation.
03:07 C'est pour ça qu'il y a des protocoles qui sont mis en place au sein de chaque collège, de chaque lycée,
03:13 pour qu'il y ait une sorte de marche à suivre, on va dire, quand on nous informe d'une situation de harcèlement.
03:21 Vous vous dites que vous n'y avez jamais été confronté dans votre collège ?
03:24 Alors moi j'arrive juste dans le collège de Val d'Aon.
03:26 Je vais pas nier le fait qu'il y a du harcèlement dans les établissements scolaires.
03:30 Vous étiez dans d'autres collèges avant ?
03:32 J'étais dans un lycée où on a eu affaire à des cas de harcèlement
03:35 et où on est allé jusqu'à des conseils de discipline avec l'exclusion des élèves harceleurs.
03:42 C'est la réalité de la vie des établissements.
03:48 Quand on a une situation grave à traiter, on met tout en place pour déjà rassurer les victimes
03:57 et puis après prendre des sanctions éventuelles par rapport aux élèves qui sont harceleurs.
04:04 Je répète ma question, je vous entends dire "on met tout en place, il y a des choses qui existent,
04:08 il y en aura demain visiblement encore plus avec ce plan interministériel".
04:11 En même temps, on a des familles qui régulièrement témoignent pour dire
04:14 "on n'a rien fait pour mon enfant" ou "on ne fait pas assez".
04:17 Quel est le problème alors ?
04:19 Je vous dis déjà bien repérer, trouver les mots justes, former également les personnels.
04:26 Dans le cadre du plan phare, on doit mettre en place dans chaque établissement scolaire
04:32 une équipe référente qui est amenée à traiter les situations de harcèlement
04:38 avec par exemple des méthodes de préoccupation partagée.
04:44 Tout ça se fait sur un temps long, il faut notamment former les équipes.
04:53 Vous êtes en train de nous dire finalement que dans les établissements scolaires,
04:58 c'est compliqué de détecter tous les cas de harcèlement.
05:01 C'est peut-être pour ça que les établissements passent à côté de certains cas.
05:05 Pour les détecter, il faut encore que les élèves harcelés puissent se manifester.
05:12 On les repère, on voit par exemple des cas d'élèves isolés,
05:19 des cas d'élèves qui viendraient être dans des situations de décrochage scolaire.
05:23 Ça nous met des alertes.
05:24 Là par exemple, depuis la rentrée, les témoignages de jeunes harcelés ont triplé.
05:28 Ce sont les chiffres du ministère.
05:30 Même si vous venez d'arriver dans le scolaire, ça ne s'est pas mesuré par exemple à Val d'Aon.
05:34 Il n'y a pas eu de témoignages.
05:36 J'ai des familles qui nous ont contactés, qui ont été prises en charge par la CPE.
05:45 C'était juste avant les vacances scolaires.
05:49 Mercredi, on rencontre la maman.
05:52 On va débriefer et voir si on est effectivement dans une situation de harcèlement.
05:58 Dernière question, vous représentez les personnels de direction.
06:01 Qu'est-ce qui vous renvoie les autres proviseurs, les autres principaux dans les collèges ?
06:06 En matière de difficultés, qu'est-ce qui est difficile pour eux ?
06:10 Qu'est-ce qui leur manque ?
06:12 Je vous l'ai dit tout à l'heure, c'est un phénomène qu'on va traiter sur du temps long.
06:18 Par exemple, des formations pour des personnels ressources, c'est mis en place depuis quelques années.
06:25 L'année dernière, j'en ai bénéficié dans l'établissement où j'étais.
06:28 J'ai fait la demande pour le collège de Val-d'Oron, pour être très précis.
06:33 Aujourd'hui, vous vous sentez mieux armé ?
06:35 Moi, oui. J'attends que les équipes du collège dans lequel je suis puissent bénéficier de cette formation pour être mieux armé.
06:43 Plus de formation, c'est ce qui ressort de la part des personnels de direction,
06:49 pour permettre aux enseignants, aux administratifs, aux personnels d'être plus attentifs et d'arriver à pointer ces cas.
06:56 Merci Frédéric Bernassier d'être venu ce matin principal du collège de Val-d'Oron et secrétaire dans le DOU pour le SNP2N, une sa syndicat majoritaire pour les personnels de direction.

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