Invité ce mardi sur la chaîne L'Équipe, Pierre Ferracci, le président du Paris FC, explique les raisons et les modalités de l'initiative de rendre gratuit l'accès aux tribunes du stade Charléty pour les rencontres du club parisien, autant pour les matches de Ligue 2 que pour la D1 Arkema.
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00:00 Elle va rentrer en application samedi, à l'occasion du match contre Bastia.
00:04 Ca fait plusieurs mois qu'on réfléchit à une initiative de ce type,
00:09 qui n'est pas évidente,
00:10 parce qu'on a fait, comme tout le monde,
00:12 des opérations de gratuité partielle.
00:15 On a baissé les tarifs aussi, sans aller jusqu'à zéro.
00:18 Et on s'est dit qu'il fallait marquer un grand coup,
00:21 d'abord pour des enjeux opérationnels, je les cache pas,
00:24 mieux remplir Charletti,
00:25 parce que ça reste encore un de nos points faibles,
00:28 et puis pour un enjeu sociétal.
00:30 Je pense que le foot est un peu malade,
00:32 en termes d'image.
00:34 On parle beaucoup de violence, de l'argent roi,
00:37 qui est déversé n'importe comment dans le football,
00:40 pas toujours à bon escient.
00:41 On parle toujours de racisme.
00:43 Là, on va parler un peu de ce qui peut motiver les Français
00:47 pour aller voir du foot,
00:48 des Français et des étrangers, d'ailleurs,
00:51 parce qu'on peut avoir un public de ce côté-là qui est assez varié.
00:54 Je pense qu'il faut casser un petit peu
00:58 cette idée que le foot, et pas seulement en Ligue des champions,
01:01 devient trop cher.
01:02 C'est le sport le plus populaire, le plus pratiqué,
01:05 le plus regardé.
01:06 Je trouve qu'aujourd'hui, si on y prend garde,
01:09 il va devenir le sport d'une élite,
01:11 à la fois pour la fréquentation dans les stades,
01:14 pour la fréquentation des médias aussi.
01:16 Je crois savoir que les abonnements
01:18 des principaux diffuseurs
01:20 pâtissent des problèmes de pouvoir d'achat
01:22 que rencontrent les Français,
01:24 et qu'il y a des problèmes de ce côté-là
01:26 qui sont plus prévus.
01:28 Je suis persuadé qu'on peut convaincre
01:30 bon nombre d'entreprises et de sponsors,
01:32 comme elles facilitent dans le cadre
01:34 de leurs responsabilités sociales l'accès au marché du travail
01:38 de jeunes en situation de handicap,
01:40 de jeunes aussi qui ont des moyens modestes,
01:43 elles peuvent aussi contribuer à faciliter l'accès au football.
01:47 C'est un grand coup qu'on frappe,
01:49 et j'espère qu'on sera suivis, d'ailleurs,
01:51 qu'on ne sera pas les seuls, peut-être pas jusqu'à la gratuité,
01:55 mais en baissant les tarifs dans tous les stades,
01:58 parce que, regardez les publics,
01:59 dans les grands clubs comme dans les clubs moyens,
02:02 il y a un vrai problème pour accéder au football,
02:05 parce qu'il y a de l'inflation,
02:07 des catégories trop modestes pour que le public populaire y ait accès,
02:11 et parce qu'on le voit dans des grandes manifestations sportives,
02:14 plutôt en Ligue des champions,
02:16 ce sport va être bientôt réservé à une élite du côté des tribunes,
02:20 et ce n'est pas la bonne marche à suivre.
02:22 C'est un pari qu'on fait.
02:24 -On a plein de questions à vous poser.
02:26 Je vais aller concrètement.
02:28 "Samedi, à 19h, Paris FC, Bastia. Je suis maman, avec mes enfants.
02:31 "Je fais la queue, je dois m'inscrire,
02:33 "je veux venir, c'est gratuit."
02:35 -Vous allez sur le site du club,
02:37 vous accédez à des billets qui ne vous coûteront rien.
02:41 Bien entendu, pour gérer les flux,
02:43 il faut qu'on les trace, les demande et qu'on les enregistre.
02:46 Il y a des problèmes de sécurité qui ne sont pas évidents,
02:49 parce qu'on ne sait pas à quel rythme,
02:52 on sait que ça va durer un certain temps,
02:54 mais à quel rythme on va faire monter
02:56 le nombre de spectateurs à Charletti.
02:58 On mettra pour chaque match une jauge.
03:01 Elle ne sera pas la même quand on rencontrera Saint-Etienne.
03:04 On est bien placés pour savoir, puisqu'on a joué samedi contre eux,
03:08 qu'il y a un gros public à Saint-Etienne,
03:10 mais il y en a à Paris aussi.
03:12 On mettra une jauge pour éviter d'être débordé
03:15 si la situation se pose en ces termes,
03:17 et pour gérer les problèmes de sécurité
03:20 avec les services de police ou les forces de sécurité
03:23 qu'on met en oeuvre sur un plan privé.
03:25 -On va sur le site Paris FC pour avoir des places gratuites.
03:28 -Bonjour, président. Je me félicite de votre initiative.
03:32 Je trouve que c'est bien de parler de foot
03:34 de manière un peu plus positive que ce à quoi on est amené
03:38 à le faire de manière trop régulière.
03:40 Là, ça serait encore le cas
03:42 par rapport à ce qui s'est passé cette nuit à Milan.
03:45 Revenons à Paris. Une fois que j'ai dit ça,
03:47 vous heurtez depuis longtemps maintenant
03:50 à un problème de fréquentation dans votre stade
03:52 qui est particulier, même si vous ne réalisez pas
03:55 la meilleure saison de votre ère moderne.
03:57 Là, vous êtes en difficulté.
03:59 Même quand ça allait bien,
04:01 vous avez des difficultés à remplir votre stade.
04:04 Est-ce que vous avez tiré la conclusion
04:06 que quoi que vous fassiez en faisant payer les gens,
04:09 vous n'y arriviez pas,
04:10 et que là, dans une situation délicate,
04:13 vous avez besoin d'un engouement populaire
04:15 pour que vous puissiez faire un bon travail ?
04:18 -C'est une question qui est très intéressante.
04:20 C'est celui-ci.
04:22 Je sais que la question n'est pas très agréable,
04:24 mais le début était très sincère de ma part.
04:27 -Je vous connais, Bertrand, je sais que vous êtes un 6-6.
04:30 D'abord, on a un tiers des joueurs
04:32 qui est blessé depuis le début du championnat,
04:35 malheureusement pas toujours les mêmes.
04:37 Ces derniers matchs, ça commence à se redresser.
04:40 Je suis assez confiant, ça sera peut-être une année de transition.
04:44 On va arrêter cet aspect sportif.
04:46 Les filles se portent bien, par ailleurs.
04:48 Vous l'avez mis en évidence à plusieurs reprises.
04:51 On est en Ligue des champions, on est qualifiés pour les poules.
04:54 Les filles, pour moi, ça compte autant que les hommes,
04:57 même si les enjeux économiques ne sont pas les mêmes.
05:00 On a un problème à Charletti de fréquentation.
05:03 A Paris, ça fait 60 ans que tout le monde parle d'un 2e club.
05:07 Personne ne l'a fait.
05:08 On le construit, ça prend du temps.
05:10 Il y a aussi un enjeu de rénovation de Charletti.
05:13 On n'a pas de stade accueillant pour pratiquer le football.
05:16 On est loin du terrain.
05:18 En matière d'hospitalité, il n'y a pas grand-chose.
05:21 On n'est pas au Stade de France, au Parc des Princes,
05:24 pas à Jeanbouin.
05:25 C'est un facteur qu'on essaie de traiter.
05:27 Les résultats sportifs comptent pour la fréquentation.
05:31 On n'est pas dupes.
05:32 Il est clair qu'on s'efforce aussi de ce côté-là.
05:35 Sur les cinq dernières années, on a été trois fois dans les playoffs.
05:38 On est en course pour la montée en Ligue 1,
05:41 mais c'est difficile, d'autant plus difficile
05:44 qu'on a le passage à 18 à gérer en Ligue 2 et en Ligue 1.
05:47 Le coup qu'on fait,
05:48 ce n'est pas seulement un coup sociétal, médiatique
05:51 et de communication, c'est aussi pour mieux remplir le stade.
05:54 Ca peut être un facteur à côté des résultats sportifs
05:58 qui jouent dans le bon sens.
05:59 Il y aura des animations.
06:01 A chaque match, on valorisera, on sponsorisera,
06:04 on appuiera une association qui fait du bien commun
06:06 dans la société.
06:08 On a quelques associations en tête,
06:10 on les appuie immédiatement.
06:12 Tous ces enjeux sociétaux vont permettre de développer
06:15 le projet du club et de faire en sorte
06:17 qu'au-delà de la formation, au-delà des résultats des filles,
06:20 des garçons hier, ce club prend l'importance
06:23 à Paris et dans la région francilienne.